Les 775 films en DVD d'Isabelle
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
1 2 3 4 5 6 7 8 9
moi
film(s) dont dont le titre courant en français commence par la lettre 'M'

52 réponses classées par ordre alphabétique


M - M le maudit

M_maudit.jpg

Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1931, Allemagne
Acteurs principaux : Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /entre Berlin et Moscou /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 118 mn, NB

Critique perso :

Les serial killers amateurs de petites filles ne datent pas d'hier. M en est l'archétype pour toujours. Avec ses yeux ronds, sa tête de gros bébé joufflu et ses manières délicates, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Attendre quand même la confession... Cette homme met la police sur les dents et la pègre sur les nerfs -comme les deux faces d'une même médaille. Un génial montage parallèle met en regard le déploiement de leurs méthodes respectives (pour attrapper un schizophrène, mieux vaut s'y mettre à deux !). Et un marchand de ballons promis à une longue carrière cinématographique (cf. par exemple Le Troisième homme ou Minority Report) scellera le destin de M. Ce film est tellement mythique que la réalité a fini par lui ressembler.

Ma nuit chez Maud

nuit_maud.jpg

Réalisé par : Eric Rohmer (1920 - 2010)
En : 1969, France
Acteurs principaux : Marie-Christine Barrault (1944 - ), Françoise Fabian (1932 - ), Jean-Louis Trintignant (1930 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /en France profonde /la parole est d'or
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Jean-Louis est ingénieur depuis peu chez Michelin, à Clermont. Célibataire, il va à la messe et y remarque Françoise. Puis il croise un ancien camarade de lycée devenu prof de philo, qui l'introduit chez Maud le soir de Noël. La nuit sera animée, mais par les esprits plus que par les corps : restés seuls, Maud et Jean-Louis se font des confidences sur le pari de Pascal, dissertent sur le hasard des rencontres et la nécessité d'aimer -et se quittent au matin. Jean-Louis hésite. Entre Maud la brune libre penseuse et Françoise la blonde pieuse, sa dialectique balance. Grand film d'action sur la parole et l'engagement, comme tous les Rohmer, chaudement recommandé à tous ceux pour qui les vies de l'esprit et du coeur sont une grande aventure.

Mad Max

mad_max.jpg

Réalisé par : George Miller (1945 - )
En : 1979, Australie
Acteurs principaux : Mel Gibson (1956 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 88 mn, couleur

Critique perso :

Au début, on comprend rien. Y’a des types qui se coursent les uns après les autres dans des bolides (autos ou motos) customisés, ce qui a l’air de les rendre assez hystériques. Y’a des gangs simili-punks, qui dévalisent ce qu’ils peuvent. Y’a des simili-flics, très sexys dans leur uniforme tout cuir, qui font à peu près la même chose, sauf qu’ils sont censés les chasser, quand ils ne sont pas chassés par eux. Après, on comprend que y’a rien comprendre, que c’est le chaos et que ces courses dans un sens ou dans un autre seront les seules actions à attendre. Y’a quand même un flic -Max, donc- qui a l’air d’avoir une vie en dehors de l’asphalte, mais c’est pas pour longtemps. Au moins, on sait ce qu’il aura à regretter. Ce premier épisode (nettement moins bon que le deuxième) est un peu brouillon, mais il a le mérite d’inventer une gueule qui, à ce moment-là, attire toute notre sympathie. Et de poser les bases d’un univers original, où le visuel prime sur le scénar. Y’a des fans. On passe son temps sur la route, à traverser les paysages à toute vitesse. C’est un peu comme dans le Tour de France. Mais en Australie. Et sans vélo.

Madame de...

coffret_ophuls.jpeg

Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1953, France
Acteurs principaux : Charles Boyer (1899 - 1978), Danielle Darrieux (1917 - 2017), Vittorio De Sica (1902 - 1974)
Genre(s) : Paris /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Madame de… est la très délicieuse épouse très gâtée d’un galant général. Pour régler de mystérieuses dettes, elle décide de revendre à un bijoutier des boucles d’oreilles -des diamants en forme de coeurs-, que son mari lui avait offertes « juste après leur mariage »… C’est, de tout son attirail à coquette, ce à quoi elle tient le moins, pense-t-elle. Le bijou passe de mains en mains, avant de lui revenir, en cadeau, de celles d’un très galant diplomate italien, par ailleurs très bon danseur de valses. Ce sont bien les mêmes, et pourtant ça n’a plus rien à voir. Cette fois, elle donnerait tout au monde pour les garder. C’est qu’entre temps, Mme de… a un peu changé. Elle a appris la valeur sentimentale des choses. Elle était superficielle ? Superficiellement seulement. Comme l'ambiance de l'époque. Comme la caméra, qui dessine des arabesques infiniment raffinées dans le temps et l’espace. Comme les personnages, et comme les dialogues, et comme la paire de boucles d’oreilles. Ils dansent tous très bien la valse à travers les pièces et à travers les coeurs. Les diamants en forme de coeur, ou les coeurs en forme de diamant…

Made in USA

made_in_USA.jpg

Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1966, France
Acteurs principaux : Anna Karina (1940 - ), Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /poésie en image
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Il s'en passe de drôles, à Atlantic-cité sur Méditerranée. Des morts plein les hôtels, des barbouzes plein les garages, avec des flingues plein les poches. Des images de toutes les couleurs, des bruits incongrus, de la musique, des slogans et des discours. Une journaliste qui enquête, en se prenant pour Bogart, quelques guest stars égarés (Marianne Faithfull, Philippe Labro). Et ces personages qui portent des noms bizarres (Goodis, Mizoguchi, Preminger, Aldrich..., j'en passe et des non moins bons). Apparemment, le scénario et les dialogues relèvent de la série noire, mâtinée d'humour absurde. Ca pourrait même être un film politique contre les magouilles et les compromissions policières. Mais ça se passe surtout au pays des livres, des affiches, des comic books et des images qui bougent. Made in Godard, made in cinéma.

Wizard of Oz (The) - Magicien d'Oz (Le)

magicien_oz.gif

Réalisé par : Victor Fleming (1883 - 1949)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Judy Garland (1922 - 1969)
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 101 mn, NB/couleur

Critique perso :

Dorothy, jeune campagnarde du Kansas (Judy Garland à 16, avec des tresses, mais chez qui la femme pointe... -ses partenaires ne sont pas dupes !) vit en noir et blanc. Une tornade la propulse au pays des Schtroumphs en couleurs (1ère à droite derrière l'arc-en-ciel) où on lui fait la fête en lui offrant des sucettes. Malgré tout, elle regrette son Kansas en noir et blanc (on se demande bien pourquoi), et se met à suivre, avec ses chaussures rubis, une route jaune en quête du magicien mirobolant qui la ramènerait chez elle. C'est le pitch d'une des premières légendes produites par l'Amérique. La morale paysanne qui en ressort officiellement (il faut se contenter de ce qu'on a, "there is no place like home") est heureusement contredite par l'enthousiasme juvénile de Judy, heureuse comme un poisson dans l'Oz, et par l'ironie un brin canaille du magicien (on n'est que ce que les autres voient de nous). Rêve et effroi d'une nature aseptisée, road movie et nostalgie : un pilier de la conscience américaine !

