Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'B'

39 réponses classées par ordre alphabétique


Baie des anges (La)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1963, France
Acteurs principaux : Claude Mann (1940 - ), Jeanne Moreau (1928 - 2017)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 82 mn, NB

Critique perso :

Entraîné par un collègue un peu plus audacieux que lui, Jean, jeune banquier comme il faut, entre pour la première fois dans un casino à Enghein. Il a commis son péché originel, son grand horloger de père le chasse de chez lui. Mais il a gagné de quoi s'offrir des vacances sur la côte d'azur, avec pour viatique sa veine de débutant. Son nombre fétiche, c'est 17 (impair et manque), comme dans Pension Mimosas. C'est comme ça qu'il croise Jackie, blonde platine simili-Marilyn, imprévisible petite boule blanche poussée par on ne sait quoi à errer sans fin vers une case toujours provisoire. Jackie, évidemment, mise tout sur la roulette. Elle a un grain auquel Jean n'est pas si étranger qu'il le voudrait bien -grain que Demy a malicieusement mis sur leur deux joues, au même endroit (d'ailleurs, Jean ne l'aurait-il pas refilé, par hasard et sans le faire exprès, à des demoiselles qui l'ont au creux des reins -c'est fou !- ?). Ils se coltinent ensemble les montagnes russes de la passion et du jeu. Qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, le film, lui, sec et impitoyable, raffle toujours la mise.

Baisers volés

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Daniel Ceccaldi (1927 - 2003), Claude Jade (1948 - 2006), Michael Lonsdale (1931 - ), Jean-Pierre Léaud (1944 - ), Delphine Seyrig (1932 - 1990)
Genre(s) : Paris /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

1968. Antoine Doinel, l'ado turbulent des 400 coups est devenu un jeune homme romantique. Enthousiaste et maladroit, éternel étonné doutant de tout. De belles mains qui bougent beaucoup, et inventent des gestes qui n'appartiennent qu'à elles. Toujours amateur de littérature -surtout Balzac, Stendhal et Flaubert- et de jolies femmes -surtout celles chez qui on mange du fromage, et qui ont des parents sympas. Il essaie tous les métiers, tous les lits, toutes les humeurs. Instable mais pas révolté -sa mèche est ce qu'il a de plus rebelle. L'adolescence grave a fait place à une jeunesse étourdie et pétillante : le plus léger de la série des Antoine Doinel, le plus drôle et le plus euphorisant. Un personnage qui a bien vieilli, regardé avec indulgence, comme en arrière, avec la nostalgie de ce qu'il n'a pas encore vécu.

Narayama bushiko - Ballade de Narayama (la)

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Réalisé par : Shohei Imamura (1926 - 2006)
En : 1983, Japon
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

4 saisons près de Narayama, en un temps indéterminé mais certainement lointain. Quelques familles sur 3 ou 4 générations, les travaux des champs, les pulsions des corps, le riz et la neige. Une petite société coupée de tout, sauf de ses besoins essentiels et de la nature. Pauvre, impitoyable, vivante. Trucculente, puisqu'il faut bien continuer à exister. Cruelle, par souci d'auto-préservation. Soucieuse de son honneur -même sans samouraïs- et panthéiste -même sans prêtres. L'éternelle histoire de la trahison des anciens, de la trahison des plus jeunes et de la fidélité au monde.

Man Who Wasn't There (The) - Barber (The)

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Réalisé par : frères Coen
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Frances McDormand (1957 - ), Billy Bob Thornton (1955 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Le coiffeur, dans les films, c'est au mieux un second rôle. Ed, lui, rêve d'une Place au soleil. Il n'est pas causant, notre coiffeur. Il écoute, il observe. Il regarde les cheveux pousser, s'émerveille que ça continue même après la mort. D'ailleurs, il est peut-être déjà mort. Ou alors, ce sont les autres qui le sont. Le monde selon Ed est un peu étrange. Pour changer de vie, il tente bien une ou deux choses. Mais alors, invariablement, des hommes très sérieux en costume 3 pièces viennent lui annoncer des trucs horribles : la prison, la mort. Un remake prolétaire et somnambulique de Noblesse oblige qui est aussi la meilleure adaptation que je connaisse de l'Etranger de Camus, à la sauce noir(e).

Barry Lyndon

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1975, Angleterre
Acteurs principaux : Marisa Berenson (1946 - ), Ryan O'Neal (1941 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 184 mn, couleur

Critique perso :

Il semble que Kubrick n'aimait pas beaucoup son époque (cf. Lolita, Dr Folamour) et mettait peu d'espoir dans l'avenir (cf. Orange mécanique). Avec ce film, nous voilà rassuré : il n'avait pas non plus beaucoup d'estime pour le passé ! Pas même dans le XVIIIème siècle, où sembla culminer pourtant le sens du raffinement et de la maîtrise de soi. Pour preuve, on suit l'éducation -pas sentimentale du tout- d'un jeune bourgeois-paysan-pauvre de cette époque. Sorti d'Irlande, il devient, via l'armée, la feinte et le cynisme, un parfait bourgeois-homme du monde-riche. Puis un rien du tout. Les images de ce film éclairé à la bougie, on ne les avait jamais vues avant. La cruauté des hommes, hélas, est de toutes les époques...

