Quatre frères du sud débarquent un soir sans prévenir, avec mama et barda, à la soirée de fiançaille du cinquième frère, installé à Milan : début de l'exil. A cette époque, en Italie, le réalisme n'est déjà plus très neo, et Visconti commence à devenir ce qu'il est. Ses personnages habitent une cave, mais se promènent sur le toit des cathédrales. Parmi les cinq frères, il en pioche surtout deux : Rocco et Simone. Un saint et un salaud, le bon et la brute-truand dans la même famille. Et une femme, pour leur permettre de devenir ce qu'ils sont. Deux frères, deux boxeurs, deux anges en exil sur la terre.
Une belle histoire d'amour (contrariée) sur fond de guerre (qui ne dit pas son nom), pleine de couleurs éclatantes (sous la pluie) et où tout se chante (même le désespoir). Comme tous les bons mélos, c'est surtout une histoire de désirs individuels et de bienséance sociale : il y a des épines dans les roses, des lézardes dans les murs et de troubles intérêts financiers planqués sous le vernis des conventions... Le riche prince de l'histoire a un sombre manteau et un sombre passé sur les épaules. Les parapluies ne protègent pas contre le malheur. Dans ce film, il n'est question que de cacher (un amour, une difficulté financière, une grossesse...) tout en en mettant plein les yeux et les oreilles. De l'émotion comme s'il en pleuvait (et il pleut beaucoup !) pour ne pas oublier d'en pleurer.