Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'E'

42 réponses classées par ordre alphabétique


E.T.: The Extra-Terrestrial - E.T. : L'Extra-Terrestre

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1982, USA
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Eliott, parfait petit américain névrosé, rencontre E.T., son double en concentré qui vient de l'espace : un parfait petit alien névrosé à tête de vieille grenouille (ou de foeutus avorté), son semblable son frère, son jouet. Ici, c'est un peu le Magicien d'Oz à l'envers : c'est l'autre, celui qui vient de la même planète que Yoda (ou de U-anus ?), qui veut rentrer at home. Au home d'Eliott, en revanche, il y a des pizzas qui trainent et de la bière dans le frigo, mais pas de père à l'horizon. Heureusement, il ne manque pas de pairs-potes, prêts à pédaler secs pour ré-expédier l'alien à l'envoyeur. On n'a jamais trouvé mieux pour dire en revoir à son enfance que de l'envoyer dans l'espace en soucoupe volante.

EXistenZ

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Réalisé par : David Cronenberg (1943 - )
En : 1999, Canada
Acteurs principaux : Willem Dafoe (1955 - ), Ian Holm (1931 - ), Jennifer Jason Leigh (1962 - ), Jude Law (1972 - )
Genre(s) : c'était demain /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

EXistenZ, c'est un jeu à plusieurs, genre réalité virtuelle en immersion totale : cherchez vos alliés et vos ennemis, cherchez le but du jeu. Mais on est bien loin du virtuel glacé et métallique : ici, ça gicle, ça grouille, c'est mou et gluant -et bien plus inquiétant, du coup. L'organique est l'avenir du numérique, on le sait au moins depuis Videodrome. Ce film a été l'un des premiers à multiplier les jeux dans le jeu, en casant le réel comme un niveau parmi d'autres. Si parfois le scénar est un peu laborieux, c'est la faute au manque d'inspiration des joueurs. Et si on perd à eXistenZ, on peut toujours attendre TranscendanZ pour se consoler, qu'y disent dans la pub.

Easy Rider

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Réalisé par : Dennis Hopper (1936 - 2010)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Karen Black (1939 - 2013), Peter Fonda (1940 - ), Dennis Hopper (1936 - 2010), Jack Nicholson (1937 - )
Genre(s) : carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Le film qui a mis a bat le « système des studios » hollywoodien et à 50 ans de style et d’élégance de mise en scène ressemble à du travail d’amateur. D’ailleurs, ça l’est. Il montre la chevauchée pas très fantastique de deux bikers -un pas beau et un taiseux- à travers le pays. Ils viennent de se renflouer en traficotant avec le Mexique, ils ont décidé de rouler de Los Angeles à la Nouvelle Orléans -pour arriver si possible au moment du carnaval. En fait, le carnaval, il est sur la route. C’est l’Amérique la vraie qu’ils rencontrent : ses paysages majestueux, ses fermiers héroïques, ses communautés de hippies utopistes et, surtout, ses hordes de gros bouseux collés à leur patelin paumé. C’est eux les plus nombreux, en fait, et à la fin c’est eux qui gagnent. End of the dream, à peine qu’il commençait à naître. D’où, sans doute, ce goût d’inachevé, qui passe des personnages aux spectateurs. La moitié du budget a dû passer en essence, l’autre en ravitaillement weed (les acteurs ont-ils été payés autrement ?). Quand à la fin l’un des héros reconnaît que « We blew it » (on a tout foiré), on se demande s’il ne parle pas de l’ensemble du film…

Ecce bombo

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 1978, Italie
Acteurs principaux : Nanni Moretti (1953 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Michele Apicella, le filmeur en super 8 de Je suis un autarcique (qui ressemble toujours terriblement à Nanni Moretti) vit encore chez ses parents (avec sa soeur). Il doit avoir un peu plus de sous, il tourne avec une meilleure caméra. Mais il se prend de plus en plus pour le metteur en scène de sa propre vie, et de celle des gens qui l'entourent. Il leur demande de rejouer certaines scènes, invente leurs répliques quand elles ne lui plaisent pas, accessoirement visite le tournage d'autres (ou officie sa copine) ou une espèce de festival rock en plein air dont il semble être le seul participant. Il choisit toujours avec goût les filles avec qui il joue (même quand elles sont mariées à un copain). Et c'est sans doute pour alimenter le making of de sa petite existence qu'il invente avec sa bande de potes un groupe « d'autoconscience » pas excessivement productif. En fait, c'est comme s'il se faisait passer des bouts d'essais à lui-même, comme s'il préparait le casting de son propre biopic. C'est sa manière à lui de faire de la radio libre, comme elles commencent à apparaître à l'époque. Un autoportrait en Vitelloni cinéphile de capitale, un petit film libre.

Eclisse (L') - Eclipse (L')

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Réalisé par : Michelangelo Antonioni (1912 - 2007)
En : 1962, Italie
Acteurs principaux : Alain Delon (1935 - ), Francisco Rabal (1926 - 2001), Louis Seigner (1903 - 1991), Monica Vitti (1931 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /poésie en image
Caractéristiques : 118 mn, NB

Critique perso :

Elle met à peine 20mn à dire au revoir à son ex -qui s'accroche un peu- et à quitter sa maison pleine de murs, de miroirs et de silence. Ca va mal pour les solitaires. Elle erre un peu dans les rues. Dans un temple grec où l'on adore un Dieu étrange, elle retrouve sa maman ; c'est la Bourse, au moins là, il y a un peu plus d'ambiance. Elle rencontre un golden-boy sans parachute. Ils traversent presque sans changer de visage le crac de leur vie. Ca va mal pour les petits porteurs. Ils errent un peu, mais ensemble cette fois. Il l'emmène dans son appartement plein de portes, de vitres et de silence. Ils s'amusent un peu. Mais ça va mal dans le monde, ce truc plein à ras-bord de signifiants qui ont égaré leur signifié. On étouffe en plein air. Total eclipse of the heart, comme chantait l'autre... (ai-je assez fait comprendre que c'était génial ?).

