Un film en trois parties comme ça se faisait beaucoup à l'époque, trois coups de Poe, trois histoires de dandys décadents qui finissent en tragédie plus ou moins grandiloquente, par trois plus/moins grands cinéastes. Le premier sketch, de Roger Vadim, verse dans le porno-soft et kitsch. C'est un pre-Barbarella pas drôle qui se situerait au Moyen-Age, avec chatelaine perverse et beau brun ténébreux de voisin (tiens, n'est-ce pas donc son frère ? plus ou moins...). La contribution de Louis Malle est plus torturée. Elle porte le sérieux hautain et orgueilleux de son Delon de héros -en double exemplaire s'il vous plait- (et la Bardot en prime !). Comme il doit beaucoup courir, et dans des lieux sublimes en plus, il est souvent essoufflé et ça lui évite de dire trop de conneries. Quant au segment du Maestro : total respect ! Cette fois, on change vraiment de monde, on est passé de l'autre côté du rideau de fumée (de la gloire, et des rêves), on est à la fois dans le paradis du cinéma et dans l'enfer du showbiz, on s'y perdrait bien encore pendant des heures...
Nom : Stavisky, prénom : Affaire… En général, on en a vaguement entendu parler, mais de là à savoir exactement de quoi il s’agit… D’ailleurs, même à la fin du film, c’est pas sûr qu’on en sache beaucoup plus. Récap : en 1934, un escroc multicarte meurt dans des circonstances pas claires, ce qui provoque des émeutes et fait tomber un gouvernement. Resnais se concentre sur les derniers mois de la vie du bonhomme et lance le compte-à-rebours de sa mort annoncée. Ce qui l’intéresse, c’est l’agent multiple : français de l’étranger, juif à un moment où c’était pas hyper recommandé, dépressif enjoué, comédien en perpétuelle quête d’un nouveau rôle, arnaqueur multirécidiviste fidèle en amitié (et en amour). Insaisissable, comme l’argent qui apparemment lui file entre les phalanges. Comme le montage, qui joue à saute-mouton avec le temps. Stavisky, c’est une sorte de catalyseur et de révélateur d’une période passablement agitée (Trotsky fait un caméo dans le film). Un mystère, un oignon dont on n’atteindra jamais vraiment le coeur. Un homme-film.