Qui n'a osé rencontrer personnellement, "pour de vrai", les héros de ses films fétiches ? Bon début d'idée. Et si maintenant, en plus, ces héros pouvaient sortir physiquement de l'écran, si de la salle obscure on pouvait les voir nous voir, réagir à nos réactions et improviser face aux contretemps, comme au théâtre. Ca, on n'a jamais osé l'imaginer et Woody en fait un film génial. Il transforme l'écran de cinéma en porte magique et poreuse entre deux mondes que tout oppose. Lequel est le mirroir, le leurre de l'autre ? Qui, dans chacun d'eux, tire les ficelles ? Ce conte de fée cruel est un fabuleux hommage au mythe même du cinéma, à son ambiguïté, au plaisir que nous prenons tous à nous tromper nous-mêmes en faisant mine de croire à ses histoires.
Quand on n'aime pas la télé, la moindre des choses, c'est d'aimer la radio. La radio, c'est comme un monde parallèle où les gens sont forcément plus grands et plus beaux, puisqu'on ne les voit jamais. La radio, c'est la voix de l'enfance. D'ailleurs ce film est le seul de
Woody Allen qui parle de l'enfance. C'est une chronique schizophrène qui mélange les souvenirs du monde réel et ceux de cet autre monde que la radio introduit en douce dans les maisons. Un monde multiple, où les faits divers et l'actualité sérieuse cotoient les potins mondains et les feuilletons romanesques. Mine de rien, la vie quotidienne en est toute transformée. Tata aime les chansons, maman préfère les interviews de vedettes... Ce film, c'est comme sur les ondes : il y en a pour tous les goûts...