Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'D'

44 réponses classées par ordre alphabétique


Daguerréotypes

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1976, France
Genre(s) : Paris /docu (plus ou moins fiction)
Caractéristiques : 75 mn, couleur

Critique perso :

Assignée à résidence par son accouchement (ça, c'est ce qui n'est pas raconté dans le film, mais c'est dans les boni), Agnès décide de consacrer un petit docu à ses voisins, les types et typesses de tous types de la rue Daguerre où elle habite. Il y a là des boulangers, des bouchers, des coiffeurs et divers épiciers, dans leurs propres rôles. Elle se planque dans leur boutique, les regarde accueillir leurs clients, refaire chaque jour les mêmes gestes du travail et leur pose finalement des questions bizarres sur leur province natale ou sur leurs rêves. Elle les invite aussi au café du coin à la représentation d'un magicien-médium un peu étrange, qui fait les mêmes gestes qu'eux sauf que lui en fait un spectacle. Comme elle, en fait, avec d'autres moyens mais pas moins de magie.

Lady from Shanghai (The) - Dame de Shanghai (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Rita Hayworth (1918 - 1987), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Un polar, oui, mais d'Orson Welles. Donc : tarabiscoté, désabusé, grandiose. La rousse la plus explosive de l'époque -Rita Hayworth, qui ne pouvait rien lui refuser-, il lui coupe les cheveux et la teint en blonde - mais elle reste plus garce que jamais. Les mecs autour sont des ordures cyniques -mais riches. Il se réserve le rôle du baroudeur naïf sacrifié, tough guy mais pas tant que ça. Les décors sont géniaux (surtout dans quelques scènes mythiques : l'aquarium, le palai des glaces), l'atmosphère lourde, les intentions de chacun tordues à souhait. Ca ne contribue pas beaucoup à faire aimer le monde, mais beaucoup à faire aimer le cinéma !

Lady in the Lake - Dame du lac (La)

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Réalisé par : Robert Montgomery (1904 - 1981)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Robert Montgomery (1904 - 1981), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Dans la peau de Philip Marlowe ! C'est ce que promet clairement ce film, (presque) entièrement tourné en caméra subjective. Ca commence, en fait, quand Marlowe essaie de caser la nouvelle qu'il a écrite à l'éditrice d'une revue. "Au cas où il y aurait une vie avant la mort", que ça s'appelle (ou peut-être le contraire). Peut-être bien un traité sur l'histoire du cinéma... En fait, l'éditrice se fout pas mal de sa prose, mais pas de son métier de détective privé. Elle a une affaire à lui soumettre, concernant une certaine Chrystal Kingsby. Marlowe rechigne, mais pas longtemps. Comme c'est un homme-un vrai, il fume beaucoup (effet "fumée blanche" en bord de cadre), reçoit et donne pas mal de gnons (effet caméra qui tremble), se retourne sur les filles (panoramique), en embrasse une (jusqu'à l'écran noir, mais pas le carré blanc). Mais la vie en plans séquences, en fait, c'est surtout un peu chiant, on connaît déjà trop bien. Quant à Chrystal Kingsby, il suffit de lire le générique : Ellay Mort... On pensait entrer dans la peau du seul vrai Marlowe, et on se retrouve surtout dans l'oeil (un peu éteint) de Robert Montgomery (effet déception garanti).

His Girl Friday - Dame du vendredi (La)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Ralph Bellamy (1904 - 1991), Cary Grant (1904 - 1986), Rosalind Russell (1907 - 1976)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Hildegaard -Hildy, pour tout le monde- a été une excellente journaliste, et l'épouse d'un grand patron de presse. Le divorce à peine consommé, elle vient présenter à son ex, dans les bureaux de son journal, son nouveau fiancé (qui ressemble à Ralph Bellamy). Officiellement, elle envisage désormais avec lui une brillante carrière de femme au foyer. Mais l'au-revoir à sa vie d'avant dure plus longtemps que prévu. L'ex, pas très fair-play, essaie de la faire replonger dans la dope du scoop. Il met les ficelles de son grand art (bidonnage et coups fourrés) au service de sa cause. Et, pour réveiller les plus bas instincts (journalistiques) d'Hildy, il la pousse à parler comme une machine à écrire, exercice où elle bat tout le monde. Jeu virtuose sur le pouvoir des mots et des regards.

Dames du Bois de Boulogne (Les)

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Réalisé par : Robert Bresson (1901 - 1999)
En : 1945, France
Acteurs principaux : Paul Bernard (1898 - 1958), Maria Casares (1922 - 1996), Elina Labourdette (1919 - 2014)
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

On n'a pas été introduits dans les formes mais, visiblement, ils sont amants (il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour...). Ils font aussi partie du grand monde -celui dans lequel ça ne se fait pas de se plaindre. Alors, quand elle sent qu'il s'éloigne, elle le quitte. C'est son genre. En fait, elle enrage et ne veut que sa perte. Mais il faudra y mettre les formes. Son atout, c'est qu'elle a l'art de bien parler, c'est-à-dire de ne rien dire qui la compromette tout en incitant les autres à agir dans le sens contraire à ce qu'elle semble dire -trop forte, quoi. Elle a quelques marionnettes en réserve, elle s'en sert. Mais dans le coeur des marionnettes, il se passe parfois des choses imprévisibles -et invisible. Et la grâce descend parfois par les fils les plus embrouillés, comme une flamme brûlante qui prendrait, pour tromper son (grand) monde, les formes les plus hiératiques et les plus épurées. Il n'y a pas de grâce, il n'y a que des preuves de grâce.

