Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) relevant du genre : cadavre(s) dans le(s) placard(s)

208 réponses classées par dates


Phantom of the Opera (The) - Fantôme de l'Opéra (Le)

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Réalisé par : Rupert Julian (1879 - 1943)
En : 1925, USA
Acteurs principaux : Lon Chaney (1883 - 1930)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Dans les caves de l'Opéra de Paris, parfois, une ombre sort de l'ombre. Elle terrorise les danseuses en tutu, trucide quelques machinos et hypnotise la belle Catherine, doublure de diva, de derrière le mur de sa loge. Une fois, pour montrer qu'elle n'est pas contente, elle fait tomber le lustre de la grande salle sur les spectateurs. En fait, l'ombre s'appelle Eric. La plupart du temps, il vit au 6ème dessous, mais il ne dédaigne pas hanter les toits, si besoin. Des fois, il se déguise en Mort - pas besoin de se forcer beaucoup, d'ailleurs. En ce moment, on joue Faust, ça doit être son opéra préféré. N'y tenant plus, il kidnappe la belle Catherine pour lui donner des leçons de solfège (au 6ème dessous). Le reste appartient à la légende gothique du lieu, et du cinéma.

Chienne (La)

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1931, France
Acteurs principaux : Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Guignol nous avertit : ce n'est pas un "drame social" ni une "comédie morale", et il ne faudra y chercher aucune leçon. On y verra juste, en effet, les méfaits de l'argent sur l'amour -et de l'amour sur l'argent. On y compatira aux malheurs d'un petit monsieur nommé Legrand, au coeur trop grand pour le portefeuille. On y croisera une poule dans une peau de vache, une chienne déguisée en fleur. On y rencontrera Dédé, batteur de pavé innocent aux mains sales. Pas un qui n'ait bradé son coeur dans le grand bazar des sentiments illusoires. Et Renoir qui crée quasiment le genre noir (un certain Fritz Lang s'en souviendra dans La Rue Rouge...).

Dracula

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Réalisé par : Tod Browning (1882 - 1962)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Une calèche qui zigzague sur un chemin de Transylvanie dessiné par Gustave Doré. Malgré l'avis unanime des autochtones, un étranger, agent immobilier londonnien de son état, insiste pour honorer son RDV à minuit avec le comte Dracula -aussi connu sous le pseudo de Nosferatu. Le comte, grand seigneur, vit dans une demeure sompteuse, mais il n'a pas dû passer le balai depuis au moins 250 ans. Il compte bien, lui, profiter de son bail éternel pour une cave angaise. L'Angleterre, à cette époque, est décidément pleine de spécimen exotiques. C'est LA qu'il faut être. C'est LA qu'il se passe des choses intéressantes. Les langues, les âmes et les sangs s'y cotoient, s'y échangent, s'y mélangent -y compris avec la ménagerie du coin. C'est le pays des nantis, des filles perdues et des savants fous. De la chair à vampire 1er choix. De l'excellente chair à cauchemar.

Frankenstein

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Au lieu de se marier et de faire des enfants, comme tout le monde, Frank-E(i)nstein cherche à propager la vie par d'autres moyens. Avec un assistant qui est le frère jumeau de Casimodo, dans un labo (sans doute loué au Dr. Caligari) qui est pour toujours le prototype des endroits où se concoctent les secrets les plus inavouables de l'humanité, avec de l'audace et beaucoup d'éclairs il donne vie... à un mythe. Malgré un scénario rudimentaire qui lui laisse finalement assez peu de scènes, Boris Karloff se révèle aussi fort et fragile qu'on l'avait imaginé, à la hauteur du souvenir que nous n'avions pas encore de lui.

Little Caesar - Petit Cesar (Le)

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Réalisé par : Mervyn LeRoy (1900 - 1987)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Douglas Fairbanks Jr. (1909 - 2000), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 79 mn, NB

Critique perso :

Ascension et chute de Rico, golden-boy du crime et self-made-truand, de format poche mais au mental de caïd. Comme il ne compte pas se cantonner toute sa vie aux caisses de stations services, il pose sa candidature chez un petit parrain régional. L'époque de la Prohibition est propice au petit commerce clandestin, Rico est engagé en CDD. Il ne lui reste plus qu'à devenir boss à la place du boss, à coups de balles dans la peau et de fanfaronnades. Au sommet de sa gloire, ses collègues de gachette lui offriront une montre, comme plus tard, à l'employé de la Rue rouge. Comme lui aussi, il finira pourtant misérablement dans le caniveau. Le film serait un brin théâtral sans la verve énergique d'Edward G. Il marque une date : celle où le noir et blanc bascule côté ombre.

M - M le maudit

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1931, Allemagne
Acteurs principaux : Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /entre Berlin et Moscou /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 118 mn, NB

Critique perso :

Les serial killers amateurs de petites filles ne datent pas d'hier. M en est l'archétype pour toujours. Avec ses yeux ronds, sa tête de gros bébé joufflu et ses manières délicates, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Attendre quand même la confession... Cette homme met la police sur les dents et la pègre sur les nerfs -comme les deux faces d'une même médaille. Un génial montage parallèle met en regard le déploiement de leurs méthodes respectives (pour attrapper un schizophrène, mieux vaut s'y mettre à deux !). Et un marchand de ballons promis à une longue carrière cinématographique (cf. par exemple Le Troisième homme ou Minority Report) scellera le destin de M. Ce film est tellement mythique que la réalité a fini par lui ressembler.

Public Enemy (The) - Ennemi public (L')

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Réalisé par : William A. Wellman (1896 - 1975)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986), Jean Harlow (1911 - 1937)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

Un petit docu sur la vie à Chicago au début du XXème siècle nous met dans le ton : les rues regorgent de petites cailleras à casquettes, toujours prêtes pour un mauvais (petit) coup. Mais les enfants grandissent et leurs coups aussi. Tom Powers est de ceux-là. Il a, comme son nom l'indique, une pile électrique dans le ventre et le poing baladeur. Il apprend vite à manier la gachette (et le demi-pamplemousse), à se rendre indispensable aux uns et encombrant aux autres. Dans ces cas-là, ce sont souvent les autres qui gagnent. Avec ce film et Little Caesar, sorti quasiment en même temps, le crime a trouvé son visage, son sourire malin et son énergie.

Mummy (The) - Momie (La)

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Réalisé par : Karl Freund (1890 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /à l'antique
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

On ne réveille pas impunément une momie qui dort depuis 3700 ans, fallait s'en douter. Im-ho-tep a été embaumé vivant (sans son consentement, semble-t-il) et il lui reste donc quelques petites affaires à régler. Ca tombe bien, il a pour cela gardé en mémoire quelques sortilèges magiques bien utiles. Il est calme, patient (il ne doit plus être à un millier d'années près), et il sait ce qu'il veut : la fiancée dont il a été éloigné, il y a quelques siècles. Sur son passage, on retrouve d'étranges cadavres : mort de rire, mort de peur, à votre guise. Il est terriblement séduisant et terriblement dangereux. Normal : il possède le secret de l'envoutement des légendes.

Vampyr

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Réalisé par : Carl Theodor Dreyer (1889 - 1968)
En : 1932, Danemark
Acteurs principaux : Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Un jeune homme ahuri à la recherche d’aventure arrive dans l’endroit idéal pour en trouver : un village sous l’emprise d’un(e) vampire… Ici, les humains et les fantômes se ressemblent comme deux gouttes de poison, les rêves et la réalité se confondent, les vivants et les ombres se mêlent et se mélangent. Le film lui-même est comme dans les limbes entre le cinéma muet (intertitres, quasiment aucun autre son autre que les voix) et le cinéma parlant, dans les gris, envahi par un mal à l’état brumeux. Dans les limbes entre la vie et la mort, on y assiste même à l’enterrement du jeune ahuri depuis l’au-delà, en caméra subjective. Un film magique, digne d'un sorcier revenu des limbes.

Baby Face - Liliane

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Réalisé par : Alfred E. Green (1889 - 1960)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Barbara Stanwyck (1907 - 1990), John Wayne (1907 - 1979)
Genre(s) : New York - New York /Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Lily a été élevée -si on peut dire- à la dure. Son papa tient une espèce de bistrot, mais il tire surtout ses clients, et ses revenus, des beaux yeux -et de la jolie silhouette- de sa fille. Il y a tout de même, parmi les clients, des gens qui savent lire. Y'en a même un à l'accent allemand qui offre à Lily "La volonté de puissance" pour la draguer, c'est dire (un nietzschéen revendiqué dans un film américain ? on hallucine...). Un fois le papa parti brûlé en enfer, c'est le moment pour Lily de trouver une situation à la hauteur de ses talents. Direction New York, donc, et le plus haut building qu'elle peut trouver. Plein d'hommes, cela va sans dire, qui ne manquent pas non plus de remarquer ses compétences et sa jolie silhouette -ni ses beaux yeux bien sûr, qui n'ont jamais froid, malgré leur air innocent. Son ascension sociale fulgurante se mesure à la sophistication de sa coiffure, au poids de ses fourrures et au numéro de l'étage où elle est affectée. Les choses vraiment sérieuses commencent au niveau des chefs, pères et fils... Film (dé)culotté typique de l'époque pré-code Hays (tellement qu'on hallucine !).

Kennel Murder Case (The) - Mystère de la chambre close (Le)

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Eugene Pallette (1889 - 1954), William Powell (1892 - 1984)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Au début, il est question d'un concours de chiens, d'héritages et de mésalliances - mais on s'y perd un peu parce que les hommes portent tous la moustache réglementaire, et que les chiens sont du même poil. Et puis le type qui était apparemment le plus riche, le plus vieux et le plus détesté de tout le monde se suicide, enfermé dans son bureau, avec un couteau dans le dos. Et ce n'est que le début. Il y aura d'autres cadavres -et d'autres chiens. La police est sur les lieux mais elle manque singulièrement de flair. Heureusement pour elle, il y a aussi un certain Philo Vance, éleveur de chiens et détective amateur (et à moustache) de son état. L'histoire est du genre à tiroir à double fond sous le double fond : tout le monde a quelque chose à cacher derrière sa moustache, il y a toujours un cadavre derrière chaque cadavre, une femme derrière chaque homme. Et une petite truffe fouineuse derrière toutes les bonnes petites énigmes.

Private Life of Henry VIII (The) - Vie privée d'Henry VIII (La)

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Réalisé par : Alexander Korda (1893 - 1956)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Robert Donat (1905 - 1958), Charles Laughton (1899 - 1962)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

L'Angleterre du XVIème siècle, rubrique people. Le roi est un gros lard libidineux, genre Laughton vieux -pourtant, il est encore assez jeune. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne brille guère par sa lucidité matrimoniale : il lui faudra 6 mariages et quelques enterrements pour venir à bout de sa libido. La première femme nous est épargnée, pas la deuxième, décapitée le jour du mariage avec la 3ème. Dans le tableau de chasse, il y aura aussi une princesse de Clève (mais les français savent bien qu'elle ne se marie pas par amour). La leçon de politique est plutôt sommaire, mais la tentative d'auto-absolution (c'est la faute des femmes s'il est si seul, finalement) presque touchante (bel exploit de l'acteur).

Testament des Dr. Mabuse (Das) - Testament du Dr. Mabuse (Le)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1933, Allemagne
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Du fin fond de son asile à la Caligari, un homme tire les ficelles du crime. Un homme invisible, une voix derrière un rideau, un metteur en scène de la terreur. L'inspecteur Lohmann lui sacrifie sa vie privée. Lui qui, pourtant, a su dénicher M, le meurtrier solitaire, il doit faire face cette fois à un pervers plus grand et plus insaisissable encore : un idéologue aux mains propres, un texte et une voix qui tuent. Racket, noyautage de l'Etat, suppression des gêneurs et stratégie de la peur : le Mein Kampf de Mabuse est en effet appliqué à la lettre par ses héritiers. Même mort, il hypnotise encore. Il hypnotise toujours...

Man Who Knew Too Much (The) - Homme qui en savait trop (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1934, Angleterre
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Pierre Fresnay (1897 - 1975), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Un gentil jeune couple avec enfant en excursion touristique loin de chez lui sympathise un peu vite avec un type étrange (un champion de ski français, louche ça) et se retrouve bientôt avec un cadavre, un enlèvement et un lourd secret sur le dos. Ca vous rappelle quelque chose ? Non, ça n'est pas avec James Stewart mais avec un Peter Lorre à mèche blonde. Oui, pourtant, y'a bien le coup de (la) cymbale ! Heureusement d'ailleurs, parce que sinon le reste du scénar est un peu tissé de cordes blanches. Un dentiste louche, une secte louche, pas très discrets ces espions... Pourtant, le film est un peu plus brut, moins poli à l'americanwayoflife puritaine que l'autre. Ici, madame est championne de ball-trap, elle a moins peur des armes que la police anglaise. Non mais !

39 Steps (The) - 39 marches (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1935, Angleterre
Acteurs principaux : Madeleine Carroll (1906 - 1987), Robert Donat (1905 - 1958)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Un type dont on ne sait rien accueille chez lui une inconnue et, parce qu'elle lui raconte une histoire d'espions à dormir debout, la laisse coucher dans son lit. Au matin, comme la fille a un poignard dans le dos, le type se croit obligé d'aller en Ecosse, pour aller dire il ne sait pas vraiment quoi à il ne sait pas vraiment qui (il n'est pas exclu, d'ailleurs, qu'il ait tout rêvé). Le début et la fin évoquent L'Homme qui en savait trop, le milieu est un pré-make de La Mort aux trousses, c'est-à-dire la traversée somnambulique (mais pleine d'énergie) d'une histoire dont l'enjeu se modifie en permanence. Quelque chose comme la quête éperdue de la mémoire perdue des origines de la quête (tout Hitch, déjà, quoi).

Bride of Frankenstein - Fiancée de Frankenstein (La)

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969), Elsa Lanchester (1902 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Pour commencer : ressuscitons Frankenstein. Pas de problème : il n'était pas mort, et Mary Shelley elle-même est appelée à la rescousse. Ensuite : introduisons un personnage nouveau : voici le mystérieux et inquiétant Dr. Pretorius, qui n'avoue qu'une faiblesse : l'alcool et les cigares (entre autres), et cultive des petits hommes dans des bocaux. Puis donnons quelques rudiments de langage et de théologie au monstre : le bien, le mal, d'où je viens, etc. Juste assez pour lui donner envie d'autre chose : une femme, par exemple... Les deux savants s'y emploient : il faut bien ça ! Il faut aussi un coeur frais et des cerf-volants par temps d'orage. Le résultat, qui présente un sérieux air de famille avec la génitrice de papier, est du plus bel effet pré-punk. Mais le monstre n'a pas l'air de lui plaire (pourtant, l'actrice était l'épouse de Charles Laughton : elle en avait vu d'autres !)... Le mythe continue, plus vivant que jamais.

Toni

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1935, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 81 mn, NB

Critique perso :

Arrivée d'un train dans une gare de Provence (La Ciotat ? Peut-être...) : ça parle espagnol, ça chante italien, c'est plein d'étrangers qui viennent prendre le pain -et les femmes- des français. Parmi eux : Toni (qui a pourtant déjà un accent marseillais d'au moins trois générations). Et, effectivement, en matière de femmes, les choses sont assez rondement menées : il séduit Marie, sa logeuse mais préfère Josefa qui lui fait la coup de la guêpe dans le cou. Mais Fernand, le méchant cadre de la carrière de pierres qui l'emploie, l'épouse avant lui, et du coup lui épouse Maris. Après, ça tourne de plus en plus mal, avec cette espèce de fatalité tranquille qui a l'air de pousser là-bas aussi bien que les olives. Le ton, semi ethno-documentaire, fait l'effet de s'inventer en route, avec une maladresse qui a l'air toute naturelle. Avec ses ouvriers et ses paysans en première ligne, c'est du proto-Ken Loach-sur garrigue, autrement dit du pré-Guédiguian.

Sabotage - Agent secret

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1936, Angleterre
Acteurs principaux : Oskar Homolka (1898 - 1978), John Loder (1898 - 1988), Sylvia Sidney (1910 - 1999)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 76 mn, NB

Critique perso :

A Londres, la nuit, se promènent de drôles d'oiseaux. Ce M. Verloc, par exemple : il fuit tellement la lumière qu'il vient de saboter l'éclairage public ; il fuit tellement la lumière qu'il vit dans un cinéma. M. Verloc a une épouse, aussi, qui ne se doute de rien, et un enquêteur de Scottland Yard aux fesses qui, lui, a les plus noirs soupçons. Derrière l'écran (de son cinéma et de ses nuits blanches), devant un étrange aquarium (qui en anticipe un autre), se trament de sombres complots. Il s'agit cette fois de faire exploser une bombe en plein coeur de Londres (décidément très en avance, les gars). Une histoire à tiroirs et à double fonds, qui permet à Hitchcok d'aiguiser ses meilleurs crayons : le suspense des comptes à rebours, la victime innocente, la surprise du destin qui abolit les surprises... Sans oublier les oiseaux, qui n'y sont pour rien et qui se vengeront.

Secret Agent - Quatre de l'espionnage

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1936, Angleterre
Acteurs principaux : Madeleine Carroll (1906 - 1987), John Gielgud (1904 - 2000), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Certes, il y a une histoire d'espionnage dont le prétexte est (presque) aussi obscur pour ses héros que pour le spectateur. Certes, il y a du marivaudage dans l'air. Des coups de fil intrusifs, des choses cachées derrière les portes, et derrière les notes de musique. Du jeu, des décors de studio, du style. Un train, des morts. Du fétichisme (un bouton), des messages codés. Des personnages qui ne savent pas bien ce qu'ils font là -mais qui n'arrivent pas encore à faire mine de ne pas y attacher d'importance. Bref, ça ressemble à du Hitchcock qui aurait en main toutes les clés de sa maison, mais qui n'aurait pas encore trouvé toutes les bonnes serrures.

Drôle de drame

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1937, France
Acteurs principaux : Pierre Alcover (1893 - 1957), Jean-Pierre Aumont (1911 - 2001), Jean-Louis Barrault (1910 - 1994), Louis Jouvet (1887 - 1951), Françoise Rosay (1891 - 1974), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /la parole est d'or /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

Drôle de drame, bazar bizarre (si si, cousin, vous l'avez dit !), craquante confiserie classique... Dans un drôle de pays qui prétend être l'Angleterre (mais sans cette langue barbare qui s'y pratique) évoluent de drôles de gens qui prétendent ne pas être ce qu'ils sont (ou le contraire). Qu'ils s'affichent comme pasteur, scientifique excentrique, policier ou serial-(butchers)-killer, ils ont toujours une identité de rechange en cas de besoin. Le meilleur alibi des tordus est la bienséance sociale -surtout en Angleterre, vraie ou fausse. Une seule chose est sûre : tous coupables ! A un petit détail près tout de même : pas moyen de dénicher le moindre cadavre -mais ce n'est pas faute d'essayer, ni d'y penser. A force de se cacher dans le double-fond de leurs arrières-pensées, ces pantins pas malins finissent par ne plus trop savoir où ils en sont. L'intrigue est donc impossible à résumer, tant mieux !

Pépé le Moko

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Réalisé par : Julien Duvivier (1896 - 1967)
En : 1937, France
Acteurs principaux : Mireille Balin (1911 - 1968), Marcel Dalio (1900 - 1983), Jean Gabin (1904 - 1976), Charles Granval (1882 - 1943)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 90 mn, NB

Critique perso :

Il était une fois un petit rat des villes qui, pour échapper aux chats, se réfugie dans un labyrinthe. Le rat s'appelle Pépé, chef de bande de profession, et le labyrinthe, c'est la casbah d'Alger -période française. Débarque là-dedans une souris pomponnée dernière mode. "T'es belle comme le métro parisien", qu'il lui dit. "Tu me rappelles le pays", qu'elle répond (on a beau dire, les colonies, on les aime bien à condition de pouvoir en partir). Mais des facheux, des traîtres, des perfides trainent à tous les carrefours. Ils seront heureux (pas longtemps) et auront beaucoup d'ennuis...

You Only Live Once - J'ai le droit de vivre

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1937, USA
Acteurs principaux : Henry Fonda (1905 - 1982), Sylvia Sidney (1910 - 1999)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Henry Fonda en méchant ? Non, il n'y a pas que Sergio qui a osé. Fritz, déjà... Mais lui, c'était par ruse. Une ruse pour faire comprendre aux américains que même les ex-taulards ont du coeur, parfois. Que même, ils peuvent être sincères, pleins de bonne volonté, et mériter l'amour des plus belles et gentilles filles du pays. Que même, ils pourraient de temps en temps avoir de bonnes raisons de ne pas faire complètement confiance à la société qui, des fois, peut les condamner à tort. Mais là-dessus, ils ont toujours été un peu durs d'oreilles, les américains. Au point qu'il y a des gars qui sont tellement américains qu'ils n'arrivent pas à croire eux-mêmes à leur innocence. C'est dire les dégats.

Bête humaine (La)

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Blanchette Brunoy (1918 - 2005), Julien Carette (1897 - 1966), Jean Gabin (1904 - 1976), Fernand Ledoux (1897 - 1993), Jean Renoir (1894 - 1979), Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Le roman de Zola proposait un vaste panorama du meurtre sous toutes ses formes. Renoir a tranché dans le vif (deux morts seulement !). Il a conservé le prétexte de la théorie un peu lourdingue de l'atavisme alcoolique, tout en se concentrant sur le trouble entrelacement du désir et de la pulsion de mort. Et il a exploité à fond la poésie visuelle des trains : le destin est sur les rails et il roule à toute vitesse. C'est l'enfer au fond de la chaudière. Quant au cheminot, lui, il sonne toujours deux fois (chez la femme du sous-chef de gare). Et Gabin, on dirait qu'il a fait ça toute sa vie.

Joueur d'échecs (Le)

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Réalisé par : Jean Dréville (1906 - 1997)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Françoise Rosay (1891 - 1974), Conrad Veidt (1893 - 1943)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 70 mn, NB

Critique perso :

Vision politique : la Pologne du XVIIIème siècle (et d'ailleurs) est la marionnette de Moscou. Catherine II -que Françoise Rosay reprend là où Marlene l'avait laissée- reigne en maîtresse. Son amant du moment, le genre gras, borgne et vulgaire éructant contre les turcs, nous rappelle vaguement quelqu'un. Mais le petit pays résiste encore et toujours... Vision scientifico-fantastique : il se trouve un allié en la personne de Kempelen, savant excentrique qui préfère vivre avec les avatars à ressorts qu'il fabrique plutôt qu'avec leurs originaux (l'original, c'est lui). Vision mystique : le créateur finit par s'incarner dans sa créature, et se sacrifier pour elle. Précurseur sans en avoir l'air d'Astérix et de Second Life (entre autres), c'est encore mieux que dans mon souvenir ébloui de cinéphile en couettes.

Jamaica Inn - Taverne de la Jamaïque (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1939, Angleterre
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Charles Laughton (1899 - 1962), Maureen O'Hara (1920 - 2015)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Hitchcock, cette oeuvre-là est un peu un enfant caché. Une histoire de naufrageurs située au XIXème siècle, un film en costumes avec un gang à trognes, des bagarres à mains nues, des carrioles, des chevaux et des maquettes de bateaux en pleine tempête dans un verre d’eau… mais avec aussi, en contrebande comme il se doit, pas mal de hitchcockeries déjà bien identifiées : le gentil couple-malgré-lui qui se forme dans la fuite, les agents doubles, l’art de se jeter dans la gueule du loup (et d’en ressortir), le climax qui donne vertige… et, évidemment, quelques excellents acteurs anglais en flagrant délit de cabotinage. Une dernière anglaiserie avant de passer à Hollywood.

Rebecca

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Joan Fontaine (1917 - 2013), Laurence Olivier (1907 - 1989), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 130 mn, NB

Critique perso :

C'est sur la French Riviera (lieu d'envoutement classique des films américains) qu'ils font connaissance. Il est anglais, veuf, très riche. Elle est jeune et innocente. Ils se marient et vont habiter dans la somptueuse demeure de Monsieur, à l'aura mystérieuse. Machine (comment s'appelle-t-elle, au fait ? personne ne l'appelle par son prénom) se retrouve à la tête d'une maison où tout est trop grand pour elle, où tout porte la griffe de Rebecca, la première épouse. Problème : comment lui faire oublier son ex ? Comment se faire aimer d'une propriété où tout -choses et êtres- est encore sous le charme de l'autre ? Comment lutter contre un fantôme qui ne se manifeste que dans les vivants ? Un drôle de cauchemar luxueux, un thriller mental au style gothique flamboyé, avec ce qu'il faut de fièvre et de secrets.

Blood and Sand - Arènes sanglantes

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Réalisé par : Rouben Mamoulian (1897 - 1987)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Linda Darnell (1923 - 1965), Rita Hayworth (1918 - 1987), Tyrone Power (1914 - 1958), Antony Quinn (1915 - 2001)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

C'est le genre de films qui fait un genre à lui tout seul : le genre film de corrida hollywoodien. Le cahier des charges inclut du folklore, des filles sexys et des méchants taureaux. Et un p'tit gars qui part de rien et qui n'en veut. Qui veut devenir un mec, un vrai. Il rêve sans doute secrètement d'emballer les taureaux et de massacrer les filles, Mais, cet idiot, il fait exactement le contraire. Débuts difficiles, mais il s'accroche. Quelques aller-retour Seville-Madrid et quelques tours d'arènes plus tard, le gars commence à maîtriser sa géométrie (des cercles et des droites, donc) et son art. Maîtriser sa vie, c'est moins facile. Mais bon, c'est aussi le genre de films dont le titre donne le programme. Et de toute façon, on verrait mal l'intérêt d'un film hollywoodien avec un torero qui meurt de vieillesse dans son lit. Bref, tout est prévisible, sauf la beauté et la grâce du spectacle. Parfois.

Maltese Falcon (The) - Faucon maltais (Le)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Walter Huston (1884 - 1950), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Avant d'être Philip Marlow, Bogart a été un Sam Spade très crédible. Qui, bien sûr, est assailli de belles dames à son bureau dès qu'il arrive le matin. Et, évidemment, envoie son associé au casse-pipe le soir même. A la suite de quoi, naturellement, il est embarqué dans une sombre affaire passablement emberlificotée, plein de de faux jetons et de gros dégueulasses. Ce qui le sauve, c'est qu'il est un parfait metteur en scène de lui-même et qu'il a toujours l'air d'en savoir plus qu'il n'en a l'air. Ce qui nous accroche, of course, c'est la même chose.