Main du Diable (La)

main_diable.jpeg

Réalisé par : Maurice Tourneur (1873 - 1961)
En : 1943, France
Acteurs principaux : Pierre Fresnay (1897 - 1975), Pierre Larquey (1884 - 1962), Noël Roquevert (1892 - 1973)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

La main du diable est une main gauche (évidemment). Elle ne coûte presque rien en argent (un peu de son âme en gage, quand même) et rapporte amour, gloire, richesse… et juste une petite malédiction éternelle en cas de possession prolongée. Roland Brissot, artiste peintre qui, sans elle, était médiocre, se coltine au cours d'une fuite dans un chalet de montagne le long récit en flash-back de sa fatale acquisition. Le flash remontera même jusqu'au Moyen Age, on ne mégote pas sur l'ambiance trouble. Evidemment, tout cela est assez pompé sur Faust (via Nerval), mais c'est aussi un des très beaux et rares exemples de cinéma fantastico-gothique-expressionniste français. Et au fait, en 1943, qui donc avait la main (gauche) sur le pays ? Ah, certes, ça n'a rien à voir puisque c'est la Continental, firme allemande, qui a produit le film. Quand même, il a l'air largement aussi métaphorique -et aussi bon !- que les Visiteurs du soir, dans le genre.

Mains sales (Les)

mains_sales.jpeg

Réalisé par : Fernand Rivers (1879 - 1960)
En : 1951, France
Acteurs principaux : Pierre Brasseur (1905 - 1972), Daniel Gélin (1921 - 2002), Christian Marquand (1927 - 2000), Claude Nollier (1919 - 2009)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

La période est à peu près claire -la 2ème guerre mondiale. Le pays est mystérieux -quelque part à l'est, sans doute. Le parti n'est jamais nommé mais se laisse aussi bien deviner que le métier d'une certaine p... respectueuse. Le héros est un homme. Enfin, héros c'est à voir, c'est toute la question. Il a eu une mission à accomplir, il a l'air de s'en être sorti, mais pas sans mal. C'est un agent double, peut-être aussi un double traitre. A sa classe et à ses camarades. A ses camarades traitres. A sa femme et, évidemment, à lui-même. Ou peut-être que les vrais traites, ce sont les femmes, comme toujours. Bref, c'est la guerre et tout le monde se pose beaucoup de questions. C'est un film de guerre, mais où on n'oublie pas de ramasser les copies à la fin. Faut croire qu'on se battait beaucoup à coups de mots, en ce temps là...

Spellbound - Maison du Docteur Edwardes (La)

maison_doc_ed.jpg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Gregory Peck (1916 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 111 mn, NB

Critique perso :

Le Docteur Edwardes est en fait un imposteur, sa Maison est un asile de fous. Ca démarre sur de bonnes bases. La douce (et belle) Constance, elle, est une vraie top psychanaliste de la Maison, qui semble avoir reçu (en vain) les tranferts de tous ses patients et de tous ses collègues. Elle craque pour le faux (mais beau) docteur amnésique, qui pourrait bien être le cas (et l'homme) de sa vie. Le faux (mais beau) Edwardes a des morts à aller récupérer au fond de son trou de mémoire. Et la douce (et belle) Constance, elle, se trouvera bien quelques portes à ouvrir et un père à tuer. La clé des révélations à double fond réside dans un rêve obscur, mis en image par M. Dali himself. Bien mieux qu'une leçon de psychanalyse pour les nuls, un grand film fantas(ma)tique pour tous les grands névrosés que nous sommes.

Manhattan

manhattan.jpeg

Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Diane Keaton (1946 - ), Meryl Streep (1949 - )
Genre(s) : New York - New York /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

New York, mode d'emploi. Son aède s'appelle Isaac. Il a une ex-femme qui a viré lesbienne, une petite-amie-trop-bien-mais-trop-jeune-pour-lui, et une attirance poussée pour la maîtresse de son meilleur pote, une cérébrale presque aussi tourmentée que lui. Tous, cela va sans dire, artistes-intellos-bobos très intelligents, très cultivés et très malheureux. Grâce à ce sublime hypocondriaque, la carte du tendre du XXème siècle a pris la forme des rues de Manhattan. Mais c'est une carte en 3D, avec ses tours, son parc, ses ponts et ses cafés. Et une quatrième dimension pour la vie de l'esprit, les cinémas et les musées. Un petit univers en entier dans une grosse pomme, le paradis des vers de terre qui ont la tête dans les étoiles. Et la BO de la ville est du Gershwin forever.

Manèges

maneges.jpeg

Réalisé par : Yves Allégret (1907 - 1987)
En : 1950, France
Acteurs principaux : Bernard Blier (1916 - 1989), Simone Signoret (1921 - 1985)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Au début : un mari éploré à l'hôpital, au chevet de sa femme chérie : larmes, désespoir et souvenirs. Fausse piste. Belle-maman débarque et vend la mèche : sa fille n'en voulait qu'à son argent, elles se sont bien foutues de lui. Le mélo tourne vinaigre, le grand déballage commence... Pas joli joli pour la gente féminine, ce Rashômon en costume de cheval (le mari tente de faire vivre un manège). Pas terrible non plus pour les mâles, qui se partagent en salauds de pauvres et en pauvres salauds. Comme dans Le Mépris, les relation sociales se résument à la prostitution. Comme dans Lettre d'une inconnue, celui qui a tout compris est celui qui parle le moins. Bio cynique d'une Comtesse aux pieds nus un peu trash, dont l'élégance sentira toujours l'écurie. Noir c'est noir.

Mari de la coiffeuse (Le)

mari_coiffeuse.gif

Réalisé par : Patrice Leconte (1947 - )
En : 1990, France
Acteurs principaux : Anna Galiena (1954 - ), Jean Rochefort (1930 - 2017)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Petit garçon, Antoine supportait mal le maillot de bain en laine tricotté par sa maman. Il aimait la musique orientale et rêvait d'épouser une coiffeuse, en hommage à celle qui lui tripottait si agréablement les cheveux en laissant voir un sein généreux, à côté de chez lui. Ainsi fut fait : Antoine est devenu le mari d'une coiffeuse, c'est son métier ! Patrice Leconte a toujours eu une prédilection pour les amours sublimées ou étranges : le champouinage comme substitut et déclencheur des rapports amoureux est une belle trouvaille. La lumière chaleureuse du salon de coiffure un peu démodé, la beauté d'Anna Galiena, la nonchalence de Jean Rochefort et ses danses du ventre improvisées contribuent à donner à ce rêve d'enfant réalisé le parfum d'un conte oriental tragique qui parlerait de l'amour idéal.

Royal Wedding - Mariage royal

mariage_royal.gif

Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Peter Lawford (1923 - 1984), Jane Powell (1929 - )
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Tom et Ellen sont partenaires sur scène et inséparables dans la vie. Pas mariés pour autant -ça ne se fait pas, ils sont frère et soeur. Leur impressario new-yorkais les envoie à son frère jumeau de Londres pour jouer leur spectacle, juste quelques semaines avant que future Queen Elisabeth et Prince Philippe ne jouent le leur. Ca fait déjà pas mal de couples d'opérettes. Tom et Ellen s'empressent bien sûr d'en constituer deux autres avec d'authentiques autochtones -un vrai Lord et la fille d'un tenancier de bistrot qui est en fait celle de Winston Churchill (dans la vraie vie, pas dans le film !). Tout finira par des chansons -mais vu que ça commençait déjà comme ça, on n'est pas trop surpris. J'oubliais : 15 ans avant les spationautes de 2001, l'Odyssée de l'espace et 50 ans avant Spider-man, Fred Astaire, l'homme qui danse comme il respire, passait déjà sans effort des murs au plafond.

