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film(s) relevant du genre : conte de fées relooké

82 réponses classées par dates


Kid (The)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1921, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977), Jackie Coogan (1914 - 1984), Edna Purviance (1895 - 1958)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 50 mn, NB

Critique perso :

Les gosses, ça tombe toujours du ciel quand on ne s'y attend pas. C'est ce qu'a l'air de se dire une triste fille-mère, à la sortie de l'hospice où elle vient d'accoucher. C'est ce que se disent, ensuite, deux voleurs de voiture mal inspirés. C'est ce que se dit, enfin, un petit homme à moustaches et à grandes chaussures. Le petit de la fille-mère devient donc le petit du petit homme. Bientôt, il a acquis ses bonnes manières : il sait semer les policiers et faire cuire les pancakes. Il est presque aussi bon comédien que lui. Le petit homme, ça lui donne des ailes. Après, pour relancer l'histoire, d'autres personnages tombent du ciel : des travailleurs sociaux, une gentille marraine, une ange coquine. Premier long métrage venu de la galaxie Chaplin. Une bonne étoile, à suivre.

Faust

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Réalisé par : F. W. Murnau (1888 - 1931)
En : 1926, Allemagne
Acteurs principaux : Emil Jannings (1884 - 1950)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Faust, respectable savant à l'ancienne (barbe blanche, grimoires et fioles) est tenté par une reconversion expresse en dandy à la mode (pourpoing, belle gueule et belles paroles) par le diablotin Méphisto. Le pouvoir de séduire vaut bien une petite damnation. Bataille dans les âmes, bataille dans le ciel : la lumière affronte les vapeurs malines ; l'homme affronte la fragmentation de son désir. Avec une invention visuelle constante, Murnau truffe ses plans de split-screen naturels et invente le cinéma-kaléidoscope : les miroirs y reflètent l'imaginaire, les fenêtres s'y ouvrent sur le rêve. Et Faust, enfin, découvre sa vraie nature, que le grotesque Méphisto ne réussit qu'à singer : l'amour vaut bien une petite damnation.

Frau im Mond - Femme sur la lune (La)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1929, Allemagne
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /poésie en image
Caractéristiques : 163 mn, NB

Critique perso :

Hélius -autrement dit M. Soleil- rêve depuis longtemps d'un RDV avec la lune. D'autant plus, peut-être, que son vieux prof d'astronomie prétend que le sous-sol y regorge d'or... (de l'or sur la lune ? c'est vraiment n'importe quoi : depuis que Wallace y est allé, on sait bien qu'elle est en fromage !). L'histoire met un peu de temps à décoller, mais une fois le compte-à-rebours entâmé (le 1er de l'histoire de l'humanité), ça s'envole vraiment. Avec une femme -et quelques autres traîtres potentiels- à bord... Dans la fusée, et sur place, on s'attend sans arrêt à voir passer le capitaine Haddock et sa bande (ils étaient du même voyage pourtant, c'est sûr !). Alors, de l'or sur la lune ? Plein de pépites, en tous les cas...

Mummy (The) - Momie (La)

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Réalisé par : Karl Freund (1890 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /à l'antique
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

On ne réveille pas impunément une momie qui dort depuis 3700 ans, fallait s'en douter. Im-ho-tep a été embaumé vivant (sans son consentement, semble-t-il) et il lui reste donc quelques petites affaires à régler. Ca tombe bien, il a pour cela gardé en mémoire quelques sortilèges magiques bien utiles. Il est calme, patient (il ne doit plus être à un millier d'années près), et il sait ce qu'il veut : la fiancée dont il a été éloigné, il y a quelques siècles. Sur son passage, on retrouve d'étranges cadavres : mort de rire, mort de peur, à votre guise. Il est terriblement séduisant et terriblement dangereux. Normal : il possède le secret de l'envoutement des légendes.

Vampyr

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Réalisé par : Carl Theodor Dreyer (1889 - 1968)
En : 1932, Danemark
Acteurs principaux : Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Un jeune homme ahuri à la recherche d’aventure arrive dans l’endroit idéal pour en trouver : un village sous l’emprise d’un(e) vampire… Ici, les humains et les fantômes se ressemblent comme deux gouttes de poison, les rêves et la réalité se confondent, les vivants et les ombres se mêlent et se mélangent. Le film lui-même est comme dans les limbes entre le cinéma muet (intertitres, quasiment aucun autre son autre que les voix) et le cinéma parlant, dans les gris, envahi par un mal à l’état brumeux. Dans les limbes entre la vie et la mort, on y assiste même à l’enterrement du jeune ahuri depuis l’au-delà, en caméra subjective. Un film magique, digne d'un sorcier revenu des limbes.

King Kong

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Réalisé par : Cooper & Schoedsack
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Fay Wray (1907 - 2004)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Dans une île lointaine, une peuplade humaine survit sur une petite portion de territoire. Le reste est isolé par un haut mur et il s'y passe de drôles de choses. Le roi de ce monde perdu primitif s'appelle Kong : 6m de force brute et d'instincts à l'état pur. Des fois qu'on n'aurait pas compris, il est précisé que l'île a la forme d'un crâne... Les petits blancs qui y débarquent apportent avec eux les atouts de la civilisation occidentale : des armes lourdes, une caméra et une blonde. Avec elle, Kong va apprendre à jouer à la poupée Barbie, et à faire son plus beau sourire... Après, il est presque impossible d'ignorer qu'il finira sa vie dans une autre jungle (celle de New-York), au sommet de l'Empire State Building (où on peut encore se faire photographier en sa compagnie), avec toute notre sympathie. C'était au temps béni où les effets spéciaux n'étaient pas encore ennemis de la poésie et de l'émotion.

Wizard of Oz (The) - Magicien d'Oz (Le)

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Réalisé par : Victor Fleming (1883 - 1949)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Judy Garland (1922 - 1969)
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 101 mn, NB/couleur

Critique perso :

Dorothy, jeune campagnarde du Kansas (Judy Garland à 16, avec des tresses, mais chez qui la femme pointe... -ses partenaires ne sont pas dupes !) vit en noir et blanc. Une tornade la propulse au pays des Schtroumphs en couleurs (1ère à droite derrière l'arc-en-ciel) où on lui fait la fête en lui offrant des sucettes. Malgré tout, elle regrette son Kansas en noir et blanc (on se demande bien pourquoi), et se met à suivre, avec ses chaussures rubis, une route jaune en quête du magicien mirobolant qui la ramènerait chez elle. C'est le pitch d'une des premières légendes produites par l'Amérique. La morale paysanne qui en ressort officiellement (il faut se contenter de ce qu'on a, "there is no place like home") est heureusement contredite par l'enthousiasme juvénile de Judy, heureuse comme un poisson dans l'Oz, et par l'ironie un brin canaille du magicien (on n'est que ce que les autres voient de nous). Rêve et effroi d'une nature aseptisée, road movie et nostalgie : un pilier de la conscience américaine !

Dumbo

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Réalisé par : studios Disney
En : 1941, USA
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 64 mn, couleur

Critique perso :

Passent les cigognes... Leurs livraisons de saison sont très attendues, surtout chez Mme Jumbo, artiste de cirque (spécialité pachiderme au coeur tendre). Il arrive, donc, il est tout mignon -mais petit avec des grandes oreilles. On l'appelera Dumbo (en English, c'est pas très sympa), il ne dira pas un mot. Les paroles, il laissera ça à Timothée, grand parleur rusé de 5cm, museau frémissant, et longue queue. Son truc, à Dumbo, c'est beaucoup mieux : il rêve (la séquence avec des éléphants roses -même sans DSK- est étonnante), et même : il vole... Il se pourrait (mais je suis pas sûre) que je doive à cette histoire de vilain petit canard transposée chez les éléphants mes premières larmes égarées dans une salle obscure. Il se pourrait (mais je suis pas sûre) que ce film soit la première plume magique qui m'ait fait décoller.

Meet john Doe - Homme de la rue (L')

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Réalisé par : Frank Capra (1897 - 1991)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Walter Brennan (1894 - 1974), Gary Cooper (1901 - 1961), Barbara Stanwyck (1907 - 1990)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Pour sauver son job, une journaliste excitée -mais belles jambes- bidonne un article dont le héros s'appellerait John Doe, autant dire Jean Dupont ou M. Toutlemonde. Triomphe. Tout le monde veut connaître le type, il n'y a plus qu'à l'inventer. Pour l'incarner, elle caste un vagabond sans le sou -mais belle gueule- et lui fait lire les dicours de son papa humaniste. Capra se moque de sa morale de boy-scout, tout en la donnant à entendre avec conviction. Et puis la machine s'emballe, John Doe devient une icône. Sa pygma-lionne est débordée sur sa droite par une ombre de populisme cynique (à marionnette, marionnette et demi), on ne sait plus trop à quel saint se vouer. Reste John, fidèle à lui-même, prophète sans qualités qui accomplit les écritures des autres. Print the legend et la légende fut. Une nouvelle Genèse de l'Amérique.

Cat People - Féline (la)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Oliver Reed est architecte. il vit dans un monde où les traits sont tirés à la règle et où les angles filent droit. Irena Dubrovna a le crayon plus souple : elle est styliste pour dames. Elle s'entraîne à dessiner au zoo, devant la cage des panthères. Elle a des ancêtres venus d'Europe de l'est, ce qui explique sans doute son accent français et qu'on la sent capable de tout. Elle a du chien -enfin, plutôt du chat. Comme toutes les choses intéressantes, elle fait envie et elle fait peur. Elle a envie et elle a peur... A quoi rêvent les jeunes femmes ? A la panthère tapie en elles. Et aux hommes qui la réveilleront... Pour se rappeller que la naissance du frisson, c'est la caresse d'une griffe sur du velour.

Visiteurs du soir (Les)

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1942, France
Acteurs principaux : Arletty (1898 - 1992), Jules Berry (1883 - 1951), Alain Cuny (1908 - 1994), Marie Déa (1912 - 1992), Marcel Herrand (1897 - 1953), Fernand Ledoux (1897 - 1993)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

On est au temps (et dans les terres) des très riches heures du duc de Berry, la paix n'a que trop duré. Pour éviter aux hommes d'être heureux trop longtemps, le Diable a parfois envie d'ajouter son grain de fiel à l'histoire. Deux de ses envoyés arrivent donc sur Terre. Il y a Gilles, musicien mélancolique, parfois hélas un peu attiré par le côté lumineux de la Force. Et il y a Dominique, dont on se demande si les autres l'apprécient plus en homme ou en femme (et si il/elle eut jamais un coeur). Ils sont là pour faire des ravages, ils en font. Pourtant, s'ils utilisent les mêmes mots, leurs yeux ne disent pas toujours la même chose. En fait, Gilles se met même à croire un peu trop à son propre jeu avec Aaaannne. Alors, le Diable lui-même vient remettre un peu de (dés)ordre dans tout cela. Le film est un rien pompeux et solennel. On ne sait trop si c'est le coeur de la France sous occupation qu'il a voulu faire battre, à la fin, mais au moins a-t-il donné naissance à une belle statue palpitante, une certaine idée du cinéma français.

