Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'C'

76 réponses classées par ordre alphabétique


It Happened Tomorrow - C'est arrivé demain

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Linda Darnell (1923 - 1965), Dick Powell (1904 - 1963)
Genre(s) : c'était demain /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 85 mn, NB

Critique perso :

Un rêve de journaliste : disposer du journal du lendemain avant même qu'il ne soit écrit. Un cauchemar d'être humain : connaître avant tout le monde les méfaits qui se commettront bientôt au coin de la rue et la date de sa propre mort, sans rien pouvoir y changer... Eternelle ambivalence de toutes les pulsions et de tous les fantasmes. Voici donc l'un des fleurons du fantastique tranquille de René Clair, où l'imagination remplace les effets spéciaux et la fantaisie l'angoisse. On est plus proche de La Vie est belle que des films de Murnau, Whale et autres effrayeurs en chefs comme Cooper et Schoedsack. C'est qu'ils ne sont pas si nombreux, ceux qui ont tenté d'attaquer l'inconscient par la face sud (celle qui est éclairée par le soleil...).

Cabaret

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Réalisé par : Bob Fosse (1927 - 1987)
En : 1972, USA
Acteurs principaux : Marisa Berenson (1946 - ), Liza Minnelli (1946 - ), Michael York (1942 - )
Genre(s) : en avant la musique /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Les chansons, ça peut aider à consoler les chagrins d'amour. Ca permet de ne pas craindre la pluie, d'espérer aller au-delà des arcs-en-ciel. Mais de là à se confronter avec l'Allemagne nazie, c'est une autre paire de manchettes... C'est pourtant ce que tente ce film, à travers la petite histoire de Sally, chanteuse de cabaret et de son collocataire Brian, étudiant anglais, et de quelques autres. Evidemment, depuis l' Ange bleu plus personne ne s'étonne de trouver, dans les cabarets allemands, des dames avec des jambes interminables. Mais les parenthèses musicales très désenchantées qui ponctuent le récit n'ont plus à offrir que leurs sarcasmes ironiques et grinçants. Les derniers petits ilôts d'innocences sont menacés par une grande vague brune. Chantons sous le 3ème Reich, pendant qu'il en est encore temps...

Stage Door Canteen - Cabaret des étoiles (Le)

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Réalisé par : Frank Borzage (1894 - 1962)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Ralph Bellamy (1904 - 1991), Katharine Hepburn (1907 - 2003)
Genre(s) : New York - New York /en avant la musique /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 132 mn, NB

Critique perso :

Soit disant que, pendant World War II, le monde du spectacle a contribué à l’effort de guerre en s’occupant d’une cantine-salle de spectacle réservée aux GI en plein New York. Soit disant qu’on pouvait y croiser plein de people du théâtre ou du cinéma : les vaguement connus faisaient le service, les has been le ménage, les stars le spectacle ou le management en coulisse. Gros régiment de jeunes filles pour faire -heu…- la conversation. Enfin, quand on dit gens « connus » ou « stars » dans le personnel, c’est avec les critères des bobos américains de l’époque : au regard d’un(e) français(e) même extrêmement cinéphile d’aujourd’hui (au hasard : moi), c’est tout juste si on en reconnait deux ou trois. On a plutôt l’impression d’assister à une interminable soirée « Maritie et Gilbert Carpentier » (désolée, ça en dit long sur mon âge : disons Drucker pour les plus jeunes) avec vagues intrigues pour faire patienter entre deux shows. Réservé aux historiens du music hall, ou aux masos de la cinéphilie.

Kabinett des Doktor Caligari (Das) - Cabinet du docteur Caligari (Le)

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Réalisé par : Robert Wiene (1880 - 1938)
En : 1920, Allemagne
Acteurs principaux : Conrad Veidt (1893 - 1943)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro /poésie en image
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

Le cinéma a deux ancêtres : M. Lumière, qui filme la sortie de son usine, et M. Méliès, qui filme un voyage dans la lune. Là, c'est sûr, on est plutôt dans la lune -côté face cachée. Là où les hommes penchent, où le monde est de traviole. Le monde, de toute façon, n'est qu'un décor de toile peinte aux lignes fuyantes et aux angles aigus, un drôle de village où la vie et le cauchemar sont indiscernables. Pour raconter une histoire de somnambule à dormir debout, una cosa peut-être entièrement mentale, tout est bon : les images teintées, les récits à tiroir et à cercueil, les fantasmagories de savant fou. Comme dans une fête foraine -encore un autre ancêtre du cinéma- passez de l'autre côté de la toile...

Steamboat Bill, Jr. - Cadet d'eau douce

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Réalisé par : Charles Reisner (1887 - 1962)
En : 1928, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Roméo et Juliette sur le Mississipi : Bill, le fils du capitaine bourru du dernier steamer à l'ancienne, aime Marion, la fille du patron capitaliste satisfait du paquebot new style tout confort. Ca se présente mal, les enfants sont à peine les demi-portions de leur papa respectif, et les papas ne sont pas commodes. Et puis, Bill semble éprouver quelques difficultés avec la technique et avec la pesanteur. Quand les éléments naturels se déchainent, pourtant, il plie mais ne romp pas, affrontant arbres déracinés et maisons volantes avec un courage exemplaire. Grandeur et misère de l'acrobate au milieu de la boue et du vent. Misère et grandeur du poète funambule au pays de la Gravité.

Capitan (le)

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Réalisé par : André Hunebelle (1896 - 1985)
En : 1960, France
Acteurs principaux : Bourvil (1917 - 1970), Lise Delamare (1913 - 2006), Jean Marais (1913 - 1998), Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

En ouverture, M. de Capestan -noblesse petite mais bonne- s'engage dans un assaut contre des félons. Blessé, il est sauvé puis soigné par une belle brune -puis une belle blonde (bon, on n'est pas pour autant dans Vertigo). Il va se plaindre chez le Premier Ministre -chef des félons- qui le renomme Capitan (ce qui, venant d'un italien, n'est apparemment pas très sympa). En fait, il est la réincarnation blonde de Robin des Bois, en brushing et collants rouges, comme lui impeccable à l'escrime, à l'escalade, à l'équitation et au saut à la perche. Le jeune roi Louis XIII, entouré de félons, est lui incarné par un sosie de Nicolas Sarkozy en culottes courtes. Et Bourvil, égaré là-dedans, joue avec des accents gaulliens pour parler de la grandeur de la France, et des accents gaulois pour parler aux femmes. Avec le Capitan, qui l'a engagé comme secrétaire-poète, cernés de félons, ils doivent se réfugier dans la maison de Blanche-Neige dans la forêt -pas assez loin toutefois pour éviter que le jeune roi mal entouré ne s'y égare. Je passe les détails mais je vous rassure : la République -pardon, le Roi- sera sauvé(e)...

Big Sky (The) - Captive aux yeux clairs (La)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Kirk Douglas (1916 - )
Genre(s) : carrément à l'ouest /épique pas toc
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

La conquête de l'ouest passe aussi par le nord -et par le chemin des fleuves. Deux cow-boys en rade, bons camarades mais prompts à la bagarre, se retrouvent embarqués dans une expédition au long cours : l'un a un long fusil, l'autre devra se faire amputer le doigt. Je ne dirai pas lequel la fille -une otage indienne- choisira, mais ça peut se deviner. Un western pour marins d'eau douce qui suit le rythme nonchalent de l'eau et qui, malgré quelques coups de feu, nous repose des tueries pétaradantes.

Cardinal (The) - Cardinal (Le)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : John Huston (1906 - 1987), Romy Schneider (1938 - 1982), Tom Tryon (1926 - 1991), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 175 mn, couleur

Critique perso :

Le générique est très beau : un homme en noir avance, seul, dans le magnifique décor tout en pavés, escaliers et colonnades de l'architecture vaticane. Une fourmi traverse l'éternité. Stephen Fermoyle, donc, est prêtre. Formé à Rome mais américain de coeur et irlandais d'origine, carrure d'athlète, intelligence de compétition. C'est un spécialiste de l'histoire de la réforme. Ca tombe bien, le monde bouge : on le voit au turbin des âmes en divers points du monde occidental, entre les deux guerres mondiales. On suit ses problèmes de conscience et ses intéractions avec le monde des hommes. Sérieux comme un pape (qu'il n'est pas), un peu trop poli et honnête (pour le devenir), il croise la route de beaucoup de puissants et de gros cons, de femmes idéales et de filles perdues. Il résiste à la tentation d'épouser Romy Schneider, ce qui prouve la force de sa vocation. Une grande fresque en rouge et noir, plus politique (façon Tempête à Washington) que spirituelle (façon Dix commandements). Assez impressionnante au bout du compte.

Carmen

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Réalisé par : Francesco Rosi (1922 - 2015)
En : 1984, France
Acteurs principaux : Placido Domingo (1941 - ), Julia Miguenes-Johnson (1949 - ), Ruggero Raimondi (1941 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 152 mn, couleur

Critique perso :

C'est, paraît-il, l'opéra le plus joué au monde, le top 50 du lyrique à l'ancienne. Là-dessus, Francesco Rosi n'a pas cherché à faire le malin : les décors naturels (bien astiqués) sont splendides, les costumes d'époque (bien repassés) sont parfaits et le livret est scrupuleusement respecté (pour les voix, je n'y connais rien, mais je crois qu'ils chantent juste). L'Espagne, ses fleurs et ses taureaux, ressemblent aux souvenirs qu'on en avait avant d'y être allé -mais personne ne va à l'opéra pour prendre des leçons de réalisme. D'ailleurs, les sentiments des hommes devant Julia Miguenes-Johnson en plein numéro de Cabaret sont, eux, parfaitement crédibles. C'est comme un souvenir d'enfance : le plaisir ne vient pas de la surprise, mais du déjà-vu et déjà-entendu, du ressassement d'une mémoire rêvée. Comme un beau livre d'images en musique.