Marie du port (La)

marie_port.jpg

Réalisé par : Marcel Carné (1906 - 1996)
En : 1950, France
Acteurs principaux : Blanchette Brunoy (1918 - 2005), Julien Carette (1897 - 1966), Nicole Courcel (1930 - 2016), Jean Gabin (1904 - 1976), Roland Lesaffre (1927 - 2009), Louis Seigner (1903 - 1991)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

A Port-en-Bessin : des pêcheurs qui vont au bistrot, surtout celui où sert Marie, la "sournoise" taciturne. A Cherbourg : des marins en uniforme qui vont à la brasserie et au cinéma, propriétés d'Henry, le patron séducteur. 100km, une génération et pas mal d'obstacles les séparent. Un enterrement et un bateau les rapprochent. Ils parlent beaucoup (avec le quota réglementaire de bons mots du cinéma de l'époque) mais rarement pour dire ce qu'ils pensent, et encore moins ce qu'ils ressentent. Mais le patron a les idées larges : la preuve, il passe aussi bien des films de Georges Lampin que de Murnau, dans sa salle de ciné. En coupant les 10 dernières mn, avec une fin façon Enfants du paradis, ça pourrait tenir la route du large. Dommage...

Down to the Sea in Ships - Marins de l'orgueilleux (Les)

marins_orgueil.jpeg

Réalisé par : Henry Hathaway (1898 - 1985)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), Dean Stockwell (1936 - ), Richard Widmark (1914 - 2008)
Genre(s) : pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Il a 12 ans, est orphelin, a été élevé par son grand-père marin sans quasiment jamais mettre un pied à terre, et passe très laborieusement son certificat d'étude grâce à l'indulgence du jury. Il ré-embarque sur un baleinier dirigé par son grand-père, qui le confie à son second qui a fait des études. Toute l’histoire, ce sera : c'est quoi la meilleure école, celle de la vie ou celle de la culture, les baleines ou les livres ? La bonne réponse, ce sera : les deux, mon capitaine ! Mais attention, on n'est pas dans un livre, justement, on est dans un film avec des hommes des vrais dedans, beaucoup d'eau, de la sueur, du sang, des larmes et des baleines (sans doute un peu fausses, elles, mais on s’en fiche). De l'aventure, du panache, des héros des vrais. Du vrai cinéma, de la vie la vraie (et inversement).

Blind Husbands - Maris aveugles

maris_aveugles.jpg

Réalisé par : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
En : 1919, USA
Acteurs principaux : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 68 mn, NB

Critique perso :

Mme Armstrong accompagne son docteur de mari en vacances à Cortina d'Empezzo, aux pieds de leurs dolomites favorites. Un peu délaissée par son époux, elle tombe sur un officier autrichien très prévenant. Uniforme, monocle et sabre au clair, ce Don Juan des alpâges ne ménage aucun effort et aucun effet. Il a, paraît-il, escaladé toutes les montagnes du monde... Mais la belle résiste, le mari et le destin s'en mèlent. Tout culmine, comme il se doit, au sommet du Pinacle, d'où tout le monde ne descendra pas indemne... Un vieux film plein d'audaces et qui, bien que muet, ne manque pas de sous-entendus.

Husbands and Wives - Maris et femmes

maris_femmes.gif

Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Judy Davis (1955 - ), Mia Farrow (1945 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, couleur

Critique perso :

Woody en mode autofiction, play and play again. Ca se gâte dans son couple, il se rattrappe comme il peut, caméra au poing, poing à la caméra, devant et derrière. Il se dédouble en deux couples amis qui forment les deux piliers du récit : le premier a décidé de se séparer, l'autre va apparemment plutôt bien. Moins de deux heures plus tard, ils ont échangé leurs maillots comme des joueurs de foot... Le film orchestre leur errance, en serrant au plus près leur corps qui fait le contraire de ce qu'ils disent avec pourtant plein de conviction et de rationnalité apparente. Le spectateur est aussi invité aux séances psy de tout ce beau monde et se régale de tant de mauvaise foi. On rit de se voir si vil dans son miroir.

Mariée était en noir (La)

mariee_noir.jpeg

Réalisé par : François Truffaut (1932 - 1984)
En : 1968, France
Acteurs principaux : Michel Bouquet (1925 - ), Jean-Claude Brialy (1933 - 2007), Charles Denner (1929 - 1995), Michael Lonsdale (1931 - ), Jeanne Moreau (1928 - 2017), Claude Rich (1929 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'est une sorte d'ange exterminateur à coupe Mireille Matthieu. Non, il ne joue pas dans un film des frères Coen. En fait, c'est une femme, qui ne décolère pas depuis qu'on lui a trucidé son mari le jour de ses noces et qui ne songe qu'à se venger. Non, ce n'est pas non plus un personnage de Tarantino. Elle ne s'habille qu'en noir, ou en blanc, ou en noir et blanc, mais la vie autour est en couleur. Elle voudrait bien sortir d'un film d'Hitchcock, mais sans passer par la case glamour. Du coup, l'histoire un peu dure à avaler, d'autant que l'héroïne semble avoir acheté ses armes létales dans un magasin de farces et attrappes. En fait, c'est plutôt un ange avec des ailes de plomb, qui fait tout le temps la tronche. Comme quoi on peut être un grand cinéaste et rater complètement certains de ses films.

Marseillaise (La)

marseillaise.jpeg

Réalisé par : Jean Renoir (1894 - 1979)
En : 1938, France
Acteurs principaux : Charles Blavette (1902 - 1967), Julien Carette (1897 - 1966), Lise Delamare (1913 - 2006), Louis Jouvet (1887 - 1951), Pierre Renoir (1885 - 1952)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /en France profonde /vive la (critique) sociale ! /épique pas toc
Caractéristiques : 135 mn, NB

Critique perso :

Il était une fois un roi qui, au réveil du 15 juillet 1789, apprend une mauvaise nouvelle. Ca, c'est l'histoire officielle, celle des livres, celle des stars de cinéma, et elle dure 2mn. Tout le reste du film, c'est le contraire : la Révolution vue du côté des figurants qui en sont les vrais héros : le peuple, le vrai. Celui qui est mal peigné, parle avec un accent, braconne des lapins dans la garrigue, apprend à manier le fusil pour la première fois et fait le piquet de grève devant les usines (ah non, pardon, je confonds, ça c'était l'actu de l'époque du tournage). On suit donc un bataillon marseillais en route vers le Nord pour porter main forte à ces empotés de la capitale -provinciale, en plus, la Révolution, on aura tout vu ! Quelques belles scènes de fraternisation au coin du feu, de bataille pas rangée dans les jardins des Tuileries : la fresque ne manque pas de souffle. Et, comme de bien entendu, tout finit par une chanson…

Mary and Max. - Mary et Max.

mary_max.jpeg

Réalisé par : Adam Elliot (1972 - )
En : 2009, Australie
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 89 mn, couleur

Critique perso :

On se croirait au pays d'Amélie, sauf que c'est aux antipodes, c'est-à-dire sans couleurs, sans sourires béats et sans Paris. Ca commence en 1976. Mary : 8 ans, sosie miniature de Nana Mouskouri australienne complexée. Max : gros juif new yorkais d'une quarantaine d'années, névrosé carabiné. Chez Max, c'est normal, c'est pathologique : il a un syndrome d'Asperger, un autisme light qui le rend imperméable aux codes sociaux et aux émotions des autres, mais ne l'empêche pas de ressentir les siennes (puissance mille). Pour les mettre en contact, il faut un hasard gros comme le bottin de New York et une lettre envoyée comme une bouteille à la mer. Pour les faire continuer à s'écrire pendant 25 ans sans qu'ils se rencontrent jamais, il faut le miracle des amitiés impossibles qui changent la vie -et pas mal de chocolat. Ils vivent dans un monde qui ressemble au nôtre, en légèrement plus biscornu, peuplé de drôles de trognes. Et que tout soit en plasticine ne change rien : de toute façon, ils sont différents et solitaires, normaux et pathologiques, comme tout le monde. Et il faudrait souffrir d'un syndrome d'Asperger carabiné pour ne pas être ému aux larmes par leur histoire.

