Les 775 films en DVD d'Isabelle
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
1 2 3 4 5 6 7 8 9
moi
film(s) relevant du genre : les chocottes à zéro

84 réponses classées par dates


Kabinett des Doktor Caligari (Das) - Cabinet du docteur Caligari (Le)

caligari.jpg

Réalisé par : Robert Wiene (1880 - 1938)
En : 1920, Allemagne
Acteurs principaux : Conrad Veidt (1893 - 1943)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro /poésie en image
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

Le cinéma a deux ancêtres : M. Lumière, qui filme la sortie de son usine, et M. Méliès, qui filme un voyage dans la lune. Là, c'est sûr, on est plutôt dans la lune -côté face cachée. Là où les hommes penchent, où le monde est de traviole. Le monde, de toute façon, n'est qu'un décor de toile peinte aux lignes fuyantes et aux angles aigus, un drôle de village où la vie et le cauchemar sont indiscernables. Pour raconter une histoire de somnambule à dormir debout, una cosa peut-être entièrement mentale, tout est bon : les images teintées, les récits à tiroir et à cercueil, les fantasmagories de savant fou. Comme dans une fête foraine -encore un autre ancêtre du cinéma- passez de l'autre côté de la toile...

Nosferatu, eine Symphonie des Grauens - Nosferatu

nosferatu.jpg

Réalisé par : F. W. Murnau (1888 - 1931)
En : 1922, Allemagne
Acteurs principaux : Max Schreck (1879 - 1936)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

Un homme entreprend un voyage à la rencontre de ses fantômes... En fait, il est envoyé par son patron (un peu louche, le patron) dans les Carpathes pour proposer une affaire immobilière à un certain comte Nosferatu -ou Dracula, suivant les versions (un peu louche, le client). Il aurait dû se méfier, c'est sûr. En fait, en matière immobilière, le comte se contente de fort peu (un petit cercueil lui suffit). Mais en matière de ravitaillement, en revanche, il semble nettement plus exigeant... Un cauchemar obsédant, filmé comme un théâtre de marionnettes en ombres chinoises (expressionnisme, qu'y disent). Un piège à retardement, une bombe d'ombre et de lumière dont l'explosion dure le temps d'un film.

Phantom of the Opera (The) - Fantôme de l'Opéra (Le)

fantome_opera.jpg

Réalisé par : Rupert Julian (1879 - 1943)
En : 1925, USA
Acteurs principaux : Lon Chaney (1883 - 1930)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Dans les caves de l'Opéra de Paris, parfois, une ombre sort de l'ombre. Elle terrorise les danseuses en tutu, trucide quelques machinos et hypnotise la belle Catherine, doublure de diva, de derrière le mur de sa loge. Une fois, pour montrer qu'elle n'est pas contente, elle fait tomber le lustre de la grande salle sur les spectateurs. En fait, l'ombre s'appelle Eric. La plupart du temps, il vit au 6ème dessous, mais il ne dédaigne pas hanter les toits, si besoin. Des fois, il se déguise en Mort - pas besoin de se forcer beaucoup, d'ailleurs. En ce moment, on joue Faust, ça doit être son opéra préféré. N'y tenant plus, il kidnappe la belle Catherine pour lui donner des leçons de solfège (au 6ème dessous). Le reste appartient à la légende gothique du lieu, et du cinéma.

Dracula

dracula.jpg

Réalisé par : Tod Browning (1882 - 1962)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Une calèche qui zigzague sur un chemin de Transylvanie dessiné par Gustave Doré. Malgré l'avis unanime des autochtones, un étranger, agent immobilier londonnien de son état, insiste pour honorer son RDV à minuit avec le comte Dracula -aussi connu sous le pseudo de Nosferatu. Le comte, grand seigneur, vit dans une demeure sompteuse, mais il n'a pas dû passer le balai depuis au moins 250 ans. Il compte bien, lui, profiter de son bail éternel pour une cave angaise. L'Angleterre, à cette époque, est décidément pleine de spécimen exotiques. C'est LA qu'il faut être. C'est LA qu'il se passe des choses intéressantes. Les langues, les âmes et les sangs s'y cotoient, s'y échangent, s'y mélangent -y compris avec la ménagerie du coin. C'est le pays des nantis, des filles perdues et des savants fous. De la chair à vampire 1er choix. De l'excellente chair à cauchemar.

Frankenstein

Frankenstein.jpg

Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Au lieu de se marier et de faire des enfants, comme tout le monde, Frank-E(i)nstein cherche à propager la vie par d'autres moyens. Avec un assistant qui est le frère jumeau de Casimodo, dans un labo (sans doute loué au Dr. Caligari) qui est pour toujours le prototype des endroits où se concoctent les secrets les plus inavouables de l'humanité, avec de l'audace et beaucoup d'éclairs il donne vie... à un mythe. Malgré un scénario rudimentaire qui lui laisse finalement assez peu de scènes, Boris Karloff se révèle aussi fort et fragile qu'on l'avait imaginé, à la hauteur du souvenir que nous n'avions pas encore de lui.

Most Dangerous Game (The) - Chasses du comte Zaroff (Les)

chasses_zaroff.jpg

Réalisé par : Cooper & Schoedsack
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Joel McCrea (1905 - 1990), Fay Wray (1907 - 2004)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 63 mn, NB

Critique perso :

Qu'est-ce qui sépare un chasseur d'un assassin ? Un esthète d'un barbare ? Presque rien, à peine une petite cicatrice sur le crâne... Le comte Zaroff, en génial précurseur de Chasse, Pêche, Nature et Tradition (et en prophète visionnaire des années à venir) a fait de son île un terrain de jeu un peu particulier. Y échoue, pas tout à fait par hasard, un autre chasseur, mais américain, lui -donc qui a le droit de bravement défendre la civilisation. Et n'a pas peur de partir à la recherche des frontières de l'humain. Quant à Fay Wray, c'était juste avant que les mêmes producteurs sadiques (en fait, les réalisateurs sont plutôt, eux, Pichel et Schoedsack) la balancent entre les gros doigts du roi Kong. Elle portait déjà à ravir les robes de soirée déchirées par la forêt vierge, et elle criait déjà très bien.

Mummy (The) - Momie (La)

momie.jpeg

Réalisé par : Karl Freund (1890 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /à l'antique
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

On ne réveille pas impunément une momie qui dort depuis 3700 ans, fallait s'en douter. Im-ho-tep a été embaumé vivant (sans son consentement, semble-t-il) et il lui reste donc quelques petites affaires à régler. Ca tombe bien, il a pour cela gardé en mémoire quelques sortilèges magiques bien utiles. Il est calme, patient (il ne doit plus être à un millier d'années près), et il sait ce qu'il veut : la fiancée dont il a été éloigné, il y a quelques siècles. Sur son passage, on retrouve d'étranges cadavres : mort de rire, mort de peur, à votre guise. Il est terriblement séduisant et terriblement dangereux. Normal : il possède le secret de l'envoutement des légendes.

Invisible Man (The) - Homme invisible (L')

homme_invisible.jpg

Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Claude Rains (1889 - 1967), Gloria Stuart (1910 - 2010)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Un drôle de voyageur enturbané débarque un soir dans une auberge borgne. Il est de mauvais poil, le genre à attirer des ennuis et la Police. Sous les bandelettes : rien. Invisible. La tête pleine, pourtant, de projets grandioses à rendre fou n'importe quel policier. Et contre lesquels même une ex-fiancée dévouée (solide, pourtant, la fiancée : plus de 50 ans plus tard, elle survivra au triomphal naufrage du Titanic !) ne pourra rien. C'est peut-être le seul film tout public où le héros est intégralement nu la moitié du temps. Rien de plus cinégénique que l'invisibilité, pour jouer avec nos rêves d'impunité.

King Kong

king_kong.gif

Réalisé par : Cooper & Schoedsack
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Fay Wray (1907 - 2004)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Dans une île lointaine, une peuplade humaine survit sur une petite portion de territoire. Le reste est isolé par un haut mur et il s'y passe de drôles de choses. Le roi de ce monde perdu primitif s'appelle Kong : 6m de force brute et d'instincts à l'état pur. Des fois qu'on n'aurait pas compris, il est précisé que l'île a la forme d'un crâne... Les petits blancs qui y débarquent apportent avec eux les atouts de la civilisation occidentale : des armes lourdes, une caméra et une blonde. Avec elle, Kong va apprendre à jouer à la poupée Barbie, et à faire son plus beau sourire... Après, il est presque impossible d'ignorer qu'il finira sa vie dans une autre jungle (celle de New-York), au sommet de l'Empire State Building (où on peut encore se faire photographier en sa compagnie), avec toute notre sympathie. C'était au temps béni où les effets spéciaux n'étaient pas encore ennemis de la poésie et de l'émotion.

Testament des Dr. Mabuse (Das) - Testament du Dr. Mabuse (Le)

test_mabuse.jpeg

Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1933, Allemagne
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Du fin fond de son asile à la Caligari, un homme tire les ficelles du crime. Un homme invisible, une voix derrière un rideau, un metteur en scène de la terreur. L'inspecteur Lohmann lui sacrifie sa vie privée. Lui qui, pourtant, a su dénicher M, le meurtrier solitaire, il doit faire face cette fois à un pervers plus grand et plus insaisissable encore : un idéologue aux mains propres, un texte et une voix qui tuent. Racket, noyautage de l'Etat, suppression des gêneurs et stratégie de la peur : le Mein Kampf de Mabuse est en effet appliqué à la lettre par ses héritiers. Même mort, il hypnotise encore. Il hypnotise toujours...

Man Who Knew Too Much (The) - Homme qui en savait trop (L')

junon_paon.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1934, Angleterre
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Pierre Fresnay (1897 - 1975), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Un gentil jeune couple avec enfant en excursion touristique loin de chez lui sympathise un peu vite avec un type étrange (un champion de ski français, louche ça) et se retrouve bientôt avec un cadavre, un enlèvement et un lourd secret sur le dos. Ca vous rappelle quelque chose ? Non, ça n'est pas avec James Stewart mais avec un Peter Lorre à mèche blonde. Oui, pourtant, y'a bien le coup de (la) cymbale ! Heureusement d'ailleurs, parce que sinon le reste du scénar est un peu tissé de cordes blanches. Un dentiste louche, une secte louche, pas très discrets ces espions... Pourtant, le film est un peu plus brut, moins poli à l'americanwayoflife puritaine que l'autre. Ici, madame est championne de ball-trap, elle a moins peur des armes que la police anglaise. Non mais !