Dancer in the dark

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Réalisé par : Lars von Trier (1956 - )
En : 2000, Danemark
Acteurs principaux : Jean-Marc Barr (1960 - ), Björk (1965 - ), Catherine Deneuve (1943 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire de deux stars top glamour qui essaient de nous faire croire qu'elles sont OS dans une usine américaine pourrie, habillées en guenilles, à s'échiner de nuit pour gagner des clopinettes dans un trou perdu où, en plus, des nazes prétendent leur donner des leçons de chant et de danse pour monter une comédie musicale amateur. On rêve. C'est surtout l'histoire d'un cinéaste sadique qui a l'air de prendre plaisir à inventer les pires malheurs possibles qui puissent accabler les meilleurs braves gens possibles. Et faudrait que ça nous plaise, en plus, et qu'il passe pour un humaniste. Non, trop c'est trop, too much for me. C'est l'un des très rares films qui m'ait donné envie d'étrangler son auteur à plusieurs reprises. Sur ce coup là, je lui suis juste reconnaissante de m'avoir parlé d'Oldrich Novy, sinon, je ne lui dis pas merci.

Being John Malkovich - Dans la peau de John Malkovich

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Réalisé par : Spike Jonze (1969 - )
En : 1999, USA
Acteurs principaux : John Cuzack (1966 - ), Cameron Diaz (1972 - ), Catherine Keener (1959 - ), John Malkovich (1953 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

De l'art de la marionnette, considérée comme une métaphore de la manipulation, considérée comme une métaphore de l'amour, considéré comme une métaphore du jeu de l'acteur, considéré comme une métaphore de la transmigration des âmes, considérée comme une métaphore de la condition humaine, considérée comme une métaphore de la succession des générations, considérée comme une métaphore de l'art de la marionnette. John Malkovich est le parfait caméléon de cet incroyable embrouillamini à la logique implacable. On entre et on sort de sa tête comme dans un moulin, et on a même droit à une visite guidée de son inconscient (au pas de charge, mais vaut mieux pas s'attarder dans ces endroits-là). Tellement brillant qu'on en sort tout ébloui.

Top Hat - Danseur du dessus (Le)

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Réalisé par : Mark Sandrich (1900 - 1945)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Eric Blore (1887 - 1959), Edward Everett Horton (1886 - 1970), Ginger Rogers (1911 - 1995)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Le danseur du dessus est un Américain à London. Le danseur du dessus fait du bruit -enfin, de la musique- avec ses pieds. En fait, justement, il connaît le secret de la transmutation de l'un en l'autre. Même, il sait transformer les pas en danse, en pas de danse. En plus, il est plutôt mignon. Dommage qu'il soit marié avec son producteur -enfin, avec la femme de son producteur -enfin, apparemment. Sa voisine du dessous est une amazone, aussi à l'aise sur un cheval que dans un costume de plumes. Dommage qu'elle soit mariée avec la femme du producteur du danseur du dessus -ou avec son couturier -enfin, apparemment. Ce vaudeville sautillant est un hymne aux plaisirs de l'artifice, qui ne sont pas des plaisirs pour de faux.

De Mayerling à Sarajevo

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Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1940, France
Acteurs principaux : Edwige Feuillère (1907 - 1998), John Lodge (1903 - 1985)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

Le titre sonne comme un compte à rebours -et c'en est un, puisque personne n'est censé ignorer quand et comment finit la vie de l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche. Bon, mais avant, en général, on sait moins. C'est donc une montre qui servira de fil conducteur à toute l'histoire -d'amour, bien sûr, puisqu'il n'y a que ça qui intéresse les spectateurs, quand il est question de têtes avec des couronnes dessus. Et ce futur Archiduc-là a en plus eu le bon goût romanesque d'épouser par amour une moins-bien-née que lui, ce qui permettra à tout le monde d'apprendre ce qu'est un mariage morganatique. Dans le rôle du méchant : le protocole, bien sûr. Et, en guise d'épilogue qui tombe du ciel, une petite morale sur la 2ème guerre mondiale. La patte du grand Max est discrète, dans cette affaire. Il préfère les drames intimes qui reflètent l'écroulement d'un monde, il est moins doué pour le bonheur -même quand il est le prélude à l'écroulement d'un monde.

Demoiselles de Rochefort (Les)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1967, France
Acteurs principaux : George Chakiris (1934 - ), Henri Crémieux (1896 - 1980), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Catherine Deneuve (1943 - ), Françoise Dorléac (1942 - 1967), Gene Kelly (1912 - 1996), Jacques Perrin (1941 - ), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Alors là, c'est ma drogue douce préférée, du bonheur en cube concentré ! Nourrie à bonne école (celle du Chant du Missouri, d'un Jour à New-York et de West Side Story), c'est l'histoire (entre autres) de deux soeurs jumelles (nées sous le signe que vous savez) qui rêvent de gloire, d'amour et de Paris. Il paraît que Les Hommes préfèrent les blondes mais la rousse est pas mal non plus. Il y a aussi leur mère qui (pour faire d'elles des érudites) vend des frites, leur grand-père qui retrouve un copain de régiment, des camionneurs forains, quelques artistes et quelques marchands d'art. Il y a foule à Rochefort, le temps d'un week-end éternel. Apparemment, tout est léger, aérien, coloré. On s'aime au premier regard... mais on se quitte aussi pour des broutilles. Et à y regarder de plus près, les journaux ne parlent que de guerre, un crime sadique est commis et même l'art échoue la plupart du temps à rapprocher les êtres. Heureusement, vouloir le bonheur, c'est déjà le bohneur, comme l'a fait dire Jacquot à un autre de ses personnages, quelques années avant. Et il en veut !

Demoiselles ont eu 25 ans (Les)

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1993, France
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 64 mn, NB/couleur

Critique perso :

Quelle est donc la recette de la potion magique du bonheur (celle concoctée le temps d'un été à Rochefort, dans les années 60) ? De la musique, des couleurs, des stars. Du Cinéma. Et, au centre : l'oeil d'un magicien, impassible mais résolu, qui a décidé un jour de réinventer le monde à son image. Un monde tel qu'il existe déjà, mais repeint avec de la musique. Avec des vrais gens, mais habillés de lumière. Varda, elle aime les gens, aussi, même sans lumière et sans musique. Elle a filmé les coulisses du tournage, elle était là aussi au pot de retrouvailles, 25 ans et quelques morts plus tard. C'est sûr, elle s'y connaît en secret de fabrication du cake d'amour. Le making off du bonheur, c'est encore du bonheur en bonus.

