Ca commence par une campagne de projection massive d'insecticide par hélicos (façon Apocalypse Now) et ça finit par un tremblement de terre. Bref, on est un peu comme dans Le Septième sceau : en sursis très provisoire de la colère du ciel. Que font les humains de L.A., en attendant ? Pas mal de bêtises. Ils s'agitent, s'énervent, vont à la pêche aux truites et aux coeurs, pleurent leurs amours perdues. Le temps de quelques heures, des secrets bien noyés referont surface, le petit Finnegan ne se réveillera pas... Altman met à nu ses personnages : depuis Nashville, on ne l'avait jamais vu aussi en forme avec autant de monde. Son incroyable montage réussit à ménager de multiples passerelles entre de multipes histoires. Plein de petites choses qui finissent par faire un grand film.
Cette science fiction-là, avec sa technologie de bric et de broc détraquée au service d'un pouvoir monstrueux, on la reconnaît vite : c'est celle de Terry Gilliam. Effectivement, le début de L'Armée des 12 singes pourrait être la suite post-apocalyptique de Brazil, où le rêve (ici un souvenir d'enfance récurrent) est encore la seule échappée possible de l'enfer. Mais bien vite, on suit Bruce Willis qui expérimente le Vertigo et les délices du voyage dans le temps avant d'en comprendre les inquiétants paradoxes. Il découvrira que la pire prison est celle de sa tête et de son destin et, pour une fois, malgré son beau corps musclé, ne parviendra pas à sauver le monde. Pour lui et pour l'ambiance déglinguée à souhait, ce film supporte tous les paradoxes temporels de la revoyure...