Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) relevant du genre : du Moyen-Age à 1914

85 réponses classées par dates


Birth of a Nation - Naissance d'une nation

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Réalisé par : David W. Griffith (1875 - 1948)
En : 1915, USA
Acteurs principaux : Lillian Gish (1893 - 1993)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /épique pas toc
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

L'Amérique, cette grande famille de grands enfants... Au début, la famille du Nord rend visite à ses amis du Sud : badinage et barratins (enfin, c'est muet mais on devine). Et puis, c'est la guerre (la Grande de là-bas, celle de Sécession) : canons et clairons. Et du sang, plein (enfin, c'est en noir et blanc mais on devine). Bien sûr, c'est toujours con, les guerres -surtout entre membres d'une même famille. L'épaisseur romanesque de cette histoire, son ampleur et ses ramifications nous en convainquent aisément. Malheureusement, la suite n'est pas très idéologiquement correcte. En gros, elle voudrait réussir à nous faire prendre le Ku Klux Klan pour un club de boys-scouts courageux. L'Amérique, cette grande famille de grands enfants...

Gold Rush (The) - Ruée vers l'or (La)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1925, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 98 mn, NB

Critique perso :

Un drôle de petit vagabond à baluchon, embarqué dans une mythique quète de l'or en Alaska. A vrai dire, on ne le verra pas beaucoup creuser ni fouiller. Le décor est surtout prétexte à ramener l'homme à sa plus simple expression, petit point noir dans un grand désert blanc où la survie au froid, à la faim et à la solitude est la principale préoccupation. Avec à peine deux cabanes, un saloon et un ours blanc, on y est, sur la banquise. Avec deux petits pains, on y est, à l'opéra. Chaplin reconstitue ainsi le rêve d'une époque, l'enfance d'un peuple, dont il est à la fois le messager et la victime. On a tous laissé un éclat de rire et une larme sur le décor d'opéra de cette banquise-là.

Faust

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Réalisé par : F. W. Murnau (1888 - 1931)
En : 1926, Allemagne
Acteurs principaux : Emil Jannings (1884 - 1950)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Faust, respectable savant à l'ancienne (barbe blanche, grimoires et fioles) est tenté par une reconversion expresse en dandy à la mode (pourpoing, belle gueule et belles paroles) par le diablotin Méphisto. Le pouvoir de séduire vaut bien une petite damnation. Bataille dans les âmes, bataille dans le ciel : la lumière affronte les vapeurs malines ; l'homme affronte la fragmentation de son désir. Avec une invention visuelle constante, Murnau truffe ses plans de split-screen naturels et invente le cinéma-kaléidoscope : les miroirs y reflètent l'imaginaire, les fenêtres s'y ouvrent sur le rêve. Et Faust, enfin, découvre sa vraie nature, que le grotesque Méphisto ne réussit qu'à singer : l'amour vaut bien une petite damnation.

General (The) - Mécano de la Générale (Le)

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Réalisé par : Clyde Bruckman (1894 - 1955)
En : 1927, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Johnny est mécano (c'est-à-dire chauffeur-livreur-ajusteur) de locomotives. Sa monture de prédilection s'appelle la Générale. C'est la Guerre (la seule, la vraie côté US : celle de Secession). Johnny veut s'engager comme volontaire ; il est recalé à l'embauche. Mais la Générale, elle (c'est la moindre des choses quand on s'appelle comme ça), veut participer aux manoeuvres. Alors Johnny est obligé de suivre. Il joue donc le plus sérieusement du monde au train à vapeur -pour l'honneur des sudistes et les beaux yeux de sa fiancée : d'abord comme poursuivant (la Générale a été prise en otage), puis comme poursuivi (il a récupéré la Générale, les ennemis sont à ses trousses). C'est fou l'inventivité dont font preuve les hommes à cheval sur un train à vapeur, à croire que ça leur donne des ailes (de fumée). Un peu comme Naissance d'une Nation, mais en nettement plus drôle.

Steamboat Bill, Jr. - Cadet d'eau douce

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Réalisé par : Charles Reisner (1887 - 1962)
En : 1928, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Roméo et Juliette sur le Mississipi : Bill, le fils du capitaine bourru du dernier steamer à l'ancienne, aime Marion, la fille du patron capitaliste satisfait du paquebot new style tout confort. Ca se présente mal, les enfants sont à peine les demi-portions de leur papa respectif, et les papas ne sont pas commodes. Et puis, Bill semble éprouver quelques difficultés avec la technique et avec la pesanteur. Quand les éléments naturels se déchainent, pourtant, il plie mais ne romp pas, affrontant arbres déracinés et maisons volantes avec un courage exemplaire. Grandeur et misère de l'acrobate au milieu de la boue et du vent. Misère et grandeur du poète funambule au pays de la Gravité.

Frankenstein

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Au lieu de se marier et de faire des enfants, comme tout le monde, Frank-E(i)nstein cherche à propager la vie par d'autres moyens. Avec un assistant qui est le frère jumeau de Casimodo, dans un labo (sans doute loué au Dr. Caligari) qui est pour toujours le prototype des endroits où se concoctent les secrets les plus inavouables de l'humanité, avec de l'audace et beaucoup d'éclairs il donne vie... à un mythe. Malgré un scénario rudimentaire qui lui laisse finalement assez peu de scènes, Boris Karloff se révèle aussi fort et fragile qu'on l'avait imaginé, à la hauteur du souvenir que nous n'avions pas encore de lui.

Invisible Man (The) - Homme invisible (L')

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Claude Rains (1889 - 1967), Gloria Stuart (1910 - 2010)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Un drôle de voyageur enturbané débarque un soir dans une auberge borgne. Il est de mauvais poil, le genre à attirer des ennuis et la Police. Sous les bandelettes : rien. Invisible. La tête pleine, pourtant, de projets grandioses à rendre fou n'importe quel policier. Et contre lesquels même une ex-fiancée dévouée (solide, pourtant, la fiancée : plus de 50 ans plus tard, elle survivra au triomphal naufrage du Titanic !) ne pourra rien. C'est peut-être le seul film tout public où le héros est intégralement nu la moitié du temps. Rien de plus cinégénique que l'invisibilité, pour jouer avec nos rêves d'impunité.

Private Life of Henry VIII (The) - Vie privée d'Henry VIII (La)

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Réalisé par : Alexander Korda (1893 - 1956)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Robert Donat (1905 - 1958), Charles Laughton (1899 - 1962)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

L'Angleterre du XVIème siècle, rubrique people. Le roi est un gros lard libidineux, genre Laughton vieux -pourtant, il est encore assez jeune. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne brille guère par sa lucidité matrimoniale : il lui faudra 6 mariages et quelques enterrements pour venir à bout de sa libido. La première femme nous est épargnée, pas la deuxième, décapitée le jour du mariage avec la 3ème. Dans le tableau de chasse, il y aura aussi une princesse de Clève (mais les français savent bien qu'elle ne se marie pas par amour). La leçon de politique est plutôt sommaire, mais la tentative d'auto-absolution (c'est la faute des femmes s'il est si seul, finalement) presque touchante (bel exploit de l'acteur).

Queen Christina - Reine Christine (La)

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Réalisé par : Rouben Mamoulian (1897 - 1987)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Greta Garbo (1905 - 1990), John Gilbert (1899 - 1936), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

A 5 ans, elle monte sur le trône de Suède. Elle devient belle, lit Descartes, s'habille comme papa et gouverne comme lui -tout en aimant un peu moins la guerre, tout de même. Elle croit connaître les hommes, puisqu'elle leur ressemble. Mais elle n'a pas encore rencontré l'ambassadeur d'Espagne. Antonio lui parle d'abord comme un frère, puis la séduit comme un amant. Avec lui, elle se découvre des envies bizarres (se vautrer dans du raisin, par exemple). Elle devient Garbo, comme Victor/Victoria, une anti-Impératrice Rouge. Et quand, par amour, elle quitte son trône pour abdiquer -au grand désespoir de ses sujets-, on la croirait en train de descendre les escaliers de Cannes, assaillie de paparazzi. A la fin, elle bat haut la main le record du plus long plan sans cligner une paupière. Une reine, une vraie, n'a pas besoin de déguisement.

Scarlet Empress - Impératrice rouge (L')

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1934, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Sam Jaffe (1891 - 1984), John Lodge (1903 - 1985), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Petite princesse prussienne, Sophie est choisie, comme sur catalogue, pour devenir la future grande impératrice de la Russie éternelle. Ayant traversé en traineau le grand pays blanc, elle se retrouve enfermée dans un palais dont elle ne sortira plus guère, et où elle ne tarde pas à égarer son nom, son innocence et ses illusions. Là, elle apprend la démesure slave en cours accélérés. Mariée à un empereur débile, elle apprend aussi à ne compter que sur ses propres armes, et sur l'armée avec qui elle entretient des relations étroites. Dans un décor extravagant confié à un sculpteur fou, Marlène déballe sa garde-robe, non moins extravagante. Comme les meilleurs von Sternberg, c'est une ode à la beauté vénéneuse des femmes qui en ont bien bavé. Trop de tout, mais du genre dont on n'a jamais assez.

Bride of Frankenstein - Fiancée de Frankenstein (La)

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969), Elsa Lanchester (1902 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Pour commencer : ressuscitons Frankenstein. Pas de problème : il n'était pas mort, et Mary Shelley elle-même est appelée à la rescousse. Ensuite : introduisons un personnage nouveau : voici le mystérieux et inquiétant Dr. Pretorius, qui n'avoue qu'une faiblesse : l'alcool et les cigares (entre autres), et cultive des petits hommes dans des bocaux. Puis donnons quelques rudiments de langage et de théologie au monstre : le bien, le mal, d'où je viens, etc. Juste assez pour lui donner envie d'autre chose : une femme, par exemple... Les deux savants s'y emploient : il faut bien ça ! Il faut aussi un coeur frais et des cerf-volants par temps d'orage. Le résultat, qui présente un sérieux air de famille avec la génitrice de papier, est du plus bel effet pré-punk. Mais le monstre n'a pas l'air de lui plaire (pourtant, l'actrice était l'épouse de Charles Laughton : elle en avait vu d'autres !)... Le mythe continue, plus vivant que jamais.

Kermesse héroïque (La)

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Réalisé par : Jacques Feyder (1885 - 1948)
En : 1935, France
Acteurs principaux : André Alerme (1877 - 1960), Louis Jouvet (1887 - 1951), Françoise Rosay (1891 - 1974)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

On serait à l'âge d'or du cinéma français. On aurait réuni un casting de rêve et on s'amuserait à imaginer le générique parfait : Molière au scénario, Bruegel aux décors et aux costumes, Rembrandt à la lumière... Voilà qui nous orienterait vers le XVIIème siècle, et vers les Flandres. Pourquoi pas une histoire de troupe espagnole à la mode Velasquez, qui prendrait ses quartiers dans une toile de Vermeer, par exemple : choc des cultures et guerre des parures. Luxe, ripaille et volupté. Un peu de féminisme dans le tableau, tout de même, pour montrer que c'était pas rigolo tous les jours. Mais on arriverait encore à croire à la paix des peuples. Cinq ans plus tard, certes, on n'y croirait plus : cette histoire d'occupation libératrice, non, ça ne serait plus possible. Mais là, elle arrive à nous rendre inguérissablement nostalgique d'un l'âge d'or qui n'a jamais existé.