Letzte Mann (Der) - Dernier des hommes (Le)

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Réalisé par : F. W. Murnau (1888 - 1931)
En : 1924, Allemagne
Acteurs principaux : Emil Jannings (1884 - 1950)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 77 mn, NB

Critique perso :

En matière de portes, il s'y connaît, le bonhomme : il est portier à "l'Atlantik", le plus bel hôtel de la ville. Serviteur servile des riches, mais roi arrogant chez les gueux, avec son rutilant costume à boutons dorés. Sauf que les portes, elles sont faîtes pour être tournées : quand il est muté préposé aux lavabos, c'est la cata. La blouse blanche remplace les boutons dorés. Le ciel, la ville et les voisins (et même le happy-end) lui tombent sur la tête. Pas besoin d'un seul mot pour suivre, en toute subjectivité, la déchéance d'un homme. Pas besoin d'un seul intertitre pour en être ému.

Ultimo tango a Parigi - Dernier tango à Paris

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Réalisé par : Bernardo Bertolucci (1940 - )
En : 1972, Italie
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Jean-Pierre Léaud (1944 - ), Maria Schneider (1952 - 2011)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

1, rue Jules Verne. C'était au temps béni où on trouvait, à Paris, des apparts vides de 120 m2 avec Marlon Brando dedans en cadeau Bonux. Jeanne passe par là, visite (l'appart), essaie (le bonhomme). Emballée, elle revient régulièrement. Dans leur île déserte, la petite française pimpante et le mâle américain vieillissant explorent leurs mystères. Lui en a gros sur la patate depuis le suicide de sa femme. Il est pas mauvais en français, le bougre, mais c'est son vocabulaire anglais qui impressionne ("God" et plein d'insanités qui ne sont même pas dans mon Harrap's). Chair triste, etc. Elle, on se demande comment elle supporte son fiancé-cinéaste exalté qui espère refaire l'histoire du cinéma rien qu'en la regardant. Le film qui inventa le genre psycho-mélo-érotico-intello-dépressif.

Last Temptation of Christ (The) - Dernière tentation du Christ (La)

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Réalisé par : Martin Scorsese (1942 - )
En : 1988, USA
Acteurs principaux : Willem Dafoe (1955 - ), Barbara Hershey (1948 - ), Harvey Keitel (1939 - ), John Lurie (1952 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /à l'antique
Caractéristiques : 164 mn, couleur

Critique perso :

Beaucoup de bruits (à sa sortie) pour pas grand chose... Pas facile de faire un film de plus avec cette histoire-là. Avec cet homme-là. Scorcese s'y colle. Ses héros sont souvent des Christ, mais son Christ n'est pas un héros. Un peu de provoc facile (Jésus potentiellement adultère), quelques belles idées (Judas l'ami fidèle, comme chez Borgès, les romains descendant l'escalier d'Odessa en plein souk de Jérusalem), quelques fautes de goût aussi (Jean-Baptiste en gourou beatnik, Jésus qui s'arrache le coeur à main nue au milieu du ventre). Mais surtout, un message ambigu : ce Christ est un marginal épileptique, qui passe des paroles d'amour aux actes de guerre sans jamais cesser de répéter qu'il n'est sûr de rien, qu'il ne sait pas ce que Dieu attend de lui. C'est le doute fait chair, et l'Histoire n'a pas besoin de lui. Là est le vrai scandale, plus que ce rêve fait, le temps d'un envoutement sur la croix, de ne pas être Lui. Mélange, étrange parfois, de réalisme post-Persona et de conte oriental qui finit mal -mais on s'en doutait un peu.

Last Wave (The) - Dernière vague (La)

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Réalisé par : Peter Weir (1944 - )
En : 1977, Australie
Acteurs principaux : Richard Chamberlain (1934 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

Australie, dernière gare avant la fin du monde. Il pleut des ballons de grêle dans le désert et des grenouilles sur les trottoirs. Y'a plus de saisons, c'est le monde à l'envers. Des bushmen taciturnes, restes de tribus aborigènes rescapés dans le désert des villes, en profitent pour règler leurs derniers comptes. On pressent une apocalypse liquide, on comprend qu'ils sont les seuls à savoir nager. David, avocat bien propre sur lui, en est tout éclaboussé. Alors que toute sa vie prend l'eau, il essaie, avec quelques initiés, de sauver sa mémoire du naufrage. Australie, 2h-1/4 avant le déluge. Juste le temps de réconcilier quelques barbares blancs avec le Temps du Rêve oublié.

Bigger Than Life - Derrière le miroir

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : James Mason (1909 - 1984), Walter Matthau (1920 - 2000)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Devant le miroir : la parfaite image de la parfaite famille américaine. Papa au boulot, maman à la cuisine et le fiston devant la télé. Il fait même du zèle, le papa : double boulot (instit et employé d'une compagnie de taxis) pour que maman cuisine encore mieux. Mais il est malade -très. Diagnostic fatal, un seul espoir en stock : un nouveau traitement expérimental. Derrière le miroir, donc (dans l'armoire à pharmacie) : des pilules miracle de cortisone. La molécule le soulage, le guérit, l'exalte. Flate son côté schizo qui ne sommeillait qu'à moitié et, surtout, lui permet de devenir enfin ce qu'il est : supérieur - infiniment supérieur. Elle lui donne des ailes de géant qui l'empêchent de marcher dans les clous. Et la middle class américaine frustrée montre son vrai visage : la parfaite image de la parfaite horreur domestique.

