C'est les vacances : Rohmer, il aime bien les vacances. C'est propice à la parole et à la chair. Delphine, elle, ça dépend. Son copain l'a lachée il y a deux ans, la copine qui devait l'accompagner en Grèce vient de la lacher, elle est toute seule. Elle se fait inviter par-ci, elle s'ennuie par-là. Elle cherche la consolation dans les forces de la nature, mais la consolation n'est pas dans les forces de la nature. Elle croit pourtant aux jeux de l'amour et du hasard, mais sans concession, sans compromis. Pas de maître du jeu explicite, pour une fois, si ce n'est un joueur de cartes étourdi qui laisse traîner des indices sur son chemin -et le parrainage de Jules Verne. Le portrait gagne en liberté ce qu'il perd en maîtrise, les paroles gagnent en chair ce qu'elles oublient en style.
Opération : remarions la vigneronne (Magali, 45 a., veuve, 2gds. enfants, etc.). Deux anges-coquines s'y collent : Rosine, la copine du fils et Isabelle, l'amie d'enfance. Pas de concurrence -elles prennent l'initiative chacune de leur côté- mais quelques arrières-pensées qui trainent peut-être (elles seraient pas un peu agents doubles, des fois ?). Machinations, complots, intrigues : tous les moyens sont bons et surtout, comme toujours chez Rohmer, tout est matière à commentaires et analyses en direct, dans un flux continu de paroles. Les vendanges sont bonnes et le cru vieillit très bien.