Penny Serenade - Chanson du passé (La)

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Réalisé par : George Stevens (1904 - 1975)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Irene Dunne (1898 - 1990), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

Désolée : c'est pire qu'une erreur de casting, ça frise la faute professionnelle cinéphilique d'avoir ça dans sa collection. Non, je n'aime pas ce film, je l'ai commandé par hasard, je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu. Ce roublard de Stevens a sans doute voulu faire la crème des mélos, mais il appuie vraiment trop sur le champignon. Non je n'ai aucune sympathie pour Julie, dont la seule ambition professionnelle est de devenir une mère de famille parfaite. Rien ne m'énerve plus que de la voir en tablier avec un fichu sur la tête, tentant de passer son certificat de bonne ménagère apte à adopter un petit ange. La seule chose dont je lui suis reconnaissante, finalement, c'est d'avoir donné à Cary Grant le goût des voyages en train.

Suspicion - Soupçons

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Tout commence dans un train : début de la romance. Tout continue dans un décor de cottage anglais avec vent dans les chapeaux, chevaux et bal du soir : mariage. Elle s'appelle Lina, il s'appelle Johnnie. Mais, à partir de là, on n'est plus dans le même film. Lina, qui ne voit pas bien de près sans ses lunettes, commence tout de même à trouver que son cher époux exagère. Est-il irresponsable, menteur, voleur, escroc voire plus (si affinités monétaires) ? La maison de Lina -et sa vie- ressemble de plus en plus à une toile d'araignée de lumières et d'ombres. Un tournage en sentiments subjectifs, avec dénouement final trop beau (comme Johnnie) pour être honnête.

Assassin habite au 21 (L')

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Réalisé par : Henri-Georges Clouzot (1907 - 1977)
En : 1942, France
Acteurs principaux : Suzy Delair (1917 - ), Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Noël Roquevert (1892 - 1973)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 84 mn, NB

Critique perso :

Ca a brièvement l'apparence d'un film noir à l'anglo-saxonne mais en fait, c'est une comédie à la française, sorte de Drôle de drame parisien. Un murder case (whodunit, comme dirait Agatha) en vase clos, vu que l'assassin -un serial killer à cartes de visites (avec meurtres en caméra subjective, s'il vous plait !)- a eu le bon goût de laisser les traîner (ses cartes) à son adresse. Au 21 (3 puissance 3), donc, il y a une pension de (sans-)familles excentriques : la vieille fille qui écrit des romans policiers, le magicien qui ne se produit plus nulle part, l'ex-boxeur aveugle (et son infirmière), le militaire en retraite d'on ne sait où (même pas lui) -j'en passe et des pires, tous le genre potentiel suspect, comme dans Le Corbeau, mais en plus drôle. Déguisé en pasteur, l'inspecteur Vorobechik -bientôt rejoint par son exubérante fiancée- n'est pas le moins pittoresque de la bande. Ils ne seront d'ailleurs pas trop de deux pour affronter un aussi ubiquitaire assassin... Un bon divertissement qui date d'une époque où ça en manquait un peu (de divertissement pas de serial killers...).

Saboteur - Cinquième colonne (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Les japonais viennent de s'en prendre à Pearl Harbour. Hitch, passé à l'ouest (de l'Atlantique) depuis Rebecca, veut participer à l'effort de guerre. Alors, il s'en prend aux ennemis du dedans, aux combattants de la Liberté planqués derrière les américains bon teint, aux saboteurs du politiquement correct. Il choisit ses alliés parmi les prolos anars et les aristocrates du coeur, les artistes et les freaks. L'histoire a un goût de déjà vu et un parfum de à revoir : c'est une marche forcée à l'intérieur de la démocratie, east by south east. Le gentil rencontrera la fille des rêves américains. Le méchant sera perdu parce qu'il n'a pas de tailleur anglais. Tout est pour le mieux dans le meilleur des films de propagande possible.

Goupi mains rouges

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Réalisé par : Jacques Becker (1906 - 1960)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Blanchette Brunoy (1918 - 2005), Robert Le Vigan (1900 - 1972), Fernand Ledoux (1897 - 1993), Maurice Schutz (1866 - 1955), Louis Seigner (1903 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Goupi, il y a beaucoup de monde et ils habitent tous sous le même toit. Quatre générations, plus ou moins entremêlées et consanguines. Une famille-souche, du genre qui sera pas facile à déraciner. Le plus ancien, c’est Goupi-L’empereur, plus que centenaire, que les autres respectent surtout parce qu’il n’a pas encore révélé où il a planqué son magot. Ce qui intéresse particulièrement Goupi-Mes-sous, qui s’occupe de la compta. Goupi-Monsieur, c’est celui qui vient de débarquer du train, après avoir fait sa vie à Paris. A côté, les surnoms sont parfois distribués bizarrement. Goupi-tisane est une teigne qui ne contribue pas des masse à apaiser les conflits. Et Goupi mains rouges n’est pas forcément celui qui a le plus de sang sur les mains… Parce que pour révéler encore un peu mieux les caractères, rien ne vaut un petit meurtre de derrière les fagots. Tout ça fait le portrait d’une espèce de vestige de l’ancien régime au coeur des campagnes, une archéologie des français bien de chez nous, pieds dans la boue et yeux dans le ciel.

Hangmen Also Die - Bourreaux meurent aussi (Les)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Walter Brennan (1894 - 1974)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 140 mn, NB

Critique perso :

Pour les Praguois de 1940, les bourreaux avaient un nom : Heydrich, représentant d'Hitler. Ca n'a pas dû chagriner grand monde quand il a été assassiné. Mais le film va plus loin : il raconte comment un peuple entier en arrive à prendre sur lui le crime d'un seul -tel un messie à l'envers. Et comment, une fois n'est pas coutume, ses héros s'inventent un prétexte amoureux pour cacher une cause politique. Le grand Brecht est au scénario. Pour l'image, on peut faire confiance à Lang. Il a prouvé dans M qu'il savait regarder une histoire avec ses deux yeux (un pointé sur la police, un dans les bas-fonds). Il refait le coup ici, en laissant traîner sa caméra aussi bien au siège de la Gestapo que chez les résistants. Je ne sais pas si le récit contient une quelconque once de vérité, mais il le mérite.

I Walked with a Zombie - Vaudou

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1943, USA
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /poésie en image
Caractéristiques : 69 mn, NB

Critique perso :

Betsy est infirmière. Belle et dévouée, par déformation professionnelle. Elle se voit confier une étrange mission dans les antilles. Il s'agit d'aller soigner l'épouse d'un certain Mr. Holland, propriétaire terrien désabusé. La malade est belle, mais son cas clinique assez désespéré : bien que déjà morte, elle n'arrête pas de sortir de son lit. Zombie, qu'ils disent par là-bas. C'est malheureusement une maladie très répandue de nos jours. Les tams tams grondent beaucoup, mais pas autant que les coeurs, dans la grande maison Holland. Un St Sébastien criblé de flèches, dernier vestige d'un bateau négrier, nargue tout le monde dans la cour... Ambiance et symbolique lourdes, donc, pour ce Jane Eyre (ou Rebecca) des tropiques, enivrant comme un Ti-punch.

Leopard Man (The) - Homme léopard (L')

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1943, USA
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 66 mn, NB

Critique perso :

Dans un Mexique de pacotille, suite à une opération publicitaire douteuse, un léopard de compagnie -nettement moins sympa que celui de L'Impossible M. Bébé- est laché dans la nature. Peu après, des femmes disparaissent. On ne voit rien mais on sent tout, surtout le goût du sang. Le film est choral : on passe d'un personnage à un autre, tous reliés entre eux par le fil invisible du destin -ou celui, très lisible, du scénario. Aucun n'est un héros : que des victimes, que des coupables. C'est comme dans La Féline, mais à l'envers. Cherchez la bête. Cherchez l'homme derrière la bête. Cherchez la bête derrière l'homme derrière la bête.

Main du Diable (La)

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Réalisé par : Maurice Tourneur (1873 - 1961)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Noël Roquevert (1892 - 1973)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

La main du diable est une main gauche (évidemment). Elle ne coûte presque rien en argent (un peu de son âme en gage, quand même) et rapporte amour, gloire, richesse… et juste une petite malédiction éternelle en cas de possession prolongée. Roland Brissot, artiste peintre qui, sans elle, était médiocre, se coltine au cours d'une fuite dans un chalet de montagne le long récit en flash-back de sa fatale acquisition. Le flash remontera même jusqu'au Moyen Age, on ne mégote pas sur l'ambiance trouble. Evidemment, tout cela est assez pompé sur Faust (via Nerval), mais c'est aussi un des très beaux et rares exemples de cinéma fantastico-gothique-expressionniste français. Et au fait, en 1943, qui donc avait la main (gauche) sur le pays ? Ah, certes, ça n'a rien à voir puisque c'est la Continental, firme allemande, qui a produit le film. Quand même, il a l'air largement aussi métaphorique -et aussi bon !- que les Visiteurs du soir, dans le genre.

Ossessione - Amants diaboliques (Les)

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Réalisé par : Luchino Visconti (1906 - 1976)
En : 1943, Italie
Acteurs principaux : Massimo Girotti (1918 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 140 mn, NB

Critique perso :

Passager clandestin d'un camion, il débarque dans une station service. En tablier dans la cuisine, elle se vernit les ongles. Un regard suffit : début de l'histoire. Entre eux : un mari gras et vulgaire, une passion dévorante. Et la misère, comme une menace. Ils sont trop pauvres pour être honnêtes, mais trop petits pour leur destin. Il prendra des chemins détournés, le destin, mais il est le plus fort et il fait mal. Et l'éternel malentendu entre les hommes et les femmes ne tarde pas à se manifester. C'est une tragédie grecque tombée dans la boue : un film noir (un bon). Une date dans le cinéma italien, qui préfigure à la fois Rosselini (mais moins lyrique et compassionnel) et Visconti (avant ses coquetteries d'esthète).

Shadow of a Doubt - Ombre d'un doute (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Teresa Wright (1918 - 2005)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Au commencement, Dieu créa la famille américaine moyenne. Et puis, le petit dernier, avec son premier vélo, fit une chute et se fractura le crâne. Devenu grand, il est parti vivre ailleurs, a fait d'autres bêtises. Il rêve de veuves joyeuses. Il s'appelle Charlie. Un jour, il revient hanter le foyer de sa grande soeur qui, elle, a su (re)constituer une parfaite famille américaine moyenne (avec maison typique, jardin, garage, mari et enfants), et dont la fille aînée s'appelle Charlie, en hommage à l'enfant prodige. L'ange déchu parviendra-t-il à pervertir l'ange ingénue qui porte son nom ? Après avoir sérieusement écorné les joies matrimoniales (cf. ses premiers films américains), Hitchcock introduit un soupçon de Soupçons dans le paradis familial.

Double Indemnity - Assurance sur la mort

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Fred MacMurray (1908 - 1991), Edward G. Robinson (1893 - 1973), Barbara Stanwyck (1907 - 1990)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 107 mn, NB

Critique perso :

Walter Neff est le genre de type qui se balade toujours avec des allumettes dans les poches -le genre qui s'enflamment toutes seules, en les grattant avec le pouce. Phyllis Drietrichson est le genre de nana qui se balade toujours avec pas grand chose sur le dos et une chaîne en or à la cheville. Il s'y connaît en assurances -il en vend-, elles s'y connaît en emberlificotage d'hommes -elle a déjà un mari. Entre eux, ça s'enflamme tout seul, presque sans gratter. Logiquement, la prochaine étape obligée consiste à zigouiller le mari, et à toucher l'assurance qu'il ne sait même pas qu'il vient de signer. Si possible en faisant jouer la clause de "double indemnité", qui optimise les profits. Et les emmerdes. Parce que, faut dire, c'est Walter qui nous raconte tout ça, une balle et pas mal d'amertume près du coeur, comme le fera aussi son cousin Joe du fond de sa piscine de Sunset Blvd. Encore un grand couillon avec un faible pour les pétasses perruquées. Le genre de films qui invente un genre nouveau. Le genre qui rend grandioses les criminels amateurs minables, genre grands couillons et pétasses perruquées.

Laura

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Dana Andrews (1909 - 1992), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /la parole est d'or /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Le Lieutenant-détective McPherson -type homme d'action taciturne-, rend visite au chroniqueur mondain Waldo Lydecker -type homme de lettres fielleux-, dans sa baignoire. Et sourit. La guerre du carnet de notes contre la machine à écrire commence. L'enquête porte sur le meurtre d'une certaine Laura, avec qui Waldo a joué à Pygmalion. Il y a aussi Shelby, qui était son ex-futur potentiel époux. Elle valait le coup, Laura, à en juger par son portrait dans le salon, qui a l'air d'aimanter tous les hommes qui passent à proximité (en le regardant, ils finissent tous par se servir un whisky). Une femme de rêve, un rêve de femme, une musique entêtante qui s'insinue partout. Le temps s'inverse, se retourne et n'en finit pas de ne pas s'arrêter : on appelle ça un classique.

Passage to Marseille - Passage pour Marseille

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Peter Lorre (1904 - 1964), Michèle Morgan (1920 - 2016), Claude Rains (1889 - 1967)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 109 mn, NB

Critique perso :

1944 : la guerre est presque finie, alors on va nous la raconter en marche arrière, en flash-backs emboîtés les uns dans les autres (4 niveaux : ça vaut bien Inception !) pour remonter jusqu'aux accords de Munich. Il y a deux journalistes dans l'histoire. Le premier est un petit jeune innocent qui découvre la guerre en spectateur : elle est cachée dans le paysage, littéralemente invisible. Le deuxième est un tough guy embourbé dans les combats (intellectuels puis réels) jusqu'au cou depuis le début. Il est devenu hors la loi, il a du sang sur les mains, mais c'est quand même lui qui a épousé Michèle Morgan. Comme on n'a pas les moyens d'embaucher le monde entier pour la figuration, on se contentera d'un vieux rafiot et de quelques avions, mais l'essentiel y est. La B.O. n'a pas dû coûter très cher non plus : on y entend surtout des versions instrumentales de la Marseillaise (moins emballante que dans Casablanca) et de "en passant par la Lorraine" (sans doute parce que le bâteau s'appelle "ville de Nancy"). A la fin, on sent poindre l'espoir d'un monde (et d'un homme) nouveau. Bref, de la belle allégorie déguisée en film d'action.

Dead of Night - Au coeur de la nuit

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Réalisé par : film à sketchs
En : 1945, Angleterre
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Un petit architecte débarque dans un cottage anglais où on l'appelle pour réaménager les plans du domaine. Officiellement, c'est la première fois qu'il vient là. Mais le lieu et les gens qu'il y croise, il les connaît par coeur : il n'arrête pas de les voir en rêve. Un rêve qui, apparemment, se termine très mal... Pour conjurer le mauvais sort (et à défaut de jouer au Cluedo), tout le monde se met à raconter une histoire qui fait peur. Des histoires d'objets, de maisons ou de gens hantés, à votre guise. Des histoires (l'une d'elle est dûe à M. Hamer) de prémonitions, de possessions et de perditions. Des histoires à dormir debout et à crier couché, tellement saisissantes que, des fois, on a l'impression de les avoir déjà vues en rêve. Le petit architecte arrivera-t-il à mettre un peu d'ordre dans ce chaos ? Rien n'est moins sûr...

Detour

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Réalisé par : Edgar G. Ulmer (1904 - 1972)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Tom Neal (1914 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 67 mn, NB

Critique perso :

Al est le genre de gars parti de rien pour arriver nulle part. Il a joué du piano dans des bars pour des mecs qui s'en foutaient. Il a laissé filer sa girlfriend à Hollywood. Il a tenté, pour la retrouver, de refaire le chemin des pionniers -de NY à LA. Mais avec quelques siècles de retard, comme tout le reste. Et pas assez de dollars au fond des poches. Al est le genre de type qui, à l'en croire (mais faut-il l'en croire ?) a la poisse collée aux talons comme un chewing-gum. Le genre à se prendre dans l'oeil l'aiguille planquée dans la botte de foin. A attirer les garces et les escrocs avec sa gueule de papier tue-mouche. Filmé en six jours pour le prix d'une nuit au camping, tourné dans un garage avec deux décors, quelques transparences et pas mal d'opacité : le genre de films qui résument un genre à eux tout seul, un petit concentré de perle noire.

Picture of Dorian Gray (The) - Portrait de Dorian Gray (Le)

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Angela Lansbury (1925 - ), Peter Lawford (1923 - 1984), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB/couleur

Critique perso :

Au début, Dorian est jeune, beau et amoureux : le portrait parfait du gendre idéal, tel que le peint son ami Basil. Mais, bientôt, perverti par un lecteur des "Fleurs du mal", il se met à fréquenter les bas-fonds de Londres (vers 1886, on y faisait décidément de mauvaises rencontres : Jack, Hide... qui est qui, telle est la question !). Ce qu'il y fait nous reste mystérieux, mais lui attire des ennuis et des ennemis. Lui voit des yeux partout mais garde son teint de bébé. La peinture, elle, traverse l'histoire de l'art à toute vitesse : il se voit dedans comme dans un miroir, mais il est bien le seul. Le roman d'Oscar Wilde m'avait fascinée. Lewin, déjà amateur des poèmes d'Omar Khayyan, de fantastique baroque et d'art raffiné, était l'homme de la situation. Un portrait, une chanson, deux tortues et un poignard : tous les éléments de sa Grande Oeuvre à venir sont déjà là.

Scarlet Street - Rue rouge (La)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Joan Bennett (1910 - 1990), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Remake de La Chienne : dans la rue rouge, Chris Cross, comptable gris, peintre du dimanche, va en voir de toutes les couleurs. Sa femme lui donne le blues. Avec une autre, il croit voir la vie en rose. En fait, c'est clair : il est aveugle et se fait rouler comme un bleu. La vérité le rendra vert de rage... Personne n'est sympathique, dans cette histoire. La seule vraie couleur de ce film, c'est le noir de chez noir (dommage que la copie pourrie de ce DVD tranforme tout en gris quasi-uniforme).

Spellbound - Maison du Docteur Edwardes (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Gregory Peck (1916 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 111 mn, NB

Critique perso :

Le Docteur Edwardes est en fait un imposteur, sa Maison est un asile de fous. Ca démarre sur de bonnes bases. La douce (et belle) Constance, elle, est une vraie top psychanaliste de la Maison, qui semble avoir reçu (en vain) les tranferts de tous ses patients et de tous ses collègues. Elle craque pour le faux (mais beau) docteur amnésique, qui pourrait bien être le cas (et l'homme) de sa vie. Le faux (mais beau) Edwardes a des morts à aller récupérer au fond de son trou de mémoire. Et la douce (et belle) Constance, elle, se trouvera bien quelques portes à ouvrir et un père à tuer. La clé des révélations à double fond réside dans un rêve obscur, mis en image par M. Dali himself. Bien mieux qu'une leçon de psychanalyse pour les nuls, un grand film fantas(ma)tique pour tous les grands névrosés que nous sommes.

Big Sleep (The) - Grand sommeil (Le)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Lauren Bacall (1924 - 2014), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Dorothy Malone (1925 - 2018)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Le détective privé Philip Marlowe est un peu le grand frère de Sam Spade. Pour les cinéphiles, il aura à jamais le même visage : celui de Bogart en majesté, imperméable, chapeau mou, cigarette et ironie toujours au bord des lèvres. Notre homme se voit ici proposer par un vieillard impotent de démèler une affaire de chantage dans laquelle une de ses filles est impliquée. L'autre fille, c'est Lauren Bacall. Le jeu du chat et de la souris peut commencer. Quelques cadavres plus tard, l'histoire d'amour a un peu progressé mais l'affaire est toujours aussi obscure. Une anecdote célèbre (sans doute bidon) rapporte que ni le réalisateur ni les scénaristes (parmi lesquels William Faulkner himself) n'étaient capables de dire, au bout du compte, qui avait tué le chauffeur. Qu'importe ! L'atmosphère somnambulique est de celles qui font veiller très tard.

Dragonwyck - Château du Dragon (Le)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Walter Huston (1884 - 1950), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Elle aurait pu s'appeler Jane Eyre, le film aurait pu s'appeler Rebecca. Mais là, c'est Miranda. Au début, elle vit dans une petite maison dans la prairie. Un brillant destin de paysanne dévotte lui est promis. Mais un vague cousin très riche l'invite à venir jouer la dame de compagnie dans son antre, Dragonwyck, et sa vie bascule. Le cousin s'avère un irrésistible monstre, la maison se révèle gothique et hantée. Miranda est ravie, dès que possible elle épouse les deux. Il ne lui restera plus qu'à survivre le plus longtemps possible aux charmes vénéneux du lieu, et plus qu'à explorer les recoins obscurs du maître de maison. Il y a des gens comme ça qui ont l'air d'être faits pour s'épanouir à l'ombre, qui sont amoureux de leur prison, et de leur geôlier. La mise en bouche d'une grande oeuvre, en forme de curiosité gothique.

Scandal in Paris (A) - Scandale à Paris

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Réalisé par : Douglas Sirk (1897 - 1987)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : George Sanders (1906 - 1972), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /la parole est d'or
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Voix off distinguée qui commente avec une brillante ironie les méfaits d'un vaurien : le procédé n'est pas complètement surprenant (c'est parce qu'on a vu avant Noblesse oblige et Barry Lyndon mais ce film-ci est plus ancien) ; il est toujours efficace. Nous voici donc partis pour la vie et les oeuvres du Lieutenant Rousseau, plus connu sous le nom de François Eugène Vidocq -qui n'était pas plus vrai que le précédent. Hollywood en fait une métaphore de l'éternel combat de l'homme contre ses propres démons (via St Georges et le dragon !)- mais sans se prendre trop au sérieux, heureusement. On soupçonne le récit, concentré sur 2 ans, d'être légèrement romancé -sans doute très en dessous de la vérité d'ailleurs ! George Sanders entame là sa brillante carrière de fripouille aristocratique. Mais, comme c'est lui le héros, il pousse pour une fois le bon goût jusqu'à s'amender in extremis pour les beaux yeux d'une marquise. On lui pardonne tout, même son honnêteté.

Lady from Shanghai (The) - Dame de Shanghai (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Rita Hayworth (1918 - 1987), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Un polar, oui, mais d'Orson Welles. Donc : tarabiscoté, désabusé, grandiose. La rousse la plus explosive de l'époque -Rita Hayworth, qui ne pouvait rien lui refuser-, il lui coupe les cheveux et la teint en blonde - mais elle reste plus garce que jamais. Les mecs autour sont des ordures cyniques -mais riches. Il se réserve le rôle du baroudeur naïf sacrifié, tough guy mais pas tant que ça. Les décors sont géniaux (surtout dans quelques scènes mythiques : l'aquarium, le palai des glaces), l'atmosphère lourde, les intentions de chacun tordues à souhait. Ca ne contribue pas beaucoup à faire aimer le monde, mais beaucoup à faire aimer le cinéma !

Lady in the Lake - Dame du lac (La)

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Réalisé par : Robert Montgomery (1904 - 1981)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Robert Montgomery (1904 - 1981), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Dans la peau de Philip Marlowe ! C'est ce que promet clairement ce film, (presque) entièrement tourné en caméra subjective. Ca commence, en fait, quand Marlowe essaie de caser la nouvelle qu'il a écrite à l'éditrice d'une revue. "Au cas où il y aurait une vie avant la mort", que ça s'appelle (ou peut-être le contraire). Peut-être bien un traité sur l'histoire du cinéma... En fait, l'éditrice se fout pas mal de sa prose, mais pas de son métier de détective privé. Elle a une affaire à lui soumettre, concernant une certaine Chrystal Kingsby. Marlowe rechigne, mais pas longtemps. Comme c'est un homme-un vrai, il fume beaucoup (effet "fumée blanche" en bord de cadre), reçoit et donne pas mal de gnons (effet caméra qui tremble), se retourne sur les filles (panoramique), en embrasse une (jusqu'à l'écran noir, mais pas le carré blanc). Mais la vie en plans séquences, en fait, c'est surtout un peu chiant, on connaît déjà trop bien. Quant à Chrystal Kingsby, il suffit de lire le générique : Ellay Mort... On pensait entrer dans la peau du seul vrai Marlowe, et on se retrouve surtout dans l'oeil (un peu éteint) de Robert Montgomery (effet déception garanti).

Monsieur Verdoux

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Une voix d'outre-tombe nous raconte son histoire. Celle d'un certain M. Verdoux, qui ressemble comme deux gouttes de poison au cauteleux M. Vernay, ainsi qu'à un pimpant capitaine Bonheur. En temps de crise des Temps modernes, en France ou ailleurs, tout est bon pour survivre. M. Verdoux a monté une petite entreprise prospère : le détroussage de veuves avec consentement. Un Landru, ce n'est après tout rien d'autre qu'un Charlot qui aurait de l'éducation et des bonnes manières. Mais le métier de multigame polyrécidiviste et de serial-killer en chambre demande une bonne santé et une grande organisation, surtout quand on a le coeur faible. Surtout quand l'heure est aux assassins professionnels d'Etat et à l'industrie du crime rationnalisé. M. Verdoux peut passer à bon droit pour un humaniste désuet ; il arriverait presque à nous faire regretter les petits artisans du bon vieux temps.

Paradine Case (The) - Procès Paradine (Le)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Ethel Barrymore (1879 - 1959), Charles Coburn (1877 - 1961), Louis Jourdan (1919 - 2015), Charles Laughton (1899 - 1962), Gregory Peck (1916 - 2003), Ann Todd (1909 - 1993), Alida Valli (1921 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

Un (très) bel avocat doit assurer la défense d'une (très) belle veuve accusée d'avoir empoisonné son mari aveugle -à moins que le (très) beau valet du défunt n'ait quelque chose à se reprocher... Une moitié du film pour l'enquête, une autre pour le procès, déguisements et perruques comprises (ça se passe à Londres). Dialogues subtils, effets de manche, ombres menaçantes, cadrages brillants. Mais on comprend vite que le verdict n'est pas l'enjeu majeur du récit, puisque les personnages sont déjà tous, avant qu'il ne tombe, condamnés à perpet' à la douleur d'aimer sans retour.

Quai des orfèvres

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Réalisé par : Henri-Georges Clouzot (1907 - 1977)
En : 1947, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967), Bernard Blier (1916 - 1989), Suzy Delair (1917 - ), Louis Jouvet (1887 - 1951), Pierre Larquey (1884 - 1962)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Le quai des orfèvres, c'est bien sûr le siège de la Police Judicière. Pourtant, ce film ne traite pas des moeurs de la police, mais de celles (plus légères, paraît-il) du milieu des cabarets de music-hall, avec ses numéros de cirque et de chansons populaires. Mais il y a bien un crime et beaucoup de suspects, pas mal de faux alibis et de vrais secrets. Avec son petit tralala, Suzy Delair n'a vraiment pas besoin de castagnettes et Blier -le père- fait sa mauvaise tête de mari jaloux (à tort, bien sûr). En flic roublard, Jouvet est le clou du spectacle. Au petit poil, comme on disait alors !