Detour

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Réalisé par : Edgar G. Ulmer (1904 - 1972)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Tom Neal (1914 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 67 mn, NB

Critique perso :

Al est le genre de gars parti de rien pour arriver nulle part. Il a joué du piano dans des bars pour des mecs qui s'en foutaient. Il a laissé filer sa girlfriend à Hollywood. Il a tenté, pour la retrouver, de refaire le chemin des pionniers -de NY à LA. Mais avec quelques siècles de retard, comme tout le reste. Et pas assez de dollars au fond des poches. Al est le genre de type qui, à l'en croire (mais faut-il l'en croire ?) a la poisse collée aux talons comme un chewing-gum. Le genre à se prendre dans l'oeil l'aiguille planquée dans la botte de foin. A attirer les garces et les escrocs avec sa gueule de papier tue-mouche. Filmé en six jours pour le prix d'une nuit au camping, tourné dans un garage avec deux décors, quelques transparences et pas mal d'opacité : le genre de films qui résument un genre à eux tout seul, un petit concentré de perle noire.

Deux anglaises et le continent (Les)

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1971, France
Acteurs principaux : Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Truffaut disait lui-même que ce film raconte Proust tombant amoureux des soeurs Brontë. Ca donne une bonne idée de l'époque, de l'ambiance et de l'importance de la littérature dans cette histoire. Autant dire que les longues robes, les voilettes, les missives enflammées, les sifflets de trains et les balades à bicyclette y joueront un grand rôle, comme dans Jules et Jim (c'est adapté du même auteur), en plus calme mais avec la même voix off racontant la même exquise délicatesse anachronique des sentiments. La femme est artiste de sa vie, l'homme court après l'art. Mais ce sont toujours les mêmes choses qui font peur et envie, qui procurent joie et douleurs. Proust tombant amoureux des soeurs Brontë -mais filmés par Truffaut.

Deux ans après

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 2002, France
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /en France profonde
Caractéristiques : 64 mn, couleur

Critique perso :

C'est un film fait après et d'après un autre, un film sur les conséquences de faire des films, sur l'étrange relation qui se noue entre un(e) cinéaste et ses spectateurs, via cet objet étrange qui appartient à sa manière à eux tous. A l'occasion du tournage des Glaneurs, Agnès avait rencontré des gens. Elle les retrouve et nous donne de leurs nouvelles. D'autres gens lui ont écrit, en général pour lui dire combien ils aimaient son film. Elle les rencontre aussi, et nous donne de leurs nouvelles. Ils s'échangent des mots et des images, leurs échanges créent d'autres mots et d'autres images, qui finissent pas faire un autre film. Ce n'est pas un making of, c'est un after of, fait comme en roue libre et à l'air libre. Humour intact, curiosité intacte, capacité à s'émerveiller intacte. La vie crée du cinéma qui crée de la vie, et réciproquement.

Deuxième souffle (Le)

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1966, France
Acteurs principaux : Michel Constantin (1924 - 2003), Paul Meurisse (1912 - 1979), Lino Ventura (1919 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 144 mn, NB

Critique perso :

Il sort de prison (par les toits), prend un train (sans billet) et emménage dans un petit pavillon de banlieue (sans signer de bail). A l'autre bout du pays, une fusillade fait plusieurs morts dans un restaurant. En fait, les deux événements ont un certain lien de parenté... Bien sûr, le gentleman tueur fraîchement sorti de l'ombre a rapidement besoin de se remettre à flots. Pour cela, il va s'associer aux aristocrates cambrioleurs impliqués dans l'autre histoire. Bien sûr, il y a une femme perspicace et un flic fatal aussi sur le coup. Bien sûr, tout ne se passera pas exactement comme prévu. Mais la racaille de l'époque avait tout de même de la classe. Ils ont le geste précis, la parole économe. Avec leurs costumes-cravates, ils ont tous l'air de sortir d'une grande école. Ils sont ingénieurs en casses millimétrés, docteurs en loyauté au milieu du désastre. Droits dans leurs bottes, même quand elles sont embourbées jusqu'au cou.

Breakfast at Tiffany's - Diamants sur canapé

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Réalisé par : Blake Edwards (1922 - 2010)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Audrey Hepburn (1929 - 1993), George Peppard (1928 - 1994), Mickey Rooney (1920 - 2014)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

Holly et Paul habitent à la même adresse new-yorkaise, mais pas le même appartement -enfin, la plupart du temps. Il est gigolo d'occasion, elle est postulante croqueuse de diamants. Elle a un chat qui ne doit pas non plus en être à sa première vie. Parce qu'ils ne sont pas vieux, Holly et Paul, mais ils trimballent déjà pas mal de casseroles. Ils ont raté quelques virages, ont changé de route plusieurs fois et ne savent plus où ils en sont. Ils n'arrêtent pas de perdre leurs clés. Ils trainent leur mélancolie d'enfants gâtés abandonnés dans l'anonymat de la ville, dans la solitude de leurs Partys surpeuplées. Mais la surprise de l'amour atteint parfois les coeurs les plus blasés et les jeunes gens les plus vieux.

Great Dictator (The) - Dictateur (Le)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977), Paulette Goddard (1911 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Duel à mort entre les deux plus célèbres moustaches du XXème siècle : à ma droite l'infâme Hynkel, dictateur de la Tomania ; à ma gauche un petit barbier juif, amnésique et maladroit. Ils synthétisent à eux deux tous les degrés de l'(in)humanité et leur lutte s'annonce un brin déséquilibrée. Atouts du premier : sa virilité débordante. Chances du second : sa connaissance du ghetto, sa propention à la fuite. Mais, comme ils se ressemblent comme deux gouttes de vitriol, ce sont les autres qui vont y perdre leur latin. Ils auront droit à un discours chacun. Heureusement, maintenant, on sait depuis longtemps lequel a gagné la guerre...