Ed Wood

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Patricia Arquette (1968 - ), Johnny Depp (1963 - ), Jeffrey Jones (1946 - ), Martin Landau (1931 - 2017), Bill Murray (1950 - ), Sarah Jessica Parker (1965 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 127 mn, NB

Critique perso :

Le plus mauvais réalisateur du monde -vu par l'un des meilleurs de son temps- était un spécialiste ès mauvais genres et mauvais goût, dans sa vie comme dans son oeuvre. Il choisissait ses copines en fonction des fringues qu'il pouvait leur piquer, ses sujets et ses collaborateurs pour produire le maximum d'effets avec le minimum de moyens. Il était gentil, naïf, enthousiaste et incompétent. Il rêvait d'égaler Citizen Kane, il réussit tout de même à réaliser Plan 9 from Outer Space, c'est pas donné à tout le monde. Tim Burton le montre, en pleine crise, enfiler une jupe moulante et un pull angora pour aller recevoir la bénédiction de son Dieu Orson. Paradoxal et jubilatoire hommage d'un perfectionniste au dilettante qu'il ne sera jamais.

Edward Scissorhands - Edward aux mains d'argent

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Johnny Depp (1963 - ), Vincent Price (1911 - 1993), Winona Ryder (1971 - ), Dianne Wiest (1948 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

D'un côté, l'Amérique tranquille des banlieues cossues : parcelles identiques, façades pastel, grosses voitures et jardinets bien entretenus. L'endroit est habité par une peuplade de desperate housewises expertes en cosmétiques, entre qui la moindre info circule à la vitesse du téléphone. De l'autre côté, l'imaginaire tourmenté des cauchemars gothiques : un chateau mystérieux, un inventeur fou, sa créature inachevée qui se cache dans le grenier... (elle s'appelle Edward, c'est un Pinocchio de cuir et de fer, un éternel enfant blessé). Comment ces deux enfances-là pourraient-elles bien s'entendre et s'apprivoiser ? Laquelle, d'ailleurs, a le plus besoin de l'autre ? Invention en direct d'une nouvelle poésie, d'un nouveau mythe.

El

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Réalisé par : Luis Bunuel (1900 - 1983)
En : 1952, Mexique
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

El, comme son nom l'indique, est un homme un vrai. Il vit au Mexique dans les années 50, autant dire qu'il n'a de leçons de machisme à recevoir de personne. Bon bourgeois et bon catholique, autant dire (on est chez Bunuel) qu'il est un parfait psychopathe... Avec sa toute jeune épouse, la lune de miel tourne rapidement au cauchemar domestique. Bunuel s'insinue dans la logique délirante de cet homme avec une délectation ironique. Avec lui, la façade respectable peut cacher l'horreur, les valeurs les plus traditionnelles dissimulent la folie.

Forbrydelsens element - Element of Crime (The)

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Réalisé par : Lars von Trier (1956 - )
En : 1984, Danemark
Acteurs principaux : Preben Lerdorff Rye (1917 - 1995)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 104 mn, couleur

Critique perso :

Fisher est un drôle de pêcheur en eaux troubles. Celles de sa mémoire, surtout, qui a l'air un peu perturbée. On y pêche quelques cadavres et un vieux prof, auteur d'un manuel pour enquêteurs (Element of Crime). Fisher, c'est celui qui passe de la théorie à la pratique. Il se lance donc sur les traces d'un certain Harry Gray, tueur en série potentiel, en prenant soin de faire tout comme lui, et de ne jamais voir la lumière du jour. C'est risqué mais ça marche -au cinéma, en tout cas. Le film entier, d'ailleurs, est en noir et mordoré -surtout en noir, en fait, et très beau. L'enquête, elle, est aussi fumeuse que celle d'Alphaville, et sous influence Borgès et Troisième homme. Le jeune homme qui a commis ça a visiblement lu tous les bons manuels de cinéma, il n'a peur ni de la théorie ni de la pratique, ni des plongées en eaux troubles -ça lui resservira !

Elephant

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Réalisé par : Gus Van Sant (1952 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Timothy Bottoms (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Un ado à tête de taureau (sur son tee-shirt) erre dans son labyrinthe de lycée. Non, ce n'est pas lui le minautore. Un autre, avec le sigle de la croix rouge (sur le dos de son jogging), le croise. Non, ce n'est pas lui qui donnera les premiers secours. Un troisième les prend en photos. C'est peut-être lui le cinéaste. Ne pas se fier aux apparences, aux visages, aux peaux. Ces ados sont comme tous les ados du monde. Des fois même, ils s'occupent assez bien de leurs parents. Mais les Rebels Wihout a Cause d'hier sont passés par la case Shining. Ils sont nés avec des jeux vidéos dans les mains, et savent commander ce qu'ils veulent sur Internet. Même de quoi transformer leur univers quotidien en limbes. Un sublime avant goût de l'étrange douceur qui reigne dans l'antichambre des enfers.