Barton Fink

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Réalisé par : frères Coen
En : 1991, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), Judy Davis (1955 - ), John Goodman (1952 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

Barton, dramaturge qui en a sous la tignasse, vient de triompher sur les planches de New-York avec sa pièce : une histoire de vrais gens. Hollywood, en plein âge d'or, l'appelle. Sur place, sans doute pour ne pas perdre le contact avec les vrais gens, il prend un hôtel hors du temps. Un nabab lui passe commande d'un scénario de film de catch - c'est dans ses cordes, ça le catch, avec des vrais gens... Barton retourne à ses p(l)ages blanches et au papier peint de sa chambre. Hors le monde, hors la vie -sauf celle de son encombrant et bavard voisin de pallier. Quand, enfin, il arrive à attirer dans son lit la muse d'un grand-écrivain-du-sud-alcoolo (toute ressemblance avec un auteur dont le nom commence par Faulk...), la mécanique dramatique folle démarrre enfin. Barton se laisse alors un peu déborder par son encombrant et bavard voisin de synapse... Méfiez-vous des réalisateurs à tignasse : ils sont capables de faire de grands films avec des tocards.

Deadline - U.S.A - Bas les masques

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Réalisé par : Richard Brooks (1912 - 1992)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Ethel Barrymore (1879 - 1959), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Kim Hunter (1922 - 2002)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Le compte à rebours a commencé pour Ed, rédacteur en chef super-compétent du « Day », quotidien new yorkais sous pression. Avec ses journalistes, il a des plusieurs affaires sur le feu, Ed : une sombre histoire de politicien véreux, celle d’une jeune fille retrouvée nue et noyée dans son manteau de fourrure. Et quelques autres, comme d’hab. Il a aussi une ex-femme désabusée, sur le point de refaire sa vie sans lui. Et là-dessus, les filles indignes du fondateur du journal veulent revendre le titre à la concurrence pour le liquider. Un vrai emploi du temps de super-héros. Un vrai film de super héros de la démocratie avec des vrais gens dedans.

Batman

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Kim Basinger (1953 - ), Michael Keaton (1951 - ), Jack Nicholson (1937 - ), Jack Palance (1919 - 2006)
Genre(s) : New York - New York /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une drôle de chauve-souris s'est installée à Gotham City, cette Metropolis du passé qui se serait inventée un futur. Elle s'appelle Batman, et se déguise occasionnellement en homme ordinaire, très riche et très chiant. Un héros aux deux visages, donc, qui ne serait à l'aise qu'avec les affaires à tiroir et les personnalités doubles (voire plus si affinités). Le Joker, comme son nom l'indique, est assez doué dans ce domaine : l'homme qui rit (de se voir si laid en son miroir) serait-il enfin un adversaire à la mesure de Batman..? Des personnages de cartoon camouflés en acteurs, jouant aux petites voitures vernies dans un New-York en légos sculptés.

Beau mariage (Le)

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1982, France
Acteurs principaux : Féodor Atkine (1948 - ), Arielle Dombasle (1958 - ), André Dussolier (1946 - ), Pascal Greggory (1954 - ), Béatrice Romand (1952 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

Sabine a un amant, mais elle n'a plus l'air bien accro. Elle a décidé de se marier, mais surtout pas avec lui. En fait, elle ne sait pas encore du tout avec qui. Mais elle a une copine qui, elle, a l'air d'avoir un avis sur la question. La copine lui lance presqu'habilement son gentil cousin entre les pattes. Ca ne se passe exactement comme prévu, mais pas forcément pour les raisons prévues. En fait, les postulants-tourtereaux ont tout pour se plaire, et c'est ce qui les sépare le plus. Ils ne se fréquentent guère, parce qu'ils se comprennent peut-être trop bien. Bref, il ne se passe quasiment rien et pourtant c'est comme si on venait d'assister à une grande aventure. Rohmer plagie par anticipation son futur Conte d'automne. Ca, encore, c'est compréhensible. Mais comment donc fait-il pour inventer ce qui se passera plus tard dans la tête de filles comme moi qui n'en ont pas encore la moindre idée ? Ca, c'est le vrai mystère.

Much Ado About Nothing - Beaucoup de bruit pour rien

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Réalisé par : Kenneth Branagh (1960 - )
En : 1993, Angleterre
Acteurs principaux : Kate Beckinsale (1973 - ), Kenneth Branagh (1960 - ), Michael Keaton (1951 - ), Keanu Reeves (1964 - ), Emma Thompson (1959 - ), Denzel Washington (1954 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Ca ressemble à la Toscane -ou au Paradis, ce qui est à peu près pareil. Mais c'est trop tard : les humains ont déjà appris à parler, pour s'aimer ou pour se tromper. Les hommes reviennent de guerre, de la gloire plein les poches. Les femmes les attendent -plus ou moins-, des fleurs plein les bras. Ils se parlent, ils jouent à jouer, à s'aimer et à se tromper. Ils en font toute une histoire, ils n'ont que ça à faire. Les acteurs, eux, jouent à jouer à jouer et à se faire prendre au jeu avec délices. "Shakespeare, Shakespeare..." c'était pas le nom d'un scénariste de Howard Hawks, ça ? Ah non ! Plutôt de Mankiewicz et de Wise -entre autres. Une espèce d'ancêtre commun, de nègre universel à tous les peintres de la tragédie de l'existence, et de la comédie du bonheur.

