4 saisons près de Narayama, en un temps indéterminé mais certainement lointain. Quelques familles sur 3 ou 4 générations, les travaux des champs, les pulsions des corps, le riz et la neige. Une petite société coupée de tout, sauf de ses besoins essentiels et de la nature. Pauvre, impitoyable, vivante. Trucculente, puisqu'il faut bien continuer à exister. Cruelle, par souci d'auto-préservation. Soucieuse de son honneur -même sans samouraïs- et panthéiste -même sans prêtres. L'éternelle histoire de la trahison des anciens, de la trahison des plus jeunes et de la fidélité au monde.
Hiroshima, seconde zéro. Ben oui, le cinéma peut montrer ça, aussi -façon Retour des morts vivants. Pas de chance, Yasuko y était, là -avec son oncle et sa tante. Ils ont survécu. 5 ans plus tard : apparemment, la communauté des hommes s'est reconstituée, la nature a repris son cours. Mais pas besoin de gratter beaucoup pour voir les cicatrices, les malaises, les soupçons. Les "irradiés d'après" sont toujours fatigués. Malgré ses certificats de santé et sa beauté, Yasuko ne trouve pas de mari. Le poison atomique prend son temps, mais il n'oublie personne. La mort lente est au travail, dans les corps et dans les têtes. On dirait du Ozu (conta)miné de l'intérieur par un ver invisible, saoûlé au désespoir calme.