Le détective privé Philip Marlowe est un peu le grand frère de Sam Spade. Pour les cinéphiles, il aura à jamais le même visage : celui de Bogart en majesté, imperméable, chapeau mou, cigarette et ironie toujours au bord des lèvres. Notre homme se voit ici proposer par un vieillard impotent de démèler une affaire de chantage dans laquelle une de ses filles est impliquée. L'autre fille, c'est Lauren Bacall. Le jeu du chat et de la souris peut commencer. Quelques cadavres plus tard, l'histoire d'amour a un peu progressé mais l'affaire est toujours aussi obscure. Une anecdote célèbre (sans doute bidon) rapporte que ni le réalisateur ni les scénaristes (parmi lesquels William Faulkner himself) n'étaient capables de dire, au bout du compte, qui avait tué le chauffeur. Qu'importe ! L'atmosphère somnambulique est de celles qui font veiller très tard.
New-Orleans, années 30. Un journaleux qui a déjà perdu quelques plumes trouve le sujet en or de son prochain papier. Il fera le portrait d'une des troupes les plus minables qui traine dans le coin pendant le carnaval : un aviateur ex-héros de guerre, une ex-fan devenue sa femme, et le mécano dévoué, ex-prétendant de Madame. Il y a un petit garçon aussi, mais on ne sait pas trop qui est son père. Il sont là pour participer à des compet' aériennes, sortes de manèges pour grandes personnes où la queue du Mickey ne vaut pourtant pas tripette. Rien que des has-been en deuil de leurs espoirs passés, fâchés avec la gloire qui leur était promise, ivres de leurs rêves brisés. Avec le journaleux, la ronde à trois devient une ronde à quatre, qui ne résoud pas pour autant la quadrature du cercle. Un petit bijou qui démontre une fois de plus que le mélo, c'est de la tragédie déguisée en farce de foire.