Main du Diable (La)

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Réalisé par : Maurice Tourneur (1873 - 1961)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Noël Roquevert (1892 - 1973)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

La main du diable est une main gauche (évidemment). Elle ne coûte presque rien en argent (un peu de son âme en gage, quand même) et rapporte amour, gloire, richesse… et juste une petite malédiction éternelle en cas de possession prolongée. Roland Brissot, artiste peintre qui, sans elle, était médiocre, se coltine au cours d'une fuite dans un chalet de montagne le long récit en flash-back de sa fatale acquisition. Le flash remontera même jusqu'au Moyen Age, on ne mégote pas sur l'ambiance trouble. Evidemment, tout cela est assez pompé sur Faust (via Nerval), mais c'est aussi un des très beaux et rares exemples de cinéma fantastico-gothique-expressionniste français. Et au fait, en 1943, qui donc avait la main (gauche) sur le pays ? Ah, certes, ça n'a rien à voir puisque c'est la Continental, firme allemande, qui a produit le film. Quand même, il a l'air largement aussi métaphorique -et aussi bon !- que les Visiteurs du soir, dans le genre.

Picture of Dorian Gray (The) - Portrait de Dorian Gray (Le)

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Angela Lansbury (1925 - ), Peter Lawford (1923 - 1984), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB/couleur

Critique perso :

Au début, Dorian est jeune, beau et amoureux : le portrait parfait du gendre idéal, tel que le peint son ami Basil. Mais, bientôt, perverti par un lecteur des "Fleurs du mal", il se met à fréquenter les bas-fonds de Londres (vers 1886, on y faisait décidément de mauvaises rencontres : Jack, Hide... qui est qui, telle est la question !). Ce qu'il y fait nous reste mystérieux, mais lui attire des ennuis et des ennemis. Lui voit des yeux partout mais garde son teint de bébé. La peinture, elle, traverse l'histoire de l'art à toute vitesse : il se voit dedans comme dans un miroir, mais il est bien le seul. Le roman d'Oscar Wilde m'avait fascinée. Lewin, déjà amateur des poèmes d'Omar Khayyan, de fantastique baroque et d'art raffiné, était l'homme de la situation. Un portrait, une chanson, deux tortues et un poignard : tous les éléments de sa Grande Oeuvre à venir sont déjà là.

Belle et la bête (La)

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Réalisé par : Jean Cocteau (1889 - 1963)
En : 1946, France
Acteurs principaux : Michel Auclair (1922 - 1988), Josette Day (1914 - 1978), Jean Marais (1913 - 1998)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants /poésie en image
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

La Belle est contrainte de faire la bonne chez ses horribles soeurs. Elle adore son papa. La Bêêête vit dans un chateau fantastique au coeur de la forêt. Le papa s'y égare, fait une gaffe. Pour avoir le droit de rentrer chez lui, il devra laisser sa fille en otage au maître des lieux. Cette Bêêête au visage de lion, aux manières de prince et aux instincts d'animal est un concentré de douleurs et de contradictions. Son domaine est une prison végétale où les murs s'animent de membres et de figures humaines qu'il n'a pas. La magie et l'inquiétude naissent des objets les plus quotidiens. Rythme majestueux, images sublimes, profusion de symboles : le sortilège opère toujours.

Dragonwyck - Château du Dragon (Le)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Walter Huston (1884 - 1950), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Elle aurait pu s'appeler Jane Eyre, le film aurait pu s'appeler Rebecca. Mais là, c'est Miranda. Au début, elle vit dans une petite maison dans la prairie. Un brillant destin de paysanne dévotte lui est promis. Mais un vague cousin très riche l'invite à venir jouer la dame de compagnie dans son antre, Dragonwyck, et sa vie bascule. Le cousin s'avère un irrésistible monstre, la maison se révèle gothique et hantée. Miranda est ravie, dès que possible elle épouse les deux. Il ne lui restera plus qu'à survivre le plus longtemps possible aux charmes vénéneux du lieu, et plus qu'à explorer les recoins obscurs du maître de maison. Il y a des gens comme ça qui ont l'air d'être faits pour s'épanouir à l'ombre, qui sont amoureux de leur prison, et de leur geôlier. La mise en bouche d'une grande oeuvre, en forme de curiosité gothique.

It's a Wonderful Life - Vie est belle (La)

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Réalisé par : Frank Capra (1897 - 1991)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), Gloria Grahame (1923 - 1981), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 130 mn, NB

Critique perso :

A quoi ça pourrait ressembler, un saint américain ? L'hypothèse George Bailey est ce qu'on propose de mieux sur le marché. Tout petit déjà, il sauve son frère et un petit commerce de la noyade. Il nourrit toute sa vie des ambitions de grand explorateur, sans jamais quitter son village natal. Il devient un père de famille fidèle et honnète, tout en exerçant la profession de banquier sympa. Tant de contradictions refoulées le mènent bientôt au bord de la dépression, et là il faut quand même qu'un ange stagiaire s'y colle pour le sauver du suicide. En lui montrant -sublime trouvaille- que le monde tourne nettement plus rond avec lui que sans. Quand le conte de Noël rencontre la mauvaise conscience américaine et que Capra s'en mèle, ça devient du grand art.

Matter of Life and Death (A) - Question de vie ou de mort (Une)

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Réalisé par : Powell (& Pressburger) (1905 - 1990)
En : 1946, Angleterre
Acteurs principaux : Kim Hunter (1922 - 2002), David Niven (1909 - 1983)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 104 mn, NB/couleur

Critique perso :

Ca commence avec un travelling de quelques années-lumières sur l'univers, la terre et tout le reste. Ca enchaîne avec un coup de foudre par ondes radio et par temps de guerre, et une mort suspendue par le fog. Après, c'est une Near Death Experience d'1h30 en direct live et en images de rêve, à laquelle ne manque que l'odeur d'oignons frits. Autour du charmant petit couple en sursis, s'affairent d'étonnants personnages : un représentant de l'au-delà amateur d'échecs, comme dans Le 7ème sceau, et un sympathique et mystérieux neurologue, observateur omniscient de son village et de l'esprit humain, comme Im-ho-tep. Ce film, c'est la matrice du fantastique métaphysique à la Solaris (qui lui a piqué quelques plans), et du mysticisme amoureux façon Pandora (qui lui en a piqué quelques autres). Bref, l'accomplissement de tout ce que j'attends du cinéma : qu'il nous donne des images d'un autre monde qui serait aussi le nôtre.

Boy with Green Hair (The) - Garçon aux cheveux verts (Le)

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Réalisé par : Joseph Losey (1909 - 1984)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Pat O'Brien (1899 - 1983), Dean Stockwell (1936 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 82 mn, couleur

Critique perso :

Un jeune garçon se souvient du matin où il a compris qu'il était unique et seul au monde. Et, accessoirement, orphelin de guerre. Du jour au lendemain, ses cheveux ont tourné au vert pomme. Déjà que la plupart des adultes ne lui inspiraient pas confiance ; là c'est la trahison générale. Il devient rebelle et pacifiste presque malgré lui : natural-born punk ! C'est une fable, bien sûr. Une histoire aux multiples entrées et à la morale ferme et claire. Un film simple et beau comme on n'ose plus en faire.

Orphée

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Réalisé par : Jean Cocteau (1889 - 1963)
En : 1949, France
Acteurs principaux : Maria Casares (1922 - 1996), Henri Crémieux (1896 - 1980), Marie Déa (1912 - 1992), Jean Marais (1913 - 1998), François Périer (1919 - 2002)
Genre(s) : conte de fées relooké /pas drôle mais beau /poésie en image
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Rien de plus casse-gueule que le genre mythico-poétique. C'est comme la traversée des miroirs : ça passe ou ça casse ! mais Cocteau est un expert en passage de miroirs... Il nous peint un Orphée de mauvaise humeur. C'est un poète, mais boudé par St Germain-des-prés (un comble, à l'époque). Il aime la mort (l'immortalité ?) plus que sa femme Euridyce. Et l'inspiration tombée du ciel (par ondes radio) plus que la vie quotidienne. Des deux côtés du miroir, deux mondes se contemplent sans se reconnaître... L'abîme symbolique guette, mais la noyade dans le ridicule est évitée haut la main. S'il y a vertige, ce serait pluôt vers le haut...

Juliette ou la clef des songes

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1951, France
Acteurs principaux : Jean-Roger Caussimon (1918 - 1985), Suzanne Cloutier (1923 - 2003), Roland Lesaffre (1927 - 2009), Gérard Philipe (1922 - 1959), Yves Robert (1920 - 2002)
Genre(s) : conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Un jeune homme en prison, beau comme Gérard Philippe, s'évade en douce pendant son sommeil, en rejoignant en rêve un mystérieux village où le temps s'est arrêté et où tout le monde est à la recherche de sa mémoire. Il a bien envie d'y rester, d'autant qu'il vient d'y rencontrer la jeune fille de ses rêves (c'est bien la moindre des choses), belle comme Suzanne Cloutier. Il a assez de mémoire pour tout le monde, mais ça présente aussi quelques inconvénients. Bon, on n'est pas vraiment dans Paprika ou dans Inception, mais il y a de ça quand même. En fait, c'est plutôt un remake caché du Jour se lève, où l'imagination prend la place du passé -avec le même mode d'emploi au début, pour ne pas larguer les spectateurs. Un poil de Magicien d'Oz, aussi, sans les couleurs. Tentative pour passer du réalisme poétique à la poésie réaliste. La magie et les grands sentiments sont un peu laborieux mais il y a de ça quand même.

Pandora and the flying Dutchman - Pandora

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1951, Angleterre
Acteurs principaux : Ava Gardner (1922 - 1990), James Mason (1909 - 1984)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

C'est Homère-Geoffrey qui donne la clé du film : "L'amour se mesure à ce qu'on est prêt à sacrifier pour lui". Que ne sacrifierait-on pas pour Ava Gardner-Pandora ? La gloire, la richesse, la connaissance, la vie... Les mâles du film, en tout cas, ne ménagent pas leurs démonstrations de bonne volonté. Mais la sirène est en veilleuse. Pour qu'elle se jette à l'eau, il faut quelqu'un à sa hauteur. C'est alors que surgit un mystérieux "Hollandais volant" (qui, malgré son nom, est un marin et non un aviateur -et cache un lourd secret). Mais, au pays des Dieux, la tragédie, ça s'appelle du sublime. La deuxième clé, empruntée à Oscar (celui du Portrait de Dorian Gray), ça pourrait être : la vie -mort comprise- ne vaut le coup que quand elle imite l'art, quand celui-ci est une Question de vie ou de mort. Alors, la mythologie grecque peut rejoindre les vieilles légendes nordiques et le cinéma donne à vivre un instant d'éternité. Si je ne devais emporter qu'un seul film sur une île déserte, ce serait celui-là.

