C'est un bal des pompiers au fin fond d'un trou tchèque, vu comme par un petit trou dans le rideau de fer. Le doyen doit être honoré pour ses 86 ans, ses loyaux services et son cancer. Les jeunes viennent pour draguer, les vieux pour piller discrétos les lots de la tombola. Un commando de ringards s'improvise jury sélectionneur d'un concours de Miss qui ne semble pas tenir toutes ses promesses. Un empoté trouve même le moyen de mettre le feu à sa maison alors que l'orchestre s'essayait à une version fanfare d'un tube des Beatles, c'est dire comment tout fout le camp. En fait, tout le monde veut bien un peu de solidarité, à condition que ce soit les autres qui soient solidaires. C'était en Tchécoslovaquie, quand elle s'estimait encore avoir le droit de se moquer des apparatchiks en casquette.
Biopic d'un certain Mozart, par le petit bout de la lorgnette (mal embouchée) d'un de ses rivaux, un certain Salieri. Salieri, c'est le roi des médiocres, le génie des nazes. Il veut mettre son (petit) talent musical au service de Dieu, en échange d'1/4h (voire plus si possible) de gloire. Mais Dieu s'en fout. Mozart, lui, n'a rien demandé et il a tout reçu -même le droit d'être vulgaire. Alors, à défaut d'être aimé de Dieu (comme Ama-deus), Salieri devient le devil-ex-machina de la vie de l'autre. Tout en l'admirant secrêtement, il le harcèle, le torture, l'assassine au petit feu du travail. Il venge ainsi tous ses frères humains qui ne naissent pas, quoi qu'ils en disent, libres et égaux en dons. Après un tel film, le silence est encore du Mozart, mais le malaise est encore du Salieri.