Adventures of Robin Hood (The) - Aventures de Robin des Bois (Les)

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1938, USA
Acteurs principaux : Errol Flynn (1909 - 1959), Eugene Pallette (1889 - 1954), Claude Rains (1889 - 1967), Olivia de Havilland (1916 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Alors que le roi Richard (coeur de lion) revient des croisades par le chemin des écolier, son frère Jean (langue de vipère) prend les choses (du pouvoir) en main. Sa trésorerie irait pour le mieux s'il n'y avait pas ce Robin (oeil de biche, sourire d'ange) pour contester son autorité. Robin est officiellement un noble, mais il est un peu mal élevé. A quelques années près, on aurait pu l'appeler un résistant. Au lieu de vivre dans un chateau, comme tout le monde, il préfère les camps scouts itinérants en pleine forêt, en compagnie d'hommes en collants qui passent leur temps à se bagarrer à coups de bâtons, ou à festoyer façon banquet de fin d'album d'Astérix. Marianne est apparemment la seule femme de la région. Elle s'habille en nonne et ne quitte pas sa forteresse, mais ne résiste tout de même pas longtemps à la meilleure flèche du Royaume. Le scénario est celui de tous les jeux d'enfants turbulents depuis 70 ans. Les costumes sont du kitsch qui ne se démode pas. Le film est de l'étoffe dont on fait les mythes.

Aleksandr Nevskiy - Alexandre Nevski

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Réalisé par : Sergei M. Eisenstein (1898 - 1948)
En : 1938, Russie
Acteurs principaux : Nikolai Cherkasov (1903 - 1966)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /épique pas toc
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

La Russie en 42 : les tatars menacent à l'est, les teuton grondent à l'ouest. Au fait : c'est le XIIIème siècle. Pour faire face aux redoutables envahisseurs germaniques, cachés derrière leurs casques extravagants et leurs capes blanches à croix noire, un héros-pêcheur est appelé à la rescousse. Il a fait ses preuves face aux suédois, il s'appelle Alexandre, ça rassure. Le peuple russe, la terre russe, les chants russes : tout le monde (russe) est avec lui. L'hymne patriotique est décliné suivant une succession de tableaux animés éblouissants, pleins de trognes, de lances et de ciel, qui culminent lors d'une méga-baston de près d'1/2h sur un lac gelé, qui vaut bien celle du Seigneur des anneaux (épisode 3). Genre propagande épique, mais où l'art terrasse à plate couture les intentions politiques.

Joueur d'échecs (Le)

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Réalisé par : Jean Dréville (1906 - 1997)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Françoise Rosay (1891 - 1974), Conrad Veidt (1893 - 1943)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 70 mn, NB

Critique perso :

Vision politique : la Pologne du XVIIIème siècle (et d'ailleurs) est la marionnette de Moscou. Catherine II -que Françoise Rosay reprend là où Marlene l'avait laissée- reigne en maîtresse. Son amant du moment, le genre gras, borgne et vulgaire éructant contre les turcs, nous rappelle vaguement quelqu'un. Mais le petit pays résiste encore et toujours... Vision scientifico-fantastique : il se trouve un allié en la personne de Kempelen, savant excentrique qui préfère vivre avec les avatars à ressorts qu'il fabrique plutôt qu'avec leurs originaux (l'original, c'est lui). Vision mystique : le créateur finit par s'incarner dans sa créature, et se sacrifier pour elle. Précurseur sans en avoir l'air d'Astérix et de Second Life (entre autres), c'est encore mieux que dans mon souvenir ébloui de cinéphile en couettes.

Marseillaise (La)

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967), Julien Carette (1897 - 1966), Lise Delamare (1913 - 2006), Louis Jouvet (1887 - 1951), Pierre Renoir (1885 - 1952)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /vive la (critique) sociale ! /épique pas toc
Caractéristiques : 135 mn, NB

Critique perso :

Il était une fois un roi qui, au réveil du 15 juillet 1789, apprend une mauvaise nouvelle. Ca, c'est l'histoire officielle, celle des livres, celle des stars de cinéma, et elle dure 2mn. Tout le reste du film, c'est le contraire : la Révolution vue du côté des figurants qui en sont les vrais héros : le peuple, le vrai. Celui qui est mal peigné, parle avec un accent, braconne des lapins dans la garrigue, apprend à manier le fusil pour la première fois et fait le piquet de grève devant les usines (ah non, pardon, je confonds, ça c'était l'actu de l'époque du tournage). On suit donc un bataillon marseillais en route vers le Nord pour porter main forte à ces empotés de la capitale -provinciale, en plus, la Révolution, on aura tout vu ! Quelques belles scènes de fraternisation au coin du feu, de bataille pas rangée dans les jardins des Tuileries : la fresque ne manque pas de souffle. Et, comme de bien entendu, tout finit par une chanson…

Gone with the Wind - Autant en emporte le vent

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Réalisé par : Victor Fleming (1883 - 1949)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Clarck Gable (1901 - 1960), Leslie Howard (1893 - 1943), Vivien Leigh (1913 - 1967), Olivia de Havilland (1916 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /épique pas toc
Caractéristiques : 238 mn, couleur

Critique perso :

A 16 ans, Scarlett est la reine des pique-nique. Son papa lui donne la recette de la potion magique du Sud, à base de terre rouge de Tara, la propriété familiale. Elle commence sa longue carrière de peste professionnelle en dragant le copain de sa cousine -une sainte. En 4h, elle réussira tout juste à l'embrasser 2 fois, tout en se permettant d'ignorer superbement le superbe Rhett Butler. Lui, elle mettra 10 ans à l'épouser (le temps de liquider 2 maris falots) et 20 ans à se rendre compte qu'elle l'aime peut-être, finalement. Cette histoire est un peu le remake en son et couleurs de la Naissance d'une nation. La 1ère partie, en rouge, est une longue succession de scènes de dépit amoureux sur fond de guerre de sécession. La 2ème partie est un long mélo. Des fois, on se dit que Fleming, qui venait tout juste de finir Le Magicien d'Oz, s'est un peu embrouillé dans les scénarios et qu'il a recasé les mêmes répliques (sur le thème : "there is no place like home") dans les deux. Attention monument ! Mais à part quelques scènes, pas sûr qu'il tienne si bien au vent...

Jamaica Inn - Taverne de la Jamaïque (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1939, Angleterre
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Charles Laughton (1899 - 1962), Maureen O'Hara (1920 - 2015)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Hitchcock, cette oeuvre-là est un peu un enfant caché. Une histoire de naufrageurs située au XIXème siècle, un film en costumes avec un gang à trognes, des bagarres à mains nues, des carrioles, des chevaux et des maquettes de bateaux en pleine tempête dans un verre d’eau… mais avec aussi, en contrebande comme il se doit, pas mal de hitchcockeries déjà bien identifiées : le gentil couple-malgré-lui qui se forme dans la fuite, les agents doubles, l’art de se jeter dans la gueule du loup (et d’en ressortir), le climax qui donne vertige… et, évidemment, quelques excellents acteurs anglais en flagrant délit de cabotinage. Une dernière anglaiserie avant de passer à Hollywood.

Young Mr. Lincoln - Vers sa destinée

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Henry Fonda (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Tout grand homme a d'abord été petit. Lincoln, il avait un peu d'avance sur les autres : c'était un homme grand. Honnête et malin, aussi. D'abord apprenti politicien, puis avocat débutant, il fait ici son stage de légende en devenir, d'homme au milieu des hommes. La justice est là pour révéler le Juste : c'est lors de son premier procès, dans le pire moment d'accablement, qu'il commence à ressembler à sa future statue. Après, il se tient debout et force tout le monde à lever la tête. Du haut de ses jambes interminables, il est à la hauteur de son destin. Portrait en (pas si) grandes pompes de Saint Abraham par maître John : ce que la terre d'Amérique peut produire de mieux.

De Mayerling à Sarajevo

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Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1940, France
Acteurs principaux : Edwige Feuillère (1907 - 1998), John Lodge (1903 - 1985)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

Le titre sonne comme un compte à rebours -et c'en est un, puisque personne n'est censé ignorer quand et comment finit la vie de l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche. Bon, mais avant, en général, on sait moins. C'est donc une montre qui servira de fil conducteur à toute l'histoire -d'amour, bien sûr, puisqu'il n'y a que ça qui intéresse les spectateurs, quand il est question de têtes avec des couronnes dessus. Et ce futur Archiduc-là a en plus eu le bon goût romanesque d'épouser par amour une moins-bien-née que lui, ce qui permettra à tout le monde d'apprendre ce qu'est un mariage morganatique. Dans le rôle du méchant : le protocole, bien sûr. Et, en guise d'épilogue qui tombe du ciel, une petite morale sur la 2ème guerre mondiale. La patte du grand Max est discrète, dans cette affaire. Il préfère les drames intimes qui reflètent l'écroulement d'un monde, il est moins doué pour le bonheur -même quand il est le prélude à l'écroulement d'un monde.

How Green Was My Valley - Qu'elle était verte ma vallée

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Sara Allgood (1879 - 1950), John Loder (1898 - 1988), Maureen O'Hara (1920 - 2015), Walter Pidgeon (1897 - 1884)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /pas drôle mais beau /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 118 mn, NB

Critique perso :

La verte vallée du titre, c'est le Pays de Galles charbonnier, période Germinal tardif. Pas forcément pimpant, dans l'imaginaire commun. Mais les paradis de l'enfance sont souvent verts, allez savoir pourquoi. Dans la famille Morgan il y a, si j'ai bien compté, 6 fils (dont un narrateur : le plus jeune) et une fille à marier. Des parents, aussi, bien sûr : modèle frustre mais droit (côté paternel) ou intelligent du coeur (côté maternel) -modèles tout court. La mine, la grève, les pintes de bière, le pasteur, l'école... rien d'étonnant au décor. Et pourtant, tout arrive par surprise, sans doute parce que c'est la première fois. Dans ce corron d'outre Manche, on parle une drôle de langue : du Welch poétique, peut-être. A moins que cela ne soit la langue de la nostalgie universelle.

Magnificent Ambersons (The) - Splendeur des Amberson (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Anne Baxter (1923 - 1985), Joseph Cotten (1905 - 1994), Tim Holt (1918 - 1973), Agnes Moorehead (1900 - 1974)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /vive la (critique) sociale ! /épique pas toc
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Les Amberson sont les rois de leur quartier. Ils vivent dans une maison qui ressemble à une cathédrale gothique. Mais, dès le début du film, leur splendeur s'écrit déjà au passé antérieur : le père a été riche, la fille capricieuse. Elle a préféré à son fiancé fantasque un mari à tête de comptable. Leur fils est devenu le vieux con le plus jeune de ville. Le récit au présent se focalise sur sa confrontation avec l'ex-fiancé fantasque, de retour au pays, en passe de devenir le vieux monsieur le plus jeune de la ville. On dirait la vieille histoire du chêne et du roseau, dans la tempête de l'histoire. Les personnages de cette histoire entretiennent d'ailleurs tous avec un grand raffinement l'art de se gâcher mutuellement la vie -et de rater la leur. Les acteurs sont suivis à la culotte, par une caméra à hauteur de nombril. Tourné par Welles (Mr. Amberson, c'est lui ?), relifté par Wise : on dirait un grand fim aux ailes coupées.

