Le Deus ex-Machina de cette histoire est invisible et immortel, et c'est le maître du monde. Il a son temple (la Bourse), son clergé (les banquiers) et ses adorateurs (les boursicotteurs et les cocottes). Il y a bien quelques bizarres excentriques qui prétendent ignorer son culte : cet aviateur Hamelin, par exemple. Mais, même lui, il lui doit quelques courbettes pour espérer réaliser sa traversée de l'Atlantique. Saccard est de ceux qui ont le pouvoir de réaliser ce genre de rêve. Quand sa banque prend l'eau, il spécule sur la vie des hommes et sur la corruptibilité des femmes. Le film est comme un grand monopoly grandeur nature (superbe plateau !) où les plus fidèles du Maître ont toujours un coup d'avance. Vous croyiez encore qu'il a fallu une bonne crise pour soupçonner que les dés du capitalisme sont peut-être un peu pipés ? Que la mondialisation du fric a attendu la fin du XXème siècle ? Les bonnes blagues...
Mme Surgère vient de perdre son mari. Elle est riche, mais visiblement pas hyper satisfaite de sa situation. Elle retombe sur son carnet de bal de débutante (autrement dit la liste de ses prétendants de jeune fille) et se décide à aller vérifier, 20 ans plus tard, s'il n'y en aurait pas dans le stock qui lui aurait fait une meilleure vie... L'échantillonnage est soigné et varié : il y a un prêtre et un truand, un guide de haute montagne et un maire de province, quelques fantômes ou ombres d'eux-mêmes, aussi... Chaque visite est l'occasion d'une espèce de sketch, et prétexte à un petit film de genre -préciosités filmiques comprises. Il y en a de plus réussis que d'autres, comme les hommes qu'ils montrent. Mélancolie, mélancolie. Mais on n'est pas non plus hyper convaincus que la femme que l'on suit valait la peine qu'ils se fassent, eux, une autre vie. Et le film, du coup, aurait sans doute pu être meilleur s'il avait, lui, suivi d'autres voies. Mélancolie, mélancolie...
Drôle de drame, bazar bizarre (si si, cousin, vous l'avez dit !), craquante confiserie classique... Dans un drôle de pays qui prétend être l'Angleterre (mais sans cette langue barbare qui s'y pratique) évoluent de drôles de gens qui prétendent ne pas être ce qu'ils sont (ou le contraire). Qu'ils s'affichent comme pasteur, scientifique excentrique, policier ou serial-(butchers)-killer, ils ont toujours une identité de rechange en cas de besoin. Le meilleur alibi des tordus est la bienséance sociale -surtout en Angleterre, vraie ou fausse. Une seule chose est sûre : tous coupables ! A un petit détail près tout de même : pas moyen de dénicher le moindre cadavre -mais ce n'est pas faute d'essayer, ni d'y penser. A force de se cacher dans le double-fond de leurs arrières-pensées, ces pantins pas malins finissent par ne plus trop savoir où ils en sont. L'intrigue est donc impossible à résumer, tant mieux !