Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) relevant du genre : en France profonde

59 réponses classées par dates


Pension Mimosas

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Réalisé par : Jacques Feyder (1885 - 1948)
En : 1935, France
Acteurs principaux : André Alerme (1877 - 1960), Arletty (1898 - 1992), Paul Bernard (1898 - 1958), Lise Delamare (1913 - 2006), Françoise Rosay (1891 - 1974)
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, NB

Critique perso :

A la pension Mimosas, situé juste en face du casino de Nice, on accueille tous les espoirs et toutes les désillusions du monde. Surtout ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent, car Louise, la patronne a bon coeur. Et comme son mari est employé par le casino, rien ne se perd jamais vraiment. Il y a pas mal de formes d'amour, chez Louise : celui qu'elle porte au long cours à son gentil mari, celui qu'elle réserve à l'enfant qu'elle n'a pas pu avoir avec lui et qu'elle a juste brièvement élevé pour un autre, et celui, moins clair, qu'elle lui porte encore quand il est devenu grand, beau, et mauvais garçon. Mais il y en a d'autres, dans ce film. Le mauvais garçon est accro à une jolie semi-cocotte qui, elle, a surtout l'air passionnée par ceux qui lui permettent de faire ses courses. Et c'est sans compter la passion du jeu, qui accapare une bonne partie du (pas tant que si) beau monde qui gravite à la pension Mimosas. Le catalogue est complet, mais personne ne choisit vraiment ce qu'il veut dedans, les dés sont bien sûr pipés dès le début.

Toni

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1935, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 81 mn, NB

Critique perso :

Arrivée d'un train dans une gare de Provence (La Ciotat ? Peut-être...) : ça parle espagnol, ça chante italien, c'est plein d'étrangers qui viennent prendre le pain -et les femmes- des français. Parmi eux : Toni (qui a pourtant déjà un accent marseillais d'au moins trois générations). Et, effectivement, en matière de femmes, les choses sont assez rondement menées : il séduit Marie, sa logeuse mais préfère Josefa qui lui fait la coup de la guêpe dans le cou. Mais Fernand, le méchant cadre de la carrière de pierres qui l'emploie, l'épouse avant lui, et du coup lui épouse Maris. Après, ça tourne de plus en plus mal, avec cette espèce de fatalité tranquille qui a l'air de pousser là-bas aussi bien que les olives. Le ton, semi ethno-documentaire, fait l'effet de s'inventer en route, avec une maladresse qui a l'air toute naturelle. Avec ses ouvriers et ses paysans en première ligne, c'est du proto-Ken Loach-sur garrigue, autrement dit du pré-Guédiguian.

Carnet de bal (Un)

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Réalisé par : Julien Duvivier (1896 - 1967)
En : 1937, France
Acteurs principaux : Pierre Alcover (1893 - 1957), Harry Baur (1880 - 1943), Marie Bell (1900 - 1985), Fernandel (1903 - 1971), Louis Jouvet (1887 - 1951), Raimu (1883 - 1946), Françoise Rosay (1891 - 1974)
Genre(s) : en France profonde /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 144 mn, NB

Critique perso :

Mme Surgère vient de perdre son mari. Elle est riche, mais visiblement pas hyper satisfaite de sa situation. Elle retombe sur son carnet de bal de débutante (autrement dit la liste de ses prétendants de jeune fille) et se décide à aller vérifier, 20 ans plus tard, s'il n'y en aurait pas dans le stock qui lui aurait fait une meilleure vie... L'échantillonnage est soigné et varié : il y a un prêtre et un truand, un guide de haute montagne et un maire de province, quelques fantômes ou ombres d'eux-mêmes, aussi... Chaque visite est l'occasion d'une espèce de sketch, et prétexte à un petit film de genre -préciosités filmiques comprises. Il y en a de plus réussis que d'autres, comme les hommes qu'ils montrent. Mélancolie, mélancolie. Mais on n'est pas non plus hyper convaincus que la femme que l'on suit valait la peine qu'ils se fassent, eux, une autre vie. Et le film, du coup, aurait sans doute pu être meilleur s'il avait, lui, suivi d'autres voies. Mélancolie, mélancolie...

Marseillaise (La)

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967), Julien Carette (1897 - 1966), Lise Delamare (1913 - 2006), Louis Jouvet (1887 - 1951), Pierre Renoir (1885 - 1952)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /vive la (critique) sociale ! /épique pas toc
Caractéristiques : 135 mn, NB

Critique perso :

Il était une fois un roi qui, au réveil du 15 juillet 1789, apprend une mauvaise nouvelle. Ca, c'est l'histoire officielle, celle des livres, celle des stars de cinéma, et elle dure 2mn. Tout le reste du film, c'est le contraire : la Révolution vue du côté des figurants qui en sont les vrais héros : le peuple, le vrai. Celui qui est mal peigné, parle avec un accent, braconne des lapins dans la garrigue, apprend à manier le fusil pour la première fois et fait le piquet de grève devant les usines (ah non, pardon, je confonds, ça c'était l'actu de l'époque du tournage). On suit donc un bataillon marseillais en route vers le Nord pour porter main forte à ces empotés de la capitale -provinciale, en plus, la Révolution, on aura tout vu ! Quelques belles scènes de fraternisation au coin du feu, de bataille pas rangée dans les jardins des Tuileries : la fresque ne manque pas de souffle. Et, comme de bien entendu, tout finit par une chanson…

Quai des brumes

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Pierre Brasseur (1905 - 1972), Jean Gabin (1904 - 1976), Robert Le Vigan (1900 - 1972), Michèle Morgan (1920 - 2016), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Il y a des films qui deviennent mythiques pour de mauvaises raisons : une vague atmosphère d'époque, une réplique qui permet à des générations entières de draguer, les premiers pas d'une star... Quai des brumes possède tout cela, mais sa poésie s'est un peu égarée en chemin dans le brouillard. A moins d'être encore sensible à la poésie des quais, à la poésie des brumes, à la fatalité qui lie les destins des jeunes filles pas encore perdues à celui des mauvais garçons pas encore pourris. Pas gagné d'avance. Encore heureux qu'il lui reste quelques ingrédients indémodables : un méchant jublatoire (Michel Simon) et un couple éternel (Gabin/Morgan). Juste de quoi échapper de peu aux limbes de l'histoire, tout en restant à quai...

Visiteurs du soir (Les)

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1942, France
Acteurs principaux : Arletty (1898 - 1992), Jules Berry (1883 - 1951), Alain Cuny (1908 - 1994), Marie Déa (1912 - 1992), Marcel Herrand (1897 - 1953), Fernand Ledoux (1897 - 1993)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

On est au temps (et dans les terres) des très riches heures du duc de Berry, la paix n'a que trop duré. Pour éviter aux hommes d'être heureux trop longtemps, le Diable a parfois envie d'ajouter son grain de fiel à l'histoire. Deux de ses envoyés arrivent donc sur Terre. Il y a Gilles, musicien mélancolique, parfois hélas un peu attiré par le côté lumineux de la Force. Et il y a Dominique, dont on se demande si les autres l'apprécient plus en homme ou en femme (et si il/elle eut jamais un coeur). Ils sont là pour faire des ravages, ils en font. Pourtant, s'ils utilisent les mêmes mots, leurs yeux ne disent pas toujours la même chose. En fait, Gilles se met même à croire un peu trop à son propre jeu avec Aaaannne. Alors, le Diable lui-même vient remettre un peu de (dés)ordre dans tout cela. Le film est un rien pompeux et solennel. On ne sait trop si c'est le coeur de la France sous occupation qu'il a voulu faire battre, à la fin, mais au moins a-t-il donné naissance à une belle statue palpitante, une certaine idée du cinéma français.