Ten Commandments (The) - Dix commandements (Les)

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Réalisé par : Cecil B. DeMille (1881 - 1959)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Anne Baxter (1923 - 1985), Yul Brynner (1915 - 1985), John Carradine (1906 - 1988), Charlton Heston (1924 - 2008), Vincent Price (1911 - 1993), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 220 mn, couleur

Critique perso :

Entre le moment où Moïse a été retrouvé flottant sur le Nil dans son berceau et celui où il a conduit les Hébreux à travers la Mer Rouge et le désert, il a bien dû se passer des choses. Hollywood, auquel aucun secret des Dieux n'échappe, s'est chargé de combler les ellipses bibliques -en pompant largement, tout de même, sur le Nouveau Testament (que, du coup, l'Ancien semble annoncer) mais en y ajoutant quelques starlettes affriolantes. Ca donne 2h de peplum romanesque très correct.
Et puis, Moïse rencontre Dieu déguisé en buisson phosphorescent et ça se gâte terriblement, côté scénario. Le film se transforme en livre d'images déconseillé aux plus de 12 ans, plein d'effets spéciaux très kitchs. Les hommes deviennent des marionnettes et on ne croit plus à rien : Charlton Heston a le regard ailleurs, il fait de grands gestes majestueux en répétant "let my people go" au méchant pharaon. Parler à Dieu face à face, forcément, ça vous change un homme. Mais dans la Bible (chapitre 19 du 1er livre des Rois), il est aussi dit que Dieu n'est pas dans les tremblements de terre, ni dans le feu du ciel. Il n'est donc pas dans les trucages hollywoodiens. Allez le chercher plutôt dans les angoisses métaphysiques d'un mécréant polonais.

Do the Right Thing

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Réalisé par : Spike Lee (1957 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Spike Lee (1957 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : New York - New York /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

A Brooklyn comme ailleurs, des fois, il fait trop chaud pour travailler. Mais, à Brooklyn, y'a juste un peu plus de noirs qu'ailleurs en Amérique. Et un peu d'italo-américains, aussi. Entre autres. Un beau melting pot dans une cocotte-minute. Y'en a quelques uns qui travaillent, quand même, dans la pizzeria du coin ou dans la rue. Y'en a beaucoup qui causent, aussi. Ou alors qui se contentent de regarder. Ou qui écoutent de la musique. Un peu trop fort, parce qu'il fait trop chaud, dans la pizzeria du coin ou dans la rue. Ou alors, c'est la pizza qui était un peu trop épicée. En tout cas, c'est sûr, il faisait trop trop chaud dans cette cocotte-minute. Fallait que ça sorte, dans la pizzeria du coin ou dans la rue. Des fois, à Brooklyn ou ailleurs, il fait trop chaud pour vivre.

Dolce vita (La)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1960, Italie
Acteurs principaux : Anouk Aimée (1932 - ), Alain Cuny (1908 - 1994), Anita Ekberg (1931 - 2015), Yvonne Furneaux (1928 - ), Marcello Mastroianni (1924 - 1996), Magali Noël (1932 - 2015)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 167 mn, NB

Critique perso :

Marcello, chroniqueur people de la Via Veneto, pratique avec son sujet la technique de l'observation participante : toujours là où il se passe quelque chose, au milieu des princes et des starlettes, dans leurs cafés préférés ou leur villa décrépite. Il connaît tous les moyens de ne pas passer la nuit chez lui, que ce soit en faisant trempette dans la fontaine de Trevi (cultissimo !) avec une simili Marilyn-Ingrid-Bardot, ou en causant poésie avec une clone de Gertrud Stein. Parfois, il lui faut aussi cotoyer le peuple, le vrai, qui n'arrive à attirer l'attention que parce qu'il croit encore aux miracles. Mais son vrai créneau, c'est le mondain désabusé, las de ses propres transgressions, qui n'est sans doute qu'une variante polie de Freaks de foire. Dieu est mort et l'aube est un supplice sans cesse recommencé.

Dolls

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 2002, Japon
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 114 mn, couleur

Critique perso :

Il serait une fois une troupe de Bunraku (des marionnettes tradis japonaises) qui nous raconterait une histoire. Ou plutôt trois histoires. Plus celle de la troupe, c'est-à-dire celle du réalisateur, c'est-à-dire celle du lien entre les histoires. Ca ferait donc un triptique aux formes épurées : des couleurs fortes, des saisons franches, des costumes de gala. Des personnages de Dieux vivants, mais errants, comme en deuil de leur grâce perdue. Des gestes héroïques, des sentiments de grand chemin. Quasiment aucun mot mais une plainte infinie au fond de la gorge. Un abîme de tristesse au fond du regard où ils manquent (mais pas toujours) de se noyer. Des pantins en quête de liens, et qui n'arrivent qu'à s'emberlificoter dans leurs ficelles (un peu grosses, d'ailleurs). Des poupées de chair, quoi.

Domicile conjugal

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1970, France
Acteurs principaux : Daniel Ceccaldi (1927 - 2003), Claude Jade (1948 - 2006), Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Y a-t-il une vie après le mariage ? Telle est la question pour Antoine Doinel -celui des 400 coups et Christine -celle des Baisers volés. Christine donne des leçons de violon. Antoine, lui, teint des fleurs pour le marchand du coin, dans sa cour avec vue sur fenêtres. Mais, après avoir échoué dans sa tentative d'atteindre le "rouge absolu", il doit se reconvertir dans la manipulation d'Atalantes miniatures pour une compagnie américaine. Il devient papa, veut écrire un roman, s'intéresse aux femmes japonaises. Il pratique toujours la mauvaise foi et la dérobade avec grand art. Il a vieilli mais pas beaucoup grandi, comme le M. Hulot qu'il croise dans le métro. Comme une chronique du temps qui ne passe pas tant que ça.

Mr. Arkadin - Dossier secret

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985), Akim Tamiroff (1899 - 1972), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

Quelques années après Citizen Kane, un autre portrait sous forme d'enquête labyrinthique sur un autre magna riche comme un pape et seul comme un chien. Citizen Arkadin, donc, vit de suites en palaces dans une ambiance de fête perpétuelle, en s'amusant à raconter des fables cyniques (cf. la grenouille et le scorpion) à sa clique de parasites. Mais il ne sait plus de quel pays il est originaire ni, d'ailleurs, comment il s'appelle et d'où vient son argent. Officiellement, c'est pour cela qu'il paie Guy. Officieusement, ça l'arrange bien. L'enquête fait voyager autour du monde, pénétrer dans des repères louches où est passé un certain Mr. M, sur un étrange rythme à contretemps, et dans un climat d'insécurité croissant. Le mystère d'un homme plus grand que lui-même, caché sous des couches de secrets et de paroles. Naughty by nature ? Non, just human...

