Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'S'

48 réponses classées par ordre alphabétique


Offret - Sacrifice (Le)

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Réalisé par : Andrei Tarkovsky (1932 - 1986)
En : 1986, Suède
Acteurs principaux : Erland Josephson (1923 - 2012)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /poésie en image
Caractéristiques : 149 mn, NB

Critique perso :

Voici l'homme. C'est un écrivain, un acteur, un poète, un philosophe. Un artiste, quoi. Et un père. Un nain entre les doigts de Dieu, un Dieu qui ne sait pas quoi faire de ses dix doigts. C'est un ange et une bête, un milieu entre tout et rien, comme disait l'autre. C'est le Christ et c'est Ponce Pilate. Le reste du monde, pendant ce temps, ne va pas bien. Peut-être même qu'il est déjà mort, que l'apocalypse est déjà passée par là. En désespoir de tout, l'homme n'a plus qu'à prier, et à renoncer. A tout, aussi, sauf à l'amour. Comme c'est à la fois un saint et un dingue, on ne sait pas trop s'il a sauvé le monde, ou s'il a tout crâmé pour rien -ce en quoi ce genre de films diffère sensiblement de ceux de Bruce Willis. Ce dialogue en altitude entre une grand nordiste et un grand slave est de ceux qui élèvent le regard vers le haut... très haut.

Wild at Heart - Sailor et Lula

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Nicolas Cage (1964 - ), Willem Dafoe (1955 - ), Laura Dern (1967 - ), Freddie Jones (1927 - ), Sheryl Lee (1967 - ), John Lurie (1952 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Sailor est un jeune homme à la peau de serpent, mais au sang (très) chaud. Lula est une délicieuse évaporée qui a toujours l'air d'étouffer dans ses mini-fringues. Ils brûlent rien qu'à se regarder. Leurs vieux n'aiment pas ça et, ayant crâmé plus d'un cable, leur collent quelques tueurs et mauvaises sorcières au derrière. Alors, les p'tits jeunes qui n'ont pas (non plus) froid aux yeux, font comme on fait chez eux : go west, santiags au plancher. Ce remake rock n' roll hot du Magicien d'Oz nous embarque encore au coeur des ténèbres américaines, à la rencontre des bouseux, des zombies et des fêlés. Au coeur du brasier, là où se cuisent les vieilles soupes et où se tordent les vieilles lames, là où se forgent les mythes nouveaux.

Salaire de la peur (Le)

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Réalisé par : Henri-Georges Clouzot (1907 - 1977)
En : 1953, France
Acteurs principaux : Yves Montand (1921 - 1991), Charles Vanel (1892 - 1989)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 141 mn, NB

Critique perso :

Une petite communauté de losers de tous pays, égarés dans un trou de boue en Amérique centrale, se retrouve à glander dans le café du Marius local. Y'a même deux parigots qui y font connaissance. Ils auront tout le temps d'approfondir les présentations : les voilà embarqués (après plus d'une heure de glande, tout de même) dans un convoi exceptionnel à haut risque et haut gain potentiel -une traversée de l'enfer à 20km/h. Ce n'est pas tant la nature qu'il faut craindre, ici, que l'inhumaine industrie des hommes, leur capacité à créer des pièges plus grand qu'eux. Une histoire de mâles entre eux -des vrais, des durs, des ruisselants (de whisky, de sueur ou de pétrole, à votre goût), victimes avant l'heure de la mondialisation de la misère, celle qui mesure en dollars la valeur d'un mec.

Jalsaghar - Salon de musique (Le)

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Réalisé par : Satyajit Ray (1921 - 1992)
En : 1958, Inde
Genre(s) : en avant la musique /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Grandeur et décadence d'un aristocrate bengali en pleine déconfiture -mais avec les honneurs. Le salon de musique, c'est le joyau de son palais. Son coeur empoisonné. L'aristocrate, c'est souvent le cas, a aussi un voisin parvenu : aucune éducation, plein de sous. Lui est très fort pour gaspiller les siens en s'enivrant de fumée, de musique et d'orgueil -mais avec les honneurs, tel un Guépard ramolli. Il y a aussi là-dedans un parfum d'Autant en emporte le vent intimiste, ou de Titanic en chambre. Un Ray peut en cacher un autre. Ce serait dommage de rater ce train-là.

Salvatore Giuliano

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Réalisé par : Francesco Rosi (1922 - 2015)
En : 1962, Italie
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

Salvatore Giuliano est un bandit, un autonomiste, un mafieux, un bon fils (en Sicile, tout cela est un peu mélangé). Toute sa brève -mais brillante- carrière, il l'a passée dans les 10kms qui entourent sa maison natale. Et, malgré une débauche de moyens, la police a eu toutes les peines du monde à l'y dénicher (en Sicile, ça se passe souvent comme ça). Ses méthodes sont pourtant connues au moins depuis Pépé le Moko : réseau de complicités indémêlable, corruptions, intimidations... Salvatore Giuliano, ce sont les autres qui en parlent le mieux. En fait, il n'en parlent pas avec leurs mots (en Sicile, ça ne se fait pas), mais avec leurs corps, leurs gestes et leurs gueules burinées par le soleil et la misère. Salvatore Giuliano est un aimant invisible : ce film est son portrait en pieds mais de dos, dans l'ombre, sans qu'aucun plan ne permette d'identifier son visage. Sec, brut, magnifique (en Sicile...).

Tsubaki Sanjûrô - Sanjuro

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1962, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /vers le soleil levant
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Le samouraï free-lance mal léché du Garde du corps est de retour. Il traîne toujours là où il ne faut pas, en plein conciliabule de conspirateurs. Cette fois, c'est pour une histoire de corruption dont s'accusent mutuellement deux clans : celui d'un chambellan, et celui de son intendant. Mais le film est tout sauf une enquête policière. C'est plutôt une leçon de stratégie, une partie d'échecs grandeur nature, menée entre grands maîtres par apprentis interposés : d'un côté, une poignée de gamins, de l'autre une armée. Bien sûr, parce qu'il a le panache dans le sang, c'est avec les gamins que joue le samouraï. Mais, comme c'est aussi un incorrigible marginal, il est toujours à manger et à dormir quand les autres parlementent, debout quand ils se cachent, assis quand ils se précipitent au combat. Il est seul mais il a la ruse, la force des faibles. Et seuls les plus faibles et plus rusés encore (les femmes) sont capables de le désarmer. A la fin, il révèle sa vraie nature : une jolie fleur (de camélia, c'est ce que veut dire "Sanjuro") dans une peau de guerrier.