Corbeau (Le)

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Réalisé par : Henri-Georges Clouzot (1907 - 1977)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Ginette Leclerc (1912 - 1992), Noël Roquevert (1892 - 1973), Louis Seigner (1903 - 1991)
Genre(s) : en France profonde /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Un corbeau, maintenant, tout le monde sait ce que c'est. Normal, c'est grâce à ce film (avant, c'était plutôt les écrivains qui inventaient de nouveaux mots). Un corbeau, donc, inonde de lettres anonymes et fielleuses les habitants d'un petit village en racontant plein d'horreurs. En plus, elles sont presque toutes vraies. Atmosphère, atmosphère (enfin, non, ça c'est dans un autre film). Sauf que, derrière les horreurs, il y a aussi pas mal de bonne volonté et beaucoup de souffrances. Mélange de portait collectif, de comédie de moeurs et d'intrigue policière, ce film a marqué son époque et valu quelques ennuis à Clouzot à la Libération. Il n'y a que la vérité humaine qui blesse...

Goupi mains rouges

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Réalisé par : Jacques Becker (1906 - 1960)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Blanchette Brunoy (1918 - 2005), Robert Le Vigan (1900 - 1972), Fernand Ledoux (1897 - 1993), Maurice Schutz (1866 - 1955), Louis Seigner (1903 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Goupi, il y a beaucoup de monde et ils habitent tous sous le même toit. Quatre générations, plus ou moins entremêlées et consanguines. Une famille-souche, du genre qui sera pas facile à déraciner. Le plus ancien, c’est Goupi-L’empereur, plus que centenaire, que les autres respectent surtout parce qu’il n’a pas encore révélé où il a planqué son magot. Ce qui intéresse particulièrement Goupi-Mes-sous, qui s’occupe de la compta. Goupi-Monsieur, c’est celui qui vient de débarquer du train, après avoir fait sa vie à Paris. A côté, les surnoms sont parfois distribués bizarrement. Goupi-tisane est une teigne qui ne contribue pas des masse à apaiser les conflits. Et Goupi mains rouges n’est pas forcément celui qui a le plus de sang sur les mains… Parce que pour révéler encore un peu mieux les caractères, rien ne vaut un petit meurtre de derrière les fagots. Tout ça fait le portrait d’une espèce de vestige de l’ancien régime au coeur des campagnes, une archéologie des français bien de chez nous, pieds dans la boue et yeux dans le ciel.

Monsieur Verdoux

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Une voix d'outre-tombe nous raconte son histoire. Celle d'un certain M. Verdoux, qui ressemble comme deux gouttes de poison au cauteleux M. Vernay, ainsi qu'à un pimpant capitaine Bonheur. En temps de crise des Temps modernes, en France ou ailleurs, tout est bon pour survivre. M. Verdoux a monté une petite entreprise prospère : le détroussage de veuves avec consentement. Un Landru, ce n'est après tout rien d'autre qu'un Charlot qui aurait de l'éducation et des bonnes manières. Mais le métier de multigame polyrécidiviste et de serial-killer en chambre demande une bonne santé et une grande organisation, surtout quand on a le coeur faible. Surtout quand l'heure est aux assassins professionnels d'Etat et à l'industrie du crime rationnalisé. M. Verdoux peut passer à bon droit pour un humaniste désuet ; il arriverait presque à nous faire regretter les petits artisans du bon vieux temps.

Jour de fête

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Réalisé par : Jacques Tati (1909 - 1982)
En : 1948, France
Acteurs principaux : Jacques Tati (1909 - 1982)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 76 mn, couleur

Critique perso :

Voir "Jour de fête", c'est un peu comme feuilleter l'album d'une famille qu'on aurait pu avoir. Deux jours dans la vie d'un petit village rural de l'après-guerre, avec le facteur comme trait d'union entre toutes les individualités qui le composent. L'Amérique et le cinéma tiennent le rôle du fantasme, le manège et la fête foraine celui de l'imaginaire local, un peu plus terre à terre, le village entier celui de la famille. Quant au facteur, on n'a pas forcément envie de lui confier son courrier délicat, mais on le suivrait volontiers faire éternellement le tour du pâté de maisons en répétant "Faut voir ça !".

Belles de nuit (Les)

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1952, France
Acteurs principaux : Martine Carol (1920 - 1967), Gina Lollobrigida (1927 - ), Jean Parédès (1914 - 1998), Gérard Philipe (1922 - 1959)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Claude a deux vies : le jour, c'est un professeur de musique rêveur -et chahuté-, le soir c'est un compositeur d'opéra, rêveur aussi -et bien sûr complètement ignoré. Un ange musicien égaré dans un monde de cacophonie. Comme aucune de ces vies n'a l'air satisfaisante, il en a même une troisième : en fait, la bonne, c'est quand il dort. Gérard Philippe, à peine sorti du pays des merveilles de Juliette, replonge. Accro aux rêves dont il est le héros, encore. Ici, ils sont plus variés dans le temps et l'espace (la Révolution, les colonies, la Belle Epoque..), on sent qu'il est plus allé au cinéma. On dirait même qu'il a vu le Minuit in Paris de Woody Allen, tellement qu'on s'y croirait (Hemingway et Gertrud Stein en moins). Les réalisateurs vieillissants des années 50 n'aimaient décidément pas leur époque, ils espéraient encore que le cinéma les en sauvent.

Plaisir (Le)

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Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1952, France
Acteurs principaux : Pierre Brasseur (1905 - 1972), Henri Crémieux (1896 - 1980), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Claude Dauphin (1903 - 1978), Paulette Dubost (1911 - 2011), Jean Gabin (1904 - 1976), Daniel Gélin (1921 - 2002), Ginette Leclerc (1912 - 1992), Roland Lesaffre (1927 - 2009), Louis Seigner (1903 - 1991), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : Paris /en France profonde /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Rien de tel qu'un grand viennois pour adapter notre Maupassant national (maison Tellier comprise, mais je ne crois pas que ce soit celle de mes ancêtres). On y voit des humains de toutes conditions (bourgeois, putains ou artistes, c'est tout comme) errer dans le labyritnthe de leur vie, coincés qu'ils sont dans des désirs frustrés et des destins étriqués. Et qui, parfois, trouvent tout de même une petite voie, un petit passage secret qui mène à leur innocence, un raccourci inattendu vers la grâce qu'ils ont perdue. Un petit moment de plaisir derrière les barreaux de leur morne existence. Ephémère ou illusoire, cela va sans dire, mais c'est déjà ça, juste le temps d'apercevoir ce qui aurait pu être. Et on voit ça par l'oeil d'une caméra malicieuse, plus libre qu'eux puisqu'elle traverse les murs et le temps -et les âmes aussi, parfois. C'est beau comme une partie de campagne, c'est triste pareil. Mais le bonheur (même celui du spectateur) n'est pas toujours gai...

Thérèse Raquin

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1953, France
Acteurs principaux : Roland Lesaffre (1927 - 2009), Simone Signoret (1921 - 1985), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Avant même le drame, elle est déjà tout en noir et pleine d'épingles, Thérèse, comme un papillon dans la vitrine de sa boutique de tissus. Un mari toujours au lit (mais uniquement pour dormir ou se faire soigner), une belle-mère comme on les craint toujours sur le dos : on la plaint, Thérèse. Alors, le collègue italien à biscottos, on le voit arriver comme les petits chevaux auxquels le mari ne cesse de jouer : avec ses gros sabots. Le drame est sur les rails... Pas très nouveau, pas très étonnant : un médiocre drame de la médiocrité. Une espèce de ressucé de la Bête humaine plein d'humains très bêtes. Sans oublier le matelot, qui sonne toujours deux fois. Zola a sans doute vu pire. On a vu mieux mais ça n'a rien de déshonorant.

Vacances de M. Hulot (Les)

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Réalisé par : Jacques Tati (1909 - 1982)
En : 1953, France
Acteurs principaux : Jacques Tati (1909 - 1982)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 114 mn, NB

Critique perso :

Pour ses vacances, M. Hulot choisit les plages de St Marc, ce qui prouve déjà qu'il a très bon goût. Quand il débarque avec sa pipe, son épuisette et sa distraction, ça fait comme un courant d'air (très frais) dans la petite communauté de "l'hôtel de la plage". Avec lui, les multiples rituels banals du quotidien de ces vacanciers deviennent d'improbables aventures, de palpitantes épopées minuscules. Ce gars-là nous fait voir (et entendre) le monde autrement, nous lui en serons éternellement reconnaissante.