Masculin féminin

masc_fem.jpeg

Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1966, France
Acteurs principaux : Brigitte Bardot (1934 - ), Chantal Goya (1946 - ), Marlène Jobert (1943 - ), Jean-Pierre Léaud (1944 - )
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Dans "masculin", il y a "masque" et "cul" ; dans "féminin" il n'y a rien (extrait du dialogue). Dans les bistrots, il y a des dragueurs, et des jeunes filles à draguer. Préoccupations politiques pour les hommes (la conscience ouvrière, la guerre au Vietnam), chansons et cosmétiques pour les femmes (Salut les copains, mais surtout ne me mets pas enceinte). Une mort violente tous les 1/4h. Portrait d'une France qui s'ennuie mais ne le sait pas encore. Portrait d'une jeunesse concernée, portrait d'une jeunesse qui s'en fout. Enfants de Marx et de Coca-Cola (extrait des intertitres). Des gestes, des choses, des sondages : inventaire avant liquidation. Dans féminin, finalement, il y a "fin".

Matador

matador.jpeg

Réalisé par : Pedro Almodovar (1949 - )
En : 1986, Espagne
Acteurs principaux : Antonio Banderas (1960 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

C'est l'histoire de deux serial killers très glamours, des corrida-addicted qui ne jouissent qu'en sacrifiant leur partenaire. Ils sont donc tout naturellement faits depuis la nuit des temps pour s'embrocher mutuellement à la mode Escamillo dans un orgasme sublime... Eros et Thanatos sont potes, on le sait au moins depuis Duel au soleil. Avec ce film, Almodovar a voulu faire son Pandora pervers (clone d'Ava Gardner compris). Il y a mis toutes les névroses de l'Espagne : l'Opus Dei, les mères abusives et les arènes de sable chaud. Dans cette succession de couples en rouge et noir, anges et démons se bousculent : lesquels sont les taureaux, lequels sont les toreros ? C'est pas toujours clair. Le film est un tantinet abstrait et théorique. Pas si mal pour un quasi-débutant.

Matrix

matrix.jpg

Réalisé par : frères/soeurs Wachowski
En : 1999, USA
Acteurs principaux : Laurence Fishburne (1961 - ), Carrie-Anne Moss (1967 - ), Keanu Reeves (1964 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

Le grand secret nous est révélé au bout d'1/2h. Comme il s'est un peu éventé depuis, je peux bien le dire : le monde est un jeu vidéo. La réalité vraie, pas belle à voir, c'est que les hommes sont en faits cultivés dans des cuves par des machines qui parasitent ainsi leur énergie, en maintenant leur esprit en servitude dans un leurre numérique. C'est Néo le novice que nous suivons, au moment où il fait le grand saut de l'autre côté du miroir. Morpheus, son prof de philo et de Ju Jitsu, croit que c'est lui the One, celui qui libérera les hommes de leur esclavage. Faut dire, comme il a été pirate informatique durant sa vie virtuelle, il saute les niveaux de jeu plus vite que tout le monde dans sa nouvelle. Ca vous rappelle quelque chose ? C'est normal, c'est pompé dans Alice au pays des merveilles, le Magicien d'Oz, la caverne de Platon, Descartes, Dennett, EXistenZ et, of course, LA Bible. Les images, elles, viendraient plutôt de Il était une fois dans l'ouest, des Blues Brothers, de Star Wars et de 2001, l'Odyssée de l'espace, mais à la mode PlayStation. Recyclage bluffant malgré tout.

Where the Wild Things Are - Max et les Maximonstres

max_maxi.jpeg

Réalisé par : Spike Jonze (1969 - )
En : 2009, USA
Acteurs principaux : Catherine Keener (1959 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Max, 10 ans, toutes ses dents et pas mal de morgue, n'est pas content de sa chieuse de petite soeur, ni de sa gentille maman débordée. Un soir, il s'enfuit de chez lui en costume de (petit gentil) loup, et se retrouve au pays des (grands méchants) monstres gentils : une île peuplée uniquement de maximonstres. Les maximonstres, c'est des peluches géantes anthropophages qui vivent en tribus anarchiques dans les bois -un beau ça en pagaille, quoi. Après épreuve initiatique de rigueur, il est élu roi de la bande, chargé des opérations militaires -un petit moi en construction, quoi. Avant, of course, de retrouver sa bienveillante famille inquiète -le surmoi qu'il lui faut pour grandir. Un gentil petit film pour petits grands enfants, avec un petit Freud dedans.

French Lieutenant's Woman (The) - Maîtresse du Lieutenant français (La)

lieutenant_fr.gif

Réalisé par : Karel Reisz (1926 - 2002)
En : 1981, Angleterre
Acteurs principaux : Jeremy Iron (1948 - ), Meryl Streep (1949 - ), David Warner (1941 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Point de Lieutenant français dans ce film. Quant à celle censée avoir été sa maîtresse, jamais ne le fut. Mais on est au cinéma, alors ne nous étonnons de rien, surtout qu'on est dans ce type particulier de films qui racontent la fabrication d'un autre film, dans une histoire d'amour qui en cache une autre -la même sans doute- et d'autres temps et d'autres lieux. Subtil entrelacement de sentiments retenus et de fantasmes entretenus, de libertés compromises et de liaisons dissimulées, hommage raffiné à l'intensité du vécu et à celle -encore plus grande ?- du souvenir et de la représentation.

Metropolis

metropolis.jpeg

Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1927, Allemagne
Acteurs principaux : Alfred Abel (1879 - 1937), Brigitte Helm (1908 - 1996)
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /épique pas toc
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

A Metropolis, il y a la ville d'en haut -où les bien-nés s'amusent dans d'éternels jardins - et la ville d'en bas -où les mal-nés triment 10h par jour à faire tourner des machines infernales. C'est la division verticale du capital et du travail, une sacrée fracture que seul un Messie-médiateur amoureux pourra, peut-être, réduire. A condition de ne pas se laisser abuser par une femme fatale aux deux visages... Le recit, construit comme une symphonie, est complexe, mythique, mystique. Les décors sont grandioses, les effets bluffants, les foules inquiétantes à souhait. C'est de l'expressionnisme à angle droit, une grande machine de cinéma : l'oeuvre d'un grand horloger virtuose.