Beauté du diable (La)

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1950, France
Acteurs principaux : Gérard Philipe (1922 - 1959), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

Le vénérable Docteur Faust se voit remettre une médaille pour l'ensemble de son oeuvre. Autant dire qu'il a raté sa vie et qu'il n'en a plus pour longtemps. A peine le temps de remercier toute l'équipe qu'il n'eut jamais et voilà Méfisto, démon de second plan mais bien cabotin quand même, qui lui montre le miroir de ce qu'il aurait pu être. Et voici qu'apparaît sur un écran magique (sans doute fabriqué à Hollywood) : beauté, gloire et fortune. L'amour est aussi disponible en option, mais pas forcément compatible avec le reste du scénario. Le mythe est donc revisité en version vaguement post-atomique et néo-poétique, mais en conservant princesse, bohémienne et sacs d'or. De la bonne vieille ouvrage qualité française, donc, avec les meilleurs cabotins du moment, mais qui a tout de même un peu de mal à croire à sa jeunesse éternelle. Et qui sera bientôt bien perturbé par un truc nouveau venant de la mer...

Private Affairs of Bel Ami (The) - Bel Ami

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Angela Lansbury (1925 - ), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Bel(le) tronche et (faux) ami, George Duroy est un provincial sans le sou, arriviste et pique-assiette, promis à une belle carrière mondaine dans le Paris de la fin du XIXème. Son principal atout : il a l’air d’un gentleman distingué et il plait aux femmes. Son principal fardeau : la même chose. Grâce à un copain de régiment (et surtout à la femme du copain), il devient journaliste : couverture idéale pour aller partout et être au courant de tout. La politique, l’économie… rien ne lui échappe, surtout pas la rubrique people, qu’il invente au passage. Pour le reste, il préfère évidemment rater sa vie (amoureuse) que la gâcher (socialement). Les femmes -ses femmes- sont largement aussi intelligentes que lui -et nettement plus sympas-, mais ce sont des femmes. Il arrivera brillamment à tout foirer. Avec élégance. Le film est tout aussi élégant, et ne foire rien.

Belle de jour

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Réalisé par : Luis Bunuel (1900 - 1983)
En : 1967, France
Acteurs principaux : Francis Blanche (1919 - 1974), Catherine Deneuve (1943 - ), Françoise Fabian (1932 - ), Bernard Fresson (1931 - 2002), Michel Piccoli (1925 - ), Jean Sorel (1934 - )
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, couleur

Critique perso :

Madame rêve. Elle rêve de traverser en calèche une forêt obscure avec son gentil mari. Elle rêve de se faire humilier, attacher, fouetter, violer. Avec la complicité du gentil mari. Elle rêve qu'il lui arrive quelque chose. Madame vit dans un joli appartement. Elle ne fréquente que des gens raisonnables. A part peut-être ce Husson, passeur pervers vers d'autres mondes. Un jour, cédant à de douces suggestions, Madame va se décider. Elle va s'adonner à un très respectable petit artisanat local. Madame va faire la pute. Mais en maison bourgeoise. A mi-temps, dans ses heures creuses, avant 5h. Pendant le turbin de son gentil mari. Là, c'est comme si elle pénétrait enfin dans les coulisses du monde. Et dans les siennes. Comme si elle vivait une autre vie, enfin. Madame rêve, madame vit ses rêves, carambolage garanti. Et malaise assuré chez tous les spectateurs, dont la vocation est de se contenter de rêver.

Belle et la bête (La)

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Réalisé par : Jean Cocteau (1889 - 1963)
En : 1946, France
Acteurs principaux : Michel Auclair (1922 - 1988), Josette Day (1914 - 1978), Jean Marais (1913 - 1998)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants /poésie en image
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

La Belle est contrainte de faire la bonne chez ses horribles soeurs. Elle adore son papa. La Bêêête vit dans un chateau fantastique au coeur de la forêt. Le papa s'y égare, fait une gaffe. Pour avoir le droit de rentrer chez lui, il devra laisser sa fille en otage au maître des lieux. Cette Bêêête au visage de lion, aux manières de prince et aux instincts d'animal est un concentré de douleurs et de contradictions. Son domaine est une prison végétale où les murs s'animent de membres et de figures humaines qu'il n'a pas. La magie et l'inquiétude naissent des objets les plus quotidiens. Rythme majestueux, images sublimes, profusion de symboles : le sortilège opère toujours.

Belles de nuit (Les)

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1952, France
Acteurs principaux : Martine Carol (1920 - 1967), Gina Lollobrigida (1927 - ), Jean Parédès (1914 - 1998), Gérard Philipe (1922 - 1959)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Claude a deux vies : le jour, c'est un professeur de musique rêveur -et chahuté-, le soir c'est un compositeur d'opéra, rêveur aussi -et bien sûr complètement ignoré. Un ange musicien égaré dans un monde de cacophonie. Comme aucune de ces vies n'a l'air satisfaisante, il en a même une troisième : en fait, la bonne, c'est quand il dort. Gérard Philippe, à peine sorti du pays des merveilles de Juliette, replonge. Accro aux rêves dont il est le héros, encore. Ici, ils sont plus variés dans le temps et l'espace (la Révolution, les colonies, la Belle Epoque..), on sent qu'il est plus allé au cinéma. On dirait même qu'il a vu le Minuit in Paris de Woody Allen, tellement qu'on s'y croirait (Hemingway et Gertrud Stein en moins). Les réalisateurs vieillissants des années 50 n'aimaient décidément pas leur époque, ils espéraient encore que le cinéma les en sauvent.