Visiteurs du soir (Les)

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1942, France
Acteurs principaux : Arletty (1898 - 1992), Jules Berry (1883 - 1951), Alain Cuny (1908 - 1994), Marie Déa (1912 - 1992), Marcel Herrand (1897 - 1953), Fernand Ledoux (1897 - 1993)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

On est au temps (et dans les terres) des très riches heures du duc de Berry, la paix n'a que trop duré. Pour éviter aux hommes d'être heureux trop longtemps, le Diable a parfois envie d'ajouter son grain de fiel à l'histoire. Deux de ses envoyés arrivent donc sur Terre. Il y a Gilles, musicien mélancolique, parfois hélas un peu attiré par le côté lumineux de la Force. Et il y a Dominique, dont on se demande si les autres l'apprécient plus en homme ou en femme (et si il/elle eut jamais un coeur). Ils sont là pour faire des ravages, ils en font. Pourtant, s'ils utilisent les mêmes mots, leurs yeux ne disent pas toujours la même chose. En fait, Gilles se met même à croire un peu trop à son propre jeu avec Aaaannne. Alors, le Diable lui-même vient remettre un peu de (dés)ordre dans tout cela. Le film est un rien pompeux et solennel. On ne sait trop si c'est le coeur de la France sous occupation qu'il a voulu faire battre, à la fin, mais au moins a-t-il donné naissance à une belle statue palpitante, une certaine idée du cinéma français.

Vredens dag - Jour de colère

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Réalisé par : Carl Theodor Dreyer (1889 - 1968)
En : 1943, Danemark
Acteurs principaux : Lisbeth Movin (1917 - 2011), Preben Lerdorff Rye (1917 - 1995)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

On se croirait dans une série de tableaux de Rembrandt en noir et blanc. Les dialogues pourraient être extraits d’un bréviaire protestant. La vie est sobre, digne, et très très encadrée, comme dans un plan de cinéma qui bougerait pas beaucoup. Le temps s’écoule lentement en attendant l’éternité. Ca se passe à une période où on croyait encore en l’existence des sorcières, surtout certains hommes quand ça les arrangeait de se débarrasser de certaines femmes. Le pasteur de l’histoire est un de ces pieux hommes, il joue accessoirement le rôle d’inquisiteur en chef quand sa Foi l’exige. Ou alors peut-être quand sa femme, deux fois plus jeune que lui, le trompe (désolée, je spoile un peu). Ca se passe à une période où les hommes (jeunes et vieux) décidaient de tout, étaient bornés et superstitieux, tenaient les clés de la maison et les cordons de la bourse, avaient avec eux la loi et Dieu lui-même. Il y a une éternité. Mais l’éternité du cinéma est encore plus forte.

Ivan Groznyy I - Ivan le Terrible I

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Réalisé par : Sergei M. Eisenstein (1898 - 1948)
En : 1944, Russie
Acteurs principaux : Nikolai Cherkasov (1903 - 1966)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /épique pas toc
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

Après Alexandre Nevski, un nouveau portrait pseudo-historique de Grand Russe Eternel. Ivan, c'est le centralisme de la dictature (du prolétariat démocratique) à lui tout seul ; la Raison d'Etat incarnée dans un géant. Dans cette 1ère partie, il étend progressivement son ombre sur toute la terre russe, et se fait progressivement pousser la barbichette. Ivan se fait couronner, Ivan se marie, Ivan gagne une bataille... L'impératrice rouge n'a qu'à bien se tenir : chaque scène est une cérémonie, un lent ballet de poses et de regards, un défilé de figures dans un tableau de maître. Chaque plan est une icône à la grandeur du cinéma.

Enfants du paradis (Les)

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1945, France
Acteurs principaux : Arletty (1898 - 1992), Jean-Louis Barrault (1910 - 1994), Pierre Brasseur (1905 - 1972), Maria Casares (1922 - 1996), Marcel Herrand (1897 - 1953), Pierre Renoir (1885 - 1952), Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : Paris /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /la parole est d'or /poésie en image
Caractéristiques : 190 mn, NB

Critique perso :

Au siècle avant-dernier, quand la télé n'existait pas encore, les artistes de théâtre et de cabaret étaient les rois des Boulevards parisiens. Voici une femme et trois hommes qui sortent de la foule anonyme : un acteur sûr de lui, un aristocrate sûr de sa fortune, un mime-poète sûr de rien. Elle préfère le poète, bien sûr. Mais Paris (réinventé par Prévert) s'en mèle et la vie sépare ceux qui s'aiment. Car l'amour des uns fait le malheur des autres. Pour de mystérieuses raisons (c'était un de mes sujets de dissert' au lycée), les histoires d'amour impossible sont celles qui nous touchent le plus... A force d'art et de poésie, ce film envoie direct ceux qui le regardent au paradis des spectateurs.

Picture of Dorian Gray (The) - Portrait de Dorian Gray (Le)

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Angela Lansbury (1925 - ), Peter Lawford (1923 - 1984), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB/couleur

Critique perso :

Au début, Dorian est jeune, beau et amoureux : le portrait parfait du gendre idéal, tel que le peint son ami Basil. Mais, bientôt, perverti par un lecteur des "Fleurs du mal", il se met à fréquenter les bas-fonds de Londres (vers 1886, on y faisait décidément de mauvaises rencontres : Jack, Hide... qui est qui, telle est la question !). Ce qu'il y fait nous reste mystérieux, mais lui attire des ennuis et des ennemis. Lui voit des yeux partout mais garde son teint de bébé. La peinture, elle, traverse l'histoire de l'art à toute vitesse : il se voit dedans comme dans un miroir, mais il est bien le seul. Le roman d'Oscar Wilde m'avait fascinée. Lewin, déjà amateur des poèmes d'Omar Khayyan, de fantastique baroque et d'art raffiné, était l'homme de la situation. Un portrait, une chanson, deux tortues et un poignard : tous les éléments de sa Grande Oeuvre à venir sont déjà là.

Scandal in Paris (A) - Scandale à Paris

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Réalisé par : Douglas Sirk (1897 - 1987)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : George Sanders (1906 - 1972), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /la parole est d'or
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Voix off distinguée qui commente avec une brillante ironie les méfaits d'un vaurien : le procédé n'est pas complètement surprenant (c'est parce qu'on a vu avant Noblesse oblige et Barry Lyndon mais ce film-ci est plus ancien) ; il est toujours efficace. Nous voici donc partis pour la vie et les oeuvres du Lieutenant Rousseau, plus connu sous le nom de François Eugène Vidocq -qui n'était pas plus vrai que le précédent. Hollywood en fait une métaphore de l'éternel combat de l'homme contre ses propres démons (via St Georges et le dragon !)- mais sans se prendre trop au sérieux, heureusement. On soupçonne le récit, concentré sur 2 ans, d'être légèrement romancé -sans doute très en dessous de la vérité d'ailleurs ! George Sanders entame là sa brillante carrière de fripouille aristocratique. Mais, comme c'est lui le héros, il pousse pour une fois le bon goût jusqu'à s'amender in extremis pour les beaux yeux d'une marquise. On lui pardonne tout, même son honnêteté.

Private Affairs of Bel Ami (The) - Bel Ami

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Angela Lansbury (1925 - ), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Bel(le) tronche et (faux) ami, George Duroy est un provincial sans le sou, arriviste et pique-assiette, promis à une belle carrière mondaine dans le Paris de la fin du XIXème. Son principal atout : il a l’air d’un gentleman distingué et il plait aux femmes. Son principal fardeau : la même chose. Grâce à un copain de régiment (et surtout à la femme du copain), il devient journaliste : couverture idéale pour aller partout et être au courant de tout. La politique, l’économie… rien ne lui échappe, surtout pas la rubrique people, qu’il invente au passage. Pour le reste, il préfère évidemment rater sa vie (amoureuse) que la gâcher (socialement). Les femmes -ses femmes- sont largement aussi intelligentes que lui -et nettement plus sympas-, mais ce sont des femmes. Il arrivera brillamment à tout foirer. Avec élégance. Le film est tout aussi élégant, et ne foire rien.

Letter from an unknown Woman - Lettre d'une inconnue

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Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Louis Jourdan (1919 - 2015)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Vienne, 1900. Stefan, grand séducteur et petit pianiste, se prépare à fuir bravement de chez lui pour échapper à un duel. Et voilà que lui parvient une longue lettre -la lettre d'une vie. La signature ne lui dit rien et pourtant c'est celle d'une femme qui a mis toute son existence sous le signe de sa pâle étoile : adolescente, elle a guetté ses moindres pas, jeune fille, elle s'est donnée à lui juste avant -pas de chance !- qu'il ne parte pour une longue -très longue- tournée. Femme mûre, elle a croisé une fois encore sa route... L'éternelle histoire de la groupie du pianiste : rien de tel que de fréquenter un minable pour entretenir une âme sublime (et un peu maso quand même). Mon coeur de midinette ne s'en est jamais remis.

Oliver Twist

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Réalisé par : David Lean (1908 - 1991)
En : 1948, Angleterre
Acteurs principaux : Alec Guinness (1914 - 2000)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Par un soir d'orage, une pauvre jeune fille donne la vie à un ange blond -et rend la sienne. Le pauvre petit ange blond est élevé à l'hospice. Il passe de mains en mains -et elles sont de moins en moins propres. Jusqu'à ce qu'on reconnaisse enfin que, sous ses cheveux d'ange, coule un sang pur et bleu. Hem, comment dire, la fausse pauvreté pittoresque, c'est pas vraiment mon truc. Les portraits ne font pas trop dans la subtilité -ni le scénario d'ailleurs. Les taudis et les âmes sont cracra à souhait, il ne manque pas un accroc aux guenilles ni un coup fourré aux trognes grimaçantes. Ici tout n'est que luxure, crasse et cupidité. De la caricature pour livres d'images, gênante à force de ne pas l'être.

Heiress (The) - Héritière (L')

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Réalisé par : William Wyler (1902 - 1981)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Montgomery Clift (1920 - 1966), Miriam Hopkins (1902 - 1972), Ralf Richardson (1902 - 1983), Olivia de Havilland (1916 - )
Genre(s) : New York - New York /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

Henry James, grand coupeur de cheveux en 4000, a inspiré cette histoire de jeune femme sous influence, dans la bonne société new-yorkaise du XIXème siècle. La jeune femme est censée être très moche et très fade (bien qu’incarnée par Olivia de Havilland), si mal aimée de son père, docteur de la haute, qu’il n’imagine pas un instant qu’on puisse la courtiser pour autre chose que ses sous à lui, surtout si on est fauché et beau comme Montgomery Clift. Une fois toutes les pièces du jeu posées, il n’y a plus qu’à observer la lente destruction d’un coeur par tout ceux qui sont censés lui vouloir du bien. L’héritage (financier et biologique) comme malédiction et obstacle au bonheur : la leçon de maître Henri est, comme on pouvait s’y attendre, subtile et ambiguë, mais néanmoins assez claire, même découpée en 4000. Film de prestige typique de l’âge d’or hollywoodien, en mode beau boulot.

