La 317ème section était affectée au nord de l'Indochine : 4 français de métropole, des français du Laos. Des militaires dont l'armée n'a pas tout à fait réussi à effacer la personnalité. En 1954, alors que des négociations s'engagent à Genève -entre les politiques- elle reçoit l'ordre d'abandonner sa caserne et de se replier vers le sud. C'est cette marche forcée dans la jungle, à travers les villages terrorisés et les rivières en crue, que l'on suit. La traque, la peur, la fatigue. La mort qui rode. L'orgueil des combats. Des méthodes de commandos mobiles -mais à ce jeu-là, les adversaires invisibles sont pas mauvais, non plus. Une petite guerre inutile de plus, sauvée de l'oubli par un beau film tragique.
Alors là, c'est ma drogue douce préférée, du bonheur en cube concentré ! Nourrie à bonne école (celle du Chant du Missouri, d'un Jour à New-York et de West Side Story), c'est l'histoire (entre autres) de deux soeurs jumelles (nées sous le signe que vous savez) qui rêvent de gloire, d'amour et de Paris. Il paraît que Les Hommes préfèrent les blondes mais la rousse est pas mal non plus. Il y a aussi leur mère qui (pour faire d'elles des érudites) vend des frites, leur grand-père qui retrouve un copain de régiment, des camionneurs forains, quelques artistes et quelques marchands d'art. Il y a foule à Rochefort, le temps d'un week-end éternel. Apparemment, tout est léger, aérien, coloré. On s'aime au premier regard... mais on se quitte aussi pour des broutilles. Et à y regarder de plus près, les journaux ne parlent que de guerre, un crime sadique est commis et même l'art échoue la plupart du temps à rapprocher les êtres. Heureusement, vouloir le bonheur, c'est déjà le bohneur, comme l'a fait dire Jacquot à un autre de ses personnages, quelques années avant. Et il en veut !
Dans le pays bleu, vit un roi très riche, grâce à un âne banquier (comme tous les banquiers). Il aime tellement sa fifille qu'il voudrait bien l'épouser. Ne cache-t-il pas une âme de bête, celui-là ? Comme cela ne se fait pas, la princesse -très belle- s'enfuit planquée dans la peau de la bête (l'âne, pas le père). Pendant ce temps, dans le pays rouge, un prince très charmant et très déprimé s'ennuit. Une fée des lilas high-tech et quelques stratagèmes permettent leur rencontre... Tous les contes donnent un mode d'emploi du bonheur. Ici, c'est clair. Les jeunes filles doivent avoir quelques peaux en réserve, avant de pouvoir montrer qu'elles sont belles à l'intérieur. Mieux vaut aussi pour elles savoir tenir une maison et faire des gâteaux. Les jeunes hommes seront bien inspirés d'écouter les roses, et de ne pas se lasser trop vite des pâtisseries. Les couples, alors, pourront se permettre de faire des projets ambitieux (faire des galipettes et fumer la pipe en cachette). Le bonheur (très flower power) du cinéphile, lui, est disponible à tout âge.
Blanche est très belle et très convoitée. Elle est mariée à un respectable (mais pas très jeune ni très beau, pardon Michel) Seigneur, elle attire le regard du Roi himself, en visite, ainsi que du page fort joli garçon qui l’accompagne. Et même de son beau beau-fils. On l’aura (peut être) compris, ça se passe au Moyen-Âge. Sans frou frou et sans chichi, mais avec armes et bagages, dans une ambiance minérale austère de chateau fort à conquérir et de belle sauver (et le contraire). Conte cruel, drame pervers, histoire éternelle d’hommes qui doivent élire parmi eux le mâle dominant. Enfin, comme on est au Moyen âge, c’est pas vraiment une élection et le résultat est connu d’avance : à la fin, c’est le Roi qui gagne. Et le cinéma y a aussi un peu gagné.
Surnom impossible pour un personnage impossible : un officier français passé par l'Indochine, l'Algérie et la prison, reconverti dans le chalutier au large de Terre Neuve. Un saint et un traitre à la fois. Mais pour le voir, on n'aura droit qu'à des flash-back. En fait, ce sont les autres qui en parlent le mieux : trois hommes qui ont croisé sa route et qui se croisent à leur tour, presque par hasard, sur un bateau de la Marine Nationale en route vers le chalutier. Ils s'y connaissent en matière d'armée, vu qu'ils y sont encore. Et en matière de sainteté, vu qu'ils ont toujours une Bible à portée de main ou de lèvres. Et en matière de ratages, aussi... Parfois, le vent sur la mer arrive à nous faire croire au destin. Parfois, leurs histoires arrivent à donner à l'Histoire de France, et à la leur, un souffle de grandeur.