Carmen Jones

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Harry Belafonte (1927 - ), Dorothy Dandridge (1922 - 1965)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

C'est la même histoire, la même musique et c'est tout différent. C'est pendant World War II, Carmen tricotte des parachutes pour les GI, (Don) Jo(s)e est un postulant-aviateur qui a du mal à décoller et l'Escamillo de service est un taureau des rings. Les chansons ont été un peu reliftées, mais pas trop jazzy pour autant malgré la distribution all blacks. C'est tout différent mais, ici comme ailleurs, dès que Carmen passe, il y a de l'électricité -et du beat- dans l'air. C'est presque étonnant à quel point on jurerait que l'original est un plagiat par anticipation. La passion serait-elle l'ultime liberté des déclassés..? C'est tout différent mais c'est la même histoire.

Carnet de bal (Un)

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Réalisé par : Julien Duvivier (1896 - 1967)
En : 1937, France
Acteurs principaux : Pierre Alcover (1893 - 1957), Harry Baur (1880 - 1943), Marie Bell (1900 - 1985), Fernandel (1903 - 1971), Louis Jouvet (1887 - 1951), Raimu (1883 - 1946), Françoise Rosay (1891 - 1974)
Genre(s) : en France profonde /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 144 mn, NB

Critique perso :

Mme Surgère vient de perdre son mari. Elle est riche, mais visiblement pas hyper satisfaite de sa situation. Elle retombe sur son carnet de bal de débutante (autrement dit la liste de ses prétendants de jeune fille) et se décide à aller vérifier, 20 ans plus tard, s'il n'y en aurait pas dans le stock qui lui aurait fait une meilleure vie... L'échantillonnage est soigné et varié : il y a un prêtre et un truand, un guide de haute montagne et un maire de province, quelques fantômes ou ombres d'eux-mêmes, aussi... Chaque visite est l'occasion d'une espèce de sketch, et prétexte à un petit film de genre -préciosités filmiques comprises. Il y en a de plus réussis que d'autres, comme les hommes qu'ils montrent. Mélancolie, mélancolie. Mais on n'est pas non plus hyper convaincus que la femme que l'on suit valait la peine qu'ils se fassent, eux, une autre vie. Et le film, du coup, aurait sans doute pu être meilleur s'il avait, lui, suivi d'autres voies. Mélancolie, mélancolie...

Appunti per un'Orestiade africana - Carnet de notes pour une Orestie africaine

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Réalisé par : Pier Paolo Pasolini (1922 - 1975)
En : 1970, Italie
Genre(s) : culte ou my(s)tique /docu (plus ou moins fiction) /jeu dans le jeu /à l'antique
Caractéristiques : 65 mn, NB

Critique perso :

Ce serait comme le projet d'un film rêvé, imaginé, conceptualisé. Un brouillon, le making off des repérages, des vagues velléités de casting. Ca adapterait l'Orestie d'Eschyle en Afrique. Parce que l'Orestie ça raconterait, en fait, la fin de la vengeance tribale et l'avènement de la justice des hommes, le début de la modernité (c'est la version Pasolini de l'histoire, il venait de traduire le texte pour le théâtre). Et parce que les pays d'Afrique, 10 ans avant, avaient presque partout acquis leur indépendance. On a la thèse, donc, la problématique et le plan. En guise d'illustration, quelques images d'archives de guerres locales bien barbares. On a aussi le débat d'après projection, avec des étudiants africains de Rome, et même un happening jazz qui fait intermède. Avant, pendant et après, le docu sur une fiction qui n'existe pas, tout ce qui entoure un film sans en faire vraiment partie, tout en en inventant un quand même. Assez fort quand même, en fait.

Casablanca

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Marcel Dalio (1900 - 1983), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Peter Lorre (1904 - 1964), Claude Rains (1889 - 1967), Conrad Veidt (1893 - 1943)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Le Maroc, dernier refuge avant le désespoir (cf. Morocco). C'est un film qui en est plusieurs. Peut-être une fresque politique sur l'Amérique qui décide, en 1942, d'entrer en guerre pour libérer l'Europe, au nom des liens anciens entre les deux continents. Ou alors, un mélo tragique sur l'amour impossible entre un tenancier de bistrot et son ancienne maîtresse, retrouvée par hasard. Ensemble, ils auraient inventé la résistance glamour -celle dont le principal titre de gloire est de réussir à finir les bouteilles de champagne français avant que les allemands ne s'en emparent. Ou alors, c'est le drame de la lutte clandestine contre le nazisme, traquée jusque dans les colonies... Bref, de toute façon un film aussi généreux en intrigues, personnages, scènes d'anthologie et niveaux de lecture n'est sûrement pas devenu mythique pour rien. Play it again (and again...).

Casino Royale

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1967, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Ursula Andress (1936 - ), Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Jacqueline Bisset (1944 - ), Charles Boyer (1899 - 1978), William Holden (1918 - 1981), John Huston (1906 - 1987), Deborah Kerr (1921 - 2007), David Niven (1909 - 1983), Peter Sellers (1925 - 1980), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 131 mn, couleur

Critique perso :

Patchwork parodique improbable et décousu (Huston n'est pas le seul responsable de la mise en scène, mais c'est le plus connu), cette James-Bonderie de pacotille pompe allègrement dans les séries anglo-saxonnes de l'époque, le cinéma allemand (au moins Caligari et Fritz Lang) et, sans doute aussi, les vrais "James Bond" -mais je n'en ai pas vu assez pour les reconnaître. La moitié du casting joue James Bond (d'où une certaine discontinuité dans l'intrigue), l'autre moitié joue aux guests stars qu'ils sont. Plein de jolies jambes, de poursuites et de bagarres, évidemment. On n'y comprend pas grand chose, mais ça fait partie du jeu. A égale distance entre le nanard et l'art abstrait post-moderne.

Casque d'or

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Réalisé par : Jacques Becker (1906 - 1960)
En : 1952, France
Acteurs principaux : Claude Dauphin (1903 - 1978), Roland Lesaffre (1927 - 2009), Serge Reggiani (1922 - 2004), Simone Signoret (1921 - 1985)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils dansent bien ensemble. Elle s'appelle Marie, il est charpentier. Pour cela et pour leur bonne bouille, on leur donnerait volontiers le bonheur sans confession. Mais elle est maquée, il est fiancé. Ils sont pauvres, le monde est contre eux. Le monde, c'est ceux de la bande à Félix, des loulous d'arrière-boutique et de ruelles sombres. Paris : ses pavés, ses guinguettes et sa belle époque, réinventés pour nous. Noir comme ses rues noires, clair comme le soleil sur la Seine, comme notre mémoire l'imaginera à jamais. En prime, un mélo intense sur la seule chose qui compte : le prix du bonheur.

Cave se rebiffe (Le)

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Réalisé par : Gilles Grangier (1911 - 1996)
En : 1961, France
Acteurs principaux : Maurice Biraud (1922 - 1982), Bernard Blier (1916 - 1989), Jean Gabin (1904 - 1976), Françoise Rosay (1891 - 1974)
Genre(s) : Paris /du rire aux larmes (et retour) /la parole est d'or
Caractéristiques : 98 mn, NB

Critique perso :

Le titre est devenu quasi-incompréhensible aux oreilles contemporaines. En traduction d'aujourd'hui, ça donnerait à peu près "Revenge of the gros naze". Le milieu, c'est celui des arnaqueurs d'opérette à prétentions aristocratiques. Le naze, c'est le brave artisan consciencieux qui fera le boulot pour leur poche. La combine, c'est une affaire de fausse monnaie un peu trop grosse pour eux... Alors, pour tenir le choc, ils font appel à l'ex-pape du domaine, un certain "Dabe", que seule une revanche perso parvient à faire sortir de son paradis fiscal. Le reste importe bien moins que les tronches enfarinés de la bande, et que les mots qu'Audiard leur fait dire. Ce qui est bien, dans ce genre de ciné à l'ancienne, c'est que les vrais cons et les faux culs sont faciles à distinguer des honnêtes crapules compétentes. Et la fausse subversion finale ne surprendra personne : "in the baba" qu'ils l'auront, les tontons monnayeurs !

Caimano (Il) - Caïman (Le)

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 2006, Italie
Acteurs principaux : Margherita Buy (1962 - ), Nanni Moretti (1953 - ), Silvio Orlando (1957 - ), Jasmine Trinca (1981 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

C'est le film où Nanni fait le tour de ses meilleurs ennemis. D'abord, il se déguise en son contraire : un ex-producteur de nanars anticommunistes, un has been névrosé, incompétent, fauché et en retard d'une ou deux époque(s). Aussi papa en instance de divorce, mais ça, ça le rendrait plutôt sympathique, c'est par là que Nanni pourrait bien ne pas être si différent. Pour brouiller les pistes, il se regarde aussi dans le miroir d'une jeune postulante cinéaste aussi motivée que stressée par sa propre ambition. Le genre citoyenne concernée, altère egotte en plus jeune et moins blasée. Enfin, il affronte sa bête noire, l'espèce d'hydre bronzé à la tête d'à peu près tout en Italie. Il lui pique son texte, le dé-joue et le dé-sincarne en lui otant tout folklore. Et là, ça ne fait plus rire du tout. Autoportrait en négatif, en creux et en décalé. C'est en s'éloignant de lui-même que Moretti s'en rapproche le mieux.

Celluloid Closet (The)

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Réalisé par : Epstein & Friedman
En : 1995, USA
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /docu (plus ou moins fiction) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 102 mn, NB/couleur

Critique perso :

Petite leçon d'histoire du cinéma et de décryptage d'images -petit sermon militant de la cause gay, aussi. Tout, nous saurons donc (presque) tout sur les homos vus par Hollywood : des inoffensives tapettes des débuts du cinéma aux inquiétants criminels névrosés des années 60, en passant par les vampires lesbiennes et autres amitiés viriles cachées sous les jupettes des péplums et les colts des westerns. Bon, le film ne balance pas tant que ça (il reste sûrement plein d'affaires dans le placard), mais permet d'apprendre un peu à voir derrière les images, et à entendre derrière les paroles. Pour, par exemple, ne plus jamais regarder Rebecca et Ben-Hur de la même façon.

