Deux modes de discours en parrallèle : d'un côté, une petite conf scientifique du professeur Laborit sur l'évolution des espèces, la vie sur Terre et l'interprétation des comportements (des souris et des hommes). De l'autre, une fiction qui entremèle les destins de trois personnages aussi dissemblables par leur origine que comparables par leurs difficultés à vivre. Ces trois-là ont nourri de nobles ambitions, ont été bien partis pour les accomplir. Mais ils finissent tous par nager un peu dans un costume trop grand pour eux, et auncun oncle d'Amérique ne vient les sauver du naufrage. Le discours scientifique distancié, comme mode d'emploi ironique de la comédie humaine. Le romanesque, comme horizon de l'observation objective (des souris et des hommes). A apprécier avec tous ses yeux, toutes ses oreilles et tous ses cerveaux.
C'est un beau roman, c'est trois belles histoires. Ca se passe dans un drôle de chateau hybride, hanté par un drôle d'esprit appelé Utopie -celui qui pousse les grandes personnes à vouloir redevenir des enfants... La première histoire est une utopie 1920, menée par un étrange Comte venu d'East-Europa. La deuxième est une utopie d'aujourd'hui : un colloque, genre stage MGEN pour profs zèlés en vacances. La troisième -la seule qui ne fait de mal à personne- est une utopie de toujours, avec chevalier, dragon et princesse. Le tout fait forcément un film hybride, qui en plus fait feu de tous arts en mêlant la BD et la comédie musicale, l'architecture et le conte de fée. Ma conclusion perso : pour faire le bonheur des autres, mieux vaut miser sur l'art, les beaux romans et les belles histoires.
De l'influence d'une petite clope (Smoking or No Smoking ?) -ou d'une petite parole en l'air- sur le déroulement d'une vie. Ou bien : la Théorie du Chaos appliquée au destin des hommes, dans un théâtre en plein air déguisé en campagne anglaise. 9 personnages, 2 acteurs en majesté, 3 ou 4 décors et le regard muet d'un chat égyptien sans doute échappé du Portrait de Dorian Gray : une multitude de combinaisons possibles. Pour les explorer, le récit est un sentier aux chemins qui bifurquent (et, en bonne informaticienne que je suis, j'ajouterai que l'arbre des possibles est parcouru en "profondeur d'abord"). Cette variation-ci est centrée sur un couple mal assorti : Miles et Rowena Coombes. Lui a choisi l'option conformisme timoré, elle est plutôt du genre excentrique excitée. Ils sont en pleine crise de vaudeville ; une remise au fond du jardin de leurs amis Teasdale va jouer le rôle du placard. On suit, comme dans un feuilleton qui bafouille, les aléas de leurs amours, de leurs amitiés, de leurs projets. Mais, la plupart du temps, après un petit dérèglement passager, tout rentre dans l'ordre des choses, l'ordre des classes, l'ordre des couples. En fait, c'est simple : ou bien on aime, ou bien on adore.
De l'influence d'une petite clope (Smoking or No Smoking ?) -ou d'une petite parole en l'air- sur le déroulement d'une vie. Ou bien : la Théorie du Chaos appliquée au destin des hommes, dans un théâtre en plein air déguisé en campagne anglaise. 9 personnages, 2 acteurs en majesté, 3 ou 4 décors et le regard muet d'un chat égyptien sans doute échappé du Portrait de Dorian Gray : une multitude de combinaisons possibles. Pour les explorer, le récit est un sentier aux chemins qui bifurquent (et, en bonne informaticienne que je suis, j'ajouterai que l'arbre des possibles est parcouru en "profondeur d'abord"). Cette variation-ci est centrée sur un couple BCBG au bord de la névrose : Celia et Toby Teasdale. Elle a choisi l'option conformisme fleuri, lui le rôle du bougon imbibé. En embuscade : deux outsiders qui attendent que passe l'ascenceur social, façon Tout ce que le ciel permet pour Lionel Hepplewick, façon My Fair Lady pour Sylvie Bell. On suit, comme dans un feuilleton qui bafouille, les aléas de leurs amours, de leurs amitiés, de leurs projets. En fait, c'est simple : ou bien on aime, ou bien on adore.
Ce n'est pas une comédie musicale mais il y a des chansons, ou plutôt des morceaux de tubes de variété mimés en play-back par les acteurs. L'histoire ? Un vaudeville qui ne dit pas son nom, quelques péripéties dérisoires dans la vie d'une demi-douzaine de bobos parisiens plus ou moins névrosés-dépressifs, mais suffisamment bien éduqués pour faire bonne figure. En public, ils soutiennent des thèses ou causent crise du chômage ou de l'immobilier. Ils se font la cour à l'ancienne. Mais c'est Sylvie Vartan, France Gall ou Alain Bashung qui chantent sur la BO de leurs petits cinémas intérieurs. Resnais pose sur ce petit monde un regard d'entomologiste compatissant. Depuis Maupassant, on sait que le bonheur n'est pas gai -mais la dépression des autres, des fois, oui...
Au départ, c’est une opérette légère de 1925. Elle est montée comme le serait un classique, sans « modernisation », sans condescendance mais pas sans malice. De quoi est-il question ? D’amour, toujours, par tous les bouts et tous les « trous » (de la serrure). De sexe, en fait, pour être clair. Tout le monde a sa petite théorie sur la question - et ses petites pratiques. Tout le monde ne parle que de ça, même en parlant d’autre chose. Alors, la mise en scène va en rajouter dans les sous-entendus. Ce serait peut-être plutôt des « sous-vus », d’ailleurs, parce que j’ai bien l’impression d’avoir reconnu, planqués dans les décors et dans les effets de perspective, tous les organes concernés. Quant aux acteurs, en costume d’époque, rien de mieux pour les mettre à poil que de les faire chanter eux-mêmes. Un film délicieux et malicieux, décidément, à regarder par le trou (de la serrure).