Under Capricorn - Amants du Capricorne (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Joseph Cotten (1905 - 1994)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Ca sent le piège : les amants sont en fait des époux, et apparemment plus tellement si épris que ça. Ils vivent en Australie, début XIXème. Pour se retrouver là-bas à ce moment-là, faut soit porter un uniforme, soit avoir eu des choses à se reprocher, et à fuir. On sait assez vite à quelle catégorie appartient chacun des personnages : tous enfermés dans leur rôle, leur histoire, leur héritage social, leurs petites prisons portatives. Pour zigzaguer à l'aise dans cette geôle, Hitchcock met des ailes à sa caméra. Il la fait virevolter dans les pièces, fureter entre ses acteurs, capter en douce la moindre esquisse de geste, la moindre ébauche de sentiment. L'histoire rappelle un peu celle de Rebecca : c'est du lourd, mais filmé par un papillon. Là sans doute est le piège... le gros monsieur cacherait-il donc une âme de midinette ?

Beauté du diable (La)

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1950, France
Acteurs principaux : Gérard Philipe (1922 - 1959), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

Le vénérable Docteur Faust se voit remettre une médaille pour l'ensemble de son oeuvre. Autant dire qu'il a raté sa vie et qu'il n'en a plus pour longtemps. A peine le temps de remercier toute l'équipe qu'il n'eut jamais et voilà Méfisto, démon de second plan mais bien cabotin quand même, qui lui montre le miroir de ce qu'il aurait pu être. Et voici qu'apparaît sur un écran magique (sans doute fabriqué à Hollywood) : beauté, gloire et fortune. L'amour est aussi disponible en option, mais pas forcément compatible avec le reste du scénario. Le mythe est donc revisité en version vaguement post-atomique et néo-poétique, mais en conservant princesse, bohémienne et sacs d'or. De la bonne vieille ouvrage qualité française, donc, avec les meilleurs cabotins du moment, mais qui a tout de même un peu de mal à croire à sa jeunesse éternelle. Et qui sera bientôt bien perturbé par un truc nouveau venant de la mer...

Rashômon

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1950, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Toshirô Mifune (1920 - 1997), Masayuki Mori (1911 - 1973), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Réfugiés sous une porte de Kyoto (Rashômon, c'est la "porte des démons") pour échapper au déluge, trois hommes se racontent une histoire. Une sombre histoire, qui met en scène un couple traversant tranquillement la forêt, et le bandit bondissant qu'ils y rencontrent. L'histoire se termine mal, un procès vient d'avoir lieu. Face au tribunal invisible de l'Histoire, chacun des protagonistes donne sa version des faits. Les images, chaque fois, lui donnent raison. L'homme est mort, la femme a été violée, le bandit jugé. Mais c'est à peu près tout ce qu'il y a de sûr. Pour le reste, chacun sa vérité et honneur pour tous. L'histoire prend l'eau, comme tout le reste. Si on ne peut plus faire confiance aux images, où va-t-on ! Quant aux hommes... Un grand coup de de modernité dans les côtes, largement pompé depuis.

Ronde (La)

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Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1950, France
Acteurs principaux : Jean-Louis Barrault (1910 - 1994), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Daniel Gélin (1921 - 2002), Odette Joyeux (1914 - 2000), Gérard Philipe (1922 - 1959), Serge Reggiani (1922 - 2004), Simone Signoret (1921 - 1985), Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

Toujours Vienne, toujours 1900 (mais ça n'a aucune importance). La ronde, c'est ce jeu supide -j'te prends la main, tu m'prends la main- que les humains apprennent dans les cours d'école -un gars, une fille, un gars, une fille- et auquel ils jouent toute leur vie. Par "amour de l'art de l'amour", ils rejouent tous et toujours les mêmes scènes, inconsolables de leurs souvenirs, obsédés par le temps qui passe trop ou pas assez vite. Bref, ils ne pensent qu'à ça et le plus dur, pour eux, est de ne pas en avoir l'air. Pour faire sa typologie des prélimaires amoureux, Ophuls met en place un dispositif très artificiel, avec maître de cérémonie tireur de ficelles et passages de témoin systématiques d'un couple à l'autre. On a compris : le monde est un théâtre dont tout le monde fait mine d'être dupe...

Anne of the Indies - Flibustière des Antilles (La)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Louis Jourdan (1919 - 2015), Herbert Marshall (1890 - 1966), Jean Peters (1926 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Le capitaine Providence est la terreur des navires anglais des mers du Sud. En fait, son petit nom, c'est Anne. Intrépide, cruelle, comme il sied à quelqu'un qui a été formé(e) à la meilleure école en piraterie du moment : celle de Barbe Noire. Et, effectivement, une petite dent contre les anglais. Donc, plutôt un a priori favorable à l'encontre des français. Ca se confirme lors de sa première rencontre avec un spécimen mâle de l'espèce : tout de suite, elle le fait fouetter torse nu. Mais bientôt, elle ne sait plus à quel genre se vouer. Après avoir embauché le beau frenchy, elle ne sait plus si elle doit convoiter un sabre ou une robe comme part de butin. Et ne sait plus non plus si elle doit faire confiance à son coeur ou à sa raison. Finalement, elle prouvera qu'elle en a (de la féminité) en surpassant tout le monde sur le créneau réservé aux femmes depuis la nuit des temps : le sacrifice. Anne, ma semblable, ma soeur Anne.

Saikaku ichidai onna - Vie d'O'Haru, femme galante

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1952, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982), Kinuyo Tanaka (1910 - 1977)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Dame O'Haru naît en plein coeur du Japon médiéval, dans une noble famille. Manque de bol : elle naît femme, et cela seul suffira à son éternel malheur. A croire qu'elle l'a bien cherché : elle est trop belle, trop gentille, trop aimante, trop soumise. Les étapes de son chemin de croix se confondent avec chacun des hommes qu'elle a connus, qu'ils soient père, amants, maris ou maquereaux (ce qui de toute façon revient au même) : rien que des brutes, avec plus ou moins de savoir-vivre. Chaque plan du film rend sensible son enfermement, réduit son espace vital, la met en cage. Trop belle, trop gentille, trop aimante, trop soumise. Trop bon.

Ugetsu monogatari - Contes de la lune vague après la pluie (Les)

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1953, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Masayuki Mori (1911 - 1973), Kinuyo Tanaka (1910 - 1977)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

En temps de guerre, les affaires marchent fort, c'est bien connu -même dans le Japon médiéval le plus reculé. Genjuro, honnête potier de son état, en profite pour mettre les bouchées doubles. Avec son beau-frère, ils constituent un stock qu'ils vont vendre à la ville. Mais l'appétit du gain vient en mangeant : au lieu, fortune faite, de retourner vivre dans leur foyer le reste de leur âge, les voilà qui se prennent à rêver de grandeur miliaire ou d'amours aristocratiques. Sans prendre garde aux signes inquiétants qui rodent, ni aux menaces qui pèsent sur leur femme. Sans prendre garde à l'infinie séduction des leurres, ni à la délicate porosité des mondes flottants. En fait, à force de plans sur la chimère et de courses aux comètes, ils courent droit à leur perte. En fait, à force de vouloir ne pas être à leur place, ils nous permettent de prendre la leur.

Shichinin no samurai - Sept samouraïs (Les)

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1954, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 160 mn, NB

Critique perso :

Pour éviter le pillage de leur future récolte, un village de paysans se résoud à embaucher des samouraïs, si possibles efficaces et bon marchés. Dans le Japon du XVIème siècle, c'est apparemment toute une histoire : ces hommes-là appartiennent à des mondes différents. Au terme d'un casting serré, sept spécimens aux pedigrees et aptitudes divers sont recrutés. La résistance s'organise avec bonne volonté (côté paysan) et compétence (côté samouraïs). Ce serait présomptueux de ma part de prétendre les connaître tous par leur nom, mais on les identifie rapidement très bien. Plus une dizaine de villageois, pas si différents de ceux de notre plus mythique village gaulois (celui qui résiste, justement). Fresque militaire épique et chronique paysanne burlesque, cette guerre à échelle humaine a le bon goût de laisser le dernier mot à la vie qui continue. Chapeau (très) bas.

Moonfleet - Contrebandiers de Moonfleet (Les)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Stewart Granger (1913 - 1993), Joan Greenwood (1921 - 1987), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 87 mn, couleur

Critique perso :

Angleterre, XVIIIème siècle. John Mohune, pas plus de 7-8 ans au compteur mais le coeur noble déjà bien accroché, est à la recherche du père de substitution que lui a recommandé sa défunte maman. Il tombe sur un chef de bande douteux, l'adopte, lui apprend les bonnes manières et déniche avec lui un trésor. Pour eux deux, "the exercice was profitable". C'est un peu une fable sur les aventures d'un mouton au milieu des loups. Une histoire de pirates à pieds secs, un récit d'apprentissage et de rédemption, quelque part entre les "Liaisons dangereuses" et "L'île au trésor" (les livres). Une aventure humaine, passée en contrebande d'un récit d'aventure clasique. Un bon plan pour apprendre à trouver son chemin dans le grand labyrinthe du monde.

Yôkihi - Impératrice Yang Kwei fei

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1955, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Masayuki Mori (1911 - 1973)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

L'empereur est inconsolable. Il pleure son épouse, son grand amour, son seul amour. Depuis qu'il l'a perdue, il n'aime plus que l'art. Mais sa cour s'occupe de lui : on lui présente plus ou moins discrètement toutes les jolies jeunes filles du royaume. Un jour, il rencontre ainsi tout à fait fortuitement la jolie Yang. Ce sera sa nouvelle épouse, son grand amour, son seul amour. Avec elle, il connaît le grand frisson de sa vie quand, un soir de nouvel an, il se déguise en homme normal pour aller faire la fête dans la rue au milieu des hommes normaux en mangeant des brochettes. Le reste du temps, il n'aime que l'art, et ça tombe bien : elle aussi. Ils vivent comme dans une série de tableaux vivants, au milieu de jolies couleurs. Quel dommage que la famille de la dame ne soit qu'une bande d'arrivistes corrompus. Faudra payer pour ça, quitter le beau décor. Pas facile tous les jours d'être un grand empereur, ou un grand artiste.