Tales of Hoffmann (The) - Contes d'Hoffmann (Les)

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Réalisé par : Powell (& Pressburger) (1905 - 1990)
En : 1951, Angleterre
Acteurs principaux : Moira Shearer (1926 - 2006)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Dans l'arrière salle des coulisses d'un théâtre de cinéma, l'acteur d'un personnage de romancier se met à nous raconter l'histoire d'une histoire -ou plutôt de trois histoires, en fait. Pour entrer dans ce genre de films en forme de livre d'images qui bougent, il vaut mieux ne pas avoit oublié ses yeux d'enfant au vestiaire, et ne pas craindre de plonger la tête la première dans tous les pays des merveilles du monde. Les trois histoires, d'ailleurs, ne parlent que de ça : des abîmes de l'âme, des ballets des sentiments, des bords vertigineux du réel. Des chausse-trapes et des doubles-fonds de l'esprit humain, ce théâtre de marionnettes dont chacun serait le propre manipulateur. Et le tout, bien sûr, en chansons, en danses, en cartons pâte et en maléfices. C'est complètement surfait et absolument sublime, comme de l'opéra à la puissance cinéma. Comme si on tirait un feu d'artifices flamboyant dans la caverne de Platon.

Belles de nuit (Les)

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1952, France
Acteurs principaux : Martine Carol (1920 - 1967), Gina Lollobrigida (1927 - ), Jean Parédès (1914 - 1998), Gérard Philipe (1922 - 1959)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Claude a deux vies : le jour, c'est un professeur de musique rêveur -et chahuté-, le soir c'est un compositeur d'opéra, rêveur aussi -et bien sûr complètement ignoré. Un ange musicien égaré dans un monde de cacophonie. Comme aucune de ces vies n'a l'air satisfaisante, il en a même une troisième : en fait, la bonne, c'est quand il dort. Gérard Philippe, à peine sorti du pays des merveilles de Juliette, replonge. Accro aux rêves dont il est le héros, encore. Ici, ils sont plus variés dans le temps et l'espace (la Révolution, les colonies, la Belle Epoque..), on sent qu'il est plus allé au cinéma. On dirait même qu'il a vu le Minuit in Paris de Woody Allen, tellement qu'on s'y croirait (Hemingway et Gertrud Stein en moins). Les réalisateurs vieillissants des années 50 n'aimaient décidément pas leur époque, ils espéraient encore que le cinéma les en sauvent.

Ugetsu monogatari - Contes de la lune vague après la pluie (Les)

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1953, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Masayuki Mori (1911 - 1973), Kinuyo Tanaka (1910 - 1977)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

En temps de guerre, les affaires marchent fort, c'est bien connu -même dans le Japon médiéval le plus reculé. Genjuro, honnête potier de son état, en profite pour mettre les bouchées doubles. Avec son beau-frère, ils constituent un stock qu'ils vont vendre à la ville. Mais l'appétit du gain vient en mangeant : au lieu, fortune faite, de retourner vivre dans leur foyer le reste de leur âge, les voilà qui se prennent à rêver de grandeur miliaire ou d'amours aristocratiques. Sans prendre garde aux signes inquiétants qui rodent, ni aux menaces qui pèsent sur leur femme. Sans prendre garde à l'infinie séduction des leurres, ni à la délicate porosité des mondes flottants. En fait, à force de plans sur la chimère et de courses aux comètes, ils courent droit à leur perte. En fait, à force de vouloir ne pas être à leur place, ils nous permettent de prendre la leur.

Barefoot Contessa (The) - Comtesse aux pieds nus (La)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Ava Gardner (1922 - 1990), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /la parole est d'or /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Comme toujours avec Mankiewicz, c'est un film sur la duplicité. Mais la duplicité sincère, la duplicité comme fidélité à ses origines. Ava Gardner, au top de sa beauté, y est une danseuse de cabaret espagnole devenue star hollywoodienne. Elle parvient sans mal à nous faire croire à cette histoire de Cendrillon qui ne renonce pas totalement à ses haillons, et poussera le paradoxe jusqu'à tromper son mari par amour pour lui. Son histoire nous est racontée en flash-back par plusieurs personnes qui assistent à son enterrement (on se doute donc que ça ne finira pas très bien). Un conte de fées spéculaire et désenchanté avec Bogart dans le rôle de la marraine, ça ne se refuse pas !

Night of the Hunter (The) - Nuit du chasseur (La)

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Réalisé par : Charles Laughton (1899 - 1962)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Lillian Gish (1893 - 1993), Robert Mitchum (1917 - 1997), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 89 mn, NB

Critique perso :

La rencontre improbable entre le western, le film noir et le conte de fées a donné ce bijou improbable, seule réalisation de son auteur (par ailleurs excellent acteur). Le diable s'est déguisé en pasteur, il a la tête de Robert Mitchum et il plaît aux dames. Il rejoue par coeur le sketch du combat entre le bien et le mal (les américains ont toujours adoré ça) à qui veut bien l'écouter. Mais c'est pour de faux. Pour de vrai, il n'est pas à quelques cadavres près pour récupérer son magot. Pour de vrai, c'est un grand loup dans la bergerie du monde de l'enfance. De ceux dont on a toujours adoré avoir peur.

Funny Face - Drôle de frimousse

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1957, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Michel Auclair (1922 - 1988), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Sous l'influence survoltée de sa patronne, un photographe de mode se pique de dénicher un nouveau top model top QI (pour changer). Ils squattent une librairie à l'ancienne (décor exotique garanti) et tombent sur leur perle rare : une adepte charmante de l'empathologie (sorte de version dégénérée de l'existentialisme rive gauche, vue de Hollywood). Le développement des photos (et de l'histoire) repose ensuite sur le rapprochement de la culture livresque savante et de la haute couture fashion : le poids des mots contre (tout contre) le choc des photos -à Paris bien sûr, capitale des deux pôles. Drôle de film (sorte de version dégénérée de la comédie musicale à l'ancienne, vue de Paris) qui, comme Fred, semble pourtant avoir encore des jambes de 20 ans.

Innocents (The) - Innocents (Les)

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Réalisé par : Jack Clayton (1921 - 1995)
En : 1961, Angleterre
Acteurs principaux : Deborah Kerr (1921 - 2007), Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Deux adorables orphelins et leur gouvernante très comme il faut vivent dans un somptueux manoir gothique. Pourtant, une ombre plane sur ce vert paradis. Apparemment, il s'en est passé de belles, dans le coin, il y a peu. Evidemment, il est hors de question d'en parler ouvertement. Mais, depuis, il semble bien que quelques fantômes occupent aussi le terrain. Habitent-ils dans le grenier, dans la tête des enfants ou dans celle de la vieille fille ? that is the question... Et à quelles maléfiques influences peuvent-ils donc prétendre puisque les enfants sont des anges et puisque leur irréprochable gouvernante n'agit que pour leur bien ? Sauf que, parfois, les pires innocences et les plus pures perversions ont le même visage.

West Side Story

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Réalisé par : Robert Wise (1914 - 2005)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : George Chakiris (1934 - ), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /en avant la musique
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

Et si l'inconscient était structuré comme une ville !? (à moins que cela ne soit le contraire). Sur les balcons et les terrasses : les rêves d'amour et d'intégration, l'Amérique quoi. Dans les sous-sols, les règlements de comptes sordides. Le reste pour guetter la bande d'en face -les autres. Et surtout, surtout, gaspiller son énergie en chantant sa révolte et en dansant sa vie. D'ailleurs, c'est drôle, on ne peut presque pas s'empêcher de chanter avec eux, tellement on connaît tout par coeur. Shakespeare en a fait un remake par anticipation, situé à Vérone, mais nettement moins pêchu.

Invention de Morel (L')

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Réalisé par : Claude-Jean Bonnardot (1923 - 1981)
En : 1967, France
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Au départ, c'est un de mes livres préférés : l'histoire d'un fugitif qui se réfugie sur une île déserte (mais hantée et maudite) et devient la victime (bientôt consentante) d'une espèce d'hallucination scientifiquement générée. Ce livre, c'est le mot de passe absolu de tous ceux qui préfèrent un autre monde -qu'il s'appelle vin, poésie ou vertu, littérature, cinéma ou rêves- à la réalité. Et il marque l'invention d'un nouveau type de paradoxe, quelque chose comme la superposition des espaces. Le (télé)film est très (peut-être trop) fidèle, avec sa voix off littéraire, ses fantômes futiles et rationels et son ambiance années folles décadante à souhait. On dirait du Resnais (un peu cheap quand même) : un plagiat par procuration (de l'Année dernière à Marienbad) ou par anticipation (de Je t'aime je t'aime ou de certaines idées de Mon oncle d'Amérique), autrement dit de certaines des meilleures hallucinations cinématographiquement générées.

Histoires Extraordinaires

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Réalisé par : film à sketchs
En : 1968, France
Acteurs principaux : Brigitte Bardot (1934 - ), Alain Delon (1935 - ), Anny Duperey (1947 - ), Jane Fonda (1937 - ), Peter Fonda (1940 - ), Terence Stamp (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

Un film en trois parties comme ça se faisait beaucoup à l'époque, trois coups de Poe, trois histoires de dandys décadents qui finissent en tragédie plus ou moins grandiloquente, par trois plus/moins grands cinéastes. Le premier sketch, de Roger Vadim, verse dans le porno-soft et kitsch. C'est un pre-Barbarella pas drôle qui se situerait au Moyen-Age, avec chatelaine perverse et beau brun ténébreux de voisin (tiens, n'est-ce pas donc son frère ? plus ou moins...). La contribution de Louis Malle est plus torturée. Elle porte le sérieux hautain et orgueilleux de son Delon de héros -en double exemplaire s'il vous plait- (et la Bardot en prime !). Comme il doit beaucoup courir, et dans des lieux sublimes en plus, il est souvent essoufflé et ça lui évite de dire trop de conneries. Quant au segment du Maestro : total respect ! Cette fois, on change vraiment de monde, on est passé de l'autre côté du rideau de fumée (de la gloire, et des rêves), on est à la fois dans le paradis du cinéma et dans l'enfer du showbiz, on s'y perdrait bien encore pendant des heures...

Fiancée du pirate (La)

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Réalisé par : Nelly Kaplan (1931 - )
En : 1969, France
Acteurs principaux : Michel Constantin (1924 - 2003), Julien Guiomar (1928 - 2010), Bernadette Lafont (1938 - 2013), Jacques Marin (1919 - 2001), Claire Maurier (1929 - ), Jean Parédès (1914 - 1998)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

Dans le village de Tellier (!!), on vit un peu comme au XIXème siècle. Il y a des notables, des proprios, des petits commerçants et des bouseux, organisés en régime quasi-féodal. Les hommes sont toujours fourrés au bistro, les femmes (à quelques exceptions près) quasi invisibles. Il y a même une sorcière qui vit avec sa fille et sa chèvre dans une cabane au fond des bois. Tout le monde les méprise et les exploite à mort, sous prétexte de ne pas les avoir dénoncées à la police quand elles ont débarqué. Mais quand la mère meurt dans l’indifférence générale, sa fille, revancharde, se met à changer d’attitude et de vie. La morale bourgeoise, elle s’en balance (et le chante (et le rechante)). Comme elle suscite toutes les convoitises, elle réaménage cosy sa bicoque et, faute de concurrence, impose ses tarifs. Elle ne tarde pas à bien tenir tous les mâles (et pas que) du canton par le bout de la queue, elle va pouvoir accomplir sa vengeance… Mi-Chabrol rural, mi-Maupassant relooké, c’est anar, gonflé, mal léché, féministe et réjouissant.