Elephant man

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1980, Angleterre
Acteurs principaux : John Gielgud (1904 - 2000), Antony Hopkins (1937 - ), John Hurt (1940 - 2017), Freddie Jones (1927 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

L'angleterre victorienne a tout inventé de notre monde moderne : l'exploitation de l'homme par l'homme (enfin, ça c'était déjà pas nouveau) et par la machine, et la mise en spectacle de ses marges, pour mieux les apprivoiser. John Merrick, le Freak qui n'est pas un monstre, en est un exemplaire révélateur. D'abord, il suscite les bas instincts des spectateurs de foire, leur voyeurisme et leur intolérance -et le nôtre aussi, par la même occasion. Sauf que, rapidement, c'est la monstruosité des autres qui nous saute au visage. La bonne société le traite apparemment mieux, surtout quand il consent à devenir l'alibi idéal de sa bonne conscience. Mais, comme un éléphant dans un jeu de dupes, il n'a évidemment de place nulle part... Dès ses premiers films, David Lynch faisait déjà de drôles de rêves.

Eléphant, ça trompe énormément (Un)

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Réalisé par : Yves Robert (1920 - 2002)
En : 1976, France
Acteurs principaux : Guy Bedos (1934 - ), Claude Brasseur (1936 - ), Danièle Delorme (1926 - 2015), Victor Lanoux (1936 - 2017), Jean Rochefort (1930 - 2017)
Genre(s) : Paris /du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Etienne est en peignoir sur une terrasse, en face de l'Arc de Triomphe. Flash-back : 6 semaines plus tôt, dans un parking souterrain, Etienne surprend une dame en rouge rejouer le coup de la jupe de Marilyn dans Sept ans de réflexion. Il se sent illico le coeur en vacances. Ce qu'il se garde bien de dire à sa famille et à ses potes de tennis et de toujours : Simon, le docteur hypocondriaque et son encombrante maman, Bouly et ses femmes, Daniel et son secret. Etienne, donc, voudrait bien revoir sa dame en rouge. Il la drague à l'ancienne : en forêt, sur sa jument Belle de jour, lors de RDV clandestins et anonymes. La voix off distanciée, une fois de plus, fait merveille. Vaudeville relooké, film de potes, chronique sociologique. Tournage est un peu sans surprises mais comédiens impecs et répliques qui tuent. Qu'on ne s'y trompe pas : on apprécie énormémement.

Kiss Me, Stupid - Embrasse-moi, idiot

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Dean Martin (1917 - 1995), Kim Novak (1933 - ), Ray Walston (1914 - 2001)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

A Climax, Nevada (nulle part entre Las Vegas et Hollywood), il ne se passe jamais rien. Comme quoi : se méfier de la pub... Mais il suffit d'y parachuter, sous un prétexte mécanique quelconque, un crooner très célèbre et très libidineux pour que la population locale atteigne la température d'ébullition. Enfin, pas n'importe qui tout de même mais, pour Orville J. Sponner, natif névrosé aspirant à son 1/4h d'heure de gloire, artiste aussi inspiré que frustré, cette présence est la chance de sa vie. Et le pire risque aussi pour sa charmante épouse, fan de la première heure du crooner libidineux. Pour optimiser ses chances (c'est-à-dire garantir ses gains tout en limitant ses risques), Orville se lance dans le plan le plus foireux de sa vie qui, apparemment, n'en manque pas. Beethoven, le nombril de Polly et le pamplemousse de L'Ennemi public : tout est bon pour arriver à ses fins. Mais Climax est si petit que tourner le dos au pire est le plus sûr moyen d'y arriver. Comme quoi : se méfier de tout, de tout le monde, et surtout de soi-même.

Star Wars: Episode V, The Empire Strikes Back - Empire contre-attaque (L')

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Réalisé par : Irvin Kershner (1923 - 2010)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

De mon avis unanime : le meilleur de la série. Celui de la découverte et de l'exploration de soi-même, cet univers perdu dans la galaxie... Comme il se doit depuis Freud, en 3 tableaux. D'abord, le désert enneigé de Hoth, où il faut affronter un monstre à longues dents et des tanks à 4 pattes. Puis les marécages de Dagobah où Luke plonge, à la recherche de la sagesse. Un maître à longues oreilles échappé du Muppet Show il rencontrera. Pendant ce temps, Han Solo explore les mystères des organismes intersidéraux et, dans un gag récurrent, échoue à passer à la vitesse supérieure en présence de la Princesse Leia. Finalement, tout le monde se retrouve presque miraculeusement à la Citée des Nuages (c'est fou comme l'univers est petit), paradis où le Maître n'est pas forcément celui qu'on croit. Perturbations dans la Force, côté obscur. Conversions massives aussi côté salles (tout aussi obscures).

Heremakono - En attendant le bonheur

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Réalisé par : Abderrahmane Sissako (1961 - )
En : 2002, Mauritanie
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Ca se passe dans la grande salle d'attente en plein air du monde. Quelque part en Afrique, quelque part entre deux infinis : les sables du désert et l'horizon de la mer. Un jeune homme et sa mère viennent d'arriver là. Ils sont coincés entre leur passé dont nous ne saurons rien, et un avenir dont nous ignorerons tout. En attendant, ils font du sur-place. Ils ne parlent pas la bonne langue et ne connaissent personne. Ils ne sont pas les seuls. Là-bas, tout le monde est en transit, en attente de correspondance. Les jeunes attendent de partir vers le Nord, les vieux ne sont pas pressés de s'en aller pour de bon. Ce ne sont pas toujours les bons qui arrivent au bon endroit. Ceux qui restent essaient de transmettre le peu qu'ils n'ont presque plus à ceux qui n'ont pas toujours envie de les écouter. Ils sont tous encore dans la grande salle d'attente de la vie. Comme tout le monde.

