Au départ, c'est un de mes livres préférés : l'histoire d'un fugitif qui se réfugie sur une île déserte (mais hantée et maudite) et devient la victime (bientôt consentante) d'une espèce d'hallucination scientifiquement générée. Ce livre, c'est le mot de passe absolu de tous ceux qui préfèrent un autre monde -qu'il s'appelle vin, poésie ou vertu, littérature, cinéma ou rêves- à la réalité. Et il marque l'invention d'un nouveau type de paradoxe, quelque chose comme la superposition des espaces. Le (télé)film est très (peut-être trop) fidèle, avec sa voix off littéraire, ses fantômes futiles et rationels et son ambiance années folles décadante à souhait. On dirait du Resnais (un peu cheap quand même) : un plagiat par procuration (de l'Année dernière à Marienbad) ou par anticipation (de Je t'aime je t'aime ou de certaines idées de Mon oncle d'Amérique), autrement dit de certaines des meilleures hallucinations cinématographiquement générées.