Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'F'

40 réponses classées par ordre alphabétique


Fabuleux destin d'Amélie Poulain (Le)

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Réalisé par : Jean-Pierre Jeunet (1953 - )
En : 2001, France
Acteurs principaux : Mathieu Kassovitz (1967 - ), Claire Maurier (1929 - ), Yolande Moreau (1953 - ), Isabelle Nanty (1962 - ), Audrey Tautou (1978 - )
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 129 mn, couleur

Critique perso :

Voyage à l'intérieur d'une carte postale de Paris. En compagnie d'Amélie, ange gardienne postulante au statut de jeune fille, et de Nino, jeune homme postulant au statut d'ange gardien d'Amélie. Elle a toujours le nez en l'air, il passe son temps à fouiller par terre. Le scénariste a beaucoup ramé pour retarder de 2h leur rencontre. Il a pour cela compilé tous ses carnets de notes, ses blagues de potaches et ses élans d'ado. Il a joué à Marabout-bout de péloch'. Réalisé par un perfectionniste, poncé au cliché, poli au chromo, verni au numérique. Mais beaucoup de petites choses en font-elles une grande ? On verrait mieux la grâce, si elle avait besoin de moins de pigeons. Ca me serait plus sympathique, si ça cherchait un peu moins à l'être sans arrêt.

Falstaff

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1965, France
Acteurs principaux : John Gielgud (1904 - 2000), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Fernando Rey (1917 - 1994), Marina Vlady (1938 - ), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /épique pas toc
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

Enorme. Il est énorme, en poids du corps et en poids des mots. Il gagne sa vie en déchargeant les bourses de quelques uns de ses semblables, et surtout en régalant les autres des récits de ses énormes exploits. En les exagérant ou en les inventant, si besoin. Il paie en mots ce qu'il ne peut pas payer en monnaie sonnante, c'est le plus généreux des bavards. En plus, il a d'excellentes fréquentations qui font de lui, aussi, un potentiel poids lourd politique. Le fils du Roi himself l'accompagne dans ses chasses, et lui prête des oreilles qui valent l'or de la couronne qu'il ne porte pas encore. Le Prince apprend avec Falstaff la seule chose que son père est incapable de lui payer ou de lui transmettre : jouer, et rire. Mais rien n'échappe à la raison d'Etat, surtout pas la bonne humeur de sang royal... Le budget fut sans doute modeste mais les mots sont de l'énorme Shakespeare, et les comédiens font le poids. Sans aucune lourdeur, et comme à la vitesse d'un cheval au galop.

Kabhi Khushi Kabhie Gham... - Famille indienne (La)

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Réalisé par : Karan Johar (1972 - )
En : 2001, Inde
Acteurs principaux : Amitabh Bachchan (1942 - ), Jaya Bhaduri (1948 - ), Kajol (1974 - ), Shahrukh Khan (1965 - ), Rani Mukherjee (1978 - ), Hrithik Roshan (1974 - )
Genre(s) : Bollywooderie /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique
Caractéristiques : 210 mn, NB/couleur

Critique perso :

1ère partie : comment défaire une famille indienne idéale. Ils sont très riches et très beaux, ils vivent dans une espèce de chateau de Versailles. Maman est très proche de son aîné : elle sent sa présence avant même qu'il soit descendu de son hélico. Mais il a le mauvais goût de tomber amoureux sans prévenir papa (et de la fille de la bonne, en plus). Banissement.
2ème partie : comment réconcilier une famille indienne idéale. Toujours très riche et très beau, l'aîné s'est installé à Londres. On avait quitté le benjamin en bouboule de canapé. Entre temps, il s'est fait poussé les muscles et s'est entraîné avec Michaël Jackson. Il débarque aussi à Londres. Comme en plus il a changé la couleur de ses yeux, on ne le reconnaît pas (enfin, pas tout de suite). Les jeunes ont le mal du pays, les vieux le mal de leurs enfants. On les croit parce qu'ils ont tous du vent dans les cheveux aux moments importants. On soupçonne que ça doit pouvoir s'arranger.
Pour s'initier à Bollywood, ce n'est pas nécessairement la meilleure porte d'entrée. Ou alors, juste pour apprendre à fixer le niveau de son propre seuil de tolérance au kitch.

Family Viewing

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Réalisé par : Atom Egoyan (1961 - )
En : 1988, Canada
Acteurs principaux : David Hemblen , Arsinée Khanjian (1958 - ), Gabrielle Rose (1954 - )
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 86 mn, couleur

Critique perso :

Aline, jeune femme esseulée et Van, jeune garçon perturbé, se rencontrent dans un hospice, aux chevets respectifs de leur mère vs. grand-mère, toutes deux aussi mal en point. La jeune femme vie en faisant semblant d'aimer des hommes au téléphone. Le jeune garçon a une gentille famille recomposée qui a l'air de sortir d'un mauvais sitcom. Mais, dans leur chambre, son père et sa belle-mère se fabriquent d'autres feuilletons amateurs, plus personnels, en effaçant sur des vieilles cassettes vidéos les images de la mère, qui s'est tirée, et de la grand-mère malade. Des fois, avec l'aide de la voix d'Aline. Les images effacent les images, les gens remplacent les gens, la vie est une grande aventure par procuration. Egoyan, qui n'en est qu'à son deuxième film, se préoccupait déjà pas mal des trous de mémoire de l'histoire personnelle, et des traces qui se supperposent.