Draughtsman's Contract (The) - Meurtre dans un jardin anglais

meurtre_anglais.jpeg

Réalisé par : Peter Greenaway (1942 - )
En : 1982, Angleterre
Acteurs principaux : Anthony Higgins (1947 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Au début, les joueurs décident de la règle du jeu et la signent devant témoin. L'équipe du château joue en blanc, le visiteur extérieur (un artiste bien conscient de sa valeur) en noir. Au milieu du film, ils changent de côté, de maillots et même de règles... Le terrain est une belle propriété, l'époque la fin du XVIIIème siècle anglais. Il est, officiellement, question de dessiner le château sous tous ses angles, tout en profitant de la châtelaine par tous les bouts. Mais, à force de dessiner ce qu'il a devant les yeux, notre challenger finit par capter ce qu'il ne devrait pas : ce qui est là et ce qui est caché, et le temps qui passe. En fait, il invente la caméra à 12 images par semaine. Pour autant, ce n'est pas toujours lui qui évalue le mieux les coups à l'avance. Pour son premier film, l'esthète Greenaway soigne tout : le scénario brillamment tarabiscoté, les dialogues subtilement enluminés, les costumes soigneusement asticotés et les cadres bien sûr, savamment géométrisés (il a même fait les dessins lui-même). Il donne cette impression de maîtrise suprème qu'il refuse à son personnage. Mauvais joueur, mais excellent cinéaste !

Miller's Crossing

millers.gif

Réalisé par : frères Coen
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Gabriel Byrne (1950 - ), Albert Finney (1936 - ), Marcia Gay Harden (1959 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Chicago, la Prohibition. Deux bandes rivales, des alliés douteux, des politiciens véreux, une poule et un conseiller des princes très écouté : Tom. Ses faiblesses : les courses, le whisky et son grand coeur d'artichaud. Ses armes : savoir très bien encaisser les coups de poing et savoir encore mieux convaincre ses interlocuteurs qu'il est plus intelligent qu'eux. Face aux mitraillettes, il s'en sort pas mal, le beau Tom, sauf à la fin où il se trouve réduit à la dernière extrémité : tirer un coup de feu sur un de ses semblables... On est dans le rêve d'un grand ado retors et malicieux qui aurait trop regardé "les incorruptibles" et on aime ça !

Milou en mai

milou_mai.jpeg

Réalisé par : Louis Malle (1932 - 1995)
En : 1990, France
Acteurs principaux : Paulette Dubost (1911 - 2011), Michel Duchaussoy (1938 - 2012), Miou-Miou (1950 - ), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : en France profonde /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'est un jeune vieux veuf qui vit à la campagne avec sa maman et qui s'appelle Milou -on ne saura pas s'il a eu un chien qui s'appelait Tintin. La maman -très vieille France- a le bon goût de mourir au moment où s'annonce le printemps 68. La famille, étendue à quelques invités et pique-assitettes de passage, tiendra lieu de groupe de camarades, l'enterrement tiendra lieu de défilé de manif, et le partage des biens maternels d'héritage à liquider. A part ça, c'est presque comme à Paris : plein de faux-frères en état second. Le huis-clos à l'air libre, encerclé de dangereux grévistes, permet une relecture ironique (et très drôle) de L'Ange exterminateur (hommage de Jean-Claude Carrière au scénario qu'il aurait pu écrire). La révolution au vert mode d'emploi, par ceux qui auraient pu ne pas passer complètement à côté.

Minority Report

minority_report.jpg

Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Samantha Morton (1977 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

En 2003, les américains ont inventé la guerre préventive. Vers 2050, ils inventent l'arrestation préventive des meutriers grâces aux pouvoirs de devination de trois oracles-mutants-voyants : les "précognitifs" et à une unité de police d'élite : la "précrime". Les prisons regorgent donc de putatifs assassins maintenus en état d'hibernation et la sécurité reigne. Par ailleurs, la technologie informationnelle s'est répandue partout, par écrans transparents et multiples autres babioles interposés. Bref, nous sommes dans le meilleur des mondes possibles selon Sarkozy -à condition, bien sûr, d'être répertorié du côté des honnètes gens (du futur). Quand on passe de l'autre côté, évidemment, la vie devient un peu moins simple. C'est ce que va comprendre à ses dépens John Anderton, pourtant à la tête de la fameuse "précrime". Sa fuite le forcera à changer de regard (en plus d'un sens !) sur le monde parfait dans lequel il vit... Tiens tiens, même Spielberg se mettrait donc à douter des images ? (bon, je vous rassure : il croit toujours à la famille). Très spectaculaire et bigrement intéresante, cette grosse production américaine !

Midnight in Paris - Minuit à Paris

minuit_paris.jpg

Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 2011, USA
Acteurs principaux : Kathy Bates (1948 - ), Adrien Brody (1973 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Marcial Di Fonzo Bo (1968 - ), Rachel McAdams (1978 - ), Léa Seydoux (1985 - ), Owen Wilson (1968 - )
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Ah Paris, Paris…! Ah, les douze coups de minuit…! Conte de fée au carré, donc, pour Woody, plus Américain à Paris que jamais. Parce que ce qu’il aime à Paris, au fond, c’est quand les meilleurs américains de leur temps (Fitzgerald, Hemingway, Gertrude Stein, Joséphine Baker, j’en passe et des pas moins bons…) y faisaient la fête loin de chez eux. Alors, quand il y envoie un jeune couple américain côte ouest bien propre sur lui, c’est pour le subvertir à coup de trou noir temporel en forme de carrosse de cendrillon shooté à la culture. Un peu Belles de nuit, un peu Quelque part dans le temps, beaucoup de jazz et de fayotage francophile. Pas sûr qu’il ait dépassé le périph’ ni la page 1930 de son encyclopédie, l’oncle Woody, mais il a à coup sûr parcouru tout le bottin des stars du moment. Et on pardonne tout à ceux qui font les même rêves que nous.

Mist (The)

mist.jpg

Réalisé par : Frank Darabont (1959 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Marcia Gay Harden (1959 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une petite famille américaine pépère, dans la campagne américaine authentique. Une nuit, passe un gros orage qui met un peu de pagaille dans le voisinage. Pendant que le papa fait des courses avec le fiston au supermarché du coin pour réparer les dégâts, l’orage fait place à un brouillard particulièrement épais d’où sortent de drôles de hurlements. Vaut mieux plus trop sortir du magasin. Bon, en fait, c’est pas un orage, c’est carrément des grosses bestioles à tentacules, pas bien répertoriées dans la faune terrestre, qui font une opération razzia au supermarché, camouflées dans le brouillard. Sauf que la marchandise qui a l’air de surtout les intéresser, c’est la chair humaine. A partir de là, le film bascule en survival collectif. Le huis-clos façon Ange exterminateur tourne au cauchemar typiquely American, avec clans antagonistes qui se forment et prophétesse hallucinée. La religion et la consommation se mêlent toujours à la politique, quand ça se passe par là-bas. C’est pas trop la rationalité qui domine… Le film est incontestablement efficace et se paie l’audace du happy end le plus déprimant qu’on puisse imaginer, du American Way of Death du meilleur cru.

