La petite famille Edwards est plutôt modeste, mais elle dispose tout de même d’une concession avec vue imprenable sur Monument Valley. Ethan, il fait partie de la famille (c’est le frère du père) mais c’est l’homme du dehors. Il a fait l’armée, est resté célibataire (même si on sent qu’il n’est pas insensible à sa belle-soeur), est du genre baroudeur bougon. Quand, un soir, des indiens très méchants massacrent la famille et kidnappent les deux filles, Ethan trouve une mission à sa hauteur : les retrouver. Au début, il doit se coltiner l’aide d’autres volontaires mais ils jettent vite l’éponge sauf Martin, son neveu vaguement métis, fiancé de la plus âgée des filles. La quête va durer longtemps, longtemps. Le temps de voir passer les saisons, de quadriller toute la région, de dormir dehors, toujours. Une vraie route initiatique, où chacun des deux mecs a des choses à apprendre à/de l’autre, en particulier sur ce que c’est que la famille, les liens du sang et les liens du coeur. Et Ethan, l’homme du dehors, arrivera tout de même à nous convaincre qu’il a quelque chose de potable à l’intérieur.
Marion -très bien en soutien-gorge- n'a pas la conscience tranquille : elle vient de voler 40 000 $ à son patron. Dans sa fuite, elle se réfugie au Bates Motel. Mauvaise idée. Surtout que Janet Leigh, elle aurait dû se souvenir du motel de La Soif du mal. Norman Bates, le jeune proprio, sourire d'ange mais regard de hibou, n'a pas, lui, le subconscient tranquille. Et puis, elle n'aurait jamais dû prendre une douche... Ah ! LA fameuse scène de la douche ! On en est encore tout dégoulinant d'eau, de sang et de peur. On n'en est pourtant qu'au milieu du film, et on vient de perdre une héroïne. Bon, je ne raconte pas tout le reste : suffit de savoir que le film est une plongée de plus dans les profondeurs marécageuses de nos cauchemars, l'ancêtre de tous les films d'horreur actuel -le gore en moins, le génie en plus.
Le grand sujet des grands westerns, c'est comment créer de la civilisation dans le désert, comment passer en quelques décennies de la loi du plus fort à la loi tout court -bref, sur quels mensonges se bâtit un Etat. Face à la Liberty de faire n'importe quoi, deux hommes se dressent. Le premier est le modèle tradi : un cow-boy rustaud, as de la gachette qui ne rêve au fond que de se ranger et de fonder une famille. Le deuxième est le modèle moderne : un petit avocat venu de l'est, le nez dans ses bouquins. Au milieu : une femme. Mais ne comptez pas sur John Ford pour développer les histoires d'amour : c'est au spectateur de tout imaginer à partir de quelques regards en coin (ce sont évidemment toujours les plus belles). Lui se contente de filmer la légende -et comment on la fabrique. La démocratie et le cinéma, mode d'emploi.