Little Big Man

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Réalisé par : Arthur Penn (1922 - 2010)
En : 1970, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Dustin Hoffman (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /conte de fées relooké /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 139 mn, couleur

Critique perso :

Ce serait le Jeanne Calment américain : dernier survivant de la bataille de Little Big Horn, petit par la taille, grand par le coeur, Little Big man. Ce serait le condensé de tous les destins possibles de son temps : fils de pionnier devenu indien Cherokee, enfant de coeur, colporteur douteux, as de la gachette, commerçant honnète, trappeur solitaire et pisteur de cavalerie. Capable de tout, sauf de tuer un homme. Précurseur de Zelig (pour sa capacité d'adaptation) et de Forrest Gump (pour ses rencontres prestigieuses), blanc chez les rouges, rouges chez les blancs : Candide au Far West. Ce serait toute la mémoire du western, toute la mémoire de l'Amérique : un enfant de 121 ans.

Peau d'âne

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1970, France
Acteurs principaux : Catherine Deneuve (1943 - ), Fernand Ledoux (1897 - 1993), Jean Marais (1913 - 1998), Jacques Perrin (1941 - ), Delphine Seyrig (1932 - 1990)
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 89 mn, couleur

Critique perso :

Dans le pays bleu, vit un roi très riche, grâce à un âne banquier (comme tous les banquiers). Il aime tellement sa fifille qu'il voudrait bien l'épouser. Ne cache-t-il pas une âme de bête, celui-là ? Comme cela ne se fait pas, la princesse -très belle- s'enfuit planquée dans la peau de la bête (l'âne, pas le père). Pendant ce temps, dans le pays rouge, un prince très charmant et très déprimé s'ennuit. Une fée des lilas high-tech et quelques stratagèmes permettent leur rencontre... Tous les contes donnent un mode d'emploi du bonheur. Ici, c'est clair. Les jeunes filles doivent avoir quelques peaux en réserve, avant de pouvoir montrer qu'elles sont belles à l'intérieur. Mieux vaut aussi pour elles savoir tenir une maison et faire des gâteaux. Les jeunes hommes seront bien inspirés d'écouter les roses, et de ne pas se lasser trop vite des pâtisseries. Les couples, alors, pourront se permettre de faire des projets ambitieux (faire des galipettes et fumer la pipe en cachette). Le bonheur (très flower power) du cinéphile, lui, est disponible à tout âge.

Pied Piper (The) - Joueur de flûte (Le)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1972, Angleterre
Acteurs principaux : Donovan (1946 - ), John Hurt (1940 - 2017), Donald Pleasence (1919 - 1995)
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 90 mn, NB

Critique perso :

Dans un Moyen-âge crapoteux en proie aux démons de la cupidité et de la guerre, circule, comme un ilôt d'innocence, une troupe de baladins en roulotte. C'est à Hamelin qu'ils débarquent. Les rats, porteurs d'un méchant virus, sont arrivés avant eux. A l'intérieur des remparts, d'autres rats à figure humaine s'affairent. Seule la flûte magique (et enchantée) d'un musicien parviendra à sortir la ville de la mouise. Mais l'impressario improvisé du coin ne respecte pas son contrat : malheur à la population ! Avec cette légende sombre comme un cauchemar, on est plus proche du 7ème sceau que de Peau d'âne. Jacques Demy dévoile enfin son côté obscur. Perçoit-il l'arrivée prochaine d'une nouvelle peste dont il sera lui-même la victime (il mourra du sida) ? En tous cas, il réussit aussi bien à désenchanter les contes de fée qu'il savait rendre le réel merveilleux.

Espiritu de la colmena (El) - Esprit de la ruche (L')

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Réalisé par : Victor Erice (1940 - )
En : 1973, Espagne
Acteurs principaux : Ana Torrent (1966 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

C'est dans un petit village perdu de la campagne espagnole, c'est dans les années 40, c'est loin de la guerre civile, quoique. Un soir, le plus grand monstre de l'histoire du cinéma débarque dans les yeux et les oreilles des villageois, et dans ceux d'Ana et d'Isabel, et le monde ne sera plus jamais comme avant. Bien sûr il existe, ce monstre, bien sûr il habite dans la grange abandonnée d'à côté. Bien sûr, c'est que dans leurs têtes, quoique. Quand on n'a même pas 7 ans, tout est vrai, tout est grand et mystérieux, tout fait peur, quoique. Papa, maman, l'école, rien que des endroits envahis par des esprits, des fantômes. A cet âge-là, le cinéma, c'est comme un mode d'emploi de la vie des grands. Et après aussi. Et même les censeurs de Franco, ils sont pas fichus de voir ce qu'on pourrait y trouver à redire, tellement c'est subtil. Tellement c'est peut-être bien le plus beau film du monde...

Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (L')

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1973, France
Acteurs principaux : Maurice Biraud (1922 - 1982), Catherine Deneuve (1943 - ), Marcello Mastroianni (1924 - 1996)
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Au commencement était la pochade : Agnès et Catherine, enceintes toutes les deux, auraient involontairement suggéré le sujet à Jacquot jaloux : et si l'homme pouvait tomber enceint, lui aussi !? Aussitôt dit, aussitôt fait, Demy ne fait pas les choses à moitié (quoique). Le couple le plus glamour du moment, au lieu de glander dans son Olympe, se retrouve avec plus ou moins les occupations de ses parents (papa dans les autos, maman dans les shampoings), et l'aîné blondinet qu'il fut, c'est le fils de Michel Legrand qui l'incarne. Voilà déjà pas mal de perturbations en vue dans la Sainte Famille. Pour ajouter à la confusion des genres, il multiplie les seconds couteaux à l'identité trouble -mais c'est pour de rire. Le tract féministe déconnant et un peu désinvolte aurait pu être explosif, mais il fait un peu pchitt. Tout n'est pas, hélas, accompli pour les siècles des siècles. Mais pour le début des années 70, c'est déjà pas si mal.

Phantom of the Paradise

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Réalisé par : Brian De Palma (1940 - )
En : 1974, USA
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /en avant la musique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Un Faust musicien rencontre un Dorian Gray déguisé en pop star qui, après lui avoir tout piqué (entre autres : sa musique, son corps et son âme), le transforme en zombie à sa botte (de rocker) en s'alliant avec un Frankenstein punk. Mais le Faust, qui aime une Phoenix, se mue en oiseau de proie et devient le fantôme de l'Opéra rock qu'il a écrit (je résume en gros). Il n'y va pas avec le dos de la guitare, le De Palma. Il met des caméras et des miroirs partout, cite, pille et recycle tous ses Dieux et ne nous cache rien du rouge Paradis(e) des vengeances assassines dans le milieu pourri-gâté du show-biz. Une mise en abîme speedée de toutes les mises en abîmes possibles, qui donne le vertige des miroirs parrallèles.

Trollflöjten - Flûte enchantée (la)

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1975, Suède
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

Dans une forêt, un chevalier errant et quelques nymphes, un oiseleur écolo. Une princesse prisonnière, ses parents qui se la disputent. On n'y comprend pas grand chose, sauf que chaque machino cherche sa machina, et que la vie est un grand mystère. Or, le mystère, ça se mérite. D'habitude, Bergman est asez fort pour se rendre la vie plus compliquée. Mais preuve est faite qu'il sait aussi, parfois, rendre l'exigence plus facile. Ici, tout paraît simple. Puisque l'histoire est à rêver debout, autant la laisser vivre là où elle est née : sur un plateau de théâtre. Avec accessoires bricolés et trucages d'amateurs. Avec rien que des copains dans la salle. Et que la magie ne vienne que par la musique.

Logan's Run - Age de cristal (L')

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Réalisé par : Michael Anderson (1920 - )
En : 1976, USA
Acteurs principaux : Peter Ustinov (1921 - 2004), Michael York (1942 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Quelque part dans le XXIIIème siècle, quelque part sous une bulle étanche, la population humaine continue de se perpétuer. Une société de jeunes gens vit là dans l'insouciance : habillés en collants-paréo à la mode 70, ils n'ont rien d'autre à faire qu'à glander dans le hall-centre commercial-club med qui leur sert de terrain de jeu, et à draguer à domicile via une espèce d'Internet full 3D. Les machines s'occupent du reste. A 30 ans, ils deviennent les héros d'une cérémonie étrange censée leur permettre de renaître après s'être littéralement fait exploser en vol. Ceux qui essaient de partir par d'autres moyens sont nettoyés vite-fait par des "limiers" d'élite. Logan est de ceux-là. Pour lui, tout irait pour le mieux dans le meilleur des enfers possibles jusqu'à ce qu'il reçoive la mission d'infiltrer ses ennemis récalcitrants et à sortir de sa bulle. Sur des ambiances proches, c'est tout de même nettement moins percutant que Soleil vert ou La Planète des signes. Mais il y a plus de minijupes.

Star Wars: Episode IV, A New Hope - Guerre des étoiles (La)

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Réalisé par : George Lucas (1944 - )
En : 1977, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Alec Guinness (1914 - 2000), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Une princesse sequestrée par un grand méchant loup (RDV dans Le Retour du Jedi pour comprendre qui c'est) envoie, à défaut de bouteille à la mer, un droïde dans l'espace. Un jeune et gentil fermier du désert le récupère. Pour sauver la princesse, il devra se faire chevalier, suivre les enseignements d'un grand maître et parcourir un long chemin initiatique... Effectivement, ça se passe bien il y a très très longtemps, dans tous les livres d'images de tous les enfants du système solaire, relookés par Metropolis, Casablanca, 2001, Kurosawa et pas mal de westerns. Je saute un peu les étapes mais, à la fin, une fois la princesse récupérée, le postulant chevalier se retrouve dans un bolide volant avec une nuée de confrères, qui ne pensent tous qu'à envoyer un petit coup de feu bien placé dans une espèce de grosse ovule noire. Sacré Lucas ! Un peu plus et on n'y aurait vu que du feu (mais quel feu !).