39 Steps (The) - 39 marches (Les)

39marches.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1935, Angleterre
Acteurs principaux : Madeleine Carroll (1906 - 1987), Robert Donat (1905 - 1958)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Un type dont on ne sait rien accueille chez lui une inconnue et, parce qu'elle lui raconte une histoire d'espions à dormir debout, la laisse coucher dans son lit. Au matin, comme la fille a un poignard dans le dos, le type se croit obligé d'aller en Ecosse, pour aller dire il ne sait pas vraiment quoi à il ne sait pas vraiment qui (il n'est pas exclu, d'ailleurs, qu'il ait tout rêvé). Le début et la fin évoquent L'Homme qui en savait trop, le milieu est un pré-make de La Mort aux trousses, c'est-à-dire la traversée somnambulique (mais pleine d'énergie) d'une histoire dont l'enjeu se modifie en permanence. Quelque chose comme la quête éperdue de la mémoire perdue des origines de la quête (tout Hitch, déjà, quoi).

Bride of Frankenstein - Fiancée de Frankenstein (La)

fiancee_Frank.jpg

Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969), Elsa Lanchester (1902 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Pour commencer : ressuscitons Frankenstein. Pas de problème : il n'était pas mort, et Mary Shelley elle-même est appelée à la rescousse. Ensuite : introduisons un personnage nouveau : voici le mystérieux et inquiétant Dr. Pretorius, qui n'avoue qu'une faiblesse : l'alcool et les cigares (entre autres), et cultive des petits hommes dans des bocaux. Puis donnons quelques rudiments de langage et de théologie au monstre : le bien, le mal, d'où je viens, etc. Juste assez pour lui donner envie d'autre chose : une femme, par exemple... Les deux savants s'y emploient : il faut bien ça ! Il faut aussi un coeur frais et des cerf-volants par temps d'orage. Le résultat, qui présente un sérieux air de famille avec la génitrice de papier, est du plus bel effet pré-punk. Mais le monstre n'a pas l'air de lui plaire (pourtant, l'actrice était l'épouse de Charles Laughton : elle en avait vu d'autres !)... Le mythe continue, plus vivant que jamais.

Petrified Forest (the) - Forêt pétrifiée (La)

films_noirs.jpg

Réalisé par : Archie Mayo (1891 - 1968)
En : 1936, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Bette Davis (1908 - 1989), Leslie Howard (1893 - 1943)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

Un écrivain-auto-stoppeur en panne de tout débarque dans une station-service au milieu de nulle part, y drague la fille du patron qui lit François Villon, sous le regard jaloux et menaçant du mécano-gros-bras, ancien champion de football. La situation est donc, dès le début, un rien théâtrale. Ca ne s'arrange pas avec l'arrivée d'un caïd en cavale qui prend tout le monde en otage. La nuit d'attente est donc consacrée à disserter sur les temps qui changent et le sens de la vie... Le caïd est jouée par un petit (plus si) jeune débutant (pas si) gros dur nommé Bogart. A part lui, ce sont les dialogues qui font tout le boulot. Rencontre improbable entre le mélo-intello et le film noir, les grands espaces déserts et le huis-clos claustro. Molasson, bavard, énervant, pas si mal.

Sabotage - Agent secret

agent_secret.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1936, Angleterre
Acteurs principaux : Oskar Homolka (1898 - 1978), John Loder (1898 - 1988), Sylvia Sidney (1910 - 1999)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 76 mn, NB

Critique perso :

A Londres, la nuit, se promènent de drôles d'oiseaux. Ce M. Verloc, par exemple : il fuit tellement la lumière qu'il vient de saboter l'éclairage public ; il fuit tellement la lumière qu'il vit dans un cinéma. M. Verloc a une épouse, aussi, qui ne se doute de rien, et un enquêteur de Scottland Yard aux fesses qui, lui, a les plus noirs soupçons. Derrière l'écran (de son cinéma et de ses nuits blanches), devant un étrange aquarium (qui en anticipe un autre), se trament de sombres complots. Il s'agit cette fois de faire exploser une bombe en plein coeur de Londres (décidément très en avance, les gars). Une histoire à tiroirs et à double fonds, qui permet à Hitchcok d'aiguiser ses meilleurs crayons : le suspense des comptes à rebours, la victime innocente, la surprise du destin qui abolit les surprises... Sans oublier les oiseaux, qui n'y sont pour rien et qui se vengeront.

Secret Agent - Quatre de l'espionnage

4_espionnage.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1936, Angleterre
Acteurs principaux : Madeleine Carroll (1906 - 1987), John Gielgud (1904 - 2000), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Certes, il y a une histoire d'espionnage dont le prétexte est (presque) aussi obscur pour ses héros que pour le spectateur. Certes, il y a du marivaudage dans l'air. Des coups de fil intrusifs, des choses cachées derrière les portes, et derrière les notes de musique. Du jeu, des décors de studio, du style. Un train, des morts. Du fétichisme (un bouton), des messages codés. Des personnages qui ne savent pas bien ce qu'ils font là -mais qui n'arrivent pas encore à faire mine de ne pas y attacher d'importance. Bref, ça ressemble à du Hitchcock qui aurait en main toutes les clés de sa maison, mais qui n'aurait pas encore trouvé toutes les bonnes serrures.

You Only Live Once - J'ai le droit de vivre

droit_vivre.jpeg

Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1937, USA
Acteurs principaux : Henry Fonda (1905 - 1982), Sylvia Sidney (1910 - 1999)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Henry Fonda en méchant ? Non, il n'y a pas que Sergio qui a osé. Fritz, déjà... Mais lui, c'était par ruse. Une ruse pour faire comprendre aux américains que même les ex-taulards ont du coeur, parfois. Que même, ils peuvent être sincères, pleins de bonne volonté, et mériter l'amour des plus belles et gentilles filles du pays. Que même, ils pourraient de temps en temps avoir de bonnes raisons de ne pas faire complètement confiance à la société qui, des fois, peut les condamner à tort. Mais là-dessus, ils ont toujours été un peu durs d'oreilles, les américains. Au point qu'il y a des gars qui sont tellement américains qu'ils n'arrivent pas à croire eux-mêmes à leur innocence. C'est dire les dégats.

Lady Vanishes (The) - Femme disparaît (Une)

femme_disp.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1938, Angleterre
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985), Googie Withers (1917 - 2011)
Genre(s) : les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Ca commence du côté des Carpates, au pays des contes de fées qui font peur, dans un hôtel où une brochette d'occidentaux se retrouve coincés par la neige. Il y a là des demoiselles yankees, une mamie gâteau et quelques célibataires britanniques -entre autres. Que diable allaient-ils faire dans ces montagnes ? On n'en saura rien mais, un peu plus tard, ils se retrouvent dans un train. La mamie gâteau disparaît, non seulement du décor (pas si facile, il n'y en a que deux dans tout le film : l'hôtel et le train), mais de la tête de tous les passagers - tous sauf une, une yankee du genre têtue. Un grand jeu de piste commence alors sur le thême "à la recherche de la vieille dame tombée dans un trou de mémoire". Un jeu pour se regarder de derrière le miroir, un jeu pour avoir peur pour de rire.

Jamaica Inn - Taverne de la Jamaïque (La)

taverne_jamaique.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1939, Angleterre
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Charles Laughton (1899 - 1962), Maureen O'Hara (1920 - 2015)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Hitchcock, cette oeuvre-là est un peu un enfant caché. Une histoire de naufrageurs située au XIXème siècle, un film en costumes avec un gang à trognes, des bagarres à mains nues, des carrioles, des chevaux et des maquettes de bateaux en pleine tempête dans un verre d’eau… mais avec aussi, en contrebande comme il se doit, pas mal de hitchcockeries déjà bien identifiées : le gentil couple-malgré-lui qui se forme dans la fuite, les agents doubles, l’art de se jeter dans la gueule du loup (et d’en ressortir), le climax qui donne vertige… et, évidemment, quelques excellents acteurs anglais en flagrant délit de cabotinage. Une dernière anglaiserie avant de passer à Hollywood.

Rebecca

rebecca.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Joan Fontaine (1917 - 2013), Laurence Olivier (1907 - 1989), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 130 mn, NB

Critique perso :

C'est sur la French Riviera (lieu d'envoutement classique des films américains) qu'ils font connaissance. Il est anglais, veuf, très riche. Elle est jeune et innocente. Ils se marient et vont habiter dans la somptueuse demeure de Monsieur, à l'aura mystérieuse. Machine (comment s'appelle-t-elle, au fait ? personne ne l'appelle par son prénom) se retrouve à la tête d'une maison où tout est trop grand pour elle, où tout porte la griffe de Rebecca, la première épouse. Problème : comment lui faire oublier son ex ? Comment se faire aimer d'une propriété où tout -choses et êtres- est encore sous le charme de l'autre ? Comment lutter contre un fantôme qui ne se manifeste que dans les vivants ? Un drôle de cauchemar luxueux, un thriller mental au style gothique flamboyé, avec ce qu'il faut de fièvre et de secrets.

Suspicion - Soupçons

soupcons.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Tout commence dans un train : début de la romance. Tout continue dans un décor de cottage anglais avec vent dans les chapeaux, chevaux et bal du soir : mariage. Elle s'appelle Lina, il s'appelle Johnnie. Mais, à partir de là, on n'est plus dans le même film. Lina, qui ne voit pas bien de près sans ses lunettes, commence tout de même à trouver que son cher époux exagère. Est-il irresponsable, menteur, voleur, escroc voire plus (si affinités monétaires) ? La maison de Lina -et sa vie- ressemble de plus en plus à une toile d'araignée de lumières et d'ombres. Un tournage en sentiments subjectifs, avec dénouement final trop beau (comme Johnnie) pour être honnête.

Cat People - Féline (la)

feline.jpeg

Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Oliver Reed est architecte. il vit dans un monde où les traits sont tirés à la règle et où les angles filent droit. Irena Dubrovna a le crayon plus souple : elle est styliste pour dames. Elle s'entraîne à dessiner au zoo, devant la cage des panthères. Elle a des ancêtres venus d'Europe de l'est, ce qui explique sans doute son accent français et qu'on la sent capable de tout. Elle a du chien -enfin, plutôt du chat. Comme toutes les choses intéressantes, elle fait envie et elle fait peur. Elle a envie et elle a peur... A quoi rêvent les jeunes femmes ? A la panthère tapie en elles. Et aux hommes qui la réveilleront... Pour se rappeller que la naissance du frisson, c'est la caresse d'une griffe sur du velour.

Saboteur - Cinquième colonne (La)

5eme_col.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Les japonais viennent de s'en prendre à Pearl Harbour. Hitch, passé à l'ouest (de l'Atlantique) depuis Rebecca, veut participer à l'effort de guerre. Alors, il s'en prend aux ennemis du dedans, aux combattants de la Liberté planqués derrière les américains bon teint, aux saboteurs du politiquement correct. Il choisit ses alliés parmi les prolos anars et les aristocrates du coeur, les artistes et les freaks. L'histoire a un goût de déjà vu et un parfum de à revoir : c'est une marche forcée à l'intérieur de la démocratie, east by south east. Le gentil rencontrera la fille des rêves américains. Le méchant sera perdu parce qu'il n'a pas de tailleur anglais. Tout est pour le mieux dans le meilleur des films de propagande possible.