Ben-Hur

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Réalisé par : William Wyler (1902 - 1981)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Stephen Boyd (1931 - 1977), Charlton Heston (1924 - 2008), Sam Jaffe (1891 - 1984)
Genre(s) : à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 212 mn, couleur

Critique perso :

Judas Ben-Hur, prince de Judée, retrouve son amant d'enfance (cf. Celluloid Closet) Massala, qui prend le commandement des troupes romaines à Jérusalem. Mais ils ne s'entendent plus aussi bien qu'avant. Judas, accusé d'en vouloir aux romains, est bientôt envoyé aux galères. Heureusement, il tape dans l'oeil d'un consul romain qui l'adopte. Requinqué à Rome, il retourne conquérir Esther (son ancienne esclave) et la Judée. Et se venger de Massala (puisque rien n'arrête son char). Le contexte historique, c'est le début de l'ère chrétienne. Ce qui explique que l'on croise le roi Balthazar, Ponce Pilate et un type aux cheveux longs qu'on ne voit que de dos mais qu'on parierait barbu, et qui a l'air de faire un drôle d'effet sur tous ceux qu'il regarde dans les yeux. On s'attend aussi, parfois, à voir surgir Lawrence d'Arabie au coin d'un palmier. Le contexte théologique, c'est que les caprices du destin n'ont rien d'arbitraires et que, si on y croit, la vie a vraiment un sens. Le contexte cinématographique, c'est le péplum qui en met plein la vue. Kitch mais encore très regardable.

Bianca

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 1984, Italie
Acteurs principaux : Laura Morante (1956 - ), Nanni Moretti (1953 - ), Remo Remotti (1924 - 2015)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 96 mn, couleur

Critique perso :

Michele Apicella (cf. épisodes précédents) est nommé prof de maths dans un collège romain modèle (juke box dans les salles de classe et psy à demeure pour les enseignants), et il continue à faire la tronche. Le monde tel qu'il est, ou devrait être, c’est toujours trop pour lui. Il serait peut-être un peu rigide sur les bords, d’ailleurs il n’aime que le chocolat et les chaussures des femmes. Même Bianca, la prof de français plus que modèle (d’ailleurs elle a de très jolies chaussures) qu’il arrive à draguer, elle est trop pour lui. Le couple, l’amour, c’est vraiment des trucs qui l’obsèdent et le dépassent. D'ailleurs, c’est jamais comme il faut, toujours trop ou pas assez bien. Eternel inadapté, rigide sur les bords, l'esprit pas très bianco. Débordé de partout, le Michele.

Biches (Les)

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Stéphane Audran (1932 - 2018), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Sur le Pont des Arts, une riche snobinarde drague une artiste des rues fauchée et l'emmène glander dans sa villa de St Trop'. Bord de mer, marchés pittoresques, soirées chics et tocs, pétanques et trophés de chasse. Luxe, calme et décoltés, à peine troublés par les blagues minables de deux pique-assiettes navrants, jusqu'à ce que débarque Paul, architecte et homme idéal. Là, les sentiments se gâtent et les relations se compliquent. Les personnages deviennent plus opaques : ils s'imitent les uns les autres, échangent leur rôle, s'épient, s'envient, se dupent. L'atmosphère s'alourdit. La patte de Chabrol sort ses griffes : un de ses films dont il ne cesse, depuis, de faire le remake.

Bidone (Il)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1955, Italie
Acteurs principaux : Richard Basehart (1914 - 1984), Broderick Crawford (1911 - 1986), Franco Fabrizi (1926 - 1995), Giulietta Masina (1920 - 1994)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, NB

Critique perso :

Ils opèrent en groupe et en province. Leur spécialité (bien avant l'invention d'Internet, des spams et des hoax), c'est l'arnaque à la nigérianne : extorquer quelques sous à ceux qui n'en n'ont déjà pas assez pour vivre, en faisant miroiter des histoires mirobolantes et des trésors extravagants. En costumes respectables, pour mieux faire passer leurs pilules amères, ils jouent des sketchs qu'ils sont les seuls à apprécier. Ce sont des acteurs largués de leur vraie vie, cyniques par profession, minables et touchants, des Misifits avec du bagout, des Vitelloni qui ont mal tourné. Ils ont déjà grillé pas mal de leurs cartouches, ils sont unis comme les doigts de mains différentes. Ils ne touchent à la Dolce vita qu'avec les yeux. Et à leur nullité avec le ventre. Et nous avec le coeur.