Dayereh - Cercle (Le)

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Réalisé par : Jafar Panahi (1960 - )
En : 2000, Iran
Genre(s) : pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Le cercle, hélàs, est souvent vicieux. C'est, dans ce film, le lieu symbolique de l'enfermement perpétuel des femmes en Iran, comme cette roue verticale où s'épuisent les souris en cage. Maudites dès leur naissance, voilées, battues, encadrées comme d'éternelles mineures, traquées et surveillées en permanence par des barbus en tenue militaire (sans doute les sinistres "gardiens de la révolution"), coupables, forcément coupables de tout, condamnées à perpet' à attendre le bon vouloir des hommes... Clandestines de leur propre vie, elles sont réduites, au mieux, à la précaire solidarités des humiliées. Dans ce Yol au féminin, on en suit 3, 5, 6, formant une Ronde sans fin : uniques dans leur personnalité, identiques dans leur soumission, toutes infiniment belles et terriblement malheureuses. Haletant comme un documentaire, accablant comme un pamphlet, vrai comme une fiction.

Some Like It Hot - Certains l'aiment chaud

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Joe E. Brown (1892 - 1973), Tony Curtis (1925 - 2010), Jack Lemmon (1925 - 2001), Marilyn Monroe (1926 - 1962), Pat O'Brien (1899 - 1983)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Deux musiciens traqués et fauchés (qui ne trouvent rien de mieux que de se produire dans les tripots de Chicago en pleine Prohibition) se voient proposer, en dernier recours, un contrat à Miami... dans un orchestre féminin. Travestis incognito, ils font la connaissance de la joueuse de yukulélé de la bande, une fondante Sugar... On dirait des gamins dans une patisserie, déguisés en grandes personnes. Après, la mécanique des intrigues, déguisements, embrouilles et quiproquos s'emballe, d'autant que la sweet Sugar ne ménage pas ses efforts pour réchauffer l'atmosphère ("poo poo pee dou..."). Humour farfelu, situations et répliques d'anthologie : une comédie presque (parce que personne ne l'est vraiment, n'est-ce pas) parfaite.

Cet obscur objet du désir

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Réalisé par : Luis Bunuel (1900 - 1983)
En : 1977, France
Acteurs principaux : Carole Bouquet (1957 - ), Angela Molina (1955 - ), Fernando Rey (1917 - 1994)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Dans le compartiment d’un train, Mathieu raconte à ses compagnons de voyage (qui, bizarrement, se connaissent tous : le monde est décidément petit), comment il en est arrivé à adorer et à détester une femme. En fait, vu qu’elle l’encourageait et se dérobait sans cesse, l’objet de son désir à lui n’est pas difficile à deviner. Il attrape très bien les souris et les mouches mais, avec elle, il a plus de mal. Il a l’esprit tellement obscurci qu’il ne voit même pas que cette femme aux deux visages a aussi, littéralement, deux incarnations (deux actrices se partagent le rôle, en alternance, sans logique claire). A vrai dire, vu que Fernando Rey est doublé par Michel Piccoli, on a un peu l’impression que Matthieu est double, lui aussi. Quant au monde autour, dont tout le monde se fiche, il est obscurci d’étranges attentats terroristes. L’obscurité, c’est comme la lumière : dans l’oeil de tous les spectateurs.

Chagrin et la pitié (Le)

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Réalisé par : Marcel Ophüls (1927 - )
En : 1969, France
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /en France profonde
Caractéristiques : 251 mn, NB

Critique perso :

En 69, Clermont-Ferrand devint (brièvement) la capitale du cinéma français : pendant que Rohmer y passait une nuit chez Maud, Ophüls-fils, lui, y enquêtait pour essayer d'y voir plus clair sur la nuit de 39-45. Il paraît qu'au réveil, à l'époque, la France était persuadée d'avoir été unanimement résistante. Il paraît qu'à l'époque, elle était gouvernée par un Général qui avait joué un rôle dans cette histoire. Il paraît qu'à l'époque, il y avait eu de la censure dans l'air. Pourtant, la 2ème guerre mondiale a bien eu lieu, et ce film la montre comme on la voit aujourd'hui : complexe, ambiguë, violente, injuste. Et il le montre avec ses seules armes possibles : des images, des paroles et des visages : ceux de héros, ceux de lâches, ceux de traitres -et tout ça, ça a fait d'excellents français.

Stanza del figlio (La) - Chambre du fils (La)

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 2001, Italie
Acteurs principaux : Laura Morante (1956 - ), Nanni Moretti (1953 - ), Silvio Orlando (1957 - ), Jasmine Trinca (1981 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 99 mn, couleur

Critique perso :

Tout va pour le mieux dans la meilleure des familles possibles. Maman dans la transmission de l'art, papa dans la guérison des âmes, fifille et fiston ados mais gentils quand même... Ils sont beaux et sains, ils font du sport et prennent leurs repas ensemble. Jusqu'au jour où le fiston a la bien mauvaise idée de ne pas remonter de sa dernière plongée sous-marine. Là, c'est tout le monde qui plonge. Maman ne transmet plus rien, sauf sa détresse, papa ne guérit plus personne, surtout pas lui-même. Fifille reste gentille mais elle souffre quand même. Le temps s'arrête quelque temps. Il en faudra pas mal pour remettre en route la clepsydre. Petit voyage en apnée, sans pathos et sans mélo -sans grande surprise non plus, mais beau et digne quand même.

Chambre en ville (Une)

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1982, France
Acteurs principaux : Richard Berry (1950 - ), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Michel Piccoli (1925 - ), Dominique Sanda (1948 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /en France profonde /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 92 mn, NB/couleur

Critique perso :

Nantes, quelques années avant Lola. Grève d'ouvriers dans les chantiers navals, rififi domestique chez les bourgeois. Tout converge vers l'appartement de Mme Langlois, un antre purpurin rongé par l'ombre, à mi-chemin entre la cathédrale et la préfecture. La dame est une ex-baronne qui a perdu sa particule et ses illusions en épousant un colonel, mort depuis en Indochine. Pour éponger ses dettes et son gros-plant, elle loue une chambre à un ouvrier (en grève) et tente de rabibocher le tout récent mariage de sa garce de fille Edith. Le beau métallo se bat pour défendre ses droits (au bonheur), Edith aussi, Ils sont faits l'un pour l'autre, aussi à poil l'un que l'autre, avec ou sans fourrure. Ce film, c'est comme une pierre de volcan : dense, sombre, dure et rapeuse, très longuement cuite et recuite dans les entrailles de la terre (et du réalisateur), et qui vient exploser à la figure des tièdes. Du Demy en musique, mais sans voiles.

Penny Serenade - Chanson du passé (La)

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Réalisé par : George Stevens (1904 - 1975)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Irene Dunne (1898 - 1990), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

Désolée : c'est pire qu'une erreur de casting, ça frise la faute professionnelle cinéphilique d'avoir ça dans sa collection. Non, je n'aime pas ce film, je l'ai commandé par hasard, je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu. Ce roublard de Stevens a sans doute voulu faire la crème des mélos, mais il appuie vraiment trop sur le champignon. Non je n'ai aucune sympathie pour Julie, dont la seule ambition professionnelle est de devenir une mère de famille parfaite. Rien ne m'énerve plus que de la voir en tablier avec un fichu sur la tête, tentant de passer son certificat de bonne ménagère apte à adopter un petit ange. La seule chose dont je lui suis reconnaissante, finalement, c'est d'avoir donné à Cary Grant le goût des voyages en train.

Chansons d'amour (Les)

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Réalisé par : Christophe Honoré (1970 - )
En : 2007, France
Acteurs principaux : Louis Garrel (1983 - ), Clotilde Hesme (1979 - ), Chiara Mastroianni (1972 - ), Brigitte Roüan (1946 - ), Ludivine Sagnier (1979 - )
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Ils sont jeunes et beaux, ils s'aiment (à deux et plus) de toutes les façons possibles, sans jamais en faire un drame. Ils ont des amis, une famille sympa, bossent dans le créatif, vivent à Paris dans un monde en-chanté qui ressemble (beaucoup) à ceux de Demy et de Truffaut -en version légèrement upgradée... Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir leur arriver d'un peu intéressant ? Un drame-un vrai : la mort brutale et inattendue, le deuil. Et la reconstruction quand même, par l'amour toujours plus -légèrement upgradé encore. Et toujours en musique et en chansons, s'il vous plaît, douces et mélancoliques si possible. L'air et la couleur du temps (d'un temps où les seules vraies crises étaient intimes), en douce. Un film sur la porosité des désirs, la fluidité des sentiments, la tragédie de l'existence et la comédie du bonheur. La vie en version légèrement upgradée.

Meet Me in St. Louis - Chant du Missouri (Le)

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Lucille Bremer (1917 - 1996), Judy Garland (1922 - 1969), Margaret O'Brien (1937 - )
Genre(s) : en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

J'ai enfin retrouvé les ancêtres de mes Demoiselles préférées : elles habitaient St. Louis (Missouri), chantaient déjà pas mal et lorgnaient déjà sur les boys next door en attendant avec impatience leur expo universelle de 1904. C'était le bon temps. L'époque d'Autant en emporte le vent était déjà loin, et pourtant les filles se serraient encore le corset, et avaient encore l'air de faire leurs robes avec des rideaux. Les hommes, eux, ne quittaient jamais leur cravatte pour manger, ni leur smoking pour danser. Tout ça pour quoi ? Presque rien. Une morale nostalgique convenue (le "there is no place like home" du Magicien d'Oz), un hymne à la famille tout ce qu'il y a de plus tradi. Et pourtant, la douce euphorie du "musical" n'y a jamais été aussi douce, ni aussi euphorisante.