Sans toit ni loi

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Réalisé par : Agnès Varda (1928 - )
En : 1985, France
Acteurs principaux : Sandrine Bonnaire (1967 - ), Yolande Moreau (1953 - )
Genre(s) : en France profonde /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Un sale matin, Mona est retrouvée morte de froid dans un fossé. Mona faisait la route, celle du sud, autour de Nîmes. Elle a croisé le petit monde des sédentaires du cru. Elle a partagé un peu de leur vie, leur a tendu le miroir de ce qu'ils ne sont pas, ou plus, ou n'oseront jamais être : libre... Elle les emmerde, elle n'est pas sympa, Mona. Plutôt hargneuse, rageuse : c'est que sa vie en dépend. Elle ne la préserve que tant qu'elle bouge, tant qu'elle suit la direction pointée par cette main tricottée sur son pull (la même main que dans Jacquot de Nantes, sans doute). Mona, c'est comme une nomade sans chameaux dans le désert du monde. Un faux docu qui est un vrai grand film, sur une autre façon d'être en vie, sur une autre façon de faire du cinéma.

Tian bian yi duo yun - Saveur de la pastèque (La)

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Réalisé par : Ming-liang Tsai (1957 - )
En : 2005, Taiwan
Acteurs principaux : Shiang-shyi Chen , Kang-sheng Lee (1968 - )
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 114 mn, couleur

Critique perso :

Lee est un jeune acteur porno désabusé, Chen une jeune fille romantique et solitaire. Ils vivent dans le même hôtel, mais pas dans le même monde. Depuis qu'ils se sont croisés dans d'autres films de Tsai Ming-liang, tout le monde sait qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Mais dans les films de Tsai Ming-liang, ça peut reprendre un peu de temps. Dehors, c'est la canicule du siècle. L'eau, comme l'amour, est une denrée rare. Les postulants tourtereaux n'emploient visiblement pas la même stratégie pour s'en procurer et supporter la chaleur. Lee n'est de toute façon jamais très habillé, Chen ne sort pas trop de chez elle. Chen collectionne précautionneusemnt les bouteilles en plastique, Lee se baigne directement dans les réservoirs. Tous les deux ne demandent pas mieux que chanter sous la pluie (sous les parapluies de Cherbourg) -ce qu'ils font d'ailleurs, mais sans doute uniquement dans leurs rêves. L'amour, comme l'eau, ne se laisse pas facilement saisir. Chen a perdu la clé de sa grande valise, Lee les essaie toutes une à une patiemment. Il y a à boire et à manger, dans ce film, comme dans la pastèque. Mais en prenant son temps. Sa chair est triste, hélas.

Scandal in Paris (A) - Scandale à Paris

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Réalisé par : Douglas Sirk (1897 - 1987)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : George Sanders (1906 - 1972), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /la parole est d'or
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Voix off distinguée qui commente avec une brillante ironie les méfaits d'un vaurien : le procédé n'est pas complètement surprenant (c'est parce qu'on a vu avant Noblesse oblige et Barry Lyndon mais ce film-ci est plus ancien) ; il est toujours efficace. Nous voici donc partis pour la vie et les oeuvres du Lieutenant Rousseau, plus connu sous le nom de François Eugène Vidocq -qui n'était pas plus vrai que le précédent. Hollywood en fait une métaphore de l'éternel combat de l'homme contre ses propres démons (via St Georges et le dragon !)- mais sans se prendre trop au sérieux, heureusement. On soupçonne le récit, concentré sur 2 ans, d'être légèrement romancé -sans doute très en dessous de la vérité d'ailleurs ! George Sanders entame là sa brillante carrière de fripouille aristocratique. Mais, comme c'est lui le héros, il pousse pour une fois le bon goût jusqu'à s'amender in extremis pour les beaux yeux d'une marquise. On lui pardonne tout, même son honnêteté.

Foreign Affair (A) - Scandaleuse de Berlin (La)

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Jean Arthur (1900 - 1991), Marlene Dietrich (1901 - 1992), Jonh Lund (1911 - 1992)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Berlin en 1945 : un peu comme un gros tas de légos dans lequel quelqu'un aurait mis un grand coup de pieds. Pas évident d'y caser une comédie. Mais tout n'est pas perdu, voici une délégation Républicaine du Congrès US qui débarque par les airs, avec pour mission de contrôler le (ou la, c'est pas très clair) moral(e) des troupes. Et, en son sein, une sénatrice de l'Iowa qui prend sa charge très à coeur, surtout depuis qu'elle est escortée d'un bel officier qui lui rappelle le pays. Côté moral(e), on ne demande pas trop leur avis aux autochtones, déjà trop heureux d'avoir survécu au gros coup de pied. Y'en a même qui sont encore debout, voire même sexy et bien habillée, et qui chante depuis toujours. Trop heureuse d'avoir pris très à coeur ses relations avec l'occupant, et particulièrement un bel officier qui n'est pas du pays. Le choc des cultures a déjà eu lieu (il a fait quelques millions de morts), il ne reste plus qu'à savoir laquelle est le côté pile, laquelle est le côté face, et de quel côté tombe la pièce quand c'est un bel officier qui la lance. Laquelle sauvera la face et le (ou la) moral(e) des troupes.

Science des rêves (La)

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Réalisé par : Michel Gondry (1963 - )
En : 2006, France
Acteurs principaux : Alain Chabat (1958 - ), Charlotte Gainsbourg (1971 - ), Gael Garcia Bernal (1978 - ), Miou-Miou (1950 - )
Genre(s) : Paris /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Sur la scène de sa petite télé intérieure, Stéphane est un homme orchestre. Images, sons, cuisine : il sait tout faire. Dans la vraie vie, c'est pareil en un peu moins bien. Il est de retour à Paris auprès de sa maman, qui prétend lui avoir trouver un boulot "créatif" dans une boîte de calendriers. Dans ses rêves, il révolutionne le concept et subjugue ses collègues de travail. Dans la vraie vie, c'est pareil en un peu moins bien. Et puis, il croise sur son palier la charmante Stéphanie, sa voisine, sa semblable, sa soeur. Il la séduit en lui fabriquant sur mesure des machines mirobolantes. Mais on ne sait jamais trop dans quelle vie ses machines et ses charmes marchent correctement. Stéphane, il a le don d'être un magicien de lui-même : il arrive à se faire croire à peu près n'importe quoi. D'une non-histoire d'amour, il fait simplement une belle histoire. Dans la vraie vie, Michel Gondry aussi, en encore mieux.