I Walked with a Zombie - Vaudou

feline.jpeg

Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1943, USA
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /poésie en image
Caractéristiques : 69 mn, NB

Critique perso :

Betsy est infirmière. Belle et dévouée, par déformation professionnelle. Elle se voit confier une étrange mission dans les antilles. Il s'agit d'aller soigner l'épouse d'un certain Mr. Holland, propriétaire terrien désabusé. La malade est belle, mais son cas clinique assez désespéré : bien que déjà morte, elle n'arrête pas de sortir de son lit. Zombie, qu'ils disent par là-bas. C'est malheureusement une maladie très répandue de nos jours. Les tams tams grondent beaucoup, mais pas autant que les coeurs, dans la grande maison Holland. Un St Sébastien criblé de flèches, dernier vestige d'un bateau négrier, nargue tout le monde dans la cour... Ambiance et symbolique lourdes, donc, pour ce Jane Eyre (ou Rebecca) des tropiques, enivrant comme un Ti-punch.

Leopard Man (The) - Homme léopard (L')

feline.jpeg

Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1943, USA
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 66 mn, NB

Critique perso :

Dans un Mexique de pacotille, suite à une opération publicitaire douteuse, un léopard de compagnie -nettement moins sympa que celui de L'Impossible M. Bébé- est laché dans la nature. Peu après, des femmes disparaissent. On ne voit rien mais on sent tout, surtout le goût du sang. Le film est choral : on passe d'un personnage à un autre, tous reliés entre eux par le fil invisible du destin -ou celui, très lisible, du scénario. Aucun n'est un héros : que des victimes, que des coupables. C'est comme dans La Féline, mais à l'envers. Cherchez la bête. Cherchez l'homme derrière la bête. Cherchez la bête derrière l'homme derrière la bête.

Main du Diable (La)

main_diable.jpeg

Réalisé par : Maurice Tourneur (1873 - 1961)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Noël Roquevert (1892 - 1973)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

La main du diable est une main gauche (évidemment). Elle ne coûte presque rien en argent (un peu de son âme en gage, quand même) et rapporte amour, gloire, richesse… et juste une petite malédiction éternelle en cas de possession prolongée. Roland Brissot, artiste peintre qui, sans elle, était médiocre, se coltine au cours d'une fuite dans un chalet de montagne le long récit en flash-back de sa fatale acquisition. Le flash remontera même jusqu'au Moyen Age, on ne mégote pas sur l'ambiance trouble. Evidemment, tout cela est assez pompé sur Faust (via Nerval), mais c'est aussi un des très beaux et rares exemples de cinéma fantastico-gothique-expressionniste français. Et au fait, en 1943, qui donc avait la main (gauche) sur le pays ? Ah, certes, ça n'a rien à voir puisque c'est la Continental, firme allemande, qui a produit le film. Quand même, il a l'air largement aussi métaphorique -et aussi bon !- que les Visiteurs du soir, dans le genre.

Shadow of a Doubt - Ombre d'un doute (L')

ombre_doute.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Teresa Wright (1918 - 2005)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Au commencement, Dieu créa la famille américaine moyenne. Et puis, le petit dernier, avec son premier vélo, fit une chute et se fractura le crâne. Devenu grand, il est parti vivre ailleurs, a fait d'autres bêtises. Il rêve de veuves joyeuses. Il s'appelle Charlie. Un jour, il revient hanter le foyer de sa grande soeur qui, elle, a su (re)constituer une parfaite famille américaine moyenne (avec maison typique, jardin, garage, mari et enfants), et dont la fille aînée s'appelle Charlie, en hommage à l'enfant prodige. L'ange déchu parviendra-t-il à pervertir l'ange ingénue qui porte son nom ? Après avoir sérieusement écorné les joies matrimoniales (cf. ses premiers films américains), Hitchcock introduit un soupçon de Soupçons dans le paradis familial.

Laura

laura.jpeg

Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Dana Andrews (1909 - 1992), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /la parole est d'or /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Le Lieutenant-détective McPherson -type homme d'action taciturne-, rend visite au chroniqueur mondain Waldo Lydecker -type homme de lettres fielleux-, dans sa baignoire. Et sourit. La guerre du carnet de notes contre la machine à écrire commence. L'enquête porte sur le meurtre d'une certaine Laura, avec qui Waldo a joué à Pygmalion. Il y a aussi Shelby, qui était son ex-futur potentiel époux. Elle valait le coup, Laura, à en juger par son portrait dans le salon, qui a l'air d'aimanter tous les hommes qui passent à proximité (en le regardant, ils finissent tous par se servir un whisky). Une femme de rêve, un rêve de femme, une musique entêtante qui s'insinue partout. Le temps s'inverse, se retourne et n'en finit pas de ne pas s'arrêter : on appelle ça un classique.

Dead of Night - Au coeur de la nuit

coeur_nuit.jpeg

Réalisé par : film à sketchs
En : 1945, Angleterre
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Un petit architecte débarque dans un cottage anglais où on l'appelle pour réaménager les plans du domaine. Officiellement, c'est la première fois qu'il vient là. Mais le lieu et les gens qu'il y croise, il les connaît par coeur : il n'arrête pas de les voir en rêve. Un rêve qui, apparemment, se termine très mal... Pour conjurer le mauvais sort (et à défaut de jouer au Cluedo), tout le monde se met à raconter une histoire qui fait peur. Des histoires d'objets, de maisons ou de gens hantés, à votre guise. Des histoires (l'une d'elle est dûe à M. Hamer) de prémonitions, de possessions et de perditions. Des histoires à dormir debout et à crier couché, tellement saisissantes que, des fois, on a l'impression de les avoir déjà vues en rêve. Le petit architecte arrivera-t-il à mettre un peu d'ordre dans ce chaos ? Rien n'est moins sûr...

Spellbound - Maison du Docteur Edwardes (La)

maison_doc_ed.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Gregory Peck (1916 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 111 mn, NB

Critique perso :

Le Docteur Edwardes est en fait un imposteur, sa Maison est un asile de fous. Ca démarre sur de bonnes bases. La douce (et belle) Constance, elle, est une vraie top psychanaliste de la Maison, qui semble avoir reçu (en vain) les tranferts de tous ses patients et de tous ses collègues. Elle craque pour le faux (mais beau) docteur amnésique, qui pourrait bien être le cas (et l'homme) de sa vie. Le faux (mais beau) Edwardes a des morts à aller récupérer au fond de son trou de mémoire. Et la douce (et belle) Constance, elle, se trouvera bien quelques portes à ouvrir et un père à tuer. La clé des révélations à double fond réside dans un rêve obscur, mis en image par M. Dali himself. Bien mieux qu'une leçon de psychanalyse pour les nuls, un grand film fantas(ma)tique pour tous les grands névrosés que nous sommes.

Dragonwyck - Château du Dragon (Le)

chateau_dragon.jpeg

Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Walter Huston (1884 - 1950), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Elle aurait pu s'appeler Jane Eyre, le film aurait pu s'appeler Rebecca. Mais là, c'est Miranda. Au début, elle vit dans une petite maison dans la prairie. Un brillant destin de paysanne dévotte lui est promis. Mais un vague cousin très riche l'invite à venir jouer la dame de compagnie dans son antre, Dragonwyck, et sa vie bascule. Le cousin s'avère un irrésistible monstre, la maison se révèle gothique et hantée. Miranda est ravie, dès que possible elle épouse les deux. Il ne lui restera plus qu'à survivre le plus longtemps possible aux charmes vénéneux du lieu, et plus qu'à explorer les recoins obscurs du maître de maison. Il y a des gens comme ça qui ont l'air d'être faits pour s'épanouir à l'ombre, qui sont amoureux de leur prison, et de leur geôlier. La mise en bouche d'une grande oeuvre, en forme de curiosité gothique.

Notorious - Enchaînés (Les)

enchaines.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Louis Calhern (1895 - 1956), Cary Grant (1904 - 1986), Claude Rains (1889 - 1967)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Imaginons que le personnage de La Mort aux trousses soit un vrai espion, et que l'héroïne de Casablanca doive donner des gages de bonne conduite patriotique : le monde à l'envers ! A l'image du film entier, où tout le monde ment et joue la comédie. Sous prétexte de raison d'Etat, bien sûr. Parce que l'amour, il faut bien sûr faire mine, dans ce monde-là, de ne pas y croire. Pour y croire, le spectateur, lui, a droit au plus long baiser en pointillé de l'histoire du cinéma (entrecoupé de dialogues sur le poulet dans le frigo, pour détourner le code Hays). Mais ce n'est que le début : le reste du film est une longue jouissance retardée où la tension monte, se cristallise sur des objets fétiches (clé, bouteille, tasse) avant la délivrance finale. Difficile de ne pas adorer.

Rope - Corde (La)

corde.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Vue sur une rue de New-York très calme. Un cri. La caméra se tourne vers l'intérieur de l'appart. Contrechamp de l'autre côté des rideaux, où deux élégants jeunes hommes en étranglent un troisième. On ne quittera plus ni l'appart (3 pièces-cuisine, mais on ne voit jamais la chambre) ni le plan (8 bobines de 10mn chacune, mais on voit à peine les transitions) -enfin, il m'a bien semblé apercevoir une coupe et un contrechamp, mais ils font sans doute partie du jeu. Et pour raconter quoi, ce simili plan-séance traficoté ? Le buffet froid donné par les deux dandys-assassins sur le cadavre encore tout chaud de leur victime. Le lien qui les attache ne se réduit sans doute pas à la corde qui leur a servi d'arme. Pour les démasquer, on ne pourra guère compter sur la vieille excentrique de service : elle a vu Les Enchaînés mais ne vaut pas Miss Marple. Mais leur prof en toutes choses, lui, a le regard bien affuté. Comme quoi il ne faut jamais croire avoir dépassé son maître.

Third Man (The) - Troisième homme (Le)

troisieme_homme.gif

Réalisé par : Carol Reed (1906 - 1976)
En : 1949, Angleterre
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Trevor Howard (1913 - 1988), Alida Valli (1921 - 2006), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Les ruines de Vienne après la deuxième guerre, un air de cythare et un train qui entre en gare. En descend un candide écrivain américain, à la recherche d'un ami qui lui a promis du travail. L'ami est mort, l'officier anglais qui régit les lieux n'est guère accueillant, les comparses qui suivent l'enterrement n'inspirent pas la sympathie, sauf une très belle femme... Bref, que de très bonnes raisons de ne surtout pas s'attarder en ville. Il reste, il ose même aller mettre le nez dans les égouts du passé. Mensonges, trafics, chantages, trahisons, manipulations, guerre de l'ombre et de la lumière, distorsion des valeurs : on aura droit à tout. D'ailleurs, tout est tellement sens dessus-desous qu'il n'y a pas moyen de mettre la caméra à l'horizontale. Le temps d'une scène de 10 mn et d'une réplique d'anthologie sur les coucous suisses (de son invention, paraît-il), Orson Welles incarne à jamais la séduction et le cynisme absolu du mal.