Singin' in the Rain - Chantons sous la pluie

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Cyd Charisse (1921 - 2008), Jean Hagen (1923 - 1977), Gene Kelly (1912 - 1996), Debbie Reynolds (1932 - 2016)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

La grâce, comme la pluie, tombe du ciel, et ce film-là a été copieusement arrosé. Normal, en fait, parce qu'il ne parle que d'une chose : comment échapper à la pesanteur ? Recensement des réponses possible : la danse, la musique, le rire, l'amour, l'enfance et l'art (ou plutôt l'enfance de l'art -du cinéma en l'occurrence). Et la synthèse de tout ça s'appelle Gene Kelly (crédité aussi du statut de co-réalisateur). Il n'a jamais été aussi jeune et aussi beau qu'ici, et personne n'a plus jamais aussi bien que lui barbotté dans une flaque en hurlant son bonheur.

Chaos

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Réalisé par : Coline Serreau (1947 - )
En : 2001, France
Acteurs principaux : Rachida Brakni (1977 - ), Catherine Frot (1956 - ), Vincent Lindon (1959 - ), Line Renaud (1928 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Une petite prostituée maghrebine tabassée dans la rue par ses proxénètes : un fait divers banal et tragique dont Hélène est l'involontaire complice. Alors, elle va la rechercher dans les hopitaux, rester à son chevet, accompagner son rétablissement. Et elle récupère vite, la petite prostituée : c'est bientôt une boule de rage et d'énergie qui, avec la complicité (active, cette fois !) d'Hélène, va faire exploser tous les cadres qu'elle rencontre : sa propre famille qui l'a reniée, celle d'Hélène, déjà bien perturbée, le réseau de prostitution qui l'a "dressée" et qui la recherche. Ca bouge beaucoup, dans toute l'Europe et tous les milieux sociaux, c'est drôle, émouvant, décapant, terrible tour à tour et en même temps, ça décoiffe et ça bouscule. Merci du voyage !

Charade

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Audrey Hepburn (1929 - 1993), Jacques Marin (1919 - 2001), Walter Matthau (1920 - 2000)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Mon premier est une jolie veuve. Mon second un séduisant divorcé qui n'a jamais été marié. Mon troisième une bande de Pieds Nickelés menaçants. Le Mc Guffin : un mystérieux magot introuvable... Indices : le générique rappelle Vertigo, et certaines scènes ressemblent furieusement à celles de Les Enchaînés. Mais non, ce n'est pas du Hitchcock. On se croirait parfois dans Un Américain à Paris, les chansons en moins. Et mon tout aurait pu finir comme dans Les 39 marches ou La Dame de Shanghai, avec un poil de démesure en plus. De toute façon, l'art de brouiller les pistes aura rarement été porté aussi loin. Et l'éloge du mensonge rarement été aussi élégamment illustré.

Charulata

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Réalisé par : Satyajit Ray (1921 - 1992)
En : 1964, Inde
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 117 mn, NB

Critique perso :

C'est une Mme Bovary bengali, qui aurait du talent, Charulata. Son mari la trompe avec la revue politique dont il est le directeur, le rédacteur en chef, l'imprimeur et peut-être bien le seul lecteur. "The Sentinel", ça s'appelle. Dans la maison vide, dans la chambre vide, elle attend. Elle attend qu'on l'entende. Qu'on la révèle. Qu'on la regarde comme elle sait regarder, qu'on la lise comme elle sait lire. Qu'on l'aime comme elle sait... Alors, le premier cousin poète, chanteur et rêveur venu sera évidemment le bienvenu. Alors, le dernier frangin aux poches vides aura évidemment tout loisir de vider un peu plus les coffres de la maison vide. La sentinelle a des absences. Peut-on imaginer Mme Bovary heureuse ?

Most Dangerous Game (The) - Chasses du comte Zaroff (Les)

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Réalisé par : Cooper & Schoedsack
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Joel McCrea (1905 - 1990), Fay Wray (1907 - 2004)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 63 mn, NB

Critique perso :

Qu'est-ce qui sépare un chasseur d'un assassin ? Un esthète d'un barbare ? Presque rien, à peine une petite cicatrice sur le crâne... Le comte Zaroff, en génial précurseur de Chasse, Pêche, Nature et Tradition (et en prophète visionnaire des années à venir) a fait de son île un terrain de jeu un peu particulier. Y échoue, pas tout à fait par hasard, un autre chasseur, mais américain, lui -donc qui a le droit de bravement défendre la civilisation. Et n'a pas peur de partir à la recherche des frontières de l'humain. Quant à Fay Wray, c'était juste avant que les mêmes producteurs sadiques (en fait, les réalisateurs sont plutôt, eux, Pichel et Schoedsack) la balancent entre les gros doigts du roi Kong. Elle portait déjà à ravir les robes de soirée déchirées par la forêt vierge, et elle criait déjà très bien.

Sceicco bianco (Lo) - Cheik blanc (Le)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1952, Italie
Acteurs principaux : Giulietta Masina (1920 - 1994), Alberto Sordi (1920 - 2003), Leopoldo Trieste (1907 - 2003)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Ils sont provinciaux, ils débarquent pour leur voyage de noces à Roma la Grande. Monsieur a fait le planning : retrouvailles avec un vieil oncle, marathon touristique et audience papale. Mais Madame a des plans cachés : elle ne songe qu'à rencontrer le héros de son coeur, un Cheik blanc de pacotille (non, ce n'est pas le pape) qui parade dans les romans-photos qu'elle dévore en cachette. Alors qu'elle voulait simplement lui offrir un petit cadeau perso, son fantasme le plus secret se réalise : elle se fait kidnapper par (l'équipe technique de) son Cheik. Pendant ce temps, Monsieur se bat avec l'énergie de son désespoir pour sauver la face de son honneur baffoué. Le Maestro a déjà toutes ses cordes à sa lyre : les yeux exorbités d'un provincial monté à la capitale, un coeur de midinette, une verve de cartooniste, une patte d'artiste pour qui les rêves sont les meilleurs miroirs.

Room at the Top - Chemins de la haute ville (Les)

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Réalisé par : Jack Clayton (1921 - 1995)
En : 1959, Angleterre
Acteurs principaux : Simone Signoret (1921 - 1985)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire d'un petit mec qui voudrait bien devenir grand. Attention, le décor a de l'importance : Angleterre, province laborieuse, au sortir de la guerre. Joe, le petit mec, vient du fond du trou du prolétariat. Même pas héros de guerre, mais belle gueule bien remplie, de l'ambition et une haute opinion de lui-même. Il vient de grimper comptable respectable, mais ne compte pas en rester là. D'autant que le boss upper class du coin à une fille à marier. Pour Joe, ce serait presque du gâteau s'il ne contactait un déplorable attachement contre-productif pour l'épouse française délaissée du gougeat local -Simone, dans le rôle qui lui vaudra son Oscar. L'art de gagner sa Place au soleil tout en perdant à peu près tout le reste a rarement été servi avec autant de rage et d'énergie noires.

Chicago

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Réalisé par : Rob Marshall (1960 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Richard Gere (1949 - ), John C. Reilly (1965 - ), Renée Zellweger (1969 - ), Catherine Zeta-Jones (1969 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en avant la musique /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

And now, ladies and gentlemen : le show ! C'est-à-dire le film, c'est-à-dire la vie en mieux. En Amérique, c'est là la mesure de toutes choses : de la justice, de la presse, du bizness. Brillante illustration dans le Chicago des années 20, sous le signe du Magicien d'Oz, de Cukor et de Minnelli, qui nous ont appris à faire chanter nos rêves. Chiche, donc : fantasmes à gogo sous forme de montage parrallèle généralisé, pour illustrer les rêves de starlette de Roxy Hart, la jolie meurtrière emprisonnée. Un peu des Hommes préfèrent les blondes, beaucoup de Cabaret (hommage à Bob Fosse, créateur du spectacle, oblige), une tonne de paillettes. Et le pire arrive forcément : le show (c'est-à-dire le rêve) devient réalité. Must go on...

Chicken run

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Réalisé par : studios Aardman
En : 2000, Angleterre
Genre(s) : animation /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Ca y est, les poules ont des dents ! Et en plus, elles parlent... On dirait même qu'elles ont été nourries au grain du cinéma américain (genre "Grande évasion", E.T. et autres Indiana Jones). Pourtant, tout ce qu'on attend d'elles, c'est qu'elles pondent des oeufs. Et, au grand désespoir de certaines, ça ne vole pas très haut, dans le poulailler. Mais tout espoir n'est pas perdu : voici justement le coq Rocky (un américain, un vrai) qui leur tombe du ciel pour leur apprendre à prendre de l'altitude. Juste au moment où la triste réalité du monde extérieur commence à se faire jour : les hommes (enfin, surtout les anglais, il faut bien le dire) sont de grands amateurs de tourtes au poulet... Avant que les créateurs de Wallace & Gromit s'en mêlent, on n'aurait jamais cru que des êtres de pâte à modeler pouvaient être aussi bons comédiens.

Chienne (La)

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Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1931, France
Acteurs principaux : Michel Simon (1895 - 1975)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Guignol nous avertit : ce n'est pas un "drame social" ni une "comédie morale", et il ne faudra y chercher aucune leçon. On y verra juste, en effet, les méfaits de l'argent sur l'amour -et de l'amour sur l'argent. On y compatira aux malheurs d'un petit monsieur nommé Legrand, au coeur trop grand pour le portefeuille. On y croisera une poule dans une peau de vache, une chienne déguisée en fleur. On y rencontrera Dédé, batteur de pavé innocent aux mains sales. Pas un qui n'ait bradé son coeur dans le grand bazar des sentiments illusoires. Et Renoir qui crée quasiment le genre noir (un certain Fritz Lang s'en souviendra dans La Rue Rouge...).

Straw Dogs - Chiens de paille (Les)

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Réalisé par : Sam Peckinpah (1925 - 1984)
En : 1971, Angleterre
Acteurs principaux : Susan George (1950 - ), Dustin Hoffman (1937 - ), David Warner (1941 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

Un gentil astro-mathématicien américain, marié à une jolie paire de jambes anglaises, en congé sabbatique dans le trou à bouseux où est née madame. Au milieu d'écluseurs de bouteilles, c'est le seul à porter un pantalon blanc et des lunettes. Pendant qu'il analyse la structure de l'univers dans son bureau, sa femme montre sa jolie paire de jambes aux ouvriers bouseux qui travaillent sur le toit de leur grange. Une souris et des hommes. Si au moins ils avaient vu Orange mécanique ou Délivrance, ils se seraient peut-être méfié, les jeunes mariés. Mais non, ils ne savent pas jusqu'où ne pas aller trop loin. Si bien qu'ils y vont. A la fin, ils ne seront plus capables de faire la différence entre ce qui fait plaisir et ce qui fait mal. A la fin, le gentil mathématicien aura un peu sali son pantalon et cassé ses lunettes.