Sciuscià

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Réalisé par : Vittorio De Sica (1902 - 1974)
En : 1946, Italie
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

Juste après Rome, ville ouverte, juste avant Le Voleur de bicyclette, juste en même temps que Paisa. Rome, qui a perdu la guerre -et tout le reste-, est devenue un repère de magouilleurs qui trafiquent leur misère avec les soldats américains. Ils sont deux amis, deux petits "shoeshine" des rues, qui ne rêvent que de cheval et de liberté. Ils ont le tort, comme tous les Olvidados du monde, de croire ce que leur racontent les adultes. Ils ont le temps d'un film pour apprendre comment fonctionne leur justice. Réquisitoire terrible et glaçant contre une société qui fait de ses petits Mozart des assassins.

Scener ur ett äktenskap - Scènes de la vie conjugale

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1975, Suède
Acteurs principaux : Bibi Andersson (1935 - ), Erland Josephson (1923 - 2012), Liv Ullmann (1939 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 167 mn, couleur

Critique perso :

Johan et Marianne, 10 ans de mariage, 2 enfants, couple modèle. Lui : parle bien, dit ne pas douter, se sent un peu enfermé. Elle : réservée, a peur de douter, ne se rend pas encore compte de son enfermement. En fait, le ver est déjà dans le fruit du paradis conjugal. A la première tentatrice venue, Johan se tire. Marianne pleure un peu, mais au fond c'est elle qui a la meilleure part. Ils se déchirent, se séparent, se revoient, se redéchirent. En fait, on ne les voit s'embrasser et se désirer qu'au plus fort de leurs scènes de ménage. Les corps ne veulent jamais la même chose que les paroles qui en sortent. Les années passent. Johan et Marianne, 10 ans de divorce, couple modèle. Un film de chambre avec vue sur les âmes par temps d'orage. Avec deux musiciens experts dans l'art du sentiment qui traverse un visage.

Salt of the Earth - Sel de la terre (Le)

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Réalisé par : Herbert J. Biberman (1900 - 1971)
En : 1954, USA
Genre(s) : pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

Dans les années 70, des chanteuses MLF chez Agnès Varda rappelaient : "papa Hengel disait qu'à la maison, l'homme est le bourgeois, et la femme est le prolétariat". C'est le résumé de ce drôle d'ovni marxiste-féministe, brulôt culte et maudit -et tout sauf américain- réalisé par un arrière-cousin back-listé de Ken Loach. Il y est question d'une grève de mineurs (majoritairement mexicains) qui dure des mois, dans un bled près de la frontière dont le Shérif est un arrière-cousin de Georges Bush Jr. (avec des moustaches). Au moment où tout risque de foirer, les femmes s'en mèlent, sauvent le mouvement, l'honneur et leur dignité. Merci mesdames. Le prolétariat du prolétariat aura des lendemains qui chantent au MLF.

Senso

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Réalisé par : Luchino Visconti (1906 - 1976)
En : 1954, Italie
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), Christian Marquand (1927 - 2000), Alida Valli (1921 - 2006)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

Elle adore l'opéra. Elle est belle comme une actrice, noble comme une héroïne et elle vit à Venise qui, même occupée par les autrichiens, est le plus beau décor du monde. Elle a un cousin qui résiste avec panache et un mari qui collabore avec veulerie. Autrement dit : elle est mûre à point pour un destin de Bovary de 1ère catégorie. Sûr qu'elle ne demanderait pas mieux que de s'abandonner au premier uniforme ennemi à jolie figure venu. Il vient, et il est beau. Ah l'amour... impossible, interdit si possible, c'est ce qui fait les meilleures histoires. Mais tout de même, il abuse un peu, des fois, le bel officier. Il a besoin de sous. Tout de même, il a l'art de faire avaler les couleuvres. Jusqu'au trognon, A l'opéra aussi, les (meilleures) histoires d'amour finissent mal (en général). Elle n'a pas tiré le bon rôle, elle n'a droit qu'au malheur et à l'humilation. Elle va tout perdre, elle a tout perdu. Sauf, comme les meilleures tragédiennes, l'art d'être à la hauteur de toutes les trahisons qu'elle s'est déjà faites à elle-même.

Seven Year Itch (The) - Sept ans de réflexion

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Oskar Homolka (1898 - 1978), Marilyn Monroe (1926 - 1962)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

On pourrait faire une thèse sur les symboles sexuels chez Billy Wilder (ça a sans doute déjà été fait -sinon, j'ai raté ma vocation !) : mouvements involontaires du pouce, problèmes de tuyauterie et de bouteilles à déboucher, trappes cachées, démangeaisons, torticolis et courants d'air : un vrai artiste en allusions, sous-entendus et contournements de censure. Son héros préféré, l'Américain moyen, est ici encombré d'une imagination débordante et d'une bombe -pardon, d'une blonde- en voisine du dessus. En plus, il vient d'envoyer sa femme et son fils en vacances et, comme tous les Américains moyens, cultive avec soin son complexe de culpabilité. Le mythe est à portée de main, c'est beaucoup trop pour un Américain moyen.

Shichinin no samurai - Sept samouraïs (Les)

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1954, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 160 mn, NB

Critique perso :

Pour éviter le pillage de leur future récolte, un village de paysans se résoud à embaucher des samouraïs, si possibles efficaces et bon marchés. Dans le Japon du XVIème siècle, c'est apparemment toute une histoire : ces hommes-là appartiennent à des mondes différents. Au terme d'un casting serré, sept spécimens aux pedigrees et aptitudes divers sont recrutés. La résistance s'organise avec bonne volonté (côté paysan) et compétence (côté samouraïs). Ce serait présomptueux de ma part de prétendre les connaître tous par leur nom, mais on les identifie rapidement très bien. Plus une dizaine de villageois, pas si différents de ceux de notre plus mythique village gaulois (celui qui résiste, justement). Fresque militaire épique et chronique paysanne burlesque, cette guerre à échelle humaine a le bon goût de laisser le dernier mot à la vie qui continue. Chapeau (très) bas.

Sjunde inseglet (Det) - Septième sceau (Le)

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1957, Suède
Acteurs principaux : Bibi Andersson (1935 - ), Gunnar Björnstrand (1909 - 1986), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe à une époque reculée, au tournant d'un millénaire, juste avant la fin du monde. La Mort fait sa tournée mais elle est provisoirement retardée par une partie d'échecs avec un chevalier de retour des croisades (Max le grand, à qui ça a dû faire drôle de se retrouver de nouveau, un millénaire plus tard, devant un type menaçant avec un capuchon noir sur la tête). Le chevalier en sursis en profite pour tenter, une dernière fois, de comprendre quelque chose au monde qui l'entoure et au silence de Dieu. Dieu, justement, il se fait aussi bruyamment attendre par des pénitents qui fuient la peste et par des soldats qui brûlent une sorcière. Mais il se fait tendrement entendre d'un troubadour en roulotte. Un film qui ose allier le symbolisme mystique, le trouble métaphysique et le burlesque de foire, sans jamais tomber dans le ridicule. Presque aussi grand que les sujets qu'il traite.

