C'est l'histoire de deux serial killers très glamours, des corrida-addicted qui ne jouissent qu'en sacrifiant leur partenaire. Ils sont donc tout naturellement faits depuis la nuit des temps pour s'embrocher mutuellement à la mode Escamillo dans un orgasme sublime... Eros et Thanatos sont potes, on le sait au moins depuis Duel au soleil. Avec ce film, Almodovar a voulu faire son Pandora pervers (clone d'Ava Gardner compris). Il y a mis toutes les névroses de l'Espagne : l'Opus Dei, les mères abusives et les arènes de sable chaud. Dans cette succession de couples en rouge et noir, anges et démons se bousculent : lesquels sont les taureaux, lequels sont les toreros ? C'est pas toujours clair. Le film est un tantinet abstrait et théorique. Pas si mal pour un quasi-débutant.
Au désespoir de tout le personnel féminin de l'établissement, Ricki est enfin autorisé à quitter l'institution psychiatrique où il a passé sa jeunesse. Il n'a qu'une idée en tête : épouser Marina, la belle actrice porno qu'il a déjà croisée (et même un peu plus) une fois. Pour lui démontrer ses qualités de mari idéal, il la traque, lui offre des chocolats puis finalement la sequestre chez elle et l'attache sur son lit, tout en la pourvoyant à volonté en psychotropes divers. Jaloux, possessif, attentionné : pas de doute, il a la vocation d'époux modèle à la mode espagnole de l'époque. Le mariage comme syndrôme de Stockholm librement consenti (bien plus horrible que les films d'horreur que tournait Marina avant de connaître Ricki) : la pilule est tellement colorée qu'on l'avale sans s'en rendre compte.
Peinture à l'hollywoodienne de la plus mexicaine des peintres. Frida Khalo est au Mexique ce que Diego Rivera fut un moment pour elle : une idole (après, elle l'a épousé). Sa vie est un roman, il n'y manque pas une touche de musique, pas une note de couleur, pas un parfum de mythe. Rockefeller, Breton et Trotsky font de la figuration, King Kong passe dans le décor. De la souffrance, de l'amour et encore de la souffrance. Le biopic est un peu épicé, mais pas trop. La douleur est sur l'écran, qui fait tout de même un peu écran à la douleur. Des petites tentatives timides pour mettre de la vie dans le tableau, en rendant vivants les tableaux. Mais ces toiles, pour ce qu'on peut en voir, gagnent fastoche le match de l'intensité dramatique avec la peinture hollywoodienne.