Chinoise (La)

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Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1967, France
Acteurs principaux : Juliette Berto (1947 - 1990), Jean-Pierre Léaud (1944 - ), Anne Wiazemsky (1947 - 2017)
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914) /poésie en image /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 96 mn, couleur

Critique perso :

Ils sont cinq, ils vivent ensemble confortablement dans un grand appart bourgeois mais attention, ce sont des révolutionnaires -tendance Mao foncé. Des vrais, des pros, à peine camouflés derrière des activités officielles (étudiants, artistes…). Leur occupation principale est de se former et de s’entretenir dans la connaissance approfondie d’un inépuisable petit livre (rouge). Ils causent beaucoup, font un peu d’atelier artistique, n’ont pas l’air de beaucoup baiser. Des espèces de moines modernes, en fait. A vrai dire, on ne comprend pas grand chose à leurs débats, et c’est pas sûr qu’eux mêmes y comprennent quelque chose. Qu’ils répondent à un interviewer invisible (le maître du logis et du film, bien sûr) ou se coupent la parole, ils frôlent souvent le ridicule d’assez près, et ne donnent pas des masse envie de les suivre. Le film-tract-collage qui annonce mai 68 mais aussi les attentats terroristes, le pop-art, les communautés foireuses, l’activisme, les gueules de bois qui suivent et le naufrage de Godard. Respect (mais en rigolant en coin).

Chung Hing sam Iam - Chungking Express

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Réalisé par : Kar-wai Wong (1958 - )
En : 1994, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Takeshi Kaneshiro (1973 - ), Tony Leung Chiu Wai (1962 - ), Faye Wong (1969 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Portrait de la moderne ultrasolitude en son palais : Hong-Kong. Ici, tout va très vite. Ici, c'est la Grande Braderie des choses et des gens, tout s'achète et tout se vend. Et tout (objets, identités et sentiments) est périssable et interchangeable. Deux histoires, quatre ou cinq personnages dont deux flics. Ils sont mignons, les flics de Honk-Kong (cf. déjà celui de Nos années sauvages). Ils ne sortent jamais leur flingue, sont surtout préoccupés par leurs peines de coeur. Dans ce cas-là, leur horloge interne ne marche plus tout à fait à la même vitesse que celle de la ville. Ils noient leur chagrin dans la foule, dans la bouffe et dans la nuit. Deux histoires, quatre ou cinq personnages qui se croisent mais se reconnaissent rarement. Qui se cachent, se déguisent, s'observent de loin, s'ignorent, se ratent. Deux doux policiers rêveurs au pays de la l'ultramoderne mélancolitude.

Dragonwyck - Château du Dragon (Le)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Walter Huston (1884 - 1950), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Elle aurait pu s'appeler Jane Eyre, le film aurait pu s'appeler Rebecca. Mais là, c'est Miranda. Au début, elle vit dans une petite maison dans la prairie. Un brillant destin de paysanne dévotte lui est promis. Mais un vague cousin très riche l'invite à venir jouer la dame de compagnie dans son antre, Dragonwyck, et sa vie bascule. Le cousin s'avère un irrésistible monstre, la maison se révèle gothique et hantée. Miranda est ravie, dès que possible elle épouse les deux. Il ne lui restera plus qu'à survivre le plus longtemps possible aux charmes vénéneux du lieu, et plus qu'à explorer les recoins obscurs du maître de maison. Il y a des gens comme ça qui ont l'air d'être faits pour s'épanouir à l'ombre, qui sont amoureux de leur prison, et de leur geôlier. La mise en bouche d'une grande oeuvre, en forme de curiosité gothique.

Cid (El) - Cid (Le)

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Réalisé par : Anthony Mann (1906 - 1967)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Charlton Heston (1924 - 2008), Sophia Loren (1934 - ), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /épique pas toc
Caractéristiques : 182 mn, couleur

Critique perso :

Le Cid, quand on est français, on connaît : on sait qu'il cause l'alexandrin couramment, qu'il souffre de cruels dilemmes incurables et on se souvient vaguement d'une querelle avec trois unités. C'était qui, celles-là, déjà ? Bizarre, il n'en est pas question ici. Pourtant il a du coeur, aussi, ce Rodrigue. Il aime aussi une Chimène, et tout irait pour le mieux si les beaux-pères ne s'avisaient de gâcher la fête. Le tout est traité en peplum tardif, dans un Moyen-âge ibérique pré-jihadique sous influence shakespearienne. Pas sûr que Gérard Philippe y retrouve son pourpoint. La morale est claire : ô rage, ô désespoir, le pouvoir et l'héroïsme vont rarement ensemble. Le Cid a choisi son camp, mais il n'aura droit qu'à une victoire post-mortem. Mais aux âmes bien nées, la gloire peut bien attendre le nombre des années.

Saboteur - Cinquième colonne (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Les japonais viennent de s'en prendre à Pearl Harbour. Hitch, passé à l'ouest (de l'Atlantique) depuis Rebecca, veut participer à l'effort de guerre. Alors, il s'en prend aux ennemis du dedans, aux combattants de la Liberté planqués derrière les américains bon teint, aux saboteurs du politiquement correct. Il choisit ses alliés parmi les prolos anars et les aristocrates du coeur, les artistes et les freaks. L'histoire a un goût de déjà vu et un parfum de à revoir : c'est une marche forcée à l'intérieur de la démocratie, east by south east. Le gentil rencontrera la fille des rêves américains. Le méchant sera perdu parce qu'il n'a pas de tailleur anglais. Tout est pour le mieux dans le meilleur des films de propagande possible.

Circus (The) - Cirque (Le)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1928, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Un vagabond à la silhouette familière erre dans une fête foraine. Pas très loin derrière, d'autres silhouettes familières en uniforme et casquette. Maître de l'esquive, notre Guignol préféré se réfugie dans un palais des glaces (comme le fera plus tard une certaine Dame de Shanghai), puis dans un cirque (auquel ressemblera celui de Freaks). Là, il est accueilli (entre autres) par une charmante écuyère maltraitée par son papa, par une troupe de Calvero qui ne font plus rire personne et par un gentil lion qu'il vaut tout de même mieux ne pas réveiller. Il y apprend à mettre en scène quelques unes de ses géniales impro inspirées par les silhouettes en uniforme et casquette. Puis, d'autres inspirations le poussent à jouer au funambule, et l'entrainent jusqu'à un strip-tease de haut vol. Tenté par le ménage à trois, il finit par sortir du cercle après avoir, décidément, inventé tout le cinéma.

Man on a Tightrope - Cirque en révolte

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Gloria Grahame (1923 - 1981), Frederic March (1897 - 1975), Adolphe Menjou (1890 - 1963)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

En 1952, il s’est passé un truc embêtant dans la vie d’Elia Kazan. C’est à ce moment-là qu’il a évoqué quelques noms de potes communistes devant une certaine commission. C’est aussi à partir de là qu’il a commencé à faire des films intéressants, des films où il est question d’agents doubles et de légitimes trahisons. Ici, c’est carrément une troupe entière de cirque (dompteur de lions, clowns, acrobates et musiciens, familles comprises), qui, manque de bol, opère en Tchécoslovaquie, du mauvais côté du rideau de fer. Et rêve de passer de l’autre côté, en bloc et en musique, si possible. Pour éviter d’avoir à faire rire sur les prolétaires méritants et les méchants capitalistes. Si c’est pas de la belle justification a posteriori, ça y ressemble beaucoup. Apparemment, en tout cas, c’est pas le collectivisme qui le rebutait, Kazan, surtout pas celui d’une troupe soudée par le spectacle. Et coup de bol ou pas, il savait décidément faire du très bon cinéma avec (suspense, héros et traitres compris).

Citizen Kane

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Agnes Moorehead (1900 - 1974), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

En 1941, Orson Welles a tout juste 25 ans. Il a déjà 10 ans de théâtre (et quelques coups d'éclat) derrière lui, tout le monde le traite comme un génie. Il est plein d'ambition, Hollywood lui fait un pont d'or. Et voilà que, pour son premier film, il imagine ce que pourrait être sa vie si, en plus, il était riche et con. Il fait la bio de son ennemi intime : un petit jeune naïf et sincère qui nait avec une mine d'or entre les mains et pas grand chose d'autre à se mettre dans le coeur. Qui s'achete (la rédaction d') un journal le jour de ses 25 ans. Puis apprend à devenir, progressivement, un capitaliste arrogant et manipulateur d'opinion, à l'aise dans les eaux troubles de la presse et de la politique. Opportuniste en politique, tête de mule en tout. Qui mourra seul et incompris de tous, en emportant dans sa tombe le secret dérisoire de son innocence perdue. Il y en a qui se sont reconnus... Pour tenter l'impossible inventaire d'une vie, Welles invente les nouvelles règles du jeu du cinéma. Impose une nouvelle construction du récit, tourne des plans impossibles. Ce petit blanc-bec a donné des leçons à tout le monde.

clowns (I) - Clowns (Les)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1970, Italie
Acteurs principaux : Anita Ekberg (1931 - 2015), Federico Fellini (1920 - 1993)
Genre(s) : docu (plus ou moins fiction) /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Un matin, un petit garçon qui s'appelle Federico assiste émerveillé à l'émergence d'un chapiteau géant sous ses fenêtres. Le cirque a aussi dans ses bagages des Hercule de foire, une panthère au milieu des tigres... et des clowns. Depuis ce jour-là, le petit garçon se rend compte que son village est une piste grandeur nature. Depuis ce jour-là, il passe son temps à essayer de reproduire indéfiniment cette scène primitive. D'abord, il s'y prend façon "clown blanc", c'est-à-dire sérieux, rationnel, autoritaire -et un peu foireux. Mais où sont les clowns d'antant ? Enquête, interviews, témoignages. Ratages. Et puis, à bout d'infos exploitables, il lâche le "clown Auguste" qui est en lui au milieu d'une piste et il imagine son grandiose enterrement, dans un chaos génial qui n'appartient qu'à ses mises en scène. Intro, thèse, antithèse (la synthèse, c'est lui !) : ce type-là est vraiment le meilleur docteur possible en sciences clowneriestiques.