Serious Man (A)

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Réalisé par : frères Coen
En : 2009, USA
Acteurs principaux : Fred Melamed (1956 - ), Michael Stuhlbarg (1968 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

Années 50. Larry Gopnik a toujours été un serious man : bon mari, bon père, bon prof (de physique à la fac), bon soutien de famille (pour son frère largué), bon juif… bref, parfait bon américain moyen de ville moyenne. Et voilà que tout ce qu’il a patiemment construit au cours de sa bonne vie semble se dérober : sa femme se tire avec un collègue bien plus âgé, ses enfants lui échappent, ses étudiants contestent leurs notes, ses voisins se comportent bizarrement, sa santé vacille… En fait, tout devient incertain et ambigu, et même les rabbins n’y peuvent rien. Pourtant, décrypter les signes et les équations, c’est ce que la science et la religion lui ont toujours garanti. Capter les ondes du ciel, avec la Torah ou les antennes de son toit, ça a toujours semblé facile. Mais là, ça coince. Maintenant, c’est le Principe d’incertitude, qu’il enseigne dans ses cours, qui prend le dessus. On ne sait toujours pas si le chat (ou le dibbouk) de Schrödinger est mort ou vivant, c’est dire. Et de la théorie à la pratique, il y a décidément une vie. Et un film. Drôle et profond.

Sex, Lies, and Videotape - Sexe, mensonges et vidéo

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Réalisé par : Steven Soderbergh (1963 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Peter Gallagher (1955 - ), Andie MacDowell (1958 - ), James Spader (1960 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Un mari riche, beau, à qui tout réussit -même ses infidélités. Une parfaite épouse bourgeoise qui n'aime pas qu'on la touche. La soeur, artiste sur les bords, qui couche avec le mari. Un doux copain d'enfance du mari, un peu paumé, qui n'a plus envie de toucher. Le sexe, ce sont les non pratiquants qui en parlent le mieux -les autres ont mieux à faire. Ce sont les seuls, aussi, à savoir qu'ils ne vont pas bien -les autres ont autre chose à penser. Voilà un jeune cinéaste qui nous dit qu'il est temps de ne plus passer autant de temps à mater des images, et qui soigne sa névrose avec celles de ses personnages. On lui souhaite toutes les névroses de la terre.

Shanghai Gesture (The)

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Eric Blore (1887 - 1959), Marcel Dalio (1900 - 1983), Walter Huston (1884 - 1950), Victor Mature (1915 - 1999), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

A l'entrée : un cerbère enturbanné à poils longs et une enseigne lumineuse ("never closes"). A l'intérieur : une foule cosmopolite agglutinée sur des paliers en cercles concentriques jusqu'à une table de casino. Bienvenue en enfer... La patronne s'apelle Mother Gin Sling's (ça aurait très bien pu être Mother Whisky Soda) et, à en juger par sa coiffure, l'intérieur de son crâne a besoin de ventilation. On mettra du temps à comprendre pourquoi elle en veut tant à sa nouvelle cliente, la distinguée Poppy, et pourquoi elle la pousse dans les coussins d'un nonchalant à tarbouche qui se fait appeler Dr. Omar. Elle mettra encore plus de temps à comprendre que ce n'était peut-être pas une si bonne idée que cela... L'histoire est tordue à souhait, les personnages retors, le décor somptueux (et vice-versa). Qu'importe la vraisemblance : même en smoking et en très bonne compagnie, on ne s'évade pas si facilement du petit enfer portatif coincé dans sa mémoire.

Siu lam juk kau - Shaolin soccer

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Réalisé par : Stephen Chow (1962 - )
En : 2001, Chine-Hong-Kong
Acteurs principaux : Stephen Chow (1962 - )
Genre(s) : animation /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants /vers le soleil levant
Caractéristiques : 87 mn, couleur

Critique perso :

C'est une sorte de Trézeguet à moustache : un soir de finale, il a foiré le pénalty qui tue. Les supporters n'ont pas pardonné à sa jambe d'avoir flanché... Mais la défunte jambe en or s'est, semble-t-il, réincarnée quelques années plus tard dans la chaussure (pourtant pas très fraîche) d'un SDF adepte du Kung-fu. Le Kung-fu, c'est une discipline exigeante et efficace, un truc capable de changer la vie. Le seul probème, semble-t-il, c'est qu'il ne nourrit pas son homme (ni sa femme). Pourtant, avec une équipe de tocards bien initiés à ses mystères, tous les espoirs de revanche sont permis... Tex Avery s'est, semble-t-il, converti à Bouddha et réincarné quelque part en Chine à la fin du XXème siècle. Il a bien fait.

Sharasôju - Shara

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Réalisé par : Naomi Kawase (1969 - )
En : 2003, Japon
Acteurs principaux : Naomi Kawase (1969 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /poésie en image /vers le soleil levant
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Au début, ils sont deux, deux garçons qui se ressemblent et qui jouent ensemble. C'est comme dans un rêve. Ils se courent après dans le labyrinthe des rues du quartier, et tout à coup il n'y en a plus qu'un seul. C'est tout ce qu'on verra de la disparition de l'autre. Cinq ans plus tard, le rêve est passé, le fantôme hante encore. Le garçon restant a grandi, sa maman est enceinte, la voisine est jolie. Papa anime un comité pour relancer l'organisation d'une fête dans les rues du quartier, mi-carnaval mi-cérémonie ancestrale. Exorcisme et célébration. On déambule, on cause, on se prépare à la fête. On apprend un peu du passé, on prépare un peu l'avenir. En douceur et en longs plans séquences, ça heurte et ça coule, c'est fluide et ça accroche. C'est à peu près tout ce qu'il y a dans ce film et c'est énorme. La vie, l'amour, la mort et leurs labyrinthes, à l'échelle d'un quartier, d'une vie, du monde. Enorme et en douceur.

Shining (The)

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Jack Nicholson (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Comme dans la Nuit du chasseur, le loup, on le voit arriver de haut, et de loin. Il s'appelle Jack, écrivain, sourcils menaçants ; il vient de dégotter un petit job peinard : jouer au gardien d'hiver dans un hôtel paumé. Il y emmène sa femme et son fils. Faut bien le dire : dans ce film, il ne se passe à peu près rien. L'hôtel est un labyrinthe aux plafonds hauts, aux tapis seventies recouvrant une splendeur passée. C'est plein de vide et de musique stessante. Certes, quelques fantômes errent dans les couloirs (et dans la chambre 237). Mais c'est surtout dans le labyrinthe bas de plafond de ses pensées que Jack se perd. Une seule question demeure sans réponse : qui lui a ouvert la porte ?

