Encore un mythe qui passe de justesse la barre du potable à sauver. C'est un film choral, comme on ne le disait pas encore alors. Le décor : un hôtel au coeur de Paris, avec vue sur le canal St Martin et pittoresque à tous les étages. Les personnages principaux : Paris canaille, et Paris populo. Les histoires : des maris, des femmes, des amants, et quelques coups de feu. Celle qui est mise au premier plan (une histoire de petit couple tellement jeune, beau et amoureux que c'en est désespérant -c'est eux qui le pensent !) est de loin la plus tarte et la plus barbante. Heureusement, il y a quelques briscards, pas encore si vieux que ça, qui sauvent la mise. Ils s'incrustent, forcent un peu les portes de la fiction, changent l'atmosphère à force de brasser de l'air. Ils sont les seuls à parler parisien comme aucun parisien n'a jamais parlé. Les seuls à être dignes du mythe qu'ils ont créé.
Rien de plus casse-gueule que le genre mythico-poétique. C'est comme la traversée des miroirs : ça passe ou ça casse ! mais Cocteau est un expert en passage de miroirs... Il nous peint un Orphée de mauvaise humeur. C'est un poète, mais boudé par St Germain-des-prés (un comble, à l'époque). Il aime la mort (l'immortalité ?) plus que sa femme Euridyce. Et l'inspiration tombée du ciel (par ondes radio) plus que la vie quotidienne. Des deux côtés du miroir, deux mondes se contemplent sans se reconnaître... L'abîme symbolique guette, mais la noyade dans le ridicule est évitée haut la main. S'il y a vertige, ce serait pluôt vers le haut...
Dans une rue gris-bleue, des volets clos. "Viens Charles, tue-moi !" fait la femme toute nue à quatre pattes sur un lit. Aussitôt demandé, aussitôt fait, par Charles. Faut dire, la dame avait un prénom de garce : Laura et un nom de mère maquerelle : Tellier (enfin, je dis rien, c'est aussi le mien). Charles, lui, est le meilleur ami du mari. C'est par ailleurs un excellent père et très bon mari, parfait bourgeois sans vagues. Un peu dépressif, tout de même, le Charles, depuis le passage à l'acte. Au point d'en arriver à tout avouer à sa femme, puis au mari. Mais, dans ce milieu gris-bleu, la passion et la culpabilité n'existent pas. Pareil écart est tout simplement inconcevable. Surtout pas de vagues. Une traversée glaçante au-dessus d'un abîme bouillonant.
Dans une rue gris-bleue, des volets clos. "Viens Charles, tue-moi !" fait la femme toute nue à quatre pattes sur un lit. Aussitôt demandé, aussitôt fait, par Charles. Faut dire, la dame avait un prénom de garce : Laura et un nom de mère maquerelle : Tellier (enfin, je dis rien, c'est aussi le mien). Charles, lui, est le meilleur ami du mari. C'est par ailleurs un excellent père et très bon mari, parfait bourgeois sans vagues. Un peu dépressif, tout de même, le Charles, depuis le passage à l'acte. Au point d'en arriver à tout avouer à sa femme, puis au mari. Mais, dans ce milieu gris-bleu, la passion et la culpabilité n'existent pas. Pareil écart est tout simplement inconcevable. Surtout pas de vagues. Une traversée glaçante au-dessus d'un abîme bouillonant.
Nom : Stavisky, prénom : Affaire… En général, on en a vaguement entendu parler, mais de là à savoir exactement de quoi il s’agit… D’ailleurs, même à la fin du film, c’est pas sûr qu’on en sache beaucoup plus. Récap : en 1934, un escroc multicarte meurt dans des circonstances pas claires, ce qui provoque des émeutes et fait tomber un gouvernement. Resnais se concentre sur les derniers mois de la vie du bonhomme et lance le compte-à-rebours de sa mort annoncée. Ce qui l’intéresse, c’est l’agent multiple : français de l’étranger, juif à un moment où c’était pas hyper recommandé, dépressif enjoué, comédien en perpétuelle quête d’un nouveau rôle, arnaqueur multirécidiviste fidèle en amitié (et en amour). Insaisissable, comme l’argent qui apparemment lui file entre les phalanges. Comme le montage, qui joue à saute-mouton avec le temps. Stavisky, c’est une sorte de catalyseur et de révélateur d’une période passablement agitée (Trotsky fait un caméo dans le film). Un mystère, un oignon dont on n’atteindra jamais vraiment le coeur. Un homme-film.