C'est le couple le plus totally british du cinéma : un célibataire, aventurier pantouflard et excentrique, et son chien technico-intello -on ne sait pas trop lequel est le maître de l'autre. Ils sont spécialisés dans la conception/réalisation de machines extravagantes et néanmoins parfaitement opérationnelles : fusée lunaire à pédale, pantalon mécanique, canon à porridge, tricotteuse à moutons... L'attirail de James Bond au service de la plus royale banalité. Ils ne parlent pas beaucoup et leurs motivations sont parfois obscures : en gros, ils se compliquent la vie pour se la rendre plus facile. Et ils adorent le fromage, ce qui excuse et justifie tout. Les acteurs sont épatants, ils sont en pâte à modeler. Il se pourrait bien que ceux qui tirent les ficelles (enfin, qui tordent le caoutchou) soient, eux-aussi, de géniaux créateurs.
Ca se passe dans une petite communauté de la campagne anglaise, qui ne vit que pour son prestigieux concours annuel de grosses légumes. Cette année, la récolte miraculeuse semble menacée par une attaque coordonnée de hordes de lapins affamés. Heureusement, Wallace & Gromit, inventeurs omni-compétents, veillent. Mais ce serait négliger un peu vite que, derrière le moindre sujet vivant de sa Gracieuse Majesté, sommeille un Mr. Hyde-Hulk ou un Jack-Dorian Gray Kong, animal à poils longs et à idées courtes, éventreur (de citrouilles) et trucideur (de carottes). Après avoir acclimaté la haute technologie et le film noir à la mortelle banalité des provinces britishs, voilà que Wallace et son chien laissent le thriller envahir leur potager, et le monstre végétarien dévoiler la monstruosité carnivore de ses concitoyens. Les anglais ont trouvé le(s) superhéro(s) en pantoufles à la hauteur de leur flegme immortel.