Double vie de Véronique (La)

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Réalisé par : Krzysztof Kieslowski (1941 - 1996)
En : 1991, France
Acteurs principaux : Irène Jacob (1966 - ), Philippe Volter (1959 - 2005)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

C'est l'automne, on a l'impression de tout voir en vert, comme de derrière une bouteille. En Pologne, vit une jeune femme à la voix d'ange prénommée Weronica. Douce, aimée, mais fragile du coeur. Si fragile... A Paris, vit une jeune femme à la voix d'ange prénommée Véronique. Un soir, elle se sent bizarre, comme en deuil d'elle-même. Pour comprendre ce qui lui arrive, il lui faudra suivre la piste d'un tireur de ficelles qui lui envoie des signes, pour pouvoir écrire le roman de sa (double) vie. La métaphore, comme tout le reste, est double : politique (l'est et l'ouest, pays frères), ou psychanalitico-théologique. C'est un peu lourd et appuyé mais (en même temps, évidemment) sauvé par une multitude de détails subtils.

Doulos (Le)

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1962, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Jean Dessailly (1920 - 2008), Michel Piccoli (1925 - ), Serge Reggiani (1922 - 2004)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Une gueule d'ange qui cache peut-être un salaud qui cache peut-être un vrai ange. Allez savoir ce qu'il mijotte sous son chapeau, le doulos ! En tous cas, là où il surpasse tout le monde, c'est dans la mise en scène. Les autres -les truands qu'il fréquente-, on retrouve toujours leur piste. Mais avec lui, la Police -qu'il fréquente aussi- n'y voit que du (coup de) feu. Et nous, pauvres spectateurs, itou (c'est souvent bon signe, au cinéma, de ne pas tout comprendre). Un bon petit noir qui en rappelle pas mal d'autres, bien serré, corsé et savoureux.

Down by Law

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Réalisé par : Jim Jarmusch (1953 - )
En : 1986, USA
Acteurs principaux : Roberto Benigni (1952 - ), John Lurie (1952 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 107 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire de trois mecs. Une belle bande de d'innocents vauriens qui, au bout d'1/4h de film, partagent la même cellule merdique d'une prison de la Nouvelle Orléans. Trois mecs, trois genres. Y'en a un qui sait écouter les filles sans rien dire (il est maquereau). Un autre, il sait très bien si besoin parler pour ne rien dire (il est DJ dans une station de radio) mais en général, il ne la ramène pas trop non plus. D'ailleurs, ces deux-là, c'est un peu les deux côtés d'une même médaille, celle des vrais mecs merdiques qui énervent les filles. Le vrai autre, c'est le troisième : un étrange étranger, un petit mec pas viril et rigolard qui apprend la langue et, du même coup, remet les compteurs sémantiques de tout le monde à zéro. Il ne sait rien faire (ni nager, ni chasser, ni parler correctement), et c'est lui qui fait tout mieux que tout le monde, même chopper les filles. Mais en fait c'est normal, c'est le seul qui sait les écouter. Trois mecs et un oeil de femme pour finir : pas assez pour passer le test de Bechdel, mais on n'arrive pas à lui en vouloir.

Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb - Dr Folamour

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Sterling Hayden (1916 - 1986), George C. Scott (1927 - 1999), Peter Sellers (1925 - 1980)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

C'était au temps où la guerre froide risquait bien de ne pas le rester très longtemps. Une petite étincelle (un gradé parano, par exemple - Sterling Hayden, encore plus gun-crazy que dans Johnny Guitar) pouvait à tout moment mettre le feu (atomique) aux poudres. Mais, ce que Kubrick filme mieux que tout et tous, c'est comment la proximité de la catastrophe émoustille les instincts guerriers les plus sauvages de l'homme (au sens purement masculin, pour une fois !), leur bêtise virile et suicidaire. Ils atteignent sans mal le fond du ridicule, pour notre plus grande jubilation, ces mâles frustrés. Le fin mot de l'histoire, laissé au sinistre Dr Folamour (génial Peter Sellers), en dit long sur le peu d'espoir qui nous est laissé...

Dracula

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Réalisé par : Tod Browning (1882 - 1962)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Une calèche qui zigzague sur un chemin de Transylvanie dessiné par Gustave Doré. Malgré l'avis unanime des autochtones, un étranger, agent immobilier londonnien de son état, insiste pour honorer son RDV à minuit avec le comte Dracula -aussi connu sous le pseudo de Nosferatu. Le comte, grand seigneur, vit dans une demeure sompteuse, mais il n'a pas dû passer le balai depuis au moins 250 ans. Il compte bien, lui, profiter de son bail éternel pour une cave angaise. L'Angleterre, à cette époque, est décidément pleine de spécimen exotiques. C'est LA qu'il faut être. C'est LA qu'il se passe des choses intéressantes. Les langues, les âmes et les sangs s'y cotoient, s'y échangent, s'y mélangent -y compris avec la ménagerie du coin. C'est le pays des nantis, des filles perdues et des savants fous. De la chair à vampire 1er choix. De l'excellente chair à cauchemar.

Drôle de drame

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1937, France
Acteurs principaux : Pierre Alcover (1893 - 1957), Jean-Pierre Aumont (1911 - 2001), Jean-Louis Barrault (1910 - 1994), Louis Jouvet (1887 - 1951), Françoise Rosay (1891 - 1974), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /la parole est d'or /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

Drôle de drame, bazar bizarre (si si, cousin, vous l'avez dit !), craquante confiserie classique... Dans un drôle de pays qui prétend être l'Angleterre (mais sans cette langue barbare qui s'y pratique) évoluent de drôles de gens qui prétendent ne pas être ce qu'ils sont (ou le contraire). Qu'ils s'affichent comme pasteur, scientifique excentrique, policier ou serial-(butchers)-killer, ils ont toujours une identité de rechange en cas de besoin. Le meilleur alibi des tordus est la bienséance sociale -surtout en Angleterre, vraie ou fausse. Une seule chose est sûre : tous coupables ! A un petit détail près tout de même : pas moyen de dénicher le moindre cadavre -mais ce n'est pas faute d'essayer, ni d'y penser. A force de se cacher dans le double-fond de leurs arrières-pensées, ces pantins pas malins finissent par ne plus trop savoir où ils en sont. L'intrigue est donc impossible à résumer, tant mieux !