Being There - Bienvenue Mr. Chance

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Réalisé par : Hal Ashby (1929 - 1988)
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Melvyn Douglas (1901 - 1981), Shirley MacLaine (1934 - ), Peter Sellers (1925 - 1980)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Le "vieil homme" meurt. Son jardinier, un certain Mr. chance (il en aura bien besoin), se retrouve à la rue avec pour seul héritage un beau costume et des bonnes manières. Un grand amour des plantes, aussi. Etant donnés ses capacités intellectuelles, son capital culturel et ses compétences relationnelles proches de celles du hamster, on ne lui donnerait pas deux jours de survie en milieu urbain normal. Mais Mr. Chance (il en a) ne vit pas en milieu urbain normal : il habite Washington, où il tombe le plus naturellement du monde dans le haut du gratin du panier du ghotta politicien mondial. Et là, miracle, ses maximes botaniques d'almanach passent pour de la divination à triple fond. L'habit ferait-il le crac ? Rien n'aurait changé depuis Le Magicien d'Oz ? En tous cas, les américains y croient toujours.

Big Fish

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Albert Finney (1936 - ), Jessica Lange (1949 - ), Ewan McGregor (1971 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Quand un pêcheur mythomane raconte sa dernière pêche, et qu'il est meilleur mythomane que pêcheur, ça peut devenir une épopée fantastique, une aventure fabuleuse. Edward est comme ça : il n'a pas de mains d'argents (il en a pourtant vendues) mais sa parole est d'or. Son don à lui, c'est de transformer en mythe le moindre épisode de sa petite vie tranquille - et d'énerver son matérialiste de fils. Edward est très malade, le fils et sa femme enceinte sont à son chevet, ils ont enfin le temps de se refiler le seul héritage familial qui vaille : des histoires, encore des histoires. Des histoires en images, parce que c'est ce que son pays a inventé de mieux. Quand un cinéaste mythomane, aussi bon cinéaste que mythomane, raconte à quel point il aime les histoires (de cinéma), ça peut devenir un film fantastique, une oeuvre fabuleuse.

Big Lebowski (The)

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Réalisé par : frères Coen
En : 1998, USA
Acteurs principaux : Jeff Bridges (1949 - ), Steve Buscemi (1957 - ), Ben Gazzara (1930 - 2012), John Goodman (1952 - ), Julianne Moore (1960 - ), Philip Seymour Hoffman (1967 - 2014), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Dans la famille Lebowski, il y a le vrai (patriarche self-made man façon Duel au soleil, riche, apparemment), le faux (fauché, à coup sûr), l'épouse actuelle (voir Lolita) et la fille (artiste trash-bobo : Julianne Moore, reprise là où Short Cuts l'avait laisée). Il y a aussi quelques comparses, partenaires de bowling ou kidnappeurs d'opérettes, tous plus nazes les uns que les autres. Dans Miller's Crossing, le héros était trop fort pour nous (et pour lui-même aussi, d'ailleurs). Ici, c'est plutôt le défilé des rase-mottes : des personnages prétextes à un réjouissant carnaval de mythes, symboles et archétypes (tous les westerns et toutes les comédies musicales d'Hollywood y passent, et on passe même une nuit avec Maude). On aime (les nuls), on ne compte pas.

Bigamist (The) - Bigamie

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Réalisé par : Ida Lupino (1918 - 1995)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Ida Lupino (1918 - 1995), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Harry Graham est le parfait mari d’Eve. Ils vivent à San Francisco. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des amours possibles s’ils pouvaient avoir un enfant. Procédure d’adoption en cours. C’est l’agent chargé à cette occasion de se renseigner sur la vie des époux qui découvre le pot aux roses. En fait, à Los Angeles, où il va souvent pour son travail, Harry est aussi le parfait époux de Phyllis, avec qui il vient d’avoir un bébé. Pas de suspens, donc, on comprend vite la situation. L’enjeu du film c’est : comment il en est arrivé là, le pauvre chou ? Parce qu’attention : un bigame, c’est pas du tout quelqu’un qui méprise le mariage. Au contraire, il aime et respecte tellement ça qu’il préfère en contracter plusieurs que prendre une maîtresse. Admirable comportement. Et habileté suprême, c’est la quasi-seule réalisatrice répertoriée de l'époque qui se coltine avec empathie cette émouvante confession en l’honneur du traitre le plus sincère qu’on ait imaginé. Impressionnant dévouement de part et d’autre.

Blade Runner

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Réalisé par : Ridley Scott (1937 - )
En : 1982, USA
Acteurs principaux : Harrison Ford (1942 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est en 2019 que les "répliquants" (créatures artificielles créées à l'image de l'homme) les plus évolués commencent à se poser des questions métaphysiques. A cette époque-là, ils passent haut la main le test de Turing, mais ont encore un peu de mal avec celui de Voight-Kampff : un truc qui, apparemment, a à voir avec la dilatation de leur pupille sous l'effet d'une émotion (ce qui ne les empêche pas de bosser comme des brutes dans des colonies lointaines). Ca les pousse à venir demander une augmentation (de durée de vie) à leur patron, à L.A. (devenu un souk asiatique brumeux). Deckard, lui, a la pupille exercée à repérer les répliquants (peut-être bien qu'il leur ressemble un peu trop, d'ailleurs) : il est chargé d'intercepter l'ambassade. Du coup, il commence à se poser des questions métaphysiques... Un must, à voir les pupilles (et les questions métaphysiques) bien ouvertes.