Armoire volante (L')

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Réalisé par : Carlo Rim (1905 - 1989)
En : 1948, France
Acteurs principaux : Fernandel (1903 - 1971)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 90 mn, NB

Critique perso :

De l'humour noir et de l'absurde à l'anglaise (à la mode Frenchy façon Drôle de drame), un Fernandel en mode parano persécuté : attention perle méconnue ! Le cadavre (d'une vieille tante insupportable) est dans le placard, ou plutôt au fond d'une armoire insaisissable. Elle est passée par les déménageurs, elle repassera par le bordel, les truands et l'armée du salut... Les démarches les plus compliquées pour la récupérer n'arrivent qu'à compliquer l'affaire - ou à la faire filer encore plus entre les doigts comme une poignée de sable fin. Le film, plein de rimes et de paradoxes, se prend à merveille à son propre contre-pied, comme un acte manqué qui durerait 1h30. Une espèce de comédie macabre (ou de cauchemar drôle) pas du tout manquée.

Rope - Corde (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Vue sur une rue de New-York très calme. Un cri. La caméra se tourne vers l'intérieur de l'appart. Contrechamp de l'autre côté des rideaux, où deux élégants jeunes hommes en étranglent un troisième. On ne quittera plus ni l'appart (3 pièces-cuisine, mais on ne voit jamais la chambre) ni le plan (8 bobines de 10mn chacune, mais on voit à peine les transitions) -enfin, il m'a bien semblé apercevoir une coupe et un contrechamp, mais ils font sans doute partie du jeu. Et pour raconter quoi, ce simili plan-séance traficoté ? Le buffet froid donné par les deux dandys-assassins sur le cadavre encore tout chaud de leur victime. Le lien qui les attache ne se réduit sans doute pas à la corde qui leur a servi d'arme. Pour les démasquer, on ne pourra guère compter sur la vieille excentrique de service : elle a vu Les Enchaînés mais ne vaut pas Miss Marple. Mais leur prof en toutes choses, lui, a le regard bien affuté. Comme quoi il ne faut jamais croire avoir dépassé son maître.

Third Man (The) - Troisième homme (Le)

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Réalisé par : Carol Reed (1906 - 1976)
En : 1949, Angleterre
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Trevor Howard (1913 - 1988), Alida Valli (1921 - 2006), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Les ruines de Vienne après la deuxième guerre, un air de cythare et un train qui entre en gare. En descend un candide écrivain américain, à la recherche d'un ami qui lui a promis du travail. L'ami est mort, l'officier anglais qui régit les lieux n'est guère accueillant, les comparses qui suivent l'enterrement n'inspirent pas la sympathie, sauf une très belle femme... Bref, que de très bonnes raisons de ne surtout pas s'attarder en ville. Il reste, il ose même aller mettre le nez dans les égouts du passé. Mensonges, trafics, chantages, trahisons, manipulations, guerre de l'ombre et de la lumière, distorsion des valeurs : on aura droit à tout. D'ailleurs, tout est tellement sens dessus-desous qu'il n'y a pas moyen de mettre la caméra à l'horizontale. Le temps d'une scène de 10 mn et d'une réplique d'anthologie sur les coucous suisses (de son invention, paraît-il), Orson Welles incarne à jamais la séduction et le cynisme absolu du mal.

Under Capricorn - Amants du Capricorne (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Joseph Cotten (1905 - 1994)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Ca sent le piège : les amants sont en fait des époux, et apparemment plus tellement si épris que ça. Ils vivent en Australie, début XIXème. Pour se retrouver là-bas à ce moment-là, faut soit porter un uniforme, soit avoir eu des choses à se reprocher, et à fuir. On sait assez vite à quelle catégorie appartient chacun des personnages : tous enfermés dans leur rôle, leur histoire, leur héritage social, leurs petites prisons portatives. Pour zigzaguer à l'aise dans cette geôle, Hitchcock met des ailes à sa caméra. Il la fait virevolter dans les pièces, fureter entre ses acteurs, capter en douce la moindre esquisse de geste, la moindre ébauche de sentiment. L'histoire rappelle un peu celle de Rebecca : c'est du lourd, mais filmé par un papillon. Là sans doute est le piège... le gros monsieur cacherait-il donc une âme de midinette ?

White Heat - Enfer est à lui (L')

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Réalisé par : Raoul Walsh (1887 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986), Virginia Mayo (1920 - 2005), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 114 mn, NB

Critique perso :

Cody Jarrett est un drôle de zig. Avec sa bande de truands-objets, il joue à l'attaque des trains en marche. Il s'en met plein les poches mais ne dépense rien. Avec sa femme-objet, il joue à la poupée (ou le contraire). Avec les gendarmes, il joue au chat et à la souris. Le seul être vivant avec qui il ne rigole pas, c'est sa môman. Cinglé, migraineux, aiguisé comme un couteau, il ne devra sa chute qu'à un Cheval de Troie dissimulé dans un autre Cheval de Troie. Et encore, ce grand bébé a l'art de transformer sa chute en son plus beau triomphe. L'archétype du film noir tardif : redoutablement efficace, dégénéré, plein de fulgurances -comme son héros. "Put the blame on mame", comme disait l'autre.

Asphalt Jungle (The) - Quand la ville dort

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Louis Calhern (1895 - 1956), Jean Hagen (1923 - 1977), Sterling Hayden (1916 - 1986), Sam Jaffe (1891 - 1984), Marilyn Monroe (1926 - 1962)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Doc Erwin Riedenschneider, agrégé en combriolage juteux et metteur en scène affuté de son art, sort de prison et ne tarde pas à reprendre ses chères études. Pour mettre la main sur quelques bijoux, il a un scénario en or qui lui permet de choisir son casting : quelques stars incontestées de la cambriole, quelques seconds rôles de plus ou moins gros calibres. Le producteur-promoteur est véreux et amateurs de starlettes, ça n'étonnera personne. Préparation, exécution, conséquences : le plan (devenu) habituel (depuis) de toutes les écoles de casses, de cinéma et d'ailleurs. Comme d'hab, ce serait trop beau que tout se passe bien. Comme d'hab, tout est prévu sauf l'imprévisible : le hasard et la faiblesse des hommes -pas toujours la même, mais il suffit de la trouver. Quand la ville dort, tous les chats sont gris et tous les films sont noirs. Surtout les bons.

Night and the City - Forbans de la nuit (Les)

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Réalisé par : Jules Dassin (1911 - 2008)
En : 1950, Angleterre
Acteurs principaux : Gene Tierney (1920 - 1991), Richard Widmark (1914 - 2008), Googie Withers (1917 - 2011)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Harry Fabian est un « artiste sans art », comme l’a bien compris son voisin (un vrai artiste, lui) : un artiste qui, pour accéder à la réussite, n’a toujours choisi que les chemins les plus courts, les raccourcis les plus risqués et les plus foireux. Harry Fabian, il a la bidouille toujours brillante, le ratage toujours flamboyant -bref, quand il demande, une fois de plus, de lui prêter de l’argent pour son dernier plan mirobolant, plus personne ne lui fait plus confiance depuis longtemps, même (et surtout) la (sainte) Mary qui (des fois) partage sa vie. Pourtant, cette fois, faut reconnaître qu’on aurait presque envie de lui donner raison, à Harry Fabian. Il a déniché le Dieu vieillissant de la lutte gréco-romaine et va, grâce à lui, organiser le combat de catch réglo (si ça existe) du siècle. Enfin, presque. Dans ce polar nocturne sans coup de feu, le noir et blanc et la profondeur de champ sont éblouissants. Du coup, les personnages ont souvent l’air de ne pas être à la même échelle : il y a ceux qui se camouflent, ceux qui se voient trop grand, ceux qui voudraient bien en rabaisser un(e) autre. Harry Fabian est de plus en plus traqué et cerné, mais sa dernière arnaque désespérée sera pour sauver son âme, à défaut d’autre chose…

Sunset Blvd. - Boulevard du Crépuscule

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Cecil B. DeMille (1881 - 1959), William Holden (1918 - 1981), Buster Keaton (1895 - 1966), Gloria Swanson (1897 - 1983), Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Voix off d'outre-tombe pour le premier flash-back post-mortem de l'histoire du cinéma : Joe, donc, est mort. Noyé dans l'objet de son désir : une piscine sur Sunset Blvd., Hollywood. Et avec trois balles dans la peau. Un peu avant, Joe se contentait d'être comme la moitié des habitants de L.A. : un scénariste raté. Jusqu'au jour où sa voiture crève devant chez Norma, richissime ex-star du muet, en pleine préparation ultra-secrète de son come-back. Il devient courtisan, puis courtisé. Complice, compromis, corrompu. Condamné... Victime, comme Norma, de l'illusion à laquelle il a consacré sa vie. Billy Wilder, coté obscur. Derrière l'hommage aux pionniers du cinéma, aux Griffith, DeMille et Stroheim (et au fantôme de Buster Keaton qui joue aux cartes), se profile une féroce satire et une vision fulgurante, qui désigne la rubrique people et les faits divers comme avenir possible de son art.

Anne of the Indies - Flibustière des Antilles (La)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Louis Jourdan (1919 - 2015), Herbert Marshall (1890 - 1966), Jean Peters (1926 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Le capitaine Providence est la terreur des navires anglais des mers du Sud. En fait, son petit nom, c'est Anne. Intrépide, cruelle, comme il sied à quelqu'un qui a été formé(e) à la meilleure école en piraterie du moment : celle de Barbe Noire. Et, effectivement, une petite dent contre les anglais. Donc, plutôt un a priori favorable à l'encontre des français. Ca se confirme lors de sa première rencontre avec un spécimen mâle de l'espèce : tout de suite, elle le fait fouetter torse nu. Mais bientôt, elle ne sait plus à quel genre se vouer. Après avoir embauché le beau frenchy, elle ne sait plus si elle doit convoiter un sabre ou une robe comme part de butin. Et ne sait plus non plus si elle doit faire confiance à son coeur ou à sa raison. Finalement, elle prouvera qu'elle en a (de la féminité) en surpassant tout le monde sur le créneau réservé aux femmes depuis la nuit des temps : le sacrifice. Anne, ma semblable, ma soeur Anne.

Mains sales (Les)

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Réalisé par : Fernand Rivers (1879 - 1960)
En : 1951, France
Acteurs principaux : Pierre Brasseur (1905 - 1972), Daniel Gélin (1921 - 2002), Christian Marquand (1927 - 2000), Claude Nollier (1919 - 2009)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

La période est à peu près claire -la 2ème guerre mondiale. Le pays est mystérieux -quelque part à l'est, sans doute. Le parti n'est jamais nommé mais se laisse aussi bien deviner que le métier d'une certaine p... respectueuse. Le héros est un homme. Enfin, héros c'est à voir, c'est toute la question. Il a eu une mission à accomplir, il a l'air de s'en être sorti, mais pas sans mal. C'est un agent double, peut-être aussi un double traitre. A sa classe et à ses camarades. A ses camarades traitres. A sa femme et, évidemment, à lui-même. Ou peut-être que les vrais traites, ce sont les femmes, comme toujours. Bref, c'est la guerre et tout le monde se pose beaucoup de questions. C'est un film de guerre, mais où on n'oublie pas de ramasser les copies à la fin. Faut croire qu'on se battait beaucoup à coups de mots, en ce temps là...

Place in the Sun (A) - Place au soleil (Une)

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Réalisé par : George Stevens (1904 - 1975)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Montgomery Clift (1920 - 1966), Elizabeth Taylor (1932 - 2011), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Il y a deux sortes d'américaines : celles qui fabriquent les maillots de bain à la chaîne, et celles qui les portent sans jamais se salir les mains au travail. Il n'y a qu'une sorte d'américain : celui qui veut tout, comme George Eastman. Avec Alice, sa collègue ouvrière : une idylle de l'ombre. Avec Angela, la mondaine ingénue : le grand jeu et la belle vie. Il est long, pourtant, le chemin qui va de l'une à l'autre. George, auquel Montgomery Clift prête son regard brûlant et ses épaules de vaincu, a le tort de vouloir les aimer toutes les deux, et de croire aux slogans de son pays. Verdict implacable : coupable. Coupable d'avoir eu honte de l'une et envie de l'autre. Coupable d'avoir voulu apprendre à nager dans le grand bain.

Strangers on a Train - Inconnu du Nord-Express (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), Robert Walker (1918 - 1951)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Guy, un champion de tennis bien propre sur lui, croise dans un train un admirateur anonyme et empressé, prêt à accomplir ses désirs les plus inavouables. Il en oublie son briquet. Il va le regretter. Le film démarre donc sur une espèce de pacte faustien. La suite sera, pour Guy, l'occasion de franchir, les unes après les autres, toutes les marches de l'enfer. Par lâcheté, mensonge, compromission. Secrête attirance, peut-être ? En Méphisto de fête foraine décidément de plus en plus envahissant, Robert Walker tient le rôle de sa vie. Le genre de films qui laisse des traces (un plan de meurtre réfléchi par des lunettes, un briquet tombé au fond d'une bouche d'égout, un manège infernal) même quand on a tout oublié.

Angel Face - Si doux visage (Un)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Herbert Marshall (1890 - 1966), Robert Mitchum (1917 - 1997), Jean Simmons (1929 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Elle est jeune, belle, riche -très riche. Une enfant gâtée. Il est beau, flegmatique et pauvre -très pauvre. Un postulant au rêve américain, qu'il verrait bien sous la forme d'un petit garage rien qu'à lui. Dès la première rencontre, ils s'échangent une baffe : coup de foudre. Elle s'intéresse au piano, aux échecs et à la mécanique. Elle a des petits problèmes de famille. Elle adore foutre la merde. Il n'a que sa carrure d'athlète et sa bonne volonté. Il est un peu mou et hésitant. Il ne pas voit pas bien ce qui se cache derrière les sourires. Ils sont faits pour s'entendre, c'est-à-dire associer leurs intérêts mal compris. Manipulations, jeux de dupes et névroses tapies sous les tapis... Un grand film noir, c'est noir.

Casque d'or

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Réalisé par : Jacques Becker (1906 - 1960)
En : 1952, France
Acteurs principaux : Claude Dauphin (1903 - 1978), Roland Lesaffre (1927 - 2009), Serge Reggiani (1922 - 2004), Simone Signoret (1921 - 1985)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils dansent bien ensemble. Elle s'appelle Marie, il est charpentier. Pour cela et pour leur bonne bouille, on leur donnerait volontiers le bonheur sans confession. Mais elle est maquée, il est fiancé. Ils sont pauvres, le monde est contre eux. Le monde, c'est ceux de la bande à Félix, des loulous d'arrière-boutique et de ruelles sombres. Paris : ses pavés, ses guinguettes et sa belle époque, réinventés pour nous. Noir comme ses rues noires, clair comme le soleil sur la Seine, comme notre mémoire l'imaginera à jamais. En prime, un mélo intense sur la seule chose qui compte : le prix du bonheur.

Deadline - U.S.A - Bas les masques

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Réalisé par : Richard Brooks (1912 - 1992)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Ethel Barrymore (1879 - 1959), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Kim Hunter (1922 - 2002)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Le compte à rebours a commencé pour Ed, rédacteur en chef super-compétent du « Day », quotidien new yorkais sous pression. Avec ses journalistes, il a des plusieurs affaires sur le feu, Ed : une sombre histoire de politicien véreux, celle d’une jeune fille retrouvée nue et noyée dans son manteau de fourrure. Et quelques autres, comme d’hab. Il a aussi une ex-femme désabusée, sur le point de refaire sa vie sans lui. Et là-dessus, les filles indignes du fondateur du journal veulent revendre le titre à la concurrence pour le liquider. Un vrai emploi du temps de super-héros. Un vrai film de super héros de la démocratie avec des vrais gens dedans.

Narrow Margin (The) - Enigme du Chicago Express (L')

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Marie Windsor (1919 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Partie de cache-cache avec flingues, dans le dernier train pour L.A. C'est drôles, les trains, pour se cacher : c'est plein de coins, de portes et de vitres, ça s'arrête presque jamais. Participent à la partie quelques policiers qui protègent un ou deux mouchards, un ou deux mouchards pas rassurés par les mauvaises fréquentations des wagons, et des mauvaises fréquentations un peu fachées avec les policiers. Chacun est le chat et la souris de quelqu'un d'autre, mais pas toujours de ceux qu'on croit. D'ailleurs, ce n'est pas très facile de jouer à la ronde dans un alignement de compartiments. Chapeau au réalisateur qui, lui, a l'air aussi à l'aise sur cette poutre étroite que dans un décor confortable. Et puis, les trains, c'est pas parce que ça file droit que ce n'est pas propice aux bons films, et aux retournements de situations.

Big Heat (The) - Réglements de comptes

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Glenn Ford (1916 - 2006), Gloria Grahame (1923 - 1981), Lee Marvin (1924 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 89 mn, NB

Critique perso :

Ca commence par la mort d'un flic qui n'a plus du tout envie de vivre, et ça se termine par celle d'une pétasse qui aurait bien mérité d'être sauvée. Le chemin entre les deux passe par le Sgt de police Bannion, brave type incorruptible que la rage peut tout de même rendre assez méchant. Surtout quand on lui tue sa femme sans le faire exprès. Dans cette histoire, tout ou presque est à double face, comme un bout de scotch qui colle aux doigts. Le pape de la pègre est fier de sa lignée respectable, les officiers de police jouent aux cartes avec les truands, et les veuves éplorées se font du fric sur la mort de leur époux. Mais chacun va finir par ressembler à ce qu'il est, et c'est pas toujours beau à voir. Il y a des films noirs qui ont une sacrée lumière intérieure.

Hitch-Hiker (The) - Voyage de la peur (Le)

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Réalisé par : Ida Lupino (1918 - 1995)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Deux potes en vadrouille (soit disant qu'ils vont à la pêche) en prennent un troisième en stop. Mauvaise pioche : le gars en question est un tueur en série pervers. En plus, il a la tête de l'emploi (il est très moche et très malheureux) et ne dort que d'un oeil (l'autre est toujours ouvert, comme celui du spectateur). Il a juste besoin de se faire conduire à l'autre bout du pays, de l'autre côté du désert. D'autres hommes (des flics) ne vont pas tarder à être à leur trousse. Ce road-huis-clos-movie où la tension monte aussi vite que la température est l'oeuvre d'une des (très) rare réalisatrice d'Hollywood. Elle s'amuse à mettre trois hommes dans une voiture, quelques autres en décor, et les regarde apprendre à se détester. Ils font ça très bien. Elle aussi.

Thérèse Raquin

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1953, France
Acteurs principaux : Roland Lesaffre (1927 - 2009), Simone Signoret (1921 - 1985), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Avant même le drame, elle est déjà tout en noir et pleine d'épingles, Thérèse, comme un papillon dans la vitrine de sa boutique de tissus. Un mari toujours au lit (mais uniquement pour dormir ou se faire soigner), une belle-mère comme on les craint toujours sur le dos : on la plaint, Thérèse. Alors, le collègue italien à biscottos, on le voit arriver comme les petits chevaux auxquels le mari ne cesse de jouer : avec ses gros sabots. Le drame est sur les rails... Pas très nouveau, pas très étonnant : un médiocre drame de la médiocrité. Une espèce de ressucé de la Bête humaine plein d'humains très bêtes. Sans oublier le matelot, qui sonne toujours deux fois. Zola a sans doute vu pire. On a vu mieux mais ça n'a rien de déshonorant.

Dial M for Murder - Crime était presque parfait (Le)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990), Grace Kelly (1929 - 1982), Ray Milland (1905 - 1986), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Un décor de théâtre, un sombre complot en vase clos, un scénario à la Colombo, avec mondains pervers et objets fétiches dans les rôles principaux : c'est tout ce qu'il faut à Hitch. Fidèle à son dicton qui veut que meilleur est le méchant, meilleur est le film, il case là une des pires crapules les mieux habillées de son cinéma : un ambitieux opportuniste, faux-cul et manipulateur : bref, un vrai metteur en scène. Il est marié à quelqu'un à sa hauteur : une dame très élégante bien qu'un peu garce et hypocrite sur les bords -capable de tuer un homme avec ses jolies petits bras et ses ciseaux de couture, tout de même. L'un veut tuer l'autre, mais l'autre a l'art de tout gacher. Que le fin mot de l'histoire dépende d'une clé volée dans le porte-monnaie de la dame n'étonnera que ceux qui ignorent tout de la psychanalyse.

On the Waterfront - Sur les quais

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Karl Malden (1912 - 2009), Eva Marie Saint (1924 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Sur les quais de la Nouvelle Amsterdam, y'a des dockers qui triment. Y'en a d'autres qui commandent. Et y'a ceux qui encaissent.
Dans les rues de la Nouvelle Amsterdam, y'a des dockers qui trainent. Y'en a qu'on retrouve morts et personne sait pourquoi. Y'a aussi un curé qui voudrait bien savoir. Pourquoi.
Sur les toits de la Nouvelle Amsterdam, y'a des pigeons qu'attendent qu'un docker les nourisse. Ou bien qu'on les libère.
Et puis, sur les quais de la Nouvelle Amsterdam, y'a Terry le beau gosse, jeune retraité des rings. C'est l'frère d'un magouilleur, mais il a le coeur pur. La conscience pas tranquille.
Terry, le gentil traitre...

Rear Window - Fenêtre sur cour

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Grace Kelly (1929 - 1982), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Le meurtre mode d'emploi selon sir Alfred. Jeff a la jambe cassé et le platre qui le démange. Alors, il fait comme tout le monde : il regarde par la fenêtre dans la cour de l'immeuble en face de chez lui. Et il voit tout -ou presque : les étapes de la vie, les saisons de l'amour, les heurs et malheurs des hommes. Le reste, quand son infirmière et sa fiancée lui en laissent l'occasion, il a tout le temps de l'imaginer (ça tombe bien : il a beaucoup d'imagination !). Hitchcock invente le thriller en pyjamas, le huis clos avec vue sur le monde, la tragédie humaine dans une maison de poupée -bref, il ré-invente (une fois de plus) le cinéma.

Touchez pas au grisbi

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Réalisé par : Jacques Becker (1906 - 1960)
En : 1954, France
Acteurs principaux : Jean Gabin (1904 - 1976), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

Si Pépé le Moko avait survécu et était rentré à Paris, il se serait sans doute appelé Max. Il aurait pris un peu de bouteille et aurait continué à régner sur son petit monde : des gars du milieu -pourtant pas loin du bout du rouleau, mais avec de beaux restes-, et des mômes enjoleuses qui savent lever la jambe. Il aurait parlé le pigalais, fréquenté le restau des copains, le cabaret des copines. Et il aurait connu Riton, l'ami de 20 ans, le seul à qui on fait confiance pour la chasse au grisbi -non, ce n'est pas un ours brun mais il attire les mouches, les renards et les abeilles. Un patriarche qui a de la classe, des débuttants prometteurs (une certaine Moreau, un certain Ventura), une belle histoire d'amitié virile et pudique.

Ensayo de un crimen - Vie criminelle d'Archibald de la Cruz (La)

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Réalisé par : Luis Bunuel (1900 - 1983)
En : 1955, Mexique
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Derrière son air de dandy distingué, Archibald est un petit garçon. Un petit garçon attaché de façon fétichiste à sa boîte à musique et persuadé que souhaiter la mort de quelqu'un suffit à le tuer. Pour faire face à l'irruption du désir dans sa vie, cette mythologie d'enfant gâté n'est pas le bagage idéal. Déconcerté par la proximité du sexe et de la mort, il devient un serial killer mental ayant bien du mal à distinguer ses fantasmes de ses actes. Bunuel filme les ravages de la culpabilité dans l'éducation bourgeoise comme un grand jeu pervers et raffiné...

Mr. Arkadin - Dossier secret

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985), Akim Tamiroff (1899 - 1972), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

Quelques années après Citizen Kane, un autre portrait sous forme d'enquête labyrinthique sur un autre magna riche comme un pape et seul comme un chien. Citizen Arkadin, donc, vit de suites en palaces dans une ambiance de fête perpétuelle, en s'amusant à raconter des fables cyniques (cf. la grenouille et le scorpion) à sa clique de parasites. Mais il ne sait plus de quel pays il est originaire ni, d'ailleurs, comment il s'appelle et d'où vient son argent. Officiellement, c'est pour cela qu'il paie Guy. Officieusement, ça l'arrange bien. L'enquête fait voyager autour du monde, pénétrer dans des repères louches où est passé un certain Mr. M, sur un étrange rythme à contretemps, et dans un climat d'insécurité croissant. Le mystère d'un homme plus grand que lui-même, caché sous des couches de secrets et de paroles. Naughty by nature ? Non, just human...

Night of the Hunter (The) - Nuit du chasseur (La)

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Réalisé par : Charles Laughton (1899 - 1962)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Lillian Gish (1893 - 1993), Robert Mitchum (1917 - 1997), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 89 mn, NB

Critique perso :

La rencontre improbable entre le western, le film noir et le conte de fées a donné ce bijou improbable, seule réalisation de son auteur (par ailleurs excellent acteur). Le diable s'est déguisé en pasteur, il a la tête de Robert Mitchum et il plaît aux dames. Il rejoue par coeur le sketch du combat entre le bien et le mal (les américains ont toujours adoré ça) à qui veut bien l'écouter. Mais c'est pour de faux. Pour de vrai, il n'est pas à quelques cadavres près pour récupérer son magot. Pour de vrai, c'est un grand loup dans la bergerie du monde de l'enfance. De ceux dont on a toujours adoré avoir peur.

Rebel Without a Cause - Fureur de vivre (La)

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : James Dean (1931 - 1955), Dennis Hopper (1936 - 2010), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

L'adolescent est un animal à sang chaud. Il aime errer là où il n'est pas censé aller, et faire exactement le contraire de ce que lui disent ses congénaires adultes. En famille, l'adolescent a une facheuse tendance à s'opposer à l'absence d'autorité de ses géniteurs. En fait, il n'est jamais content. L'adolescent est aussi un animal grégaire. En bandes, les individus s'enferment dans des carrosseries ou s'échangent leur blouson : c'est qu'ils sont en pleine mue et qu'ils n'ont pas encore reconstitué leur carapace. Dans la nature, l'adolescent a une espérance de vie limitée. C'est un animal perdu au milieu de l'univers qui n'a pas encore appris à s'en foutre. C'est un homme en entier qui n'a pas encore eu le temps de l'oublier.