Sorpasso (Il) - Fanfaron (Le)

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Réalisé par : Dino Risi (1916 - 2008)
En : 1962, Italie
Acteurs principaux : Vittorio Gassman (1922 - 2000), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

C'est une journée de 15 août dans Rome déserte. Il fait trop beau et trop chaud pour travailler, pourtant Roberto travaille son droit (romain, sans doute). Il fait trop beau et trop chaud pour ne rien faire, c'est un temps à attirer les mouches. Justement, voilà Bruno qui débarque dans la vie de Roberto. Et qui l'embarque illico pour un voyage vers nulle part dans sa voiture de frimeur, pédale au plancher et klaxon au vent. Bruno, c'est la fine fleur de la connerie locale. Sympa, rigolo et dupe de rien. Taxeur, glandeur et refileur de pots cassés. Roberto, c'est la fine fleur de la civilisation inutile. Poli, timide et réservé. Faible, aveugle et impuissant. Un pot de fer (en toc) et un vase de Chine. Le genre de types faits pour s'entendre à merveille tant qu'ils ne se connaissent pas. Une des premières strada pellicula (road movie en italien) du cinéma (un genre qui ira loin), mais qu'il est déjà bien dur de sorpasser (dépasser, en italien).

Roaring Twenties (The) - Fantastiques années 20 (Les)

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Réalisé par : Raoul Walsh (1887 - 1980)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), James Cagney (1899 - 1986)
Genre(s) : portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Les années 20 dans le rétroviseur, commentées par une voix off habituée des discours officiels. En fait, les années 20 commencent dans les tranchées de France, entre 1914 et 1918. C'est là que se rencontrent Eddie, George, et Lloyd (comme le scénario est bien fichu, ils se retrouveront bien sûr plus tard). Le retour au civil est rude. Heureusement, vient la Prohibition. Eddie, qui ne fait rien comme tout le monde, fournit ses contemporains en bibine frelatée, tout en buvant du petit lait. Sa petite entreprise fleurit, ses amours piétinent. Quand vient la Crise, comme il ne fait toujours rien comme tout le monde, il se met à boire autre chose. Chronique douce-amère d'un temps où le monde semblait tourner sur la tête. Regard nostalgique et effaré sur une époque pas si lointaine (et pourtant tellement exotique), où personne ne faisait comme tout le monde. Portrait de l'adolescence turbulente de la modernité schizofrène.

Phantom of the Opera (The) - Fantôme de l'Opéra (Le)

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Réalisé par : Rupert Julian (1879 - 1943)
En : 1925, USA
Acteurs principaux : Lon Chaney (1883 - 1930)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Dans les caves de l'Opéra de Paris, parfois, une ombre sort de l'ombre. Elle terrorise les danseuses en tutu, trucide quelques machinos et hypnotise la belle Catherine, doublure de diva, de derrière le mur de sa loge. Une fois, pour montrer qu'elle n'est pas contente, elle fait tomber le lustre de la grande salle sur les spectateurs. En fait, l'ombre s'appelle Eric. La plupart du temps, il vit au 6ème dessous, mais il ne dédaigne pas hanter les toits, si besoin. Des fois, il se déguise en Mort - pas besoin de se forcer beaucoup, d'ailleurs. En ce moment, on joue Faust, ça doit être son opéra préféré. N'y tenant plus, il kidnappe la belle Catherine pour lui donner des leçons de solfège (au 6ème dessous). Le reste appartient à la légende gothique du lieu, et du cinéma.

Fargo

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Réalisé par : frères Coen
En : 1996, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), William H. Macy (1950 - ), Frances McDormand (1957 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Au commencement était l'écran blanc. Puis surgit la voiture, la télé et le hamburger. Bienvenue à Fargo enneigé, nombril du non-monde. Dans ce trou, quelques non-vivants essaient de patauger comme ils peuvent. Ce mari aux abois, par exemple, et les deux complices aussi nazes que lui qu'il s'est trouvé : un grand taiseux et une petite teigne bavarde -ce serait beaucoup dire qu'il est le cerveau de la bande. Quelques cadavres plus tard, entre dans l'histoire une espèce de Colombo féminin, enceinte jusqu'aux yeux -la seule qui a l'air dans son élément dans la nullité ambiante. Avec ce grand film sur la frustration des nuls, les Coen Brothers inventent l'humour blanc : le contraire de l'humour noir, en pire. Et dire que le réchauffement climatique risque de nous priver de ce genre d'horreurs réfrigérées.

Farinelli

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Réalisé par : Gérard Corbiau (1941 - )
En : 1994, France
Acteurs principaux : Caroline Cellier (1945 - ), Stefano Dionisi (1966 - ), Enrico Lo Verso (1964 - ), Elsa Zylberstein (1968 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Farinelli fut le plus célèbre castrat du XVIIIème siècle. Tout petit déjà, il avait une très jolie voix, alors sa famille s’est dit qu’il ferait mieux de la garder, par tous les moyens... Si on en croit ce film, un castrat adulte, c’est beau comme un enfant et fort comme un homme. Farinelli peut ainsi donner du plaisir aux femmes très longtemps sans jamais perdre son flegme ni risquer de les mettre enceintes : le partenaire idéal ! C’est aussi un frangin idéal pour son frère, médiocre amant qui s’occupe de la finition de ses conquêtes, et médiocre compositeur qui ne peaufine pas trop, en revanche, les oeuvres qu’il lui donne à chanter. Bref, si on en croit ce film (mais vaudrait mieux pas trop), Farinelli, brave type et pauvre chou, est un peu traumatisé (c'est la moindre des choses), se fait exploiter par tout le monde et peine à s’attirer la reconnaissance qu’il mérite (de maître Haendel, notamment). Le film est romanesque et fort soigné, il ne lui manque pas une note ni un costume, mais peut-être quand même un petit quelque chose d'autre.