Model Shop

demy.jpeg

Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Anouk Aimée (1932 - ), Gary Lockwood (1937 - ), Jean Sorel (1934 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

George est le parfait jeune américain modèle 60ies : uniforme jean-tee shirt-baskets, bien éduqué mais pas super motivé par le mode de vie de ses parents, cool et sympa. Il vit à L.A., au milieu des derricks, avec une blonde qui se verrait bien en haut de l'affiche. Il a des potes cools et sympas qui jouent de la musique (les Spirit, pour les amateurs), d'autres qui donnent dans le journalisme underground. Ambiance peace and love. Un jour qu'il cherche des sous à taxer, il croise une fille en blanc qu'il prend pour Eurydice. En fait, c'est Lola. Elle est là parce que Michel, son prince charmant, a foutu le camp avec la belle de la Baie des anges. 24h de la vie d'un homme sans boulot qui, en quelques heures, perd tout ce qui lui reste, et que l'armée veut envoyer passer ses vacances au Vietnam. Mais il a trouvé Lola qui lui a rendu l'envie du bonheur, alors qu'elle ne savait pas elle-même où elle l'avait rangée. Keep trying, George. C'est la traduction en idiome local de la maxime éternelle des films de Demy.

Mummy (The) - Momie (La)

momie.jpeg

Réalisé par : Karl Freund (1890 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /à l'antique
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

On ne réveille pas impunément une momie qui dort depuis 3700 ans, fallait s'en douter. Im-ho-tep a été embaumé vivant (sans son consentement, semble-t-il) et il lui reste donc quelques petites affaires à régler. Ca tombe bien, il a pour cela gardé en mémoire quelques sortilèges magiques bien utiles. Il est calme, patient (il ne doit plus être à un millier d'années près), et il sait ce qu'il veut : la fiancée dont il a été éloigné, il y a quelques siècles. Sur son passage, on retrouve d'étranges cadavres : mort de rire, mort de peur, à votre guise. Il est terriblement séduisant et terriblement dangereux. Normal : il possède le secret de l'envoutement des légendes.

Mon oncle d'Amérique

oncle_amerique.gif

Réalisé par : Alain Resnais (1922 - 2014)
En : 1980, France
Acteurs principaux : Pierre Arditi (1944 - ), Nelly Borgeaud (1931 - ), Jean Dasté (1904 - 1994), Gérard Depardieu (1948 - ), Marie Dubois (1937 - 2014), Nicole Garcia (1946 - ), Roger Pierre (1923 - 2010), Brigitte Roüan (1946 - )
Genre(s) : la parole est d'or /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Deux modes de discours en parrallèle : d'un côté, une petite conf scientifique du professeur Laborit sur l'évolution des espèces, la vie sur Terre et l'interprétation des comportements (des souris et des hommes). De l'autre, une fiction qui entremèle les destins de trois personnages aussi dissemblables par leur origine que comparables par leurs difficultés à vivre. Ces trois-là ont nourri de nobles ambitions, ont été bien partis pour les accomplir. Mais ils finissent tous par nager un peu dans un costume trop grand pour eux, et auncun oncle d'Amérique ne vient les sauver du naufrage. Le discours scientifique distancié, comme mode d'emploi ironique de la comédie humaine. Le romanesque, comme horizon de l'observation objective (des souris et des hommes). A apprécier avec tous ses yeux, toutes ses oreilles et tous ses cerveaux.

Westworld - Mondwest

mondwest.jpeg

Réalisé par : Michael Crichton (1942 - 2008)
En : 1973, USA
Acteurs principaux : Yul Brynner (1915 - 1985)
Genre(s) : c'était demain /carrément à l'ouest /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, couleur

Critique perso :

Disneyland, c'est bon pour les enfants. Dans pas longtemps, les grands auront bien mieux pour s'amuser : Mondwest. A Mondwest (ou Westworld, sans doute une traduction de Hollywood en langage de l'époque) on peut choisir son thème : le western (pour tuer à l'aise), l'empire romain (pour baiser tranquille) ou le Moyen Age (pour les deux). C'est un peu cher mais on est traité comme des stars de cinéma et on ne craint rien : le personnel local n'est composé que de robots consentants et pas syndiqués -et de savants fous bien planqués. D'ailleurs, les pistolets ne marchent pas sur les vrais humains. Mais, comme dans tous les Edens, il y a parfois des créatures qui se détraquent. Des robots qui refusent d'obéir à leur cahier des charges -et, ma foi, on serait pas loin de leur donner raison. La piste métaphysique est légère mais le film d'action-science-fi bien troussé pour l'époque. Terminator s'est évadé direct de ce parc-là, et pas mal d'autres films qui ont suivi.

Sommaren met Monika - Monika

monika.gif

Réalisé par : Ingmar Bergman (1918 - 2007)
En : 1953, Suède
Acteurs principaux : Harriet Andersson (1932 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Un très jeune couple rêve d'amour le temps d'un été au bord de l'eau, avant de devoir faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Dans le rôle du petit animal sauvage, sexy et pas farouche, en France on a eu B.B., en Suède ils ont eu Monika - Harriett Andersson. "Monika", c'est l'irruption de la jeunesse, de la sensualité et d'un rêve de liberté dans le cinéma. C'est aussi la découverte d'un jeune réalisateur nommé Bergman (qui n'en est pourtant déjà pas à ses premiers essais quand il tourne ce film), à mi chemin entre le réalisme et le symbolisme. A l'époque, tous les cinglés de cinéma sont tombés amoureux de Monika.

Monkey Business - Monnaie de singe

monnaie_singe.jpg

Réalisé par : Norman Z. McLeod (1898 - 1964)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979), Thelma Todd (1905 - 1935)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 77 mn, NB

Critique perso :

Les paquebots les plus sérieux -ceux, par exemple, qui transportent Maurice Chevalier- ne sont pas toujours à l'abris des passagers clandestins. On ne se méfie jamais trop des frères Marx : philosophes de l'absurde squatteurs de tonneaux, passeurs de bons mots et de mauvais esprit en bonne société, trafficants d'incongruités dans un monde sérieux. De dangereux contrebandiers, capables tout en même temps de draguer les dames, duper les truants et de cloner Maurice Chevalier en son absence... Jamais en cale sèche d'inspiration. Bon, c'est pas leur meilleur film mais, dans la succession des sketchs, il y a des perles (glissées en douce, comme tout le reste) où la croisière s'amuse (vraiment, pour une fois).

Monsieur Verdoux

verdoux.jpeg

Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Une voix d'outre-tombe nous raconte son histoire. Celle d'un certain M. Verdoux, qui ressemble comme deux gouttes de poison au cauteleux M. Vernay, ainsi qu'à un pimpant capitaine Bonheur. En temps de crise des Temps modernes, en France ou ailleurs, tout est bon pour survivre. M. Verdoux a monté une petite entreprise prospère : le détroussage de veuves avec consentement. Un Landru, ce n'est après tout rien d'autre qu'un Charlot qui aurait de l'éducation et des bonnes manières. Mais le métier de multigame polyrécidiviste et de serial-killer en chambre demande une bonne santé et une grande organisation, surtout quand on a le coeur faible. Surtout quand l'heure est aux assassins professionnels d'Etat et à l'industrie du crime rationnalisé. M. Verdoux peut passer à bon droit pour un humaniste désuet ; il arriverait presque à nous faire regretter les petits artisans du bon vieux temps.

Monster

monster.jpg

Réalisé par : Patty Jenkins (1971 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Bruce Dern (1936 - ), Christina Ricci (1980 - ), Charlize Theron (1975 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Portrait « basé sur une histoire vraie » d’une serial-killeuse made in USA. Elle s’appelle Aileen, elle est rondouillarde et complexée, a sans doute pas eu une enfance facile, fréquente les bars et les dancing du bas du panier. Elle survit en faisant la pute pour des machos qu’elle déteste. Son premier meurtre, c’est en légitime défense face à l’un d’entre eux, particulièrement pervers. Après, faut reconnaître que sa défense devient de moins en moins légitime. Mais c’est aussi la période où elle tombe amoureuse de Selbi, gentille fille presque aussi paumée qu’elle, tellement moins macho que ses fréquentations précédentes. Eros, Thanatos et toute la clique, font encore des ravages à tous les niveaux du panier. Le film est modeste mais incarné de façon saisissante. Charlize Theron, qui est à peu près le contraire d’Aileen (quoique que sa mère ait tué son père en légitime défense), s’est laissée possédée par elle. Monster mon semblable, ma soeur (ma mère…).

