Videodrome est un programme télé qui vise tout ce qu'il y a de plus bas chez les spectateurs. En gros, pour ce qu'on peut en voir : des nanas à moitié à poil qui se font gentiment torturer, mutiler, assassiner. Ca coûte pas cher, c'est excitant, ça pourrait rapporter gros à Max et à sa chaîne de troisième sous-sol, exactement ce qu'il cherche. Videodrome est un programme télé qui rend con et accro. On y goûte en faisant mine d'être dégoûté, on y revient, on n'en sort pas. Du trash-reality show avant l'heure, une espèce de Goulag de la tentation. Videodrome est un programme télé qui rend fou. Ca rentre par les yeux, ça dérègle les sens, ça modifie le corps. Avec ça, le mythe de la fiction catharique, c'est vraiment de la bonne blague. Attention, Videodrome is watching you, tous les soirs à 20h30.
Noodles fume de l'opium. Non pas pour oublier, mais pour se souvenir d'oublier éternellement. Oublier éternellement sa jeunesse de James Cagney, apprenti parrain sur les trottoirs de New-York. Oublier Deborah, celle qu'il a toujours aimé, celle qui n'a jamais voulu de lui. Oublier Max, celui qu'il a toujours aimé, celui qu'il a trahi. En fait, ce qu'il ne lui pardonnera jamais, à Max, c'est qu'il est encore plus fort que lui : Max, il a réussir à trahir une trahison. En quelques décennies, il en est passé du sang sous le pont de Brooklyn. Oublier éternellement que la clé du coffre est restée cachée dans le balancier de la pendule, comme toujours, même si le magot s'est envolé. La version western du mythe de l'ouest était une histoire de vengeance. La version noire, c'est une histoire de vengeance contre soi-même. Noodles en rit encore.