Being There - Bienvenue Mr. Chance

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Réalisé par : Hal Ashby (1929 - 1988)
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Melvyn Douglas (1901 - 1981), Shirley MacLaine (1934 - ), Peter Sellers (1925 - 1980)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Le "vieil homme" meurt. Son jardinier, un certain Mr. chance (il en aura bien besoin), se retrouve à la rue avec pour seul héritage un beau costume et des bonnes manières. Un grand amour des plantes, aussi. Etant donnés ses capacités intellectuelles, son capital culturel et ses compétences relationnelles proches de celles du hamster, on ne lui donnerait pas deux jours de survie en milieu urbain normal. Mais Mr. Chance (il en a) ne vit pas en milieu urbain normal : il habite Washington, où il tombe le plus naturellement du monde dans le haut du gratin du panier du ghotta politicien mondial. Et là, miracle, ses maximes botaniques d'almanach passent pour de la divination à triple fond. L'habit ferait-il le crac ? Rien n'aurait changé depuis Le Magicien d'Oz ? En tous cas, les américains y croient toujours.

Blechtrommel (Die) - Tambour (Le)

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Réalisé par : Volker Schlöndorff (1939 - )
En : 1979, Allemagne
Acteurs principaux : Daniel Olbrychski (1945 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /entre Berlin et Moscou /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 142 mn, couleur

Critique perso :

Oskar, comme tous les hommes de sa famille, a toujours adoré vivre dans les jupes de sa mère. Il est blond comme son père polonais, têtu comme son père allemand. A 3 ans, il décide d'arrêter une fois pour toute de grandir, et se consacre à plein temps à son tambour. Cette audacieuse initiative lui permet de traverser les années 30-40 incognito, libre dans sa tête dans son corps d'enfant, tambour éternellement mineur. Oskar, c'est un peu une vigie qui n'arrête pas de sonner l'alerte, mais que personne n'écoute. C'est un grand homme qui veut rester petit dans un pays qui, lui, se trouve trop petit pour ses grandes ambitions. C'est comme l'Allemagne qui se projetterait dans une chambre noire : à l'envers, en miniature, mais terriblement ressemblante.

Somewhere in Time - Quelque part dans le temps

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Réalisé par : Jeannot Szwarc (1939 - )
En : 1980, USA
Acteurs principaux : William H. Macy (1950 - ), Christopher Plummer (1927 - ), Christopher Reeve (1952 - 2004), Jane Seymour (1951 - ), Teresa Wright (1918 - 2005)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Richard Collier, écrivain dramatique beau comme un Dieu (qu'il fut dans un autre film, une autre vie...), est l'idole des vieilles dames (enfin, surtout d'une, apparemment…). Un jour qu'il est un peu contrarié, il se paye une petite escapade dans un grand hôtel des environs (de Chicago). Là, il tombe amoureux d'un portrait sur un mur : celui d'une très belle actrice du début du XXème siècle à la carrière aussi fulgurante que brève, prématurément retraitée des planches… et devenue 60 ans plus tard sa groupie sénior. En fait, il se sont connus en vrai, en 1912, dans ce même grand hôtel. En fait, il va l'y rejoindre en voyageant dans le temps, par la seule force de son mental et de ses sentiments, pour lui permettre d'accomplir ce destin qu'elle a déjà vécu. En fait, tout a commencé là bas, à ce moment-là, dans ce passé dont lui n'a encore aucun souvenir. L'amour comme éternel paradoxe temporel, comme flash back mental idéal dans les souvenirs qu'il nous reste à découvrir... Pandora nous a déjà fait le coup, mais (pour moi) ça marche à tous les coups. C'est beau, romantique et kitch comme on n'en fait plus, tellement premier degré qu'on est obligés de s'incliner.

Star Wars: Episode V, The Empire Strikes Back - Empire contre-attaque (L')

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Réalisé par : Irvin Kershner (1923 - 2010)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

De mon avis unanime : le meilleur de la série. Celui de la découverte et de l'exploration de soi-même, cet univers perdu dans la galaxie... Comme il se doit depuis Freud, en 3 tableaux. D'abord, le désert enneigé de Hoth, où il faut affronter un monstre à longues dents et des tanks à 4 pattes. Puis les marécages de Dagobah où Luke plonge, à la recherche de la sagesse. Un maître à longues oreilles échappé du Muppet Show il rencontrera. Pendant ce temps, Han Solo explore les mystères des organismes intersidéraux et, dans un gag récurrent, échoue à passer à la vitesse supérieure en présence de la Princesse Leia. Finalement, tout le monde se retrouve presque miraculeusement à la Citée des Nuages (c'est fou comme l'univers est petit), paradis où le Maître n'est pas forcément celui qu'on croit. Perturbations dans la Force, côté obscur. Conversions massives aussi côté salles (tout aussi obscures).

Excalibur

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Réalisé par : John Boorman (1933 - )
En : 1981, Angleterre
Acteurs principaux : Helen Mirren (1945 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /épique pas toc
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

Elle est née de l'eau et elle retournera à l'eau. Elle a bien connu Merlin, Arthur, Lancelot, Perceval et quelques autres. Elle désigne les rois et adoube les chevaliers. Elle s'appelle Excalibur ; c'est une épée. Son destin, c'est le fer des armures et le feu des combats. Le sang, l'ardeur des hommes et les tôles froissées. L'honneur et la passion. Un peu de Shakespeare pour le texte, pas mal de Zardoz recyclé pour les décors et les costumes. L'épée est très bien mais les autres acteurs (à part quelques seconds rôles prometteurs : essayez de reconnaître Gabriel Byrne et Liam Neeson !) ressemblent beaucoup à des surfeurs californiens. Dommage, ça sent le kitsch. Peut-être la magie qui n'est pas assez réaliste, ou le réel qui n'est pas assez magique. Le Seigneur des anneaux lui a fait prendre un sacré coup de vieux.

Raiders of the Lost Ark - Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1981, USA
Acteurs principaux : Karen Allen (1951 - ), Harrison Ford (1942 - ), Anthony Higgins (1947 - ), Alfred Molina (1953 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

En 35, c'est bien connu, les Nazis n'avaient pas grand chose d'autre à faire que fouiller le désert egyptien à la recherche de l'Arche d'Alliance mythique des Juifs, ce truc qui renferme le seul manuscrit connu de Dieu lui-même (celui que Charlton Heston a descendu du Sinaï). Les Américains, qui sentent le coup de l'arme suprème, envoient leur meilleur atout. Jones, il s'appelle Jones. Prénom : Indiana ; profession : archéologue de la mémoire occidentale, explorateur de mythes, savant et aventurier tout terrain. Une sorte de Tintin sexy, plus cuir et moins bien rasé, héritier en ligne directe d'Ulysse et de l'Homme de Rio. Toujours prêt pour un voyage au fond de lui-même, toujours là pour la bagarre contre ses fantômes. Le XXème siècle finissant s'est enfin inventé le héros qu'il aurait dû avoir.

E.T.: The Extra-Terrestrial - E.T. : L'Extra-Terrestre

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1982, USA
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Eliott, parfait petit américain névrosé, rencontre E.T., son double en concentré qui vient de l'espace : un parfait petit alien névrosé à tête de vieille grenouille (ou de foeutus avorté), son semblable son frère, son jouet. Ici, c'est un peu le Magicien d'Oz à l'envers : c'est l'autre, celui qui vient de la même planète que Yoda (ou de U-anus ?), qui veut rentrer at home. Au home d'Eliott, en revanche, il y a des pizzas qui trainent et de la bière dans le frigo, mais pas de père à l'horizon. Heureusement, il ne manque pas de pairs-potes, prêts à pédaler secs pour ré-expédier l'alien à l'envoyeur. On n'a jamais trouvé mieux pour dire en revoir à son enfance que de l'envoyer dans l'espace en soucoupe volante.

Star Wars: Episode VI, Return of the Jedi - Retour du Jedi (Le)

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Réalisé par : Richard Marquand (1938 - 1987)
En : 1983, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

D'abord : libérer Han et Leïa de la bave d'une grosse limace lubrique qui les retient prisonniers. Ensuite, recueillir les dernières paroles de son petit grand maître vénéré, avant de participer à des courses de motocyclette volante en pleine forêt. Enfin, détruire l'étoile noire nouvelle version (cf. La Guerre des étoiles : le propre des méchants, c'est qu'ils manquent d'imagination) grâce à une armée de Teddy Bears, tout en réglant son Oedipe à coup de sabre laser. Pas de tout repos, d'être un apprenti Jedi, surtout quand on n'a pas la carrure d'un Hercule. Le mythe fait un peu place à un catalogue qui se parodie lui-même. La suite va manquer de méchants. On va s'ennuyer. On regrette déjà la série...

Vie est un roman (La)

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Réalisé par : Alain Resnais (1922 - 2014)
En : 1983, France
Acteurs principaux : Fanny Ardant (1949 - ), Pierre Arditi (1944 - ), Sabine Azéma (1949 - ), André Dussolier (1946 - ), Vittorio Gassman (1922 - 2000), Ruggero Raimondi (1941 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

C'est un beau roman, c'est trois belles histoires. Ca se passe dans un drôle de chateau hybride, hanté par un drôle d'esprit appelé Utopie -celui qui pousse les grandes personnes à vouloir redevenir des enfants... La première histoire est une utopie 1920, menée par un étrange Comte venu d'East-Europa. La deuxième est une utopie d'aujourd'hui : un colloque, genre stage MGEN pour profs zèlés en vacances. La troisième -la seule qui ne fait de mal à personne- est une utopie de toujours, avec chevalier, dragon et princesse. Le tout fait forcément un film hybride, qui en plus fait feu de tous arts en mêlant la BD et la comédie musicale, l'architecture et le conte de fée. Ma conclusion perso : pour faire le bonheur des autres, mieux vaut miser sur l'art, les beaux romans et les belles histoires.

Indiana Jones and the Temple of Doom - Indiana Jones et le temple maudit

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Kate Capshaw (1953 - ), Harrison Ford (1942 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

A l'Obi Wan bar, tripot de Shangai, Indiana se souvient d'être un héros. Il perd quelques plumes, comme d'hab, mais gagne le droit de trimballer une cruche blonde et un gamin pour le reste du film. Lequel film prend ensuite la route des Indes -des Indes mythiques sous influence Fritz Lang, comme si le Tombeau indou était tombé dans les bas-fonds de Metropolis. L'aventure prend cette fois la forme d'un trip immobile, un Voyage fantastique au fond de gouffres amers, rouges comme des entrailles, chauds comme les enfers. Atmosphère lourde et sombre, ambiance claustro (faudra attendre l'épisode suivant pour affiner le bronzage) : pas facile tous les jours d'accoucher du héros qui est en soi.