Carne trémula - En chair et en os

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Réalisé par : Pedro Almodovar (1949 - )
En : 1997, Espagne
Acteurs principaux : Javier Bardem (1969 - ), Angela Molina (1955 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Victor est né sous une bonne étoile -en néon- et dans un bus désert. Pourtant, sa vie de jeune jomme ne démarre pas très fort : il a 20 ans quand une jolie fille, un flic jaloux et une balle pedue l'envoient en prison sous le signe d'Archibald de la Cruz. Au bout de 10mn, on a compris que cette histoire allait se coltiner avec le désir, les fantasmes et la violence -et ne pas lésiner sur les symbôles. Victor, qui a appris la pédagogie en prison, apprend à faire l'amour avec Clara. Il ne lui restera plus qu'à apprendre la vie avec Helena. C'est l'histoire du passage de la théorie à la pratique, donc, et de l'incarnation des sentiments. Un des plus beaux films d'Almodovar.

Notorious - Enchaînés (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Louis Calhern (1895 - 1956), Cary Grant (1904 - 1986), Claude Rains (1889 - 1967)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Imaginons que le personnage de La Mort aux trousses soit un vrai espion, et que l'héroïne de Casablanca doive donner des gages de bonne conduite patriotique : le monde à l'envers ! A l'image du film entier, où tout le monde ment et joue la comédie. Sous prétexte de raison d'Etat, bien sûr. Parce que l'amour, il faut bien sûr faire mine, dans ce monde-là, de ne pas y croire. Pour y croire, le spectateur, lui, a droit au plus long baiser en pointillé de l'histoire du cinéma (entrecoupé de dialogues sur le poulet dans le frigo, pour détourner le code Hays). Mais ce n'est que le début : le reste du film est une longue jouissance retardée où la tension monte, se cristallise sur des objets fétiches (clé, bouteille, tasse) avant la délivrance finale. Difficile de ne pas adorer.

Enfant sauvage (L')

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Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Jean Dasté (1904 - 1994), François Truffaut (1932 - 1984)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

En 1798, dans l'Aveyron, une étrange découverte : un enfant nu et sauvage, 10 ans de survie en solitaire dans la forêt. Dommage, il a raté la Révolution Française. Face au sauvageon, mieux qu'un prof : Itard, un savant tout aussi solitaire mais qui, lui, a parfaitement assimilé les idéaux humanistes de 1789. Et espère ramener l'enfant parmi les humains, l'initier au langage. A ce luxe dont, avant d'y avoir touché, on ne sait pas qu'il est indispensable : la culture. Hommage aux pédagaogues, donc. Truffaut joue lui-même ce père patient et attentif qu'il n'eut jamais, tout en détachement consciencieux, en retenue et en pudeur. C'est le contraire d'un film historique. Pourtant, l'éducation de Victor a le charme rétro d'une belle leçon au tableau noir.

Enfants du paradis (Les)

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Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1945, France
Acteurs principaux : Arletty (1898 - 1992), Jean-Louis Barrault (1910 - 1994), Pierre Brasseur (1905 - 1972), Maria Casares (1922 - 1996), Marcel Herrand (1897 - 1953), Pierre Renoir (1885 - 1952), Maurice Schutz (1866 - 1955)
Genre(s) : Paris /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /la parole est d'or /poésie en image
Caractéristiques : 190 mn, NB

Critique perso :

Au siècle avant-dernier, quand la télé n'existait pas encore, les artistes de théâtre et de cabaret étaient les rois des Boulevards parisiens. Voici une femme et trois hommes qui sortent de la foule anonyme : un acteur sûr de lui, un aristocrate sûr de sa fortune, un mime-poète sûr de rien. Elle préfère le poète, bien sûr. Mais Paris (réinventé par Prévert) s'en mèle et la vie sépare ceux qui s'aiment. Car l'amour des uns fait le malheur des autres. Pour de mystérieuses raisons (c'était un de mes sujets de dissert' au lycée), les histoires d'amour impossible sont celles qui nous touchent le plus... A force d'art et de poésie, ce film envoie direct ceux qui le regardent au paradis des spectateurs.

Enfants terribles (Les)

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Réalisé par : Jean-Pierre Melville (1917 - 1973)
En : 1950, France
Acteurs principaux : Nicole Stéphane (1923 - 2007)
Genre(s) : poésie en image
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Hem, un de mes très rares regrets dans la constitution de ma DVDthèque. A priori pourtant, Cocteau et Melville sont plutôt dignes de confiance et d'estime, quand ils s'attaquent aux mythes. Mais ici, ils prétendent s'attaquer (un peu) à la réalité et ça colle nettement moins bien. La voix off tente désespérément d'introduire un peu de poésie en douce, dans la chambre de ces deux soit disant enfants un peu trop grands pour leur âge. Ils essaient de rejouer ingénuement Mme de La fayette ou "les liaisons dangereuses", on ne sait pas trop et d'ailleurs on s'en fiche. C'est prévisible et interminable. Parfois, les ailes de géant empêchent de bien faire.

White Heat - Enfer est à lui (L')

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Réalisé par : Raoul Walsh (1887 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986), Virginia Mayo (1920 - 2005), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 114 mn, NB

Critique perso :

Cody Jarrett est un drôle de zig. Avec sa bande de truands-objets, il joue à l'attaque des trains en marche. Il s'en met plein les poches mais ne dépense rien. Avec sa femme-objet, il joue à la poupée (ou le contraire). Avec les gendarmes, il joue au chat et à la souris. Le seul être vivant avec qui il ne rigole pas, c'est sa môman. Cinglé, migraineux, aiguisé comme un couteau, il ne devra sa chute qu'à un Cheval de Troie dissimulé dans un autre Cheval de Troie. Et encore, ce grand bébé a l'art de transformer sa chute en son plus beau triomphe. L'archétype du film noir tardif : redoutablement efficace, dégénéré, plein de fulgurances -comme son héros. "Put the blame on mame", comme disait l'autre.