Short Cuts

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 1993, USA
Acteurs principaux : Peter Gallagher (1955 - ), Jennifer Jason Leigh (1962 - ), Jack Lemmon (1925 - 2001), Andie MacDowell (1958 - ), Frances McDormand (1957 - ), Julianne Moore (1960 - ), Tim Robbins (1958 - ), Madeleine Stowe (1958 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 187 mn, couleur

Critique perso :

Ca commence par une campagne de projection massive d'insecticide par hélicos (façon Apocalypse Now) et ça finit par un tremblement de terre. Bref, on est un peu comme dans Le Septième sceau : en sursis très provisoire de la colère du ciel. Que font les humains de L.A., en attendant ? Pas mal de bêtises. Ils s'agitent, s'énervent, vont à la pêche aux truites et aux coeurs, pleurent leurs amours perdues. Le temps de quelques heures, des secrets bien noyés referont surface, le petit Finnegan ne se réveillera pas... Altman met à nu ses personnages : depuis Nashville, on ne l'avait jamais vu aussi en forme avec autant de monde. Son incroyable montage réussit à ménager de multiples passerelles entre de multipes histoires. Plein de petites choses qui finissent par faire un grand film.

Show Boat

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Réalisé par : George Sidney (1916 - 2002)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Joe E. Brown (1892 - 1973), Ava Gardner (1922 - 1990), Agnes Moorehead (1900 - 1974)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

Un steamboat sur le Mississipi sert de salle de spectacle flottant pour comédies musicales à volants et à frou-frou. Papa est capitaine-metteur en scène, maman gère les coulisses. La vedette a les beaux yeux d'Ava (mais la voix de quelqu'un d'autre). Un dandy errant et fauché fait semblant de se prendre de passion pour la fille du patron et tout le monde y croit, même lui. A peine débarqué dans l'histoire, il embarque avec la troupe. Dehors, un vieux black chante Ol' man river. La vie, même en volants et en frou-frou, c'est pas drôle tous les jours. Sidney, spécialiste de ballets nautiques, a bien du mal à rester à flot avec cette adaptation très décorative d'un spectacle de Broadway qui échoue à inspirer la moindre émotion. On fait pas que semblant de s'emmerder.

Angel Face - Si doux visage (Un)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Herbert Marshall (1890 - 1966), Robert Mitchum (1917 - 1997), Jean Simmons (1929 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Elle est jeune, belle, riche -très riche. Une enfant gâtée. Il est beau, flegmatique et pauvre -très pauvre. Un postulant au rêve américain, qu'il verrait bien sous la forme d'un petit garage rien qu'à lui. Dès la première rencontre, ils s'échangent une baffe : coup de foudre. Elle s'intéresse au piano, aux échecs et à la mécanique. Elle a des petits problèmes de famille. Elle adore foutre la merde. Il n'a que sa carrure d'athlète et sa bonne volonté. Il est un peu mou et hésitant. Il ne pas voit pas bien ce qui se cache derrière les sourires. Ils sont faits pour s'entendre, c'est-à-dire associer leurs intérêts mal compris. Manipulations, jeux de dupes et névroses tapies sous les tapis... Un grand film noir, c'est noir.

Smoking

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Réalisé par : Alain Resnais (1922 - 2014)
En : 1993, France
Acteurs principaux : Pierre Arditi (1944 - ), Sabine Azéma (1949 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

De l'influence d'une petite clope (Smoking or No Smoking ?) -ou d'une petite parole en l'air- sur le déroulement d'une vie. Ou bien : la Théorie du Chaos appliquée au destin des hommes, dans un théâtre en plein air déguisé en campagne anglaise. 9 personnages, 2 acteurs en majesté, 3 ou 4 décors et le regard muet d'un chat égyptien sans doute échappé du Portrait de Dorian Gray : une multitude de combinaisons possibles. Pour les explorer, le récit est un sentier aux chemins qui bifurquent (et, en bonne informaticienne que je suis, j'ajouterai que l'arbre des possibles est parcouru en "profondeur d'abord"). Cette variation-ci est centrée sur un couple BCBG au bord de la névrose : Celia et Toby Teasdale. Elle a choisi l'option conformisme fleuri, lui le rôle du bougon imbibé. En embuscade : deux outsiders qui attendent que passe l'ascenceur social, façon Tout ce que le ciel permet pour Lionel Hepplewick, façon My Fair Lady pour Sylvie Bell. On suit, comme dans un feuilleton qui bafouille, les aléas de leurs amours, de leurs amitiés, de leurs projets. En fait, c'est simple : ou bien on aime, ou bien on adore.

Sogni d'oro

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Réalisé par : Nanni Moretti (1953 - )
En : 1981, Italie
Acteurs principaux : Laura Morante (1956 - ), Nanni Moretti (1953 - ), Remo Remotti (1924 - 2015)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Michele Apicella -toujours lui !- a (un peu) grandi. Il a fait un film sur la jeunesse (qui ressemble sans doute beaucoup à Ecce bombo), et est invité à en parler lors de projections publiques. Un emmerdeur a le chic d'y venir toujours lui poser la même question emmerdante (en gros : en quoi votre film emmerdant intéresse-t-il le peuple italien, le vrai ?) auquel il mettra le temps du film à répondre (en cinéma). Ca y est, donc, Michele a réalisé son rêve, il est un cinéaste, un vrai. Il vit encore avec sa maman tout en préparant son prochain film sur Freud et son complexe d'Oedipe, donc il se soigne. Il est aussi harcelé par deux frères-postulants assistants qui ne l'assistent pas beaucoup. Et enfin, il a des collègues-concurrents pas avares de compromissions qu'il peut affronter à sa guise et à armes égales (enfin presque). Il n'est jamais aussi bon qu'avec ses ennemis (lui-même et les autres), Michele, et qu'avec sa meilleure arme (en cinéma)…

Törst - Soif (La) / Fontaine d'Arethuse (La)

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1949, Suède
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire d'un couple qui n'arrive pas à vivre au présent : chacun ressasse dans son coin ses souvenirs avec d'autres - pas particulièrement reluisants pourtant, les souvenirs - et les échanges entre eux ressemblent plus à des monologues alternés qu'à de vrais dialogues. Le huis clos d'une chambre d'hotel ou d'un compartiment de train ne fait rien pour arranger les choses. Malgré tout, ils reconnaissent eux-mêmes qu'ils préfèrent vivre dans l'enfer du couple que dans celui de la solitude. Elles sont insupportables et touchantes, ces petites marionnettes perdues dans leurs désirs, comme de perpétuels insatisfaits qui meurent de soif au bord d'une rivière.