Parking

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1985, France
Acteurs principaux : Francis Huster (1947 - ), Jean Marais (1913 - 1998), Hugues Quester (1948 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 95 mn, NB/couleur

Critique perso :

Orphée n'est pas encore rangé des voitures : il s'est réincarné en pop-star-idôle des jeunes à pantalons blancs et pulls en laine, époux d'une artiste conceptuelle japonaise et amant d'un ingénieur du son qui, pour réussir à le supporter, doit manquer un peu d'oreilles. Sur scène, il porte déjà le costume des damnés du dernier sous-sol mais, une fois vraiment en enfer, il ne cesse de clamer qu'il n'est pas à sa place. Comment choisir, pourquoi choisir ? C'est lui qui le dit, mais au moins le réalisateur aurait-il pu lui donner des idées (ou des chansons), au lieu de le faire bégayer toutes ses répliques. Demy se serait-il égaré sur une voie de garage ? Il a perdu toutes ses couleurs en route et ne décolle pas vraiment du purgatoire

Purple Rose of Cairo (The) - Rose pourpre du Caire (La)

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1985, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Jeff Daniels (1955 - ), Mia Farrow (1945 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 84 mn, couleur

Critique perso :

Qui n'a osé rencontrer personnellement, "pour de vrai", les héros de ses films fétiches ? Bon début d'idée. Et si maintenant, en plus, ces héros pouvaient sortir physiquement de l'écran, si de la salle obscure on pouvait les voir nous voir, réagir à nos réactions et improviser face aux contretemps, comme au théâtre. Ca, on n'a jamais osé l'imaginer et Woody en fait un film génial. Il transforme l'écran de cinéma en porte magique et poreuse entre deux mondes que tout oppose. Lequel est le mirroir, le leurre de l'autre ? Qui, dans chacun d'eux, tire les ficelles ? Ce conte de fée cruel est un fabuleux hommage au mythe même du cinéma, à son ambiguïté, au plaisir que nous prenons tous à nous tromper nous-mêmes en faisant mine de croire à ses histoires.

Yeelen - Lumière (La)

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Réalisé par : Souleymane Cissé (1940 - )
En : 1987, Mali
Acteurs principaux : Balla Keita
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Chez les Bambaras, pour devenir un homme, il faut faire connaissance avec ses ancêtres et avec leur histoire -longue et compliquée, forcément. Il faut quitter sa mère, traverser le pays et les générations, rencontrer d'autres femmes. Il faut affronter ses semblables différents et mesurer sur eux l'étendue de ses pouvoirs. Et il faut bien, un jour, affronter le "pilon magique" de son père. Chez les Bambaras, comme partout, pour devenir un homme, il faut, au moins, toute la mémoire du monde. Ce 2001, l'Odysée de l'espace à l'africaine est une machine à remonter le temps du mythe jusqu'à la lumière originaire, une Genèse animiste à la complexité biblique, belle comme une cosmogonie et universelle comme un conte.

Ashug-Karibi - Achik Kerib, conte d'un poète amoureux

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Réalisé par : Sergei Parajanov (1924 - 1990)
En : 1988, Géorgie
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /poésie en image
Caractéristiques : 73 mn, couleur

Critique perso :

Un jeune homme tombe amoureux d’une jeune fille mais, le papa de la fille n’étant pas d’accord, il doit faire ses preuves en passant une série d’épreuves initiatiques, avant de la retrouver… Puisque le scénario est intemporel, la forme l’est aussi, en mode vintage, style Europe de l'Est avant Staline. Les décors, les costumes et tout le story board sont donc pompés sur les icônes du coin, la partition est piquée au folklore local et pourtant, bizarrement, on a plus l’impression d’être dans une installation d’art contemporain que dans un musée à l’ancienne. Et par une sorte de charme magique et mystérieux tombé direct sur la caméra, ce conte du Moyen-Age en tableaux vivants devient une espèce de comédie musicale moderne en costumes traditionnels, ou de mythe au présent.

Batman

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Kim Basinger (1953 - ), Michael Keaton (1951 - ), Jack Nicholson (1937 - ), Jack Palance (1919 - 2006)
Genre(s) : New York - New York /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une drôle de chauve-souris s'est installée à Gotham City, cette Metropolis du passé qui se serait inventée un futur. Elle s'appelle Batman, et se déguise occasionnellement en homme ordinaire, très riche et très chiant. Un héros aux deux visages, donc, qui ne serait à l'aise qu'avec les affaires à tiroir et les personnalités doubles (voire plus si affinités). Le Joker, comme son nom l'indique, est assez doué dans ce domaine : l'homme qui rit (de se voir si laid en son miroir) serait-il enfin un adversaire à la mesure de Batman..? Des personnages de cartoon camouflés en acteurs, jouant aux petites voitures vernies dans un New-York en légos sculptés.

Indiana Jones and the Last Crusade - Indiana Jones et la dernière croisade

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Sean Connery (1930 - ), Harrison Ford (1942 - ), River Phoenix (1970 - 1993)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

C'est un peu comme dans le Parrain II : pour comprendre la suite, revenons d'abord aux sources. Indiana, donc, a été jeune, et il a eu un père (sans doute aussi une mère, mais les personnages féminins n'ont jamais été le point fort de la série). Il a tout appris de lui, et puis il a développé son style perso, plus décontracté. Ils sont fachés, ils sont restés rivaux en tout. Or, là, le Père, qui était parti tout seul à la quête du Graal, a été intercepté par des méchants. Au programme du jeu de piste pour le retrouver : visite guidée des égouts de Venise, détour par un châteaux hanté par les Nazis, crochet par Berlin pour récupérer un autographe du Fuhrer, avant de retrouver le bon vieux désert biblique de l'épisode 1. Là, pour avoir le droit de rencontrer un père Fouras de 750 ans environ, il faudra encore résoudre quelques énigmes. On se doute assez tôt que, de toute façon, le père, le fils (et le saint esprit cinématographique) auront droit à l'immortalité des légendes.

Alice

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Judy Davis (1955 - ), Mia Farrow (1945 - ), William Hurt (1950 - ), Jo Mantegna (1947 - )
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Alice est une grande petite fille pas bien dans sa vie : son appart est trop grand, son mari trop gentil, ses enfants trop polis. Trop heureuse pour être heureuse. Le sourire d'un saxophoniste de passage et les étranges herbes du mystérieux Dr. Yang sauront-ils la faire passer de l'autre côté du miroir ? Possible, mais faudra beaucoup de zen et pas mal de magie pour décoincer la grande bourgeoise, et la faire devenir ce qu'elle est. Dire qu'elle a failli ne jamais ressembler à Mia Farrow, quel gâchi ça aurait été ! Période où Woody se passionnait pour les états fluctuants et les métamorphoses des femmes -et surtout de la sienne. Période où son génie, c'était de révéler le sien.

Edward Scissorhands - Edward aux mains d'argent

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Johnny Depp (1963 - ), Vincent Price (1911 - 1993), Winona Ryder (1971 - ), Dianne Wiest (1948 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

D'un côté, l'Amérique tranquille des banlieues cossues : parcelles identiques, façades pastel, grosses voitures et jardinets bien entretenus. L'endroit est habité par une peuplade de desperate housewises expertes en cosmétiques, entre qui la moindre info circule à la vitesse du téléphone. De l'autre côté, l'imaginaire tourmenté des cauchemars gothiques : un chateau mystérieux, un inventeur fou, sa créature inachevée qui se cache dans le grenier... (elle s'appelle Edward, c'est un Pinocchio de cuir et de fer, un éternel enfant blessé). Comment ces deux enfances-là pourraient-elles bien s'entendre et s'apprivoiser ? Laquelle, d'ailleurs, a le plus besoin de l'autre ? Invention en direct d'une nouvelle poésie, d'un nouveau mythe.

Voce della luna (La)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1990, Italie
Acteurs principaux : Roberto Benigni (1952 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Un poète à lunettes rondes et aux yeux en soucoupes entend la lune lui parler. Sa vie (ou sa mémoire ou son imagination ?) est peuplée de gens bizarres : un vieux con parano, des madonnes, des Cendrillon, des hommes pas à la hauteur, le roi et la reine des gnocchis (qui président à l'élection de Miss Farine), des cerbères policiers à poils longs, des jeunes qui aiment Michael Jackson (entre autres). La cacophonie règne. Sa vie (ou sa mémoire ou son imagination ?) est pleine de ronds, de trous, de trappes, de puits et de passages ovoides (quasiment un par plan) : c'est comme si la lune faisait des petit(e)s. Et quand, à la fin, trois frangins allumés finissent par la décrocher (la lune), cela n'étonne personne. La télé essaie bien de l'interviewer, mais, heureusement, elle ne parle qu'au poète. Elle lui conseille de faire silence -ce que Fellini, hélas, s'empresse de faire.

Wild at Heart - Sailor et Lula

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Nicolas Cage (1964 - ), Willem Dafoe (1955 - ), Laura Dern (1967 - ), Freddie Jones (1927 - ), Sheryl Lee (1967 - ), John Lurie (1952 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Sailor est un jeune homme à la peau de serpent, mais au sang (très) chaud. Lula est une délicieuse évaporée qui a toujours l'air d'étouffer dans ses mini-fringues. Ils brûlent rien qu'à se regarder. Leurs vieux n'aiment pas ça et, ayant crâmé plus d'un cable, leur collent quelques tueurs et mauvaises sorcières au derrière. Alors, les p'tits jeunes qui n'ont pas (non plus) froid aux yeux, font comme on fait chez eux : go west, santiags au plancher. Ce remake rock n' roll hot du Magicien d'Oz nous embarque encore au coeur des ténèbres américaines, à la rencontre des bouseux, des zombies et des fêlés. Au coeur du brasier, là où se cuisent les vieilles soupes et où se tordent les vieilles lames, là où se forgent les mythes nouveaux.

Double vie de Véronique (La)

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Réalisé par : Krzysztof Kieslowski (1941 - 1996)
En : 1991, France
Acteurs principaux : Irène Jacob (1966 - ), Philippe Volter (1959 - 2005)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

C'est l'automne, on a l'impression de tout voir en vert, comme de derrière une bouteille. En Pologne, vit une jeune femme à la voix d'ange prénommée Weronica. Douce, aimée, mais fragile du coeur. Si fragile... A Paris, vit une jeune femme à la voix d'ange prénommée Véronique. Un soir, elle se sent bizarre, comme en deuil d'elle-même. Pour comprendre ce qui lui arrive, il lui faudra suivre la piste d'un tireur de ficelles qui lui envoie des signes, pour pouvoir écrire le roman de sa (double) vie. La métaphore, comme tout le reste, est double : politique (l'est et l'ouest, pays frères), ou psychanalitico-théologique. C'est un peu lourd et appuyé mais (en même temps, évidemment) sauvé par une multitude de détails subtils.

Jacquot de Nantes

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1991, France
Genre(s) : conte de fées relooké /en France profonde /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 118 mn, NB/couleur

Critique perso :

Ce petit garçon, mes parents auraient pu le rencontrer chez le sabotier de la Chapelle-Basse-Mer (où ils sont nés). Et, à quelques années près, ça aurait pu être la caméra pour amateurs de mon frère (mon premier prof de cinéphilie) qu'il aurait acheté dans la boutique du passage Pommeraye. C'est un pote de mon autre frère qui lui joue du saxo. Autant dire que j'ai toutes les raisons d'adorer ce film et que je l'adore. C'est le rêve d'une enfance que j'aurais pu avoir, c'est l'enfance d'un rêve de cinéma qui m'a donné du bonheur. Il avait de la chance, Jacquot : il a passé ses premières années à regarder les films qu'il allait faire plus tard. Pas la peine d'être malheureux pour avoir des choses à raconter, il faut juste avoir le regard qui passe à travers le rideau des guignols, les colonnades du théâtre et l'écran à fantasmes. La vraie vie, c'est juste du cinéma en un peu moins bien.

