A 16 ans, Scarlett est la reine des pique-nique. Son papa lui donne la recette de la potion magique du Sud, à base de terre rouge de Tara, la propriété familiale. Elle commence sa longue carrière de peste professionnelle en dragant le copain de sa cousine -une sainte. En 4h, elle réussira tout juste à l'embrasser 2 fois, tout en se permettant d'ignorer superbement le superbe Rhett Butler. Lui, elle mettra 10 ans à l'épouser (le temps de liquider 2 maris falots) et 20 ans à se rendre compte qu'elle l'aime peut-être, finalement. Cette histoire est un peu le remake en son et couleurs de la Naissance d'une nation. La 1ère partie, en rouge, est une longue succession de scènes de dépit amoureux sur fond de guerre de sécession. La 2ème partie est un long mélo. Des fois, on se dit que Fleming, qui venait tout juste de finir Le Magicien d'Oz, s'est un peu embrouillé dans les scénarios et qu'il a recasé les mêmes répliques (sur le thème : "there is no place like home") dans les deux. Attention monument ! Mais à part quelques scènes, pas sûr qu'il tienne si bien au vent...
Dorothy, jeune campagnarde du Kansas (Judy Garland à 16, avec des tresses, mais chez qui la femme pointe... -ses partenaires ne sont pas dupes !) vit en noir et blanc. Une tornade la propulse au pays des Schtroumphs en couleurs (1ère à droite derrière l'arc-en-ciel) où on lui fait la fête en lui offrant des sucettes. Malgré tout, elle regrette son Kansas en noir et blanc (on se demande bien pourquoi), et se met à suivre, avec ses chaussures rubis, une route jaune en quête du magicien mirobolant qui la ramènerait chez elle. C'est le pitch d'une des premières légendes produites par l'Amérique. La morale paysanne qui en ressort officiellement (il faut se contenter de ce qu'on a, "there is no place like home") est heureusement contredite par l'enthousiasme juvénile de Judy, heureuse comme un poisson dans l'Oz, et par l'ironie un brin canaille du magicien (on n'est que ce que les autres voient de nous). Rêve et effroi d'une nature aseptisée, road movie et nostalgie : un pilier de la conscience américaine !