Forbidden Planet - Planète interdite

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Réalisé par : Fred M. Wilcox (1907 - 1964)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Leslie Nielsen (1926 - 2010), Walter Pidgeon (1897 - 1884)
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Il sera une fois le vaillant équipage d'un vaisseau spatial terrien, parti au secours des éventuels rescapés d'un précédent voyage égaré sur une planète lointaine. En fait, il y a des rescapés, mais ils ne veulent pas être secourus. L'histoire est largement pompée à Shakespeare (le scénariste-dialoguiste de "La Tempête") relookée par le Dr. freud, mais, hélàs, pas les dialogues, qui ont plutôt l'air de sortir de comics cheaps. C'est de la SF vintage, où le plus démodé est moins les costumes et l'appareillage technique que la façon de traiter la seule femme de la bande, une jolie cruche à qui on n'explique et ne demande jamais rien (à part de l'embrasser), bien qu'elle soit censée être plus savante que tous les autres. Même Nielsen a encore ses cheveux bruns, c'est dire comme ça donne l'impression de dater. Le monstre est réussi, presqu'autant que Robby, le gentil robot-minute-à-(vraiment)-tout-faire.

Killing (The) - Ultime razzia

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Sterling Hayden (1916 - 1986), Marie Windsor (1919 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 85 mn, NB

Critique perso :

Un casse, une bande, un leader. Une garce. Tous avec les gueules de l'emploi. Des solos d'honnêtes travailleurs, des duos de comploteurs, des chorus de maniganceurs. Des masques et des guns. Tous de parfaits artisans cambrioleurs. Une caméra qui traverse les murs, fait des rosaces dans le temps et l'espace, perce les contre-jours et les arrière-pensées. Et une voix off de contremaître à chronomètre. Tous les pions du grand jeu sont à leur place. Le plan était parfait, la mécanique capable de fonctionner même avec quelques éléments défaillants. Mais ce serait compter sans un grand architecte ironique qui, sans doute après avoir trop regardé Le Trésor de la Sierra Madre, a décidé de faire du destin son arme favorite. Et qui a bien raison de croire au sien.

Man Who Knew Too Much (The) - Homme qui en savait trop (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Doris Day (1924 - ), Daniel Gélin (1921 - 2002), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en avant la musique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Replay, en couleur et en plus long. La même histoire d'homme ordinaire embarqué malgré lui dans une embrouille d'espionnage (cf. aussi Les 39 marches, entre autres). Cette fois, l'homme est marié à une ex-chanteuse (elle a changé d'arme mais ça reste utile), ils ont un petit garçon et ils sont en vacances au Maroc. Il est toujours censé en savoir trop, mais on a plutôt l'impression qu'il navigue encore dans le fog (d'ailleurs, c'est le seul personnage qui ne connaît rien à la musique). Quelques péripéties plus tard, tout converge aussi vers l'Albert Hall de Londres. Là, le meilleur du film : Hitch fait passer la musique au premier plan, il inverse la figure et le fond, en quelque sorte. La cymbale devient le personnage principal. Et c'est la musique, encore et toujours, qui achèvera le dénouement final. Bien joué, maestro ! Un film un peu mineur mais que sera sera toujours aussi plaisant.

Searchers (The) - Prisonnière du désert (La)

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Jeffrey Hunter (1926 - 1969), Vera Miles (1929 - ), John Wayne (1907 - 1979), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

La petite famille Edwards est plutôt modeste, mais elle dispose tout de même d’une concession avec vue imprenable sur Monument Valley. Ethan, il fait partie de la famille (c’est le frère du père) mais c’est l’homme du dehors. Il a fait l’armée, est resté célibataire (même si on sent qu’il n’est pas insensible à sa belle-soeur), est du genre baroudeur bougon. Quand, un soir, des indiens très méchants massacrent la famille et kidnappent les deux filles, Ethan trouve une mission à sa hauteur : les retrouver. Au début, il doit se coltiner l’aide d’autres volontaires mais ils jettent vite l’éponge sauf Martin, son neveu vaguement métis, fiancé de la plus âgée des filles. La quête va durer longtemps, longtemps. Le temps de voir passer les saisons, de quadriller toute la région, de dormir dehors, toujours. Une vraie route initiatique, où chacun des deux mecs a des choses à apprendre à/de l’autre, en particulier sur ce que c’est que la famille, les liens du sang et les liens du coeur. Et Ethan, l’homme du dehors, arrivera tout de même à nous convaincre qu’il a quelque chose de potable à l’intérieur.

Quiet American (The) - Américain bien tranquille (Un)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Claude Dauphin (1903 - 1978), Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Comme dans La Comtesse aux pieds nus, le film commence par une mort violente dont on apprend la cause en flash-back. Par exemple, que l'arme du crime est une citation de Shakespeare... Le mort est un jeune américain, débarqué quelques mois auparavant de son plein gré au Vietnam, du temps où il s'appelait encore l'Indochine. La guerre gronde au Nord. Pour l'instant, elle ne concerne que les communistes et les Français. L'américain boy scout sympathise avec un journaliste britanique revenu de tout. Ils se donnent mutuellement des leçons de démocratie et de savoir-vivre et, bientôt, aiment la même femme (ça promet). Les fils de la tragédie domestique s'emmêlent bientôt avec ceux de la politique. Les tireurs de ficelles, eux, restent dans l'ombre. Elégant et complexe, comme seul Mankiewicz en était capable.

Touch of Evil - Soif du mal (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Charlton Heston (1924 - 2008), Janet Leigh (1927 - 2004), Mercedes McCambridge (1916 - 2004), Akim Tamiroff (1899 - 1972), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe quelque part sur la frontière entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le noir et le blanc, le nord et le sud. Une bombe explose dans une voiture en marche. Deux flics sont sur les dents : le modèle mexicain : incorruptible, athlétique, jeune marié. Et le modèle américain : adipeux-avachi, ex-alcoolo reconverti dans les sucreries, qui ne croit qu'aux intuitions que lui donne sa jambe malade. Et Janet Leigh qui, décidément, a des problèmes dans les motels. Et Marlene Detriech qui, décidément, a tout compris aux hommes depuis toujours. Le premier plan (environ 3mn) est mythique. Mais le reste le vaut largement, avec tous ces cadrages impossibles, à hauteur de géant ou de ver de terre. Décidément un chef d'oeuvre.

Vertigo - Sueurs froides

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Kim Novak (1933 - ), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Une version possible : un homme est obsédé par une femme, parce qu'elle ressemble à une autre, une qui l'avait fait tourner en rond et en bourrique dans les rues de San Francisco avant de se suicider (parce qu'elle-même était obsédée par une autre femme morte un siècle auparavant). Une autre version (pas plus simple) : les trois femmes n'en font qu'une, ou peut-être deux. Une autre : c'est l'homme qui a tout inventé - ou tout rêvé (comme dans Laura), ou tout mis en scène... Vertige de l'amour et de la culpabilité, spirale du temps et du désir : bienvenue au pays des fantasmes de Mr. Hitchcock ! On y tutoie des abîmes dangereux et sublimes, souvent blondes : très très haut dans mon Panthéon personnel.

Anatomy of a Murder - Autopsie d'un meurtre

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Ben Gazzara (1930 - 2012), Lee Remick (1935 - 1991), George C. Scott (1927 - 1999), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 160 mn, NB

Critique perso :

Paul Biegler est un pêcheur à la ligne assez performant -et un avocat occasionnel pas mauvais non plus. Alors, quand une certaine Laura vient lui demander très gentiment de défendre son cher assassin de mari, il flaire le gros poisson. Le mari est coupable, personne (même pas lui) ne le conteste, mais était-il responsable au moment des faits ? Ca, ça se discute. Et les américains ne discutent jamais aussi bien que dans une cour d'assise. Paul est assez bon pour diriger les projecteurs de la procédure là où il faut, pour coacher son casting de témoins et pauffiner leur texte sans avoir l'air d'y toucher (la clé de l'affaire, c'était à prévoir, est dans la culotte de Laura). Preminger aussi.

Plan 9 from Outer Space

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Réalisé par : Edward D. Wood Jr. (1924 - 1978)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /nanar pur sucre
Caractéristiques : 79 mn, NB

Critique perso :

Depuis quelque temps, des morts tout frais se réveillent. Et il semble qu'Eros, Tanna (il y a un Os ?), et leur bande d'extra-terrestres anonymes, qui viennent de survoler Hollywood, y soient pour quelque chose (ne cherchez pas trop le rapport : dans ce film, la logique et la causalité sont vraiment des notions extra-terrestres). C'est un peu une version cheap (très cheap) du Jour où la terre s'arrêta assaisonnée de zombies et de stock-shots disponibles -dont 2 plans posthumes d'outre-tombe de Bela qui, le reste du temps, a bien du mal à ressembler à sa doublure. Quelques faiblesses dans le scénar, donc, une voix-off ronflante-gonflante, des dialogues au 0,5ème degré (j'en passe, et des pires)... Et dire qu'il y en a qui ont dû payer pour ne pas rigoler !

Vedovo (Il) - Veuf (Le)

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Réalisé par : Dino Risi (1916 - 2008)
En : 1959, Italie
Acteurs principaux : Alberto Sordi (1920 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Alberto, le veuf du titre, n'est en fait pas en mal de femmes. La vraie -l'officielle- est riche, brillante et cynique, et en a marre de payer avec sa fortune perso les pots cassés de ses projets foireux. L'autre -l'officieuse- est jeune, jolie et pauvre, et voudrait bien bénéficier (encore plus) des potentiels bénéfices desdits projets. La femme et l'argent, donc, les deux pôles de la vie d'Alberto (et pas que), dans une histoire de vases communicants avec dérivations multiples. Précisons au passage que le bonhomme est chef d'une petite entreprise de fabrications d'ascenseurs -ce qui montre bien son ambition (d'ascension) sociale- mais que ces derniers ont la fâcheuse habitude de causer de fâcheux accidents, ce qui l'empêche de payer ses ouvriers en grève, mais pas de promouvoir son douteux ingénieur en chef. Ce qui l'oblige, aussi, à avoir recours à divers subterfuges pour remettre la machine en marche... C'est un peu toute l'Italie qui est en panne dans ce film -à part son cinéma (surtout ses comédies sociales), qui commençait alors une fulgurante ascension dans l'estime des cinéphiles.

Yeux sans visage (Les)

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Réalisé par : Georges Franju (1912 - 1987)
En : 1959, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967), Claude Brasseur (1936 - ), Pierre Brasseur (1905 - 1972), Alida Valli (1921 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Des jeunes filles disparaissent autour de Paris. Quand on les retrouve, elles sont affreusement défigurées. Un grand chirurgien mondain reconnaît pourtant l'une d'elle comme sa fille. Mais la vérité pourrait bien être un peu plus complexe et plus tordue. Dans son antre, après avoir passé plein de portes et monté plein d'escalier, notre Dr. Moreau de banlieue cache d'horribles secrets. Une poupée de porcelaine vivante, une secrétaire-rabatteuse en 2CV, un savant fou et un chenil : ces personnages sortent tout droit du cinéma expressionniste muet - ou de Frankenstein. Le film, lui, est de ceux qui va voir ce qu'il y a derrière les faces et les façades lisses. Il est plein de bruits et de douleurs, et de poésie noire.

A bout de souffle

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1960, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Roger Hanin (1925 - 2015), Jean Seberg (1938 - 1979)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Michel Poiccard est aux abois, traqué par la police. De toute façon, il l'a bien cherché. Dès le début, il a tué un flic et il a préféré la vendeuse du "Hérald Tribune" à celle des "Cahiers du cinéma"... Deux erreurs fatales. Il voudrait ressembler à Bogart, il n'aura droit qu'au destin maudit de ses personnages. Quelques notes jazzy obsédantes rythment ses dernières bravades inutiles. Godard filme le Paris qu'il connaît : les cinémas des Champs Elysées, les cafés et les chambres de bonne. Il y case ce qu'il connaît aussi fort bien : une intrigue à l'américaine sur un vague scénario de série noir. La greffe prend grâce à un jeune inconnu à grandes oreilles qui nous balance en face : "si vous n'aimez pas, allez vous faire foutre !". Une grande vague (nouvelle) d'insolence et de liberté.

Avventura (L')

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Réalisé par : Michelangelo Antonioni (1912 - 2007)
En : 1960, Italie
Acteurs principaux : Lea Massari (1933 - ), Monica Vitti (1931 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 145 mn, NB

Critique perso :

Anna aime sandro qui aime Anna, tout en ayant l'air de s'ennuyer à mourir. Anna s'éclipse en douce, Sandro la cherche un peu, mais il a déjà trouvé Claudia qui était l'amie d'Anna. Claudia aussi cherche Anna et finit par trouver Sandro pas si mal. Ce film, c'est comme un brouillon qu'on raturerait devant nous, pour en ajouter ou en retirer un personnage. Pour les envoyer d'un côté, et puis finalement de l'autre. C'est aussi l'histoire d'un crime parfait : l'assassinat en direct d'un amour, et la naissance d'un autre qui ne vaut guère mieux. C'est un peu Stromboli et Voyage en Italie remontés à l'envers, comme en roue libre, en ayant l'air de s'en fiche mais avec la trouille (de ne pas être à la hauteur de sa vacuité) au ventre. Les paysages naturels et les couloirs des résidences sont d'une profondeur vertigineuse. L'abîme vide des êtres qui y déambulent aussi.

Peeping Tom - Voyeur (Le)

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Réalisé par : Powell (& Pressburger) (1905 - 1990)
En : 1960, Angleterre
Acteurs principaux : Karlheinz Böhm (1928 - 2014), Moira Shearer (1926 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Mark l'égorgeur vit à Londres, dans les années 60. Il est photographe et apprenti cinéaste, il a un vague accent prussien. Peut-être un ancêtre qui s'appelait M du côté de Berlin. Comme le caméraman de King Kong, il a une prédilection pour le filmage de la femelle hurlante de type homo sapiens. Comme le proprio dérangé de Psychose, il a la pulsion scopique au bout du couteau. Alors, pour combiner les deux, il a mis un couteau au bout de son pied de caméra. C'est un serial-matteur du type le plus dangereux. Comme tous les cinéphiles compulsifs, c'est aussi un petit garçon qui n'a jamais grandi, un taré au doux regard qui tue. Cette enquête sur le visage de la terreur, miroir déformant, baroque et glaçant, fait l'effet d'un coup de projecteur dans l'âme. Comme si l'oeil était dans la caméra et nous regardait.

Plein soleil

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Réalisé par : René Clément (1913 - 1996)
En : 1960, France
Acteurs principaux : Alain Delon (1935 - ), Marie Laforêt (1939 - ), Maurice Ronet (1927 - 1983), Romy Schneider (1938 - 1982)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Deux jeunes gens : un fils à papa et un fils de rien, pauvre mais ambitieux, payé par le papa de l'autre pour ramener le fiston à la maison. Une fille, un bateau, l'Italie. L'ombre d'un désir mimétique qui passe entre les deux hommes. Alors qu'ils sont seuls au milieu de l'océan, l'un tuera l'autre pour prendre sa place. Traqué, inquiet, il devra affronter les conséquences de son acte et lutter contre les effluves du remort. Un scénario de film noir tourné au grand air dans la lumière d'Italie. Alain Delon est beau et pervers à souhait dans ce polar solaire.

Spartacus

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1960, USA
Acteurs principaux : Tony Curtis (1925 - 2010), Kirk Douglas (1916 - ), John Ireland (1914 - 1992), Charles Laughton (1899 - 1962), Laurence Olivier (1907 - 1989), Jean Simmons (1929 - 2010), Peter Ustinov (1921 - 2004)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 184 mn, couleur

Critique perso :

Il nait dans une famille modeste, au-delà de la Méditerranée, pendant l'occupation romaine. Pas mal d'années dans l'ombre avant de se faire remarquer. Une parole de liberté. Il trainera des foules derrière lui et mourra crucifié. Non non, ce n'est pas lui, c'est Spartacus : faut s'attendre à un peu plus de sang parce qu'il est d'abord esclave, puis apprenti gladiateur. Un professionnel de la guerre, formé à la meilleure école : celle de la haine et de l'oppression. Tellement bon qu'il réussit à retourner le fer contre ses exploiteurs -ces romains corrompus, débauchés et sans scrupules, évidemment. Il sera pourtant vaincu par de plus grands barbares encore : ceux qui bataillent au Sénat avec leur langue. Parce que ce pouvoir là est encore plus redoutable. Haute tenue pour un péplum.

Tirez sur le pianiste

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1960, France
Acteurs principaux : Charles Aznavour (1924 - ), Marie Dubois (1937 - 2014)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Au début, un type poursuivi, de nuit, par des malfrats, s'arrête 5mn pour papoter joies matrimoniales avec un inconnu qui lui a tendu la main. Le polar prend, déjà, le chemin des écoliers. Et puis, le type repart dare-dare aller plutôt emmerder son frangin. Le frangin est, comme le héros de Detour, pianiste de bistrot. Mais, lui, c'est aux autres qu'il porte malheur. Aux femmes surtout. Le film sera l'occasion de faire le tri entre les vrais et les faux frères (les vrais Saroyan Brothers s'appellent Edouard, Richard, Chico et Fido...), mais contribuera pas mal à embrouiller les genres : il entretient l'art subtil de filmer les choses sérieuses comme des conneries, et les conneries comme des choses sérieuses. Tarentino l'a sûrement regardé en boucle, et c'est impossible de le lui reprocher.

Innocents (The) - Innocents (Les)

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Réalisé par : Jack Clayton (1921 - 1995)
En : 1961, Angleterre
Acteurs principaux : Deborah Kerr (1921 - 2007), Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Deux adorables orphelins et leur gouvernante très comme il faut vivent dans un somptueux manoir gothique. Pourtant, une ombre plane sur ce vert paradis. Apparemment, il s'en est passé de belles, dans le coin, il y a peu. Evidemment, il est hors de question d'en parler ouvertement. Mais, depuis, il semble bien que quelques fantômes occupent aussi le terrain. Habitent-ils dans le grenier, dans la tête des enfants ou dans celle de la vieille fille ? that is the question... Et à quelles maléfiques influences peuvent-ils donc prétendre puisque les enfants sont des anges et puisque leur irréprochable gouvernante n'agit que pour leur bien ? Sauf que, parfois, les pires innocences et les plus pures perversions ont le même visage.

One-Eyed Jacks - Vengeance aux deux visages (La)

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Réalisé par : Marlon Brando (1924 - 2004)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Karl Malden (1912 - 2009)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest
Caractéristiques : 141 mn, couleur

Critique perso :

Depuis une fuite au Mexique qui a mal tourné, Dad et Kid, pilleurs de banques récidivistes, sont fachés à mort. 5 ans passent ; leur vie change, leur rancoeur demeure. Ils se retrouvent en Californie, au bord de la mer, avec quelques comparses. Ils s'observent de biais. Ils mentent beaucoup. Ils n'arrêtent pas de se dire les uns aux autres "I'll be (right) back" et "wait a minute". Il y a ceux qui tiennent parole, et il y a les autres. Il y d'étranges non-dits, aussi (que sont devenus les deux sacs d'or de la première partie ?). Mais il paraît que le film durait initialement 5h et a été coupé à la tronçonneuse. Ca donne un drôle de western maso et oedipien, un peu languissant, avec un Marlon (acteur) qui en fait le minimum. Juste assez pour suggérer l'éternel retour du refoulé

Yojimbo - Garde du corps (Le)

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1961, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Sanjuro est un samouraï free-lance, pas empoté du manche. Il débarque dans un petit village de gaulois nippons, scindé entre le clan du fabriquant de saké, et celui du fabriquant de soie. Sanjuro n'est pas très en fonds, et pas empoté de la langue. Il se vend donc au plus offrant -c'est-à-dire aux deux camps. D'où, très vite : provocations, intimidations, menaces, préjudices, représailles contre préjudices, enlèvement contre représailles, contre-enlèvement contre retour de représailles. Eastern nouilles-sautées qui sera repris en western spaghetti (avec pas mal de ketchup). Et le type de l'autre coté de la caméra, il n'est pas non plus empoté du manche.

Doulos (Le)

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1962, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Jean Dessailly (1920 - 2008), Michel Piccoli (1925 - ), Serge Reggiani (1922 - 2004)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Une gueule d'ange qui cache peut-être un salaud qui cache peut-être un vrai ange. Allez savoir ce qu'il mijotte sous son chapeau, le doulos ! En tous cas, là où il surpasse tout le monde, c'est dans la mise en scène. Les autres -les truands qu'il fréquente-, on retrouve toujours leur piste. Mais avec lui, la Police -qu'il fréquente aussi- n'y voit que du (coup de) feu. Et nous, pauvres spectateurs, itou (c'est souvent bon signe, au cinéma, de ne pas tout comprendre). Un bon petit noir qui en rappelle pas mal d'autres, bien serré, corsé et savoureux.

Dr. No - James Bond contre Dr No

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Réalisé par : Terence Young (1915 - 1994)
En : 1962, Angleterre
Acteurs principaux : Ursula Andress (1936 - ), Sean Connery (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Première apparition sur la scène du cinéma mondial du plus célèbre des espions glamours au service de Sa Gracieuse Majesté. Son nom est Bond, etc. Le film fixe à jamais le cahier des charges de la série : action, exotisme, traitrises. Costards, cocktails et p'tites pépés. Et un méchant hybride (mi-homme mi-machine, mi-asiatique mi-allemand, c'est dire comme il est méchant), savant fou-génial-mégalo, cruel et raffiné of course (c'est ce qui le perdra), qui manigance dans sa base secréte la fin du monde. Et Sean, à l'aide en eaux troubles comme s'il était au bowling, auprès de qui les méchants et les femmes tombent comme des mouches. Délicieusement désuet et nonchalant.

Man Who Shot Liberty Valance (The) - Homme qui tua Liberty Valance (L')

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1962, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Lee Marvin (1924 - 1987), Vera Miles (1929 - ), Edmond O'Brien (1915 - 1985), James Stewart (1908 - 1997), John Wayne (1907 - 1979)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

Le grand sujet des grands westerns, c'est comment créer de la civilisation dans le désert, comment passer en quelques décennies de la loi du plus fort à la loi tout court -bref, sur quels mensonges se bâtit un Etat. Face à la Liberty de faire n'importe quoi, deux hommes se dressent. Le premier est le modèle tradi : un cow-boy rustaud, as de la gachette qui ne rêve au fond que de se ranger et de fonder une famille. Le deuxième est le modèle moderne : un petit avocat venu de l'est, le nez dans ses bouquins. Au milieu : une femme. Mais ne comptez pas sur John Ford pour développer les histoires d'amour : c'est au spectateur de tout imaginer à partir de quelques regards en coin (ce sont évidemment toujours les plus belles). Lui se contente de filmer la légende -et comment on la fabrique. La démocratie et le cinéma, mode d'emploi.

Salvatore Giuliano

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Réalisé par : Francesco Rosi (1922 - 2015)
En : 1962, Italie
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

Salvatore Giuliano est un bandit, un autonomiste, un mafieux, un bon fils (en Sicile, tout cela est un peu mélangé). Toute sa brève -mais brillante- carrière, il l'a passée dans les 10kms qui entourent sa maison natale. Et, malgré une débauche de moyens, la police a eu toutes les peines du monde à l'y dénicher (en Sicile, ça se passe souvent comme ça). Ses méthodes sont pourtant connues au moins depuis Pépé le Moko : réseau de complicités indémêlable, corruptions, intimidations... Salvatore Giuliano, ce sont les autres qui en parlent le mieux. En fait, il n'en parlent pas avec leurs mots (en Sicile, ça ne se fait pas), mais avec leurs corps, leurs gestes et leurs gueules burinées par le soleil et la misère. Salvatore Giuliano est un aimant invisible : ce film est son portrait en pieds mais de dos, dans l'ombre, sans qu'aucun plan ne permette d'identifier son visage. Sec, brut, magnifique (en Sicile...).

Charade

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Audrey Hepburn (1929 - 1993), Jacques Marin (1919 - 2001), Walter Matthau (1920 - 2000)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Mon premier est une jolie veuve. Mon second un séduisant divorcé qui n'a jamais été marié. Mon troisième une bande de Pieds Nickelés menaçants. Le Mc Guffin : un mystérieux magot introuvable... Indices : le générique rappelle Vertigo, et certaines scènes ressemblent furieusement à celles de Les Enchaînés. Mais non, ce n'est pas du Hitchcock. On se croirait parfois dans Un Américain à Paris, les chansons en moins. Et mon tout aurait pu finir comme dans Les 39 marches ou La Dame de Shanghai, avec un poil de démesure en plus. De toute façon, l'art de brouiller les pistes aura rarement été porté aussi loin. Et l'éloge du mensonge rarement été aussi élégamment illustré.

From Russia with Love - Bons baisers de Russie

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Réalisé par : Terence Young (1915 - 1994)
En : 1963, Angleterre
Acteurs principaux : Sean Connery (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Après s'être fait tuer dans un obscur jardin, James 007 est envoyé pour une mission tout aussi obscure à Istanbul, d'où il envoie ses baisers de Russie (mais ses points forts ne sont pas la géographie). Le drôle d'ange blond qui l'a tué (et qui ressemble terriblement à l'incarnation de Bond version 2006) le suit comme son ombre... Comme un successeur qui s'impatiente déjà ? Et si le SPECTRE n'était qu'une marionnette ? (de Moscou, of course). Et laquelle des deux miss Monde qui s'arrachent les chignons (et le reste) en costumes de bohémiennes James préfère-t-il ? Nous n'en saurons rien. Un film d'espionnage old school, à base de stratégie échiquéenne plus que de gadgets tonitruants. Le plus hitchcockien des Bond, le génie en moins mais Sean en plus.

Alphaville

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1965, France
Acteurs principaux : Eddie Constantine (1917 - 1993), Anna Karina (1940 - ), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : Paris /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Lemmy Caution, il vient d'une autre galaxie et il parle comme les livres. Une nuit, il débarque à Alphaville, cette ville d'ombres et de lumières qui ressemble à Paris mais qui n'est pas Paris, avec une osbcure mission d'espionnage poétique. A Alphaville, tout est régi par un grand ordinateur, alpha60. Mais à quoi bon un alpha qui ne tend pas vers l'oméga de l'amour ? Pendant qu'alpha60 donne des cours de sémantique générale (pompés à Borgès), Lemmy Caution, toujours filmé à hauteur d'ascenceur, tente d'enseigner la littérature (celle d'Eluard, entre autres) et l'amour aux séductrices de niveaux 1 à n qui tiennent lieu de jeunes filles. Cette uchronie de science-politique-fiction-polar plagie par anticipation 2001, Brazil et Playtime, tout en annonçant de façon visionnaire Metropolis et 1984.