Mostri (I) - Monstres (Les)

fanfaron.gif

Réalisé par : Dino Risi (1916 - 2008)
En : 1963, Italie
Acteurs principaux : Vittorio Gassman (1922 - 2000), Marisa Merlini (1923 - 2008), Ugo Tognazzi (1922 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

Les monstres bipèdes forment une espèce animale assez répandue. Ils feraient des voisins très fréquentables s'ils n'étaient pas juste un peu pourris, veules et magouilleurs. Ils ont l'ego et le verbe hauts, très hauts même - mais tout le reste au ras des pâquerettes. Petits monstres de la dernière averse, vieux monstres des neiges d'antant (quand on est monstre, on est monstre). Tableau de famille avec voitures et prestige à entretenir : regardez comme ils font le beau, ces fiers mâles, tous unis dans le puissant syndicat de la connerie universelle. Des vrais coqs empâtés. Portrait de l'Italie comme un zoo où se serait installée une fête foraine pleine de miroirs déformants. Portraits d'humains ordinaires, mes semblables mes frères.

North by Northwest - Mort aux trousses (La)

mort_trousses.jpeg

Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Martin Landau (1931 - 2017), James Mason (1909 - 1984), Eva Marie Saint (1924 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

Roger Thornhill, publicitaire new-yorkais surbooké mais sans histoires, est pris pour un certain Geoges Kaplan, ce qui lui vaut d'être kidnappé par une bande d'espions qui ne lui veut pas que du bien -et lancé dans une histoire de fous. Plus tard, c'est lui qui les poursuivra, de New-York à Chicago direction Rushmore (north by northwest of course), en se faisant passer pour Georges Kaplan. Les rôles s'inversent et s'échangent sans cesse dans ce cauchemar délicieusement emberlificoté où un homme finit par en devenir un autre. Roger devient donc Georges, endossant une identité inventée de toute pièce (au cinéma, on s'appelle ça un personnage), pour vivre une autre vie que la sienne (au cinéma, on appelle ça un scénario). Ce film est un musée du cinéma à lui tout seul, tant il enchaîne les scènes d'anthologie : le meurtre aux Nations Unies, l'attaque d'un avion en rase campagne, la poursuite sur les têtes du mont Rushmore, le train s'enfonçant dans un tunnel... Une histoire de fous relookée en film d'espionnage glamour, à revoir régulièrement comme on rend visite à un vieux pote délicieusement pervers.

Fly (The) - Mouche (La)

mouche.jpeg

Réalisé par : David Cronenberg (1943 - )
En : 1986, Canada
Acteurs principaux : Geena Davis (1956 - ), Jeff Goldblum (1952 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Le brillant professeur Brundle a le mal des transports. Alors, il travaille sur le voyage immobile : la téléportation... C'est presque au point, il ne lui manque plus que le brin de folie final. C'est justement ce que lui apporte la belle Veronica, journaliste scientifique émoustillée par la découverte du siècle... et par Brundle. Ayant goûté aux vertiges de la chair, le cérébral professeur est enfin prêt à toutes les hybridations : un soir de beuverie, il se décide à tester sa machine sur lui-même. Le seul problème c'est que, ce soir-là, une mouche a la même idée, au même moment, au même endroit. La machine s'emmêle un peu les ADN, et recrache un superbe OGM : Organisme Génétiquement Monstrueux, mi-mouche mi-Brundle. Au début, tout va bien : Brundle apprend à marcher sur les murs comme Spiderman. Mais bientôt, il récupère la tête d'Elephant man et ça devient moins rigolo pour lui et son entourage. Cronenberg a tout compris : le monstre est en nous depuis toujours et la mouche est l'avenir de l'homme.

Mulholland Dr. - Mulholland drive

mulholland_drive.gif

Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Ann Miller (1923 - 2004), Naomi Watts (1968 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

L'affiche du film promettait "une histoire d'amour dans la cité des rêves". L'histoire d'amour, ce sera entre deux femmes sublimes (une brune et une blonde) et la cité des rêves (de gloire), c'est bien sûr Hollywood, Olympe contemporain et miroir aux allouettes. Mais ce film est aussi bien plus que cela : il y a des morts, des embrouilles mafieuses, un cow boy et une piscine (mais Sunset Blvd en a vu d'autres !). Et encore : plusieurs histoires en parrallèle, un récit qui bifurque, des personnages qui se dédoublent, deux répétitions -très différentes- d'une même scène digne des pires feuilletons américains (comme dans Pension d'artistes), des sueurs froides et des effets de miroir... Pour retrouver son chemin dans ce somptueux labyrinthe narratif, baigné de musique en apesanteur, il faudra guetter les clés (l'une est bleue !). Mais Maître Lynch a excellemment fait les choses : interdit de critiquer ce film avant de l'avoir vu au moins deux ou trois fois car le puzzle est complet (et beau).

My Blueberry Nights

blueberry.jpeg

Réalisé par : Kar-wai Wong (1958 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Norah Jones (1979 - ), Jude Law (1972 - ), Natalie Portman (1981 - ), Rachel Weisz (1971 - )
Genre(s) : New York - New York /carrément à l'ouest /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Pour une fois, Wong se met lui-même (plutôt que ses personnages) en exil, il va voir en Amérique s'il y est. Il commence par organiser soigneusement, comme toujours, le carambolage aléatoire de quelques coeurs brisés, Anges déchus à qui il oblige à faire le tour du pays à cloche pied (ou quasi) comme gage de malchance. C'est grand, l'Amérique. Sans doute pour ne pas trop se perdre, il recycle le tube d'In the Mood for Love à l'harmonica, remplace le Chungking Express par tous les modèles de bars qu'il croise sur sa route, et mise de nouveau tous ses jetons, comme dans 2046, sur une triplette féminine : une histoire en bleu nuit, une partie en rouge sombre, une virée en violet-doré et au grand jour. Est-ce à cause des contrastes visuels trop accentués, des dialogues trop explicites ou des acteurs qui ont oublié de mettre du mystère asiatique au bord de leurs yeux ? Ca fait le même effet qu'une tarte aux myrtilles avec de la glace vanille : assez écoeurant à la longue.

My Own Private Idaho

own_idaho.gif

Réalisé par : Gus Van Sant (1952 - )
En : 1991, USA
Acteurs principaux : River Phoenix (1970 - 1993), Keanu Reeves (1964 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 104 mn, couleur

Critique perso :

Mike vit dans la rue. Des fois il tombe -littéralement- de sommeil. Il a des blancs, c'est-à-dire des trous noirs. Et le film aussi. Et
Mike gagne le peu de vie qui lui reste en se prostituant. Auprès des hommes, des femmes. Mais il préfère les hommes. Surtout Scott, qui lui aussi tapine. Sauf que lui, c'est l'héritier d'une grande lignée. Il est juste là pour faire chier son papa. Il fait le voyou pour de faux. A sa majorité, il sera riche. Et
Ils sont différents et ils se ressemblent. Des fois, ils parlent comme Shakespeare (Henri IV). Des fois
C'est deux vies qui vont diverger radicalement. Une, c'est l'enfance d'une star -pardon, d'un chef. L'autre, c'est un drôle de voyage en pointillé, au goût de gruyère (surtout les trous). Toujours au bord ou au fond du trou. Et qui ne va pas tarder à y rester pour de bon.
Shakespeare dans le caniveau.

