Stanley, la cinquantaine pimpante, est un parfait chef de famille responsable, époux d'une ménagère modèle comblée, et père de trois merveilleux grands enfants. Alors qu'il commence à envisager un repos bien mérité, il apprend qu'il est enceint de son premier petit-fils. Et comme il ne semble pas prévu dans son contrat que Liz Taylor (qui joue la future heureuse maman) prenne un gramme, la grossesse par procuration s'annonce nerveuse. Bon, avec un tel scénario, pas de quoi faire le film d'action du siècle. Juste assez pour lancer un petit coup de sonde dans les profondeurs de l'Amérique, et d'en tirer un petit sourire de surface. Les desperate housewives ont sûrement eu des parents et des grands-parents qui ressemblaient à ceux-là.
Il y a deux sortes d'américaines : celles qui fabriquent les maillots de bain à la chaîne, et celles qui les portent sans jamais se salir les mains au travail. Il n'y a qu'une sorte d'américain : celui qui veut tout, comme George Eastman. Avec Alice, sa collègue ouvrière : une idylle de l'ombre. Avec Angela, la mondaine ingénue : le grand jeu et la belle vie. Il est long, pourtant, le chemin qui va de l'une à l'autre. George, auquel Montgomery Clift prête son regard brûlant et ses épaules de vaincu, a le tort de vouloir les aimer toutes les deux, et de croire aux slogans de son pays. Verdict implacable : coupable. Coupable d'avoir eu honte de l'une et envie de l'autre. Coupable d'avoir voulu apprendre à nager dans le grand bain.
Une grande saga familiale qui voudrait, sans doute, être pour le Texas du XXème siècle ce que fut Autant en emporte le vent pour la Georgie du XIXème. 30 ans de vie commune, donc, pour Jordan, son plat pays et ses miliers de vaches, et Leslie, recrutée à Washington, un seul cheval mais de beaux yeux. Dans le rôle du méchant (successivement) : une belle soeur, quelques bons vieux préjugés racistes ou machistes, le temps qui passe... Dans le rôle, plus inattendu, de l'autre qui dérange (un peu), un marginal parvenu qui mettra 30 ans à comprendre que l'argent ne fait pas le bonheur. James Dean, de toute façon, joue dans un autre film. La civilisation vient de l'Est, et des femmes. Pour la richesse, descendez au sous-sol. Ca lorgne pas mal du côté de Douglas Sirk (surtout Ecrit sur du vent et Imitation of Life) mais ça préfigure surtout Dallas (le feuilleton).
La fresque au budget pharaonique qui sonna le déclin de l'empire Fox : 4h de démêlées politico-amoureuses entre quelques hommes qui prétendent, en toute simplicité, aux titres de rois, empereurs et Dieux, et une petite femme qui ose leur tenir tête -et quelle tête ! Cléopâtre, donc, mélange de Margaret Thatcher et de meneuse de Crazy Horse, change de robe et de coiffure à chaque scène. Les hommes, eux, causent beaucoup -et plutôt bien, puisque Shakespeare et Mankiewicz se sont occupés de leur texte. Et puis, Richard Burton porte très bien la minijupe. Mais la patronne, c'est elle. Maîtresse de cérémonie (en plus de César et d'Antoine) hors pair, elle a compris que le pouvoir, c'est avant tout la pompe. Hollywood, qui a pris le relai en la matière, lui devait bien un aussi grandiose hommage.