Devant le miroir : la parfaite image de la parfaite famille américaine. Papa au boulot, maman à la cuisine et le fiston devant la télé. Il fait même du zèle, le papa : double boulot (instit et employé d'une compagnie de taxis) pour que maman cuisine encore mieux. Mais il est malade -très. Diagnostic fatal, un seul espoir en stock : un nouveau traitement expérimental. Derrière le miroir, donc (dans l'armoire à pharmacie) : des pilules miracle de cortisone. La molécule le soulage, le guérit, l'exalte. Flate son côté schizo qui ne sommeillait qu'à moitié et, surtout, lui permet de devenir enfin ce qu'il est : supérieur - infiniment supérieur. Elle lui donne des ailes de géant qui l'empêchent de marcher dans les clous. Et la middle class américaine frustrée montre son vrai visage : la parfaite image de la parfaite horreur domestique.
Mon premier est une jolie veuve. Mon second un séduisant divorcé qui n'a jamais été marié. Mon troisième une bande de Pieds Nickelés menaçants. Le Mc Guffin : un mystérieux magot introuvable... Indices : le générique rappelle Vertigo, et certaines scènes ressemblent furieusement à celles de Les Enchaînés. Mais non, ce n'est pas du Hitchcock. On se croirait parfois dans Un Américain à Paris, les chansons en moins. Et mon tout aurait pu finir comme dans Les 39 marches ou La Dame de Shanghai, avec un poil de démesure en plus. De toute façon, l'art de brouiller les pistes aura rarement été porté aussi loin. Et l'éloge du mensonge rarement été aussi élégamment illustré.