Cléo de 5 à 7

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1962, France
Acteurs principaux : Jean-Luc Godard (1930 - ), Anna Karina (1940 - ), Corinne Marchand (1937 - )
Genre(s) : Paris /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 86 mn, NB/couleur

Critique perso :

Dans la première partie, elle s'appelle Cléo Victoire. C'est une chanteuse à la mode et à robe à pois, une poupée un brin capricieuse et superficielle vers laquelle les regards d'hommes se tournent avec un brin d'insistance. Le problème, c'est qu'elle pourrait bien être très malade. Mademoiselle Victoire sent le boulet de la mort lui défaire le brushing. Alors, dans la deuxième partie, elle fait sa mue. Elle s'appelle Florence, elle s'habille en noir comme déjà en deuil d'elle-même, et elle se met à regarder les autres, avec un brin d'insistance bienveillante. Les artistes, les garçons de café et les soldats en permission, même ceux qui ne savent pas qu'elle chante dans les juke-box. En 1h30 de vie et de film, elle réussit à parcourir quelques kilomètres de pavés parisiens : quelques petits pas pour une femme, un grand bond dans son humanité.

Cleopatra - Cléopâtre

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Richard Burton (1925 - 1984), Rex Harrison (1908 - 1990), Martin Landau (1931 - 2017), Elizabeth Taylor (1932 - 2011)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 243 mn, couleur

Critique perso :

La fresque au budget pharaonique qui sonna le déclin de l'empire Fox : 4h de démêlées politico-amoureuses entre quelques hommes qui prétendent, en toute simplicité, aux titres de rois, empereurs et Dieux, et une petite femme qui ose leur tenir tête -et quelle tête ! Cléopâtre, donc, mélange de Margaret Thatcher et de meneuse de Crazy Horse, change de robe et de coiffure à chaque scène. Les hommes, eux, causent beaucoup -et plutôt bien, puisque Shakespeare et Mankiewicz se sont occupés de leur texte. Et puis, Richard Burton porte très bien la minijupe. Mais la patronne, c'est elle. Maîtresse de cérémonie (en plus de César et d'Antoine) hors pair, elle a compris que le pouvoir, c'est avant tout la pompe. Hollywood, qui a pris le relai en la matière, lui devait bien un aussi grandiose hommage.

Lady Eve (The) - Coeur pris au piège (Un)

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Réalisé par : Preston Sturges (1898 - 1959)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Eric Blore (1887 - 1959), Charles Coburn (1877 - 1961), Henry Fonda (1905 - 1982), Eugene Pallette (1889 - 1954), Barbara Stanwyck (1907 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Voici l'homme. Il vient de passer un an dans la jungle. Naïf, timide, maladroit. Papa dans la bière, très riche. Voici la femme. Elle passe sa vie à plumer des gogos. Perfide, tricheuse, aguicheuse. Papa dans les jeux de cartes, très malin. Il élève des serpents. Elle lui fait avaler des couleuvres. Il ne rate pas une seule peau de banane qui traîne. Elle ne rate pas une seule occasion de les laisser trainer. Ils sont forcément faits pour éviter de ne pas s'entendre -et plutôt deux fois qu'une. Au pays de la comédie romantique loufoque, tout est toujours pareil et prévisible -sauf quand ça n'a rien à voir. Dans les couples, c'est pareil.

Morocco - Coeurs brûlés

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1930, USA
Acteurs principaux : Gary Cooper (1901 - 1961), Marlene Dietrich (1901 - 1992), Adolphe Menjou (1890 - 1963)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Le Maroc, dernier refuge avant le désespoir (cf. plus tard Casablanca). Evidemment, c'est plein d'occidentaux désoeuvrés. On peut faire confiance à Sternberg : c'est un des cinéastes qui parvient à mettre le plus de monde, d'accessoires et de barres d'ombres dans ses plans. Et pourtant, ils sont seuls. Elle, danseuse de cabaret bi, chargée d'agrémenter le séjour des légionnaires de passage. Lui, légionnaire de passage sentant bon le sable chaud. Elle trimballe des poupées exotiques dans sa valise. Lui les préfère dans son lit. Ils sont là pour oublier leur passé, et on voit bien qu'ils ne pensent qu'à ça. Ils se draguent par habitude, se séduisent par surprise, se séparent par force. Ils se retrouveront au-delà du cynisme, là où ceux qui ont déjà tout perdu découvrent qu'ils ont encore tout à donner. La beauté des extrêmes.

Collectionneuse (La)

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1967, France
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 89 mn, couleur

Critique perso :

Un dandy XIXème, un esthète XVIIIème et une pétasse XXème siècle passent l'été ensemble dans une villa du sud qui appartient à un vague ami commun. Comme ils n'ont rien d'autres à glander, nos squatters de luxe s'inventent des intrigues à la hauteur de l'opinion qu'ils ont d'eux-mêmes. A l'image : rien, ou presque. De la lumière et des jeunes gens en maillot de bain. En voix off : Adrien l'esthète commente les courses, avec une préciosité et une finesse dignes de son maître en mauvaise foi : Rousseau. Evidemment, Haydé, la fille, coupe Louise Brooks, focalise son attention. Où l'on mesure l'impuissance des mots d'homme face un corps de femme. Où l'on mesure que le cinéma, ça peut être aussi beau et subtil que la littérature Grand Siècle.

Some Came Running - Comme un torrent

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Arthur Kennedy (1914 - 1990), Shirley MacLaine (1934 - ), Dean Martin (1917 - 1995), Frank Sinatra (1915 - 1998)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

Dans le bus, il a encore son uniforme de soldat. Il revient de la guerre avec pas mal d'amertume dans ses bagages, et une fille collée à ses basques depuis la nuit d'avant. Il revient « chez lui » mais il a pris de la bouteille, toutes sortes de bouteilles. Son frangin n'a jamais bougé. Il devait être un peu planqué, maintenant il tient la banque. Lui, il a déjà publié un livre et il voudrait faire écrivain, encore. En fait, il veut tout : la respectabilité et l'encanaillement. Il drague la prof de littérature locale, tout en sympathisant avec les joueurs de poker. C'est le genre de ville un peu perdue mais pas trop, où tout est possible et tout est coincé en même temps. Où tout change mais où tout le monde fait comme si rien n'avait changé. Où on peut tout réussir et (encore plus facilement) tout rater. L'Amérique, en un tout petit peu plus petit. Qui suis-je, qui j'aime, quoi faire de ma vie ? that is the question, that is the big question... And this is a big film.

Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)

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Réalisé par : Arnaud Desplechin (1960 - )
En : 1996, France
Acteurs principaux : Mathieu Amalric (1965 - ), Jeanne Balibar (1968 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Marianne Denicourt (1966 - ), Emmanuelle Devos (1964 - ), Chiara Mastroianni (1972 - ), Denis Podalydès (1963 - ), Emmanuel Salinger (1964 - ), Thibauld de Montalembert (1962 - )
Genre(s) : Paris /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 178 mn, couleur

Critique perso :

Dans mon album de famille de cinéma, mes grands-parents habitaient le village de Jour de fête. Mes parents ont bien connu Vincent, François, Paul et les autres. Et moi, j'ai fait mes études avec les zigottos de ce film, du genre à se nourrir de mots et à ne jamais s'arrêter de penser. On a fréquenté les mêmes librairies, discuté des heures dans les mêmes cafés, arpenté les mêmes rues et les mêmes allées des mêmes parcs parisiens. Et nul doute que si j'avais croisé Mathieu Amalric, normalien philosophe "nul avec les filles", je l'aurais trouvé craquant (comme 3 des filles du film). Le montage, brillant, multiplie les effets de mémoire. Et une voix off très littéraire (on la croirait sortie de chez Mme de la Fayette - ou de chez La Collectionneuse) parvient à donner une dimension épique et romanesque au quotidien de ces jeunes gens. Notre vie était donc si passionnante et on ne le savait pas !

Barefoot Contessa (The) - Comtesse aux pieds nus (La)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Ava Gardner (1922 - 1990), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /la parole est d'or /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Comme toujours avec Mankiewicz, c'est un film sur la duplicité. Mais la duplicité sincère, la duplicité comme fidélité à ses origines. Ava Gardner, au top de sa beauté, y est une danseuse de cabaret espagnole devenue star hollywoodienne. Elle parvient sans mal à nous faire croire à cette histoire de Cendrillon qui ne renonce pas totalement à ses haillons, et poussera le paradoxe jusqu'à tromper son mari par amour pour lui. Son histoire nous est racontée en flash-back par plusieurs personnes qui assistent à son enterrement (on se doute donc que ça ne finira pas très bien). Un conte de fées spéculaire et désenchanté avec Bogart dans le rôle de la marraine, ça ne se refuse pas !

Comédia de Deus (A) - Comédie de Dieu (La)

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Réalisé par : Joao César Monteiro (1934 - 2003)
En : 1995, Portugal
Acteurs principaux : Joao César Monteiro (1934 - 2003)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

Jean de Dieu, vieillard digne (enfin, pas toujours) règne sur le Paradis des crèmes glacées, une boutique à l'ancienne qui regorge de trésors pour le palais. C'est un patron qui n'emploie que des jeunes filles stylées à qui il n'a pas grand chose à apprendre mais qu'il drague très consciencieusement, avec une patience infinie et un sens de la réplique inimitable. Derrière sa tête de vautour et son profil d'esthète ascète, cet artisan-créateur de parfums mystérieux et sublimes cache un fétichiste libidineux. Chez lui, il vénère sa plus préciseuse relique : un herbier de poils pubiens. C'est un maître en cristallisation des liquides de toutes sortes, un capteur d'effluves hors pair. Certes, Antoine Doinel n'aime pas sa dernière création, mais c'est un faux jeton. La dernière demi-heure dévoilera le secret de fabrication de son ultime chef-d'oeuvre. Comme le dit un des personnages à propos de ses glaces (mais ça marche aussi avec le film) : quel dommage que cela ne soit pas un péché !