Maltese Falcon (The) - Faucon maltais (Le)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Walter Huston (1884 - 1950), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Avant d'être Philip Marlow, Bogart a été un Sam Spade très crédible. Qui, bien sûr, est assailli de belles dames à son bureau dès qu'il arrive le matin. Et, évidemment, envoie son associé au casse-pipe le soir même. A la suite de quoi, naturellement, il est embarqué dans une sombre affaire passablement emberlificotée, plein de de faux jetons et de gros dégueulasses. Ce qui le sauve, c'est qu'il est un parfait metteur en scène de lui-même et qu'il a toujours l'air d'en savoir plus qu'il n'en a l'air. Ce qui nous accroche, of course, c'est la même chose.

Faust

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Réalisé par : F. W. Murnau (1888 - 1931)
En : 1926, Allemagne
Acteurs principaux : Emil Jannings (1884 - 1950)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Faust, respectable savant à l'ancienne (barbe blanche, grimoires et fioles) est tenté par une reconversion expresse en dandy à la mode (pourpoing, belle gueule et belles paroles) par le diablotin Méphisto. Le pouvoir de séduire vaut bien une petite damnation. Bataille dans les âmes, bataille dans le ciel : la lumière affronte les vapeurs malines ; l'homme affronte la fragmentation de son désir. Avec une invention visuelle constante, Murnau truffe ses plans de split-screen naturels et invente le cinéma-kaléidoscope : les miroirs y reflètent l'imaginaire, les fenêtres s'y ouvrent sur le rêve. Et Faust, enfin, découvre sa vraie nature, que le grotesque Méphisto ne réussit qu'à singer : l'amour vaut bien une petite damnation.

Faute à Voltaire (La)

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Réalisé par : Abdellatif Kechiche (1960 - )
En : 2000, France
Acteurs principaux : Sami Bouajila (1966 - ), Elodie Bouchez (1973 - )
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Jallel est un étranger sans papiers à Paris. Un passager clandestin de la vie. Au début, il fait mine. D'être quelqu'un d'autre. Petits boulots, gros sacrifices. Il touche presque du doigt l'objet de son désir : une femme, un statut, des papiers, le gros lot. Presque. En fait, c'est là qu'il perd tout. Détour par la case hôpital psy, tout à refaire. Il n'a plus envie de rien mais ce sont les autres (surtout une autre) qui vont avoir envie de lui. Alors, c'est son corps qui va le reconquérir. Lui permettre de retrouver son équilibre au milieu du déséquilibre. De réapprendre à marcher, quoi. Jusqu'à ce qu'un jour, à la station de métro Nation on lui fasse comprendre qu'il n'est toujours pas le bienvenu... C'est un film du genre râpeux, pas cool, pas sympa, pas marrant. Pas feelgood du tout. Avec des scènes trop longues et quelques éclairs de fraternité cabossée. Un film de passager clandestin de la vie, comme tout le monde.

Roma - Fellini Roma

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1972, Italie
Acteurs principaux : Federico Fellini (1920 - 1993), Anna Magnani (1908 - 1973)
Genre(s) : jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Pour faire le portrait d'une ville -surtout d'une capitale éternelle !- il faut commencer par la regarder de loin : de la province et de l'enfance. Après, on peut commencer à s'approcher, mais tout doucement et par des chemins détournés. En donnant des coups de sonde historiques (l'antiquité, la guerre, maintenant) et géographiques, verticalement (les sous-sols, les rues, les escaliers et les ascenceurs) et horizontalement (à pied, à cheval, en voiture... en métro et en moto, aussi). Ne pas oublier de montrer, surtout, que cette ville est en perpétuelle représentation d'elle-même, que le goût du spectacle traverse les époques et contamine aussi bien ses filles de joie que ses hommes de Dieu (ils sont fous ces romains !). Si tout y est, le résultat pourrait bien être génial.

Femme d'à côté (La)

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1981, France
Acteurs principaux : Fanny Ardant (1949 - ), Gérard Depardieu (1948 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

"C'est une joie et une souffrance" qu'il disait dans "Le dernier métro". Des fois, c'est même pire... L'amour qui crame tout sur son passage, qui rend fou de joie et malade de jalousie, raide dingue et raide mort, en même temps, fatalement : c'est ce qu'a voulu filmer Truffaut, ici et ailleurs (mais encore plus ici). L'histoire : ils se sont connus, terriblement aimés et fuis il y a huit ans. Ils se sont mariés chacun de leur côté, ont retrouvé ce qui ressemblait à de la paix. Ils redeviennent voisins par hasard. Quand ils se croisent dans le parking souterrain d'un supermarché (ce qui sera aussi l'enfer selon Demy), ça repart direct, c'est too much. Les corps ont gagné, ils sont trop faibles. En Dieux de l'Olympe fréquentant les hôtels douteux, Gégé et Fanny sont plus que crédibles. Leur cadre de vie terriblement banal (la campagne de province) ne colle décidément pas avec l'exceptionnelle intensité de leurs sentiments. Leurs dialogues récapitulent toutes les étapes et tous les détails d'une passion : exceptionnelle à vivre, terriblement banale à dire. Tout sauf de la paix, mais qui a envie de paix (à part les grands cramés)...