Touch of Evil - Soif du mal (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Charlton Heston (1924 - 2008), Janet Leigh (1927 - 2004), Mercedes McCambridge (1916 - 2004), Akim Tamiroff (1899 - 1972), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe quelque part sur la frontière entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le noir et le blanc, le nord et le sud. Une bombe explose dans une voiture en marche. Deux flics sont sur les dents : le modèle mexicain : incorruptible, athlétique, jeune marié. Et le modèle américain : adipeux-avachi, ex-alcoolo reconverti dans les sucreries, qui ne croit qu'aux intuitions que lui donne sa jambe malade. Et Janet Leigh qui, décidément, a des problèmes dans les motels. Et Marlene Detriech qui, décidément, a tout compris aux hommes depuis toujours. Le premier plan (environ 3mn) est mythique. Mais le reste le vaut largement, avec tous ces cadrages impossibles, à hauteur de géant ou de ver de terre. Décidément un chef d'oeuvre.

Solyaris - Solaris

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Réalisé par : Andrei Tarkovsky (1932 - 1986)
En : 1972, Russie
Acteurs principaux : Donatas Banionis (1924 - 2014)
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /poésie en image
Caractéristiques : 165 mn, NB/couleur

Critique perso :

Dans un futur indéterminé (sans doute lointain), l'homme est resté le même : avide de connaissances sur les autres, ignorant de lui-même. Il cherche à établir le Contact avec une mystérieuse planète-cerveau qui n'en fait qu'à sa tête : Solaris. Le docteur Kris Kelvin est envoyé en reconnaissance. Il ne fera face qu'à ses souvenirs, à sa mauvaise conscience et à ses doutes - à tout ce qui est indestructible en lui. L'expérience scientifique tourne donc au voyage intérieur, le récit de science fiction au parcours philosophique et spirituel (puisque l'intérieur et l'extérieur s'échangent et se répondent), capté par une caméra majestueuse. Pour faire progresser le genre humain Tarkovsky croit visiblement plus à l'art (peinture, littérature) qu'à la science, plus à l'amour et au pardon qu'à la technique. A la famille, aussi. Pas si loin que cela de 2001, l'Odyssée de l'espace (qui a peut-être bien pompé son dénouement, le bébé-planète, dans le bouquin à l'origine de Solaris) dans le domaine du Grand art mis au service d'un Grand Mystère.

Soylent Green - Soleil vert

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1973, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Charlton Heston (1924 - 2008), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

New-York 2022, version trash : surpollution, surpopulation, décadence généralisée. Quelques nantis occupent les apparts de luxe (blonde comprise dans le loyer), une multitude de gueux squattent les rues. Si besoin, les émeutiers se ramassent à la pelleteuse. Au milieu : les flics. Ils jouissent de leur présomption d'impunité pour améliorer l'ordinaire. Faut dire : pas fameux, l'ordinaire, quand le mieux qu'on puisse espérer est un "soleil vert" de plus, sorte de barre de céréales énergétique -mais c'est pas des céréales. Un des anciens patrons de l'usine est mort. Nous suivons l'enquête nonchalente du flic préposé à l'affaire, et la descente aux enfers climatisés du recyclage universel de son vieil adjoint. Quelques scènes mémorables, une atmosphère délétère : un drôle de film du futur qui ressemble au passé -à moins que ça ne soit le contraire.

Höstsonaten - Sonate d'automne

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Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1978, Suède
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Gunnar Björnstrand (1909 - 1986), Erland Josephson (1923 - 2012), Liv Ullmann (1939 - )
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 89 mn, couleur

Critique perso :

C'est l'histoire d'une mère qui n'a jamais supporté d'avoir des enfants moins brillants qu'elle. C'est l'histoire d'une fille qui n'a jamais supporté d'avoir une mère plus brillante qu'elle. La mère est une pianiste de renommée mondiale, toujours en tournée planétaire. La fille est une modeste journaliste et l'épouse d'un pasteur -gentil le pasteur. Il y a aussi une autre fille, clouée sur un fauteuil roulant, le corps tordu d'une douleur qu'elle a bien du mal à formuler. On est dans la maison du pasteur. La mère et la fille, toujours en représentation d'elles-mêmes, sont sur-cadrées par les cloisons de la maison, dont toutes les pièces finissent par ressembler à une scène de théâtre. Elles se parent de couleurs complémentaires. La nuit blanche-règlement de comptes peut commencer. La rencontre des deux grands Bergman de l'histoire du cinéma fait de sombres et éclatantes étincelles.

Sol del membrillo (El) - Songe de la lumière (Le)

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Réalisé par : Victor Erice (1940 - )
En : 1992, Espagne
Genre(s) : culte ou my(s)tique /docu (plus ou moins fiction) /poésie en image
Caractéristiques : 133 mn, couleur

Critique perso :

Le héros de ce film est un cognassier, un drôle d'arbre qui donne des coings, ces espèces de gros citrons pas très bons mais qui font de bonnes confitures. Un cognassier dans un jardin, qui prend la pose pour un peintre. Et le peintre, c'est Antonio Lopez, artiste géomètre. Sa technique à lui consiste à tendre des fils, poser des marques, mesurer, quadriller. Il regarde beaucoup et il écoute aussi pas mal ce que les autres lui disent. A son vieux pote grande perche, il dit qu'il va baisser la ligne d'horizon. A une chinoise amatrice d'art, il détaille la fonction de sa petite installation. A sa femme -peintre aussi-, il raconte ses rêves. A côté, des maçons polonais montent un mur. Tout ça, ça fait des humains qui se coltinent avec la nature. Pas morte du tout, la nature, même si c'est ce que le tableau est censé représenter : la lumière change et le cognassier fait des caprices, il penche, ses fruits tombent. Pas si simple de faire le portrait d'un arbre, et le portrait d'un homme, et le portrait d'un film. Ce serait comme le making of d'un tableau qui n'existe pas, comme le souvenir d'un beau geste inutile.

Duck Soup - Soupe au canard (La)

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Réalisé par : Leo McCarey (1898 - 1969)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Louis Calhern (1895 - 1956), Margaret Dumont (1889 - 1965), Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 70 mn, NB

Critique perso :

Ca commence avec une riche rombière qui réalise notre voeux le plus secret : imposer Groucho à la tête de l'Etat. Ca continue avec un chef d'Etat voisin qui doit faire face à notre pire cauchemar : confier à Harpo et Chico une mission délicate... On passe les détails (dommage, c'est ce qu'il y a de meilleur, les détails), tout finit comme prévu : une guerre stupide et abracadabrant-gigantesque entre les deux Etats. Entre-temps, une leçon fondamentale : nous sommes tous des Groucho Marx. On est dans un autre monde possible, affranchi de la logique et du sérieux. Dans ce monde possible-là, l'année 1933 restera un excellent cru.