Triporteur (Le)

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Réalisé par : Jacques Pinoteau (1923 - 2017)
En : 1957, France
Acteurs principaux : Jean-Claude Brialy (1933 - 2007), Darry Cowl (1925 - 2006)
Genre(s) : en France profonde /nanar pur sucre
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Pour célébrer l'accession de son équipe favorite à la finale d'une coupe quelconque (il s'agit de foot, bien sûr), un supporter à lunettes et à pédales enfourche son triporteur (sorte de kiosque à glace à roulettes -mais sans glace), bien décidé à traverser les profondeurs de la France profonde. On sous-estime malheureusement trop souvent l'épaisseur de la couche (géologique) de la France profonde -surtout là où le soleil tape un peu trop fort sur la tête des habitants (cf. un célèbre gendarme qui en a été victime). Personnages débiles, scénario nul filmé avec les pieds : du pur nectar de navet, à peine sauvé par quelques éclairs burlesques et quelques réjouissantes bafouillaginations.

Capitan (le)

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Réalisé par : André Hunebelle (1896 - 1985)
En : 1960, France
Acteurs principaux : Bourvil (1917 - 1970), Lise Delamare (1913 - 2006), Jean Marais (1913 - 1998), Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

En ouverture, M. de Capestan -noblesse petite mais bonne- s'engage dans un assaut contre des félons. Blessé, il est sauvé puis soigné par une belle brune -puis une belle blonde (bon, on n'est pas pour autant dans Vertigo). Il va se plaindre chez le Premier Ministre -chef des félons- qui le renomme Capitan (ce qui, venant d'un italien, n'est apparemment pas très sympa). En fait, il est la réincarnation blonde de Robin des Bois, en brushing et collants rouges, comme lui impeccable à l'escrime, à l'escalade, à l'équitation et au saut à la perche. Le jeune roi Louis XIII, entouré de félons, est lui incarné par un sosie de Nicolas Sarkozy en culottes courtes. Et Bourvil, égaré là-dedans, joue avec des accents gaulliens pour parler de la grandeur de la France, et des accents gaulois pour parler aux femmes. Avec le Capitan, qui l'a engagé comme secrétaire-poète, cernés de félons, ils doivent se réfugier dans la maison de Blanche-Neige dans la forêt -pas assez loin toutefois pour éviter que le jeune roi mal entouré ne s'y égare. Je passe les détails mais je vous rassure : la République -pardon, le Roi- sera sauvé(e)...

Lola

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1961, France
Acteurs principaux : Anouk Aimée (1932 - ), Elina Labourdette (1919 - 2014), Corinne Marchand (1937 - ), Marc Michel (1929 - 2016)
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 85 mn, NB

Critique perso :

Roland, dandy glandeur, rencontre Cécile, une ancienne copine devenue maman et putain, dans le passage Pommeraye. La demoiselle de Nantes se fait appeler Lola, couche avec un marin américain de passage tout en attendant Michel, son premier et son seul amour. Or, justement, Michel est en ville après 7 ans d'absence (tiens, c'est l'âge d'Yvon, le fils de Lola), tandis que plusieurs autres Cécile guettent le grand amour au coin de la rue. Y'a plus qu'à regarder chacune chercher son chacun. Demy, déjà, sait y faire. On peut faire confiance à ses talents de marionnettiste, pour ne pas emmèler les fils de son intrigue virtuose : il arrive à concentrer en 3 jours et en quelques personnages toutes les étapes de la vie d'un coeur. Initialement, il voulait faire une comédie musicale en couleur. Il se contente finalement d'une épure en noir et blanc, tournée sans son mais pas sans brio : à défaut de choristes, c'est la caméra qui danse avec les acteurs et la lumière qui chante avec la ville.

Journal d'une femme de chambre (Le)

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Réalisé par : Luis Bunuel (1900 - 1983)
En : 1964, France
Acteurs principaux : Jean-Claude Carrière (1931 - ), Georges Géret (1924 - 1996), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Pervers Ordinaires, il y a le grand-père, fétichiste des bottines et de Huysmans. Il y a la fille, tellement riche qu'elle est frustrée de tout, et il y a son époux, tellement frustré d'elle qu'il saute sur tout ce qui bouge. Quelques domestiques aussi, bien sûr, tellement habitués aux vices de la famille qu'ils savent à peine quels sont ceux qu'ils n'ont pas eux-mêmes. Et enfin il y a Célestine, la nouvelle femme de chambre tout juste débarquée de Paris, seule âme libre de la maison. Forcément elle intrigue, Célestine, elle attire les regards, les instincts et les sollicitations. Elle est comme un tableau blanc (ou noir, à votre guise), un miroir inversé tendu à tous. Elle est aussi belle qu'ils ne le sont pas, mais malheureusement impuissante à guérir à elle toute seule toute la bonne bougeoisie de son époque.

Parapluies de Cherbourg (Les)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1964, France
Acteurs principaux : Nino Castelnuovo (1936 - ), Catherine Deneuve (1943 - ), Marc Michel (1929 - 2016)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 83 mn, couleur

Critique perso :

Une belle histoire d'amour (contrariée) sur fond de guerre (qui ne dit pas son nom), pleine de couleurs éclatantes (sous la pluie) et où tout se chante (même le désespoir). Comme tous les bons mélos, c'est surtout une histoire de désirs individuels et de bienséance sociale : il y a des épines dans les roses, des lézardes dans les murs et de troubles intérêts financiers planqués sous le vernis des conventions... Le riche prince de l'histoire a un sombre manteau et un sombre passé sur les épaules. Les parapluies ne protègent pas contre le malheur. Dans ce film, il n'est question que de cacher (un amour, une difficulté financière, une grossesse...) tout en en mettant plein les yeux et les oreilles. De l'émotion comme s'il en pleuvait (et il pleut beaucoup !) pour ne pas oublier d'en pleurer.

Bonheur (Le)

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1965, France
Acteurs principaux : Jean-Claude Drouot (1938 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 79 mn, NB

Critique perso :

Il s'appelle François Chevalier. Il est charpentier, elle est couturière. Ils se sont mariés, ils sont heureux et ont deux beaux enfants. Ils vivent au paradis des pique-nique et de la banlieue parisienne paisible. Un jour pourtant, M. (preux) Chevalier rencontre dans la rue du chateau (de Vincennes) une postière tentante -et se laisse tenter. Un anti-vaudeville commence, tout en provocations calmes, en couleurs vives et en douceur. L'utopie d'un monde sans drame et sans crise, où l'amour s'ajoute à l'amour et le bonheur au bonheur. Le rêve-malaise d'une humanité harmonieuse et sans culpabilité, qui serait enfin douée pour ce qu'elle prétend aimer.

Pierrot le fou

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1965, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Anna Karina (1940 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /poésie en image
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Pierrot s'appelle en fait Ferdinand, et c'est en clown bleu (et non blanc) qu'il va finir sa vie (et le film). Avant d'en arriver là, il quitte sa femme pour une autre, croise quelques cadavres et écrit son journal intime. Godard, lui, avec ce film, fait exploser les sons et les couleurs (et pas que ça, d'ailleurs). Il hybride tout : la comédie musicale, le film noir, le road movie, les sketchs de Raymond Devos, la BD et la poésie. Il reprend, récapitule, essaie de réinventer une fois encore le cinéma avec de la vie brute, sauvage. Il repart à zéro, encombré qu'il est de tous les matériaux hétéroclites de sa culture, de ses passions littéraire et cinématographique. Il réalise un magnifique documentaire sur son paysage intérieur, en chaos et en harmonie en même temps. Et sur la vie-l'amour-la mort, en chaos et en harmonie en même temps.