Lady Vanishes (The) - Femme disparaît (Une)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1938, Angleterre
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985), Googie Withers (1917 - 2011)
Genre(s) : les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Ca commence du côté des Carpates, au pays des contes de fées qui font peur, dans un hôtel où une brochette d'occidentaux se retrouve coincés par la neige. Il y a là des demoiselles yankees, une mamie gâteau et quelques célibataires britanniques -entre autres. Que diable allaient-ils faire dans ces montagnes ? On n'en saura rien mais, un peu plus tard, ils se retrouvent dans un train. La mamie gâteau disparaît, non seulement du décor (pas si facile, il n'y en a que deux dans tout le film : l'hôtel et le train), mais de la tête de tous les passagers - tous sauf une, une yankee du genre têtue. Un grand jeu de piste commence alors sur le thême "à la recherche de la vieille dame tombée dans un trou de mémoire". Un jeu pour se regarder de derrière le miroir, un jeu pour avoir peur pour de rire.

Femme est une femme (Une)

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1961, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Jean-Claude Brialy (1933 - 2007), Marie Dubois (1937 - 2014), Anna Karina (1940 - ), Jeanne Moreau (1928 - 2017)
Genre(s) : Paris /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Chez M. JLG, la femme est une femme est un petit animal charmant. Un peu pute, un peu conne, mais tellement charmante. Pour lui plaire, on a le droit de l'insulter un peu, mais gentiment. Elle a l'habitude. Pas fichue de faire correctement la cuisine, mais capable de répondre. Le seul vrai problème est que, cette conne, elle n'attend que de se faire épouser et d'avoir des enfants. En cas de refus du compagnon officiel, elle peut demander ça au premier voisin venu. J'vous jure, des fois. Et en chantant, s'il vous plait. Et on est heureux, et on rigole, et le monde est coloré et enchanté comme chez Jacquot. Des fois, M. JLG oublie un peu, ce con, que l'humour et la légèreté ne sont pas son fort. C'est un homme est un homme.

Woman under the Influence (A) - Femme sous influence (Une)

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Réalisé par : John Cassavetes (1929 - 1989)
En : 1974, USA
Acteurs principaux : Peter Falk (1927 - 2011), Gena Rowlands (1930 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

Voir un film de Cassavetes, c'est comme alller au cinéma pour la première fois : on n'a jamais vu ça, c'est comme dans la vie ! Le scénario n'est pas bien poli et lissé, les dialogues ont l'air improvisés (ils ne le sont pas toujours tant que ça), les scènes s'étirent au-delà du raisonnable. Il y a des gens devant nous, qui vivent et qui souffrent et ni eux ni le réalisateur n'ont l'air de savoir de quoi ils sont capables. A ce jeux-là, Gena Rowlands (la femme de Cassavetes) est la reine. Elle déborde de tendresse, elle en fait trop, elle est bouleversante, elle passe pour folle ; c'est notre voisine, notre cousine, notre soeur, c'est encore mieux et pire que dans la vie !

Frau im Mond - Femme sur la lune (La)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1929, Allemagne
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /poésie en image
Caractéristiques : 163 mn, NB

Critique perso :

Hélius -autrement dit M. Soleil- rêve depuis longtemps d'un RDV avec la lune. D'autant plus, peut-être, que son vieux prof d'astronomie prétend que le sous-sol y regorge d'or... (de l'or sur la lune ? c'est vraiment n'importe quoi : depuis que Wallace y est allé, on sait bien qu'elle est en fromage !). L'histoire met un peu de temps à décoller, mais une fois le compte-à-rebours entâmé (le 1er de l'histoire de l'humanité), ça s'envole vraiment. Avec une femme -et quelques autres traîtres potentiels- à bord... Dans la fusée, et sur place, on s'attend sans arrêt à voir passer le capitaine Haddock et sa bande (ils étaient du même voyage pourtant, c'est sûr !). Alors, de l'or sur la lune ? Plein de pépites, en tous les cas...

Rear Window - Fenêtre sur cour

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Grace Kelly (1929 - 1982), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Le meurtre mode d'emploi selon sir Alfred. Jeff a la jambe cassé et le platre qui le démange. Alors, il fait comme tout le monde : il regarde par la fenêtre dans la cour de l'immeuble en face de chez lui. Et il voit tout -ou presque : les étapes de la vie, les saisons de l'amour, les heurs et malheurs des hommes. Le reste, quand son infirmière et sa fiancée lui en laissent l'occasion, il a tout le temps de l'imaginer (ça tombe bien : il a beaucoup d'imagination !). Hitchcock invente le thriller en pyjamas, le huis clos avec vue sur le monde, la tragédie humaine dans une maison de poupée -bref, il ré-invente (une fois de plus) le cinéma.

Festen

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Réalisé par : Thomas Vinterberg (1969 - )
En : 1998, Danemark
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

C'est la fête chez les grands bourgeois. Le patriarche a 60 ans, une gentille femme, de beaux enfants, une superbe demeure avec domestiques au sous-sol. Et, comme il se doit, de magnifiques secrêts honteux qui ne demandent qu'à sortir. C'est l'aîné, Christian, qui leur ouvre la porte. C'est les employés du sous-sol qui le soutiennent. C'est tous les autres qui se précipitent pour colmater. Alors bon, certes, la non-réaction des invités -pas très crédible, j'espère- sent la figuration bon marché. Alors aussi, la beaufferie du frangin -qui n'a même pas l'excuse d'être un faux-frère- est lestée à tous les métaux les plus lourds. En fait, les vidéos de famille des autres -surtout quand le petit cousin qui filme se prend pour un artiste- sont rarement supportables très longtemps. Sauf peut-être quand la famille elle-même est pire. Peut-être le seul film pour lequel le canular Dogme 95 méritait d'être inventé.

