A la sortie de la guerre, c'est bien connu, les jeunes étaient zazous. Ca veut dire qu'ils n'avaient pas encore tombé la veste, mais qu'ils commençaient à oser se passer de cravate. Qu'ils fréquentaient des caves obscures, résonnant d'une musique nouvelle venue d'Amérique. Ca veut dire surtout qu'ils étaient comme tous les jeunes de toutes les époques : ils avaient des rêves (en gros : voyager, aimer et faire l'artiste) qui ne plaisaient pas à leurs parents... Ils vivaient en bande, ils avaient un monde à explorer et à reconstruire. C'était une génération insubmersible (cf. leur voiture). C'est un film indémodable.
Deux jeunes gens : un fils à papa et un fils de rien, pauvre mais ambitieux, payé par le papa de l'autre pour ramener le fiston à la maison. Une fille, un bateau, l'Italie. L'ombre d'un désir mimétique qui passe entre les deux hommes. Alors qu'ils sont seuls au milieu de l'océan, l'un tuera l'autre pour prendre sa place. Traqué, inquiet, il devra affronter les conséquences de son acte et lutter contre les effluves du remort. Un scénario de film noir tourné au grand air dans la lumière d'Italie. Alain Delon est beau et pervers à souhait dans ce polar solaire.