Made in USA

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1966, France
Acteurs principaux : Anna Karina (1940 - ), Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /poésie en image
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Il s'en passe de drôles, à Atlantic-cité sur Méditerranée. Des morts plein les hôtels, des barbouzes plein les garages, avec des flingues plein les poches. Des images de toutes les couleurs, des bruits incongrus, de la musique, des slogans et des discours. Une journaliste qui enquête, en se prenant pour Bogart, quelques guest stars égarés (Marianne Faithfull, Philippe Labro). Et ces personages qui portent des noms bizarres (Goodis, Mizoguchi, Preminger, Aldrich..., j'en passe et des non moins bons). Apparemment, le scénario et les dialogues relèvent de la série noire, mâtinée d'humour absurde. Ca pourrait même être un film politique contre les magouilles et les compromissions policières. Mais ça se passe surtout au pays des livres, des affiches, des comic books et des images qui bougent. Made in Godard, made in cinéma.

Collectionneuse (La)

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1967, France
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 89 mn, couleur

Critique perso :

Un dandy XIXème, un esthète XVIIIème et une pétasse XXème siècle passent l'été ensemble dans une villa du sud qui appartient à un vague ami commun. Comme ils n'ont rien d'autres à glander, nos squatters de luxe s'inventent des intrigues à la hauteur de l'opinion qu'ils ont d'eux-mêmes. A l'image : rien, ou presque. De la lumière et des jeunes gens en maillot de bain. En voix off : Adrien l'esthète commente les courses, avec une préciosité et une finesse dignes de son maître en mauvaise foi : Rousseau. Evidemment, Haydé, la fille, coupe Louise Brooks, focalise son attention. Où l'on mesure l'impuissance des mots d'homme face un corps de femme. Où l'on mesure que le cinéma, ça peut être aussi beau et subtil que la littérature Grand Siècle.

Demoiselles de Rochefort (Les)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1967, France
Acteurs principaux : George Chakiris (1934 - ), Henri Crémieux (1896 - 1980), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Catherine Deneuve (1943 - ), Françoise Dorléac (1942 - 1967), Gene Kelly (1912 - 1996), Jacques Perrin (1941 - ), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Alors là, c'est ma drogue douce préférée, du bonheur en cube concentré ! Nourrie à bonne école (celle du Chant du Missouri, d'un Jour à New-York et de West Side Story), c'est l'histoire (entre autres) de deux soeurs jumelles (nées sous le signe que vous savez) qui rêvent de gloire, d'amour et de Paris. Il paraît que Les Hommes préfèrent les blondes mais la rousse est pas mal non plus. Il y a aussi leur mère qui (pour faire d'elles des érudites) vend des frites, leur grand-père qui retrouve un copain de régiment, des camionneurs forains, quelques artistes et quelques marchands d'art. Il y a foule à Rochefort, le temps d'un week-end éternel. Apparemment, tout est léger, aérien, coloré. On s'aime au premier regard... mais on se quitte aussi pour des broutilles. Et à y regarder de plus près, les journaux ne parlent que de guerre, un crime sadique est commis et même l'art échoue la plupart du temps à rapprocher les êtres. Heureusement, vouloir le bonheur, c'est déjà le bohneur, comme l'a fait dire Jacquot à un autre de ses personnages, quelques années avant. Et il en veut !

Two for the Road - Voyage à deux

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1967, USA
Acteurs principaux : Claude Dauphin (1903 - 1978), Albert Finney (1936 - ), Olga Georges-Picot (1940 - 1997), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Il faut une épidémie de varicelle et pas mal de hasards pour que Mark et Joanna se retrouvent à faire un bout de chemin ensemble (et en France). Après, ils ne peuvent plus s'empêcher de repasser toujours par les mêmes routes. Au cours de leurs vacances successives, toutes mélangées au présent de la mémoire, on voit défiler les panneaux indicateurs de leur histoire, les bornes kilométriques de leurs souvenirs. Au fil du temps, les marques de voiture et les brushing gagnent en standing (c'est comme ça qu'on arrive à s'y retrouver) ce qu'ils perdent en insouciance. L'architecte fait des lignes de plus en plus droites. La choriste fait de moins en moins entendre le son de son rire. Ils finissent même, bien sûr, par franchir les feux rouges et les lignes jaunes (qui, d'ailleurs, en France, sont blanches). Avec un sujet pareil, facile de filer loin la métaphore. Pas si facile de ne jamais quitter la route des souvenirs universellement partagés.

Mariée était en noir (La)

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Michel Bouquet (1925 - ), Jean-Claude Brialy (1933 - 2007), Charles Denner (1929 - 1995), Michael Lonsdale (1931 - ), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Claude Rich (1929 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'est une sorte d'ange exterminateur à coupe Mireille Matthieu. Non, il ne joue pas dans un film des frères Coen. En fait, c'est une femme, qui ne décolère pas depuis qu'on lui a trucidé son mari le jour de ses noces et qui ne songe qu'à se venger. Non, ce n'est pas non plus un personnage de Tarantino. Elle ne s'habille qu'en noir, ou en blanc, ou en noir et blanc, mais la vie autour est en couleur. Elle voudrait bien sortir d'un film d'Hitchcock, mais sans passer par la case glamour. Du coup, l'histoire un peu dure à avaler, d'autant que l'héroïne semble avoir acheté ses armes létales dans un magasin de farces et attrappes. En fait, c'est plutôt un ange avec des ailes de plomb, qui fait tout le temps la tronche. Comme quoi on peut être un grand cinéaste et rater complètement certains de ses films.

Armée des ombres (L')

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Jean-Pierre Cassel (1932 - 2007), Claude Mann (1940 - ), Paul Meurisse (1912 - 1979), Simone Signoret (1921 - 1985), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /la parole est d'or /pas drôle mais beau /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

C'était pendant la guerre -la dernière, jusqu'à nouvel ordre. Ils étaient français et engagés dans la seule armée digne de ce nom -celle de l'ombre. Ce sont des héros mutiques, pas causants, pas tendres, pas gentils. Des héros, quoi. Clandestins dans leur propre pays, dans leur propre vie. Leur grand chef est un grand mathématicien-épistémologue (ce qui n'est pas pour me déplaire). On le voit faire un tour à Londres, le temps de prendre les conseils et la médaille d'un grand type à petite moustache, et d'aller voir Autant en emporte le vent. Le reste du temps, c'est la guerre. Des nerfs, surtout, parce que c'est le nerf de la guerre. Il y a des morts -beaucoup- et presqu'aucune larme. Le film est sec et glacé, à son image. Chaleureux aussi, à la leur.

Chagrin et la pitié (Le)

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Réalisé par : Marcel Ophüls (1927 - )
En : 1969, France
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /en France profonde
Caractéristiques : 251 mn, NB

Critique perso :

En 69, Clermont-Ferrand devint (brièvement) la capitale du cinéma français : pendant que Rohmer y passait une nuit chez Maud, Ophüls-fils, lui, y enquêtait pour essayer d'y voir plus clair sur la nuit de 39-45. Il paraît qu'au réveil, à l'époque, la France était persuadée d'avoir été unanimement résistante. Il paraît qu'à l'époque, elle était gouvernée par un Général qui avait joué un rôle dans cette histoire. Il paraît qu'à l'époque, il y avait eu de la censure dans l'air. Pourtant, la 2ème guerre mondiale a bien eu lieu, et ce film la montre comme on la voit aujourd'hui : complexe, ambiguë, violente, injuste. Et il le montre avec ses seules armes possibles : des images, des paroles et des visages : ceux de héros, ceux de lâches, ceux de traitres -et tout ça, ça a fait d'excellents français.

Fiancée du pirate (La)

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Réalisé par : Nelly Kaplan (1931 - )
En : 1969, France
Acteurs principaux : Michel Constantin (1924 - 2003), Julien Guiomar (1928 - 2010), Bernadette Lafont (1938 - 2013), Jacques Marin (1919 - 2001), Claire Maurier (1929 - ), Jean Parédès (1914 - 1998)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

Dans le village de Tellier (!!), on vit un peu comme au XIXème siècle. Il y a des notables, des proprios, des petits commerçants et des bouseux, organisés en régime quasi-féodal. Les hommes sont toujours fourrés au bistro, les femmes (à quelques exceptions près) quasi invisibles. Il y a même une sorcière qui vit avec sa fille et sa chèvre dans une cabane au fond des bois. Tout le monde les méprise et les exploite à mort, sous prétexte de ne pas les avoir dénoncées à la police quand elles ont débarqué. Mais quand la mère meurt dans l’indifférence générale, sa fille, revancharde, se met à changer d’attitude et de vie. La morale bourgeoise, elle s’en balance (et le chante (et le rechante)). Comme elle suscite toutes les convoitises, elle réaménage cosy sa bicoque et, faute de concurrence, impose ses tarifs. Elle ne tarde pas à bien tenir tous les mâles (et pas que) du canton par le bout de la queue, elle va pouvoir accomplir sa vengeance… Mi-Chabrol rural, mi-Maupassant relooké, c’est anar, gonflé, mal léché, féministe et réjouissant.

