On serait à l'âge d'or du cinéma français. On aurait réuni un casting de rêve et on s'amuserait à imaginer le générique parfait : Molière au scénario, Bruegel aux décors et aux costumes, Rembrandt à la lumière... Voilà qui nous orienterait vers le XVIIème siècle, et vers les Flandres. Pourquoi pas une histoire de troupe espagnole à la mode Velasquez, qui prendrait ses quartiers dans une toile de Vermeer, par exemple : choc des cultures et guerre des parures. Luxe, ripaille et volupté. Un peu de féminisme dans le tableau, tout de même, pour montrer que c'était pas rigolo tous les jours. Mais on arriverait encore à croire à la paix des peuples. Cinq ans plus tard, certes, on n'y croirait plus : cette histoire d'occupation libératrice, non, ça ne serait plus possible. Mais là, elle arrive à nous rendre inguérissablement nostalgique d'un l'âge d'or qui n'a jamais existé.
A la pension Mimosas, situé juste en face du casino de Nice, on accueille tous les espoirs et toutes les désillusions du monde. Surtout ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent, car Louise, la patronne a bon coeur. Et comme son mari est employé par le casino, rien ne se perd jamais vraiment. Il y a pas mal de formes d'amour, chez Louise : celui qu'elle porte au long cours à son gentil mari, celui qu'elle réserve à l'enfant qu'elle n'a pas pu avoir avec lui et qu'elle a juste brièvement élevé pour un autre, et celui, moins clair, qu'elle lui porte encore quand il est devenu grand, beau, et mauvais garçon. Mais il y en a d'autres, dans ce film. Le mauvais garçon est accro à une jolie semi-cocotte qui, elle, a surtout l'air passionnée par ceux qui lui permettent de faire ses courses. Et c'est sans compter la passion du jeu, qui accapare une bonne partie du (pas tant que si) beau monde qui gravite à la pension Mimosas. Le catalogue est complet, mais personne ne choisit vraiment ce qu'il veut dedans, les dés sont bien sûr pipés dès le début.