4 hommes dans un désert, à la recherche d'une guerre perdue ; 4 français de partout, mais du bon côté. Un intrus allemand permet d'importer le conflit dans la troupe, et de faire de sa jeep un terrain d'opération militaire, un café du commerce, une arène et un théâtre. La patrouille perdue apprend à connaître Le Salaire de la peur. Le Sahara fournit les ennuis, l'armée fournit les boîtes de conserve, Audiard fournit les cartouches. Ca manque un peu de femmes, donc de subtilité. Mais c'est du gaulois pure sueur, de l'anar pure gouaille, du solide en grains (de sable).
Le titre est devenu quasi-incompréhensible aux oreilles contemporaines. En traduction d'aujourd'hui, ça donnerait à peu près "Revenge of the gros naze". Le milieu, c'est celui des arnaqueurs d'opérette à prétentions aristocratiques. Le naze, c'est le brave artisan consciencieux qui fera le boulot pour leur poche. La combine, c'est une affaire de fausse monnaie un peu trop grosse pour eux... Alors, pour tenir le choc, ils font appel à l'ex-pape du domaine, un certain "Dabe", que seule une revanche perso parvient à faire sortir de son paradis fiscal. Le reste importe bien moins que les tronches enfarinés de la bande, et que les mots qu'Audiard leur fait dire. Ce qui est bien, dans ce genre de ciné à l'ancienne, c'est que les vrais cons et les faux culs sont faciles à distinguer des honnêtes crapules compétentes. Et la fausse subversion finale ne surprendra personne : "in the baba" qu'ils l'auront, les tontons monnayeurs !
Au commencement était la pochade : Agnès et Catherine, enceintes toutes les deux, auraient involontairement suggéré le sujet à Jacquot jaloux : et si l'homme pouvait tomber enceint, lui aussi !? Aussitôt dit, aussitôt fait, Demy ne fait pas les choses à moitié (quoique). Le couple le plus glamour du moment, au lieu de glander dans son Olympe, se retrouve avec plus ou moins les occupations de ses parents (papa dans les autos, maman dans les shampoings), et l'aîné blondinet qu'il fut, c'est le fils de Michel Legrand qui l'incarne. Voilà déjà pas mal de perturbations en vue dans la Sainte Famille. Pour ajouter à la confusion des genres, il multiplie les seconds couteaux à l'identité trouble -mais c'est pour de rire. Le tract féministe déconnant et un peu désinvolte aurait pu être explosif, mais il fait un peu pchitt. Tout n'est pas, hélas, accompli pour les siècles des siècles. Mais pour le début des années 70, c'est déjà pas si mal.