The Nightmare Before Christmas - Etrange Noël de Monsieur Jack (L')

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1993, USA
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 76 mn, couleur

Critique perso :

Au pays d'Halloween, Jack est le roi. C'est lui le meilleur organisateur de réjouissances macabres, de défilés cauchemardesques et de fiestas lugubres. Au pays d'Halloween, aucun fantôme et aucun monstre ne peut se passer de lui. Mais Jack s'ennuie un peu, et il tombe un jour sur un rêve auquel il n'avait jamais pensé : le pays de Noël, ses guilandes, ses bonbons, ses cadeaux, et son petit papa tout rouge. Noël, voilà enfin un boulot à sa hauteur ! Jack étudie scientifiquement la question et se met au turbin de devenir un autre, entrainant tout le village d'Halloween dans son sillage. Bon, évidemment, ça swingue mieux chez les freaks que chez les enfants sages. Et évidemment, (proverbe burtonnien), le choc des cultures fait souvent des pots cassés.

Institut Benjamenta, or This Dream People Call Human Life - Institut Benjamenta (ce rêve qu'on appelle la vie humaine)

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Réalisé par : frères Quay (1947 - )
En : 1995, Angleterre
Genre(s) : conte de fées relooké /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Jakob entre un jour dans une très étrange école pour étudiants tardifs. Ils sont là pour apprendre à devenir des serviteur, des serfs -ou des cerfs, peut-être. C'est sans doute la seule institution dont l'objectif pédagogique n'est pas d'élever ses élèves mais de les abaisser, ou au moins de les maintenir en état de servitude volontaire. D'en faire des idiots, ou des saints, ou les deux, ce qu'ils sont sans doute déjà. Dans une ambiance de cruauté ouatée, la seule prof du lieu -lady Benjamenta, la soeur du patron- ne leur apprend d'ailleurs pas grand chose : à s'oublier, à mimer toujours les mêmes gestes. Mais Jakob et la lady, des fois, ils en inventent de nouveaux qui n'étaient pas au programme. C'est que l'institut et les êtres qui y vivent recèlent en fait des passages secrets. Derrière certains cercles, s'ouvrent de troubles corridors qui ne mènent nulle part, comme leurs esprits embrumés. Ce film, comme peint avec de la lumière, ressemble à une oeuvre d'avant-garde à l'ancienne - ou à un film muet du XXIIème siècle.

Eyes Wide Shut

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1999, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Nicole Kidman (1967 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008)
Genre(s) : conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 159 mn, couleur

Critique perso :

Certes, c'est l'histoire de la crise d'un couple. Mais c'est aussi un remake du Magicien d'Oz pour adultes, autrement dit un voyage au pays des rêves et des fantasmes des grandes personnes, ce monde des apparences aux valeurs inversées, peut-être plus vrai que le monde réel. Tom Cruise joue (plutôt bien) un bon docteur un peu benêt, manipulé par ses désirs -et perpétuellement frustré. Sa femme de l'époque joue (encore mieux) sa femme de l'époque. Quels dangers court-il exactement dans cette aventure ? A-t-il fallu que quelqu'un meurt pour que lui vive ? Pour peindre cette superposition des mondes réels et mentaux, Kubrick utilise des contrastes de couleur étonnants et une construction en miroir. Vertiges et confort, malaise du banal.

Werckmeister harmoniak - Harmonies Werckmeister

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Réalisé par : Béla Tarr (1955 - )
En : 2000, Hongrie
Acteurs principaux : Lars Rudolph (1966 - ), Hanna Schygulla (1943 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /poésie en image
Caractéristiques : 145 mn, NB

Critique perso :

Quand Jonas -pardon, Janos- se retrouve nez à nez et oeil à oeil avec une baleine empaillée, on se dit que ce sont des retrouvailles entre deux très très vieux amis. Il ne parle pas beaucoup, ce Janos, mais il porte le courrier. Au café, il fait jouer à des ivrognes le ballet du système solaire et la mécanique céleste des éclipses. Il appelle tous ceux qu'il croise "oncle" ou "tante", même ce vieil érudit qui mène, seul, des recherches sur l'harmonie oubliée du monde. Janos, c'est le fils du frère des hommes, un ange porteur de messages vides, le prophète sans parole d'un monde qui a perdu à jamais sa lumière. Le "prince" ("de ce monde", sans doute) a gagné la bataille. Dieu est mort et empaillé, il pue déjà. Un film extraodinaire, uniquement composé de 12 plans-séquences somptueux (de 12 minutes chacun...), sombre et beau comme un évangile d'après l'Apocalypse.

Wo hu cang long - Tigre et dragon

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Réalisé par : Ang Lee (1954 - )
En : 2000, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Chen Chang (1976 - ), Yun-Fat Chow (1955 - ), Michelle Yeoh (1962 - ), Zhang Ziyi (1979 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Dans la Chine ancienne, deux valeureux combattants (est-ce lui le tigre, est-ce elle le dragon ? nous ne le saurons pas) s'aiment en secret au moins depuis Conficius. Il lui confie sa Destinée -une épée- pour la remettre à un notable qui se la fait voler illico par un voleur qui vole sur les toits. L'enquête commence. Le jour : visites de courtoisie diplomatiques et exquise politesse. La nuit : ballet d'armes et combats très singuliers -et élégants : il y a toujours au moins une dame concernée. Ca ressemble un peu à nos contes de fées (honneur, loyauté et amour courtois), avec tout ce qu'on attend de l'exotisme oriental (costumes somptueux et combats d'écoles entre grands maîtres très très sages) et tout ce qu'il faut de moyens hollywoodiens. En plus, souvent, la poésie résiste encore...

Fabuleux destin d'Amélie Poulain (Le)

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Réalisé par : Jean-Pierre Jeunet (1953 - )
En : 2001, France
Acteurs principaux : Mathieu Kassovitz (1967 - ), Claire Maurier (1929 - ), Yolande Moreau (1953 - ), Isabelle Nanty (1962 - ), Audrey Tautou (1978 - )
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 129 mn, couleur

Critique perso :

Voyage à l'intérieur d'une carte postale de Paris. En compagnie d'Amélie, ange gardienne postulante au statut de jeune fille, et de Nino, jeune homme postulant au statut d'ange gardien d'Amélie. Elle a toujours le nez en l'air, il passe son temps à fouiller par terre. Le scénariste a beaucoup ramé pour retarder de 2h leur rencontre. Il a pour cela compilé tous ses carnets de notes, ses blagues de potaches et ses élans d'ado. Il a joué à Marabout-bout de péloch'. Réalisé par un perfectionniste, poncé au cliché, poli au chromo, verni au numérique. Mais beaucoup de petites choses en font-elles une grande ? On verrait mieux la grâce, si elle avait besoin de moins de pigeons. Ca me serait plus sympathique, si ça cherchait un peu moins à l'être sans arrêt.

Lagaan: Once Upon a Time in India - Lagaan

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Réalisé par : Ashutosh Gowariker (1968 - )
En : 2001, Inde
Acteurs principaux : Aamir Khan (1965 - )
Genre(s) : Bollywooderie /conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique
Caractéristiques : 224 mn, couleur

Critique perso :

Le "lagaan", c'est l'impôt que les méchants colons anglais prélevaient sur les récoltes des gentils paysans indiens à la fin du XIXème siècle. Or, la mousson a du retard et les récoltes s'annoncent lamentables. Les paysans quémandent un répit, ils récupèrent de la part du méchant colon (un faux air de Romain Duris) une promesse absurde : exemption du lagaan s'ils arrivent à battre les anglais au cricket. Le vaillant leader des gentils paysans (un faux air de Tobey Maguire) relève la défi... Là, je dois le dire, ça manque un peu de crédibilité : à moins d'avoir été initié depuis son berceau, ce jeu est incompréhensible. Dommage qu'ils n'aient pas plutôt récupéré un concours de danse folklorique, ça aurait pu être plus entrainant. Chaque camp a droit à son traitre : une gentille traitresse anglaise initie les joueurs, un méchant traitre indien (mais qui se repent...ouf !) informe les English. On ne se doute pas du tout du dénouement. A la compet' avec Hollywood, le cinema made-in-Bombay montre ses plus beaux atours.

Mies vailla menneisyyttä - Homme sans passé (L')

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Réalisé par : Aki Kaurismäki (1957 - )
En : 2002, Finlande
Acteurs principaux : Kati Outinen (1961 - ), Markku Peltola (1956 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

Un type dans un train. A l'arrivée, il se fait dépouiller et tabasser. Il est mort. Il ressuscite mais il a tout oublié. En fait, en 10 mn il a été complètement réinitialisé (d'ailleurs, il ressemble à L'Homme invisible) et nous, spectateurs, en savons autant que lui sur lui-même. Il lui (nous) reste donc le temps d'un film pour apprendre à vivre dans le monde des hommes. Dur dur, le monde des hommes, quand on a perdu son numéro de sécu. Il commence par le commencement : prendre une bière avec le voisin, planter 3 pommes de terre, inviter une fille et écouter du rock... Pas besoin d'éclats spectaculaires -surtout que là-haut, en Finlande, on cause et on rigole plutôt avec les yeux. Un film qui arriverait presque à faire croire que le monde est habitable -bien sûr c'est un conte de fées.

Spider-man

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Réalisé par : Sam Raimi (1959 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Willem Dafoe (1955 - ), Kirsten Dunst (1982 - ), Tobey Maguire (1975 - ), Cliff Robertson (1923 - 2011)
Genre(s) : New York - New York /animation /conte de fées relooké /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

A priori, c'était pas trop mon style (j'avais acheté le DVD pour mon neveu, mais il l'avait déjà...). Mais cette n-ème variation cinématographique sur le thème du super-héros pourrait bien, finalement, être un peu moins gratuite que beaucoup d'autres. La métamorphose de Peter Parker en Spider-man est clairement une métaphore de l'adolescence. Les difficultés qu'il rencontre sont celles de son entrée dans le monde des adultes, et rendent sa maladresse touchante. La morale (avec le pouvoir, viennent les responsabilités) n'est pas bouleversante ; on la trouvait déjà dans Qu'elle était verte ma vallée. Mais le film raconte surtout les difficultés d'un jeune homme à "tisser des liens" (sociaux) avec ses semblables et à se sentir solidaire de leur monde. New York, on commence à le savoir, se prète merveilleusement bien au paradoxal rêve aérien de ce petit animal humain, trop humain...