Limelight - Feux de la rampe (Les)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Claire Bloom (1931 - ), Charles Chaplin (1889 - 1977), Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 141 mn, NB

Critique perso :

Pour un de ses avant-derniers tours de piste, Chaplin échange ses frusques de Charlot pour celles d'un certain Calvero et joue à se faire croire qu'il n'est plus qu'un tocard solitaire qui ne fait plus rire personne. Plus inquiétant encore : fidèle à son grand coeur, il sauve du suicide une charmante jeune fille, elle lui tombe dans les bras et voilà qu'il s'esquive pour laisser la place à un plus jeune (même pas plus drôle) que lui (qui pourrait même être son fils). Ca va vraiment mal pour les vieux drôles (Buster Keaton aussi, aurait besoin d'être sauvé du suicide). Le temps d'un avant-dernier tour de piste, jouons à croire qu'ils ne pourront plus jamais nous faire rire comme avant.

Luci del varietà - Feux du music-hall (Les)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1950, Italie
Acteurs principaux : Giulietta Masina (1920 - 1994)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

En ce temps-là, le Maestro n'était qu'un apprenti. Il a fait l'assistant pour Rosselini, il a besoin de l'oublié Latuada pour oser co-signer son premier film qui déjà, pourtant, lui ressemble. Il y est question d'une troupe d'artistes de dernière catégorie : ceux des cabarets minables et des publics à rire gras. Il y a là un fakir, un bonimenteur et un chanteur de charme (d'ailleurs, ce sont les mêmes), de quelques playmettes plus ou moins affriolantes. Juste assez pour tout de même donner envie à une jeune première de se joindre à la troupe : une Eve du pauvre, en quête de gloire en polystyrène. Ses jambes retiennent l'attention du bellâtre vieillissant de la bande -pas sûr que ce soit une bonne pioche. Dans cette version méditerranéenne de La Nuit des forains, les OS du bastringue rament pour ne pas mourir de faim. Mais il n'est sans doute pas de plus grand maestro que celui qui met son grand art au service des plus merdiques de ses collègues.

Bride of Frankenstein - Fiancée de Frankenstein (La)

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969), Elsa Lanchester (1902 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Pour commencer : ressuscitons Frankenstein. Pas de problème : il n'était pas mort, et Mary Shelley elle-même est appelée à la rescousse. Ensuite : introduisons un personnage nouveau : voici le mystérieux et inquiétant Dr. Pretorius, qui n'avoue qu'une faiblesse : l'alcool et les cigares (entre autres), et cultive des petits hommes dans des bocaux. Puis donnons quelques rudiments de langage et de théologie au monstre : le bien, le mal, d'où je viens, etc. Juste assez pour lui donner envie d'autre chose : une femme, par exemple... Les deux savants s'y emploient : il faut bien ça ! Il faut aussi un coeur frais et des cerf-volants par temps d'orage. Le résultat, qui présente un sérieux air de famille avec la génitrice de papier, est du plus bel effet pré-punk. Mais le monstre n'a pas l'air de lui plaire (pourtant, l'actrice était l'épouse de Charles Laughton : elle en avait vu d'autres !)... Le mythe continue, plus vivant que jamais.

Fiancée du pirate (La)

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Réalisé par : Nelly Kaplan (1931 - )
En : 1969, France
Acteurs principaux : Michel Constantin (1924 - 2003), Julien Guiomar (1928 - 2010), Bernadette Lafont (1938 - 2013), Jacques Marin (1919 - 2001), Claire Maurier (1929 - ), Jean Parédès (1914 - 1998)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

Dans le village de Tellier (!!), on vit un peu comme au XIXème siècle. Il y a des notables, des proprios, des petits commerçants et des bouseux, organisés en régime quasi-féodal. Les hommes sont toujours fourrés au bistro, les femmes (à quelques exceptions près) quasi invisibles. Il y a même une sorcière qui vit avec sa fille et sa chèvre dans une cabane au fond des bois. Tout le monde les méprise et les exploite à mort, sous prétexte de ne pas les avoir dénoncées à la police quand elles ont débarqué. Mais quand la mère meurt dans l’indifférence générale, sa fille, revancharde, se met à changer d’attitude et de vie. La morale bourgeoise, elle s’en balance (et le chante (et le rechante)). Comme elle suscite toutes les convoitises, elle réaménage cosy sa bicoque et, faute de concurrence, impose ses tarifs. Elle ne tarde pas à bien tenir tous les mâles (et pas que) du canton par le bout de la queue, elle va pouvoir accomplir sa vengeance… Mi-Chabrol rural, mi-Maupassant relooké, c’est anar, gonflé, mal léché, féministe et réjouissant.