Pierrot le fou

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1965, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Anna Karina (1940 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /poésie en image
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Pierrot s'appelle en fait Ferdinand, et c'est en clown bleu (et non blanc) qu'il va finir sa vie (et le film). Avant d'en arriver là, il quitte sa femme pour une autre, croise quelques cadavres et écrit son journal intime. Godard, lui, avec ce film, fait exploser les sons et les couleurs (et pas que ça, d'ailleurs). Il hybride tout : la comédie musicale, le film noir, le road movie, les sketchs de Raymond Devos, la BD et la poésie. Il reprend, récapitule, essaie de réinventer une fois encore le cinéma avec de la vie brute, sauvage. Il repart à zéro, encombré qu'il est de tous les matériaux hétéroclites de sa culture, de ses passions littéraire et cinématographique. Il réalise un magnifique documentaire sur son paysage intérieur, en chaos et en harmonie en même temps. Et sur la vie-l'amour-la mort, en chaos et en harmonie en même temps.

Repulsion - Répulsion

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Réalisé par : Roman Polanski (1933 - )
En : 1965, Angleterre
Acteurs principaux : Catherine Deneuve (1943 - ), Yvonne Furneaux (1928 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Elle s'appelle Carole, elle vit à Londres. Elle est jeune, blonde et très jolie. Mais pas causante. Le genre crustacé qui se rétracte au moindre contact avec un doigt poilu. Elle travaille dans un gynécée : un salon de beauté où des femmes s'occupent d'autres femmes. Ca lui convient visiblement mieux que de fréquenter les hommes qui se retournent en vain sur sa beauté dans la rue. Elle vit avec sa soeur, mais sa soeur a un amant qui laisse des poils dans le lavabo. Et puis, un jour, la soeur part en vacances avec l'amant et Carole se retrouve toute seule dans le grand appartement. C'est à ce moment-là que le lapin qui trainait dans le frigo commence à se réveiller. A ce moment-là aussi que les fissures du mur se mettent à s'agiter, et que les bras poilus qui se planquaient dedans se décident à sortir. A partir de là, malheur aux doigts qui oseront appuyer sur la sonnette. Elle est jeune, blonde et complètement névrosée : attention ange méchante !

Deuxième souffle (Le)

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1966, France
Acteurs principaux : Michel Constantin (1924 - 2003), Paul Meurisse (1912 - 1979), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 144 mn, NB

Critique perso :

Il sort de prison (par les toits), prend un train (sans billet) et emménage dans un petit pavillon de banlieue (sans signer de bail). A l'autre bout du pays, une fusillade fait plusieurs morts dans un restaurant. En fait, les deux événements ont un certain lien de parenté... Bien sûr, le gentleman tueur fraîchement sorti de l'ombre a rapidement besoin de se remettre à flots. Pour cela, il va s'associer aux aristocrates cambrioleurs impliqués dans l'autre histoire. Bien sûr, il y a une femme perspicace et un flic fatal aussi sur le coup. Bien sûr, tout ne se passera pas exactement comme prévu. Mais la racaille de l'époque avait tout de même de la classe. Ils ont le geste précis, la parole économe. Avec leurs costumes-cravates, ils ont tous l'air de sortir d'une grande école. Ils sont ingénieurs en casses millimétrés, docteurs en loyauté au milieu du désastre. Droits dans leurs bottes, même quand elles sont embourbées jusqu'au cou.

Made in USA

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1966, France
Acteurs principaux : Anna Karina (1940 - ), Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /poésie en image
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Il s'en passe de drôles, à Atlantic-cité sur Méditerranée. Des morts plein les hôtels, des barbouzes plein les garages, avec des flingues plein les poches. Des images de toutes les couleurs, des bruits incongrus, de la musique, des slogans et des discours. Une journaliste qui enquête, en se prenant pour Bogart, quelques guest stars égarés (Marianne Faithfull, Philippe Labro). Et ces personages qui portent des noms bizarres (Goodis, Mizoguchi, Preminger, Aldrich..., j'en passe et des non moins bons). Apparemment, le scénario et les dialogues relèvent de la série noire, mâtinée d'humour absurde. Ca pourrait même être un film politique contre les magouilles et les compromissions policières. Mais ça se passe surtout au pays des livres, des affiches, des comic books et des images qui bougent. Made in Godard, made in cinéma.

Masculin féminin

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1966, France
Acteurs principaux : Brigitte Bardot (1934 - ), Chantal Goya (1946 - ), Marlène Jobert (1943 - ), Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Dans "masculin", il y a "masque" et "cul" ; dans "féminin" il n'y a rien (extrait du dialogue). Dans les bistrots, il y a des dragueurs, et des jeunes filles à draguer. Préoccupations politiques pour les hommes (la conscience ouvrière, la guerre au Vietnam), chansons et cosmétiques pour les femmes (Salut les copains, mais surtout ne me mets pas enceinte). Une mort violente tous les 1/4h. Portrait d'une France qui s'ennuie mais ne le sait pas encore. Portrait d'une jeunesse concernée, portrait d'une jeunesse qui s'en fout. Enfants de Marx et de Coca-Cola (extrait des intertitres). Des gestes, des choses, des sondages : inventaire avant liquidation. Dans féminin, finalement, il y a "fin".

Ne nous fâchons pas

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Réalisé par : Georges Lautner (1926 - 2013)
En : 1966, France
Acteurs principaux : Michel Constantin (1924 - 2003), Mireille Darc (1938 - 2017), Jean Lefebvre (1919 - 2004), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /nanar pur sucre
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Beretto s'est rangé des voitures pour se reconvertir dans le bateau de plaisance. Un jour, il reçoit la visite de deux Blues Brothers louches qu'il a l'air de bien connaître. Ca le lance sur la piste d'un certain Michalon, à Nice. Michalon, c'est la mascotte des tortionnaires, le serial connard idéal. Pour d'obscures raisons, il a une promo de Collège anglais en motocyclettes rouges et coupe Beatles aux trousses. Il n'aura pas de trop de Beretto et de ses potes pour volatiliser les uns après les autres à coup de dynamite les yéyés british biberonnés à "Chapeau melon et bottes de cuir". Voilà à quelles extrémités conduit l'abus d'humour surréaliste sur fond de gouaille franchouille.

Invention de Morel (L')

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Réalisé par : Claude-Jean Bonnardot (1923 - 1981)
En : 1967, France
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Au départ, c'est un de mes livres préférés : l'histoire d'un fugitif qui se réfugie sur une île déserte (mais hantée et maudite) et devient la victime (bientôt consentante) d'une espèce d'hallucination scientifiquement générée. Ce livre, c'est le mot de passe absolu de tous ceux qui préfèrent un autre monde -qu'il s'appelle vin, poésie ou vertu, littérature, cinéma ou rêves- à la réalité. Et il marque l'invention d'un nouveau type de paradoxe, quelque chose comme la superposition des espaces. Le (télé)film est très (peut-être trop) fidèle, avec sa voix off littéraire, ses fantômes futiles et rationels et son ambiance années folles décadante à souhait. On dirait du Resnais (un peu cheap quand même) : un plagiat par procuration (de l'Année dernière à Marienbad) ou par anticipation (de Je t'aime je t'aime ou de certaines idées de Mon oncle d'Amérique), autrement dit de certaines des meilleures hallucinations cinématographiquement générées.

Biches (Les)

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Stéphane Audran (1932 - 2018), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Sur le Pont des Arts, une riche snobinarde drague une artiste des rues fauchée et l'emmène glander dans sa villa de St Trop'. Bord de mer, marchés pittoresques, soirées chics et tocs, pétanques et trophés de chasse. Luxe, calme et décoltés, à peine troublés par les blagues minables de deux pique-assiettes navrants, jusqu'à ce que débarque Paul, architecte et homme idéal. Là, les sentiments se gâtent et les relations se compliquent. Les personnages deviennent plus opaques : ils s'imitent les uns les autres, échangent leur rôle, s'épient, s'envient, se dupent. L'atmosphère s'alourdit. La patte de Chabrol sort ses griffes : un de ses films dont il ne cesse, depuis, de faire le remake.

C'era una volta il West - Il était une fois dans l'ouest

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Réalisé par : Sergio Leone (1929 - 1989)
En : 1968, Italie
Acteurs principaux : Charles Bronson (1921 - 2003), Claudia Cardinale (1938 - ), Henry Fonda (1905 - 1982), Jason Robards (1922 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /épique pas toc
Caractéristiques : 165 mn, couleur

Critique perso :

Il était une fois un réalisateur qui aurait vu et aimé Duel au soleil, Johnny Guitar, Rio Bravo et L'Homme qui tua Liberty Valance (entre autres). Il croirait donc au pouvoir hypnotique du cinéma. Il était une fois, donc, trois hommes de l'Ouest : un joueur d'harmonica taciturne, un bandit romantique et une brute sanguinaire. Il était une fois une femme qui serait à la fois une maman et une putain. Ils auraient tous des comptes à règler avec le passé, et des paris à faire sur l'avenir. Ils laisseraient pas mal de cadavres derrière eux. Pour eux, le temps se serait comme arrêté, suspendu, dilaté. Et le temps, au cinéma, c'est ce qui permet de parcourir les déserts mythiques de Monument Valley, de scruter les paysages tourmentés d'un visage, de laisser se deployer la géniale musique de Morricone. Le temps d'un merveilleux conte de fées pour grandes personnes.

Histoires Extraordinaires

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Réalisé par : film à sketchs
En : 1968, France
Acteurs principaux : Brigitte Bardot (1934 - ), Alain Delon (1935 - ), Anny Duperey (1947 - ), Jane Fonda (1937 - ), Peter Fonda (1940 - ), Terence Stamp (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

Un film en trois parties comme ça se faisait beaucoup à l'époque, trois coups de Poe, trois histoires de dandys décadents qui finissent en tragédie plus ou moins grandiloquente, par trois plus/moins grands cinéastes. Le premier sketch, de Roger Vadim, verse dans le porno-soft et kitsch. C'est un pre-Barbarella pas drôle qui se situerait au Moyen-Age, avec chatelaine perverse et beau brun ténébreux de voisin (tiens, n'est-ce pas donc son frère ? plus ou moins...). La contribution de Louis Malle est plus torturée. Elle porte le sérieux hautain et orgueilleux de son Delon de héros -en double exemplaire s'il vous plait- (et la Bardot en prime !). Comme il doit beaucoup courir, et dans des lieux sublimes en plus, il est souvent essoufflé et ça lui évite de dire trop de conneries. Quant au segment du Maestro : total respect ! Cette fois, on change vraiment de monde, on est passé de l'autre côté du rideau de fumée (de la gloire, et des rêves), on est à la fois dans le paradis du cinéma et dans l'enfer du showbiz, on s'y perdrait bien encore pendant des heures...

Je t'aime je t'aime

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Réalisé par : Alain Resnais (1922 - 2014)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Bernard Fresson (1931 - 2002), Olga Georges-Picot (1940 - 1997), Claude Rich (1929 - 2017)
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Claude Ridder ne va pas fort, il vient d'essayer de se suicider. C'est ce qui en fait le cobaye idéal pour une étrange expérience scientifique : un mini-voyage dans le temps, la possibilité de revivre une petite minute de son passé, il y a un an, quand il allait mieux. Les souris font apparemment ça très bien, mais elles ne racontent pas grand chose en revenant. Claude, amateur de Magritte et de bons mots (il a écrit un livre, sur le temps en plus), sera certainement plus intéressant. Alors, il se laisse entrainer dans un sous-sol clandestin par des gens en costards qui ont l'air très sérieux, il se laisse enfoncer dans un gros pouf rose simili-organique et le flash-back commence. Mais la fonction Replay a des ratés, la minute dure, repasse en boucle, saute ailleurs dans la mémoire de Claude. La tête de lecture bégaie, s'emballe, s'enraye. Les images se suivent et ne se ressemblent pas toujours -la faute à Catrine, surtout, son grand amour disparu. Et à quelques autres aussi. L'afflux de souvenirs dure finalement le temps d'un film dont il est le héros (toujours plein cadre, au milieu), ce qu'il a eu bien du mal à faire de sa vie. L'art de faire une grande fresque intime avec des petits morceaux de pas grand chose, une vie dans la tête d'un homme, sans doute pas beaucoup plus intéressant qu'une souris, mais avec des images, des mots et du temps en plus -du cinéma, quoi.

Mariée était en noir (La)

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Michel Bouquet (1925 - ), Jean-Claude Brialy (1933 - 2007), Charles Denner (1929 - 1995), Michael Lonsdale (1931 - ), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Claude Rich (1929 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'est une sorte d'ange exterminateur à coupe Mireille Matthieu. Non, il ne joue pas dans un film des frères Coen. En fait, c'est une femme, qui ne décolère pas depuis qu'on lui a trucidé son mari le jour de ses noces et qui ne songe qu'à se venger. Non, ce n'est pas non plus un personnage de Tarantino. Elle ne s'habille qu'en noir, ou en blanc, ou en noir et blanc, mais la vie autour est en couleur. Elle voudrait bien sortir d'un film d'Hitchcock, mais sans passer par la case glamour. Du coup, l'histoire un peu dure à avaler, d'autant que l'héroïne semble avoir acheté ses armes létales dans un magasin de farces et attrappes. En fait, c'est plutôt un ange avec des ailes de plomb, qui fait tout le temps la tronche. Comme quoi on peut être un grand cinéaste et rater complètement certains de ses films.

Armée des ombres (L')

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Jean-Pierre Cassel (1932 - 2007), Claude Mann (1940 - ), Paul Meurisse (1912 - 1979), Simone Signoret (1921 - 1985), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /la parole est d'or /pas drôle mais beau /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

C'était pendant la guerre -la dernière, jusqu'à nouvel ordre. Ils étaient français et engagés dans la seule armée digne de ce nom -celle de l'ombre. Ce sont des héros mutiques, pas causants, pas tendres, pas gentils. Des héros, quoi. Clandestins dans leur propre pays, dans leur propre vie. Leur grand chef est un grand mathématicien-épistémologue (ce qui n'est pas pour me déplaire). On le voit faire un tour à Londres, le temps de prendre les conseils et la médaille d'un grand type à petite moustache, et d'aller voir Autant en emporte le vent. Le reste du temps, c'est la guerre. Des nerfs, surtout, parce que c'est le nerf de la guerre. Il y a des morts -beaucoup- et presqu'aucune larme. Le film est sec et glacé, à son image. Chaleureux aussi, à la leur.

Dragao da Maldade contra o Santo Guerreiro (O) - Antonio das Mortes

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Réalisé par : Glauber Rocha (1939 - 1981)
En : 1969, Bresil
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /en avant la musique /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Ecoutez, bonnes gens, la balade de l'infortuné Antonio (normalement, c'est en portugais du Brésil, traduction approximative). Mercenaire des puissants, démon exterminateur, c'est Antonio de la Mort qui tue. Mais, après avoir trucidé un sous-sous-commandant Marcos de carnaval de plus et croisé le regard absent d'une sainte, Antonio change son fusil de cible. Antonio vire mystique, bloc de volonté butée, tueur à rage au service des pauvres. Un objet filmique non identifiable et non assimilable, comme une forte tête qui aurait le regard dans les nuages. Une chanson de gestes poétique deguisée en sud-western folklorique -et inversement-.

Que la bête meure

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Caroline Cellier (1945 - ), Michel Duchaussoy (1938 - 2012), Maurice Pialat (1925 - 2003), Jean Yanne (1933 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Les deux personnages principaux de cette histoire n'auraient jamais dû se rencontrer. D'ailleurs, ils mettent du temps à se trouver. Mais l'un a malencontreusement (et brièvement) croisé le fils de l'autre sur une route de campagne bretone. Le fils ne s'en est jamais relevé. Alors, l'autre s'est mis à parcourir (avec acharnement) toutes les villes de France pour retrouver l'un. Coup de bol, les rôles sont parfaitement distribués : le méchant chauffard est un serial connard idéal, le papa contrarié un gentleman écrivailleur. Et le scénar est poli aux meilleures écoles : c'est même une belle Hélène qui sera le cheval de Troie de la vengeance. Mais, même dans le meilleur des mondes possibles (c'est-à-dire au cinéma), c'est pas évident de tuer un homme, en bluffant un policier-cinéaste extra-lucide. Bluffer les spectateurs comme moi, c'est nettement plus facile.

Topaz - Etau (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Claude Jade (1948 - 2006), Philippe Noiret (1930 - 2006), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Guerre froide : un dignitaire russe lache son camp, les cubains ne sont pas contents, ce qui inquiète les américains. Pour démèler l'affaire, on fait intervenir un contact neutre, le genre qui se fait une certaine idée de sa mission. Comme il est français, il est autorisé à tromper sa femme avec une charmante agent double cubaine. Mais comme il n'est pas britannique, il n'a pas droit pour autant au glamour de James Bond (lui, son code, ce serait plutôt 0SS 117, c'est dire). Une histoire d'espions de 2ème division, donc, où les décors ont l'air plus réels que les personnages -sauf Fidel et le Che, qui font de la figuration. Pour le reste, plutôt du Hitch de 2ème division.

Boucher (Le)

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1970, France
Acteurs principaux : Stéphane Audran (1932 - 2018), Jean Yanne (1933 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Au début, l'homme vivait dans des grottes. Un peu plus tard, il s'est mis un costume de marquis et a appris à danser le menuet -puis la valse- sans jamais cesser d'aimer la viande. Certains specimen en ont même fait leur métier : ils sont devenus bouchers. Et puis, est apparue la blonde hitchcockienne : belle, froide, inacessible. Quand elle débarque dans le Périgord, elle ne passe pas inaperçue. Et cinéphile, avec ça. Comme elle a vu Rio Bravo, elle sait qu'il faut se méfier des gouttes de sang qui tombent du ciel. Comme elle a vu L'Inconnu du Nord-Express, elle sait qu'il faut aussi se méfier des histoires de trains et de briquets qui trainent. Mais son propre film à elle restait à faire (merci M. Chabrol !). Cette transposition de M le maudit dans la province des années 60 n'a rien perdu de son tranchant.

Little Big Man

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Réalisé par : Arthur Penn (1922 - 2010)
En : 1970, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Dustin Hoffman (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /conte de fées relooké /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 139 mn, couleur

Critique perso :

Ce serait le Jeanne Calment américain : dernier survivant de la bataille de Little Big Horn, petit par la taille, grand par le coeur, Little Big man. Ce serait le condensé de tous les destins possibles de son temps : fils de pionnier devenu indien Cherokee, enfant de coeur, colporteur douteux, as de la gachette, commerçant honnète, trappeur solitaire et pisteur de cavalerie. Capable de tout, sauf de tuer un homme. Précurseur de Zelig (pour sa capacité d'adaptation) et de Forrest Gump (pour ses rencontres prestigieuses), blanc chez les rouges, rouges chez les blancs : Candide au Far West. Ce serait toute la mémoire du western, toute la mémoire de l'Amérique : un enfant de 121 ans.

Blanche

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Réalisé par : Walerian Borowczyk (1923 - 2006)
En : 1971, France
Acteurs principaux : Ligia Branice (1932 - ), Jacques Perrin (1941 - ), Michel Simon (1895 - 1975), Georges Wilson (1921 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Blanche est très belle et très convoitée. Elle est mariée à un respectable (mais pas très jeune ni très beau, pardon Michel) Seigneur, elle attire le regard du Roi himself, en visite, ainsi que du page fort joli garçon qui l’accompagne. Et même de son beau beau-fils. On l’aura (peut être) compris, ça se passe au Moyen-Âge. Sans frou frou et sans chichi, mais avec armes et bagages, dans une ambiance minérale austère de chateau fort à conquérir et de belle sauver (et le contraire). Conte cruel, drame pervers, histoire éternelle d’hommes qui doivent élire parmi eux le mâle dominant. Enfin, comme on est au Moyen âge, c’est pas vraiment une élection et le résultat est connu d’avance : à la fin, c’est le Roi qui gagne. Et le cinéma y a aussi un peu gagné.

Clockwork Orange (A) - Orange mécanique

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1971, Angleterre
Acteurs principaux : Malcolm McDowell (1943 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

C'est une espèce de "Crime et chatiment" qui aurait été transposé quelques années après que le Dr Folamour ait pris le pouvoir. Le héros s'appelle Alexandre le Large, c'est donc un explorateur de territoires inconnus. Ses drogues préférées ont pour nom : sexe, violence et Beethoven. Forcément, ça finit par mal tourner. La société policière en fait le cobaye d'un nouveau traitement de choc contre le mal : en psycho, ils l'appellent le "conditionnement opérant" ; ça marche assez bien avec les rats et les chiens. Alex est "guéri". Effet de bord non désiré, il est aussi dégoûté de Beethoven -mais pas de Singin' in the Rain, ce qui lui causera des ennuis à sa sortie de prison. Son enfer est pavé des meilleures intentions gouvernementales. Et la société, elle, ne sera jamais guérie de ses démons... Encore une magistrale et impressionnante leçon signée du maître.

In nome del popolo italiano - Au nom du peuple italien

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Réalisé par : Dino Risi (1916 - 2008)
En : 1971, Italie
Acteurs principaux : Yvonne Furneaux (1928 - ), Vittorio Gassman (1922 - 2000), Ugo Tognazzi (1922 - 1990)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Un petit juge italien intègre et barbu doit enquêter sur la mort d'une jeune fille. La jeune fille fréquentait des vieux messieurs, pour le plus grand profit de ses braves parents provinciaux. Parmi les fréquentations, le petit juge repère Lorenzo Santenocito, un industriel multicarte, pollueur-escroc-magouilleur multirécidiviste, le tout-Rome corrompu à lui tout tout seul. Tout ce qu'il adore. Il prend donc l'enquête à coeur et Lorenzo en grippe, et se lance dans une partie de cache-cache qui n'amuse que lui (et les spectateurs). Le combat entre les deux grands monstres se joue à armes inégales, voiture de luxe contre vespa. Il y a décidément quelque chose de pourri dans l'empire romain de l'après-guerre. Heureusement, au même moment, l'Italie gagne la coupe du monde de foot. L'honneur est donc sauf.

Johnny Got His Gun - Johnny s'en va en guerre

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Réalisé par : Dalton Trumbo (1905 - 1976)
En : 1971, USA
Acteurs principaux : Timothy Bottoms (1951 - ), Jason Robards (1922 - 2000), Donald Sutherland (1935 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 111 mn, NB/couleur

Critique perso :

Quand un Johnny s'en va en guerre il a... des bonheurs plein la tête, des sourires plein la mémoire. Quand un Johnny revient de guerre il a... simplement eu pas d'bol et puis voilà. Mauvaise nouvelle : vivant certes, mais aveugle, sourd, manchot et cul-de-jatte. La bonne : comme il n'a plus de visage, il ne risque pas de s'enrhumer. Johnny est un légume, mais c'est un légume pensant. Aux mains de bouchers en uniformes, et de gentilles infirmières. Il vit dans sa tête ce qui lui reste à ne pas vivre. Filmer une âme en caméra subjective, c'est toujours un peu casse-gueule (à part pour Antonioni qui ne sait faire que ça). Mais celle du soldat inconnu de toutes les guerres du monde valait bien la flamme des projecteurs.

Straw Dogs - Chiens de paille (Les)

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Réalisé par : Sam Peckinpah (1925 - 1984)
En : 1971, Angleterre
Acteurs principaux : Susan George (1950 - ), Dustin Hoffman (1937 - ), David Warner (1941 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

Un gentil astro-mathématicien américain, marié à une jolie paire de jambes anglaises, en congé sabbatique dans le trou à bouseux où est née madame. Au milieu d'écluseurs de bouteilles, c'est le seul à porter un pantalon blanc et des lunettes. Pendant qu'il analyse la structure de l'univers dans son bureau, sa femme montre sa jolie paire de jambes aux ouvriers bouseux qui travaillent sur le toit de leur grange. Une souris et des hommes. Si au moins ils avaient vu Orange mécanique ou Délivrance, ils se seraient peut-être méfié, les jeunes mariés. Mais non, ils ne savent pas jusqu'où ne pas aller trop loin. Si bien qu'ils y vont. A la fin, ils ne seront plus capables de faire la différence entre ce qui fait plaisir et ce qui fait mal. A la fin, le gentil mathématicien aura un peu sali son pantalon et cassé ses lunettes.

Godfather (The) - Parrain (Le)

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1972, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), James Caan (1939 - ), John Cazale (1935 - 1978), Robert Duvall (1931 - ), Sterling Hayden (1916 - 1986), Diane Keaton (1946 - ), Al Pacino (1940 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 175 mn, couleur

Critique perso :

Le film préféré des américains (cf. IMDB) est l'histoire d'une famille (ce qui ne surprendra guère) qui prospère dans le crime (doit-on vraiment s'en étonner ?). La famille avant toute chose, donc : mariages, baptèmes, repas interminables pendant que les enfants courent autour de la table -de l'universel, avec juste un peu plus de pasta et d'enterrements que la moyenne. Ensuite viennent les affaires : une subtile économie du service rendu et du respect dû, de l'influence monnayée et de l'intimidation musclée ("on n'est pas des communistes !" comme ils le disent eux-même) -avec juste un peu plus de coups de feu que la moyenne. Surtout : l'histoire d'un héritage empoisonné, ou comment le regard insouciant d'un beau jeune homme intègre se fige progressivement. Les meurtres sont filmés comme des cérémonies religieuses, sa résistible ascension à lui comme une damnation.

Ultimo tango a Parigi - Dernier tango à Paris

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Réalisé par : Bernardo Bertolucci (1940 - )
En : 1972, Italie
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Jean-Pierre Léaud (1944 - ), Maria Schneider (1952 - 2011)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

1, rue Jules Verne. C'était au temps béni où on trouvait, à Paris, des apparts vides de 120 m2 avec Marlon Brando dedans en cadeau Bonux. Jeanne passe par là, visite (l'appart), essaie (le bonhomme). Emballée, elle revient régulièrement. Dans leur île déserte, la petite française pimpante et le mâle américain vieillissant explorent leurs mystères. Lui en a gros sur la patate depuis le suicide de sa femme. Il est pas mauvais en français, le bougre, mais c'est son vocabulaire anglais qui impressionne ("God" et plein d'insanités qui ne sont même pas dans mon Harrap's). Chair triste, etc. Elle, on se demande comment elle supporte son fiancé-cinéaste exalté qui espère refaire l'histoire du cinéma rien qu'en la regardant. Le film qui inventa le genre psycho-mélo-érotico-intello-dépressif.

