D'un côté, l'Amérique tranquille des banlieues cossues : parcelles identiques, façades pastel, grosses voitures et jardinets bien entretenus. L'endroit est habité par une peuplade de desperate housewises expertes en cosmétiques, entre qui la moindre info circule à la vitesse du téléphone. De l'autre côté, l'imaginaire tourmenté des cauchemars gothiques : un chateau mystérieux, un inventeur fou, sa créature inachevée qui se cache dans le grenier... (elle s'appelle Edward, c'est un Pinocchio de cuir et de fer, un éternel enfant blessé). Comment ces deux enfances-là pourraient-elles bien s'entendre et s'apprivoiser ? Laquelle, d'ailleurs, a le plus besoin de l'autre ? Invention en direct d'une nouvelle poésie, d'un nouveau mythe.
Le plus mauvais réalisateur du monde -vu par l'un des meilleurs de son temps- était un spécialiste ès mauvais genres et mauvais goût, dans sa vie comme dans son oeuvre. Il choisissait ses copines en fonction des fringues qu'il pouvait leur piquer, ses sujets et ses collaborateurs pour produire le maximum d'effets avec le minimum de moyens. Il était gentil, naïf, enthousiaste et incompétent. Il rêvait d'égaler Citizen Kane, il réussit tout de même à réaliser Plan 9 from Outer Space, c'est pas donné à tout le monde. Tim Burton le montre, en pleine crise, enfiler une jupe moulante et un pull angora pour aller recevoir la bénédiction de son Dieu Orson. Paradoxal et jubilatoire hommage d'un perfectionniste au dilettante qu'il ne sera jamais.