Jeder für sich und Gott gegen alle - Enigme de Kaspar Hauser (L')

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Réalisé par : Werner Herzog (1942 - )
En : 1974, Allemagne
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

C'est le jour de Pentecôte de l'an de grâce 1828 que Kaspar est tombé du ciel, pile sur la place de Nuremberg. Pas tout à fait un bébé-loup ou un Enfant sauvage (il a dépassé les 20 ans). Pas non plus un idiot (il aime la musique et écrit son nom). Non, plutôt un homme-bébé qui n'a jamais vécu avec d'autres hommes -autrement dit un rien du tout, une marionnette entre les mains d'un démiurge sadique. Quelques bonnes âmes tentent de lui apprendre le métier de grande personne, de lui trouver une place dans le monde ailleurs qu'au magasin des accessoires exotiques. Il devient une sorte de philosophe-artiste brut, riche de ses seuls yeux intranquilles où on lit la stupeur et le désespoir d'être au monde. Des fois, la vérité est bien inspirée.

Narrow Margin (The) - Enigme du Chicago Express (L')

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Marie Windsor (1919 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Partie de cache-cache avec flingues, dans le dernier train pour L.A. C'est drôles, les trains, pour se cacher : c'est plein de coins, de portes et de vitres, ça s'arrête presque jamais. Participent à la partie quelques policiers qui protègent un ou deux mouchards, un ou deux mouchards pas rassurés par les mauvaises fréquentations des wagons, et des mauvaises fréquentations un peu fachées avec les policiers. Chacun est le chat et la souris de quelqu'un d'autre, mais pas toujours de ceux qu'on croit. D'ailleurs, ce n'est pas très facile de jouer à la ronde dans un alignement de compartiments. Chapeau au réalisateur qui, lui, a l'air aussi à l'aise sur cette poutre étroite que dans un décor confortable. Et puis, les trains, c'est pas parce que ça file droit que ce n'est pas propice aux bons films, et aux retournements de situations.

Public Enemy (The) - Ennemi public (L')

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Réalisé par : William A. Wellman (1896 - 1975)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986), Jean Harlow (1911 - 1937)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

Un petit docu sur la vie à Chicago au début du XXème siècle nous met dans le ton : les rues regorgent de petites cailleras à casquettes, toujours prêtes pour un mauvais (petit) coup. Mais les enfants grandissent et leurs coups aussi. Tom Powers est de ceux-là. Il a, comme son nom l'indique, une pile électrique dans le ventre et le poing baladeur. Il apprend vite à manier la gachette (et le demi-pamplemousse), à se rendre indispensable aux uns et encombrant aux autres. Dans ces cas-là, ce sont souvent les autres qui gagnent. Avec ce film et Little Caesar, sorti quasiment en même temps, le crime a trouvé son visage, son sourire malin et son énergie.

Entrée des artistes

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Réalisé par : Marc Allégret (1900 - 1973)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Bernard Blier (1916 - 1989), Julien Carette (1897 - 1966), Marcel Dalio (1900 - 1983), Claude Dauphin (1903 - 1978), Louis Jouvet (1887 - 1951), Odette Joyeux (1914 - 2000), Noël Roquevert (1892 - 1973)
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

C'est l'effervescence dans les couloirs du conservatoire d'art dramatique : aujourd'hui, on recrute les p'tits jeunes de la prochaine promotion. Se presse donc là une bande de postulants cabotins, tous plus insupportables les uns que les autres. Comme on pouvait le craindre, ce sont les pires qui sont pris -enfin, non, les pires, ce sont ceux qui ont été pris l'année d'avant. Ils sont tous jeunes, bêtes et beaux, c'est-à-dire, vus par ceux qui ne le sont plus (voir aussi Les Tricheurs), du genre à jouer avec leurs coeurs qu'ils pensent avoir déjà blasés, du genre à faire des paris stupides sur les sentiments auxquels ils pensent échapper. Mais qui n'hésitent jamais pour autant à en faire des tonnes avec leur peu (de talent) qu'ils ont. Pour paraphraser leur maître (à l'envers), ils mettent un peu trop de jeu dans leur (pseudo) vie, et pas assez de vie dans leur (imitation de) jeu. Ah, le maître... C'est bien simple, ses 10mn de présence à l'écran sont les seules dont on se souvienne. Y'a encore du boulot, les p'tits jeunes...

Espiritu de la colmena (El) - Esprit de la ruche (L')

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Réalisé par : Victor Erice (1940 - )
En : 1973, Espagne
Acteurs principaux : Ana Torrent (1966 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /poésie en image
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

C'est dans un petit village perdu de la campagne espagnole, c'est dans les années 40, c'est loin de la guerre civile, quoique. Un soir, le plus grand monstre de l'histoire du cinéma débarque dans les yeux et les oreilles des villageois, et dans ceux d'Ana et d'Isabel, et le monde ne sera plus jamais comme avant. Bien sûr il existe, ce monstre, bien sûr il habite dans la grange abandonnée d'à côté. Bien sûr, c'est que dans leurs têtes, quoique. Quand on n'a même pas 7 ans, tout est vrai, tout est grand et mystérieux, tout fait peur, quoique. Papa, maman, l'école, rien que des endroits envahis par des esprits, des fantômes. A cet âge-là, le cinéma, c'est comme un mode d'emploi de la vie des grands. Et après aussi. Et même les censeurs de Franco, ils sont pas fichus de voir ce qu'on pourrait y trouver à redire, tellement c'est subtil. Tellement c'est peut-être bien le plus beau film du monde...