Under Capricorn - Amants du Capricorne (Les)

amants_capri.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Joseph Cotten (1905 - 1994)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Ca sent le piège : les amants sont en fait des époux, et apparemment plus tellement si épris que ça. Ils vivent en Australie, début XIXème. Pour se retrouver là-bas à ce moment-là, faut soit porter un uniforme, soit avoir eu des choses à se reprocher, et à fuir. On sait assez vite à quelle catégorie appartient chacun des personnages : tous enfermés dans leur rôle, leur histoire, leur héritage social, leurs petites prisons portatives. Pour zigzaguer à l'aise dans cette geôle, Hitchcock met des ailes à sa caméra. Il la fait virevolter dans les pièces, fureter entre ses acteurs, capter en douce la moindre esquisse de geste, la moindre ébauche de sentiment. L'histoire rappelle un peu celle de Rebecca : c'est du lourd, mais filmé par un papillon. Là sans doute est le piège... le gros monsieur cacherait-il donc une âme de midinette ?

Strangers on a Train - Inconnu du Nord-Express (L')

inconnus_express.gif

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), Robert Walker (1918 - 1951)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Guy, un champion de tennis bien propre sur lui, croise dans un train un admirateur anonyme et empressé, prêt à accomplir ses désirs les plus inavouables. Il en oublie son briquet. Il va le regretter. Le film démarre donc sur une espèce de pacte faustien. La suite sera, pour Guy, l'occasion de franchir, les unes après les autres, toutes les marches de l'enfer. Par lâcheté, mensonge, compromission. Secrête attirance, peut-être ? En Méphisto de fête foraine décidément de plus en plus envahissant, Robert Walker tient le rôle de sa vie. Le genre de films qui laisse des traces (un plan de meurtre réfléchi par des lunettes, un briquet tombé au fond d'une bouche d'égout, un manège infernal) même quand on a tout oublié.

Narrow Margin (The) - Enigme du Chicago Express (L')

chicago_express.jpeg

Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Marie Windsor (1919 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Partie de cache-cache avec flingues, dans le dernier train pour L.A. C'est drôles, les trains, pour se cacher : c'est plein de coins, de portes et de vitres, ça s'arrête presque jamais. Participent à la partie quelques policiers qui protègent un ou deux mouchards, un ou deux mouchards pas rassurés par les mauvaises fréquentations des wagons, et des mauvaises fréquentations un peu fachées avec les policiers. Chacun est le chat et la souris de quelqu'un d'autre, mais pas toujours de ceux qu'on croit. D'ailleurs, ce n'est pas très facile de jouer à la ronde dans un alignement de compartiments. Chapeau au réalisateur qui, lui, a l'air aussi à l'aise sur cette poutre étroite que dans un décor confortable. Et puis, les trains, c'est pas parce que ça file droit que ce n'est pas propice aux bons films, et aux retournements de situations.

Hitch-Hiker (The) - Voyage de la peur (Le)

voyage_peur.jpeg

Réalisé par : Ida Lupino (1918 - 1995)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Deux potes en vadrouille (soit disant qu'ils vont à la pêche) en prennent un troisième en stop. Mauvaise pioche : le gars en question est un tueur en série pervers. En plus, il a la tête de l'emploi (il est très moche et très malheureux) et ne dort que d'un oeil (l'autre est toujours ouvert, comme celui du spectateur). Il a juste besoin de se faire conduire à l'autre bout du pays, de l'autre côté du désert. D'autres hommes (des flics) ne vont pas tarder à être à leur trousse. Ce road-huis-clos-movie où la tension monte aussi vite que la température est l'oeuvre d'une des (très) rare réalisatrice d'Hollywood. Elle s'amuse à mettre trois hommes dans une voiture, quelques autres en décor, et les regarde apprendre à se détester. Ils font ça très bien. Elle aussi.

Man on a Tightrope - Cirque en révolte

cirque_revolte.jpeg

Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Gloria Grahame (1923 - 1981), Frederic March (1897 - 1975), Adolphe Menjou (1890 - 1963)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

En 1952, il s’est passé un truc embêtant dans la vie d’Elia Kazan. C’est à ce moment-là qu’il a évoqué quelques noms de potes communistes devant une certaine commission. C’est aussi à partir de là qu’il a commencé à faire des films intéressants, des films où il est question d’agents doubles et de légitimes trahisons. Ici, c’est carrément une troupe entière de cirque (dompteur de lions, clowns, acrobates et musiciens, familles comprises), qui, manque de bol, opère en Tchécoslovaquie, du mauvais côté du rideau de fer. Et rêve de passer de l’autre côté, en bloc et en musique, si possible. Pour éviter d’avoir à faire rire sur les prolétaires méritants et les méchants capitalistes. Si c’est pas de la belle justification a posteriori, ça y ressemble beaucoup. Apparemment, en tout cas, c’est pas le collectivisme qui le rebutait, Kazan, surtout pas celui d’une troupe soudée par le spectacle. Et coup de bol ou pas, il savait décidément faire du très bon cinéma avec (suspense, héros et traitres compris).

Salaire de la peur (Le)

salaire_peur.gif

Réalisé par : Henri-Georges Clouzot (1907 - 1977)
En : 1953, France
Acteurs principaux : Yves Montand (1921 - 1991), Charles Vanel (1892 - 1989)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 141 mn, NB

Critique perso :

Une petite communauté de losers de tous pays, égarés dans un trou de boue en Amérique centrale, se retrouve à glander dans le café du Marius local. Y'a même deux parigots qui y font connaissance. Ils auront tout le temps d'approfondir les présentations : les voilà embarqués (après plus d'une heure de glande, tout de même) dans un convoi exceptionnel à haut risque et haut gain potentiel -une traversée de l'enfer à 20km/h. Ce n'est pas tant la nature qu'il faut craindre, ici, que l'inhumaine industrie des hommes, leur capacité à créer des pièges plus grand qu'eux. Une histoire de mâles entre eux -des vrais, des durs, des ruisselants (de whisky, de sueur ou de pétrole, à votre goût), victimes avant l'heure de la mondialisation de la misère, celle qui mesure en dollars la valeur d'un mec.

Dial M for Murder - Crime était presque parfait (Le)

crime_parfait.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990), Grace Kelly (1929 - 1982), Ray Milland (1905 - 1986), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Un décor de théâtre, un sombre complot en vase clos, un scénario à la Colombo, avec mondains pervers et objets fétiches dans les rôles principaux : c'est tout ce qu'il faut à Hitch. Fidèle à son dicton qui veut que meilleur est le méchant, meilleur est le film, il case là une des pires crapules les mieux habillées de son cinéma : un ambitieux opportuniste, faux-cul et manipulateur : bref, un vrai metteur en scène. Il est marié à quelqu'un à sa hauteur : une dame très élégante bien qu'un peu garce et hypocrite sur les bords -capable de tuer un homme avec ses jolies petits bras et ses ciseaux de couture, tout de même. L'un veut tuer l'autre, mais l'autre a l'art de tout gacher. Que le fin mot de l'histoire dépende d'une clé volée dans le porte-monnaie de la dame n'étonnera que ceux qui ignorent tout de la psychanalyse.

Rear Window - Fenêtre sur cour

fenetre_cour.gif

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Grace Kelly (1929 - 1982), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Le meurtre mode d'emploi selon sir Alfred. Jeff a la jambe cassé et le platre qui le démange. Alors, il fait comme tout le monde : il regarde par la fenêtre dans la cour de l'immeuble en face de chez lui. Et il voit tout -ou presque : les étapes de la vie, les saisons de l'amour, les heurs et malheurs des hommes. Le reste, quand son infirmière et sa fiancée lui en laissent l'occasion, il a tout le temps de l'imaginer (ça tombe bien : il a beaucoup d'imagination !). Hitchcock invente le thriller en pyjamas, le huis clos avec vue sur le monde, la tragédie humaine dans une maison de poupée -bref, il ré-invente (une fois de plus) le cinéma.

Night of the Hunter (The) - Nuit du chasseur (La)

nuit_chasseur.gif

Réalisé par : Charles Laughton (1899 - 1962)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Lillian Gish (1893 - 1993), Robert Mitchum (1917 - 1997), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 89 mn, NB

Critique perso :

La rencontre improbable entre le western, le film noir et le conte de fées a donné ce bijou improbable, seule réalisation de son auteur (par ailleurs excellent acteur). Le diable s'est déguisé en pasteur, il a la tête de Robert Mitchum et il plaît aux dames. Il rejoue par coeur le sketch du combat entre le bien et le mal (les américains ont toujours adoré ça) à qui veut bien l'écouter. Mais c'est pour de faux. Pour de vrai, il n'est pas à quelques cadavres près pour récupérer son magot. Pour de vrai, c'est un grand loup dans la bergerie du monde de l'enfance. De ceux dont on a toujours adoré avoir peur.

Bigger Than Life - Derrière le miroir

derriere_miroir.gif

Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : James Mason (1909 - 1984), Walter Matthau (1920 - 2000)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Devant le miroir : la parfaite image de la parfaite famille américaine. Papa au boulot, maman à la cuisine et le fiston devant la télé. Il fait même du zèle, le papa : double boulot (instit et employé d'une compagnie de taxis) pour que maman cuisine encore mieux. Mais il est malade -très. Diagnostic fatal, un seul espoir en stock : un nouveau traitement expérimental. Derrière le miroir, donc (dans l'armoire à pharmacie) : des pilules miracle de cortisone. La molécule le soulage, le guérit, l'exalte. Flate son côté schizo qui ne sommeillait qu'à moitié et, surtout, lui permet de devenir enfin ce qu'il est : supérieur - infiniment supérieur. Elle lui donne des ailes de géant qui l'empêchent de marcher dans les clous. Et la middle class américaine frustrée montre son vrai visage : la parfaite image de la parfaite horreur domestique.

Man Who Knew Too Much (The) - Homme qui en savait trop (L')

homme_trop.gif

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Doris Day (1924 - ), Daniel Gélin (1921 - 2002), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en avant la musique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Replay, en couleur et en plus long. La même histoire d'homme ordinaire embarqué malgré lui dans une embrouille d'espionnage (cf. aussi Les 39 marches, entre autres). Cette fois, l'homme est marié à une ex-chanteuse (elle a changé d'arme mais ça reste utile), ils ont un petit garçon et ils sont en vacances au Maroc. Il est toujours censé en savoir trop, mais on a plutôt l'impression qu'il navigue encore dans le fog (d'ailleurs, c'est le seul personnage qui ne connaît rien à la musique). Quelques péripéties plus tard, tout converge aussi vers l'Albert Hall de Londres. Là, le meilleur du film : Hitch fait passer la musique au premier plan, il inverse la figure et le fond, en quelque sorte. La cymbale devient le personnage principal. Et c'est la musique, encore et toujours, qui achèvera le dénouement final. Bien joué, maestro ! Un film un peu mineur mais que sera sera toujours aussi plaisant.

