Marcello, chroniqueur people de la Via Veneto, pratique avec son sujet la technique de l'observation participante : toujours là où il se passe quelque chose, au milieu des princes et des starlettes, dans leurs cafés préférés ou leur villa décrépite. Il connaît tous les moyens de ne pas passer la nuit chez lui, que ce soit en faisant trempette dans la fontaine de Trevi (cultissimo !) avec une simili Marilyn-Ingrid-Bardot, ou en causant poésie avec une clone de Gertrud Stein. Parfois, il lui faut aussi cotoyer le peuple, le vrai, qui n'arrive à attirer l'attention que parce qu'il croit encore aux miracles. Mais son vrai créneau, c'est le mondain désabusé, las de ses propres transgressions, qui n'est sans doute qu'une variante polie de Freaks de foire. Dieu est mort et l'aube est un supplice sans cesse recommencé.
Elle s'appelle Carole, elle vit à Londres. Elle est jeune, blonde et très jolie. Mais pas causante. Le genre crustacé qui se rétracte au moindre contact avec un doigt poilu. Elle travaille dans un gynécée : un salon de beauté où des femmes s'occupent d'autres femmes. Ca lui convient visiblement mieux que de fréquenter les hommes qui se retournent en vain sur sa beauté dans la rue. Elle vit avec sa soeur, mais sa soeur a un amant qui laisse des poils dans le lavabo. Et puis, un jour, la soeur part en vacances avec l'amant et Carole se retrouve toute seule dans le grand appartement. C'est à ce moment-là que le lapin qui trainait dans le frigo commence à se réveiller. A ce moment-là aussi que les fissures du mur se mettent à s'agiter, et que les bras poilus qui se planquaient dedans se décident à sortir. A partir de là, malheur aux doigts qui oseront appuyer sur la sonnette. Elle est jeune, blonde et complètement névrosée : attention ange méchante !
Un petit juge italien intègre et barbu doit enquêter sur la mort d'une jeune fille. La jeune fille fréquentait des vieux messieurs, pour le plus grand profit de ses braves parents provinciaux. Parmi les fréquentations, le petit juge repère Lorenzo Santenocito, un industriel multicarte, pollueur-escroc-magouilleur multirécidiviste, le tout-Rome corrompu à lui tout tout seul. Tout ce qu'il adore. Il prend donc l'enquête à coeur et Lorenzo en grippe, et se lance dans une partie de cache-cache qui n'amuse que lui (et les spectateurs). Le combat entre les deux grands monstres se joue à armes inégales, voiture de luxe contre vespa. Il y a décidément quelque chose de pourri dans l'empire romain de l'après-guerre. Heureusement, au même moment, l'Italie gagne la coupe du monde de foot. L'honneur est donc sauf.