Esquive (L')

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Réalisé par : Abdellatif Kechiche (1960 - )
En : 2003, France
Acteurs principaux : Sara Forestier (1986 - )
Genre(s) : en France profonde /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Des têtes d'ados dans un décor de barres d'immeubles : une banlieue anonyme, ailleurs, à côté (où sont les voitures qui brûlent ?). Les têtes parlent, beaucoup, très vite, toutes en même temps, avec de drôles de mots. Elles ont toujours quelque chose à négocier, des intrigues compliquées à mener. Lydia, Rachid et Frida, eux, utilisent comme ils peuvent les mots de Marivaux : ils répètent Les jeux du kif et du hasard (un truc de ouf qui embrouille grave). Krimo voudrait bien faire partie de la bande, changer de costume, toucher la main de Lydia. Mais sa prof de français n'est pas très encourageante. Dans le langage de sa tribu, elle lui dit qu'il devrait sortir de lui-même, que le bonheur, ça se travaille. Il est long, le chemin jusqu'à lui-même. Le mode d'emploi, il est peut-être bien écrit dans la langue de Marivaux. Pas sûr que tout le monde arrive à le décoder.

E la nave va - Et vogue le navire

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1983, Italie
Acteurs principaux : Freddie Jones (1927 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 132 mn, NB/couleur

Critique perso :

Au commencement était le cinéma. Il était muet, en noir et blanc et plein d'innocence. Et puis tout le reste est arrivé. Le son, la couleur, les officiels et les officiers, et l'innocence a dû mettre les voiles, avant de se faire rattraper par le monde en haute mer. C'est à peu près ça que le film raconte et aussi, sans doute, beaucoup d'autres choses. Autant que de spectateurs. Par exemple, une autre version pourrait être : quelque part avant la première guerre mondiale, un prince étranger (et sa cour), quelques fils à papa/maman, des jeunes premièr(e)s ingénu(e)s, des génies incompris et incompréhensibles, un journaliste, un rhinocéros gris et les cendres d'une célèbre cantatrice sont sur un bateau. Toute la civilisation, quoi, plus quelques passagers clandestins. A la fin, tout le monde tombe à l'eau, sauf le cinéma. Insubmersible comme le jouet de grand enfant génial.

Topaz - Etau (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Claude Jade (1948 - 2006), Philippe Noiret (1930 - 2006), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Guerre froide : un dignitaire russe lache son camp, les cubains ne sont pas contents, ce qui inquiète les américains. Pour démèler l'affaire, on fait intervenir un contact neutre, le genre qui se fait une certaine idée de sa mission. Comme il est français, il est autorisé à tromper sa femme avec une charmante agent double cubaine. Mais comme il n'est pas britannique, il n'a pas droit pour autant au glamour de James Bond (lui, son code, ce serait plutôt 0SS 117, c'est dire). Une histoire d'espions de 2ème division, donc, où les décors ont l'air plus réels que les personnages -sauf Fidel et le Che, qui font de la figuration. Pour le reste, plutôt du Hitch de 2ème division.

Eternal Sunshine of the Spotless Mind

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Réalisé par : Michel Gondry (1963 - )
En : 2004, USA
Acteurs principaux : Jim Carrey (1962 - ), Kirsten Dunst (1982 - ), Kate Winslet (1975 - )
Genre(s) : c'était demain /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, couleur

Critique perso :

Après nous avoir plongé en apné Dans la peau de John Malkovich, un scénariste fou récidiviste nous embarque pour un voyage au centre de la tête. La tête appartient à un certain Joel, elle dort et en même temps elle est en panique, parce qu'on s'attaque, avec son consentement officiel, à tous les souvenirs qu'elle a engrangés de Clementine, l'ex de Joel. Vous suivez ? Normal, ça va plus vite que dans Solaris. Pas facile tous les jours de voyager sur les voies de l'association libre, à la vitesse des synapses. Pour éviter le syndrôme de la surcharge cognitive et profiter des trouvailles et inventions visuelles qui se cachent dans les coins, on conseille la télécommande (touches "pause" et "replay"). RDV dans 10 ans pour voir ce qu'il en restera quand on aura tout oublié.

Star Is Born (A) - Etoile est née (Une)

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Réalisé par : George Cukor (1899 - 1983)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Judy Garland (1922 - 1969), James Mason (1909 - 1984)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 181 mn, couleur

Critique perso :

Déjà plus si jeune et une étoile qui jusqu'à présent n'a ébloui personne : c'est l'apprentie chanteuse Esther Blodgett (en plus, impossible de caser un nom pareil en tête d'affiche). Dommage, la Star Ac n'existe pas encore. Mais elle tombe, en la personne de Norman Maine, sur un protecteur qui eut, un siècle avant, son heure de gloire à Hollywood. Maintenant, il a quelques beaux restes mais fréquente surtout les bouteilles de whisky. Il est un peu passé de l'autre côté de la pente... A eux deux, il vont pourtant trouver la formule magique du succès -à défaut de celle du bonheur. Un peu mélo et longuet à mon goût, mais avec quelques morceaux fulgurants et savoureux (le tour du monde dans le salon est mon préféré).

The Nightmare Before Christmas - Etrange Noël de Monsieur Jack (L')

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1993, USA
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 76 mn, couleur

Critique perso :

Au pays d'Halloween, Jack est le roi. C'est lui le meilleur organisateur de réjouissances macabres, de défilés cauchemardesques et de fiestas lugubres. Au pays d'Halloween, aucun fantôme et aucun monstre ne peut se passer de lui. Mais Jack s'ennuie un peu, et il tombe un jour sur un rêve auquel il n'avait jamais pensé : le pays de Noël, ses guilandes, ses bonbons, ses cadeaux, et son petit papa tout rouge. Noël, voilà enfin un boulot à sa hauteur ! Jack étudie scientifiquement la question et se met au turbin de devenir un autre, entrainant tout le village d'Halloween dans son sillage. Bon, évidemment, ça swingue mieux chez les freaks que chez les enfants sages. Et évidemment, (proverbe burtonnien), le choc des cultures fait souvent des pots cassés.