Ma nuit chez Maud

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Marie-Christine Barrault (1944 - ), Françoise Fabian (1932 - ), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /en France profonde /la parole est d'or
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Jean-Louis est ingénieur depuis peu chez Michelin, à Clermont. Célibataire, il va à la messe et y remarque Françoise. Puis il croise un ancien camarade de lycée devenu prof de philo, qui l'introduit chez Maud le soir de Noël. La nuit sera animée, mais par les esprits plus que par les corps : restés seuls, Maud et Jean-Louis se font des confidences sur le pari de Pascal, dissertent sur le hasard des rencontres et la nécessité d'aimer -et se quittent au matin. Jean-Louis hésite. Entre Maud la brune libre penseuse et Françoise la blonde pieuse, sa dialectique balance. Grand film d'action sur la parole et l'engagement, comme tous les Rohmer, chaudement recommandé à tous ceux pour qui les vies de l'esprit et du coeur sont une grande aventure.

Que la bête meure

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Caroline Cellier (1945 - ), Michel Duchaussoy (1938 - 2012), Maurice Pialat (1925 - 2003), Jean Yanne (1933 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Les deux personnages principaux de cette histoire n'auraient jamais dû se rencontrer. D'ailleurs, ils mettent du temps à se trouver. Mais l'un a malencontreusement (et brièvement) croisé le fils de l'autre sur une route de campagne bretone. Le fils ne s'en est jamais relevé. Alors, l'autre s'est mis à parcourir (avec acharnement) toutes les villes de France pour retrouver l'un. Coup de bol, les rôles sont parfaitement distribués : le méchant chauffard est un serial connard idéal, le papa contrarié un gentleman écrivailleur. Et le scénar est poli aux meilleures écoles : c'est même une belle Hélène qui sera le cheval de Troie de la vengeance. Mais, même dans le meilleur des mondes possibles (c'est-à-dire au cinéma), c'est pas évident de tuer un homme, en bluffant un policier-cinéaste extra-lucide. Bluffer les spectateurs comme moi, c'est nettement plus facile.

Boucher (Le)

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1970, France
Acteurs principaux : Stéphane Audran (1932 - 2018), Jean Yanne (1933 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Au début, l'homme vivait dans des grottes. Un peu plus tard, il s'est mis un costume de marquis et a appris à danser le menuet -puis la valse- sans jamais cesser d'aimer la viande. Certains specimen en ont même fait leur métier : ils sont devenus bouchers. Et puis, est apparue la blonde hitchcockienne : belle, froide, inacessible. Quand elle débarque dans le Périgord, elle ne passe pas inaperçue. Et cinéphile, avec ça. Comme elle a vu Rio Bravo, elle sait qu'il faut se méfier des gouttes de sang qui tombent du ciel. Comme elle a vu L'Inconnu du Nord-Express, elle sait qu'il faut aussi se méfier des histoires de trains et de briquets qui trainent. Mais son propre film à elle restait à faire (merci M. Chabrol !). Cette transposition de M le maudit dans la province des années 60 n'a rien perdu de son tranchant.

Blanche

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Réalisé par : Walerian Borowczyk (1923 - 2006)
En : 1971, France
Acteurs principaux : Ligia Branice (1932 - ), Jacques Perrin (1941 - ), Michel Simon (1895 - 1975), Georges Wilson (1921 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Blanche est très belle et très convoitée. Elle est mariée à un respectable (mais pas très jeune ni très beau, pardon Michel) Seigneur, elle attire le regard du Roi himself, en visite, ainsi que du page fort joli garçon qui l’accompagne. Et même de son beau beau-fils. On l’aura (peut être) compris, ça se passe au Moyen-Âge. Sans frou frou et sans chichi, mais avec armes et bagages, dans une ambiance minérale austère de chateau fort à conquérir et de belle sauver (et le contraire). Conte cruel, drame pervers, histoire éternelle d’hommes qui doivent élire parmi eux le mâle dominant. Enfin, comme on est au Moyen âge, c’est pas vraiment une élection et le résultat est connu d’avance : à la fin, c’est le Roi qui gagne. Et le cinéma y a aussi un peu gagné.

Homme qui aimait les femmes (L')

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1977, France
Acteurs principaux : Nathalie Baye (1948 - ), Nelly Borgeaud (1931 - ), Leslie Caron (1931 - ), Charles Denner (1929 - 1995), Brigitte Fossey (1946 - )
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Avec son air sérieux et sombre, on lui donnerait le mariage sans cérémonie. Erreur : c'est un homme à femmes. Toutes, il les aime toutes, les grandes tiges et les petites pommes, les plantes exotiques et les fleurs vénéneuses. Avec une sérieuse préférence, tout de même, pour le modèle tradi, jupes courtes et talons hauts. Et une sérieuse fixette sur ce qu'il y a entre les deux : les jambes. Ingénieur en aérodynamisme, c'est un expert pour le jeu, la glisse, l'esquive. C'est aussi un hommes à livres, comme Antoine Doinel et quelques autres de la même famille, un collectionneur d'histoires, un épingleur de personnages, prêt à tout pour mettre du roman dans sa vie. Si vous êtes comme lui, ne me téléphonez pas !

Naissance du jour (La)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1980, France
Acteurs principaux : Danièle Delorme (1926 - 2015), Dominique Sanda (1948 - ), Jean Sorel (1934 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Se sentant sur la fin de sa vie, une dame qui s'appelle Colette se sent assez sage comme ça pour se permettre de faire poireauter dans son potager son gentil voisin trop jeune pour elle. Vial, le voisin, a toujours quelque chose à tripotter entre les mains, mais manque un peu de belles paroles en l'air. Colette, elle, a le stylo et le caractère bien trempés et comme elle sait s'en servir, c'est elle qui mène la danse (qu'elle ne danse plus, justement) en observant et manipulant tout ce beau monde de loin. Et puisqu'elle décide aussi du temps qu'il fait, elle décrète que son automne à elle vaudra bien une naissance... Un joli miroir plein de mots et de lumière pour Agnès, qui le lui rendra bien.

Femme d'à côté (La)

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1981, France
Acteurs principaux : Fanny Ardant (1949 - ), Gérard Depardieu (1948 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

"C'est une joie et une souffrance" qu'il disait dans "Le dernier métro". Des fois, c'est même pire... L'amour qui crame tout sur son passage, qui rend fou de joie et malade de jalousie, raide dingue et raide mort, en même temps, fatalement : c'est ce qu'a voulu filmer Truffaut, ici et ailleurs (mais encore plus ici). L'histoire : ils se sont connus, terriblement aimés et fuis il y a huit ans. Ils se sont mariés chacun de leur côté, ont retrouvé ce qui ressemblait à de la paix. Ils redeviennent voisins par hasard. Quand ils se croisent dans le parking souterrain d'un supermarché (ce qui sera aussi l'enfer selon Demy), ça repart direct, c'est too much. Les corps ont gagné, ils sont trop faibles. En Dieux de l'Olympe fréquentant les hôtels douteux, Gégé et Fanny sont plus que crédibles. Leur cadre de vie terriblement banal (la campagne de province) ne colle décidément pas avec l'exceptionnelle intensité de leurs sentiments. Leurs dialogues récapitulent toutes les étapes et tous les détails d'une passion : exceptionnelle à vivre, terriblement banale à dire. Tout sauf de la paix, mais qui a envie de paix (à part les grands cramés)...