Blanche

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Réalisé par : Walerian Borowczyk (1923 - 2006)
En : 1971, France
Acteurs principaux : Ligia Branice (1932 - ), Jacques Perrin (1941 - ), Michel Simon (1895 - 1975), Georges Wilson (1921 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Blanche est très belle et très convoitée. Elle est mariée à un respectable (mais pas très jeune ni très beau, pardon Michel) Seigneur, elle attire le regard du Roi himself, en visite, ainsi que du page fort joli garçon qui l’accompagne. Et même de son beau beau-fils. On l’aura (peut être) compris, ça se passe au Moyen-Âge. Sans frou frou et sans chichi, mais avec armes et bagages, dans une ambiance minérale austère de chateau fort à conquérir et de belle sauver (et le contraire). Conte cruel, drame pervers, histoire éternelle d’hommes qui doivent élire parmi eux le mâle dominant. Enfin, comme on est au Moyen âge, c’est pas vraiment une élection et le résultat est connu d’avance : à la fin, c’est le Roi qui gagne. Et le cinéma y a aussi un peu gagné.

Blonde Venus

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Cary Grant (1904 - 1986), Herbert Marshall (1890 - 1966)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

En bonne Vénus qui se respecte, elle est née des eaux, Hélène. Se baignant nue dans un lac de la Forêt Noire, elle a rencontré un américain (un certain Faraday) et l'a suivi dans sa cage dorée new-yorkaise. Leur histoire est devenue le conte préfére qu'ils rejouent à leur fiston, le soir au coin du lit. Mais Marlène, on la connaît : c'est quand elle est en tablier dans sa cuisine qu'elle a l'air déguisée. Bientôt, le gentil mari scientifique est victime de ses radiations, il doit aller se faire soigner en Allemagne. Pour sauver les meubles, Hélène remonte sur les planches. Succès immédiat, conquête immédiate du dandy local, compromis et états d'âme. Allemande et Américaine, Hélène incarne les contradictions de son époque : elle est à la fois la belle et la bête, l'étoile et le ver de terre, la maman et la putain. Une statue de chair, avec un chapeau. Toutes les femmes à la fois, mais en mieux.

Blowup

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Réalisé par : Michelangelo Antonioni (1912 - 2007)
En : 1966, Angleterre
Acteurs principaux : Jane Birkin (1946 - ), David Hemmings (1941 - ), Vanessa Redgrave (1937 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Vive le DVD (et la touche "Pause") ! Après 2 tentatives sur grand écran, j'ai enfin vu quelque chose dans les clichés du photographe... Reprenons au début. Un photographe très fashion, donc, et ses trois vies : celle du peuple et des ouvriers, auxquels il se mèle pour faire de l'art. Celle des postulantes top-models court-vêtues du swinging London années 60, auxquelles il se mèle aussi, pour faire de la pub. Et une 3ème, où il se mèle de ce qui ne le regarde pas. C'est celle qu'il imagine derrière les images, prises à la dérobée, d'un couple bourgeois dans un parc tranquille. Où, peut-être, se cache un meurtrier. Et un cadavre. Si le monde est un leurre et si la nature, comme dans L'Eclipse et le Désert rouge, ressemble à une peinture abstraite, dans quel sens faut-il regarder le tableau, quel est le bon angle ? Un labyrinthe avec plein de coins, un inquiétant vertige en couleur, un étrange malaise pop,

Rokudenashi - Bon à rien

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Réalisé par : Kiju Yoshida (1933 - )
En : 1960, Japon
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Ce sont des vitelloni de capitale. Il y a un fils à papa (patron, le papa), qui entretient un peu les autres en ralant. Il y a l'étudiant éternel, le bidouilleur-magouilleur et l'acteur raté. Gueules d'anges, inquiétudes métaphysiques et comportements de gougeats. Il y a la secrétaire du papa du fils à papa, aussi, réputée pas commode parce qu'elle ne rêve pas de devenir bobonne et qu'elle est la seule qui leur tient tête. Ils s'ennuient beaucoup, ne savent pas quoi faire de l'énergie qu'ils n'ont pas, mais sauraient très bien quoi faire avec l'argent qu'ils n'ont pas non plus. Ils sont déjà las de la vie qu'ils n'ont pas encore vécue, à bout de souffle à force de glander. Ils jouent avec le feu, l'amour et le fric, jamais raccords avec leurs désirs, que d'ailleurs ils ignorent. Ils sont jeunes, quoi.

Bonheur (Le)

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1965, France
Acteurs principaux : Jean-Claude Drouot (1938 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 79 mn, NB

Critique perso :

Il s'appelle François Chevalier. Il est charpentier, elle est couturière. Ils se sont mariés, ils sont heureux et ont deux beaux enfants. Ils vivent au paradis des pique-nique et de la banlieue parisienne paisible. Un jour pourtant, M. (preux) Chevalier rencontre dans la rue du chateau (de Vincennes) une postière tentante -et se laisse tenter. Un anti-vaudeville commence, tout en provocations calmes, en couleurs vives et en douceur. L'utopie d'un monde sans drame et sans crise, où l'amour s'ajoute à l'amour et le bonheur au bonheur. Le rêve-malaise d'une humanité harmonieuse et sans culpabilité, qui serait enfin douée pour ce qu'elle prétend aimer.