Funny Face - Drôle de frimousse

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1957, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Michel Auclair (1922 - 1988), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Sous l'influence survoltée de sa patronne, un photographe de mode se pique de dénicher un nouveau top model top QI (pour changer). Ils squattent une librairie à l'ancienne (décor exotique garanti) et tombent sur leur perle rare : une adepte charmante de l'empathologie (sorte de version dégénérée de l'existentialisme rive gauche, vue de Hollywood). Le développement des photos (et de l'histoire) repose ensuite sur le rapprochement de la culture livresque savante et de la haute couture fashion : le poids des mots contre (tout contre) le choc des photos -à Paris bien sûr, capitale des deux pôles. Drôle de film (sorte de version dégénérée de la comédie musicale à l'ancienne, vue de Paris) qui, comme Fred, semble pourtant avoir encore des jambes de 20 ans.

Duel in the Sun - Duel au soleil

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Réalisé par : King Vidor (1894 - 1982)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), Joseph Cotten (1905 - 1994), Lillian Gish (1893 - 1993), Walter Huston (1884 - 1950), Jennifer Jones (1919 - 2009), Herbert Marshall (1890 - 1966), Gregory Peck (1916 - 2003)
Genre(s) : carrément à l'ouest /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 138 mn, couleur

Critique perso :

Dans un riche ranch du Sud -façon Autant en emporte le vent, quelques années avant-, vivent un vieux sénateur réac et impotent, sa femme qui a tout le temps l'air de pleurer en silence, et leurs deux fils : le gentil progressiste et le séduisant vilain garçon. On leur met dans les pattes une jolie métisse -lointaine cousine à secourir. Et plein de beufs et de chevaux à déplacer, surveiller et dresser. Avec de telles bases, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de nuances : de la passion et des coups de feu. Comme dans l'incroyable duel final, qui conjugue l'amour et la mort dans un bain de poussière et de soleil. Un joyau de sang dans un monde de brutes.

Dumbo

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Réalisé par : studios Disney
En : 1941, USA
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 64 mn, couleur

Critique perso :

Passent les cigognes... Leurs livraisons de saison sont très attendues, surtout chez Mme Jumbo, artiste de cirque (spécialité pachiderme au coeur tendre). Il arrive, donc, il est tout mignon -mais petit avec des grandes oreilles. On l'appelera Dumbo (en English, c'est pas très sympa), il ne dira pas un mot. Les paroles, il laissera ça à Timothée, grand parleur rusé de 5cm, museau frémissant, et longue queue. Son truc, à Dumbo, c'est beaucoup mieux : il rêve (la séquence avec des éléphants roses -même sans DSK- est étonnante), et même : il vole... Il se pourrait (mais je suis pas sûre) que je doive à cette histoire de vilain petit canard transposée chez les éléphants mes premières larmes égarées dans une salle obscure. Il se pourrait (mais je suis pas sûre) que ce film soit la première plume magique qui m'ait fait décoller.

Dune

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : José Ferrer (1909 - 1992), Freddie Jones (1927 - ), Kyle MacLachlan (1959 - ), Silvana Mangano (1930 - 1989), Sting (1951 - ), Dean Stockwell (1936 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /épique pas toc
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

En 10 000 et quelques. Paul, héritier de la famille Atr(e)ide, -Usul pour les intimes- devient parmi les Fre(e)men un rebelle connu sous le nom de Muad'Dib avant de se révéler être le Kwisatch Haderach que l'ordre des Bene Guesserit attend... Hem, pour suivre, il vaut mieux avoir révisé ses classiques. Enfin, des fois quand même, on arrive à s'y retrouver : un peu de Jules Verne dans les décors, d'Angleterre victorienne dans les costumes. On comprend aussi l'importance de l'épice, substance qui étend le champ de la conscience, fait voyager sans bouger et met de la couleur dans les yeux (hem...). On comprend que sur la planète Dune, pour être un homme, il faut apprendre à maîtriser et chevaucher un ver des sables d'au moins 400m de long (hem hem...). On comprend que le gros lard flottant qui a toujours les mains dans le sang est un méchant, tout comme l'espèce de foetus mutant qui replie l'espace par la pensée. On comprend surtout que c'est dur dur de se réveiller de l'enfance pour devenir un homme...

Nachalo - Début (Le)

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Réalisé par : Gleb Panfilov (1934 - )
En : 1970, Russie
Acteurs principaux : Inna Churikova (1943 - )
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Pasha est une provinciale complexée, une jeune femme persuadée quelle n'a pas grand chose pour elle, dans une petite ville qui n'a pas non plus grand chose à vendre. Doublement has been donc, avant même d'avoir commencé à vivre. Le film la prend quand il commence à lui arriver des choses. D’abord, un homme la remarque. Bon, OK, il est marié, velléitaire et pas très élégant, mais c’est un début. Pour la première fois, elle est choisie. Le meilleur reste à venir. Elle fait du théâtre amateur (le rôle de la sorcière !) et là, c'est carrément un metteur en scène de cinéma qui la repère. Cette fois, c'est pour jouer Jeanne d'Arc, une débutante idéaliste assez prometteuse, elle aussi. Ce film est l'histoire d'une transformation, donc, du moment où une chenille des champs se mue en papillon des villes. Du moment où un cinéaste découvre et invente sa muse qui s'ignore encore. Un film qui remonte à sa propre source, en douceur et en délicatesse.