Garde à vue

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Réalisé par : Claude Miller (1942 - 2012)
En : 1981, France
Acteurs principaux : Guy Marchand (1937 - ), Romy Schneider (1938 - 1982), Michel Serrault (1928 - 2007), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 86 mn, couleur

Critique perso :

Bienvenue au réveillon du commissariat. Oui, il fait froid dehors. C'est glauque, c'est la province, quoi. Il ne manque rien, même pas le sapin de Noël à guirlandes. Le champagne, les petits fours et les noeuds papillons, c'est au rez-de-chaussée. Non, désolé, vous vous allez à l'étage, dans le bureau de l'inspecteur Gallien. Oui, c'est pour un interrogatoire. Oui, ça peut durer longtemps... Alors comme ça, vous êtes notaire de province. Et vous avez tué et violé deux petites filles... Non ? Peut-être ? Peut-être pas ? Comment ça, c'est la faute à votre dame !? Ca ne se dit pas, ces choses-là. Pas mal, la dame, d'ailleurs. Une belle silhouette de mante-religieuse. Et ça cause, et ça cause. Bon, ben moi je crois que je préfère aller me recoucher.

Beau mariage (Le)

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1982, France
Acteurs principaux : Féodor Atkine (1948 - ), Arielle Dombasle (1958 - ), André Dussolier (1946 - ), Pascal Greggory (1954 - ), Béatrice Romand (1952 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

Sabine a un amant, mais elle n'a plus l'air bien accro. Elle a décidé de se marier, mais surtout pas avec lui. En fait, elle ne sait pas encore du tout avec qui. Mais elle a une copine qui, elle, a l'air d'avoir un avis sur la question. La copine lui lance presqu'habilement son gentil cousin entre les pattes. Ca ne se passe exactement comme prévu, mais pas forcément pour les raisons prévues. En fait, les postulants-tourtereaux ont tout pour se plaire, et c'est ce qui les sépare le plus. Ils ne se fréquentent guère, parce qu'ils se comprennent peut-être trop bien. Bref, il ne se passe quasiment rien et pourtant c'est comme si on venait d'assister à une grande aventure. Rohmer plagie par anticipation son futur Conte d'automne. Ca, encore, c'est compréhensible. Mais comment donc fait-il pour inventer ce qui se passera plus tard dans la tête de filles comme moi qui n'en ont pas encore la moindre idée ? Ca, c'est le vrai mystère.

Chambre en ville (Une)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1982, France
Acteurs principaux : Richard Berry (1950 - ), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Michel Piccoli (1925 - ), Dominique Sanda (1948 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 92 mn, NB/couleur

Critique perso :

Nantes, quelques années avant Lola. Grève d'ouvriers dans les chantiers navals, rififi domestique chez les bourgeois. Tout converge vers l'appartement de Mme Langlois, un antre purpurin rongé par l'ombre, à mi-chemin entre la cathédrale et la préfecture. La dame est une ex-baronne qui a perdu sa particule et ses illusions en épousant un colonel, mort depuis en Indochine. Pour éponger ses dettes et son gros-plant, elle loue une chambre à un ouvrier (en grève) et tente de rabibocher le tout récent mariage de sa garce de fille Edith. Le beau métallo se bat pour défendre ses droits (au bonheur), Edith aussi, Ils sont faits l'un pour l'autre, aussi à poil l'un que l'autre, avec ou sans fourrure. Ce film, c'est comme une pierre de volcan : dense, sombre, dure et rapeuse, très longuement cuite et recuite dans les entrailles de la terre (et du réalisateur), et qui vient exploser à la figure des tièdes. Du Demy en musique, mais sans voiles.

Vivement dimanche !

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1983, France
Acteurs principaux : Fanny Ardant (1949 - ), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Des meurtres à la pelle, un suspect tout trouvé, sa brune secrétaire qui mène l'enquête. La ville, la nuit, la pluie, le mystère pour rire. Truffaut s'amuse. C'est comme s'il récapitulait tous ses films : les détectives privés de Baisers volés, l'ascenseur de la Peau douce, l'imperméable de La Femme d'à côté, le théâtre du Dernier métro... et un Homme qui aimait (trop) les femmes. C'est comme s'il faisait des clins d'oeil : à maître Hitchcock, à maître Hawks, à L'Ange bleu et aux Sentiers de la gloire. Et c'est comme si, aussi, il rendait hommage à la langue française, en casant dans les dialogues le plus grand nombre possible d'expressions idiomatiques. Et il s'en va (c'est son dernier film) dans un sourire.

Sans toit ni loi

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1985, France
Acteurs principaux : Sandrine Bonnaire (1967 - ), Yolande Moreau (1953 - )
Genre(s) : en France profonde /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Un sale matin, Mona est retrouvée morte de froid dans un fossé. Mona faisait la route, celle du sud, autour de Nîmes. Elle a croisé le petit monde des sédentaires du cru. Elle a partagé un peu de leur vie, leur a tendu le miroir de ce qu'ils ne sont pas, ou plus, ou n'oseront jamais être : libre... Elle les emmerde, elle n'est pas sympa, Mona. Plutôt hargneuse, rageuse : c'est que sa vie en dépend. Elle ne la préserve que tant qu'elle bouge, tant qu'elle suit la direction pointée par cette main tricottée sur son pull (la même main que dans Jacquot de Nantes, sans doute). Mona, c'est comme une nomade sans chameaux dans le désert du monde. Un faux docu qui est un vrai grand film, sur une autre façon d'être en vie, sur une autre façon de faire du cinéma.

Rayon vert (Le)

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1986, France
Acteurs principaux : Marie Rivière (1956 - ), Béatrice Romand (1952 - )
Genre(s) : Paris /en France profonde
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

C'est les vacances : Rohmer, il aime bien les vacances. C'est propice à la parole et à la chair. Delphine, elle, ça dépend. Son copain l'a lachée il y a deux ans, la copine qui devait l'accompagner en Grèce vient de la lacher, elle est toute seule. Elle se fait inviter par-ci, elle s'ennuie par-là. Elle cherche la consolation dans les forces de la nature, mais la consolation n'est pas dans les forces de la nature. Elle croit pourtant aux jeux de l'amour et du hasard, mais sans concession, sans compromis. Pas de maître du jeu explicite, pour une fois, si ce n'est un joueur de cartes étourdi qui laisse traîner des indices sur son chemin -et le parrainage de Jules Verne. Le portrait gagne en liberté ce qu'il perd en maîtrise, les paroles gagnent en chair ce qu'elles oublient en style.

Trois places pour le 26

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1988, France
Acteurs principaux : Françoise Fabian (1932 - ), Catriona MacColl (1954 - ), Mathilda May (1965 - ), Yves Montand (1921 - 1991)
Genre(s) : en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

M. Yves Montand himself se paie un petit flash-back sur son début de carrière, dans un musical autobiographique monté à Marseille, sa ville d'enfance. Il en profite pour chercher à retrouver son amour de jeunesse, trouve sans le chercher un amour de vieillesse, avant de découvrir que l'une est la fille de l'autre -voire pire. Il y a du lemon incest dans le pot aux roses. Le spectacle lui-même a l'air pas mal, mais la vie autour semble s'être figée dans les années 60-70 et la musique -hélas- engluée dans les harmonies de synthétiseurs. Le film n'arrête pas de chercher à se trouver beau dans tous les miroirs du passé (et d'essayer de se reconnaître en Tous en scène, par exemple), en retard d'un TGV sur son époque. Montand lui-même a l'air un peu trop vieux pour jouer son propre rôle (de père un peu indigne). Comme testament, ça reste malgré tout largement au-dessus du minimum notarial.