Conte d'automne

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1998, France
Acteurs principaux : Marie Rivière (1956 - ), Béatrice Romand (1952 - ), Didier Sandre (1946 - )
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Opération : remarions la vigneronne (Magali, 45 a., veuve, 2gds. enfants, etc.). Deux anges-coquines s'y collent : Rosine, la copine du fils et Isabelle, l'amie d'enfance. Pas de concurrence -elles prennent l'initiative chacune de leur côté- mais quelques arrières-pensées qui trainent peut-être (elles seraient pas un peu agents doubles, des fois ?). Machinations, complots, intrigues : tous les moyens sont bons et surtout, comme toujours chez Rohmer, tout est matière à commentaires et analyses en direct, dans un flux continu de paroles. Les vendanges sont bonnes et le cru vieillit très bien.

Conte d'hiver

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1992, France
Genre(s) : culte ou my(s)tique /la parole est d'or
Caractéristiques : 114 mn, couleur

Critique perso :

Convoquer la réminiscence selon Platon, la révélation chrétienne, Shakespeare et le pari de Pascal (à la manière de Ma nuit chez Maud) pour parler des amours d'une coiffeuse : gonflé le Rohmer ! En prime : son plus beau portrait de femme modeste depuis Le Rayon vert. Ce conte-là est celui que je préfère ; parce que derrière une réalité un peu triviale, il traque le mythe antique universel : la nostalgie du paradis perdu et l'espérance en un avenir qui réconcilierait avec ses souvenirs. La grâce embusquée derrière le pilier des églises n'attend pas seulement les coiffeuses et les poètes : des fois, elle touche des films entiers.

Conte d'été

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1996, France
Acteurs principaux : Amanda Langlet (1967 - ), Melvil Poupaud (1973 - )
Genre(s) : en France profonde /la parole est d'or
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Quelques jours de vacances en Bretagne avec Gaspard -et sa guitare. Gaspard est seul, Gaspard mange à la crêperie du "clair de lune", Gaspard cherche sa copine-en-quelque-sorte sur la plage de St Lunaire (faut-il y voir une clé ?). Il fait la connaissance d'une crêpière-ethnologue, puis d'une flibustière court-vêtue (mais avec des principes), avant de retrouver sa copine-en-quelque-sorte, une blonde soi-disant surdouée (pas au volet, en tout cas). Son problème, à Gaspard, c'est qu'il ne sait pas dire non aux filles, et qu'il adore se faire balader. Un indécis professionnel qui va où le conduit le hasard. La mer efface sur le sable les pas des jeunes gens désunis, mais pas la mémoire de leurs conversations.

Conte de printemps

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Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1990, France
Acteurs principaux : Hugues Quester (1948 - )
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 108 mn, couleur

Critique perso :

Tiens, une femme qui pense. Parler, ça, oui, elles ont toujours su faire, chez Rohmer. Mais penser comme une philosophe qu'elle est, en citant Kant et Hegel, c'est plus rare. En plus, Jeanne est jeune et jolie, momentanément éloignée de chez elle et de son copain officiel. Libre quoi, à tout point de vue. A une soirée emmerdante, elle sympathise avec une autre égarée qui tient beacoup à lui faire rencontrer son père. Il faut attendre pas mal pour voir venir le climax du film : le temps de compter jusqu'à trois, Jeanne va vivre un petit, tout petit moment d'égarement. Il y a une histoire de collier, aussi, dont on ne sait pas ce qu'il est devenu. Perdu, volé ou caché, c'est les trois options possibles. Et c'est à peu près tout. Trois fois rien. Ca ne fait pas un pitch très sexy mais ça sufit à faire un film. Jeune et joli, éloigné de tout. Libre quoi.

Tales of Hoffmann (The) - Contes d'Hoffmann (Les)

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Réalisé par : Powell (& Pressburger) (1905 - 1990)
En : 1951, Angleterre
Acteurs principaux : Moira Shearer (1926 - 2006)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Dans l'arrière salle des coulisses d'un théâtre de cinéma, l'acteur d'un personnage de romancier se met à nous raconter l'histoire d'une histoire -ou plutôt de trois histoires, en fait. Pour entrer dans ce genre de films en forme de livre d'images qui bougent, il vaut mieux ne pas avoit oublié ses yeux d'enfant au vestiaire, et ne pas craindre de plonger la tête la première dans tous les pays des merveilles du monde. Les trois histoires, d'ailleurs, ne parlent que de ça : des abîmes de l'âme, des ballets des sentiments, des bords vertigineux du réel. Des chausse-trapes et des doubles-fonds de l'esprit humain, ce théâtre de marionnettes dont chacun serait le propre manipulateur. Et le tout, bien sûr, en chansons, en danses, en cartons pâte et en maléfices. C'est complètement surfait et absolument sublime, comme de l'opéra à la puissance cinéma. Comme si on tirait un feu d'artifices flamboyant dans la caverne de Platon.

Ugetsu monogatari - Contes de la lune vague après la pluie (Les)

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1953, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Masayuki Mori (1911 - 1973), Kinuyo Tanaka (1910 - 1977)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

En temps de guerre, les affaires marchent fort, c'est bien connu -même dans le Japon médiéval le plus reculé. Genjuro, honnête potier de son état, en profite pour mettre les bouchées doubles. Avec son beau-frère, ils constituent un stock qu'ils vont vendre à la ville. Mais l'appétit du gain vient en mangeant : au lieu, fortune faite, de retourner vivre dans leur foyer le reste de leur âge, les voilà qui se prennent à rêver de grandeur miliaire ou d'amours aristocratiques. Sans prendre garde aux signes inquiétants qui rodent, ni aux menaces qui pèsent sur leur femme. Sans prendre garde à l'infinie séduction des leurres, ni à la délicate porosité des mondes flottants. En fait, à force de plans sur la chimère et de courses aux comètes, ils courent droit à leur perte. En fait, à force de vouloir ne pas être à leur place, ils nous permettent de prendre la leur.

Contes immoraux

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Réalisé par : Walerian Borowczyk (1923 - 2006)
En : 1973, France
Acteurs principaux : Fabrice Luchini (1951 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur


Moonfleet - Contrebandiers de Moonfleet (Les)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Stewart Granger (1913 - 1993), Joan Greenwood (1921 - 1987), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 87 mn, couleur

Critique perso :

Angleterre, XVIIIème siècle. John Mohune, pas plus de 7-8 ans au compteur mais le coeur noble déjà bien accroché, est à la recherche du père de substitution que lui a recommandé sa défunte maman. Il tombe sur un chef de bande douteux, l'adopte, lui apprend les bonnes manières et déniche avec lui un trésor. Pour eux deux, "the exercice was profitable". C'est un peu une fable sur les aventures d'un mouton au milieu des loups. Une histoire de pirates à pieds secs, un récit d'apprentissage et de rédemption, quelque part entre les "Liaisons dangereuses" et "L'île au trésor" (les livres). Une aventure humaine, passée en contrebande d'un récit d'aventure clasique. Un bon plan pour apprendre à trouver son chemin dans le grand labyrinthe du monde.

Is the Man Who Is Tall Happy ? - Conversation animée avec Noam Chomsky

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Réalisé par : Michel Gondry (1963 - )
En : 2013, USA
Genre(s) : animation /docu (plus ou moins fiction) /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Un cinéaste-bricolo-geek interviewe une star intello-linguiste, en fait un film avec quelques crayons feutres, et crée un genre à lui tout seul : quelque chose comme le docu-essai d’animation. La bouille vieillissante de Chomsky est bien là, parfois, derrière, mais devant ce sont des idées, des concepts, des objets, des exemples, tout un théâtre de la pensée qui s’anime pour nous. Ils (les concepts) débattent, se confrontent, se mélangent, font la farandole et saluent à la fin, comme les vrais personnages d'un film qu'ils sont ici, Il est question des langues et du langage, de syntaxe (la spécialité du bonhomme), de sémantique, de cognition, d’épistémologie, d’histoire des sciences, de méthodologie de la recherche, des difficultés de l’interaction (ça, c’est plutôt la contribution spécifique de Gondry), bref, c'est exactement tout ce que j’adore et c'est passionnant ! En mots (écrits), en paroles (dites), en images (vues), un vrai feu d’artifices de l’esprit pour l’esprit.

Corbeau (Le)

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Réalisé par : Henri-Georges Clouzot (1907 - 1977)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Ginette Leclerc (1912 - 1992), Noël Roquevert (1892 - 1973), Louis Seigner (1903 - 1991)
Genre(s) : en France profonde /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Un corbeau, maintenant, tout le monde sait ce que c'est. Normal, c'est grâce à ce film (avant, c'était plutôt les écrivains qui inventaient de nouveaux mots). Un corbeau, donc, inonde de lettres anonymes et fielleuses les habitants d'un petit village en racontant plein d'horreurs. En plus, elles sont presque toutes vraies. Atmosphère, atmosphère (enfin, non, ça c'est dans un autre film). Sauf que, derrière les horreurs, il y a aussi pas mal de bonne volonté et beaucoup de souffrances. Mélange de portait collectif, de comédie de moeurs et d'intrigue policière, ce film a marqué son époque et valu quelques ennuis à Clouzot à la Libération. Il n'y a que la vérité humaine qui blesse...

