Paul Biegler est un pêcheur à la ligne assez performant -et un avocat occasionnel pas mauvais non plus. Alors, quand une certaine Laura vient lui demander très gentiment de défendre son cher assassin de mari, il flaire le gros poisson. Le mari est coupable, personne (même pas lui) ne le conteste, mais était-il responsable au moment des faits ? Ca, ça se discute. Et les américains ne discutent jamais aussi bien que dans une cour d'assise. Paul est assez bon pour diriger les projecteurs de la procédure là où il faut, pour coacher son casting de témoins et pauffiner leur texte sans avoir l'air d'y toucher (la clé de l'affaire, c'était à prévoir, est dans la culotte de Laura). Preminger aussi.
Dans la famille Lebowski, il y a le vrai (patriarche self-made man façon Duel au soleil, riche, apparemment), le faux (fauché, à coup sûr), l'épouse actuelle (voir Lolita) et la fille (artiste trash-bobo : Julianne Moore, reprise là où Short Cuts l'avait laisée). Il y a aussi quelques comparses, partenaires de bowling ou kidnappeurs d'opérettes, tous plus nazes les uns que les autres. Dans Miller's Crossing, le héros était trop fort pour nous (et pour lui-même aussi, d'ailleurs). Ici, c'est plutôt le défilé des rase-mottes : des personnages prétextes à un réjouissant carnaval de mythes, symboles et archétypes (tous les westerns et toutes les comédies musicales d'Hollywood y passent, et on passe même une nuit avec Maude). On aime (les nuls), on ne compte pas.