Sjunde inseglet (Det) - Septième sceau (Le)

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1957, Suède
Acteurs principaux : Bibi Andersson (1935 - ), Gunnar Björnstrand (1909 - 1986), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe à une époque reculée, au tournant d'un millénaire, juste avant la fin du monde. La Mort fait sa tournée mais elle est provisoirement retardée par une partie d'échecs avec un chevalier de retour des croisades (Max le grand, à qui ça a dû faire drôle de se retrouver de nouveau, un millénaire plus tard, devant un type menaçant avec un capuchon noir sur la tête). Le chevalier en sursis en profite pour tenter, une dernière fois, de comprendre quelque chose au monde qui l'entoure et au silence de Dieu. Dieu, justement, il se fait aussi bruyamment attendre par des pénitents qui fuient la peste et par des soldats qui brûlent une sorcière. Mais il se fait tendrement entendre d'un troubadour en roulotte. Un film qui ose allier le symbolisme mystique, le trouble métaphysique et le burlesque de foire, sans jamais tomber dans le ridicule. Presque aussi grand que les sujets qu'il traite.

Gigi

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Leslie Caron (1931 - ), Maurice Chevalier (1888 - 1972), Louis Jourdan (1919 - 2015)
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Bienvenue sur une planète étrange : Paris en 1900. Les autochtones y sont terriblement exotiques et raffinés -en un mot : français. Et ils cotoient une autre race encore plus mystérieuse : la française. Là, par exemple, dans ce petit appartement à l'intérieur purpurin, vivent 3 générations de cocottes -enfin, la dernière, Gigi n'a pas 17 ans, elle est encore en couveuse. Elle ne montre d'ailleurs pas beaucoup de dispositions naturelles pour l'affectation requise par son futur emploi, dont elle ignore encore a peu près tout. A coup de somptueux tableaux vivants (recyclés de My Fair Lady) et de chansons enjouées (idem), et en ayant l'air de ne pas y toucher, Minnelli tape fort là où ça va mal. Il montre la cruelle élégance d'une broyeuse de jeunes filles en gants blancs : la bonne société bourgeoise, cette grande mère maquerelle de si bonne compagnie.

Ivan Groznyy II: Boyarsky zagovor - Ivan le Terrible II: le complot des Boyards

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Réalisé par : Sergei M. Eisenstein (1898 - 1948)
En : 1958, Russie
Acteurs principaux : Nikolai Cherkasov (1903 - 1966)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /épique pas toc
Caractéristiques : 81 mn, NB/couleur

Critique perso :

Ivan is back et il n'est pas content. Maintenant que sa barbichette est à point -et en pointe-, on va enfin comprendre pourquoi il a mérité son "Terrible" surnom. Désormais il est seul, sombre, torturé. Il ne fait confiance à personne. Sa grande ombre s'étend surtout sur lui-même. Ce sont encore ces gros lards de Boyards -et leurs alliés cléricaux- qui lui en veulent. Et sa tante est son pire ennemie. Alors, il préfère s'entourer de jeunes gens dévoués, avec qui il organise des fêtes décadentes. Y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume de Russie ? Il paraît qu'Eisenstein a eu une crise cardiaque quand il a su que le petit père des peuples (du prolétariat démocratique) visionnait son film. Et le pays a dû attendre 13 ans avant de pouvoir se regarder dans ce miroir déformé. Heureusement, les images du poète ont survécu à leur inspirateur.

Capitan (le)

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Réalisé par : André Hunebelle (1896 - 1985)
En : 1960, France
Acteurs principaux : Bourvil (1917 - 1970), Lise Delamare (1913 - 2006), Jean Marais (1913 - 1998), Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

En ouverture, M. de Capestan -noblesse petite mais bonne- s'engage dans un assaut contre des félons. Blessé, il est sauvé puis soigné par une belle brune -puis une belle blonde (bon, on n'est pas pour autant dans Vertigo). Il va se plaindre chez le Premier Ministre -chef des félons- qui le renomme Capitan (ce qui, venant d'un italien, n'est apparemment pas très sympa). En fait, il est la réincarnation blonde de Robin des Bois, en brushing et collants rouges, comme lui impeccable à l'escrime, à l'escalade, à l'équitation et au saut à la perche. Le jeune roi Louis XIII, entouré de félons, est lui incarné par un sosie de Nicolas Sarkozy en culottes courtes. Et Bourvil, égaré là-dedans, joue avec des accents gaulliens pour parler de la grandeur de la France, et des accents gaulois pour parler aux femmes. Avec le Capitan, qui l'a engagé comme secrétaire-poète, cernés de félons, ils doivent se réfugier dans la maison de Blanche-Neige dans la forêt -pas assez loin toutefois pour éviter que le jeune roi mal entouré ne s'y égare. Je passe les détails mais je vous rassure : la République -pardon, le Roi- sera sauvé(e)...

Cid (El) - Cid (Le)

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Réalisé par : Anthony Mann (1906 - 1967)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Charlton Heston (1924 - 2008), Sophia Loren (1934 - ), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /épique pas toc
Caractéristiques : 182 mn, couleur

Critique perso :

Le Cid, quand on est français, on connaît : on sait qu'il cause l'alexandrin couramment, qu'il souffre de cruels dilemmes incurables et on se souvient vaguement d'une querelle avec trois unités. C'était qui, celles-là, déjà ? Bizarre, il n'en est pas question ici. Pourtant il a du coeur, aussi, ce Rodrigue. Il aime aussi une Chimène, et tout irait pour le mieux si les beaux-pères ne s'avisaient de gâcher la fête. Le tout est traité en peplum tardif, dans un Moyen-âge ibérique pré-jihadique sous influence shakespearienne. Pas sûr que Gérard Philippe y retrouve son pourpoint. La morale est claire : ô rage, ô désespoir, le pouvoir et l'héroïsme vont rarement ensemble. Le Cid a choisi son camp, mais il n'aura droit qu'à une victoire post-mortem. Mais aux âmes bien nées, la gloire peut bien attendre le nombre des années.

Yojimbo - Garde du corps (Le)

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1961, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Sanjuro est un samouraï free-lance, pas empoté du manche. Il débarque dans un petit village de gaulois nippons, scindé entre le clan du fabriquant de saké, et celui du fabriquant de soie. Sanjuro n'est pas très en fonds, et pas empoté de la langue. Il se vend donc au plus offrant -c'est-à-dire aux deux camps. D'où, très vite : provocations, intimidations, menaces, préjudices, représailles contre préjudices, enlèvement contre représailles, contre-enlèvement contre retour de représailles. Eastern nouilles-sautées qui sera repris en western spaghetti (avec pas mal de ketchup). Et le type de l'autre coté de la caméra, il n'est pas non plus empoté du manche.

Tsubaki Sanjûrô - Sanjuro

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1962, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /vers le soleil levant
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Le samouraï free-lance mal léché du Garde du corps est de retour. Il traîne toujours là où il ne faut pas, en plein conciliabule de conspirateurs. Cette fois, c'est pour une histoire de corruption dont s'accusent mutuellement deux clans : celui d'un chambellan, et celui de son intendant. Mais le film est tout sauf une enquête policière. C'est plutôt une leçon de stratégie, une partie d'échecs grandeur nature, menée entre grands maîtres par apprentis interposés : d'un côté, une poignée de gamins, de l'autre une armée. Bien sûr, parce qu'il a le panache dans le sang, c'est avec les gamins que joue le samouraï. Mais, comme c'est aussi un incorrigible marginal, il est toujours à manger et à dormir quand les autres parlementent, debout quand ils se cachent, assis quand ils se précipitent au combat. Il est seul mais il a la ruse, la force des faibles. Et seuls les plus faibles et plus rusés encore (les femmes) sont capables de le désarmer. A la fin, il révèle sa vraie nature : une jolie fleur (de camélia, c'est ce que veut dire "Sanjuro") dans une peau de guerrier.

55 Days at Peking - 55 jours de Pékin (Les)

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Ava Gardner (1922 - 1990), Charlton Heston (1924 - 2008), John Ireland (1914 - 1992), David Niven (1909 - 1983)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 150 mn, couleur

Critique perso :

1900, en plein coeur de Pékin, là où la Citée Interdite (ah! la cruauté exotique de ses princes perfides) fait face à l'enclave occidentale (ah! le raffinement érudit de ses sages ambassadeurs). Les esprits s'échauffent, les boxers sont lâchés. Bientôt, c'est Shanghai Gesture contre Fort Alamo. Heureusement, la cavalerie est déjà arrivée sans qu'on l'ait sonnée. 55 jours de siège, c'est le temps qu'il faudra à cette grande brute de Charlton Heston pour regretter de ne pas avoir un coeur, et à cette grande garce d'Ava Gardner pour croire qu'elle en a retrouvé un. Ce western shop suey pas avare sur les feux d'artifices traîne une réputation qui n'est pas à la hauteur de son film.

Gattopardo (Il) - Guépard (Le)

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Réalisé par : Luchino Visconti (1906 - 1976)
En : 1963, Italie
Acteurs principaux : Claudia Cardinale (1938 - ), Alain Delon (1935 - ), Burt Lancaster (1913 - 1994), Serge Reggiani (1922 - 2004)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914
Caractéristiques : 205 mn, couleur

Critique perso :

Ce film, c'est un peu le Autant en emporte le vent sicilien -en bien mieux ! C'est l'histoire de l'unification italienne vue du côté des perdants : dépassés mais fiers, lucides, désabusés. Aristocrates toujours. De ceux qui ont tout compris de l'âme de leur terre ancestrale, et qui savent anticiper son destin. Qui acceptent de "changer pour que rien ne change". Burt Lancaster est chargé d'incarner la noblesse à lui tout seul. Surprise : il passe à l'aise des dilligences du far ouest aux coupés princiers. Il pose un regard perçant de patriarche sur sa tribu familiale, sur ses pairs en pleine perdition, sur les nouvelles élites en pleine ascencion. On le suit volontiers jusqu'à son dernier bal (50mn, le dernier bal) tant la fresque est somptueuse.

Charulata

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Réalisé par : Satyajit Ray (1921 - 1992)
En : 1964, Inde
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 117 mn, NB

Critique perso :

C'est une Mme Bovary bengali, qui aurait du talent, Charulata. Son mari la trompe avec la revue politique dont il est le directeur, le rédacteur en chef, l'imprimeur et peut-être bien le seul lecteur. "The Sentinel", ça s'appelle. Dans la maison vide, dans la chambre vide, elle attend. Elle attend qu'on l'entende. Qu'on la révèle. Qu'on la regarde comme elle sait regarder, qu'on la lise comme elle sait lire. Qu'on l'aime comme elle sait... Alors, le premier cousin poète, chanteur et rêveur venu sera évidemment le bienvenu. Alors, le dernier frangin aux poches vides aura évidemment tout loisir de vider un peu plus les coffres de la maison vide. La sentinelle a des absences. Peut-on imaginer Mme Bovary heureuse ?

