Une pochade de Feydeau, scatologique et misogyne, jouée entre potes et tournée en quelques jours : drôle de débuts pour une carrière comme celle de Renoir. Scènes de la vie bourgeoise et conjugale, fin XIXème. Pour une fois, pas d'amant dans le placard, mais une femme qu'on voudrait bien y mettre (au placard). Une histoire de commande de pots de chambre pour l'armée française qui interfère avec la constipation passagère du fiston capricieux. Michel Simon en notable mielleux (et cocu of course). Première apparition de Fernandel. Premier film parlant de son auteur, comme le babillage émerveillé de quelqu'un qui vient d'apprendre à parler. Un petit galop d'entrainement avant de passer aux choses sérieuses...
Mme Surgère vient de perdre son mari. Elle est riche, mais visiblement pas hyper satisfaite de sa situation. Elle retombe sur son carnet de bal de débutante (autrement dit la liste de ses prétendants de jeune fille) et se décide à aller vérifier, 20 ans plus tard, s'il n'y en aurait pas dans le stock qui lui aurait fait une meilleure vie... L'échantillonnage est soigné et varié : il y a un prêtre et un truand, un guide de haute montagne et un maire de province, quelques fantômes ou ombres d'eux-mêmes, aussi... Chaque visite est l'occasion d'une espèce de sketch, et prétexte à un petit film de genre -préciosités filmiques comprises. Il y en a de plus réussis que d'autres, comme les hommes qu'ils montrent. Mélancolie, mélancolie. Mais on n'est pas non plus hyper convaincus que la femme que l'on suit valait la peine qu'ils se fassent, eux, une autre vie. Et le film, du coup, aurait sans doute pu être meilleur s'il avait, lui, suivi d'autres voies. Mélancolie, mélancolie...
De l'humour noir et de l'absurde à l'anglaise (à la mode Frenchy façon Drôle de drame), un Fernandel en mode parano persécuté : attention perle méconnue ! Le cadavre (d'une vieille tante insupportable) est dans le placard, ou plutôt au fond d'une armoire insaisissable. Elle est passée par les déménageurs, elle repassera par le bordel, les truands et l'armée du salut... Les démarches les plus compliquées pour la récupérer n'arrivent qu'à compliquer l'affaire - ou à la faire filer encore plus entre les doigts comme une poignée de sable fin. Le film, plein de rimes et de paradoxes, se prend à merveille à son propre contre-pied, comme un acte manqué qui durerait 1h30. Une espèce de comédie macabre (ou de cauchemar drôle) pas du tout manquée.