Les deux personnages principaux de cette histoire n'auraient jamais dû se rencontrer. D'ailleurs, ils mettent du temps à se trouver. Mais l'un a malencontreusement (et brièvement) croisé le fils de l'autre sur une route de campagne bretone. Le fils ne s'en est jamais relevé. Alors, l'autre s'est mis à parcourir (avec acharnement) toutes les villes de France pour retrouver l'un. Coup de bol, les rôles sont parfaitement distribués : le méchant chauffard est un serial connard idéal, le papa contrarié un gentleman écrivailleur. Et le scénar est poli aux meilleures écoles : c'est même une belle Hélène qui sera le cheval de Troie de la vengeance. Mais, même dans le meilleur des mondes possibles (c'est-à-dire au cinéma), c'est pas évident de tuer un homme, en bluffant un policier-cinéaste extra-lucide. Bluffer les spectateurs comme moi, c'est nettement plus facile.
Suzanne n'aime personne (sauf son papa). Elle couche avec tout le monde (sauf avec celui qu'elle aime peut-être encore). Logique, elle a 15 ans. Sa carrière de collectionneuse commence en colonie de vacances, se poursuit de chambres d'amis en chambres d'hôtel, finit par un mariage qui se dépèche de mal finir. Que cache le lumineux visage de Sandrine Bonnaire ? Comment Pialat réussit-il à rendre si palpitantes ces morceaux de scènes banales, en vrac et comme prises par surprise, à la dérobée ? Mystère... Comme la vie.