Soylent Green - Soleil vert

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1973, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Charlton Heston (1924 - 2008), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

New-York 2022, version trash : surpollution, surpopulation, décadence généralisée. Quelques nantis occupent les apparts de luxe (blonde comprise dans le loyer), une multitude de gueux squattent les rues. Si besoin, les émeutiers se ramassent à la pelleteuse. Au milieu : les flics. Ils jouissent de leur présomption d'impunité pour améliorer l'ordinaire. Faut dire : pas fameux, l'ordinaire, quand le mieux qu'on puisse espérer est un "soleil vert" de plus, sorte de barre de céréales énergétique -mais c'est pas des céréales. Un des anciens patrons de l'usine est mort. Nous suivons l'enquête nonchalente du flic préposé à l'affaire, et la descente aux enfers climatisés du recyclage universel de son vieil adjoint. Quelques scènes mémorables, une atmosphère délétère : un drôle de film du futur qui ressemble au passé -à moins que ça ne soit le contraire.

Godfather: Part II (The) - Parrain II (Le)

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1974, USA
Acteurs principaux : John Cazale (1935 - 1978), Robert De Niro (1943 - ), Robert Duvall (1931 - ), Diane Keaton (1946 - ), Al Pacino (1940 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017), Leopoldo Trieste (1907 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 200 mn, couleur

Critique perso :

On ne change pas une famille qui gagne. Vous voulez la suite ? Vous aurez le préquel (30 ans avant) et le séquel (5 ans après) pour le même prix ! Histoire de bien comprendre comment, en deux générations, on passe du petit racket de quartier à l'escroquerie grandeur nature (en l'occurrence, le pillage en règle de Cuba). Le crime organisé vit sa révolution industrielle, en quelque sorte. Michaël a pris la place de son père, et il s'en montre digne. Le plus dur -le baptème du sang inaugural- a déjà eu lieu dans l'épisode précédent. Mais la famille n'est plus ce qu'elle était : le frangin restant n'est pas le plus brillant, la frangine ne sait pas ce qu'elle veut, et Kay ose dire qu'elle n'est pas contente. On ne peut même plus compter sur les politiciens, qui envoient Michaël en commission d'enquête. Grandeur et décadence du crime business, apogée flamboyante du murder show.

Stavisky...

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Réalisé par : Alain Resnais (1922 - 2014)
En : 1974, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Charles Boyer (1899 - 1978), Gérard Depardieu (1948 - ), Anny Duperey (1947 - ), Michael Lonsdale (1931 - ), François Périer (1919 - 2002), Claude Rich (1929 - 2017)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Nom : Stavisky, prénom : Affaire… En général, on en a vaguement entendu parler, mais de là à savoir exactement de quoi il s’agit… D’ailleurs, même à la fin du film, c’est pas sûr qu’on en sache beaucoup plus. Récap : en 1934, un escroc multicarte meurt dans des circonstances pas claires, ce qui provoque des émeutes et fait tomber un gouvernement. Resnais se concentre sur les derniers mois de la vie du bonhomme et lance le compte-à-rebours de sa mort annoncée. Ce qui l’intéresse, c’est l’agent multiple : français de l’étranger, juif à un moment où c’était pas hyper recommandé, dépressif enjoué, comédien en perpétuelle quête d’un nouveau rôle, arnaqueur multirécidiviste fidèle en amitié (et en amour). Insaisissable, comme l’argent qui apparemment lui file entre les phalanges. Comme le montage, qui joue à saute-mouton avec le temps. Stavisky, c’est une sorte de catalyseur et de révélateur d’une période passablement agitée (Trotsky fait un caméo dans le film). Un mystère, un oignon dont on n’atteindra jamais vraiment le coeur. Un homme-film.

Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles - Jeanne Dielman, 23 Rue du Commerce

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Réalisé par : Chantal Akerman (1950 - 2015)
En : 1975, Belgique
Acteurs principaux : Delphine Seyrig (1932 - 1990)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 201 mn, couleur

Critique perso :

Jeanne est le parfait prototype de la parfaite bourgeoise respectable. Elle est veuve, élève seule son grand fiston à hormones, tient son parfait intérieur du plus parfait mauvais goût de l'époque avec une conviction parfaite qui force de le respect. Une femme, sous le regard d'une femme qui ne montre que ce qu'on ne montre pas d'habitude : tout le temps qu'il faut pour ne rien faire d'autre (courses, cuisine, ménage...) que simplement maintenir à flot une vie de parfaite desperate housewive. Une vie tellement bien (en)cadrée que c'en est insupportable. Jeanne, donc, lave, nettoie, plie, range, arrange tout ce qu'elle touche, ne fait jamais la cuisine sans son tablier ni l'amour sans une petite serviette en dessous. Ben oui, faut bien gagner sa vie, quand même -mais pas plus d'un homme par jour, à domicile, pas plus que le temps de cuisson du plat du jour. Un jour, les patates sont trop cuites et on comprend qu'il a dû se passer quelque chose d'inhabituel, d'inconcevable, d'indécent, quelque chose de pas prévu au programme de cette vie-là. Le lendemain, on comprend que ça ne s'arrange pas. Il va falloir remédier au problème... Simplement génial et glaçant !

Professione: reporter - Profession Reporter

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Réalisé par : Michelangelo Antonioni (1912 - 2007)
En : 1975, Italie
Acteurs principaux : Jack Nicholson (1937 - ), Maria Schneider (1952 - 2011)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Le film se déroule dans le temps qui sépare les deux morts de M. Robertson : la vraie et la fausse (à moins que ça ne soit le contraire). Le genre fuyard, le Robertson. Sa (vraie) femme ne le connaît pas, ses (faux) frères ne veulent que les armes qu'il n'a pas (vu qu'en fait il était journaliste). A peine mort, tout le monde le traque en lui réclamant des comptes, le temps de quelques jours de déambulations dans les limbes du monde occidental. Le film se déroule aussi dans l'espace qui sépare deux déserts : le vrai et le faux (à moins que ça ne soit le contraire). Entre les deux : plein de belles pierres, mais pas beaucoup de chaleur humaine. Un vrai road movie à travers le purgatoire. Et en cadeau bonus : un avant-dernier plan, filmé du point de vue d'une âme, qui est le plus beau de l'histoire du cinéma.

Three Days of the Condor - Trois jours du Condor (Les)

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Réalisé par : Sydney Pollack (1934 - 2008)
En : 1975, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Robert Redford (1936 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est un agent de la CIA version bobo-cool, qui vient au boulot en motocyclette et qui sait lire - pas trop comme James Bond, donc. Son boulot, c'est même de lire des romans toute la journée, pour y dénicher des histoires qui pourraient provenir -ou être destinées à- d'autres agents comme lui. Faut vraiment être scénariste à la CIA pour inventer un truc pareil. Le pire, c'est que c'est à cause de ça que tous ses collègues se font zigouiller. Dans le genre polar-politique-parano des années 70, le film se pose là. Mais quand il commence à évoquer le pétrole du Moyen-Orient, on tend l'oreille. A croire que Pollack a trouvé son scénario en lisant les journaux des années 90. En voyant qu'il a logé son noeud de vipères dans une des deux grandes tours qui pavoisaient alors au sud de Manhattan, on se dit même qu'il a sacrément bien visé, le bougre. Au bout du compte, on est tout à fait convaincu qu'inventer la réalité, c'est un boulot dangereux.

Logan's Run - Age de cristal (L')

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Réalisé par : Michael Anderson (1920 - )
En : 1976, USA
Acteurs principaux : Peter Ustinov (1921 - 2004), Michael York (1942 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Quelque part dans le XXIIIème siècle, quelque part sous une bulle étanche, la population humaine continue de se perpétuer. Une société de jeunes gens vit là dans l'insouciance : habillés en collants-paréo à la mode 70, ils n'ont rien d'autre à faire qu'à glander dans le hall-centre commercial-club med qui leur sert de terrain de jeu, et à draguer à domicile via une espèce d'Internet full 3D. Les machines s'occupent du reste. A 30 ans, ils deviennent les héros d'une cérémonie étrange censée leur permettre de renaître après s'être littéralement fait exploser en vol. Ceux qui essaient de partir par d'autres moyens sont nettoyés vite-fait par des "limiers" d'élite. Logan est de ceux-là. Pour lui, tout irait pour le mieux dans le meilleur des enfers possibles jusqu'à ce qu'il reçoive la mission d'infiltrer ses ennemis récalcitrants et à sortir de sa bulle. Sur des ambiances proches, c'est tout de même nettement moins percutant que Soleil vert ou La Planète des signes. Mais il y a plus de minijupes.

Obsession

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Réalisé par : Brian De Palma (1940 - )
En : 1976, USA
Acteurs principaux : Geneviève Bujold (1942 - ), Cliff Robertson (1923 - 2011)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Monsieur aime les belles choses : sa maison, son épouse, les églises de Florence (où il l'a connue) et la fille qu'ils ont faite ensemble. Tout irait parfaitement dans le meilleur des paradis possibles s'il était un peu moins riche. Kidnapping de l'épouse et de la fille, demande de rançon, intervention de la police qui foire : il perd tout (sauf sa maison). Seize ans plus tard, il est toujours riche, de nouveau à Florence et face au sosie de son épouse décédée. On rembobine le film, la copie sera-t-elle meilleure que l'originale ? Ce remake sur les remakes pompe explicitement Vertigo, Rebecca, Marnie et quelques autres, en un poil plus pervers, dans l'esthétique kitsch des années 70 parfois au bord du ridicule (et pas toujours du bon côté du bord). Il se prendrait pas pour la réincarnation du gros bonhomme du cinéma, le De Palma ? C est son obsession à lui...

Last Wave (The) - Dernière vague (La)

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Réalisé par : Peter Weir (1944 - )
En : 1977, Australie
Acteurs principaux : Richard Chamberlain (1934 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

Australie, dernière gare avant la fin du monde. Il pleut des ballons de grêle dans le désert et des grenouilles sur les trottoirs. Y'a plus de saisons, c'est le monde à l'envers. Des bushmen taciturnes, restes de tribus aborigènes rescapés dans le désert des villes, en profitent pour règler leurs derniers comptes. On pressent une apocalypse liquide, on comprend qu'ils sont les seuls à savoir nager. David, avocat bien propre sur lui, en est tout éclaboussé. Alors que toute sa vie prend l'eau, il essaie, avec quelques initiés, de sauver sa mémoire du naufrage. Australie, 2h-1/4 avant le déluge. Juste le temps de réconcilier quelques barbares blancs avec le Temps du Rêve oublié.

Human Factor (The)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1979, USA
Acteurs principaux : John Gielgud (1904 - 2000), Robert Morley (1908 - 1992)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Une drôle d'histoire d'espionnage tragique, mâtinée d'humour anglais où, pour réchauffer un peu la guerre froide agonisante, on fait appel au bon vieil apartheid sud-africain, alors florissant. Le cadre, c'est la cellule africaine des services secrets anglais, peuplée de petits fonctionnaires paisibles et discrets : des Sherlock Holmes en attaché-case, des James Bond de bureau. Malgré leur volonté affichée de mettre leur vie dans des petites boîtes étanches, elle prend l'eau. Il y a des fuites. Et le téléphone, comme ailleurs, est en train de devenir l'instrument de torture le plus raffiné de ce monde raffiné. Un film pour rire, pleurer et avoir peur tout à la fois. Pour transformer tout spectateur en agent double.

Mad Max

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Réalisé par : George Miller (1945 - )
En : 1979, Australie
Acteurs principaux : Mel Gibson (1956 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 88 mn, couleur

Critique perso :

Au début, on comprend rien. Y’a des types qui se coursent les uns après les autres dans des bolides (autos ou motos) customisés, ce qui a l’air de les rendre assez hystériques. Y’a des gangs simili-punks, qui dévalisent ce qu’ils peuvent. Y’a des simili-flics, très sexys dans leur uniforme tout cuir, qui font à peu près la même chose, sauf qu’ils sont censés les chasser, quand ils ne sont pas chassés par eux. Après, on comprend que y’a rien comprendre, que c’est le chaos et que ces courses dans un sens ou dans un autre seront les seules actions à attendre. Y’a quand même un flic -Max, donc- qui a l’air d’avoir une vie en dehors de l’asphalte, mais c’est pas pour longtemps. Au moins, on sait ce qu’il aura à regretter. Ce premier épisode (nettement moins bon que le deuxième) est un peu brouillon, mais il a le mérite d’inventer une gueule qui, à ce moment-là, attire toute notre sympathie. Et de poser les bases d’un univers original, où le visuel prime sur le scénar. Y’a des fans. On passe son temps sur la route, à traverser les paysages à toute vitesse. C’est un peu comme dans le Tour de France. Mais en Australie. Et sans vélo.

Gloria

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Réalisé par : John Cassavetes (1929 - 1989)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Gena Rowlands (1930 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 123 mn, couleur

Critique perso :

Gloria a laissé passer la sienne depuis longtemps. Elle habite New York, un immeuble mal fréquenté. Justement, un de ses voisins pas clairs reçoit une visite pas sympa du tout, et la voilà qui recueille malgré elle le gamin de la famille, seul rescapé d'une pétarade. Elle le kidnappe, à moins que ce ne soit le contraire. Elle le perd, le retrouve, l'oublie, le protège, le lache, elle fait n'importe quoi. Faut dire, le petit est un mafioso en miniature, sentimental et macho à l'italiennne. Insuportable bien sûr, mais c'est pas une raison pour se faire tirer dessus. Elle, c'est une grande larguée qui ne sait plus ce qu'elle veut depuis longtemps, ni ce qu'elle vaut ni ce qu'elle a. Insuportable aussi, mais c'est pas une raison pour tirer sur tout le monde. Le film, c'est un road movie qui tourne en rond, imprévisible, flamboyant et mal foutu. C'est pas une raison pour le manquer.

Shining (The)

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Jack Nicholson (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Comme dans la Nuit du chasseur, le loup, on le voit arriver de haut, et de loin. Il s'appelle Jack, écrivain, sourcils menaçants ; il vient de dégotter un petit job peinard : jouer au gardien d'hiver dans un hôtel paumé. Il y emmène sa femme et son fils. Faut bien le dire : dans ce film, il ne se passe à peu près rien. L'hôtel est un labyrinthe aux plafonds hauts, aux tapis seventies recouvrant une splendeur passée. C'est plein de vide et de musique stessante. Certes, quelques fantômes errent dans les couloirs (et dans la chambre 237). Mais c'est surtout dans le labyrinthe bas de plafond de ses pensées que Jack se perd. Une seule question demeure sans réponse : qui lui a ouvert la porte ?

Garde à vue

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Réalisé par : Claude Miller (1942 - 2012)
En : 1981, France
Acteurs principaux : Guy Marchand (1937 - ), Romy Schneider (1938 - 1982), Michel Serrault (1928 - 2007), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 86 mn, couleur

Critique perso :

Bienvenue au réveillon du commissariat. Oui, il fait froid dehors. C'est glauque, c'est la province, quoi. Il ne manque rien, même pas le sapin de Noël à guirlandes. Le champagne, les petits fours et les noeuds papillons, c'est au rez-de-chaussée. Non, désolé, vous vous allez à l'étage, dans le bureau de l'inspecteur Gallien. Oui, c'est pour un interrogatoire. Oui, ça peut durer longtemps... Alors comme ça, vous êtes notaire de province. Et vous avez tué et violé deux petites filles... Non ? Peut-être ? Peut-être pas ? Comment ça, c'est la faute à votre dame !? Ca ne se dit pas, ces choses-là. Pas mal, la dame, d'ailleurs. Une belle silhouette de mante-religieuse. Et ça cause, et ça cause. Bon, ben moi je crois que je préfère aller me recoucher.

Blade Runner

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Réalisé par : Ridley Scott (1937 - )
En : 1982, USA
Acteurs principaux : Harrison Ford (1942 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est en 2019 que les "répliquants" (créatures artificielles créées à l'image de l'homme) les plus évolués commencent à se poser des questions métaphysiques. A cette époque-là, ils passent haut la main le test de Turing, mais ont encore un peu de mal avec celui de Voight-Kampff : un truc qui, apparemment, a à voir avec la dilatation de leur pupille sous l'effet d'une émotion (ce qui ne les empêche pas de bosser comme des brutes dans des colonies lointaines). Ca les pousse à venir demander une augmentation (de durée de vie) à leur patron, à L.A. (devenu un souk asiatique brumeux). Deckard, lui, a la pupille exercée à repérer les répliquants (peut-être bien qu'il leur ressemble un peu trop, d'ailleurs) : il est chargé d'intercepter l'ambassade. Du coup, il commence à se poser des questions métaphysiques... Un must, à voir les pupilles (et les questions métaphysiques) bien ouvertes.

Chambre en ville (Une)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1982, France
Acteurs principaux : Richard Berry (1950 - ), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Michel Piccoli (1925 - ), Dominique Sanda (1948 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 92 mn, NB/couleur

Critique perso :

Nantes, quelques années avant Lola. Grève d'ouvriers dans les chantiers navals, rififi domestique chez les bourgeois. Tout converge vers l'appartement de Mme Langlois, un antre purpurin rongé par l'ombre, à mi-chemin entre la cathédrale et la préfecture. La dame est une ex-baronne qui a perdu sa particule et ses illusions en épousant un colonel, mort depuis en Indochine. Pour éponger ses dettes et son gros-plant, elle loue une chambre à un ouvrier (en grève) et tente de rabibocher le tout récent mariage de sa garce de fille Edith. Le beau métallo se bat pour défendre ses droits (au bonheur), Edith aussi, Ils sont faits l'un pour l'autre, aussi à poil l'un que l'autre, avec ou sans fourrure. Ce film, c'est comme une pierre de volcan : dense, sombre, dure et rapeuse, très longuement cuite et recuite dans les entrailles de la terre (et du réalisateur), et qui vient exploser à la figure des tièdes. Du Demy en musique, mais sans voiles.

Draughtsman's Contract (The) - Meurtre dans un jardin anglais

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Réalisé par : Peter Greenaway (1942 - )
En : 1982, Angleterre
Acteurs principaux : Anthony Higgins (1947 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Au début, les joueurs décident de la règle du jeu et la signent devant témoin. L'équipe du château joue en blanc, le visiteur extérieur (un artiste bien conscient de sa valeur) en noir. Au milieu du film, ils changent de côté, de maillots et même de règles... Le terrain est une belle propriété, l'époque la fin du XVIIIème siècle anglais. Il est, officiellement, question de dessiner le château sous tous ses angles, tout en profitant de la châtelaine par tous les bouts. Mais, à force de dessiner ce qu'il a devant les yeux, notre challenger finit par capter ce qu'il ne devrait pas : ce qui est là et ce qui est caché, et le temps qui passe. En fait, il invente la caméra à 12 images par semaine. Pour autant, ce n'est pas toujours lui qui évalue le mieux les coups à l'avance. Pour son premier film, l'esthète Greenaway soigne tout : le scénario brillamment tarabiscoté, les dialogues subtilement enluminés, les costumes soigneusement asticotés et les cadres bien sûr, savamment géométrisés (il a même fait les dessins lui-même). Il donne cette impression de maîtrise suprème qu'il refuse à son personnage. Mauvais joueur, mais excellent cinéaste !

Rumble Fish - Rusty James

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1983, USA
Acteurs principaux : Nicolas Cage (1964 - ), Matt Dillon (1964 - ), Laurence Fishburne (1961 - ), Dennis Hopper (1936 - 2010), Mickey Rourke (1956 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 94 mn, NB/couleur

Critique perso :

Un Rebel Without a Cause prend RDV avec un autre, pour une baston de parking. Il sont partis pour nous refaire le coup de West Side Story, en version expressionniste. Mais la dérive nous fait plutôt remonter aux sources d'un Gus Van Sant.. D'ailleurs, le vrai héros, c'est pas Rusty, le cogneur en bandana, c'est donc son frère, le grand Motocycle Boy, l'ex-roi du quartier. Il est de retour, justement, après quelques années d'errance, daltonien et à moitié sourd. Il ressemble à un ange en exil, à un prince déchu. En fait, le titre anglais évoque une espèce de poissons bagarreurs. L'histoire est vue depuis l'intérieur de l'aquarium, ou du dedans d'un vieux poste de télé en noir et blanc. De dedans l'enfance éternelle du souvenir.

Vivement dimanche !

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1983, France
Acteurs principaux : Fanny Ardant (1949 - ), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Des meurtres à la pelle, un suspect tout trouvé, sa brune secrétaire qui mène l'enquête. La ville, la nuit, la pluie, le mystère pour rire. Truffaut s'amuse. C'est comme s'il récapitulait tous ses films : les détectives privés de Baisers volés, l'ascenseur de la Peau douce, l'imperméable de La Femme d'à côté, le théâtre du Dernier métro... et un Homme qui aimait (trop) les femmes. C'est comme s'il faisait des clins d'oeil : à maître Hitchcock, à maître Hawks, à L'Ange bleu et aux Sentiers de la gloire. Et c'est comme si, aussi, il rendait hommage à la langue française, en casant dans les dialogues le plus grand nombre possible d'expressions idiomatiques. Et il s'en va (c'est son dernier film) dans un sourire.

Amadeus

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Réalisé par : Milos Forman (1932 - 2018)
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Tom Hulce (1953 - ), Jeffrey Jones (1946 - ), F. Murray Abraham (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 160 mn, couleur

Critique perso :

Biopic d'un certain Mozart, par le petit bout de la lorgnette (mal embouchée) d'un de ses rivaux, un certain Salieri. Salieri, c'est le roi des médiocres, le génie des nazes. Il veut mettre son (petit) talent musical au service de Dieu, en échange d'1/4h (voire plus si possible) de gloire. Mais Dieu s'en fout. Mozart, lui, n'a rien demandé et il a tout reçu -même le droit d'être vulgaire. Alors, à défaut d'être aimé de Dieu (comme Ama-deus), Salieri devient le devil-ex-machina de la vie de l'autre. Tout en l'admirant secrêtement, il le harcèle, le torture, l'assassine au petit feu du travail. Il venge ainsi tous ses frères humains qui ne naissent pas, quoi qu'ils en disent, libres et égaux en dons. Après un tel film, le silence est encore du Mozart, mais le malaise est encore du Salieri.

Bianca

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 1984, Italie
Acteurs principaux : Laura Morante (1956 - ), Nanni Moretti (1953 - ), Remo Remotti (1924 - 2015)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 96 mn, couleur

Critique perso :

Michele Apicella (cf. épisodes précédents) est nommé prof de maths dans un collège romain modèle (juke box dans les salles de classe et psy à demeure pour les enseignants), et il continue à faire la tronche. Le monde tel qu'il est, ou devrait être, c’est toujours trop pour lui. Il serait peut-être un peu rigide sur les bords, d’ailleurs il n’aime que le chocolat et les chaussures des femmes. Même Bianca, la prof de français plus que modèle (d’ailleurs elle a de très jolies chaussures) qu’il arrive à draguer, elle est trop pour lui. Le couple, l’amour, c’est vraiment des trucs qui l’obsèdent et le dépassent. D'ailleurs, c’est jamais comme il faut, toujours trop ou pas assez bien. Eternel inadapté, rigide sur les bords, l'esprit pas très bianco. Débordé de partout, le Michele.

Forbrydelsens element - Element of Crime (The)

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Réalisé par : Lars von Trier (1956 - )
En : 1984, Danemark
Acteurs principaux : Preben Lerdorff Rye (1917 - 1995)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 104 mn, couleur

Critique perso :

Fisher est un drôle de pêcheur en eaux troubles. Celles de sa mémoire, surtout, qui a l'air un peu perturbée. On y pêche quelques cadavres et un vieux prof, auteur d'un manuel pour enquêteurs (Element of Crime). Fisher, c'est celui qui passe de la théorie à la pratique. Il se lance donc sur les traces d'un certain Harry Gray, tueur en série potentiel, en prenant soin de faire tout comme lui, et de ne jamais voir la lumière du jour. C'est risqué mais ça marche -au cinéma, en tout cas. Le film entier, d'ailleurs, est en noir et mordoré -surtout en noir, en fait, et très beau. L'enquête, elle, est aussi fumeuse que celle d'Alphaville, et sous influence Borgès et Troisième homme. Le jeune homme qui a commis ça a visiblement lu tous les bons manuels de cinéma, il n'a peur ni de la théorie ni de la pratique, ni des plongées en eaux troubles -ça lui resservira !

Hit (The)

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Réalisé par : Stephen Frears (1941 - )
En : 1984, Angleterre
Acteurs principaux : John Hurt (1940 - 2017), Fernando Rey (1917 - 1994), Tim Roth (1961 - ), Terence Stamp (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Trois hommes (et occasionnellement une femme) sont dans une voiture. En fait, deux d'entre eux ont la mission de tuer le troisième. Mais pas tout de suite. Pas trop vite. La vengeance, en Espagne, se boit frappée. Le troisième, il a joué à la balance, dans un tribunal anglais, 10 ans avant. Depuis, il a migré plein sud, s'est mis à lire, à réfléchir et à attendre. Les deux autres n'ont visiblement pas utilisé leur temps de la même façon. Mais chacun a ses petites faiblesses. Ce road-movie de croix avec virages dangereux, crochets imprévisibles et stations sanglantes intégrés, pratique l'humour noir au grand air, et cueille à froid en plein soleil.

Once Upon a Time in America - Il était une fois en Amérique

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Réalisé par : Sergio Leone (1929 - 1989)
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Robert De Niro (1943 - ), Joe Pesci (1943 - ), James Woods (1947 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /portrait d'époque (après 1914) /épique pas toc
Caractéristiques : 229 mn, couleur

Critique perso :

Noodles fume de l'opium. Non pas pour oublier, mais pour se souvenir d'oublier éternellement. Oublier éternellement sa jeunesse de James Cagney, apprenti parrain sur les trottoirs de New-York. Oublier Deborah, celle qu'il a toujours aimé, celle qui n'a jamais voulu de lui. Oublier Max, celui qu'il a toujours aimé, celui qu'il a trahi. En fait, ce qu'il ne lui pardonnera jamais, à Max, c'est qu'il est encore plus fort que lui : Max, il a réussir à trahir une trahison. En quelques décennies, il en est passé du sang sous le pont de Brooklyn. Oublier éternellement que la clé du coffre est restée cachée dans le balancier de la pendule, comme toujours, même si le magot s'est envolé. La version western du mythe de l'ouest était une histoire de vengeance. La version noire, c'est une histoire de vengeance contre soi-même. Noodles en rit encore.