Vertigo - Sueurs froides

sueurs_froides.gif

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Kim Novak (1933 - ), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Une version possible : un homme est obsédé par une femme, parce qu'elle ressemble à une autre, une qui l'avait fait tourner en rond et en bourrique dans les rues de San Francisco avant de se suicider (parce qu'elle-même était obsédée par une autre femme morte un siècle auparavant). Une autre version (pas plus simple) : les trois femmes n'en font qu'une, ou peut-être deux. Une autre : c'est l'homme qui a tout inventé - ou tout rêvé (comme dans Laura), ou tout mis en scène... Vertige de l'amour et de la culpabilité, spirale du temps et du désir : bienvenue au pays des fantasmes de Mr. Hitchcock ! On y tutoie des abîmes dangereux et sublimes, souvent blondes : très très haut dans mon Panthéon personnel.

North by Northwest - Mort aux trousses (La)

mort_trousses.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Martin Landau (1931 - 2017), James Mason (1909 - 1984), Eva Marie Saint (1924 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

Roger Thornhill, publicitaire new-yorkais surbooké mais sans histoires, est pris pour un certain Geoges Kaplan, ce qui lui vaut d'être kidnappé par une bande d'espions qui ne lui veut pas que du bien -et lancé dans une histoire de fous. Plus tard, c'est lui qui les poursuivra, de New-York à Chicago direction Rushmore (north by northwest of course), en se faisant passer pour Georges Kaplan. Les rôles s'inversent et s'échangent sans cesse dans ce cauchemar délicieusement emberlificoté où un homme finit par en devenir un autre. Roger devient donc Georges, endossant une identité inventée de toute pièce (au cinéma, on s'appelle ça un personnage), pour vivre une autre vie que la sienne (au cinéma, on appelle ça un scénario). Ce film est un musée du cinéma à lui tout seul, tant il enchaîne les scènes d'anthologie : le meurtre aux Nations Unies, l'attaque d'un avion en rase campagne, la poursuite sur les têtes du mont Rushmore, le train s'enfonçant dans un tunnel... Une histoire de fous relookée en film d'espionnage glamour, à revoir régulièrement comme on rend visite à un vieux pote délicieusement pervers.

Yeux sans visage (Les)

yeux_visage.jpeg

Réalisé par : Georges Franju (1912 - 1987)
En : 1959, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967), Claude Brasseur (1936 - ), Pierre Brasseur (1905 - 1972), Alida Valli (1921 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Des jeunes filles disparaissent autour de Paris. Quand on les retrouve, elles sont affreusement défigurées. Un grand chirurgien mondain reconnaît pourtant l'une d'elle comme sa fille. Mais la vérité pourrait bien être un peu plus complexe et plus tordue. Dans son antre, après avoir passé plein de portes et monté plein d'escalier, notre Dr. Moreau de banlieue cache d'horribles secrets. Une poupée de porcelaine vivante, une secrétaire-rabatteuse en 2CV, un savant fou et un chenil : ces personnages sortent tout droit du cinéma expressionniste muet - ou de Frankenstein. Le film, lui, est de ceux qui va voir ce qu'il y a derrière les faces et les façades lisses. Il est plein de bruits et de douleurs, et de poésie noire.

Peeping Tom - Voyeur (Le)

voyeur.jpg

Réalisé par : Powell (& Pressburger) (1905 - 1990)
En : 1960, Angleterre
Acteurs principaux : Karlheinz Böhm (1928 - 2014), Moira Shearer (1926 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Mark l'égorgeur vit à Londres, dans les années 60. Il est photographe et apprenti cinéaste, il a un vague accent prussien. Peut-être un ancêtre qui s'appelait M du côté de Berlin. Comme le caméraman de King Kong, il a une prédilection pour le filmage de la femelle hurlante de type homo sapiens. Comme le proprio dérangé de Psychose, il a la pulsion scopique au bout du couteau. Alors, pour combiner les deux, il a mis un couteau au bout de son pied de caméra. C'est un serial-matteur du type le plus dangereux. Comme tous les cinéphiles compulsifs, c'est aussi un petit garçon qui n'a jamais grandi, un taré au doux regard qui tue. Cette enquête sur le visage de la terreur, miroir déformant, baroque et glaçant, fait l'effet d'un coup de projecteur dans l'âme. Comme si l'oeil était dans la caméra et nous regardait.

Psycho - Psychose

psychose.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1960, USA
Acteurs principaux : Janet Leigh (1927 - 2004), Vera Miles (1929 - ), Antony Perkins (1932 - 1992)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, NB

Critique perso :

Marion -très bien en soutien-gorge- n'a pas la conscience tranquille : elle vient de voler 40 000 $ à son patron. Dans sa fuite, elle se réfugie au Bates Motel. Mauvaise idée. Surtout que Janet Leigh, elle aurait dû se souvenir du motel de La Soif du mal. Norman Bates, le jeune proprio, sourire d'ange mais regard de hibou, n'a pas, lui, le subconscient tranquille. Et puis, elle n'aurait jamais dû prendre une douche... Ah ! LA fameuse scène de la douche ! On en est encore tout dégoulinant d'eau, de sang et de peur. On n'en est pourtant qu'au milieu du film, et on vient de perdre une héroïne. Bon, je ne raconte pas tout le reste : suffit de savoir que le film est une plongée de plus dans les profondeurs marécageuses de nos cauchemars, l'ancêtre de tous les films d'horreur actuel -le gore en moins, le génie en plus.

Innocents (The) - Innocents (Les)

innocents.jpeg

Réalisé par : Jack Clayton (1921 - 1995)
En : 1961, Angleterre
Acteurs principaux : Deborah Kerr (1921 - 2007), Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Deux adorables orphelins et leur gouvernante très comme il faut vivent dans un somptueux manoir gothique. Pourtant, une ombre plane sur ce vert paradis. Apparemment, il s'en est passé de belles, dans le coin, il y a peu. Evidemment, il est hors de question d'en parler ouvertement. Mais, depuis, il semble bien que quelques fantômes occupent aussi le terrain. Habitent-ils dans le grenier, dans la tête des enfants ou dans celle de la vieille fille ? that is the question... Et à quelles maléfiques influences peuvent-ils donc prétendre puisque les enfants sont des anges et puisque leur irréprochable gouvernante n'agit que pour leur bien ? Sauf que, parfois, les pires innocences et les plus pures perversions ont le même visage.

Cléo de 5 à 7

cleo5a7.jpeg

Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1962, France
Acteurs principaux : Jean-Luc Godard (1930 - ), Anna Karina (1940 - ), Corinne Marchand (1937 - )
Genre(s) : Paris /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 86 mn, NB/couleur

Critique perso :

Dans la première partie, elle s'appelle Cléo Victoire. C'est une chanteuse à la mode et à robe à pois, une poupée un brin capricieuse et superficielle vers laquelle les regards d'hommes se tournent avec un brin d'insistance. Le problème, c'est qu'elle pourrait bien être très malade. Mademoiselle Victoire sent le boulet de la mort lui défaire le brushing. Alors, dans la deuxième partie, elle fait sa mue. Elle s'appelle Florence, elle s'habille en noir comme déjà en deuil d'elle-même, et elle se met à regarder les autres, avec un brin d'insistance bienveillante. Les artistes, les garçons de café et les soldats en permission, même ceux qui ne savent pas qu'elle chante dans les juke-box. En 1h30 de vie et de film, elle réussit à parcourir quelques kilomètres de pavés parisiens : quelques petits pas pour une femme, un grand bond dans son humanité.

Birds (The) - Oiseaux (Les)

oiseaux.gif

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Tippi Hedren (1931 - ), Rod Taylor (1930 - 2015)
Genre(s) : les chocottes à zéro
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Deux histoires pour le prix d'un film ! D'abord, une parade de séduction raffinée entre deux grands enfants en costume d'adulte qui sortent le grand jeu. Et puis, là-dessus, de drôles d'oiseaux menaçants se mettent à assombrir sérieusement le ciel et l'avenir du petit village de bord de mer qui sert de décor. Evidemment, Hitchcock n'explique rien, ne force aucune interprétation symbolique de cet étrange rapprochement ; mais nous, pauvres humains, nous ne pouvons pas nous empêcher d'essayer de faire du sens avec tout ça : violence sexuelle, étrangeté du monde, rebellion de la nature, défi à la raison et au contrôle... On est attaqué en plein inconscient, on a compris quelque chose et on ne sait pas quoi, c'est le pouvoir des grands films.

Marnie - Pas de printemps pour Marnie

marnie.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Sean Connery (1930 - ), Bruce Dern (1936 - ), Tippi Hedren (1931 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Marnie est charmante. Dommage qu'elle soit un peu cleptomane. Et frigide. Marnie est folle. De temps en temps, elle voit la vie en rouge. Elle a des terreurs et une voix d'enfant pendant les orages. Son patron, lui, est amateur de bêtes sauvages. Il l'a connue ailleurs "brunette with legs". Il la trouve aussi pas mal en blonde. Il la présente à papa, l'emmène dans ses écuries, lui force un peu la main (et pas que la main). Il fait ce que Alfred aurait adoré faire à Tippy, si j'ai bien compris les biographes. Un drôle de cours de psychanalyse illutrée (en couleur) pour débutants, façon Dr. Ewardes à l'envers. Ou cauchemar à l'endroit.

Repulsion - Répulsion

repulsion.jpeg

Réalisé par : Roman Polanski (1933 - )
En : 1965, Angleterre
Acteurs principaux : Catherine Deneuve (1943 - ), Yvonne Furneaux (1928 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Elle s'appelle Carole, elle vit à Londres. Elle est jeune, blonde et très jolie. Mais pas causante. Le genre crustacé qui se rétracte au moindre contact avec un doigt poilu. Elle travaille dans un gynécée : un salon de beauté où des femmes s'occupent d'autres femmes. Ca lui convient visiblement mieux que de fréquenter les hommes qui se retournent en vain sur sa beauté dans la rue. Elle vit avec sa soeur, mais sa soeur a un amant qui laisse des poils dans le lavabo. Et puis, un jour, la soeur part en vacances avec l'amant et Carole se retrouve toute seule dans le grand appartement. C'est à ce moment-là que le lapin qui trainait dans le frigo commence à se réveiller. A ce moment-là aussi que les fissures du mur se mettent à s'agiter, et que les bras poilus qui se planquaient dedans se décident à sortir. A partir de là, malheur aux doigts qui oseront appuyer sur la sonnette. Elle est jeune, blonde et complètement névrosée : attention ange méchante !

