Une histoire d'amour entre deux petits gansgters encore en apprentissage, une autre histoire d'amour entre l'un d'eux et sa gentille cousine. Le gars est en short-tongs-tee shirt, la fille est jolie. C'est à peu près tout. Des bastons au ralenti, des cigarettes en gros plan qui ne sont pas pressées de brûler. Des couteaux, des dominos et des pistolets, qui finissent bien par se rencontrer. C'est à peu près tout. Un Mean Street du pauvre en idéogrammes très déchiffrables, parce qu'écrit dans la langue d'un poète de l'image. Encore en apprentissage, mais déjà ceinture noire de mélancolie. Chez lui, le temps a toujours plein de bonnes raisons de s'arrêter, et il s'arrête souvent. C'est à peu près tout, c'est déjà suffisant pour qu'on ne l'oublie jamais.
Un play-boy de Hong-Kong et quelques unes de ses victimes, années 60. En sous-vêtements blancs devant son miroir ou dans sa voiture de minet, il est toujours charmant, toujours fuyant. Irrésistible auprès des filles. Son secret, c'est qu'il connaît les formules magiques qui rendent inoubliable le tour d'une aiguille sur le cadran d'une montre. Son autre secret, c'est qu'il ne sait pas qui est sa mère et qu'il est très malheureux (mais c'est pas une excuse pour faire pleurer les filles). Et le secret qu'il ignore lui-même, c'est que son temps est compté, comme celui de l'oiseau sans pattes qui ne vit que le temps d'un vol, et qui sert de métapore au film. L'univers, les obsessions, les personnages de Wong sont déjà là. Aucune ombre ne manque à ses lumières, aucune occasion manquée ne manque à son scénario. Portrait de l'artiste en jeune homme mélancolique, et en jeunes femmes tristes.