Trouble in Mind - Wanda's cafe

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Réalisé par : Alan Rudolf (1943 - )
En : 1985, USA
Acteurs principaux : Geneviève Bujold (1942 - ), Keith Carradine (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

On dirait un vieux film noir -peut-être même un western- vaguement modernisé et relooké... Dans le saloon de Wanda -le genre revenu de tout-, donc, on trouve un ancien flic -le genre arrivé de nulle part- et un jeune couple -le genre à trainer partout. Un peu d'amour, un peu de trafic, un peu d'embrouille et le destin s'emballe une fois de plus pour ceux-là. Ils donnent l'impression de vivre une histoire écrite pour d'autres, de faire et refaire des gestes ancestraux presque malgré eux. La routine des tragédies humaines, quoi...

Down by Law

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Réalisé par : Jim Jarmusch (1953 - )
En : 1986, USA
Acteurs principaux : Roberto Benigni (1952 - ), John Lurie (1952 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 107 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire de trois mecs. Une belle bande de d'innocents vauriens qui, au bout d'1/4h de film, partagent la même cellule merdique d'une prison de la Nouvelle Orléans. Trois mecs, trois genres. Y'en a un qui sait écouter les filles sans rien dire (il est maquereau). Un autre, il sait très bien si besoin parler pour ne rien dire (il est DJ dans une station de radio) mais en général, il ne la ramène pas trop non plus. D'ailleurs, ces deux-là, c'est un peu les deux côtés d'une même médaille, celle des vrais mecs merdiques qui énervent les filles. Le vrai autre, c'est le troisième : un étrange étranger, un petit mec pas viril et rigolard qui apprend la langue et, du même coup, remet les compteurs sémantiques de tout le monde à zéro. Il ne sait rien faire (ni nager, ni chasser, ni parler correctement), et c'est lui qui fait tout mieux que tout le monde, même chopper les filles. Mais en fait c'est normal, c'est le seul qui sait les écouter. Trois mecs et un oeil de femme pour finir : pas assez pour passer le test de Bechdel, mais on n'arrive pas à lui en vouloir.

Matador

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Réalisé par : Pedro Almodovar (1949 - )
En : 1986, Espagne
Acteurs principaux : Antonio Banderas (1960 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

C'est l'histoire de deux serial killers très glamours, des corrida-addicted qui ne jouissent qu'en sacrifiant leur partenaire. Ils sont donc tout naturellement faits depuis la nuit des temps pour s'embrocher mutuellement à la mode Escamillo dans un orgasme sublime... Eros et Thanatos sont potes, on le sait au moins depuis Duel au soleil. Avec ce film, Almodovar a voulu faire son Pandora pervers (clone d'Ava Gardner compris). Il y a mis toutes les névroses de l'Espagne : l'Opus Dei, les mères abusives et les arènes de sable chaud. Dans cette succession de couples en rouge et noir, anges et démons se bousculent : lesquels sont les taureaux, lequels sont les toreros ? C'est pas toujours clair. Le film est un tantinet abstrait et théorique. Pas si mal pour un quasi-débutant.

Dead (The) - Gens de Dublin (Les)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1987, USA
Acteurs principaux : Angelica Huston (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 79 mn, couleur

Critique perso :

Un soir de réveillon en bonne compagnie à Dublin, 1904. Des vieilles tata-gateaux, leur neveu chéri, raisonnable et éloquent, quelques artistes sur le retour, quelques jeunes gens plein d'avenir, quelques parasites. Et quelques fantômes. Dehors, il neige. Dedans, tout est en ordre. Chacun y va de sa petite performance, près du piano ou du whisky. Des conversations anodines, de la musique et du pudding. Rien. Dans cet océan de bienséance, errent pourtant les ombres blanches de passions endormies. De secrets du coeur qui affleurent, tels des icebergs à la dérive. D'autres vies possibles qui refont surface, après la fête. D'autres mondes, d'autres gens. Aux côtés des vivants déjà morts, il y a des morts bien vivants. Qui étaient cachés dans l'ombre, ce soir-là, pour ce réveillon en bonne compagnie à Dublin, en 1904.

Wong gok ka moon - As Tears Go By

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Réalisé par : Kar-wai Wong (1958 - )
En : 1988, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Maggie Cheung (1964 - ), Andy Lau (1961 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Une histoire d'amour entre deux petits gansgters encore en apprentissage, une autre histoire d'amour entre l'un d'eux et sa gentille cousine. Le gars est en short-tongs-tee shirt, la fille est jolie. C'est à peu près tout. Des bastons au ralenti, des cigarettes en gros plan qui ne sont pas pressées de brûler. Des couteaux, des dominos et des pistolets, qui finissent bien par se rencontrer. C'est à peu près tout. Un Mean Street du pauvre en idéogrammes très déchiffrables, parce qu'écrit dans la langue d'un poète de l'image. Encore en apprentissage, mais déjà ceinture noire de mélancolie. Chez lui, le temps a toujours plein de bonnes raisons de s'arrêter, et il s'arrête souvent. C'est à peu près tout, c'est déjà suffisant pour qu'on ne l'oublie jamais.

Batman

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Kim Basinger (1953 - ), Michael Keaton (1951 - ), Jack Nicholson (1937 - ), Jack Palance (1919 - 2006)
Genre(s) : New York - New York /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une drôle de chauve-souris s'est installée à Gotham City, cette Metropolis du passé qui se serait inventée un futur. Elle s'appelle Batman, et se déguise occasionnellement en homme ordinaire, très riche et très chiant. Un héros aux deux visages, donc, qui ne serait à l'aise qu'avec les affaires à tiroir et les personnalités doubles (voire plus si affinités). Le Joker, comme son nom l'indique, est assez doué dans ce domaine : l'homme qui rit (de se voir si laid en son miroir) serait-il enfin un adversaire à la mesure de Batman..? Des personnages de cartoon camouflés en acteurs, jouant aux petites voitures vernies dans un New-York en légos sculptés.

Crimes and Misdemeanors - Crimes et délits

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Alan Alda (1936 - ), Woody Allen (1935 - ), Claire Bloom (1931 - ), Mia Farrow (1945 - ), Angelica Huston (1951 - ), Martin Landau (1931 - 2017)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'était au temps où Woody Allen n'avait aucun mal à nous faire croire à son désarroi de voir Mia Farrow lui échapper. Et où il faisait des rêves (c'est-à-dire des films) graves et douloureux, pleins de couloirs sombres, de crimes impunis et d'imposteurs adulés, sous l'oeil absent du Dieu de son enfance. Faux semblants et illusions d'optiques (tout est dans le regard, évidemment). Singin' in the Rain contre Une Place au soleil. Pour bien enfoncer le clou, la construction du film est "binoclaire" : deux histoires parrallèles qui ne se rejoignent qu'à peine, à la fin -sauf que l'une pourrait être un film réalisé par le personnage de l'autre. Des éclats de rire (éblouissants !) dans un joyau de mélancolie.

Kuroi ame - Pluie noire

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Réalisé par : Shohei Imamura (1926 - 2006)
En : 1989, Japon
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

Hiroshima, seconde zéro. Ben oui, le cinéma peut montrer ça, aussi -façon Retour des morts vivants. Pas de chance, Yasuko y était, -avec son oncle et sa tante. Ils ont survécu. 5 ans plus tard : apparemment, la communauté des hommes s'est reconstituée, la nature a repris son cours. Mais pas besoin de gratter beaucoup pour voir les cicatrices, les malaises, les soupçons. Les "irradiés d'après" sont toujours fatigués. Malgré ses certificats de santé et sa beauté, Yasuko ne trouve pas de mari. Le poison atomique prend son temps, mais il n'oublie personne. La mort lente est au travail, dans les corps et dans les têtes. On dirait du Ozu (conta)miné de l'intérieur par un ver invisible, saoûlé au désespoir calme.

Sono otoko, kyobo ni tsuki - Violent cop

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 1989, Japon
Acteurs principaux : Takeshi Kitano (1947 - ), Susumu Terajima (1963 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Une histoire de petits délinquants et de grands dealers. L'affrontement d'un policier autiste, en guerre contre tout le monde, et d'un tueur sadique. La confrontation entre des yakusas pourris et des flics pourris. La violence anonyme de la ville, la froideur de la nuit. Des corps et des murs. Une histoire de douleurs muettes, aussi, de coups de poing et de coups de feu. Pour respirer (un peu) : la mer, et Chagall (mais pas plus de 2mn). Très prometteur et aussi noir que son humour, c'est dire.

Godfather: Part III (The) - Parrain III (Le)

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Helmut Berger (1944 - ), Andy Garcia (1956 - ), Diane Keaton (1946 - ), Jo Mantegna (1947 - ), Al Pacino (1940 - ), Remo Remotti (1924 - 2015), Raf Vallone (1916 - 2002), Eli Wallach (1915 - 2014)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 162 mn, couleur

Critique perso :

20 ans plus tard... Désormais, Michaël est clean : plus rien d'illégal dans son activité, il est simplement devenu capitaliste immobilier. Il est aussi diabétique, papa gateau et en quête de rédemption. Il a bien un neveu un peu turbulent qui voudrait renouer avec les bonnes vieilles méthodes (ça, c'est le côté Mean Street) mais lui préfère traiter avec les huiles de la finance et du Vatican (ça, c'est le côté Tempête à Washington et Le Cardinal). Son seul fiston veut devenir chanteur lyrique, et ne trouve rien de mieux à faire que d'entraîner tout le monde dans une représentation piégée (ça, c'est le côté Homme qui en savait trop). Mais Michaël en a vu d'autres : malgré ses cheveux blancs, il a encore de l'allure et pourrait bien re-séduire Kay (ça, c'est le côté Dallas). Le crépuscule de la lignée vaut bien un dernier opéra.

Miller's Crossing

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Réalisé par : frères Coen
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Gabriel Byrne (1950 - ), Albert Finney (1936 - ), Marcia Gay Harden (1959 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Chicago, la Prohibition. Deux bandes rivales, des alliés douteux, des politiciens véreux, une poule et un conseiller des princes très écouté : Tom. Ses faiblesses : les courses, le whisky et son grand coeur d'artichaud. Ses armes : savoir très bien encaisser les coups de poing et savoir encore mieux convaincre ses interlocuteurs qu'il est plus intelligent qu'eux. Face aux mitraillettes, il s'en sort pas mal, le beau Tom, sauf à la fin où il se trouve réduit à la dernière extrémité : tirer un coup de feu sur un de ses semblables... On est dans le rêve d'un grand ado retors et malicieux qui aurait trop regardé "les incorruptibles" et on aime ça !

Wild at Heart - Sailor et Lula

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Nicolas Cage (1964 - ), Willem Dafoe (1955 - ), Laura Dern (1967 - ), Freddie Jones (1927 - ), Sheryl Lee (1967 - ), John Lurie (1952 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Sailor est un jeune homme à la peau de serpent, mais au sang (très) chaud. Lula est une délicieuse évaporée qui a toujours l'air d'étouffer dans ses mini-fringues. Ils brûlent rien qu'à se regarder. Leurs vieux n'aiment pas ça et, ayant crâmé plus d'un cable, leur collent quelques tueurs et mauvaises sorcières au derrière. Alors, les p'tits jeunes qui n'ont pas (non plus) froid aux yeux, font comme on fait chez eux : go west, santiags au plancher. Ce remake rock n' roll hot du Magicien d'Oz nous embarque encore au coeur des ténèbres américaines, à la rencontre des bouseux, des zombies et des fêlés. Au coeur du brasier, là où se cuisent les vieilles soupes et où se tordent les vieilles lames, là où se forgent les mythes nouveaux.

Barton Fink

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Réalisé par : frères Coen
En : 1991, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), Judy Davis (1955 - ), John Goodman (1952 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

Barton, dramaturge qui en a sous la tignasse, vient de triompher sur les planches de New-York avec sa pièce : une histoire de vrais gens. Hollywood, en plein âge d'or, l'appelle. Sur place, sans doute pour ne pas perdre le contact avec les vrais gens, il prend un hôtel hors du temps. Un nabab lui passe commande d'un scénario de film de catch - c'est dans ses cordes, ça le catch, avec des vrais gens... Barton retourne à ses p(l)ages blanches et au papier peint de sa chambre. Hors le monde, hors la vie -sauf celle de son encombrant et bavard voisin de pallier. Quand, enfin, il arrive à attirer dans son lit la muse d'un grand-écrivain-du-sud-alcoolo (toute ressemblance avec un auteur dont le nom commence par Faulk...), la mécanique dramatique folle démarrre enfin. Barton se laisse alors un peu déborder par son encombrant et bavard voisin de synapse... Méfiez-vous des réalisateurs à tignasse : ils sont capables de faire de grands films avec des tocards.

Tacones lejanos - Talons aiguilles

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Réalisé par : Pedro Almodovar (1949 - )
En : 1991, Espagne
Acteurs principaux : Victoria Abril (1959 - ), Féodor Atkine (1948 - ), Javier Bardem (1969 - ), Miguel Bosé (1956 - ), Marisa Paredes (1946 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

J'ai une théorie sur Almodovar : il me semble que ses personnages sont toujours travaillés par l'idée d'être quelqu'un d'autre. Aucun de ses films ne l'illustre mieux que celui-ci. Voici donc : une fille qui a toujours envié sa mère artiste (la mère lui a refait le coup de Sonate d'automne), un travesti compatissant, un juge qui joue à être son propre indic (et encore, je ne vous dit pas tout), et un mort qui aimait les femmes et que peu de monde regrette. Enfermés dans leur rôle, dans leur tête ou en prison, ceux-là ne sont à l'aise qu'en changeant d'identité par le travestissement, l'art et la dissimulation (et le sacrifice, aussi !). L'émotion, les couleurs et la musique sont aussi de la partie, comme pour un magnifique feu d'artifices tragique.

Player (The)

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Karen Black (1939 - 2013), John Cuzack (1966 - ), Peter Falk (1927 - 2011), Peter Gallagher (1955 - ), Jeff Goldblum (1952 - ), Angelica Huston (1951 - ), Jack Lemmon (1925 - 2001), Andie MacDowell (1958 - ), Malcolm McDowell (1943 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008), Tim Robbins (1958 - ), Alan Rudolf (1943 - ), Greta Scacchi (1960 - ), Dean Stockwell (1936 - ), Bruce Willis (1955 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Griffin Mill (Mr. M pour les intimes) est un enfoiré de 1ère classe de Sunset Blvd. Il assure la lourde tâche de choisir, pour le compte d'un grand studio hollywoodien, les quelques heureux Lauréats dont le scénario sera produit. Evidemment, son costume de Citizen Kane fait des rancuniers et des envieux : il travaille au milieu d'une bande de Freaks qui ne pensent qu'à prendre sa place. Un soir, dans un accès de panique, il fait une grosse connerie irréparrable (de plus). Certes il a eu, juste avant, le temps d'échanger quelques mots au téléphone avec un Ange bleu. Mais, le moindre Témoin à charge pourrait le faire tomber. En fait, il a La Corde au cou... Quant à Altman, lui, il s'amuse : non content de battre haut la main le record, précédemment détenu par La Soif du mal, du plus long plan séquence d'ouverture, il s'attaque aussi à celui du plus grand nombre de citations (visuelles ou sonores) de films anciens dans un film (j'ai oublié : il y a aussi Le Voleur de bicyclette). Et il montre par la même occasion que le cinéma n'est pas -toujours- fait par des cons.

Twin Peaks: Fire Walk with Me - Twin Peaks - les 7 derniers jours de Laura Palmer

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Sheryl Lee (1967 - ), David Lynch (1946 - ), Kyle MacLachlan (1959 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

Evidemment, avant le film il y a eu la série, qui raconte ce qui se passe après. Alors, dès le début, le rouge est mis. C'est comme si le compte à rebours était enclenché, la bombe à retardement amorcée, mais au ralenti. Pourtant, filmer le destin en marche ne suffit pas, il faut aussi en montrer les esprits maléfiques et les demi-Dieux, les démiurges et les oracles. Or, les oracles ne sont pas fameux, on prédit qu'une jeune fille sera sacrifiée. Que d'ailleurs, c'est déjà fait, et qu'en plus la jeune fille est de toute façon pervertie jusqu'au trognon. Le FBI est sur le coup, avant même qu'il se soit passé quelque chose. Lynch inaugure ici son costume de grand chamane de l'inconscient, et s'offre une apparition en personnage aussi sourd qu'Homère était aveugle. Twin Peaks -le film-, c'est un peu l'Olympe assassiné par le soap opéra, et brillamment repêché par le cinéma.

Short Cuts

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 1993, USA
Acteurs principaux : Peter Gallagher (1955 - ), Jennifer Jason Leigh (1962 - ), Jack Lemmon (1925 - 2001), Andie MacDowell (1958 - ), Frances McDormand (1957 - ), Julianne Moore (1960 - ), Tim Robbins (1958 - ), Madeleine Stowe (1958 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 187 mn, couleur

Critique perso :

Ca commence par une campagne de projection massive d'insecticide par hélicos (façon Apocalypse Now) et ça finit par un tremblement de terre. Bref, on est un peu comme dans Le Septième sceau : en sursis très provisoire de la colère du ciel. Que font les humains de L.A., en attendant ? Pas mal de bêtises. Ils s'agitent, s'énervent, vont à la pêche aux truites et aux coeurs, pleurent leurs amours perdues. Le temps de quelques heures, des secrets bien noyés referont surface, le petit Finnegan ne se réveillera pas... Altman met à nu ses personnages : depuis Nashville, on ne l'avait jamais vu aussi en forme avec autant de monde. Son incroyable montage réussit à ménager de multiples passerelles entre de multipes histoires. Plein de petites choses qui finissent par faire un grand film.

Exotica

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Réalisé par : Atom Egoyan (1961 - )
En : 1994, Canada
Acteurs principaux : David Hemblen , Arsinée Khanjian (1958 - ), Elias Koteas (1961 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Les personnages d'Egoyan sont des passeurs de frontières et des inventeurs de rituels -les deux sont liés, sans doute. Ils ont franchi quelques bornes, tutoyé des gouffres, perdu quelque chose d'irremplaçable. Alors, pour soigner leurs obscures blessures, ils s'inventent des conjurations tout aussi obscures. Leur cérémonie favorite consiste à répéter inlassablement certains gestes fétiches, certaines actions qui sont leur madeleine à eux. Ils vivent dans des bulles, inacessibles les uns aux autres et la métaphore de l'aquarium, de l'oeuf ou de la pièce truffée de miroirs sans tain (ce qui revient au même) matérialise leur condition. Dur dur d'être heureux dans ce monde-là, baigné d'ambiance lourde et capiteuse. Et impossible d'oublier le strip-tease d'une fausse écolière quand Léonard Cohen chante "Everybody knows"...

J'ai pas sommeil

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Réalisé par : Claire Denis (1948 - )
En : 1994, France
Acteurs principaux : Béatrice Dalle (1964 - ), Alex Descas (1958 - ), Yekaterina Golubeva (1966 - 2011), Laurent Grévill (1961 - ), Line Renaud (1928 - )
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Paris la nuit comme un écosystème, la niche écologique naturelle de tous les déplacés, les déclassés, les déphasés, tous ceux qui ne devraient pas y être et qui y sont quand même. Par malchance, par amour ou par hasard, ce qui revient souvent au même. Pour tenir, ils ne se battent pas tous avec les mêmes armes (l'action, le charme, le silence ou le couteau, à votre guise), mais tous ils essaient. Ca ne réussit pas souvent, ou pas longtemps. Entre eux, ils se croisent beaucoup et se ratent encore plus. Avec eux-mêmes, c'est pareil. Claire Denis sait capter comme personne des corps, des décors et des ambiances, et comment tout s'assemble et se mélange. Les gueules et les atmosphères, c'est son créneau. Son film a le goût des nuits blanches amères et la texture des petits matins passés au javel.

Little Odessa

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Réalisé par : James Gray (1969 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Vanessa Redgrave (1937 - ), Tim Roth (1961 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Little Odessa, Brooklyn, New-York. Joshua y est né, y a aimé, y a tué. Ca a dû lui plaire, il en a fait son métier. Pour cela, son père l'a bani et renié. Mais il est pourtant de retour, pour un contrat. Et pour revoir sa maman et son petit frère. Little Odessa : il neige et il fait froid, comme là-bas mais en moins pire, sans doute. Les petits Parrains y reignent -comme là-bas aussi, sans doute. Ici, les juifs sont d'ici sans en être, comme partout. Ils aiment, ils souffrent, ils tuent, comme tout le monde. A la recherche de son Eden perso, du vert paradis de ses amours enfantines, Joshua ne trouve que désolation et éternel recommencement du malheur. Une antique tragédie biblique déguisée en polar noir -ça lui va bien.

Petits arrangements avec les morts

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Réalisé par : Pascale Ferran (1960 - )
En : 1994, France
Acteurs principaux : Charles Berling (1958 - ), Didier Sandre (1946 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 104 mn, couleur

Critique perso :

Trois personnes en short sur la plage de Bénodet. Sauf qu'ils ne sont pas vraiment en vacances, ils sont en plein travail : en plein travail de deuil. Chaque jour de l'été, tels des Sisyphe en maillot de bain, ils re-bâtissent le chateau de sable qui affrontera le flux et reflux des marées. C'est que leur sablier à eux est un peu enrayé. Chaque jour de leur vie, en silence, ils affrontent la blessure secrète planquée au fin fond de leur enfance. Construit sur le mode de l'analogie, c'est à la fois un tryptique et un puzzle, à la fois sur les morts et sur les vivants. A la fois tout neuf et incroyablement familier. Comme un souvenir éternellement rejoué.

Duo luo tian shi - Anges déchus (Les)

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Réalisé par : Kar-wai Wong (1958 - )
En : 1995, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Takeshi Kaneshiro (1973 - ), Leon Lai (1966 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 92 mn, NB/couleur

Critique perso :

Les anges, comme les vampires, sortent plutôt la nuit et ne causent pas beaucoup. Ils remplissent avec beaucoup de sérieux des boulots étranges : auto-employé clandestin de magasin pendant les heures de fermeture, nettoyeuse d'appartement de fonction pour tueur à gages, emmerdeuse professionnelle. Ils ont des partenaires de travail -voire plus si affinités- qu'ils mettent beaucoup de soin à ne jamais rencontrer. La plupart du temps (qui, au pays de Wong, ne s'écoule jamais tout à fait comme ailleurs), ce sont des oiseaux de nuit au regard las, des marginaux qui ne se promènent jamais très loin d'une balle perdue. A moins que ce ne soient des hommes perdus, jamais très loin des balles gagnées. Cette histoire était prévue pour être la troisième de Chunking Express. La solitude, comme à ses personnages, lui sied bien.

Land and Freedom

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Réalisé par : Ken Loach (1936 - )
En : 1995, Angleterre
Acteurs principaux : Ian Hart (1964 - ), Frédéric Pierrot (1960 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914) /épique pas toc
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Liverpool 1995 : un vieil homme meurt, ça n'intéresse pas grand monde à part sa petite-fille. Espagne, 1936 : le même, en plus jeune, militant communiste enthousiaste, vient offrir ses petits bras à la cause républicaine. Il rejoint le POUM, un groupe de prolétaires de tous pays unis dans la lutte, un peu anars, un peu révolutionnaires, rouges et noirs comme leurs foulards. Le problème, c'est qu'on ne fait pas une bonne révolution avec de bonnes intentions. Il faut aussi apprendre à utiliser des pétoires, à se méfier de ses alliés et à essayer de suivre les aléas des intérêts russes. Ken Loach est bien le seul à être capable de démèler dans un film les querelles crypto-trotkistes. Il est le seul à pouvoir faire sentir ce que frères d'armes veut dire. Il est le seul à filmer l'histoire comme un documentaire, et à voir dans les papys de son pays des héros pour la jeunesse d'aujourd'hui.

Fargo

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Réalisé par : frères Coen
En : 1996, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), William H. Macy (1950 - ), Frances McDormand (1957 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Au commencement était l'écran blanc. Puis surgit la voiture, la télé et le hamburger. Bienvenue à Fargo enneigé, nombril du non-monde. Dans ce trou, quelques non-vivants essaient de patauger comme ils peuvent. Ce mari aux abois, par exemple, et les deux complices aussi nazes que lui qu'il s'est trouvé : un grand taiseux et une petite teigne bavarde -ce serait beaucoup dire qu'il est le cerveau de la bande. Quelques cadavres plus tard, entre dans l'histoire une espèce de Colombo féminin, enceinte jusqu'aux yeux -la seule qui a l'air dans son élément dans la nullité ambiante. Avec ce grand film sur la frustration des nuls, les Coen Brothers inventent l'humour blanc : le contraire de l'humour noir, en pire. Et dire que le réchauffement climatique risque de nous priver de ce genre d'horreurs réfrigérées.

Hana-bi

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 1997, Japon
Acteurs principaux : Takeshi Kitano (1947 - ), Susumu Terajima (1963 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Nishi est un flic taciturne, plus à l'aise avec les coups qu'avec les mots (2 lignes de dialogue dans tout le film) et plus habile avec les yakusas qu'avec les sentiments (2 secondes de sourire dans tout le film). A la suite d'une négligence, il envoie toute son unité à l'hôpital et démissionne de la police. C'est alors qu'il se voit confier la mission la plus difficile de sa carrière : distraire sa femme, à qui il ne reste que quelques mois à vivre. Alors, il règle ses derniers comptes et entame un road movie vers nulle part, mais au bord de la mer -lieu de tous les sursis chez Kitano. Dans ce monde-là, on ne cause pas (Monsieur), on ne pleure pas. On joue, on fuit, ce qui revient au même. Les hommes sont des handicapés, des empotés du coeur. Des convalescents en exil d'eux-mêmes, des jolies fleurs dans des peaux de bête, des tournesols à l'ombre. Dans ce monde-là, les humains ont la nostalgie de l'avoir été.

L.A. Confidential

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Réalisé par : Curtis Hanson (1945 - 2016)
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Kim Basinger (1953 - ), Russell Crowe (1964 - ), Danny DeVito (1944 - ), Kevin Spacey (1959 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 138 mn, couleur

Critique perso :

Trois cops de Los Angeles années 50, entre glamour et trafics. Trois styles : le costaud cogneur aux yeux de chien battu, le mondain compromis avec la presse, le premier de la classe à lunettes. Des stars (Lana Turner, Rita Hayworth, Veronica Lake) qui font de la figuration -à moins que ça ne soit leur sosie, on n'en sait rien, c'est du cinéma. De l'amour et du sang. Une belle histoire tordue comme on n'en avait plu vu depuis Le Grand Sommeil (cette fois, en écoutant bien, on arrive même à savoir qui a tué le chauffeur !). Une variation sur le thème de la légitime violence qui vaut bien celle de Rio Bravo. Un grand film comme, heureusement, on en fait encore !