Planet of the Apes - Planète des singes (La)

planete_singe.jpg

Réalisé par : Franklin Schaffner (1920 - 1989)
En : 1968, USA
Acteurs principaux : Charlton Heston (1924 - 2008), Kim Hunter (1922 - 2002)
Genre(s) : New York - New York /c'était demain /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Grâce à la Relativité Générale, Taylor et son équipage d'astronautes parcourent 2000 ans d'espace-temps pendant un petit roupillon. Mais la planète étrangement familière et familièrement étrange où ils accostent leur enseigne un autre genre de relativité : celle de la civilisation homo sapiens. Ici, les hommes sont réduits en esclavage et traités en animaux qu'ils sont (il ne leur manque que la parole !) par de grands singes savants. Taylor, spécimen parlant, donc atypique, se fait remarquer. Il devient l'enjeu d'une controverse scientifique qui oppose le vieux rusé Dr Zaius et le jeune ambitieux Cornélius -un descendant de Darwin, probablement. Bienvenue de l'autre côté du miroir de 2001, l'Odyssée de l'espace : le singe est l'avenir de l'homme et il n'est pas beau ! Le film, lui, n'a rien perdu de son charme rétro.

Thomas Crown Affair (The) - Affaire Thomas Crown (L')

affaire_thomas.gif

Réalisé par : Norman Jewison (1926 - )
En : 1968, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Steve McQueen (1930 - 1980)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Quiconque a un peu joué aux échecs (et je ne prétends pas du tout être une spécialiste !) sait que, pour s'assurer le contrôle d'une case adverse et menacer la pièce qui s'y trouve, il faut que plusieurs de ses propres pièces soient en position de prise. Et qu'une partie est une manière de tisser et retisser un complexe réseau de positions de contrôle réciproques. C'est la base du scénario de ce film (et de sa forme, aussi, puisque le split screen y est utilisé pour transformer l'écran en échiquier). Deux grands maîtres s'y affrontent. Ils disposent chacun de pièces maîtresses, des plus belles motivations humaines : l'argent, l'amour, le pouvoir -et partagent la capacité de savoir s'en servir et le goût du risque. Mais ils sont irrémédiablement adversaires. La partie culmine, of course, dans une vraie partie d'échecs torride (la seule chose dont se souviennent ceux qui ont vu le film il y a longtemps). Le plaisir est esthétique, sensuel et cérébral. Réussite et mat !

Topaz - Etau (L')

etau.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Claude Jade (1948 - 2006), Philippe Noiret (1930 - 2006), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Guerre froide : un dignitaire russe lache son camp, les cubains ne sont pas contents, ce qui inquiète les américains. Pour démèler l'affaire, on fait intervenir un contact neutre, le genre qui se fait une certaine idée de sa mission. Comme il est français, il est autorisé à tromper sa femme avec une charmante agent double cubaine. Mais comme il n'est pas britannique, il n'a pas droit pour autant au glamour de James Bond (lui, son code, ce serait plutôt 0SS 117, c'est dire). Une histoire d'espions de 2ème division, donc, où les décors ont l'air plus réels que les personnages -sauf Fidel et le Che, qui font de la figuration. Pour le reste, plutôt du Hitch de 2ème division.

Clockwork Orange (A) - Orange mécanique

orange_mec.jpg

Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1971, Angleterre
Acteurs principaux : Malcolm McDowell (1943 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

C'est une espèce de "Crime et chatiment" qui aurait été transposé quelques années après que le Dr Folamour ait pris le pouvoir. Le héros s'appelle Alexandre le Large, c'est donc un explorateur de territoires inconnus. Ses drogues préférées ont pour nom : sexe, violence et Beethoven. Forcément, ça finit par mal tourner. La société policière en fait le cobaye d'un nouveau traitement de choc contre le mal : en psycho, ils l'appellent le "conditionnement opérant" ; ça marche assez bien avec les rats et les chiens. Alex est "guéri". Effet de bord non désiré, il est aussi dégoûté de Beethoven -mais pas de Singin' in the Rain, ce qui lui causera des ennuis à sa sortie de prison. Son enfer est pavé des meilleures intentions gouvernementales. Et la société, elle, ne sera jamais guérie de ses démons... Encore une magistrale et impressionnante leçon signée du maître.

Play Misty for Me - Frisson dans la nuit (Un)

frisson_nuit.jpeg

Réalisé par : Clint Eastwood (1930 - )
En : 1971, USA
Acteurs principaux : Clint Eastwood (1930 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

DJ amateur de jazz, animateur de nuit sur la radio locale, Dave est la star de son bled. En Califormie, au bord de la mer, pas mal le bled (tellement que Clint en sera le maire, en plus d'en être la star, mais c'est pour plus tard...). Et, bien sûr, il les fait toutes craquer, facile. Il a bien une petite préférence pour Tobie, artiste quoique poupée Barbie blonde, mais elle est souvent absente. Alors quand Evelyn se présente, brune mais tout de même fan de première catégorie en mini-jupe, il ne se fait pas prier. Dommage, parce qu'Evelyn est aussi une harceleuse-schizo de première catégorie qui s'ignore (mais pas pour longtemps). Une vraie Norman Bates en mini-jupe. Jeune encore et déjà persécuté par les jolies femmes qui en veulent à sa virilité, le pauvre Clint ! Il résiste mais faut pas le chercher trop longtemps, quand même. Un bon film de genre avec une petite touche perso en plus (le jazz, filmé en direct dans un festival), facile.

Straw Dogs - Chiens de paille (Les)

chiens_paille.jpg

Réalisé par : Sam Peckinpah (1925 - 1984)
En : 1971, Angleterre
Acteurs principaux : Susan George (1950 - ), Dustin Hoffman (1937 - ), David Warner (1941 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

Un gentil astro-mathématicien américain, marié à une jolie paire de jambes anglaises, en congé sabbatique dans le trou à bouseux où est née madame. Au milieu d'écluseurs de bouteilles, c'est le seul à porter un pantalon blanc et des lunettes. Pendant qu'il analyse la structure de l'univers dans son bureau, sa femme montre sa jolie paire de jambes aux ouvriers bouseux qui travaillent sur le toit de leur grange. Une souris et des hommes. Si au moins ils avaient vu Orange mécanique ou Délivrance, ils se seraient peut-être méfié, les jeunes mariés. Mais non, ils ne savent pas jusqu'où ne pas aller trop loin. Si bien qu'ils y vont. A la fin, ils ne seront plus capables de faire la différence entre ce qui fait plaisir et ce qui fait mal. A la fin, le gentil mathématicien aura un peu sali son pantalon et cassé ses lunettes.

Westworld - Mondwest

mondwest.jpeg

Réalisé par : Michael Crichton (1942 - 2008)
En : 1973, USA
Acteurs principaux : Yul Brynner (1915 - 1985)
Genre(s) : c'était demain /carrément à l'ouest /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, couleur

Critique perso :

Disneyland, c'est bon pour les enfants. Dans pas longtemps, les grands auront bien mieux pour s'amuser : Mondwest. A Mondwest (ou Westworld, sans doute une traduction de Hollywood en langage de l'époque) on peut choisir son thème : le western (pour tuer à l'aise), l'empire romain (pour baiser tranquille) ou le Moyen Age (pour les deux). C'est un peu cher mais on est traité comme des stars de cinéma et on ne craint rien : le personnel local n'est composé que de robots consentants et pas syndiqués -et de savants fous bien planqués. D'ailleurs, les pistolets ne marchent pas sur les vrais humains. Mais, comme dans tous les Edens, il y a parfois des créatures qui se détraquent. Des robots qui refusent d'obéir à leur cahier des charges -et, ma foi, on serait pas loin de leur donner raison. La piste métaphysique est légère mais le film d'action-science-fi bien troussé pour l'époque. Terminator s'est évadé direct de ce parc-là, et pas mal d'autres films qui ont suivi.

Phantom of the Paradise

phantom_paradis.jpeg

Réalisé par : Brian De Palma (1940 - )
En : 1974, USA
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /en avant la musique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Un Faust musicien rencontre un Dorian Gray déguisé en pop star qui, après lui avoir tout piqué (entre autres : sa musique, son corps et son âme), le transforme en zombie à sa botte (de rocker) en s'alliant avec un Frankenstein punk. Mais le Faust, qui aime une Phoenix, se mue en oiseau de proie et devient le fantôme de l'Opéra rock qu'il a écrit (je résume en gros). Il n'y va pas avec le dos de la guitare, le De Palma. Il met des caméras et des miroirs partout, cite, pille et recycle tous ses Dieux et ne nous cache rien du rouge Paradis(e) des vengeances assassines dans le milieu pourri-gâté du show-biz. Une mise en abîme speedée de toutes les mises en abîmes possibles, qui donne le vertige des miroirs parrallèles.

Three Days of the Condor - Trois jours du Condor (Les)

3_jours_condor.jpeg

Réalisé par : Sydney Pollack (1934 - 2008)
En : 1975, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Robert Redford (1936 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est un agent de la CIA version bobo-cool, qui vient au boulot en motocyclette et qui sait lire - pas trop comme James Bond, donc. Son boulot, c'est même de lire des romans toute la journée, pour y dénicher des histoires qui pourraient provenir -ou être destinées à- d'autres agents comme lui. Faut vraiment être scénariste à la CIA pour inventer un truc pareil. Le pire, c'est que c'est à cause de ça que tous ses collègues se font zigouiller. Dans le genre polar-politique-parano des années 70, le film se pose là. Mais quand il commence à évoquer le pétrole du Moyen-Orient, on tend l'oreille. A croire que Pollack a trouvé son scénario en lisant les journaux des années 90. En voyant qu'il a logé son noeud de vipères dans une des deux grandes tours qui pavoisaient alors au sud de Manhattan, on se dit même qu'il a sacrément bien visé, le bougre. Au bout du compte, on est tout à fait convaincu qu'inventer la réalité, c'est un boulot dangereux.

Obsession

obsession.jpeg

Réalisé par : Brian De Palma (1940 - )
En : 1976, USA
Acteurs principaux : Geneviève Bujold (1942 - ), Cliff Robertson (1923 - 2011)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Monsieur aime les belles choses : sa maison, son épouse, les églises de Florence (où il l'a connue) et la fille qu'ils ont faite ensemble. Tout irait parfaitement dans le meilleur des paradis possibles s'il était un peu moins riche. Kidnapping de l'épouse et de la fille, demande de rançon, intervention de la police qui foire : il perd tout (sauf sa maison). Seize ans plus tard, il est toujours riche, de nouveau à Florence et face au sosie de son épouse décédée. On rembobine le film, la copie sera-t-elle meilleure que l'originale ? Ce remake sur les remakes pompe explicitement Vertigo, Rebecca, Marnie et quelques autres, en un poil plus pervers, dans l'esthétique kitsch des années 70 parfois au bord du ridicule (et pas toujours du bon côté du bord). Il se prendrait pas pour la réincarnation du gros bonhomme du cinéma, le De Palma ? C est son obsession à lui...