Dekalog - Décalogue (Le)

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Réalisé par : Krzysztof Kieslowski (1941 - 1996)
En : 1988, Pologne
Acteurs principaux : Daniel Olbrychski (1945 - ), Zbigniew Zamachowski (1961 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 550 mn, couleur

Critique perso :

Le Décalogue, c'est ce truc en 10 leçons pour apprendre à compter sur ses doigts, qui date d'au moins 3000 ans avant Jean-Paul II, que Charlton Heston a descendu du Mont Sinaï avec de la poussière dans la barbe et des étoiles dans les yeux... En plus, au Trivial Pursuit, on en oublie toujours un ou deux. Le Décalogue, c'est aussi le pari fou d'un cinéaste génial, réalisé pour la télé polonaise, à une époque où son pays roulait en pots de yaourt derrière le rideau de fer.
Dix films, donc : environ 1h chacun, quelques dizaines de personnages. Ils habitent presque tous le même bloc d'immeubles tristes de Varsovie. De multiples liens les relient entre eux, à leurs voisins de palier et au reste du monde. Ils sont profs, artistes, médecins ou chauffeurs de taxi : des pros de la condition humaine, donc. Le co-scénariste, lui, est avocat : un pro, lui aussi. Il plaide ici la cause de ses semblables, ces bonshommes maladroits qui rêvent de contrôle et de maîtrise. Ces dix histoires ne donnent aucune leçon. Elles ne mettent pas en scène des cas de conscience ; elles évoquent juste ces moments où le sort d'une vie se joue sur le fil d'un rasoir. Où l'âme est au bord du précipice, où un regard muet peut tout changer. Elles montrent que chaque homme est le miroir de ses semblables. Dans ces films, on croise le vertige métaphysique au coin d'un bloc de béton. Les acteurs nous sont inconnus mais ils sont nos proches, nos tout proches. Quant à la nature, aux décors et aux objets, ils n'ont jamais joué aussi bien dans aucun autre film...

Déclin de l'empire américain (Le)

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Réalisé par : Denys Arcand (1941 - )
En : 1986, Canada
Acteurs principaux : Dorothée Berryman (1948 - ), Pierre Curzi (1946 - ), Rémy Girard (1950 - ), Yves Jacques (1956 - ), Dominique Michel (1932 - ), Louise Portal (1950 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, couleur

Critique perso :

Quand un universitaire rencontre un autre universitaire, ils se racontent des histoires... de cul (d'ailleurs, c'est clair, ils ne pensent qu'à ça). Il y a 4 hommes (côté cuisine) et 4 femmes (côté salle de gym). Quand ils se rejoignent, ça ne fait pas exactement 4 couples : les histoires d'amour, c'est toujours beaucoup plus compliqué. Ils ont tout vu, tout pensé, tout vécu. Ils jouissent beaucoup de l'art de la parole, même s'il leur arrive parfois de se rappeler que c'est aussi une arme avec laquelle on peut faire mal. Le film est comme eux : brillant, drôle et amer, plein de la mélancolie de ceux qui ont lu tous les livres. Rendez-vous dans 15 ans pour voir comment on peut vieillir avec de tels bagages.

Dédée d'Anvers

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Réalisé par : Yves Allégret (1907 - 1987)
En : 1948, France
Acteurs principaux : Bernard Blier (1916 - 1989), Marcello Pagliero (1907 - 1980), Simone Signoret (1921 - 1985)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Ils ont pas mal bourlingué, ils ont un lourd passé derrière eux. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, mais l'amour leur tombe dessus. Puis leur passé les rattrape... Non, ce n'est pas Pépé le Moko (mais le scénario est du même auteur), ni Quai des brumes ni Remorques, et pourtant on est bien dans un port. On est dans le pur cinéma qualité française à l'ancienne -très bonne qualité, SVP ! Et puis, finalement, ce n'est pas tous les jours qu'on est convié au petit dej' de la troupe de filles à soldats du Big Moon. Pas tous les jours que la jeune première presque débutante s'appelle Simone Signoret, casque encore brun. Pas tous les jours que la violence de ces histoires de bas-fonds est aussi noire et explicite. Pas tous les jours qu'on découvre un très bon film oublié.

Misfits (The) - Désaxés (Les)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Montgomery Clift (1920 - 1966), Clarck Gable (1901 - 1960), Marilyn Monroe (1926 - 1962), Eli Wallach (1915 - 2014)
Genre(s) : carrément à l'ouest /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Un chant du cygne qui porte malheur, un très beau film... Un jeune veuf et un (encore) jeune retraité à moustaches rencontrent une toute jeune divorcée douce comme un ange et belle comme Marilyn. Ils s'installent dans une baraque à moitié en chantier, éclusent quelques bières puis décident de recruter un mercenaire de rodéos pour aller chasser avec eux le mustang sauvage. Ce sont de grands enfants qui essaient de jouer aux cow-boys (sans indiens), des éclopés de partout à la recherche de paradis impossibles. Des petits points perdus dans l'immensité d'un écran de cinéma. Tristes à pleurer, bêtes et méchants, beaux comme des hommes.

Deserto rosso (Il) - Désert rouge (Le)

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Réalisé par : Michelangelo Antonioni (1912 - 2007)
En : 1964, Italie
Acteurs principaux : Richard Harris (1930 - 2002), Monica Vitti (1931 - )
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Dès le générique, le monde est flou. On n'est pas à la bonne distance. Trop loin, trop froid, trop poisseux, trop bruyant : c'est le monde de Giuliana. Ou plutôt, c'est le monde où Giuliana n'arrive pas à être. Pour la draguer, Corrado, le collègue de son mari, n'arrête pas de lui dire qu'il ressent la même chose. Mais personne ne se rend compte qu'il a les tripes à l'air, le monde. Sa nature est grise, pleine d'humus et d'humeurs. Ses boyaux sont en ferraille rouge, il crache de la fumée comme un dragon. L'espèce humaine n'est qu'un vulgaire parasite de ce biotope hostile qu'il a contribué à inventer. Le film se passe à Ravenne, la capitale italienne des mosaïques. La capitale de la couleur. La capitale de la douleur d'être.

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