My Fair Lady - My fair Lady

fair_lady.jpg

Réalisé par : George Cukor (1899 - 1983)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Rex Harrison (1908 - 1990), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

Suite à un pari stupide, le professeur Higgins (bien aspirer le "H") décide de faire sauter toutes les classes (sociales) en 6 mois à son élève-cobaye Eliza Doolittle -fleuriste de rue. Comment s'y prend-il ? Facile : la spécialité du professeur Higgins, c'est la phonétique. Or, l'habit ne fait peut-être pas le moine, mais l'habit + l'accent des beaux quartiers et la langue chatiée fait facilement la lady ! Mais changer de langage, c'est changer d'identité (les écrivains le savent bien). Eliza Doalot l'apprend vite, tandis que l'ignoble Higgins doit apprendre, lui, que l'être humain parlant est doué d'un peu plus d'autonomie et de sensibilité que le perroquet. Suprêmement méchant, profond et allègre.

Kennel Murder Case (The) - Mystère de la chambre close (Le)

chambre_close.jpeg

Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Eugene Pallette (1889 - 1954), William Powell (1892 - 1984)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Au début, il est question d'un concours de chiens, d'héritages et de mésalliances - mais on s'y perd un peu parce que les hommes portent tous la moustache réglementaire, et que les chiens sont du même poil. Et puis le type qui était apparemment le plus riche, le plus vieux et le plus détesté de tout le monde se suicide, enfermé dans son bureau, avec un couteau dans le dos. Et ce n'est que le début. Il y aura d'autres cadavres -et d'autres chiens. La police est sur les lieux mais elle manque singulièrement de flair. Heureusement pour elle, il y a aussi un certain Philo Vance, éleveur de chiens et détective amateur (et à moustache) de son état. L'histoire est du genre à tiroir à double fond sous le double fond : tout le monde a quelque chose à cacher derrière sa moustache, il y a toujours un cadavre derrière chaque cadavre, une femme derrière chaque homme. Et une petite truffe fouineuse derrière toutes les bonnes petites énigmes.

General (The) - Mécano de la Générale (Le)

mecano_general.jpeg

Réalisé par : Clyde Bruckman (1894 - 1955)
En : 1927, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Johnny est mécano (c'est-à-dire chauffeur-livreur-ajusteur) de locomotives. Sa monture de prédilection s'appelle la Générale. C'est la Guerre (la seule, la vraie côté US : celle de Secession). Johnny veut s'engager comme volontaire ; il est recalé à l'embauche. Mais la Générale, elle (c'est la moindre des choses quand on s'appelle comme ça), veut participer aux manoeuvres. Alors Johnny est obligé de suivre. Il joue donc le plus sérieusement du monde au train à vapeur -pour l'honneur des sudistes et les beaux yeux de sa fiancée : d'abord comme poursuivant (la Générale a été prise en otage), puis comme poursuivi (il a récupéré la Générale, les ennemis sont à ses trousses). C'est fou l'inventivité dont font preuve les hommes à cheval sur un train à vapeur, à croire que ça leur donne des ailes (de fumée). Un peu comme Naissance d'une Nation, mais en nettement plus drôle.

Sound of Music (The) - Mélodie du bonheur (La)

melodie_bonheur.jpg

Réalisé par : Robert Wise (1914 - 2005)
En : 1965, USA
Acteurs principaux : Julie Andrews (1935 - ), Christopher Plummer (1927 - )
Genre(s) : en avant la musique /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 174 mn, couleur

Critique perso :

Maria chante et danse au milieu des montagnes verdoyantes, façon "petite maison dans la prairie". Maria veut devenir religieuse. Mais avant, elle doit faire un stage de gouvernante chez un capitaine à la retraite de 25 ans, veuf avec 7 enfants. Elle se révèle pour ce qu'elle est : la nounou préférée des culottes courtes (à bretelles, on est en Autriche). En vrai clône de Blanche-Neige, elle fabrique des fringues pour tout le monde avec les rideaux de sa chambre (syndrôme Autant en emporte le vent typique) et invente une méthode rose-express pour tranformer sa nichée de nains en chorale de compet' (on est à Salzburg). Le père-capitaine, pas fou, l'embauche gratis à vie (il l'épouse) et se révèle pour ce qu'il est : un héros patriote anti-nazi (on est à la fin des années 30). Pour la décomposition de la haute société pré-World War II, mieux vaut voir La Règle du jeu. Pour les mauvais souvenirs du nazisme en chansons, mieux vaut voir Cabaret. Pour tout le reste, ça se lasse voir.

Mépris (Le)

mepris.jpg

Réalisé par : Jean-Luc Godard (1930 - )
En : 1963, France
Acteurs principaux : Brigitte Bardot (1934 - ), Fritz Lang (1890 - 1976), Jack Palance (1919 - 2006), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Sans doute la seule fois où B.B. a été actrice (où, du moins, son absence de jeu a servi un vrai personnage). En blonde ou en brune-Louise Brooks, elle trimballe son mystère avec une opacité têtue, sous le regard désarmé de son mari-Dean Martin. La première scène est un "blason" devenu scène d'anthologie. Après, il est question de cinéma, de l'argent qui pourrit les relations humaines, de l'Ulysse d'Homère et de vie quotidienne. Il y a une longue scène de ménage, beaucoup d'effets de distanciation, quelques statues antiques et les plages de Capri. Godard fait son Voyage en Italie. La géniale musique de Georges Delerue arriverait à rattraper n'importe quel navet. En l'occurrence, rien à rattrapper, juste à ajouter un peu de mythe dans un film déjà mythique. Pour les non-initiés, c'est le Godard le plus visible. A aimer totalement, tendrement, tragiquement (les initiés comprendront).

Chasing Amy - Méprise multiple

meprise_mul.jpeg

Réalisé par : Kevin Smith (1970 - )
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Ben Affleck (1972 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Holden et Blanky sont des geeks pratiquants de l'ère pré-Internet. Ils publient ensemble des comics (une série BD, quoi) à succès, ont des copains cools et sympas comme eux et cohabitent en tout amitié (et plus si affinités). Dans un salon pro plein d'autres geeks amateurs de leurs oeuvres, ils rencontrent Alyssa, comme eux auteuse prometteuse et (plus qu'eux) fille libérée. Holden voudrait bien un peu plus (étant donné son affinité), mais Alyssa aime les filles, quoiqu'en fait elle a aussi aimé des mecs, quoiqu'en fait elle n’en sait plus rien. Le film a ce côté bricolo qui sied bien à son sujet, sans doute parce que la parole y est le vrai personnage principal. Il ne s'y passe quasiment que des mots. C'est cru, cash, couillu, tout en lorgnant vers le mythe, genre quête éternelle de l'amour impossible. Du performatif un peu fauché, mais cool et sympa, quoi. Et avec des poils.

Retour à l'interface d'interrogation


Annuaire complet des films, site sur l'actualité du cinéma où j'écris des critiques