Fitzcarraldo

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Réalisé par : Werner Herzog (1942 - )
En : 1982, Allemagne
Acteurs principaux : Claudia Cardinale (1938 - ), Klaus Kinski (1926 - 1991)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine /épique pas toc
Caractéristiques : 158 mn, couleur

Critique perso :

Pour mener à bien un projet grandiose et utopique (construire un opéra en pleine forêt amazonienne pour y faire venir Carruzo), Fitzcarraldo (Fitzgerald pour ses ancêtres) est amené à en réaliser un autre plus fou encore (faire passer un bateau à pieds secs par dessus une montagne). Il sera aidé et trahi par des jivaros qui ont, encore plus que lui, le sens du rêve et de l'effort inutile. Il y a là-dedans toute la poésie de la technique (si je n'y étais pas sensible, je ne serais jamais devenue ingénieure) et tout le panache de la quête chimérique (si je n'en avais pas le goût, je n'aurais jamais fait de recherche). Qu'est-ce que les cinéastes ne feraient pas pour arracher au monde des images que personne n'y avait vu avant eux..?!

Flor de mi secreto (La) - Fleur de mon secret (La)

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Réalisé par : Pedro Almodovar (1949 - )
En : 1995, Espagne
Acteurs principaux : Marisa Paredes (1946 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Leo est une encore belle femme presqu'en fleur, presque toujours au bord de la crise de larmes. Elle écrit des romans pour dames. Elle a aussi dans ses tiroirs le scénario d'un futur film d'Almodovar (cf. Volver), mais il n'est pas encore intéressé. Elle a aussi une maman, une soeur, une bonne et une copine qui, toutes, contribuent autant à son bonheur qu'à son malheur. Et quelques anges gardiens barbus. Comme les héroïnes de ses histoires, elle ne pense qu'à l'amour -surtout celui, parti on se sait où, de son mari. Comme les héroïnes de La Garçonnière ou de Casablanca, elle se trompe d'amour. En attendant d'enfin coïncider avec elle-même, elle se cache derrière ses lunettes, ses pseudos et ses mini-jupes. Magnifique portrait de femme en train de subir une greffe de personnalité, qui se bonifie avec les revoyures.

Anne of the Indies - Flibustière des Antilles (La)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Louis Jourdan (1919 - 2015), Herbert Marshall (1890 - 1966), Jean Peters (1926 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Le capitaine Providence est la terreur des navires anglais des mers du Sud. En fait, son petit nom, c'est Anne. Intrépide, cruelle, comme il sied à quelqu'un qui a été formé(e) à la meilleure école en piraterie du moment : celle de Barbe Noire. Et, effectivement, une petite dent contre les anglais. Donc, plutôt un a priori favorable à l'encontre des français. Ca se confirme lors de sa première rencontre avec un spécimen mâle de l'espèce : tout de suite, elle le fait fouetter torse nu. Mais bientôt, elle ne sait plus à quel genre se vouer. Après avoir embauché le beau frenchy, elle ne sait plus si elle doit convoiter un sabre ou une robe comme part de butin. Et ne sait plus non plus si elle doit faire confiance à son coeur ou à sa raison. Finalement, elle prouvera qu'elle en a (de la féminité) en surpassant tout le monde sur le créneau réservé aux femmes depuis la nuit des temps : le sacrifice. Anne, ma semblable, ma soeur Anne.

Trollflöjten - Flûte enchantée (la)

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1975, Suède
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

Dans une forêt, un chevalier errant et quelques nymphes, un oiseleur écolo. Une princesse prisonnière, ses parents qui se la disputent. On n'y comprend pas grand chose, sauf que chaque machino cherche sa machina, et que la vie est un grand mystère. Or, le mystère, ça se mérite. D'habitude, Bergman est asez fort pour se rendre la vie plus compliquée. Mais preuve est faite qu'il sait aussi, parfois, rendre l'exigence plus facile. Ici, tout paraît simple. Puisque l'histoire est à rêver debout, autant la laisser vivre là où elle est née : sur un plateau de théâtre. Avec accessoires bricolés et trucages d'amateurs. Avec rien que des copains dans la salle. Et que la magie ne vienne que par la musique.

Foolish Wives - Folies de femmes

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Réalisé par : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
En : 1922, USA
Acteurs principaux : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 117 mn, NB

Critique perso :

Un soit-disant comte russe (qui se fait appeler Karamazin) est en villégiature près de Monaco, avec deux soit-disant cousines aussi aristocrates que lui. Il s'intéresse de près à l'ambassadeur U.S. -et à son épouse. Et à quelques autres, plus ou moins friquées. Boutonné et galonné dans les règles, il a toujours l'air en campagne militaire, Karamazin. Et il a toujours quelques chose à tripoter dans les mains : une arme, une canne, un gland de rideau, une main de femmes. Il fait confiance à son charme, à son regard et à son destin. La folie des femmes, c'est de faire confiance aux hommes de son genre. Mais à Monaco, c'est assez souvent que rien ne va plus.

Cluny Brown - Folle ingénue (La)

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Sara Allgood (1879 - 1950), Charles Boyer (1899 - 1978), Jennifer Jones (1919 - 2009), Peter Lawford (1923 - 1984)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Ils ne pensent qu'à ça -mais n'en montrent jamais rien. Ils ne parlent que de ça -sans jamais rien en dire. C'est un peu comme les politiciens de cette époque, qui ne parlaient jamais de guerre non plus avec Hitler. De quoi est-il question, alors ? De tuyauterie, de bonnes manières. De ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Par exemple, qu'il n'est pas très correct pour une jeune fille de s'occuper de la plomberie. Et que si un homme ose s'intéresser aux domestiques, c'est qu'il a au moins l'excuse d'être un dissident tchèque. Et que rien d'intéressant n'arrive si on ne fait jamais rien de pas correct. On sent le maître qui sourit derrière chaque sous-entre-entendu, jubile derrière chaque geste subtilement incongru. Et cligne de ses yeux malins derrière les paupières de sa caméra.