Rope - Corde (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Vue sur une rue de New-York très calme. Un cri. La caméra se tourne vers l'intérieur de l'appart. Contrechamp de l'autre côté des rideaux, où deux élégants jeunes hommes en étranglent un troisième. On ne quittera plus ni l'appart (3 pièces-cuisine, mais on ne voit jamais la chambre) ni le plan (8 bobines de 10mn chacune, mais on voit à peine les transitions) -enfin, il m'a bien semblé apercevoir une coupe et un contrechamp, mais ils font sans doute partie du jeu. Et pour raconter quoi, ce simili plan-séance traficoté ? Le buffet froid donné par les deux dandys-assassins sur le cadavre encore tout chaud de leur victime. Le lien qui les attache ne se réduit sans doute pas à la corde qui leur a servi d'arme. Pour les démasquer, on ne pourra guère compter sur la vieille excentrique de service : elle a vu Les Enchaînés mais ne vaut pas Miss Marple. Mais leur prof en toutes choses, lui, a le regard bien affuté. Comme quoi il ne faut jamais croire avoir dépassé son maître.

Corniaud (Le)

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Réalisé par : Gérard Oury (1919 - 2006)
En : 1965, France
Acteurs principaux : Bourvil (1917 - 1970), Louis de Funès (1914 - 1983)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

La petite madeleine des Noëls de mon enfance, le youkounkoun de mes 7 ans mérite-t-elle une revoyure ? Pourquoi pas ! Parce que c'est tout à la fois un thriller (plus Tontons flingueurs que Vertigo), un road movie (plus "guide Michelin" que Easy Rider), une satire sociale (plus The Party que Le Voleur de bicyclette) et un film de vacances (tout ce que vous voulez) et que ça tient encore très bien la route. Parce que la mayonnaise prend, grâce aux ingrédients (acteurs) de luxe qui y jouent et au rythme auquel ils sont secoués. Bon, sinon, c'est dommage, je me souviens toujours où est caché le youkounkoun, ce qui gâche tout de même un peu le suspens...

Sayat Nova - Couleur de la grenade (La)

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Réalisé par : Sergei Parajanov (1924 - 1990)
En : 1968, Géorgie
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 79 mn, couleur

Critique perso :

Officiellement, c'est le biopic d'un (obscur) poète arménien du XVIIIème siècle, le genre dont, visiblement, même les spécialistes ne savent pas grand chose. En vrai, c'est une installation d'art contemporain réalisée en matériaux de récup' (tendance marché aux puces et fripes folkloriques) et en tableaux vivants, pleins de silence et de symboles. Le poète y est "joué" - visualisé serait plus adapté - par différents acteurs (dont une femme) - Todd Haynes et sa version spéculaire de Bob Dilan n'a rien inventé ! Tout passe facile parce que c'est surtout son oeuvre, et en fait sans doute plutôt son âme, qui tient le premier rôle. Elle s'est réincarnée en objets : en livres, en tapis et en instruments de musique. Elle est curieuse, sensuelle, passionnée, mystique. Belle, amoureuse de la beauté et de l'amour, de Dieu et de l'art. Biographie de l'art, plus que d'un artiste. D'un homme, un beau. Nous sommes tous d'obscurs poètes arméniens du XVIIIème siècle...

Bride & Prejudice - Coup de foudre à Bollywod

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Réalisé par : Gurinder Chadha (1960 - )
En : 2004, Angleterre
Acteurs principaux : Anupam Kher (1955 - ), Aishwarya Rai (1973 - )
Genre(s) : Bollywooderie /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

Bollywood pour les nuls occidentaux, 1ère leçon. On prendra une (ou plusieurs) histoire(s) d'amour(s) contrariée(s). On a le droit de recycler pour cela le bon vieux fond romanesque occidental (Jane Austen, par exemple, ça collera parfaitement). On y mettra des filles superbes, des chansons et plein de confettis. De la culture locale (l'Inde éternelle) et du high tech (l'Inde moderne). Tisser tout ça avec les liens de la famille (très important, ça, les liens de la famille). Attention : pas le droit pour les indiens de s'embrasser en public. Faudra se débrouiller autrement -mais les jeunes gens ne manquent pas d'imagination. Happy-end obligatoire. Mais pas obligatoire de s'en tenir à la 1ère leçon d'exotisme kitch pour occidentaux.

Crabe-tambour (Le)

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Réalisé par : Pierre Schoendoerffer (1928 - 2012)
En : 1977, France
Acteurs principaux : Jacques Dufilho (1914 - 2005), Jacques Perrin (1941 - ), Claude Rich (1929 - 2017), Jean Rochefort (1930 - 2017)
Genre(s) : pauvre espèce humaine /épique pas toc
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Surnom impossible pour un personnage impossible : un officier français passé par l'Indochine, l'Algérie et la prison, reconverti dans le chalutier au large de Terre Neuve. Un saint et un traitre à la fois. Mais pour le voir, on n'aura droit qu'à des flash-back. En fait, ce sont les autres qui en parlent le mieux : trois hommes qui ont croisé sa route et qui se croisent à leur tour, presque par hasard, sur un bateau de la Marine Nationale en route vers le chalutier. Ils s'y connaissent en matière d'armée, vu qu'ils y sont encore. Et en matière de sainteté, vu qu'ils ont toujours une Bible à portée de main ou de lèvres. Et en matière de ratages, aussi... Parfois, le vent sur la mer arrive à nous faire croire au destin. Parfois, leurs histoires arrivent à donner à l'Histoire de France, et à la leur, un souffle de grandeur.

Kung fu - Crazy Kung-Fu

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Réalisé par : Stephen Chow (1962 - )
En : 2004, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Stephen Chow (1962 - )
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants /vers le soleil levant
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

La petite cour chinoise ressemble à toutes les petites cours chinoises. Elle a ses artisans qui bossent, ses gamins qui trainent, son linge qui sèche. Sa proprio pas commode. Mais quand des yakuzas plus ou moins authentiques pointent le bout de leur tatouage, des grands maîtres du kung-fu sortent de leur arrière-boutique sans prévenir. Derrière chaque glandu, il y a peut-être un grand sage de la main de Bouddha qui sommeille. Le film est une sorte de Matrix à la puissance cartoon, une fête de la baston à l'asiatique revisitée par la comédie musicale, un conte à la Sergio pour de rire, à la surrenchère irrésistible. Derrière chaque plan, il y a peut-être une trouvaille comique et acrobatique qui sommeille.

Dial M for Murder - Crime était presque parfait (Le)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990), Grace Kelly (1929 - 1982), Ray Milland (1905 - 1986), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Un décor de théâtre, un sombre complot en vase clos, un scénario à la Colombo, avec mondains pervers et objets fétiches dans les rôles principaux : c'est tout ce qu'il faut à Hitch. Fidèle à son dicton qui veut que meilleur est le méchant, meilleur est le film, il case là une des pires crapules les mieux habillées de son cinéma : un ambitieux opportuniste, faux-cul et manipulateur : bref, un vrai metteur en scène. Il est marié à quelqu'un à sa hauteur : une dame très élégante bien qu'un peu garce et hypocrite sur les bords -capable de tuer un homme avec ses jolies petits bras et ses ciseaux de couture, tout de même. L'un veut tuer l'autre, mais l'autre a l'art de tout gacher. Que le fin mot de l'histoire dépende d'une clé volée dans le porte-monnaie de la dame n'étonnera que ceux qui ignorent tout de la psychanalyse.

Crimes and Misdemeanors - Crimes et délits

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Alan Alda (1936 - ), Woody Allen (1935 - ), Claire Bloom (1931 - ), Mia Farrow (1945 - ), Angelica Huston (1951 - ), Martin Landau (1931 - 2017)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'était au temps où Woody Allen n'avait aucun mal à nous faire croire à son désarroi de voir Mia Farrow lui échapper. Et où il faisait des rêves (c'est-à-dire des films) graves et douloureux, pleins de couloirs sombres, de crimes impunis et d'imposteurs adulés, sous l'oeil absent du Dieu de son enfance. Faux semblants et illusions d'optiques (tout est dans le regard, évidemment). Singin' in the Rain contre Une Place au soleil. Pour bien enfoncer le clou, la construction du film est "binoclaire" : deux histoires parrallèles qui ne se rejoignent qu'à peine, à la fin -sauf que l'une pourrait être un film réalisé par le personnage de l'autre. Des éclats de rire (éblouissants !) dans un joyau de mélancolie.

Viskningar och rop - Cris et chuchotements

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1972, Suède
Acteurs principaux : Harriet Andersson (1932 - ), Erland Josephson (1923 - 2012), Ingrid Thulin (1926 - 2004), Liv Ullmann (1939 - )
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

Trois soeurs, une servante. Plus la douleur, omniprésente. Celle qu'on subit (une des soeurs agonise, dans les râles et les grimaces), celle qu'on s'inflige à soi-même (une autre soeur a l'air d'aimer ça, dans les râles et les grimaces). La douleur de ne pas être aimé, celle de ne pas réussir à aimer (là, ça concerne tout le monde, sauf la servante peut-être). La douleur de ne compter pour rien dans le jeu social (et v'la la servante servie). La peur de la mort. La palette : sanguine à souhait. Purpurine. A se demander comment les robes de chambre immaculées résistent aux fondus au rouge. Film à éviter lors d'humeurs suicidaires. A admirer sans modération le reste du temps.

Bronenosets Potyomkin - Cuirassé Potemkine (Le)

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Réalisé par : Sergei M. Eisenstein (1898 - 1948)
En : 1925, Russie
Genre(s) : culte ou my(s)tique /entre Berlin et Moscou /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Sur le cuirassé Potemkine, la viande est pourrie, les gradés sont perfides et les marins courageux. Mutinerie ! Sur les quais d'Odessa, attendent de braves prolétaires solidaires. Une révolte ? Non, Tsar, une révolution !.. Mais les soldats d'Odessa, aussi, sont perfides (d'ailleurs, on ne voit jamais leur visage). Le monde, filmé par Eisenstein, est un tableau abstrait aux lignes pures, peuplé de visages intenses. Rares sont ceux qui mèlent, comme lui, aussi bien les portraits individuels aux mouvements de foule, et les paysages naturels au monde des machines. Titanic lui a piqué tous ses plans de turbines et de pistons et innombrables sont les films qui rejoueront pour de rire le coup du landau dans l'escalier (cf. Brazil par exemple). Une révolution...

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