From Russia with Love - Bons baisers de Russie

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Réalisé par : Terence Young (1915 - 1994)
En : 1963, Angleterre
Acteurs principaux : Sean Connery (1930 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Après s'être fait tuer dans un obscur jardin, James 007 est envoyé pour une mission tout aussi obscure à Istanbul, d'où il envoie ses baisers de Russie (mais ses points forts ne sont pas la géographie). Le drôle d'ange blond qui l'a tué (et qui ressemble terriblement à l'incarnation de Bond version 2006) le suit comme son ombre... Comme un successeur qui s'impatiente déjà ? Et si le SPECTRE n'était qu'une marionnette ? (de Moscou, of course). Et laquelle des deux miss Monde qui s'arrachent les chignons (et le reste) en costumes de bohémiennes James préfère-t-il ? Nous n'en saurons rien. Un film d'espionnage old school, à base de stratégie échiquéenne plus que de gadgets tonitruants. Le plus hitchcockien des Bond, le génie en moins mais Sean en plus.

Boucher (Le)

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Réalisé par : Claude Chabrol (1930 - 2010)
En : 1970, France
Acteurs principaux : Stéphane Audran (1932 - 2018), Jean Yanne (1933 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Au début, l'homme vivait dans des grottes. Un peu plus tard, il s'est mis un costume de marquis et a appris à danser le menuet -puis la valse- sans jamais cesser d'aimer la viande. Certains specimen en ont même fait leur métier : ils sont devenus bouchers. Et puis, est apparue la blonde hitchcockienne : belle, froide, inacessible. Quand elle débarque dans le Périgord, elle ne passe pas inaperçue. Et cinéphile, avec ça. Comme elle a vu Rio Bravo, elle sait qu'il faut se méfier des gouttes de sang qui tombent du ciel. Comme elle a vu L'Inconnu du Nord-Express, elle sait qu'il faut aussi se méfier des histoires de trains et de briquets qui trainent. Mais son propre film à elle restait à faire (merci M. Chabrol !). Cette transposition de M le maudit dans la province des années 60 n'a rien perdu de son tranchant.

Boudu sauvé des eaux

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1932, France
Acteurs principaux : Charles Granval (1882 - 1943), Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : Paris /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 81 mn, NB

Critique perso :

Boudu, clodo un rien dépressif depuis que son chien l'a laché, a la bonne idée de se jeter dans la Seine juste sous les yeux de M. Lestingois, brave bougeois progressiste (c'est-à-dire qui aime les livres et trompe sa femme avec la bonne). Sauvé des eaux, l'anar pratiquant rencontre donc son théoricien : l'humaniste compatissant. Il s'incruste, fait preuve de bonne volonté pour s'adapter aux usages de la maison, et de désirs pressants auprès des dames qui y vivent. Sur une chanson populaire, la douce contagion du plaisir gagne du terrain. Avec lui, tout peut arriver. Mais, au bout du compte, Boudu sera le seul fidèle à lui-même : prophète hédoniste, inculte incurrable, bon à rien professionnel. Insaisissable, comme l'eau d'où il vient et où il retourne. D'ailleurs, il se réincarnera bientôt en marinier insubmersible. Mais c'est une autre histoire.

Sunset Blvd. - Boulevard du Crépuscule

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Cecil B. DeMille (1881 - 1959), William Holden (1918 - 1981), Buster Keaton (1895 - 1966), Gloria Swanson (1897 - 1983), Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Voix off d'outre-tombe pour le premier flash-back post-mortem de l'histoire du cinéma : Joe, donc, est mort. Noyé dans l'objet de son désir : une piscine sur Sunset Blvd., Hollywood. Et avec trois balles dans la peau. Un peu avant, Joe se contentait d'être comme la moitié des habitants de L.A. : un scénariste raté. Jusqu'au jour où sa voiture crève devant chez Norma, richissime ex-star du muet, en pleine préparation ultra-secrète de son come-back. Il devient courtisan, puis courtisé. Complice, compromis, corrompu. Condamné... Victime, comme Norma, de l'illusion à laquelle il a consacré sa vie. Billy Wilder, coté obscur. Derrière l'hommage aux pionniers du cinéma, aux Griffith, DeMille et Stroheim (et au fantôme de Buster Keaton qui joue aux cartes), se profile une féroce satire et une vision fulgurante, qui désigne la rubrique people et les faits divers comme avenir possible de son art.

Hangmen Also Die - Bourreaux meurent aussi (Les)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Walter Brennan (1894 - 1974)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 140 mn, NB

Critique perso :

Pour les Praguois de 1940, les bourreaux avaient un nom : Heydrich, représentant d'Hitler. Ca n'a pas dû chagriner grand monde quand il a été assassiné. Mais le film va plus loin : il raconte comment un peuple entier en arrive à prendre sur lui le crime d'un seul -tel un messie à l'envers. Et comment, une fois n'est pas coutume, ses héros s'inventent un prétexte amoureux pour cacher une cause politique. Le grand Brecht est au scénario. Pour l'image, on peut faire confiance à Lang. Il a prouvé dans M qu'il savait regarder une histoire avec ses deux yeux (un pointé sur la police, un dans les bas-fonds). Il refait le coup ici, en laissant traîner sa caméra aussi bien au siège de la Gestapo que chez les résistants. Je ne sais pas si le récit contient une quelconque once de vérité, mais il le mérite.