Journal d'une femme de chambre (Le)

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Réalisé par : Luis Bunuel (1900 - 1983)
En : 1964, France
Acteurs principaux : Jean-Claude Carrière (1931 - ), Georges Géret (1924 - 1996), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Dans la famille Pervers Ordinaires, il y a le grand-père, fétichiste des bottines et de Huysmans. Il y a la fille, tellement riche qu'elle est frustrée de tout, et il y a son époux, tellement frustré d'elle qu'il saute sur tout ce qui bouge. Quelques domestiques aussi, bien sûr, tellement habitués aux vices de la famille qu'ils savent à peine quels sont ceux qu'ils n'ont pas eux-mêmes. Et enfin il y a Célestine, la nouvelle femme de chambre tout juste débarquée de Paris, seule âme libre de la maison. Forcément elle intrigue, Célestine, elle attire les regards, les instincts et les sollicitations. Elle est comme un tableau blanc (ou noir, à votre guise), un miroir inversé tendu à tous. Elle est aussi belle qu'ils ne le sont pas, mais malheureusement impuissante à guérir à elle toute seule toute la bonne bougeoisie de son époque.

Falstaff

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1965, France
Acteurs principaux : John Gielgud (1904 - 2000), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Fernando Rey (1917 - 1994), Marina Vlady (1938 - ), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /épique pas toc
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

Enorme. Il est énorme, en poids du corps et en poids des mots. Il gagne sa vie en déchargeant les bourses de quelques uns de ses semblables, et surtout en régalant les autres des récits de ses énormes exploits. En les exagérant ou en les inventant, si besoin. Il paie en mots ce qu'il ne peut pas payer en monnaie sonnante, c'est le plus généreux des bavards. En plus, il a d'excellentes fréquentations qui font de lui, aussi, un potentiel poids lourd politique. Le fils du Roi himself l'accompagne dans ses chasses, et lui prête des oreilles qui valent l'or de la couronne qu'il ne porte pas encore. Le Prince apprend avec Falstaff la seule chose que son père est incapable de lui payer ou de lui transmettre : jouer, et rire. Mais rien n'échappe à la raison d'Etat, surtout pas la bonne humeur de sang royal... Le budget fut sans doute modeste mais les mots sont de l'énorme Shakespeare, et les comédiens font le poids. Sans aucune lourdeur, et comme à la vitesse d'un cheval au galop.

Histoires Extraordinaires

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Réalisé par : film à sketchs
En : 1968, France
Acteurs principaux : Brigitte Bardot (1934 - ), Alain Delon (1935 - ), Anny Duperey (1947 - ), Jane Fonda (1937 - ), Peter Fonda (1940 - ), Terence Stamp (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

Un film en trois parties comme ça se faisait beaucoup à l'époque, trois coups de Poe, trois histoires de dandys décadents qui finissent en tragédie plus ou moins grandiloquente, par trois plus/moins grands cinéastes. Le premier sketch, de Roger Vadim, verse dans le porno-soft et kitsch. C'est un pre-Barbarella pas drôle qui se situerait au Moyen-Age, avec chatelaine perverse et beau brun ténébreux de voisin (tiens, n'est-ce pas donc son frère ? plus ou moins...). La contribution de Louis Malle est plus torturée. Elle porte le sérieux hautain et orgueilleux de son Delon de héros -en double exemplaire s'il vous plait- (et la Bardot en prime !). Comme il doit beaucoup courir, et dans des lieux sublimes en plus, il est souvent essoufflé et ça lui évite de dire trop de conneries. Quant au segment du Maestro : total respect ! Cette fois, on change vraiment de monde, on est passé de l'autre côté du rideau de fumée (de la gloire, et des rêves), on est à la fois dans le paradis du cinéma et dans l'enfer du showbiz, on s'y perdrait bien encore pendant des heures...

Sayat Nova - Couleur de la grenade (La)

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Réalisé par : Sergei Parajanov (1924 - 1990)
En : 1968, Géorgie
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 79 mn, couleur

Critique perso :

Officiellement, c'est le biopic d'un (obscur) poète arménien du XVIIIème siècle, le genre dont, visiblement, même les spécialistes ne savent pas grand chose. En vrai, c'est une installation d'art contemporain réalisée en matériaux de récup' (tendance marché aux puces et fripes folkloriques) et en tableaux vivants, pleins de silence et de symboles. Le poète y est "joué" - visualisé serait plus adapté - par différents acteurs (dont une femme) - Todd Haynes et sa version spéculaire de Bob Dilan n'a rien inventé ! Tout passe facile parce que c'est surtout son oeuvre, et en fait sans doute plutôt son âme, qui tient le premier rôle. Elle s'est réincarnée en objets : en livres, en tapis et en instruments de musique. Elle est curieuse, sensuelle, passionnée, mystique. Belle, amoureuse de la beauté et de l'amour, de Dieu et de l'art. Biographie de l'art, plus que d'un artiste. D'un homme, un beau. Nous sommes tous d'obscurs poètes arméniens du XVIIIème siècle...

Enfant sauvage (L')

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Jean Dasté (1904 - 1994), François Truffaut (1932 - 1984)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

En 1798, dans l'Aveyron, une étrange découverte : un enfant nu et sauvage, 10 ans de survie en solitaire dans la forêt. Dommage, il a raté la Révolution Française. Face au sauvageon, mieux qu'un prof : Itard, un savant tout aussi solitaire mais qui, lui, a parfaitement assimilé les idéaux humanistes de 1789. Et espère ramener l'enfant parmi les humains, l'initier au langage. A ce luxe dont, avant d'y avoir touché, on ne sait pas qu'il est indispensable : la culture. Hommage aux pédagaogues, donc. Truffaut joue lui-même ce père patient et attentif qu'il n'eut jamais, tout en détachement consciencieux, en retenue et en pudeur. C'est le contraire d'un film historique. Pourtant, l'éducation de Victor a le charme rétro d'une belle leçon au tableau noir.

Walk with Love and Death (A) - Promenade avec l'amour et la mort

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Assi Dayan (1945 - 2014), Anthony Higgins (1947 - ), Angelica Huston (1951 - ), John Huston (1906 - 1987)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Héron de Fois est étudiant, jeune, beau et idéaliste. Il veut voir la mer. Mais dehors, c'est la guerre de 100 ans : il mourra avant d'en voir la fin. En attendant, il se trouve une dame à aimer : Claudia, jeune, belle et idéaliste. Nos deux tourtereaux, babas dans un monde pas cool, essaient de s'y faire un nid. Dehors, tout n'est que sang, rage et barbarie : des illuminés, des puritains, des chevaliers rendus à l'état sauvage, des paysans morts de tout. Le service militaire n'a pas encore été inventé, mais on sait déjà très bien faire souffrir les jeunes gens qui s'aiment. Huston fait son Septième sceau post-68 : une ode à la jeunesse en collants, et à l'amour à réinventer en rêvant.

Blanche

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Réalisé par : Walerian Borowczyk (1923 - 2006)
En : 1971, France
Acteurs principaux : Ligia Branice (1932 - ), Jacques Perrin (1941 - ), Michel Simon (1895 - 1975), Georges Wilson (1921 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Blanche est très belle et très convoitée. Elle est mariée à un respectable (mais pas très jeune ni très beau, pardon Michel) Seigneur, elle attire le regard du Roi himself, en visite, ainsi que du page fort joli garçon qui l’accompagne. Et même de son beau beau-fils. On l’aura (peut être) compris, ça se passe au Moyen-Âge. Sans frou frou et sans chichi, mais avec armes et bagages, dans une ambiance minérale austère de chateau fort à conquérir et de belle sauver (et le contraire). Conte cruel, drame pervers, histoire éternelle d’hommes qui doivent élire parmi eux le mâle dominant. Enfin, comme on est au Moyen âge, c’est pas vraiment une élection et le résultat est connu d’avance : à la fin, c’est le Roi qui gagne. Et le cinéma y a aussi un peu gagné.

Aguirre, der Zorn Gottes - Aguirre, la colère de Dieu

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Réalisé par : Werner Herzog (1942 - )
En : 1972, Allemagne
Acteurs principaux : Klaus Kinski (1926 - 1991)
Genre(s) : carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Une patrouille perdue de conquistadors en armures, lancée dans une expédition en Amazonie. Objectif : l'Eldorado, territoire de la richesse absolue caché dans la forêt vierge des fantasmes. Penché, tordu, toujours une tête de moins que ses interlocuteurs, Aguirre est l'âme damnée du groupe, celui dont le regard halluciné est le seul à voir la direction à prendre. Quand le fleuve et les indigènes hostiles leur en laissent le temps, ces égarés se proclament solennement empereur des lieux, représentants légitimes de Dieu au pays des rêves. Ils reconstituent une parodie de cour royale avec les moyens du bord. Et vogue le radeau, vers l'inéluctable naufrage des grandeurs illusoires. Beau comme une catastrophe tranquille.

Ludwig - Ludwig - Le crépuscule des Dieux

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Réalisé par : Luchino Visconti (1906 - 1976)
En : 1972, Italie
Acteurs principaux : Helmut Berger (1944 - ), Trevor Howard (1913 - 1988), Silvana Mangano (1930 - 1989), Romy Schneider (1938 - 1982)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 235 mn, couleur

Critique perso :

Ludwig est un prince charmant parfait : jeune, beau, intelligent et amateur d'art, que rêver de plus. Sa cousine, c'est Sissi et c'est encore Romy qui s'y colle. Le décor et les costumes sont donc ceux d'un conte de fées. Mais il y a des toujours des vers qui se cachent dans les meilleurs fruits. Cette Sissi-là n'est pas la même que l'autre, elle ne croit pas aux princes charmants, elle vient de l'autre côté du miroir. Et le frère de Ludwig, il est encore plus beau que lui mais pas extrêmement équilibré. Et puis, il va trop loin dans les belles idées, ce prince-là : soutenir Wagner (ce débauché), construire des châteaux (immenses, somptueux et vides) en Baviève... En fait, il aime décidément trop les belles choses (et les beaux jeunes hommes) pour être honnête. C'est comme un long long opéra, filmé au ralenti, sur la décomposition d'un empire, d'une famille, d'un homme.

Pied Piper (The) - Joueur de flûte (Le)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1972, Angleterre
Acteurs principaux : Donovan (1946 - ), John Hurt (1940 - 2017), Donald Pleasence (1919 - 1995)
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 90 mn, NB

Critique perso :

Dans un Moyen-âge crapoteux en proie aux démons de la cupidité et de la guerre, circule, comme un ilôt d'innocence, une troupe de baladins en roulotte. C'est à Hamelin qu'ils débarquent. Les rats, porteurs d'un méchant virus, sont arrivés avant eux. A l'intérieur des remparts, d'autres rats à figure humaine s'affairent. Seule la flûte magique (et enchantée) d'un musicien parviendra à sortir la ville de la mouise. Mais l'impressario improvisé du coin ne respecte pas son contrat : malheur à la population ! Avec cette légende sombre comme un cauchemar, on est plus proche du 7ème sceau que de Peau d'âne. Jacques Demy dévoile enfin son côté obscur. Perçoit-il l'arrivée prochaine d'une nouvelle peste dont il sera lui-même la victime (il mourra du sida) ? En tous cas, il réussit aussi bien à désenchanter les contes de fée qu'il savait rendre le réel merveilleux.