Last Wave (The) - Dernière vague (La)

derniere_vague.jpeg

Réalisé par : Peter Weir (1944 - )
En : 1977, Australie
Acteurs principaux : Richard Chamberlain (1934 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

Australie, dernière gare avant la fin du monde. Il pleut des ballons de grêle dans le désert et des grenouilles sur les trottoirs. Y'a plus de saisons, c'est le monde à l'envers. Des bushmen taciturnes, restes de tribus aborigènes rescapés dans le désert des villes, en profitent pour règler leurs derniers comptes. On pressent une apocalypse liquide, on comprend qu'ils sont les seuls à savoir nager. David, avocat bien propre sur lui, en est tout éclaboussé. Alors que toute sa vie prend l'eau, il essaie, avec quelques initiés, de sauver sa mémoire du naufrage. Australie, 2h-1/4 avant le déluge. Juste le temps de réconcilier quelques barbares blancs avec le Temps du Rêve oublié.

Mad Max

mad_max.jpg

Réalisé par : George Miller (1945 - )
En : 1979, Australie
Acteurs principaux : Mel Gibson (1956 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 88 mn, couleur

Critique perso :

Au début, on comprend rien. Y’a des types qui se coursent les uns après les autres dans des bolides (autos ou motos) customisés, ce qui a l’air de les rendre assez hystériques. Y’a des gangs simili-punks, qui dévalisent ce qu’ils peuvent. Y’a des simili-flics, très sexys dans leur uniforme tout cuir, qui font à peu près la même chose, sauf qu’ils sont censés les chasser, quand ils ne sont pas chassés par eux. Après, on comprend que y’a rien comprendre, que c’est le chaos et que ces courses dans un sens ou dans un autre seront les seules actions à attendre. Y’a quand même un flic -Max, donc- qui a l’air d’avoir une vie en dehors de l’asphalte, mais c’est pas pour longtemps. Au moins, on sait ce qu’il aura à regretter. Ce premier épisode (nettement moins bon que le deuxième) est un peu brouillon, mais il a le mérite d’inventer une gueule qui, à ce moment-là, attire toute notre sympathie. Et de poser les bases d’un univers original, où le visuel prime sur le scénar. Y’a des fans. On passe son temps sur la route, à traverser les paysages à toute vitesse. C’est un peu comme dans le Tour de France. Mais en Australie. Et sans vélo.

Shining (The)

shining.jpg

Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Jack Nicholson (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Comme dans la Nuit du chasseur, le loup, on le voit arriver de haut, et de loin. Il s'appelle Jack, écrivain, sourcils menaçants ; il vient de dégotter un petit job peinard : jouer au gardien d'hiver dans un hôtel paumé. Il y emmène sa femme et son fils. Faut bien le dire : dans ce film, il ne se passe à peu près rien. L'hôtel est un labyrinthe aux plafonds hauts, aux tapis seventies recouvrant une splendeur passée. C'est plein de vide et de musique stessante. Certes, quelques fantômes errent dans les couloirs (et dans la chambre 237). Mais c'est surtout dans le labyrinthe bas de plafond de ses pensées que Jack se perd. Une seule question demeure sans réponse : qui lui a ouvert la porte ?

Videodrome

videodrome.jpeg

Réalisé par : David Cronenberg (1943 - )
En : 1983, Canada
Acteurs principaux : James Woods (1947 - )
Genre(s) : c'était demain /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 87 mn, couleur

Critique perso :

Videodrome est un programme télé qui vise tout ce qu'il y a de plus bas chez les spectateurs. En gros, pour ce qu'on peut en voir : des nanas à moitié à poil qui se font gentiment torturer, mutiler, assassiner. Ca coûte pas cher, c'est excitant, ça pourrait rapporter gros à Max et à sa chaîne de troisième sous-sol, exactement ce qu'il cherche. Videodrome est un programme télé qui rend con et accro. On y goûte en faisant mine d'être dégoûté, on y revient, on n'en sort pas. Du trash-reality show avant l'heure, une espèce de Goulag de la tentation. Videodrome est un programme télé qui rend fou. Ca rentre par les yeux, ça dérègle les sens, ça modifie le corps. Avec ça, le mythe de la fiction catharique, c'est vraiment de la bonne blague. Attention, Videodrome is watching you, tous les soirs à 20h30.

Hit (The)

hit.jpeg

Réalisé par : Stephen Frears (1941 - )
En : 1984, Angleterre
Acteurs principaux : John Hurt (1940 - 2017), Fernando Rey (1917 - 1994), Tim Roth (1961 - ), Terence Stamp (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Trois hommes (et occasionnellement une femme) sont dans une voiture. En fait, deux d'entre eux ont la mission de tuer le troisième. Mais pas tout de suite. Pas trop vite. La vengeance, en Espagne, se boit frappée. Le troisième, il a joué à la balance, dans un tribunal anglais, 10 ans avant. Depuis, il a migré plein sud, s'est mis à lire, à réfléchir et à attendre. Les deux autres n'ont visiblement pas utilisé leur temps de la même façon. Mais chacun a ses petites faiblesses. Ce road-movie de croix avec virages dangereux, crochets imprévisibles et stations sanglantes intégrés, pratique l'humour noir au grand air, et cueille à froid en plein soleil.

Indiana Jones and the Temple of Doom - Indiana Jones et le temple maudit

Indiana.jpg

Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Kate Capshaw (1953 - ), Harrison Ford (1942 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

A l'Obi Wan bar, tripot de Shangai, Indiana se souvient d'être un héros. Il perd quelques plumes, comme d'hab, mais gagne le droit de trimballer une cruche blonde et un gamin pour le reste du film. Lequel film prend ensuite la route des Indes -des Indes mythiques sous influence Fritz Lang, comme si le Tombeau indou était tombé dans les bas-fonds de Metropolis. L'aventure prend cette fois la forme d'un trip immobile, un Voyage fantastique au fond de gouffres amers, rouges comme des entrailles, chauds comme les enfers. Atmosphère lourde et sombre, ambiance claustro (faudra attendre l'épisode suivant pour affiner le bronzage) : pas facile tous les jours d'accoucher du héros qui est en soi.

Brazil

brazil.jpg

Réalisé par : Terry Gilliam (1940 - )
En : 1985, Angleterre
Acteurs principaux : Robert De Niro (1943 - ), Ian Holm (1931 - ), Jonathan Pryce (1947 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 131 mn, couleur

Critique perso :

Je ne sais pas si Terry Gilliam avait entendu parler de l'effet papillon. Lui, en tout cas, a inventé l'effet moustique. C'est un stupide moustique écrasé tombé sur un listing qui est le point de départ cataclysmique de ce film. Fatal engrenage parce que, dans le monde de Brazil, les papiers, les machines et les tuyaux sont bien plus importants que les hommes : un moustique, et tout peut dérailler. D'ailleurs, tout déraille. Au fait, où et quand ça se passe ? Bonne question ! Il y a des gens qui travaillent (plus ou moins), des riches qui se pavanent et des pauvres qui rament, des faux-culs, des clandestins et des fonctionnaires. Donc c'est à peu près comme ici et maintenant et toujours -mais en pire. Ce monde-là, on ne l'a jamais vu nulle part mais on a l'impression de le reconnaître tout de suite. C'est par où la sortie ? Alors là, pas de bonne réponse. Essayer la musique et le rêve, à tout hasard.

Fly (The) - Mouche (La)

mouche.jpeg

Réalisé par : David Cronenberg (1943 - )
En : 1986, Canada
Acteurs principaux : Geena Davis (1956 - ), Jeff Goldblum (1952 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Le brillant professeur Brundle a le mal des transports. Alors, il travaille sur le voyage immobile : la téléportation... C'est presque au point, il ne lui manque plus que le brin de folie final. C'est justement ce que lui apporte la belle Veronica, journaliste scientifique émoustillée par la découverte du siècle... et par Brundle. Ayant goûté aux vertiges de la chair, le cérébral professeur est enfin prêt à toutes les hybridations : un soir de beuverie, il se décide à tester sa machine sur lui-même. Le seul problème c'est que, ce soir-là, une mouche a la même idée, au même moment, au même endroit. La machine s'emmêle un peu les ADN, et recrache un superbe OGM : Organisme Génétiquement Monstrueux, mi-mouche mi-Brundle. Au début, tout va bien : Brundle apprend à marcher sur les murs comme Spiderman. Mais bientôt, il récupère la tête d'Elephant man et ça devient moins rigolo pour lui et son entourage. Cronenberg a tout compris : le monstre est en nous depuis toujours et la mouche est l'avenir de l'homme.

Twin Peaks: Fire Walk with Me - Twin Peaks - les 7 derniers jours de Laura Palmer

twin_peaks.jpeg

Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Sheryl Lee (1967 - ), David Lynch (1946 - ), Kyle MacLachlan (1959 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

Evidemment, avant le film il y a eu la série, qui raconte ce qui se passe après. Alors, dès le début, le rouge est mis. C'est comme si le compte à rebours était enclenché, la bombe à retardement amorcée, mais au ralenti. Pourtant, filmer le destin en marche ne suffit pas, il faut aussi en montrer les esprits maléfiques et les demi-Dieux, les démiurges et les oracles. Or, les oracles ne sont pas fameux, on prédit qu'une jeune fille sera sacrifiée. Que d'ailleurs, c'est déjà fait, et qu'en plus la jeune fille est de toute façon pervertie jusqu'au trognon. Le FBI est sur le coup, avant même qu'il se soit passé quelque chose. Lynch inaugure ici son costume de grand chamane de l'inconscient, et s'offre une apparition en personnage aussi sourd qu'Homère était aveugle. Twin Peaks -le film-, c'est un peu l'Olympe assassiné par le soap opéra, et brillamment repêché par le cinéma.

Little Odessa

little_odessa.gif

Réalisé par : James Gray (1969 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Vanessa Redgrave (1937 - ), Tim Roth (1961 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Little Odessa, Brooklyn, New-York. Joshua y est né, y a aimé, y a tué. Ca a dû lui plaire, il en a fait son métier. Pour cela, son père l'a bani et renié. Mais il est pourtant de retour, pour un contrat. Et pour revoir sa maman et son petit frère. Little Odessa : il neige et il fait froid, comme là-bas mais en moins pire, sans doute. Les petits Parrains y reignent -comme là-bas aussi, sans doute. Ici, les juifs sont d'ici sans en être, comme partout. Ils aiment, ils souffrent, ils tuent, comme tout le monde. A la recherche de son Eden perso, du vert paradis de ses amours enfantines, Joshua ne trouve que désolation et éternel recommencement du malheur. Une antique tragédie biblique déguisée en polar noir -ça lui va bien.