Suspicion - Soupçons

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Tout commence dans un train : début de la romance. Tout continue dans un décor de cottage anglais avec vent dans les chapeaux, chevaux et bal du soir : mariage. Elle s'appelle Lina, il s'appelle Johnnie. Mais, à partir de là, on n'est plus dans le même film. Lina, qui ne voit pas bien de près sans ses lunettes, commence tout de même à trouver que son cher époux exagère. Est-il irresponsable, menteur, voleur, escroc voire plus (si affinités monétaires) ? La maison de Lina -et sa vie- ressemble de plus en plus à une toile d'araignée de lumières et d'ombres. Un tournage en sentiments subjectifs, avec dénouement final trop beau (comme Johnnie) pour être honnête.

Akitsu onsen - Source thermale d'Akitsu (La)

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Réalisé par : Kiju Yoshida (1933 - )
En : 1962, Japon
Acteurs principaux : Mariko Okada (1933 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Dans le Japon de 1945, c'est pas la joie. Shûsaku, survivant déprimé et tuberculeux, est décidé à faire de lui-même une victime collatérale de plus. Il trouve un endroit charmant pour ça : une charmante auberge au bord d'une source thermale. Mais la fille de la maison est aussi charmante et le voilà requinqué. Ce sera son havre, son refuge intermittent en cas de coups de cafard pendant les 17 ans qui viennent. Elle, ce sera sa maîtresse à temps très partiel, pendant à peu près la même période. L'homme vit dans le béton, la femme est une source. L'homme est veule, la femme ne sait qu'attendre, se sacrifier et pleurer. Et pas qu'au Japon de l'après-guerre. En fait, les vrais héros de l'histoire sont Eros et Thanatos, qui jonglent avec les destins de chacun, comme se tressent et se courent après les deux magnifiques thèmes musicaux du film. Sublime mélo, beau comme du Sirk et triste comme du Ophüls.

Spartacus

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1960, USA
Acteurs principaux : Tony Curtis (1925 - 2010), Kirk Douglas (1916 - ), John Ireland (1914 - 1992), Charles Laughton (1899 - 1962), Laurence Olivier (1907 - 1989), Jean Simmons (1929 - 2010), Peter Ustinov (1921 - 2004)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 184 mn, couleur

Critique perso :

Il nait dans une famille modeste, au-delà de la Méditerranée, pendant l'occupation romaine. Pas mal d'années dans l'ombre avant de se faire remarquer. Une parole de liberté. Il trainera des foules derrière lui et mourra crucifié. Non non, ce n'est pas lui, c'est Spartacus : faut s'attendre à un peu plus de sang parce qu'il est d'abord esclave, puis apprenti gladiateur. Un professionnel de la guerre, formé à la meilleure école : celle de la haine et de l'oppression. Tellement bon qu'il réussit à retourner le fer contre ses exploiteurs -ces romains corrompus, débauchés et sans scrupules, évidemment. Il sera pourtant vaincu par de plus grands barbares encore : ceux qui bataillent au Sénat avec leur langue. Parce que ce pouvoir là est encore plus redoutable. Haute tenue pour un péplum.

Spider-man

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Réalisé par : Sam Raimi (1959 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Willem Dafoe (1955 - ), Kirsten Dunst (1982 - ), Tobey Maguire (1975 - ), Cliff Robertson (1923 - 2011)
Genre(s) : New York - New York /animation /conte de fées relooké /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

A priori, c'était pas trop mon style (j'avais acheté le DVD pour mon neveu, mais il l'avait déjà...). Mais cette n-ème variation cinématographique sur le thème du super-héros pourrait bien, finalement, être un peu moins gratuite que beaucoup d'autres. La métamorphose de Peter Parker en Spider-man est clairement une métaphore de l'adolescence. Les difficultés qu'il rencontre sont celles de son entrée dans le monde des adultes, et rendent sa maladresse touchante. La morale (avec le pouvoir, viennent les responsabilités) n'est pas bouleversante ; on la trouvait déjà dans Qu'elle était verte ma vallée. Mais le film raconte surtout les difficultés d'un jeune homme à "tisser des liens" (sociaux) avec ses semblables et à se sentir solidaire de leur monde. New York, on commence à le savoir, se prète merveilleusement bien au paradoxal rêve aérien de ce petit animal humain, trop humain...

Magnificent Ambersons (The) - Splendeur des Amberson (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Anne Baxter (1923 - 1985), Joseph Cotten (1905 - 1994), Tim Holt (1918 - 1973), Agnes Moorehead (1900 - 1974)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /vive la (critique) sociale ! /épique pas toc
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Les Amberson sont les rois de leur quartier. Ils vivent dans une maison qui ressemble à une cathédrale gothique. Mais, dès le début du film, leur splendeur s'écrit déjà au passé antérieur : le père a été riche, la fille capricieuse. Elle a préféré à son fiancé fantasque un mari à tête de comptable. Leur fils est devenu le vieux con le plus jeune de ville. Le récit au présent se focalise sur sa confrontation avec l'ex-fiancé fantasque, de retour au pays, en passe de devenir le vieux monsieur le plus jeune de la ville. On dirait la vieille histoire du chêne et du roseau, dans la tempête de l'histoire. Les personnages de cette histoire entretiennent d'ailleurs tous avec un grand raffinement l'art de se gâcher mutuellement la vie -et de rater la leur. Les acteurs sont suivis à la culotte, par une caméra à hauteur de nombril. Tourné par Welles (Mr. Amberson, c'est lui ?), relifté par Wise : on dirait un grand fim aux ailes coupées.

Stardust Memories

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Marie-Christine Barrault (1944 - ), Charlotte Rampling (1946 - ), Tony Roberts (1939 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Sandy Bates, clnéaste américain, la quarantaine. Fut drôle en début de carrière, mais plus au mieux de sa forme. Assailli par les chasseurs d'autographes et les groupies amoureuses, traqué par les fans, les exégètes et les extras-terrestres, il déprime sec (et pas toujours sec, d'ailleurs). Il ne sait plus où donner de la tête et du désir. Il a pourtant toujours excellent goût dans le choix de ses muses-actrices (même s'il a décidément un faible pour les névrosées), mais elles n'ont pas toujours le bon goût d'avaler tous ses atermoiements. Alors, il se verrait bien jouer son propre rôle dans son propre film (même si le seul qui lui plairait vraiment, c'est celui de Dieu). Il imagine un truc un peu surréaliste, sous influence italienne années 60. Pas du tout indigne du maestro du genre, sur le mode désespérément drôle et drôlement désespéré.

Stavisky...