Contes immoraux

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Réalisé par : Walerian Borowczyk (1923 - 2006)
En : 1973, France
Acteurs principaux : Fabrice Luchini (1951 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur


Jeder für sich und Gott gegen alle - Enigme de Kaspar Hauser (L')

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Réalisé par : Werner Herzog (1942 - )
En : 1974, Allemagne
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

C'est le jour de Pentecôte de l'an de grâce 1828 que Kaspar est tombé du ciel, pile sur la place de Nuremberg. Pas tout à fait un bébé-loup ou un Enfant sauvage (il a dépassé les 20 ans). Pas non plus un idiot (il aime la musique et écrit son nom). Non, plutôt un homme-bébé qui n'a jamais vécu avec d'autres hommes -autrement dit un rien du tout, une marionnette entre les mains d'un démiurge sadique. Quelques bonnes âmes tentent de lui apprendre le métier de grande personne, de lui trouver une place dans le monde ailleurs qu'au magasin des accessoires exotiques. Il devient une sorte de philosophe-artiste brut, riche de ses seuls yeux intranquilles où on lit la stupeur et le désespoir d'être au monde. Des fois, la vérité est bien inspirée.

Barry Lyndon

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1975, Angleterre
Acteurs principaux : Marisa Berenson (1946 - ), Ryan O'Neal (1941 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 184 mn, couleur

Critique perso :

Il semble que Kubrick n'aimait pas beaucoup son époque (cf. Lolita, Dr Folamour) et mettait peu d'espoir dans l'avenir (cf. Orange mécanique). Avec ce film, nous voilà rassuré : il n'avait pas non plus beaucoup d'estime pour le passé ! Pas même dans le XVIIIème siècle, où sembla culminer pourtant le sens du raffinement et de la maîtrise de soi. Pour preuve, on suit l'éducation -pas sentimentale du tout- d'un jeune bourgeois-paysan-pauvre de cette époque. Sorti d'Irlande, il devient, via l'armée, la feinte et le cynisme, un parfait bourgeois-homme du monde-riche. Puis un rien du tout. Les images de ce film éclairé à la bougie, on ne les avait jamais vues avant. La cruauté des hommes, hélas, est de toutes les époques...

Histoire d'Adèle H. (L')

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1975, France
Acteurs principaux : Isabelle Adjani (1955 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 96 mn, couleur

Critique perso :

Elle est amoureuse, fauchée, en fuite de chez papa-maman. Elle écrit, elle écrit, elle écrit. La demoiselle a de qui tenir. Papa est le plus grand écrivain de l'univers et elle a, semble-t-il, pris un peu trop au sérieux ses leçons de romantisme. Aimer une fois pour toute, s'abandonner à en mourir : il l'a rêvé, elle l'a fait. Son plus beau roman à lui est aussi sa fifille la plus cinglée. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux (non, ça c'est pas de lui). Mais tout ça ne fait pas nécessairement le scénario le plus palpitant de l'univers : trop monotone pour étonner, trop cheap pour emballer. Isabelle se démène bien mais pour elle, la folie est un minimum syndical. Pour elle, sans doute que Truffaut était aussi prêt à tout mais ça ne suffit pas à faire le plus beau film de l'univers.

Lady Oscar

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1979, Japon
Acteurs principaux : Catriona MacColl (1954 - ), Lambert Wilson (1958 - )
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Il était une fois au XVIIIème siècle, un aristocrate old school qui en a marre de faire des filles, et qui décide donc d'appeler la dernière Oscar. La demoiselle, qui en prend pour 20 ans de psychanalyse, devient donc une escrimeuse redoutable au service très rapproché de Marie-Antoinette. Elle affole son nigaud de copain d'enfance roturier, trouble l'amant de la reine et pas mal d'autres courtisan(ne)s, mais reste inflexible sur les principes, allant même jusqu'à boxer un certain Maximilien de Robespierre qui lui a manqué de respect. Mais un petit coeur bat pourtant sous son uniforme d'opérette. Les malheurs de la France et les beaux yeux d'André (le copain d'enfance) ne la laissent finalement pas indifférente. Après qu'une telle forteresse soit tombée, la prise de la Bastille est presque une formalité. Mais c'est une autre Histoire...

Elephant man

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1980, Angleterre
Acteurs principaux : John Gielgud (1904 - 2000), Antony Hopkins (1937 - ), John Hurt (1940 - 2017), Freddie Jones (1927 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

L'angleterre victorienne a tout inventé de notre monde moderne : l'exploitation de l'homme par l'homme (enfin, ça c'était déjà pas nouveau) et par la machine, et la mise en spectacle de ses marges, pour mieux les apprivoiser. John Merrick, le Freak qui n'est pas un monstre, en est un exemplaire révélateur. D'abord, il suscite les bas instincts des spectateurs de foire, leur voyeurisme et leur intolérance -et le nôtre aussi, par la même occasion. Sauf que, rapidement, c'est la monstruosité des autres qui nous saute au visage. La bonne société le traite apparemment mieux, surtout quand il consent à devenir l'alibi idéal de sa bonne conscience. Mais, comme un éléphant dans un jeu de dupes, il n'a évidemment de place nulle part... Dès ses premiers films, David Lynch faisait déjà de drôles de rêves.

Excalibur

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Réalisé par : John Boorman (1933 - )
En : 1981, Angleterre
Acteurs principaux : Helen Mirren (1945 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /épique pas toc
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

Elle est née de l'eau et elle retournera à l'eau. Elle a bien connu Merlin, Arthur, Lancelot, Perceval et quelques autres. Elle désigne les rois et adoube les chevaliers. Elle s'appelle Excalibur ; c'est une épée. Son destin, c'est le fer des armures et le feu des combats. Le sang, l'ardeur des hommes et les tôles froissées. L'honneur et la passion. Un peu de Shakespeare pour le texte, pas mal de Zardoz recyclé pour les décors et les costumes. L'épée est très bien mais les autres acteurs (à part quelques seconds rôles prometteurs : essayez de reconnaître Gabriel Byrne et Liam Neeson !) ressemblent beaucoup à des surfeurs californiens. Dommage, ça sent le kitsch. Peut-être la magie qui n'est pas assez réaliste, ou le réel qui n'est pas assez magique. Le Seigneur des anneaux lui a fait prendre un sacré coup de vieux.

French Lieutenant's Woman (The) - Maîtresse du Lieutenant français (La)

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Réalisé par : Karel Reisz (1926 - 2002)
En : 1981, Angleterre
Acteurs principaux : Jeremy Iron (1948 - ), Meryl Streep (1949 - ), David Warner (1941 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Point de Lieutenant français dans ce film. Quant à celle censée avoir été sa maîtresse, jamais ne le fut. Mais on est au cinéma, alors ne nous étonnons de rien, surtout qu'on est dans ce type particulier de films qui racontent la fabrication d'un autre film, dans une histoire d'amour qui en cache une autre -la même sans doute- et d'autres temps et d'autres lieux. Subtil entrelacement de sentiments retenus et de fantasmes entretenus, de libertés compromises et de liaisons dissimulées, hommage raffiné à l'intensité du vécu et à celle -encore plus grande ?- du souvenir et de la représentation.

Fitzcarraldo

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Réalisé par : Werner Herzog (1942 - )
En : 1982, Allemagne
Acteurs principaux : Claudia Cardinale (1938 - ), Klaus Kinski (1926 - 1991)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine /épique pas toc
Caractéristiques : 158 mn, couleur

Critique perso :

Pour mener à bien un projet grandiose et utopique (construire un opéra en pleine forêt amazonienne pour y faire venir Carruzo), Fitzcarraldo (Fitzgerald pour ses ancêtres) est amené à en réaliser un autre plus fou encore (faire passer un bateau à pieds secs par dessus une montagne). Il sera aidé et trahi par des jivaros qui ont, encore plus que lui, le sens du rêve et de l'effort inutile. Il y a là-dedans toute la poésie de la technique (si je n'y étais pas sensible, je ne serais jamais devenue ingénieure) et tout le panache de la quête chimérique (si je n'en avais pas le goût, je n'aurais jamais fait de recherche). Qu'est-ce que les cinéastes ne feraient pas pour arracher au monde des images que personne n'y avait vu avant eux..?!

E la nave va - Et vogue le navire

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1983, Italie
Acteurs principaux : Freddie Jones (1927 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 132 mn, NB/couleur

Critique perso :

Au commencement était le cinéma. Il était muet, en noir et blanc et plein d'innocence. Et puis tout le reste est arrivé. Le son, la couleur, les officiels et les officiers, et l'innocence a dû mettre les voiles, avant de se faire rattraper par le monde en haute mer. C'est à peu près ça que le film raconte et aussi, sans doute, beaucoup d'autres choses. Autant que de spectateurs. Par exemple, une autre version pourrait être : quelque part avant la première guerre mondiale, un prince étranger (et sa cour), quelques fils à papa/maman, des jeunes premièr(e)s ingénu(e)s, des génies incompris et incompréhensibles, un journaliste, un rhinocéros gris et les cendres d'une célèbre cantatrice sont sur un bateau. Toute la civilisation, quoi, plus quelques passagers clandestins. A la fin, tout le monde tombe à l'eau, sauf le cinéma. Insubmersible comme le jouet de grand enfant génial.

Narayama bushiko - Ballade de Narayama (la)

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Réalisé par : Shohei Imamura (1926 - 2006)
En : 1983, Japon
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

4 saisons près de Narayama, en un temps indéterminé mais certainement lointain. Quelques familles sur 3 ou 4 générations, les travaux des champs, les pulsions des corps, le riz et la neige. Une petite société coupée de tout, sauf de ses besoins essentiels et de la nature. Pauvre, impitoyable, vivante. Trucculente, puisqu'il faut bien continuer à exister. Cruelle, par souci d'auto-préservation. Soucieuse de son honneur -même sans samouraïs- et panthéiste -même sans prêtres. L'éternelle histoire de la trahison des anciens, de la trahison des plus jeunes et de la fidélité au monde.

Amadeus

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Réalisé par : Milos Forman (1932 - 2018)
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Tom Hulce (1953 - ), Jeffrey Jones (1946 - ), F. Murray Abraham (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 160 mn, couleur

Critique perso :

Biopic d'un certain Mozart, par le petit bout de la lorgnette (mal embouchée) d'un de ses rivaux, un certain Salieri. Salieri, c'est le roi des médiocres, le génie des nazes. Il veut mettre son (petit) talent musical au service de Dieu, en échange d'1/4h (voire plus si possible) de gloire. Mais Dieu s'en fout. Mozart, lui, n'a rien demandé et il a tout reçu -même le droit d'être vulgaire. Alors, à défaut d'être aimé de Dieu (comme Ama-deus), Salieri devient le devil-ex-machina de la vie de l'autre. Tout en l'admirant secrêtement, il le harcèle, le torture, l'assassine au petit feu du travail. Il venge ainsi tous ses frères humains qui ne naissent pas, quoi qu'ils en disent, libres et égaux en dons. Après un tel film, le silence est encore du Mozart, mais le malaise est encore du Salieri.