Eureka

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Réalisé par : Shinji Aoyama (1964 - )
En : 2000, Japon
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 210 mn, NB/couleur

Critique perso :

Premier 1/4h : prise d'otages sanglante dans un bus. Des morts, 3 rescapés : le chauffeur et 2 écoliers (un frère, une soeur). 2 ans plus tard : le chauffeur, après avoir fait la route de-ci de-là, revient à son point de départ. Les enfants, laissés à eux-mêmes, sont devenus mutiques. Il leur reste plus de 3h pour tenter de reconstituer, avec un cousin de passage, une espèce de communauté utopique. Pour remonter dans un bus, aussi. Les plus inquiétants sont les enfants : leur regard est vide. Ils ont franchi une ligne, perdu leur innocence. Un film revenu de l'au-delà de la souffrance, un univers sonore qui ressemble au nôtre mais en moins coloré.

Eva

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Réalisé par : Joseph Losey (1909 - 1984)
En : 1962, France
Acteurs principaux : Stanley Baker (1928 - 1976), Virna Lisi (1937 - 2014), Jeanne Moreau (1928 - 2017)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Eva est une garce, les hommes le savent depuis un bon bout de temps. Elle est libre et elle n'aime personne, même Tyvian devrait s'en douter. Mais bon, vous voyez ce que c'est : elle s'incruste chez lui par hasard, squatte son tourne-dique et sa baignoire, et l'homme ne se sent plus de joie. Pourtant, il a déjà tout ce qu'il faut : une petite Dolce vita, de brillantes fréquentations, une jolie fiancée. Il s'est même fait une réputation (totalement usurpée) d'écrivain à la mode. Eva, rien, mais au moins elle ne triche pas avec sa réputation. Le jazz remplit sa vie, grâce à l'argent des hommes. Mais l'homme en veut toujours plus, vous voyez ce que c'est. Jamais content, toujours frustré. Une femme qui se vend sans céder à son charme irrésistible, non mais vous imaginez ça possible, vous ? Le ver est dans le fruit de la bourgeoisie depuis un bon bout de temps.

Vangelo secondo Matteo (Il) - Evangile selon St Matthieu (L')

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Réalisé par : Pier Paolo Pasolini (1922 - 1975)
En : 1964, Italie
Genre(s) : culte ou my(s)tique /poésie en image /à l'antique
Caractéristiques : 133 mn, NB

Critique perso :

Un film dont les visages et les paroles sont la matière première. Des visages d'hommes, des visages de femmes, des visages d'enfants. Des visages magnifiques de paysans miséreux, de vrais gens pas beaux. Tout un peuple, aussi grand que celui des armées d'Alexandre Nevski. Son visage à Lui, c'est une force douce, un roc gracieux et un regard pointu. L'énergie d'un homme qui marche. Les riches et les puissants se reconnaissent, eux, à ce qu'ils ne bougent pas, et aux chapeaux démesurés qui rétrécissent leur visage. L'Homme parle, aussi. Ces paroles entendues mille fois, toujours fraîches. Sur un script éventé depuis 2000 ans, un film brut de dé-embaumage, plus vivant que toutes les hollywooderies sur le sujet. De l'eau de roche.

All about Eve - Eve

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Anne Baxter (1923 - 1985), Bette Davis (1908 - 1989), Marilyn Monroe (1926 - 1962), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : jeu dans le jeu /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 138 mn, NB

Critique perso :

Eve, jeune et charmante actrice, reçoit un prix d'interprétation au milieu de VIP en pingouins. Applaudissements, remerciements. Flash-back : moins d'un an avant, Eve (la même), dans le rôle de la fan anonyme faisant (pour de vrai) le pied de grue à la sortie des théâtres. Que s'est-il passé entre les deux ? Bette Davis, dans le rôle d'une célèbre actrice vieillissante et capricieuse (qui, bizarrement, lui va comme ses gants), arrivera dans l'intervalle à se rendre plus sympathique que l'onctueuse Eve, c'est dire. Mankiewicz prouve par l'exemple que manipulations, faux-semblants et mises en scènes sont les clés d'un spectacle réussi. Impeccable leçon de misanthropie (voire de misogynie) et de cynisme, pour ne plus jamais regarder les cérémonies des Oscar, César, Molière et patapon de la même façon.

Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (L')

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1973, France
Acteurs principaux : Maurice Biraud (1922 - 1982), Catherine Deneuve (1943 - ), Marcello Mastroianni (1924 - 1996)
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Au commencement était la pochade : Agnès et Catherine, enceintes toutes les deux, auraient involontairement suggéré le sujet à Jacquot jaloux : et si l'homme pouvait tomber enceint, lui aussi !? Aussitôt dit, aussitôt fait, Demy ne fait pas les choses à moitié (quoique). Le couple le plus glamour du moment, au lieu de glander dans son Olympe, se retrouve avec plus ou moins les occupations de ses parents (papa dans les autos, maman dans les shampoings), et l'aîné blondinet qu'il fut, c'est le fils de Michel Legrand qui l'incarne. Voilà déjà pas mal de perturbations en vue dans la Sainte Famille. Pour ajouter à la confusion des genres, il multiplie les seconds couteaux à l'identité trouble -mais c'est pour de rire. Le tract féministe déconnant et un peu désinvolte aurait pu être explosif, mais il fait un peu pchitt. Tout n'est pas, hélas, accompli pour les siècles des siècles. Mais pour le début des années 70, c'est déjà pas si mal.

