Pour célébrer l'accession de son équipe favorite à la finale d'une coupe quelconque (il s'agit de foot, bien sûr), un supporter à lunettes et à pédales enfourche son triporteur (sorte de kiosque à glace à roulettes -mais sans glace), bien décidé à traverser les profondeurs de la France profonde. On sous-estime malheureusement trop souvent l'épaisseur de la couche (géologique) de la France profonde -surtout là où le soleil tape un peu trop fort sur la tête des habitants (cf. un célèbre gendarme qui en a été victime). Personnages débiles, scénario nul filmé avec les pieds : du pur nectar de navet, à peine sauvé par quelques éclairs burlesques et quelques réjouissantes bafouillaginations.
Inutile de dire que ce titre inconnu au bataillon art et essai fait un peu tache sur mes étagères, et que c'est plutôt un cadeau empoisonné dont je tairai pudiquement l'auteur (merci frangin !). Allez savoir pourquoi, je suis assez insensible à la nostalgie des copains de régiment, au comique trouffion, aux charmes de la caserne-colonie de vacances, aux plans drague foireux. Heureusement que le colonel Darry Cool, esthète des potirons, fait quelques apparitions - sinon, il faut bien reconnaître qu'aucun des jeunes acteurs du contingent n'a, depuis, donné de signe de vie artistique. Même pas assez gros et gras pour postuler à la rubrique burlesque émoustillant. Tout juste bon pour une soirée M6 (enfn, c'est peut-être encore trop bon pour eux, j'en sais rien, je n'ai pas la télé !).
Au départ, c’est une opérette légère de 1925. Elle est montée comme le serait un classique, sans « modernisation », sans condescendance mais pas sans malice. De quoi est-il question ? D’amour, toujours, par tous les bouts et tous les « trous » (de la serrure). De sexe, en fait, pour être clair. Tout le monde a sa petite théorie sur la question - et ses petites pratiques. Tout le monde ne parle que de ça, même en parlant d’autre chose. Alors, la mise en scène va en rajouter dans les sous-entendus. Ce serait peut-être plutôt des « sous-vus », d’ailleurs, parce que j’ai bien l’impression d’avoir reconnu, planqués dans les décors et dans les effets de perspective, tous les organes concernés. Quant aux acteurs, en costume d’époque, rien de mieux pour les mettre à poil que de les faire chanter eux-mêmes. Un film délicieux et malicieux, décidément, à regarder par le trou (de la serrure).