Un très jeune couple rêve d'amour le temps d'un été au bord de l'eau, avant de devoir faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Dans le rôle du petit animal sauvage, sexy et pas farouche, en France on a eu B.B., en Suède ils ont eu Monika - Harriett Andersson. "Monika", c'est l'irruption de la jeunesse, de la sensualité et d'un rêve de liberté dans le cinéma. C'est aussi la découverte d'un jeune réalisateur nommé Bergman (qui n'en est pourtant déjà pas à ses premiers essais quand il tourne ce film), à mi chemin entre le réalisme et le symbolisme. A l'époque, tous les cinglés de cinéma sont tombés amoureux de Monika.
Depuis les électrochocs, Karin a l'ouïe très fine. D'étranges cris d'oiseaux la réveillent, des cornes de brume sonnent l'appel du large et, surtout, une foule invisible et murmurante attend avec elle le retour de Dieu par une porte du grenier... Son frère, son père et son mari n'y peuvent rien. Déjà qu'entre eux, malgré leur art, leur culture et leur bonne volonté, les mots ont du mal à passer la rampe. Ils ne peuvent que souffrir avec elle, et encore... Elle a traversé le miroir et se voit encore dedans. Incurable. Ce huis clos en plein air avec vue sur la mer est un magnifique et tragique ballet de visages douloureux, de quêtes inassouvies et d'amours impuissantes.
Trois soeurs, une servante. Plus la douleur, omniprésente. Celle qu'on subit (une des soeurs agonise, dans les râles et les grimaces), celle qu'on s'inflige à soi-même (une autre soeur a l'air d'aimer ça, dans les râles et les grimaces). La douleur de ne pas être aimé, celle de ne pas réussir à aimer (là, ça concerne tout le monde, sauf la servante peut-être). La douleur de ne compter pour rien dans le jeu social (et v'la la servante servie). La peur de la mort. La palette : sanguine à souhait. Purpurine. A se demander comment les robes de chambre immaculées résistent aux fondus au rouge. Film à éviter lors d'humeurs suicidaires. A admirer sans modération le reste du temps.