Night and the City - Forbans de la nuit (Les)

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Réalisé par : Jules Dassin (1911 - 2008)
En : 1950, Angleterre
Acteurs principaux : Gene Tierney (1920 - 1991), Richard Widmark (1914 - 2008), Googie Withers (1917 - 2011)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Harry Fabian est un « artiste sans art », comme l’a bien compris son voisin (un vrai artiste, lui) : un artiste qui, pour accéder à la réussite, n’a toujours choisi que les chemins les plus courts, les raccourcis les plus risqués et les plus foireux. Harry Fabian, il a la bidouille toujours brillante, le ratage toujours flamboyant -bref, quand il demande, une fois de plus, de lui prêter de l’argent pour son dernier plan mirobolant, plus personne ne lui fait plus confiance depuis longtemps, même (et surtout) la (sainte) Mary qui (des fois) partage sa vie. Pourtant, cette fois, faut reconnaître qu’on aurait presque envie de lui donner raison, à Harry Fabian. Il a déniché le Dieu vieillissant de la lutte gréco-romaine et va, grâce à lui, organiser le combat de catch réglo (si ça existe) du siècle. Enfin, presque. Dans ce polar nocturne sans coup de feu, le noir et blanc et la profondeur de champ sont éblouissants. Du coup, les personnages ont souvent l’air de ne pas être à la même échelle : il y a ceux qui se camouflent, ceux qui se voient trop grand, ceux qui voudraient bien en rabaisser un(e) autre. Harry Fabian est de plus en plus traqué et cerné, mais sa dernière arnaque désespérée sera pour sauver son âme, à défaut d’autre chose…

Forrest Gump

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Réalisé par : Robert Zemeckis (1952 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Tom Hanks (1956 - ), Gary Sinise (1955 - ), Robin Wright Penn (1966 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 142 mn, couleur

Critique perso :

L'Amérique telle qu'elle voudrait qu'on la voie : pas fut-fut, mais la meilleure en tout. Forrest Gump en est la conscience claire. 75 de QI, né sous le signe du KKK (Naissance d'une nation), ça ne l'empêche pas d'habiter la maison d'Autant en emporte le vent, d'apprendre à Elvis à danser le rock, de serrer la main de 3 présidents de la république américaine (au moins, contrairement à l'innocent de Bienvenue Mr. Chance, il ne leur fait pas une grosse impression !), de survivre à Apocalypse Now, d'inspirer "imagine" à John Lennon, de déclencher le Watergate et d'inventer le jogging. Un ange, à défaut d'être un crac. Evidemment, il y a bien sa copine Jenny qui, elle, se coltine avec le côté obscur de la mémoire nationale (sex, drog and R&R façon Hair ou Georgia), mais c'est pour mieux s'en repentir à la fin. Réac et charmeur, brillant et énervant comme l'Amérique. Comme un imbécile heureux qui est né quelque part.

Petrified Forest (the) - Forêt pétrifiée (La)

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Réalisé par : Archie Mayo (1891 - 1968)
En : 1936, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Bette Davis (1908 - 1989), Leslie Howard (1893 - 1943)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

Un écrivain-auto-stoppeur en panne de tout débarque dans une station-service au milieu de nulle part, y drague la fille du patron qui lit François Villon, sous le regard jaloux et menaçant du mécano-gros-bras, ancien champion de football. La situation est donc, dès le début, un rien théâtrale. Ca ne s'arrange pas avec l'arrivée d'un caïd en cavale qui prend tout le monde en otage. La nuit d'attente est donc consacrée à disserter sur les temps qui changent et le sens de la vie... Le caïd est jouée par un petit (plus si) jeune débutant (pas si) gros dur nommé Bogart. A part lui, ce sont les dialogues qui font tout le boulot. Rencontre improbable entre le mélo-intello et le film noir, les grands espaces déserts et le huis-clos claustro. Molasson, bavard, énervant, pas si mal.

Smultronstället - Fraises sauvages (Les)

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1957, Suède
Acteurs principaux : Bibi Andersson (1935 - ), Gunnar Björnstrand (1909 - 1986), Victor Sjöström (1879 - 1960), Ingrid Thulin (1926 - 2004), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

A 78 ans, Isaac Borg est devenu le type de grand professeur auquel j'espère bien ne jamais ressembler : sec, maniaque, arrogant par habitude. Aujourd'hui, à l'autre bout du pays, on lui fête son jubilée : 50 ans de bons et loyaux diagnostics médicaux. Pour se sentir encore jeune, sans doute, il fait un caprice, renonce à l'avion et part en voiture. Le temps de cette journée particulière, il rêve de ce qu'il est déjà devenu -un homme mort-, et imagine les souvenirs d'enfance qui ont échappé à sa mémoire. Sur la route, il remonte à l'envers le cours de sa vie. Il rencontre celui qu'il a été, la famille dont il est issu, celle qu'il n'a pas su fonder, les libertés qu'il n'a jamais osé prendre. Au bout du chemin, il a droit à sa médaille mais il sait, qu'en fait, il a été recalé à son certif de belle vie. Le bilan est impitoyable : c'est celui qu'un homme encore jeune fait à son avenir, et c'est encore plus troublant.