Excalibur

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Réalisé par : John Boorman (1933 - )
En : 1981, Angleterre
Acteurs principaux : Helen Mirren (1945 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du Moyen-Age à 1914 /épique pas toc
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

Elle est née de l'eau et elle retournera à l'eau. Elle a bien connu Merlin, Arthur, Lancelot, Perceval et quelques autres. Elle désigne les rois et adoube les chevaliers. Elle s'appelle Excalibur ; c'est une épée. Son destin, c'est le fer des armures et le feu des combats. Le sang, l'ardeur des hommes et les tôles froissées. L'honneur et la passion. Un peu de Shakespeare pour le texte, pas mal de Zardoz recyclé pour les décors et les costumes. L'épée est très bien mais les autres acteurs (à part quelques seconds rôles prometteurs : essayez de reconnaître Gabriel Byrne et Liam Neeson !) ressemblent beaucoup à des surfeurs californiens. Dommage, ça sent le kitsch. Peut-être la magie qui n'est pas assez réaliste, ou le réel qui n'est pas assez magique. Le Seigneur des anneaux lui a fait prendre un sacré coup de vieux.

Exotica

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Réalisé par : Atom Egoyan (1961 - )
En : 1994, Canada
Acteurs principaux : David Hemblen , Arsinée Khanjian (1958 - ), Elias Koteas (1961 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Les personnages d'Egoyan sont des passeurs de frontières et des inventeurs de rituels -les deux sont liés, sans doute. Ils ont franchi quelques bornes, tutoyé des gouffres, perdu quelque chose d'irremplaçable. Alors, pour soigner leurs obscures blessures, ils s'inventent des conjurations tout aussi obscures. Leur cérémonie favorite consiste à répéter inlassablement certains gestes fétiches, certaines actions qui sont leur madeleine à eux. Ils vivent dans des bulles, inacessibles les uns aux autres et la métaphore de l'aquarium, de l'oeuf ou de la pièce truffée de miroirs sans tain (ce qui revient au même) matérialise leur condition. Dur dur d'être heureux dans ce monde-là, baigné d'ambiance lourde et capiteuse. Et impossible d'oublier le strip-tease d'une fausse écolière quand Léonard Cohen chante "Everybody knows"...

Animal Crackers - Explorateur en folie (L')

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Réalisé par : Victor Heerman (1893 - 1977)
En : 1930, USA
Acteurs principaux : Margaret Dumont (1889 - 1965), Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Réception chez Mrs Rittenhouse, tenue de (non) rigueur exigée. Il y a là un grand professeur qui ne dit jamais rien, un petit escroc qui démasque les imposteurs et un grand explorateur qui n'arrête pas de dire le contraire de ce qu'il dit. Il prétend entre autres revenir d'Afrique, où il a croisé des ours polaires et débusqué un éléphant dans son pyjama... Il y a là aussi un tableau pompier représentant un cavalier "après la chasse" : apparemment un chef d'oeuvre insurpassable, dont deux des invités ont réalisé une copie supérieure à l'original, qui passent tous entre pas mal de mains. Bref, c'est du théâtre de l'absurde en concentré énergétique, du délire acoustico-visuel en décors de carton pâte, de la plongée en apnée dans les vertiges de l'artifice. Supérieur à l'original qu'il est, sans aucun doute.

Mr. Deeds Goes to Town - Extravagant Mr. Deeds (L')

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Réalisé par : Frank Capra (1897 - 1991)
En : 1936, USA
Acteurs principaux : Jean Arthur (1900 - 1991), Gary Cooper (1901 - 1961)
Genre(s) : New York - New York /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

C'est le conte de fée que les américains adorent se raconter à eux-mêmes : l'histoire d'un homme simple et bon, un average man sorti de sa cambrousse qui, par son bon sens terrien et boy scout, donne des leçons de savoir-vivre à la bonne société blasée et satisfaite de New York. Faut dire qu'il n'est pas mu par l'argent (louche, ça, à se demander s'il est vraiment américain), qu'il écrit des poèmes pour cartes de voeux (et on veut nous faire croire que c'est comme ça qu'il gagne sa vie !) et qu'il n'a même pas de petite amie (ce serait dommage de ne pas avoir l'occasion de sauver au moins une newyorkaise -la pire, si possible !- du marasme). Faut dire aussi qu'il a la tête de Gary Cooper, alors tout passe comme une lettre à la mailbox. C'est comme ça que les américain ont réussi à faire avaler leurs contes de fée au monde entier.

Eyes Wide Shut

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1999, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Nicole Kidman (1967 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008)
Genre(s) : conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 159 mn, couleur

Critique perso :

Certes, c'est l'histoire de la crise d'un couple. Mais c'est aussi un remake du Magicien d'Oz pour adultes, autrement dit un voyage au pays des rêves et des fantasmes des grandes personnes, ce monde des apparences aux valeurs inversées, peut-être plus vrai que le monde réel. Tom Cruise joue (plutôt bien) un bon docteur un peu benêt, manipulé par ses désirs -et perpétuellement frustré. Sa femme de l'époque joue (encore mieux) sa femme de l'époque. Quels dangers court-il exactement dans cette aventure ? A-t-il fallu que quelqu'un meurt pour que lui vive ? Pour peindre cette superposition des mondes réels et mentaux, Kubrick utilise des contrastes de couleur étonnants et une construction en miroir. Vertiges et confort, malaise du banal.

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