Milou en mai

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Réalisé par : Louis Malle (1932 - 1995)
En : 1990, France
Acteurs principaux : Paulette Dubost (1911 - 2011), Michel Duchaussoy (1938 - 2012), Miou-Miou (1950 - ), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : en France profonde /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'est un jeune vieux veuf qui vit à la campagne avec sa maman et qui s'appelle Milou -on ne saura pas s'il a eu un chien qui s'appelait Tintin. La maman -très vieille France- a le bon goût de mourir au moment où s'annonce le printemps 68. La famille, étendue à quelques invités et pique-assitettes de passage, tiendra lieu de groupe de camarades, l'enterrement tiendra lieu de défilé de manif, et le partage des biens maternels d'héritage à liquider. A part ça, c'est presque comme à Paris : plein de faux-frères en état second. Le huis-clos à l'air libre, encerclé de dangereux grévistes, permet une relecture ironique (et très drôle) de L'Ange exterminateur (hommage de Jean-Claude Carrière au scénario qu'il aurait pu écrire). La révolution au vert mode d'emploi, par ceux qui auraient pu ne pas passer complètement à côté.

Jacquot de Nantes

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1991, France
Genre(s) : conte de fées relooké /en France profonde /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 118 mn, NB/couleur

Critique perso :

Ce petit garçon, mes parents auraient pu le rencontrer chez le sabotier de la Chapelle-Basse-Mer (où ils sont nés). Et, à quelques années près, ça aurait pu être la caméra pour amateurs de mon frère (mon premier prof de cinéphilie) qu'il aurait acheté dans la boutique du passage Pommeraye. C'est un pote de mon autre frère qui lui joue du saxo. Autant dire que j'ai toutes les raisons d'adorer ce film et que je l'adore. C'est le rêve d'une enfance que j'aurais pu avoir, c'est l'enfance d'un rêve de cinéma qui m'a donné du bonheur. Il avait de la chance, Jacquot : il a passé ses premières années à regarder les films qu'il allait faire plus tard. Pas la peine d'être malheureux pour avoir des choses à raconter, il faut juste avoir le regard qui passe à travers le rideau des guignols, les colonnades du théâtre et l'écran à fantasmes. La vraie vie, c'est juste du cinéma en un peu moins bien.

Petits arrangements avec les morts

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Réalisé par : Pascale Ferran (1960 - )
En : 1994, France
Acteurs principaux : Charles Berling (1958 - ), Didier Sandre (1946 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 104 mn, couleur

Critique perso :

Trois personnes en short sur la plage de Bénodet. Sauf qu'ils ne sont pas vraiment en vacances, ils sont en plein travail : en plein travail de deuil. Chaque jour de l'été, tels des Sisyphe en maillot de bain, ils re-bâtissent le chateau de sable qui affrontera le flux et reflux des marées. C'est que leur sablier à eux est un peu enrayé. Chaque jour de leur vie, en silence, ils affrontent la blessure secrète planquée au fin fond de leur enfance. Construit sur le mode de l'analogie, c'est à la fois un tryptique et un puzzle, à la fois sur les morts et sur les vivants. A la fois tout neuf et incroyablement familier. Comme un souvenir éternellement rejoué.

Roseaux sauvages (Les)

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Réalisé par : André Téchiné (1943 - )
En : 1994, France
Acteurs principaux : Elodie Bouchez (1973 - ), Gaël Morel (1972 - ), Stéphane Rideau (1976 - )
Genre(s) : en France profonde /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Début des années 60, début de l'été, quand la lumière commence à envahir la campagne du sud-ouest. Pourtant, pas si loin, de l'autre côté de la mer, la France est en guerre. Ca préoccupe les hommes. Et par contagion, les ados qui préparent leur bac. Les roseaux souples du titre, ce sont eux. Ils font leur début en tout. Ils sont à l'âge où ils font connaissance avec le personnage qu'ils auront à jouer le reste de leur existence, et qui ne ressemble pas forcément à ce qu'ils imaginaient quelques années, quelques mois, quelques semaines auparavant. Ils passent A travers le miroir. Ils apprennent le maniement de nouveaux sentiments et de nouveaux mots. Ils en sont tout bouleversés. Nous aussi.

Conte d'été

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1996, France
Acteurs principaux : Amanda Langlet (1967 - ), Melvil Poupaud (1973 - )
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Quelques jours de vacances en Bretagne avec Gaspard -et sa guitare. Gaspard est seul, Gaspard mange à la crêperie du "clair de lune", Gaspard cherche sa copine-en-quelque-sorte sur la plage de St Lunaire (faut-il y voir une clé ?). Il fait la connaissance d'une crêpière-ethnologue, puis d'une flibustière court-vêtue (mais avec des principes), avant de retrouver sa copine-en-quelque-sorte, une blonde soi-disant surdouée (pas au volet, en tout cas). Son problème, à Gaspard, c'est qu'il ne sait pas dire non aux filles, et qu'il adore se faire balader. Un indécis professionnel qui va où le conduit le hasard. La mer efface sur le sable les pas des jeunes gens désunis, mais pas la mémoire de leurs conversations.

Conte d'automne

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1998, France
Acteurs principaux : Marie Rivière (1956 - ), Béatrice Romand (1952 - ), Didier Sandre (1946 - )
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Opération : remarions la vigneronne (Magali, 45 a., veuve, 2gds. enfants, etc.). Deux anges-coquines s'y collent : Rosine, la copine du fils et Isabelle, l'amie d'enfance. Pas de concurrence -elles prennent l'initiative chacune de leur côté- mais quelques arrières-pensées qui trainent peut-être (elles seraient pas un peu agents doubles, des fois ?). Machinations, complots, intrigues : tous les moyens sont bons et surtout, comme toujours chez Rohmer, tout est matière à commentaires et analyses en direct, dans un flux continu de paroles. Les vendanges sont bonnes et le cru vieillit très bien.

Vie rêvée des anges (La)

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Réalisé par : Erick Zonca (1956 - )
En : 1998, France
Acteurs principaux : Elodie Bouchez (1973 - ), Grégoire Colin (1975 - ), Natacha Régnier (1974 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /en France profonde /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Celle qui croyait aux autres, celle qui n'y croyait pas... Isa la brune est douée pour les contacts et la débrouille joyeuse. Elle fait la route, déniche des petits boulots et ouvre toutes les portes avec son sourire. Marie, elle, est une boule d'énergie contractée, un hérisson blond qui ne sait pas comment exprimer sa révolte. Elles vont vivre ensemble le temps d'un hiver dans le Grand Nord (à Lille...). Ce film, c'est comme un gros bloc de vie brute qui nous tombe dessus. Les actrices sont extra. Elles expérimentent dans leur corps la lutte des classes et le cheminement spirituel. Deux anges passent...

Humanité (L')

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Réalisé par : Bruno Dumont (1958 - )
En : 1999, France
Genre(s) : culte ou my(s)tique /en France profonde /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 148 mn, couleur

Critique perso :

A Bailleuil (nord de la France, plat pays, centre du monde), une petite fille est retrouvée morte. Assassinée. Pharaon de Winter, l'inspecteur de police, descendant et homonyme d'un peintre local, suit l'affaire. A sa manière. C'est un doux au regard d'enfant qui ne ferait pas de mal à une teigne. Il cause pas beaucoup. Il fait du vélo et du jardinage. Il aime en silence sa voisine Domino. Il souffre de compassion chronique envers ses semblables. Autour, il y a le monde technique qui va vite et qui fait du bruit (un camion-citerne, un avion de chasse et un TGV font de la figuration). Le malaise de ces petits pantins de chair -saint ou salauds, c'est la même pâte (filmée de très près)- perdus dans l'immensité indifférente du monde (filmé de très loin) n'a jamais été aussi palpable.

Ressources humaines

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Réalisé par : Laurent Cantet (1961 - )
En : 1999, France
Acteurs principaux : Jalil Lespert (1976 - )
Genre(s) : en France profonde /pas drôle mais beau /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Un jeune cinéaste français qui se coltine le problème des 35h dans une petite usine de province, en faisant jouer des acteurs recrutés aux guichets de l'ANPE : c'était pas gagné d'avance. Et bien, c'est plus que réussi : criant de vérités jamais dites sur le monde du travail et surtout (c'est là le coeur du sujet) sur ceux à qui leurs études permettent de prétendre à une promotion sociale. Franck en fait partie : son père est ouvrier, lui porte la cravate pour faire un stage dans les bureaux. Traitre à tous, en lutte (des classes) avec lui-même, il cherche sa place. Et nous, on a trouvé un nouveau cinéaste à aimer.