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Réalisé par : Alain Resnais (1922 - 2014)
En : 1974, France
Acteurs principaux : Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Charles Boyer (1899 - 1978), Gérard Depardieu (1948 - ), Anny Duperey (1947 - ), Michael Lonsdale (1931 - ), François Périer (1919 - 2002), Claude Rich (1929 - 2017)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Nom : Stavisky, prénom : Affaire… En général, on en a vaguement entendu parler, mais de là à savoir exactement de quoi il s’agit… D’ailleurs, même à la fin du film, c’est pas sûr qu’on en sache beaucoup plus. Récap : en 1934, un escroc multicarte meurt dans des circonstances pas claires, ce qui provoque des émeutes et fait tomber un gouvernement. Resnais se concentre sur les derniers mois de la vie du bonhomme et lance le compte-à-rebours de sa mort annoncée. Ce qui l’intéresse, c’est l’agent multiple : français de l’étranger, juif à un moment où c’était pas hyper recommandé, dépressif enjoué, comédien en perpétuelle quête d’un nouveau rôle, arnaqueur multirécidiviste fidèle en amitié (et en amour). Insaisissable, comme l’argent qui apparemment lui file entre les phalanges. Comme le montage, qui joue à saute-mouton avec le temps. Stavisky, c’est une sorte de catalyseur et de révélateur d’une période passablement agitée (Trotsky fait un caméo dans le film). Un mystère, un oignon dont on n’atteindra jamais vraiment le coeur. Un homme-film.

Strada (La)

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Réalisé par : Federico Fellini (1920 - 1993)
En : 1954, Italie
Acteurs principaux : Richard Basehart (1914 - 1984), Giulietta Masina (1920 - 1994), Antony Quinn (1915 - 2001)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Gelsomina est une simplette aux grands yeux vendue par sa mère à Zampano, artiste de foire misérable. Sa petite vie sera tiraillée entre cette brute qui n'en finira jamais de briser des chaînes devant le maigre public des villages italiens qu'ils traversent, et "le fou", un funambule au costume d'ange - entre la terre et le ciel, en somme. La route, c'est autant les kilomètres avalés par leur roulotte à moteur que l'espace qui reste à parcourir à ces êtres pour se rencontrer un jour. Aux dépens de sa vie et avec ses faibles moyens (en gros : trois plans de tomate et un air de trompette), Gelsomina réussira à faire germer un embryon d'âme dans la grande carcasse solitaire du colosse aux chevilles d'argile. Les coulisses amères du cirque de la vie, le plus petit et le plus misérable, donc le plus sublime.

Stromboli

stromboli.jpg

Réalisé par : Roberto Rossellini (1906 - 1977)
En : 1949, Italie
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 107 mn, NB

Critique perso :

Karen est très belle. Enfermée dans un camp de prisonniers, à la fin de la guerre, elle joue sa vie sur un coup de dé. Pas le droit d'émigrer en Argentine ? Elle épouse donc le bon gars qui la drague, de l'autre côté des barbelés, et le suit à Stromboli. Sauf que Stromboli, c'est tout sauf une retraite paisible. C'est une île et un volcan. A Stromboli la vie est rude, la nature sauvage, les traces humaines toujours menacées et provisoires. Les seules ressources y sont la pêche aux thons (qui donne lieu à une séquence documentaire mémorable) et ce qu'envoie la famille partie en Amérique. A Stromboli, la vertu essentielle est la modestie. Pas le fort de Karen, d'autant que son bon gars de mari se révèle tout juste un bon gars. Elle déprime sec. Elle vivra sa leçon de dépouillement comme un chemin de croix. Pour nous faire croire que la fin et un happy end, il faudra rien moins qu'un miracle (comme dans Voyage en Italie). Le cinéma, de toute façon, peut nous faire croire à tout.

Vertigo - Sueurs froides

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Kim Novak (1933 - ), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Une version possible : un homme est obsédé par une femme, parce qu'elle ressemble à une autre, une qui l'avait fait tourner en rond et en bourrique dans les rues de San Francisco avant de se suicider (parce qu'elle-même était obsédée par une autre femme morte un siècle auparavant). Une autre version (pas plus simple) : les trois femmes n'en font qu'une, ou peut-être deux. Une autre : c'est l'homme qui a tout inventé - ou tout rêvé (comme dans Laura), ou tout mis en scène... Vertige de l'amour et de la culpabilité, spirale du temps et du désir : bienvenue au pays des fantasmes de Mr. Hitchcock ! On y tutoie des abîmes dangereux et sublimes, souvent blondes : très très haut dans mon Panthéon personnel.

On the Waterfront - Sur les quais

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Karl Malden (1912 - 2009), Eva Marie Saint (1924 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Sur les quais de la Nouvelle Amsterdam, y'a des dockers qui triment. Y'en a d'autres qui commandent. Et y'a ceux qui encaissent.
Dans les rues de la Nouvelle Amsterdam, y'a des dockers qui trainent. Y'en a qu'on retrouve morts et personne sait pourquoi. Y'a aussi un curé qui voudrait bien savoir. Pourquoi.
Sur les toits de la Nouvelle Amsterdam, y'a des pigeons qu'attendent qu'un docker les nourisse. Ou bien qu'on les libère.
Et puis, sur les quais de la Nouvelle Amsterdam, y'a Terry le beau gosse, jeune retraité des rings. C'est l'frère d'un magouilleur, mais il a le coeur pur. La conscience pas tranquille.
Terry, le gentil traitre...

Design for Living - Sérénade à trois

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Gary Cooper (1901 - 1961), Miriam Hopkins (1902 - 1972), Edward Everett Horton (1886 - 1970), Frederic March (1897 - 1975)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Un beau jour, quelque part entre la Riviera et Paris (c'est-à-dire quelque part sur le chemin du Paradis), elle pénètre dans un compartiment de train (et sans doute dans les rêves) de deux charmants messieurs endormis. Elle les dessine et s'endort à son tour. Sans doute pour qu'ils puissent entrer dans ses rêves à elle. Tout est contagieux, dans ce film ; le sommeil, le bonheur, le succès. L'amour, bien sûr. Mais à trois, forcément, dans trois pays différents, ça complique un peu la vie. Et tout le reste... Ils ne pensent qu'à ça mais n'en parlent jamais -enfin si, en fait, tout le temps, mais en parlant d'autre chose. Pour se donner le change, ils se fixent des règles -gentlemen agreement- qu'ils s'empressent de ne pas respecter. Rien à faire : les objets, les choses, les lieux, leur parlent toujours de la même chose. De ce dont ils ne veulent pas parler, bien sûr. Ce remake par anticipation de Jules et Jim -la tragédie en moins- est du genre à donner envie de se compliquer la vie.

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