Twelve Monkeys - Armée des 12 singes (L')

armee_12_singes.jpg

Réalisé par : Terry Gilliam (1940 - )
En : 1995, USA
Acteurs principaux : Brad Pitt (1963 - ), Christopher Plummer (1927 - ), Madeleine Stowe (1958 - ), Bruce Willis (1955 - )
Genre(s) : c'était demain /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Cette science fiction-là, avec sa technologie de bric et de broc détraquée au service d'un pouvoir monstrueux, on la reconnaît vite : c'est celle de Terry Gilliam. Effectivement, le début de L'Armée des 12 singes pourrait être la suite post-apocalyptique de Brazil, où le rêve (ici un souvenir d'enfance récurrent) est encore la seule échappée possible de l'enfer. Mais bien vite, on suit Bruce Willis qui expérimente le Vertigo et les délices du voyage dans le temps avant d'en comprendre les inquiétants paradoxes. Il découvrira que la pire prison est celle de sa tête et de son destin et, pour une fois, malgré son beau corps musclé, ne parviendra pas à sauver le monde. Pour lui et pour l'ambiance déglinguée à souhait, ce film supporte tous les paradoxes temporels de la revoyure...

Titanic

titanic.jpg

Réalisé par : James Cameron (1954 - )
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Kathy Bates (1948 - ), Leonardo DiCaprio (1974 - ), Gloria Stuart (1910 - 2010), David Warner (1941 - ), Kate Winslet (1975 - ), Billy Zane (1966 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /épique pas toc
Caractéristiques : 194 mn, couleur

Critique perso :

Il m'arrive d'avoir des faiblesses et des fautes de goût. J'avoue donc : j'aime beaucoup ce film. Parce que c'est gros comme un immeuble et sans complexe, comme Autant en emporte le vent (vers lequel ça lorgne pas mal). Parce qu'ils sont jeunes et beaux, et caricaturaux à souhait. Parce que la vieille dame a été la fiancée de l'Homme invisible. Parce que la métaphore féministe, aussi, est énorme : c'est le symbole du machisme le plus brutal et le plus attardé qui sombre avec tant de fracas et de victimes (mais quand on aime, on ne compte pas). Parce que, même en sachant tout à l'avance, on arrive encore à se laisser surprendre. Parce que c'est du faux bâti sur du vrai bâti sur de l'imposture. Parce que c'est du cinéma grandeur artifice.

Thin Red Line (The) - Ligne rouge (La)

ligne_rouge.jpeg

Réalisé par : Terrence Malick (1943 - )
En : 1998, USA
Acteurs principaux : Adrien Brody (1973 - ), John Cuzack (1966 - ), Elias Koteas (1961 - ), Sean Penn (1960 - ), John C. Reilly (1965 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

Des hommes, des crocodiles et des grands arbres. On entend des chants indigènes qui ont l'air de souhaiter la bienvenue au paradis. Mais derrière la colline, un peu plus loin, il y a des japonais et des canons. C'est la guerre à Guadalcanal, Hollywood y a dépêché un bataillon de ses meilleurs représentants (mâles exclusivement). Ce sont des soldats qui, le matin en se rasant ou le soir au coin du feu, parlent du sens de la vie plutôt que de leurs photos de pin-up. Des hommes qui doutent, qui pensent donc qui sont. La ligne rouge, c'est sans doute celle qui les sépare de la nature. Ou de leur propre nature, de leur propre barbarie. Ou de leur propre mort. C'est la ligne à suivre pour aller derrière la colline. En tout cas, de celles qu'on franchit diffcilement, à contre coeur. C'est la ligne de l'ennemi, c'est son sang -ou le mien. Un film de guerre philosophique, beau, terrible et assez pompeux, comme il se doit.

Minority Report

minority_report.jpg

Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Samantha Morton (1977 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

En 2003, les américains ont inventé la guerre préventive. Vers 2050, ils inventent l'arrestation préventive des meutriers grâces aux pouvoirs de devination de trois oracles-mutants-voyants : les "précognitifs" et à une unité de police d'élite : la "précrime". Les prisons regorgent donc de putatifs assassins maintenus en état d'hibernation et la sécurité reigne. Par ailleurs, la technologie informationnelle s'est répandue partout, par écrans transparents et multiples autres babioles interposés. Bref, nous sommes dans le meilleur des mondes possibles selon Sarkozy -à condition, bien sûr, d'être répertorié du côté des honnètes gens (du futur). Quand on passe de l'autre côté, évidemment, la vie devient un peu moins simple. C'est ce que va comprendre à ses dépens John Anderton, pourtant à la tête de la fameuse "précrime". Sa fuite le forcera à changer de regard (en plus d'un sens !) sur le monde parfait dans lequel il vit... Tiens tiens, même Spielberg se mettrait donc à douter des images ? (bon, je vous rassure : il croit toujours à la famille). Très spectaculaire et bigrement intéresante, cette grosse production américaine !

Monster

monster.jpg

Réalisé par : Patty Jenkins (1971 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Bruce Dern (1936 - ), Christina Ricci (1980 - ), Charlize Theron (1975 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Portrait « basé sur une histoire vraie » d’une serial-killeuse made in USA. Elle s’appelle Aileen, elle est rondouillarde et complexée, a sans doute pas eu une enfance facile, fréquente les bars et les dancing du bas du panier. Elle survit en faisant la pute pour des machos qu’elle déteste. Son premier meurtre, c’est en légitime défense face à l’un d’entre eux, particulièrement pervers. Après, faut reconnaître que sa défense devient de moins en moins légitime. Mais c’est aussi la période où elle tombe amoureuse de Selbi, gentille fille presque aussi paumée qu’elle, tellement moins macho que ses fréquentations précédentes. Eros, Thanatos et toute la clique, font encore des ravages à tous les niveaux du panier. Le film est modeste mais incarné de façon saisissante. Charlize Theron, qui est à peu près le contraire d’Aileen (quoique que sa mère ait tué son père en légitime défense), s’est laissée possédée par elle. Monster mon semblable, ma soeur (ma mère…).

Wallace & Gromit in The Curse of the Were-Rabbit - Wallace & Gromit et le Mystère du lapin-garou

lapin_garou.jpeg

Réalisé par : studios Aardman
En : 2005, Angleterre
Genre(s) : jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pour petits et grands enfants /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Ca se passe dans une petite communauté de la campagne anglaise, qui ne vit que pour son prestigieux concours annuel de grosses légumes. Cette année, la récolte miraculeuse semble menacée par une attaque coordonnée de hordes de lapins affamés. Heureusement, Wallace & Gromit, inventeurs omni-compétents, veillent. Mais ce serait négliger un peu vite que, derrière le moindre sujet vivant de sa Gracieuse Majesté, sommeille un Mr. Hyde-Hulk ou un Jack-Dorian Gray Kong, animal à poils longs et à idées courtes, éventreur (de citrouilles) et trucideur (de carottes). Après avoir acclimaté la haute technologie et le film noir à la mortelle banalité des provinces britishs, voilà que Wallace et son chien laissent le thriller envahir leur potager, et le monstre végétarien dévoiler la monstruosité carnivore de ses concitoyens. Les anglais ont trouvé le(s) superhéro(s) en pantoufles à la hauteur de leur flegme immortel.

Mist (The)

mist.jpg

Réalisé par : Frank Darabont (1959 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Marcia Gay Harden (1959 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une petite famille américaine pépère, dans la campagne américaine authentique. Une nuit, passe un gros orage qui met un peu de pagaille dans le voisinage. Pendant que le papa fait des courses avec le fiston au supermarché du coin pour réparer les dégâts, l’orage fait place à un brouillard particulièrement épais d’où sortent de drôles de hurlements. Vaut mieux plus trop sortir du magasin. Bon, en fait, c’est pas un orage, c’est carrément des grosses bestioles à tentacules, pas bien répertoriées dans la faune terrestre, qui font une opération razzia au supermarché, camouflées dans le brouillard. Sauf que la marchandise qui a l’air de surtout les intéresser, c’est la chair humaine. A partir de là, le film bascule en survival collectif. Le huis-clos façon Ange exterminateur tourne au cauchemar typiquely American, avec clans antagonistes qui se forment et prophétesse hallucinée. La religion et la consommation se mêlent toujours à la politique, quand ça se passe par là-bas. C’est pas trop la rationalité qui domine… Le film est incontestablement efficace et se paie l’audace du happy end le plus déprimant qu’on puisse imaginer, du American Way of Death du meilleur cru.

Se, jie - Lust, Caution

lust_caution.jpeg

Réalisé par : Ang Lee (1954 - )
En : 2007, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Tony Leung Chiu Wai (1962 - ), Wei Tang (1979 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant
Caractéristiques : 157 mn, couleur

Critique perso :

Shanghai et Hong-Kong, début du XXème siècle, alors que la Chine est occupée par les japonais. Comme toujours dans ces cas-là, il y a des collabos et des résistants. M. Yee est un collabo de haut rang très très méchant et très très séduisant, un tortionnaire en chef et un homme raffiné qui a le charme noir de Tony Leung. Le rôle des résistants très très gentils qui veulent le tuer est pris par une troupe de comédiens amateurs, nationalistes et idéalistes, et par leur jeune première ingénue, la jolie Wong Chia Chi. Pour faire illusion, elle va devoir passer pro et donner -de plus en plus- de sa personne. Quand elle joue au Mah-jong avec les amies de Mme Yee, elle joue à jouer au Mah-Jong -ce qui nuit d'ailleurs sensiblement à ses performances dans ce jeu. Avec M. Ye, elle joue carrément avec le feu -en improvisant pas mal sur les règles... Avec ce Lorenzaccio érotique, l'éclectique Ang Lee refait le coup du caméléon mal dans sa peau, du taiseux dont le corps menace sans cesse de dévoiler ce que l'esprit s'acharne à dissimuler. Quelque chose à cacher, M. Lee ?

Sin-se-gae - New World

new_world.jpeg

Réalisé par : Hoon-jung Park
En : 2013, Corée
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 134 mn, couleur

Critique perso :

Effervence dans une tentaculaire mafia coréenne. Le big boss vient de mourir (de façon pas trop naturelle), va falloir désigner son successeur, sans doute parmi les boss des diverses branches de la holding. Un problème de mecs, évidemment. Parmi les moyens-boss a priori pas vraiment éligibles mais au début de carrière prometteur, y'a Jung-jae Lee. En fait, lui serait surtout soutenu par la police locale, qui est son vrai employeur, mais évidemment c'est pas une campagne très officielle. Alors, Jung-jae Lee fait comme il peut pour satisfaire ses divers boss. Il est très bon pour garder un visage impassible en toutes circonstances et pour ne pas trop tâcher son parfait costume d'homme d'affaires, ce qui lui sera extrêmement utile. Beaucoup manoeuvrer, tout cacher à tout le monde le plus longtemps possible, that is the problem pour à peu près tout le monde, dans ce film. Y compris aux spectateurs, si possible... Mission accomplie...

Retour à l'interface d'interrogation


Annuaire complet des films, site sur l'actualité du cinéma où j'écris des critiques