Frankenstein

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Au lieu de se marier et de faire des enfants, comme tout le monde, Frank-E(i)nstein cherche à propager la vie par d'autres moyens. Avec un assistant qui est le frère jumeau de Casimodo, dans un labo (sans doute loué au Dr. Caligari) qui est pour toujours le prototype des endroits où se concoctent les secrets les plus inavouables de l'humanité, avec de l'audace et beaucoup d'éclairs il donne vie... à un mythe. Malgré un scénario rudimentaire qui lui laisse finalement assez peu de scènes, Boris Karloff se révèle aussi fort et fragile qu'on l'avait imaginé, à la hauteur du souvenir que nous n'avions pas encore de lui.

Freaks

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Réalisé par : Tod Browning (1882 - 1962)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Henry Victor (1892 - 1945)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 64 mn, NB

Critique perso :

Un freak, c'est un monstre de foire, un mauvais rêve sur pattes, de ceux qui font commerce de leur bizarrerie, de ceux qu'on paie pour voir. En général, c'est aussi un être humain, partageant la vie d'autres êtres humains -dans un cirque, par exemple. Donc, il sait aimer, il sait haïr. Pourtant, les amours du nain Phroso et de la trapéziste Venus, on les sent dès le début plutôt mal parties. Les vrais monstres de l'histoire, évidemment, ne sont pas ceux qu'on croit. Et il faudra forcer un peu la justice et le destin pour que Venus devienne ce qu'elle a toujours été : une poule... Un drôle de cirque d'éclopés, une drôle de société démocratique, qui proposerait un inventaire des états du corps. Un drôle de film drôle qui ne ressemble à aucun autre -c'est bien la moindre des choses.

Frida

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Réalisé par : Julie Taymor (1952 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Antonio Banderas (1960 - ), Salma Hayek (1966 - ), Alfred Molina (1953 - ), Edward Norton (1969 - ), Geoffrey Rush (1951 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 123 mn, couleur

Critique perso :

Peinture à l'hollywoodienne de la plus mexicaine des peintres. Frida Khalo est au Mexique ce que Diego Rivera fut un moment pour elle : une idole (après, elle l'a épousé). Sa vie est un roman, il n'y manque pas une touche de musique, pas une note de couleur, pas un parfum de mythe. Rockefeller, Breton et Trotsky font de la figuration, King Kong passe dans le décor. De la souffrance, de l'amour et encore de la souffrance. Le biopic est un peu épicé, mais pas trop. La douleur est sur l'écran, qui fait tout de même un peu écran à la douleur. Des petites tentatives timides pour mettre de la vie dans le tableau, en rendant vivants les tableaux. Mais ces toiles, pour ce qu'on peut en voir, gagnent fastoche le match de l'intensité dramatique avec la peinture hollywoodienne.

Play Misty for Me - Frisson dans la nuit (Un)

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Réalisé par : Clint Eastwood (1930 - )
En : 1971, USA
Acteurs principaux : Clint Eastwood (1930 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

DJ amateur de jazz, animateur de nuit sur la radio locale, Dave est la star de son bled. En Califormie, au bord de la mer, pas mal le bled (tellement que Clint en sera le maire, en plus d'en être la star, mais c'est pour plus tard...). Et, bien sûr, il les fait toutes craquer, facile. Il a bien une petite préférence pour Tobie, artiste quoique poupée Barbie blonde, mais elle est souvent absente. Alors quand Evelyn se présente, brune mais tout de même fan de première catégorie en mini-jupe, il ne se fait pas prier. Dommage, parce qu'Evelyn est aussi une harceleuse-schizo de première catégorie qui s'ignore (mais pas pour longtemps). Une vraie Norman Bates en mini-jupe. Jeune encore et déjà persécuté par les jolies femmes qui en veulent à sa virilité, le pauvre Clint ! Il résiste mais faut pas le chercher trop longtemps, quand même. Un bon film de genre avec une petite touche perso en plus (le jazz, filmé en direct dans un festival), facile.

Rebel Without a Cause - Fureur de vivre (La)

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : James Dean (1931 - 1955), Dennis Hopper (1936 - 2010), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

L'adolescent est un animal à sang chaud. Il aime errer là où il n'est pas censé aller, et faire exactement le contraire de ce que lui disent ses congénaires adultes. En famille, l'adolescent a une facheuse tendance à s'opposer à l'absence d'autorité de ses géniteurs. En fait, il n'est jamais content. L'adolescent est aussi un animal grégaire. En bandes, les individus s'enferment dans des carrosseries ou s'échangent leur blouson : c'est qu'ils sont en pleine mue et qu'ils n'ont pas encore reconstitué leur carapace. Dans la nature, l'adolescent a une espérance de vie limitée. C'est un animal perdu au milieu de l'univers qui n'a pas encore appris à s'en foutre. C'est un homme en entier qui n'a pas encore eu le temps de l'oublier.

Cat People - Féline (la)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Oliver Reed est architecte. il vit dans un monde où les traits sont tirés à la règle et où les angles filent droit. Irena Dubrovna a le crayon plus souple : elle est styliste pour dames. Elle s'entraîne à dessiner au zoo, devant la cage des panthères. Elle a des ancêtres venus d'Europe de l'est, ce qui explique sans doute son accent français et qu'on la sent capable de tout. Elle a du chien -enfin, plutôt du chat. Comme toutes les choses intéressantes, elle fait envie et elle fait peur. Elle a envie et elle a peur... A quoi rêvent les jeunes femmes ? A la panthère tapie en elles. Et aux hommes qui la réveilleront... Pour se rappeller que la naissance du frisson, c'est la caresse d'une griffe sur du velour.

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