Big Fish

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Albert Finney (1936 - ), Jessica Lange (1949 - ), Ewan McGregor (1971 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Quand un pêcheur mythomane raconte sa dernière pêche, et qu'il est meilleur mythomane que pêcheur, ça peut devenir une épopée fantastique, une aventure fabuleuse. Edward est comme ça : il n'a pas de mains d'argents (il en a pourtant vendues) mais sa parole est d'or. Son don à lui, c'est de transformer en mythe le moindre épisode de sa petite vie tranquille - et d'énerver son matérialiste de fils. Edward est très malade, le fils et sa femme enceinte sont à son chevet, ils ont enfin le temps de se refiler le seul héritage familial qui vaille : des histoires, encore des histoires. Des histoires en images, parce que c'est ce que son pays a inventé de mieux. Quand un cinéaste mythomane, aussi bon cinéaste que mythomane, raconte à quel point il aime les histoires (de cinéma), ça peut devenir un film fantastique, une oeuvre fabuleuse.

Zatôichi

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 2003, Japon
Acteurs principaux : Tadanobu Asano (1973 - ), Takeshi Kitano (1947 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /en avant la musique /vers le soleil levant
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

On reprend un peu l'histoire là où Ran et Sept samouraïs l'avaient laissée. Voici Zatôichi, mass(acr)eur ambulant, artiste du découpage au sabre, justicier vagabond. Il est aveugle mais il a des yeux partout : il sent à travers les murs, entend à travers la matière, et même, des fois, lit à travers les pensées. Au rythme sonore des saisons, il va de ville en ville et de bar en tripot, réconfortant par ci, zigouillant par là. Comme un certain Garde du corps, il ne suit que son bon plaisir, semant des fleurs de sang sur son passage. La mise en scène synestésique est un régal pour les sens, le montage, tranché fin, a des éclaboussures temporelles saisissantes. A voir, même les yeux (grands) fermés.

Hellboy

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Réalisé par : Guillermo del Toro (1964 - )
En : 2004, USA
Acteurs principaux : Selma Blair (1972 - ), Rupert Evans (1976 - ), John Hurt (1940 - 2017), Ron Perlman (1950 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 122 mn, couleur

Critique perso :

Hellboy, comme son nom l’indique, est un petit démon apprivoisé. Il est tout rouge, avec un bras (mais pas un coeur) de pierre et une tête de cochon (au sens figuré, principalement). Né d’une expérimentation à haut risque à la fin de la 2ème guerre mondiale (les nazis espéraient en faire leur arme de destruction massive de la dernière chance), il a été sauvé par un gentil savant américain qui a fait le pari de l’élever au service de la Démocratie. Depuis, tous les matins, il se ponce soigneusement les cornes, en compagnie de quelques autres monstres élevés dans un bunker ultra-secret pour servir le Bien en toute discrétion -enfin quand ça reste possible. Alors, quand la momie de Raspoutine réveille un sinistre zombi nazi (ne m’en demandez pas plus, j’ai pas tout compris), c’est les monstres gentils qui s’y collent. Si sa métaphysique de l’inné et de l’acquis manque un peu de subtilité, ce film de super-héros pas comme les autres a tout ce qu’il faut en matière de punch et d’invention plastique. Et d’humour.

Kung fu - Crazy Kung-Fu

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Réalisé par : Stephen Chow (1962 - )
En : 2004, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Stephen Chow (1962 - )
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants /vers le soleil levant
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

La petite cour chinoise ressemble à toutes les petites cours chinoises. Elle a ses artisans qui bossent, ses gamins qui trainent, son linge qui sèche. Sa proprio pas commode. Mais quand des yakuzas plus ou moins authentiques pointent le bout de leur tatouage, des grands maîtres du kung-fu sortent de leur arrière-boutique sans prévenir. Derrière chaque glandu, il y a peut-être un grand sage de la main de Bouddha qui sommeille. Le film est une sorte de Matrix à la puissance cartoon, une fête de la baston à l'asiatique revisitée par la comédie musicale, un conte à la Sergio pour de rire, à la surrenchère irrésistible. Derrière chaque plan, il y a peut-être une trouvaille comique et acrobatique qui sommeille.

Corpse Bride - Noces funèbres (Les)

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 2005, USA
Genre(s) : animation /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 77 mn, couleur

Critique perso :

Victor est un jeune garçon timide, maladroit et raffiné. Fils de nouveaux riches. Victoria est une jeune fille pâle, délicate et sensible. Fille de nobliaux ruinés. Les parents ont décidé d'unir leurs intérêts, et leurs enfants, qui ne se connaissent mais ont tout pour se plaire. Ils se plaisent, tout va bien. Trop bien. Victor est tellement empoté qu'il foire sa répet' de la cérémonie du mariage, met le feu à sa (future) belle-mère et trouve le moyen d'épouser pour de vrai-faux une inconnue morte et enterrée depuis longtemps (qui a tout de même de beaux restes). C'est là qu'est l'os. Il se retrouve malgré lui embarqué dans le royaume des morts, beaucoup plus fun que celui des vivants. Ca swingue appremment pas mal, au dernier sous-sol. La vie, les désirs et la réalité ont toujours au moins deux faces, pas facile de choisir son camp. Pas dur en revanche de classser ce film-là dans le camp des très bons.

Travaux, on sait quand ça commence...

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Réalisé par : Brigitte Roüan (1946 - )
En : 2005, France
Acteurs principaux : Carole Bouquet (1957 - ), Marcial Di Fonzo Bo (1968 - )
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Mme Chantal est une grande avocate de la cause des sans-papiers. Le genre bobo, gauche-guacamol (son truc, c'est plutôt les sud-américains). Quand Mme Chantal plaide, elle se transforme en sorcière bien-aimante : irrésistible. Chez elle, elle met ses convictions en pratique. Puisqu'un petit ravalement d'intérieur est nécessaire, autant employer les hommes sans papiers (et sans qualités -surtout pour le travail manuel) qu'elle défend devant les tribunaux. Mais là, le charme opère à l'envers : Mme Chantal a l'art de transformer tous ses employés en empotés façon Impossibles M. Bébé. Luxe, calme et volupté valent bien un petit chaos d'appartement. Difficile de faire plus bidonnant sur la crise des logements parisiens.

Laberinto del fauno (El) - Labyrinthe de Pan (Le)

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Réalisé par : Guillermo del Toro (1964 - )
En : 2006, Mexique
Acteurs principaux : Sergi Lopez (1965 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Y'a des moments dans la vie, dans l'Histoire, où on doit être bien content d'avoir son pass pour le Pays des Merveilles. Ofélia a à peu près l'âge d'Alice, et elle habite dans un de ces moments-là, au milieu d'une inquiétante forêt, parmi des militaires en uniforme, à la fin de la guerre d'Espagne. Elle a aussi deux fées-marraines, un petit frère en cours de cuisson et beaucoup d'imagination. Des fois, elle arrive même à croire à l'existence de ses parents -enfin, ça dépend des quels. La forêt autour est peuplée de gentils communistes et de méchants crapauds, de demi-Dieux et de complets salauds. Des fois, il est tortueux, le labyrinthe de la vie des petites filles, la moindre avancée est une épreuve. Ce remake updaté par ordinateur de l'Esprit de la ruche remet à jour toutes ses peurs d'enfants, et aussi tout l'émerveillement qu'on s'est créé pour s'en remettre. En provenance directe du Pays des Merveilles du cinéma.

Where the Wild Things Are - Max et les Maximonstres

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Réalisé par : Spike Jonze (1969 - )
En : 2009, USA
Acteurs principaux : Catherine Keener (1959 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Max, 10 ans, toutes ses dents et pas mal de morgue, n'est pas content de sa chieuse de petite soeur, ni de sa gentille maman débordée. Un soir, il s'enfuit de chez lui en costume de (petit gentil) loup, et se retrouve au pays des (grands méchants) monstres gentils : une île peuplée uniquement de maximonstres. Les maximonstres, c'est des peluches géantes anthropophages qui vivent en tribus anarchiques dans les bois -un beau ça en pagaille, quoi. Après épreuve initiatique de rigueur, il est élu roi de la bande, chargé des opérations militaires -un petit moi en construction, quoi. Avant, of course, de retrouver sa bienveillante famille inquiète -le surmoi qu'il lui faut pour grandir. Un gentil petit film pour petits grands enfants, avec un petit Freud dedans.

Midnight in Paris - Minuit à Paris

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 2011, USA
Acteurs principaux : Kathy Bates (1948 - ), Adrien Brody (1973 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Marcial Di Fonzo Bo (1968 - ), Rachel McAdams (1978 - ), Léa Seydoux (1985 - ), Owen Wilson (1968 - )
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Ah Paris, Paris…! Ah, les douze coups de minuit…! Conte de fée au carré, donc, pour Woody, plus Américain à Paris que jamais. Parce que ce qu’il aime à Paris, au fond, c’est quand les meilleurs américains de leur temps (Fitzgerald, Hemingway, Gertrude Stein, Joséphine Baker, j’en passe et des pas moins bons…) y faisaient la fête loin de chez eux. Alors, quand il y envoie un jeune couple américain côte ouest bien propre sur lui, c’est pour le subvertir à coup de trou noir temporel en forme de carrosse de cendrillon shooté à la culture. Un peu Belles de nuit, un peu Quelque part dans le temps, beaucoup de jazz et de fayotage francophile. Pas sûr qu’il ait dépassé le périph’ ni la page 1930 de son encyclopédie, l’oncle Woody, mais il a à coup sûr parcouru tout le bottin des stars du moment. Et on pardonne tout à ceux qui font les même rêves que nous.

Arrival - Premier contact

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Réalisé par : Denis Villeneuve (1967 - )
En : 2016, USA
Acteurs principaux : Amy Adams (1974 - ), Jeremy Renner (1971 - ), Michael Stuhlbarg (1968 - ), Forest Whitaker (1961 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

Si un jour des extra-terrestres intelligents frappent à la porte de notre planète, le gros problème, ce sera de pouvoir causer avec eux. Le vrai héros d’un film de SF réaliste, ce sera donc forcément un-e linguiste : voilà un point de départ qui ne peut que me plaire ! Bon, dans le film y’a aussi un physicien qui est mis sur le coup, mais vu que les aliens jouent avec la gravité comme avec des baballes, il est vite dépassé par les événements. Vraiment bizarres, ces bébêtes venues de l’espace. Pour elles, le haut et le bas, l’endroit et l’envers, l’avant et l’après, c’est du pareil au même. Elles ont l’air à la fois de venir de l’âge de pierre et de maîtriser la high tech la plus avancée. Mais la vraie star c’est Louise, spécialiste ès-xénolinguistique générale et appliquée, confrontée aux énoncés en forme d’oeuvres d’art circulaires qu’elles produisent pour s’exprimer. Les déchiffrer et comprendre leur fonctionnement, ce sera l’oeuvre de sa vie à elle (et ça la changera à jamais, comme dirait la tagline…). Le film pousse le bouchon de la thèse de Sapir-Whorf (selon laquelle, en gros, la langue que l’on parle influe sur notre façon de penser) un peu loin, mais c’est pas tous les jours qu’on trouve un pitch inspiré d’une théorie scientifique. De la SF sérieuse et poétique en même temps, de la gourmandise pour l’oeil et l’esprit.

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