Brazil

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Réalisé par : Terry Gilliam (1940 - )
En : 1985, Angleterre
Acteurs principaux : Robert De Niro (1943 - ), Ian Holm (1931 - ), Jonathan Pryce (1947 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 131 mn, couleur

Critique perso :

Je ne sais pas si Terry Gilliam avait entendu parler de l'effet papillon. Lui, en tout cas, a inventé l'effet moustique. C'est un stupide moustique écrasé tombé sur un listing qui est le point de départ cataclysmique de ce film. Fatal engrenage parce que, dans le monde de Brazil, les papiers, les machines et les tuyaux sont bien plus importants que les hommes : un moustique, et tout peut dérailler. D'ailleurs, tout déraille. Au fait, où et quand ça se passe ? Bonne question ! Il y a des gens qui travaillent (plus ou moins), des riches qui se pavanent et des pauvres qui rament, des faux-culs, des clandestins et des fonctionnaires. Donc c'est à peu près comme ici et maintenant et toujours -mais en pire. Ce monde-là, on ne l'a jamais vu nulle part mais on a l'impression de le reconnaître tout de suite. C'est par où la sortie ? Alors là, pas de bonne réponse. Essayer la musique et le rêve, à tout hasard.

Bread and Roses

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Réalisé par : Ken Loach (1936 - )
En : 2000, Angleterre
Acteurs principaux : Adrien Brody (1973 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Los Angeles : ses stars, ses buildings... et, de l'autre côté des vitres, ses passagers clandestins venus du Mexique. Ils travaillent de nuit, balaient, nettoient et se taisent, en parfaits hommes invisibles qu'on leur demande d'être. Rosa et sa soeur Maya sont de ceux-là. Trop heureuses d'être là pour oser, en plus, réclamer quoi que ce soit (congés payés, sécu et paiement des heures sup). Heureusement, Ken Loach veille et leur dépèche un syndicaliste comme il les aime, débrouillard et insolent, pour donner une leçon de politique à ses grands frères d'outre Atlantique. Ils les auront, ces exclus, leurs roses -épines comprises, qu'ils s'empresseront de planter dans le talon du géant américain.

Breaking the Waves

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Réalisé par : Lars von Trier (1956 - )
En : 1996, Danemark
Acteurs principaux : Jean-Marc Barr (1960 - ), Katrin Cartlidge (1961 - 2002), Stellan Skarsgard (1951 - ), Emily Watson (1967 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 159 mn, couleur

Critique perso :

Les grands pervers et les grands saints sont faits pour s'entendre (pour racheter les uns, il faut bien que quelques-uns des autres se dévouent...). Jan descend du ciel dans un hélicoptère ; attention, c'est un piège, c'est lui le grand pervers. D'ailleurs sa santé -en fait : son salut, bien sûr- ne tarde pas à se déteriorer. Coup de bol : il a juste eu le temps, avant, de se marier avec Bess, esprit fragile mais coeur en or massif et une foi en béton, prête à tout pour sauver son homme. Il y en a qui ont commencé à lacher Lars von Trier avec ce film : moi, c'est plutôt après que j'ai commencé à trouver ses intentions un peu douteuses. Ici, j'ai marché comme à ma première communion !

Broadway Danny Rose

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Mia Farrow (1945 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 84 mn, NB

Critique perso :

Danny n'a peut-être jamais existé, ce sont les autres qui en parlent le mieux. Les autres, ce sont tous les tocards du show-biz dont il s'est occupé -et à New York, ça fait du monde. Danny est l'impressario des nazes et des (futurs et déjà) has-been, le genre doué pour tous les ratages, le genre dont on se sépare dès que le moindre succès pointe. Pour se consoler, il a en stock une tripotée d'oncles philosophes (qui n'ont peut-être jamais existé) qu'il cite à tout propos. Un jour, il doit accompagner une poupée Barbie au spectacle d'un de ses crooners... En sous texte, je crois que Woody raconte sur le mode burlesque mineur son incrédulité et son émerveillement d'avoir réussi à séduire l'ancienne femme de Frank Sinatra, et de ses supposés dangereux soutiens mafieux. Un récit dans le récit qui finit les yeux dans les yeux.

Bête humaine (La)

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Blanchette Brunoy (1918 - 2005), Julien Carette (1897 - 1966), Jean Gabin (1904 - 1976), Fernand Ledoux (1897 - 1993), Jean Renoir (1894 - 1979), Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Le roman de Zola proposait un vaste panorama du meurtre sous toutes ses formes. Renoir a tranché dans le vif (deux morts seulement !). Il a conservé le prétexte de la théorie un peu lourdingue de l'atavisme alcoolique, tout en se concentrant sur le trouble entrelacement du désir et de la pulsion de mort. Et il a exploité à fond la poésie visuelle des trains : le destin est sur les rails et il roule à toute vitesse. C'est l'enfer au fond de la chaudière. Quant au cheminot, lui, il sonne toujours deux fois (chez la femme du sous-chef de gare). Et Gabin, on dirait qu'il a fait ça toute sa vie.

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