Glaneurs et la glaneuse (Les)

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 2000, France
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /en France profonde
Caractéristiques : 82 mn, couleur

Critique perso :

De l'humble geste de ramasser par terre ce que l'économie ou la société y a laissé, Agnès Varda fait un petit docu à la première personne, modeste et lumineux. Elle va à la rencontre des pros de la récup', des rois du recyclage. Ceux pour qui c'est une question de survie, ceux pour qui c'est un jeu, un défi ou une morale. Des Sans toit ni loi, des artistes et des militants "100% poubelle" qui n'ont pas peur de se salir les mains. Elle montre aussi ceux qui ont montré avant elle ce geste éternel : les peintres, surtout. Et elle se peint elle-même en pièces détachées, à la DV : ses mains tâchetées par le temps (comme celles de son cher Jacquot), son beau visage de vieille dame. Là où on ne s'y attendait pas, l'esthétique et l'éthique se mélangent. Un bonus, des boni, du bonheur. Rien à jeter.

Ville est tranquille (La)

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Réalisé par : Robert Guédiguian (1953 - )
En : 2000, France
Acteurs principaux : Ariane Ascaride (1954 - ), Jean-Pierre Darroussin (1953 - ), Gérard Meylan (1952 - ), Julie-Marie Parmentier (1981 - )
Genre(s) : en France profonde /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 89 mn, couleur

Critique perso :

La ville, c'est Marseille. Et tranquille, ce n'est pas précisément l'adjectif qui surgit spontanément quand on pense à elle. Et pour cause ! S'y croisent des politiciens corrompus, des retraités mafieux, des petits postulants fascistes, un tueur à gages, quelques prostituées junkies et des ouvriers en rupture de travail ou de syndicats... La faune, a priori, n'y est donc pas particulièrement attrayante. Sauf que, sauf que, ce sont les mêmes, ou leurs très proches, qui sont aussi capables d'expérimenter le sacrifice maternel, l'accueil de l'étranger, l'ouverture à l'art des plus démunis et l'indéfectible fidélités des anciennes amours... Ironique et contradictoire, ce portrait collectif s'impose par sa complexité, son énergie désespérée et son humanité.

Deux ans après

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 2002, France
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /en France profonde
Caractéristiques : 64 mn, couleur

Critique perso :

C'est un film fait après et d'après un autre, un film sur les conséquences de faire des films, sur l'étrange relation qui se noue entre un(e) cinéaste et ses spectateurs, via cet objet étrange qui appartient à sa manière à eux tous. A l'occasion du tournage des Glaneurs, Agnès avait rencontré des gens. Elle les retrouve et nous donne de leurs nouvelles. D'autres gens lui ont écrit, en général pour lui dire combien ils aimaient son film. Elle les rencontre aussi, et nous donne de leurs nouvelles. Ils s'échangent des mots et des images, leurs échanges créent d'autres mots et d'autres images, qui finissent pas faire un autre film. Ce n'est pas un making of, c'est un after of, fait comme en roue libre et à l'air libre. Humour intact, curiosité intacte, capacité à s'émerveiller intacte. La vie crée du cinéma qui crée de la vie, et réciproquement.

Esquive (L')

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Réalisé par : Abdellatif Kechiche (1960 - )
En : 2003, France
Acteurs principaux : Sara Forestier (1986 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Des têtes d'ados dans un décor de barres d'immeubles : une banlieue anonyme, ailleurs, à côté (où sont les voitures qui brûlent ?). Les têtes parlent, beaucoup, très vite, toutes en même temps, avec de drôles de mots. Elles ont toujours quelque chose à négocier, des intrigues compliquées à mener. Lydia, Rachid et Frida, eux, utilisent comme ils peuvent les mots de Marivaux : ils répètent Les jeux du kif et du hasard (un truc de ouf qui embrouille grave). Krimo voudrait bien faire partie de la bande, changer de costume, toucher la main de Lydia. Mais sa prof de français n'est pas très encourageante. Dans le langage de sa tribu, elle lui dit qu'il devrait sortir de lui-même, que le bonheur, ça se travaille. Il est long, le chemin jusqu'à lui-même. Le mode d'emploi, il est peut-être bien écrit dans la langue de Marivaux. Pas sûr que tout le monde arrive à le décoder.

Podium

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Réalisé par : Yann Moix (1968 - )
En : 2004, France
Acteurs principaux : Dominique Besnehard (1954 - ), Julie Depardieu (1973 - ), Benoît Poelvoorde (1964 - ), Jean-Paul Rouve (1967 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

J'avoue : aux environs de mes 7 ans, j'ai été amoureuse de Claude François (c'était avant -ou après, je ne sais plus trop- Thierry Le Luron, Gérard Majax et mon prof d'histoire). J'ai grandi. Bernard Frederic, lui, est resté à l'heure de Marity et Gilbert Carpentier. C'est un ex-fan des seventies, docteur ès cloclo avec félicitations du jury. Un coup de téléphone qui pleure et son ancien pseudo-pote (un certain Cousous PolnarG) le rappellent à sa vie de clône pour participer à une "nuit des sosies" plus vraie que nature. C'est qu'entre temps, notre imposteur professionnel s'était reconverti en banquier, essayant de jouer dans sa maison en toc un semblant de vie de famille. Il replonge dans la Valse des pantins. Revoilà les tournées en camionnette miteuse, l'élection de Miss Pizza sur un parking de supermarché, les néons, les paillettes et la vie en couleur (vives). Nettement plus drôle et plus kitch que Kagemusha. J'avoue : j'ai aimé !

Promeneur du champ de Mars (Le)

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Réalisé par : Robert Guédiguian (1953 - )
En : 2005, France
Acteurs principaux : Michel Bouquet (1925 - ), Jalil Lespert (1976 - )
Genre(s) : Paris /en France profonde /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est un vieil homme que tout le monde appelle "M. Le Président". On dirait que Mitterrand lui ressemble. Il vit dans les ors de son Palais. Il est amoureux de l'éternité. Et puis, il y a un jeune homme, aussi. On dirait qu'il ressemble à tout le monde. Il vit dans les tracas de la banalité. Il est amoureux du vieil homme, qui lui fait l'honneur de quelques-unes de ses paroles. Le dernier Roi de la Vème République se meurt. Il pontifie, donne des leçons de séduction, joue la coquette et l'érudit qu'il était. Le jeune homme écoute, enquête, encaisse, n'arrive pas à jouer au méchant qu'il n'est pas. Comme lui, Guédiguian (ex-militant communiste proclamé) ne peut s'empêcher d'avoir de la tendresse pour le vieil homme (il envoie sa fille lui faire la bise). Hommage de l'idéaliste au pragmatique qu'il n'a pas eu envie d'être.

Louise-Michel

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Réalisé par : Kervern & Delépine
En : 2008, France
Acteurs principaux : Mathieu Kassovitz (1967 - ), Bouli Lanners (1965 - ), Yolande Moreau (1953 - ), Benoît Poelvoorde (1964 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Quelque part au Nord : une usine avec des (femmes) ouvrières et quelques (hommes) patrons. Un jour, elle n'est plus là, elle est partie faire sa grande migration vers l'Est. Une seule solution : se venger du patron. Une ouvirère lambda, pas plus à l'aise pourtant avec le français qu'avec le grec, se charge de dénicher le tueur à gages idéal. Et elle le trouve, même s'il est un peu fauché tendance mégalo. Elle s'appelle Louise, il s'appelle Michel - à moins que ce ne soit le contraire. Mais les patrons ont une facheuse tendance à se délocaliser aussi vite que leurs usines. Le contrat tourne alors au road-movie artisanal. Les plans sont presque fixes mais, comme les personnages, ils cachent presque toujours quelque chose. Et le film est tellement anar qu'il mélange et inverse tous les genres. C'est de la tragédie poilante, du thriller trash, de la romance désespérée. On en ressort en se sentant tout propre, comme un gant de toilette retourné.

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