Festen

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Réalisé par : Thomas Vinterberg (1969 - )
En : 1998, Danemark
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

C'est la fête chez les grands bourgeois. Le patriarche a 60 ans, une gentille femme, de beaux enfants, une superbe demeure avec domestiques au sous-sol. Et, comme il se doit, de magnifiques secrêts honteux qui ne demandent qu'à sortir. C'est l'aîné, Christian, qui leur ouvre la porte. C'est les employés du sous-sol qui le soutiennent. C'est tous les autres qui se précipitent pour colmater. Alors bon, certes, la non-réaction des invités -pas très crédible, j'espère- sent la figuration bon marché. Alors aussi, la beaufferie du frangin -qui n'a même pas l'excuse d'être un faux-frère- est lestée à tous les métaux les plus lourds. En fait, les vidéos de famille des autres -surtout quand le petit cousin qui filme se prend pour un artiste- sont rarement supportables très longtemps. Sauf peut-être quand la famille elle-même est pire. Peut-être le seul film pour lequel le canular Dogme 95 méritait d'être inventé.

Thin Red Line (The) - Ligne rouge (La)

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Réalisé par : Terrence Malick (1943 - )
En : 1998, USA
Acteurs principaux : Adrien Brody (1973 - ), John Cuzack (1966 - ), Elias Koteas (1961 - ), Sean Penn (1960 - ), John C. Reilly (1965 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

Des hommes, des crocodiles et des grands arbres. On entend des chants indigènes qui ont l'air de souhaiter la bienvenue au paradis. Mais derrière la colline, un peu plus loin, il y a des japonais et des canons. C'est la guerre à Guadalcanal, Hollywood y a dépêché un bataillon de ses meilleurs représentants (mâles exclusivement). Ce sont des soldats qui, le matin en se rasant ou le soir au coin du feu, parlent du sens de la vie plutôt que de leurs photos de pin-up. Des hommes qui doutent, qui pensent donc qui sont. La ligne rouge, c'est sans doute celle qui les sépare de la nature. Ou de leur propre nature, de leur propre barbarie. Ou de leur propre mort. C'est la ligne à suivre pour aller derrière la colline. En tout cas, de celles qu'on franchit diffcilement, à contre coeur. C'est la ligne de l'ennemi, c'est son sang -ou le mien. Un film de guerre philosophique, beau, terrible et assez pompeux, comme il se doit.

Gosford Park

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Alan Bates (1934 - 2003), Helen Mirren (1945 - ), Kristin Scott Thomas (1960 - ), Maggie Smith (1934 - ), Emily Watson (1967 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

Les voitures sont de 1930, le manoir et ses meubles sont victoriens, ses occupants le temps d'un week-end de la plus haute lignée du genre homo britannicus. Il y a une armée de domestiques, aussi, mais à l'étage au dessous. Les infos, les services, les frustrations et les désirs circulent dans tous les couloirs et tous les escaliers, de bouche à bouche et de mains en mains, de haut en bas et de bas en haut. Ca mange et ça parle, aussi. Le maître de céans a tellement d'ennemis dans la place qu'il réussit à se faire assassiner plusieurs fois... On dirait parfois le script de La Règle du jeu rewrité par Agatha Christie. A d'autres, c'est un ballet de marionnettes en maison de poupées grandeur nature. Tout le temps, c'est une caméra en liberté dans une prison dorée.

Lantana

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Réalisé par : Ray Lawrence (1948 - )
En : 2001, Australie
Acteurs principaux : Barbara Hershey (1948 - ), Anthony LaPaglia (1959 - ), Geoffrey Rush (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

Il semblerait que le lantana soit un buisson australien, une sorte de rosier avec des roses petites et des épines beaucoup. Il semblerait que les quadras australiens soient autant en désarroi que partout ailleurs. Ils parlent, ils font. Ils savent très bien ce qu'ils font. Ils savent très bien ce qui (les) fait souffrir, mais ils ne sont pas foutus de faire autrement. Ni de dire ce qu'ils ont à dire à ceux qui doivent l'entendre. Petites lâchetés, petites méprises, gros dégâts. Il y a une victime, il y a une enquête, mais là n'est pas l'essentiel. L'essentiel est dans la mosaïque des désirs frustrés, dans le puzzle des impuissances rageuses, dans le lantana des coeurs déchirées.

Man Who Wasn't There (The) - Barber (The)

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Réalisé par : frères Coen
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Frances McDormand (1957 - ), Billy Bob Thornton (1955 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Le coiffeur, dans les films, c'est au mieux un second rôle. Ed, lui, rêve d'une Place au soleil. Il n'est pas causant, notre coiffeur. Il écoute, il observe. Il regarde les cheveux pousser, s'émerveille que ça continue même après la mort. D'ailleurs, il est peut-être déjà mort. Ou alors, ce sont les autres qui le sont. Le monde selon Ed est un peu étrange. Pour changer de vie, il tente bien une ou deux choses. Mais alors, invariablement, des hommes très sérieux en costume 3 pièces viennent lui annoncer des trucs horribles : la prison, la mort. Un remake prolétaire et somnambulique de Noblesse oblige qui est aussi la meilleure adaptation que je connaisse de l'Etranger de Camus, à la sauce noir(e).

Stanza del figlio (La) - Chambre du fils (La)

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 2001, Italie
Acteurs principaux : Laura Morante (1956 - ), Nanni Moretti (1953 - ), Silvio Orlando (1957 - ), Jasmine Trinca (1981 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 99 mn, couleur

Critique perso :

Tout va pour le mieux dans la meilleure des familles possibles. Maman dans la transmission de l'art, papa dans la guérison des âmes, fifille et fiston ados mais gentils quand même... Ils sont beaux et sains, ils font du sport et prennent leurs repas ensemble. Jusqu'au jour où le fiston a la bien mauvaise idée de ne pas remonter de sa dernière plongée sous-marine. Là, c'est tout le monde qui plonge. Maman ne transmet plus rien, sauf sa détresse, papa ne guérit plus personne, surtout pas lui-même. Fifille reste gentille mais elle souffre quand même. Le temps s'arrête quelque temps. Il en faudra pas mal pour remettre en route la clepsydre. Petit voyage en apnée, sans pathos et sans mélo -sans grande surprise non plus, mais beau et digne quand même.

8 femmes

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Réalisé par : François Ozon (1967 - )
En : 2002, France
Acteurs principaux : Fanny Ardant (1949 - ), Emmanuelle Béart (1963 - ), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Catherine Deneuve (1943 - ), Isabelle Huppert (1953 - ), Ludivine Sagnier (1979 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Dans la grande-famille-du-cinéma-français, on demande la grand-mère, la mère, sa (trop-)belle-soeur-rivale, sa soeur-pas-belle, ses filles, et quelques bonnes à tout faire qui attendent leur tour de casting. Dans le rôle du (grand-)père-parrain absent (assassiné ?), on prendra Cukor, Sirk, Demy et Truffaut... Rien que du beau monde. Lourd héritage pour un petit jeune. Il fait jouer ces dames au Cluedo, donc, en mode immersion totale. En grandes pros, elles bluffent et se donnent mutuellement des leçons de comédie, mais c'est en débutantes qu'elles poussent chacune une petite chansonnette. Pour le plaisir d'entendre les pires vacheries dans les plus belles bouches.

Chicago

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Réalisé par : Rob Marshall (1960 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Richard Gere (1949 - ), John C. Reilly (1965 - ), Renée Zellweger (1969 - ), Catherine Zeta-Jones (1969 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en avant la musique /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

And now, ladies and gentlemen : le show ! C'est-à-dire le film, c'est-à-dire la vie en mieux. En Amérique, c'est là la mesure de toutes choses : de la justice, de la presse, du bizness. Brillante illustration dans le Chicago des années 20, sous le signe du Magicien d'Oz, de Cukor et de Minnelli, qui nous ont appris à faire chanter nos rêves. Chiche, donc : fantasmes à gogo sous forme de montage parrallèle généralisé, pour illustrer les rêves de starlette de Roxy Hart, la jolie meurtrière emprisonnée. Un peu des Hommes préfèrent les blondes, beaucoup de Cabaret (hommage à Bob Fosse, créateur du spectacle, oblige), une tonne de paillettes. Et le pire arrive forcément : le show (c'est-à-dire le rêve) devient réalité. Must go on...

Dolls

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 2002, Japon
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 114 mn, couleur

Critique perso :

Il serait une fois une troupe de Bunraku (des marionnettes tradis japonaises) qui nous raconterait une histoire. Ou plutôt trois histoires. Plus celle de la troupe, c'est-à-dire celle du réalisateur, c'est-à-dire celle du lien entre les histoires. Ca ferait donc un triptique aux formes épurées : des couleurs fortes, des saisons franches, des costumes de gala. Des personnages de Dieux vivants, mais errants, comme en deuil de leur grâce perdue. Des gestes héroïques, des sentiments de grand chemin. Quasiment aucun mot mais une plainte infinie au fond de la gorge. Un abîme de tristesse au fond du regard où ils manquent (mais pas toujours) de se noyer. Des pantins en quête de liens, et qui n'arrivent qu'à s'emberlificoter dans leurs ficelles (un peu grosses, d'ailleurs). Des poupées de chair, quoi.

Minority Report

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Samantha Morton (1977 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

En 2003, les américains ont inventé la guerre préventive. Vers 2050, ils inventent l'arrestation préventive des meutriers grâces aux pouvoirs de devination de trois oracles-mutants-voyants : les "précognitifs" et à une unité de police d'élite : la "précrime". Les prisons regorgent donc de putatifs assassins maintenus en état d'hibernation et la sécurité reigne. Par ailleurs, la technologie informationnelle s'est répandue partout, par écrans transparents et multiples autres babioles interposés. Bref, nous sommes dans le meilleur des mondes possibles selon Sarkozy -à condition, bien sûr, d'être répertorié du côté des honnètes gens (du futur). Quand on passe de l'autre côté, évidemment, la vie devient un peu moins simple. C'est ce que va comprendre à ses dépens John Anderton, pourtant à la tête de la fameuse "précrime". Sa fuite le forcera à changer de regard (en plus d'un sens !) sur le monde parfait dans lequel il vit... Tiens tiens, même Spielberg se mettrait donc à douter des images ? (bon, je vous rassure : il croit toujours à la famille). Très spectaculaire et bigrement intéresante, cette grosse production américaine !

Elephant

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Réalisé par : Gus Van Sant (1952 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Timothy Bottoms (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Un ado à tête de taureau (sur son tee-shirt) erre dans son labyrinthe de lycée. Non, ce n'est pas lui le minautore. Un autre, avec le sigle de la croix rouge (sur le dos de son jogging), le croise. Non, ce n'est pas lui qui donnera les premiers secours. Un troisième les prend en photos. C'est peut-être lui le cinéaste. Ne pas se fier aux apparences, aux visages, aux peaux. Ces ados sont comme tous les ados du monde. Des fois même, ils s'occupent assez bien de leurs parents. Mais les Rebels Wihout a Cause d'hier sont passés par la case Shining. Ils sont nés avec des jeux vidéos dans les mains, et savent commander ce qu'ils veulent sur Internet. Même de quoi transformer leur univers quotidien en limbes. Un sublime avant goût de l'étrange douceur qui reigne dans l'antichambre des enfers.

Monster

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Réalisé par : Patty Jenkins (1971 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Bruce Dern (1936 - ), Christina Ricci (1980 - ), Charlize Theron (1975 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Portrait « basé sur une histoire vraie » d’une serial-killeuse made in USA. Elle s’appelle Aileen, elle est rondouillarde et complexée, a sans doute pas eu une enfance facile, fréquente les bars et les dancing du bas du panier. Elle survit en faisant la pute pour des machos qu’elle déteste. Son premier meurtre, c’est en légitime défense face à l’un d’entre eux, particulièrement pervers. Après, faut reconnaître que sa défense devient de moins en moins légitime. Mais c’est aussi la période où elle tombe amoureuse de Selbi, gentille fille presque aussi paumée qu’elle, tellement moins macho que ses fréquentations précédentes. Eros, Thanatos et toute la clique, font encore des ravages à tous les niveaux du panier. Le film est modeste mais incarné de façon saisissante. Charlize Theron, qui est à peu près le contraire d’Aileen (quoique que sa mère ait tué son père en légitime défense), s’est laissée possédée par elle. Monster mon semblable, ma soeur (ma mère…).

Zatôichi

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 2003, Japon
Acteurs principaux : Tadanobu Asano (1973 - ), Takeshi Kitano (1947 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /en avant la musique /vers le soleil levant
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

On reprend un peu l'histoire là où Ran et Sept samouraïs l'avaient laissée. Voici Zatôichi, mass(acr)eur ambulant, artiste du découpage au sabre, justicier vagabond. Il est aveugle mais il a des yeux partout : il sent à travers les murs, entend à travers la matière, et même, des fois, lit à travers les pensées. Au rythme sonore des saisons, il va de ville en ville et de bar en tripot, réconfortant par ci, zigouillant par là. Comme un certain Garde du corps, il ne suit que son bon plaisir, semant des fleurs de sang sur son passage. La mise en scène synestésique est un régal pour les sens, le montage, tranché fin, a des éclaboussures temporelles saisissantes. A voir, même les yeux (grands) fermés.

Corpse Bride - Noces funèbres (Les)

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 2005, USA
Genre(s) : animation /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 77 mn, couleur

Critique perso :

Victor est un jeune garçon timide, maladroit et raffiné. Fils de nouveaux riches. Victoria est une jeune fille pâle, délicate et sensible. Fille de nobliaux ruinés. Les parents ont décidé d'unir leurs intérêts, et leurs enfants, qui ne se connaissent mais ont tout pour se plaire. Ils se plaisent, tout va bien. Trop bien. Victor est tellement empoté qu'il foire sa répet' de la cérémonie du mariage, met le feu à sa (future) belle-mère et trouve le moyen d'épouser pour de vrai-faux une inconnue morte et enterrée depuis longtemps (qui a tout de même de beaux restes). C'est là qu'est l'os. Il se retrouve malgré lui embarqué dans le royaume des morts, beaucoup plus fun que celui des vivants. Ca swingue appremment pas mal, au dernier sous-sol. La vie, les désirs et la réalité ont toujours au moins deux faces, pas facile de choisir son camp. Pas dur en revanche de classser ce film-là dans le camp des très bons.

Laberinto del fauno (El) - Labyrinthe de Pan (Le)

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Réalisé par : Guillermo del Toro (1964 - )
En : 2006, Mexique
Acteurs principaux : Sergi Lopez (1965 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Y'a des moments dans la vie, dans l'Histoire, où on doit être bien content d'avoir son pass pour le Pays des Merveilles. Ofélia a à peu près l'âge d'Alice, et elle habite dans un de ces moments-là, au milieu d'une inquiétante forêt, parmi des militaires en uniforme, à la fin de la guerre d'Espagne. Elle a aussi deux fées-marraines, un petit frère en cours de cuisson et beaucoup d'imagination. Des fois, elle arrive même à croire à l'existence de ses parents -enfin, ça dépend des quels. La forêt autour est peuplée de gentils communistes et de méchants crapauds, de demi-Dieux et de complets salauds. Des fois, il est tortueux, le labyrinthe de la vie des petites filles, la moindre avancée est une épreuve. Ce remake updaté par ordinateur de l'Esprit de la ruche remet à jour toutes ses peurs d'enfants, et aussi tout l'émerveillement qu'on s'est créé pour s'en remettre. En provenance directe du Pays des Merveilles du cinéma.

Paprika

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Réalisé par : Satoshi Kon (1963 - 2010)
En : 2006, Japon
Genre(s) : animation /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants /vers le soleil levant
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

C'est une invention géniale qui met le feu aux neurones. Ca vient d'un labo high tech peuplé de geeks à un stade plus ou moins avancé. Ca contient la clé du passage secret qui permet de passer à travers tous les écrans (des rêves, des ordinateurs et des salles de cinema). Ca a la forme d'un point d'interrogation et ça répond à la question qui tue : qu'est-ce qu'il se passe dans une tête ? C'est une espèce de caméra-scanner connectée direct sur l'esprit, qui renvoie des images de l'âme en action. Evidemment, la chose intéresse pas mal de monde : des flics, des psys, des scientifiques, des artistes et des cinglés. Et éventuellement, ceux qui sont un peu tout ça à la fois. Evidemment, la chose rend fou. Et comme elle libère les doubles inconscients de ses utilisateurs, ça fait du (pas si) beau monde à s'agiter derrière le miroir du réel. Petite visite sans guide et sans filet au pays des mondes parralèles : vertiges aléatoires garantis, troubles en tous genres aussi.

Chansons d'amour (Les)

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Réalisé par : Christophe Honoré (1970 - )
En : 2007, France
Acteurs principaux : Louis Garrel (1983 - ), Clotilde Hesme (1979 - ), Chiara Mastroianni (1972 - ), Brigitte Roüan (1946 - ), Ludivine Sagnier (1979 - )
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Ils sont jeunes et beaux, ils s'aiment (à deux et plus) de toutes les façons possibles, sans jamais en faire un drame. Ils ont des amis, une famille sympa, bossent dans le créatif, vivent à Paris dans un monde en-chanté qui ressemble (beaucoup) à ceux de Demy et de Truffaut -en version légèrement upgradée... Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir leur arriver d'un peu intéressant ? Un drame-un vrai : la mort brutale et inattendue, le deuil. Et la reconstruction quand même, par l'amour toujours plus -légèrement upgradé encore. Et toujours en musique et en chansons, s'il vous plaît, douces et mélancoliques si possible. L'air et la couleur du temps (d'un temps où les seules vraies crises étaient intimes), en douce. Un film sur la porosité des désirs, la fluidité des sentiments, la tragédie de l'existence et la comédie du bonheur. La vie en version légèrement upgradée.

Mist (The)

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Réalisé par : Frank Darabont (1959 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Marcia Gay Harden (1959 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une petite famille américaine pépère, dans la campagne américaine authentique. Une nuit, passe un gros orage qui met un peu de pagaille dans le voisinage. Pendant que le papa fait des courses avec le fiston au supermarché du coin pour réparer les dégâts, l’orage fait place à un brouillard particulièrement épais d’où sortent de drôles de hurlements. Vaut mieux plus trop sortir du magasin. Bon, en fait, c’est pas un orage, c’est carrément des grosses bestioles à tentacules, pas bien répertoriées dans la faune terrestre, qui font une opération razzia au supermarché, camouflées dans le brouillard. Sauf que la marchandise qui a l’air de surtout les intéresser, c’est la chair humaine. A partir de là, le film bascule en survival collectif. Le huis-clos façon Ange exterminateur tourne au cauchemar typiquely American, avec clans antagonistes qui se forment et prophétesse hallucinée. La religion et la consommation se mêlent toujours à la politique, quand ça se passe par là-bas. C’est pas trop la rationalité qui domine… Le film est incontestablement efficace et se paie l’audace du happy end le plus déprimant qu’on puisse imaginer, du American Way of Death du meilleur cru.

Persepolis

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Réalisé par : Marjane Satrapi (1969 - )
En : 2007, France
Genre(s) : animation /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 96 mn, NB/couleur

Critique perso :

Elle a connu deux guerres, une révolution et quelques morts, mais son coeur de punk-hard-rockeuse is not de(a)d. Waouh, balaise. Elle s'appelle Marjane, elle est iranienne, française, rebelle, chieuse, artiste et pas mal d'autres choses encore. En lignes et en traits, en noir et en blanc (et un peu en couleur), en chair et en os, et toujours en énergie bouilonnante. C'est pas très original ça, au cinéma, l'éducation d'une jeune fille, de 5 à 25 ans : une famille, des amis, des amours, toujours pareil. Sauf quand la fille est tout de même plus vivante que la mort qu'elle rencontre, plus drôle que la tragédie qu'elle effleure, plus intéressante que la vie qu'elle n'aura pas en restant chez elle peinard. A la hauteur, finalement, de la Grande Histoire qu'elle cotoie, et de la sienne. Waouh, balaise.

Se, jie - Lust, Caution

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Réalisé par : Ang Lee (1954 - )
En : 2007, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Tony Leung Chiu Wai (1962 - ), Wei Tang (1979 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant
Caractéristiques : 157 mn, couleur

Critique perso :

Shanghai et Hong-Kong, début du XXème siècle, alors que la Chine est occupée par les japonais. Comme toujours dans ces cas-là, il y a des collabos et des résistants. M. Yee est un collabo de haut rang très très méchant et très très séduisant, un tortionnaire en chef et un homme raffiné qui a le charme noir de Tony Leung. Le rôle des résistants très très gentils qui veulent le tuer est pris par une troupe de comédiens amateurs, nationalistes et idéalistes, et par leur jeune première ingénue, la jolie Wong Chia Chi. Pour faire illusion, elle va devoir passer pro et donner -de plus en plus- de sa personne. Quand elle joue au Mah-jong avec les amies de Mme Yee, elle joue à jouer au Mah-Jong -ce qui nuit d'ailleurs sensiblement à ses performances dans ce jeu. Avec M. Ye, elle joue carrément avec le feu -en improvisant pas mal sur les règles... Avec ce Lorenzaccio érotique, l'éclectique Ang Lee refait le coup du caméléon mal dans sa peau, du taiseux dont le corps menace sans cesse de dévoiler ce que l'esprit s'acharne à dissimuler. Quelque chose à cacher, M. Lee ?

Louise-Michel

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Réalisé par : Kervern & Delépine
En : 2008, France
Acteurs principaux : Mathieu Kassovitz (1967 - ), Bouli Lanners (1965 - ), Yolande Moreau (1953 - ), Benoît Poelvoorde (1964 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Quelque part au Nord : une usine avec des (femmes) ouvrières et quelques (hommes) patrons. Un jour, elle n'est plus là, elle est partie faire sa grande migration vers l'Est. Une seule solution : se venger du patron. Une ouvirère lambda, pas plus à l'aise pourtant avec le français qu'avec le grec, se charge de dénicher le tueur à gages idéal. Et elle le trouve, même s'il est un peu fauché tendance mégalo. Elle s'appelle Louise, il s'appelle Michel - à moins que ce ne soit le contraire. Mais les patrons ont une facheuse tendance à se délocaliser aussi vite que leurs usines. Le contrat tourne alors au road-movie artisanal. Les plans sont presque fixes mais, comme les personnages, ils cachent presque toujours quelque chose. Et le film est tellement anar qu'il mélange et inverse tous les genres. C'est de la tragédie poilante, du thriller trash, de la romance désespérée. On en ressort en se sentant tout propre, comme un gant de toilette retourné.

Vals Im Bashir - Valse avec Bachir

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Réalisé par : Ari Folman (1963 - )
En : 2008, Israël
Genre(s) : animation /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /docu (plus ou moins fiction) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Un homme raconte à un autre le cauchemar qui l'obsède depuis qu'il est rentré de guerre. L'autre aussi est rentré de guerre, mais ses souvenirs y sont restés. Il se lance dans une enquête pour les retrouver. Il va effectivement en dénicher quelques morceaux, bien planqués, et pas que des bons... La guerre, c'est celle menée par les israéliens sur le territoire libanais en 1982. L'autre, celui qui ne se souvient plus qu'il y était, c'est le réalisateur. Le mauvais cauchemar qui rôde à l'horizon, c'est le massacre des camps de Chabra et Chatila. Et puisque tout est affaire de reconstitution, puisque interviews, expériences remémorées et fantasmes se mélangent, c'est (presque) uniquement par le dessin d'animation que l'enquête sera menée. Donc rien n'est réel, tout est vrai. La peur, visiblement, n'est pas inventée, elle infuse tous les plans, comme ce jaune-soleil qui fait mal aux yeux dans toutes les images de guerre. Et rien de mieux que ces musiques décalées pour rendre le drôle de sentiment d'hébétude qui a l'air de prendre possession des soldats au combat -ou du souvenir qu'ils en ont. Une expérience sensorielle et mémorielle aussi forte qu'une plongée en apnée, aussi belle que du cinéma.

Agora

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Réalisé par : Alejandro Amenabar (1972 - )
En : 2009, Espagne
Acteurs principaux : Michael Lonsdale (1931 - ), Rachel Weisz (1971 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Alexandrie, quelques siècles après J.C., un millénaire et demi avant Marie Curie et Simone de Beauvoir : une grande bibliothèque, pas mal de petits hommes. Pour les guider, ils ont un phare et ils ont Hypathie, la prof de physique-philo dont rêvent tous les adolescents (et tous ses étudiants). Elle est belle et elle s'en fiche, il n'y a que le ciel qui l'attire, le vrai, celui sans Dieu mais avec des étoiles dedans. Quand une petite secte obscure et sournoise (chrétiens, qu'ils se disent) prend violemment le pouvoir en mettant le feu à la bibliothèque, elle ne pense qu'à sauver quelques antiques parchemins (et son papa). Aux révolutions de palais, elle préfère celles des astres et quand les statues tombent, elle ne s'intéresse qu'à la chute des corps. Et qu'importe si Amenabar, plein de bonne volonté, lui fait plagier par anticipation (avec une douzaine de siècles d'avance) les expériences de Galilée, les résultats de Kepler et la pensée de Descartes : il a inventé le peplum laïc féministe niveau bac S, je ne le remercierai jamais assez !

Sin-se-gae - New World

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Réalisé par : Hoon-jung Park
En : 2013, Corée
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 134 mn, couleur

Critique perso :

Effervence dans une tentaculaire mafia coréenne. Le big boss vient de mourir (de façon pas trop naturelle), va falloir désigner son successeur, sans doute parmi les boss des diverses branches de la holding. Un problème de mecs, évidemment. Parmi les moyens-boss a priori pas vraiment éligibles mais au début de carrière prometteur, y'a Jung-jae Lee. En fait, lui serait surtout soutenu par la police locale, qui est son vrai employeur, mais évidemment c'est pas une campagne très officielle. Alors, Jung-jae Lee fait comme il peut pour satisfaire ses divers boss. Il est très bon pour garder un visage impassible en toutes circonstances et pour ne pas trop tâcher son parfait costume d'homme d'affaires, ce qui lui sera extrêmement utile. Beaucoup manoeuvrer, tout cacher à tout le monde le plus longtemps possible, that is the problem pour à peu près tout le monde, dans ce film. Y compris aux spectateurs, si possible... Mission accomplie...

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