Ca commence par une campagne de projection massive d'insecticide par hélicos (façon Apocalypse Now) et ça finit par un tremblement de terre. Bref, on est un peu comme dans Le Septième sceau : en sursis très provisoire de la colère du ciel. Que font les humains de L.A., en attendant ? Pas mal de bêtises. Ils s'agitent, s'énervent, vont à la pêche aux truites et aux coeurs, pleurent leurs amours perdues. Le temps de quelques heures, des secrets bien noyés referont surface, le petit Finnegan ne se réveillera pas... Altman met à nu ses personnages : depuis Nashville, on ne l'avait jamais vu aussi en forme avec autant de monde. Son incroyable montage réussit à ménager de multiples passerelles entre de multipes histoires. Plein de petites choses qui finissent par faire un grand film.
Dans la famille Lebowski, il y a le vrai (patriarche self-made man façon Duel au soleil, riche, apparemment), le faux (fauché, à coup sûr), l'épouse actuelle (voir Lolita) et la fille (artiste trash-bobo : Julianne Moore, reprise là où Short Cuts l'avait laisée). Il y a aussi quelques comparses, partenaires de bowling ou kidnappeurs d'opérettes, tous plus nazes les uns que les autres. Dans Miller's Crossing, le héros était trop fort pour nous (et pour lui-même aussi, d'ailleurs). Ici, c'est plutôt le défilé des rase-mottes : des personnages prétextes à un réjouissant carnaval de mythes, symboles et archétypes (tous les westerns et toutes les comédies musicales d'Hollywood y passent, et on passe même une nuit avec Maude). On aime (les nuls), on ne compte pas.