Carmen

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Réalisé par : Francesco Rosi (1922 - 2015)
En : 1984, France
Acteurs principaux : Placido Domingo (1941 - ), Julia Miguenes-Johnson (1949 - ), Ruggero Raimondi (1941 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 152 mn, couleur

Critique perso :

C'est, paraît-il, l'opéra le plus joué au monde, le top 50 du lyrique à l'ancienne. Là-dessus, Francesco Rosi n'a pas cherché à faire le malin : les décors naturels (bien astiqués) sont splendides, les costumes d'époque (bien repassés) sont parfaits et le livret est scrupuleusement respecté (pour les voix, je n'y connais rien, mais je crois qu'ils chantent juste). L'Espagne, ses fleurs et ses taureaux, ressemblent aux souvenirs qu'on en avait avant d'y être allé -mais personne ne va à l'opéra pour prendre des leçons de réalisme. D'ailleurs, les sentiments des hommes devant Julia Miguenes-Johnson en plein numéro de Cabaret sont, eux, parfaitement crédibles. C'est comme un souvenir d'enfance : le plaisir ne vient pas de la surprise, mais du déjà-vu et déjà-entendu, du ressassement d'une mémoire rêvée. Comme un beau livre d'images en musique.

Ran

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1985, Japon
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 160 mn, couleur

Critique perso :

Shakespeare était japonais, les filles du roi Lear étaient des samouraïs et Kurosawa est un grand peintre. Il nous régale ici d'un match fratricide entre porteurs de casaques jaunes, rouges et bleues. L'affrontement commence par une partie de chasse familiale qui tourne au vinaigre, se prolonge en manoeuvres de cour et intrigues d'alcôve, et s'achève par une grande baston en plein air. Kurosawa est à l'aise sur tous les terrains, car c'est toujours de guerre qu'il s'agit. Et à ces guerres-là, il n'y a que des perdants. Le film se termine avec le plan d'un joueur de flûte aveugle au bord d'un précipice, et il ne reste plus grand monde pour le retenir...

Dead (The) - Gens de Dublin (Les)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1987, USA
Acteurs principaux : Angelica Huston (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 79 mn, couleur

Critique perso :

Un soir de réveillon en bonne compagnie à Dublin, 1904. Des vieilles tata-gateaux, leur neveu chéri, raisonnable et éloquent, quelques artistes sur le retour, quelques jeunes gens plein d'avenir, quelques parasites. Et quelques fantômes. Dehors, il neige. Dedans, tout est en ordre. Chacun y va de sa petite performance, près du piano ou du whisky. Des conversations anodines, de la musique et du pudding. Rien. Dans cet océan de bienséance, errent pourtant les ombres blanches de passions endormies. De secrets du coeur qui affleurent, tels des icebergs à la dérive. D'autres vies possibles qui refont surface, après la fête. D'autres mondes, d'autres gens. Aux côtés des vivants déjà morts, il y a des morts bien vivants. Qui étaient cachés dans l'ombre, ce soir-là, pour ce réveillon en bonne compagnie à Dublin, en 1904.

Dangerous Liaisons - Liaisons dangereuses (Les)

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Réalisé par : Stephen Frears (1941 - )
En : 1988, USA
Acteurs principaux : Glenn Close (1947 - ), John Malkovich (1953 - ), Michelle Pfeiffer (1958 - ), Uma Thurman (1970 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Ce sont des experts en cruauté, des docteurs ès alcôves, des professionnels du coeur humain. Ils s'appellent Valmont et Merteuil, respectivement Vicomte et Marquise de. Ils ont compris avant tout le monde que le pouvoir repose sur le contrôle de la circulation de l'information (à l'époque : la correspondance). Ils sont persuadés de reigner sur leurs propres sentiments mais c'est à force de se mentir à eux-mêmes. Ils sont pervers, raffinés, libertins. Extrêmement brillants. Ils se lancent des défis absurdes, dans le seul but de faire souffrir. Ils y arrivent souvent. Ils vivent dans le plaisir et sont malheureux comme des chiens. Le film n'est pas complètement à la hauteur du livre, mais quelque chose de la fine fleur de l'esprit français y passe malgré tout.

Van Gogh

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Réalisé par : Maurice Pialat (1925 - 2003)
En : 1991, France
Acteurs principaux : Jacques Dutronc (1943 - ), Elsa Zylberstein (1968 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 158 mn, couleur

Critique perso :

Un type descend d'un train, va se faire soigner chez un docteur, mange et dort dans une auberge à 3 sous. Il a le dos courbé et l'air de se foutre de tout. Il enfile des canons avec les paysans du coin. Ce qui fait drôle, c'est quand on le voit peindre dans les champs les tableaux les plus chers du monde, et que les autres l'appellent Van Gogh sans avoir l'air de comprendre ce qu'ils disent. Les femmes l'aiment, les hommes le supportent plus difficilement, font mine de s'intéresser à sa peinture. L'étrangeté du monde est dans ses toiles, son étrangeté au monde est dans son regard -celui de Jacques Dutronc dont l'ironie muette et l'inquiétant détachement donnent le vertige. Ce type là n'est pas doué pour le bonheur, juste pour en donner aux autres. Du très très grand art...

Orlando

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Réalisé par : Sally Potter (1949 - )
En : 1992, Angleterre
Acteurs principaux : Lothaire Bluteau (1957 - ), Tilda Swinton (1960 - ), Billy Zane (1966 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 94 mn, couleur


Piano (The) - Leçon de piano (La)

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Réalisé par : Jane Campion (1954 - )
En : 1993, Nouvelle-Zélande
Acteurs principaux : Holly Hunter (1958 - ), Harvey Keitel (1939 - ), Sam Neill (1947 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Ca se passe au XIXème siècle en Nouvelle-Zélande. Quand les frèles corps d'Ada et de sa petite fille débarquent sur une plage, aux portes d'une forêt sauvage, pour un mariage arrangé, on ne donne pas cher de leurs peaux douces. D'autant qu'Ada est muette et qu'on la sépare tout de suite de son piano, sa voix, son âme, qui échoue par marchandage chez un voisin analphabète. Alors, il va lui falloir tout reconquérir : son indépendance, son art, sa vie, au prix de quelques sacrifices. Elle a tout à apprendre mais c'est elle qui donne les leçons et c'est ça qui la sauve. L'art et de la barbarie, les corps et la nature enfermés dans un bocal : c'est la recette de la passion.

Farinelli

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Réalisé par : Gérard Corbiau (1941 - )
En : 1994, France
Acteurs principaux : Caroline Cellier (1945 - ), Stefano Dionisi (1966 - ), Enrico Lo Verso (1964 - ), Elsa Zylberstein (1968 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Farinelli fut le plus célèbre castrat du XVIIIème siècle. Tout petit déjà, il avait une très jolie voix, alors sa famille s’est dit qu’il ferait mieux de la garder, par tous les moyens... Si on en croit ce film, un castrat adulte, c’est beau comme un enfant et fort comme un homme. Farinelli peut ainsi donner du plaisir aux femmes très longtemps sans jamais perdre son flegme ni risquer de les mettre enceintes : le partenaire idéal ! C’est aussi un frangin idéal pour son frère, médiocre amant qui s’occupe de la finition de ses conquêtes, et médiocre compositeur qui ne peaufine pas trop, en revanche, les oeuvres qu’il lui donne à chanter. Bref, si on en croit ce film (mais vaudrait mieux pas trop), Farinelli, brave type et pauvre chou, est un peu traumatisé (c'est la moindre des choses), se fait exploiter par tout le monde et peine à s’attirer la reconnaissance qu’il mérite (de maître Haendel, notamment). Le film est romanesque et fort soigné, il ne lui manque pas une note ni un costume, mais peut-être quand même un petit quelque chose d'autre.

Titanic

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Réalisé par : James Cameron (1954 - )
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Kathy Bates (1948 - ), Leonardo DiCaprio (1974 - ), Gloria Stuart (1910 - 2010), David Warner (1941 - ), Kate Winslet (1975 - ), Billy Zane (1966 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /épique pas toc
Caractéristiques : 194 mn, couleur

Critique perso :

Il m'arrive d'avoir des faiblesses et des fautes de goût. J'avoue donc : j'aime beaucoup ce film. Parce que c'est gros comme un immeuble et sans complexe, comme Autant en emporte le vent (vers lequel ça lorgne pas mal). Parce qu'ils sont jeunes et beaux, et caricaturaux à souhait. Parce que la vieille dame a été la fiancée de l'Homme invisible. Parce que la métaphore féministe, aussi, est énorme : c'est le symbole du machisme le plus brutal et le plus attardé qui sombre avec tant de fracas et de victimes (mais quand on aime, on ne compte pas). Parce que, même en sachant tout à l'avance, on arrive encore à se laisser surprendre. Parce que c'est du faux bâti sur du vrai bâti sur de l'imposture. Parce que c'est du cinéma grandeur artifice.

Wo hu cang long - Tigre et dragon

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Réalisé par : Ang Lee (1954 - )
En : 2000, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Chen Chang (1976 - ), Yun-Fat Chow (1955 - ), Michelle Yeoh (1962 - ), Zhang Ziyi (1979 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Dans la Chine ancienne, deux valeureux combattants (est-ce lui le tigre, est-ce elle le dragon ? nous ne le saurons pas) s'aiment en secret au moins depuis Conficius. Il lui confie sa Destinée -une épée- pour la remettre à un notable qui se la fait voler illico par un voleur qui vole sur les toits. L'enquête commence. Le jour : visites de courtoisie diplomatiques et exquise politesse. La nuit : ballet d'armes et combats très singuliers -et élégants : il y a toujours au moins une dame concernée. Ca ressemble un peu à nos contes de fées (honneur, loyauté et amour courtois), avec tout ce qu'on attend de l'exotisme oriental (costumes somptueux et combats d'écoles entre grands maîtres très très sages) et tout ce qu'il faut de moyens hollywoodiens. En plus, souvent, la poésie résiste encore...

Lagaan: Once Upon a Time in India - Lagaan

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Réalisé par : Ashutosh Gowariker (1968 - )
En : 2001, Inde
Acteurs principaux : Aamir Khan (1965 - )
Genre(s) : Bollywooderie /conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique
Caractéristiques : 224 mn, couleur

Critique perso :

Le "lagaan", c'est l'impôt que les méchants colons anglais prélevaient sur les récoltes des gentils paysans indiens à la fin du XIXème siècle. Or, la mousson a du retard et les récoltes s'annoncent lamentables. Les paysans quémandent un répit, ils récupèrent de la part du méchant colon (un faux air de Romain Duris) une promesse absurde : exemption du lagaan s'ils arrivent à battre les anglais au cricket. Le vaillant leader des gentils paysans (un faux air de Tobey Maguire) relève la défi... Là, je dois le dire, ça manque un peu de crédibilité : à moins d'avoir été initié depuis son berceau, ce jeu est incompréhensible. Dommage qu'ils n'aient pas plutôt récupéré un concours de danse folklorique, ça aurait pu être plus entrainant. Chaque camp a droit à son traitre : une gentille traitresse anglaise initie les joueurs, un méchant traitre indien (mais qui se repent...ouf !) informe les English. On ne se doute pas du tout du dénouement. A la compet' avec Hollywood, le cinema made-in-Bombay montre ses plus beaux atours.

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