Pour une fois, Wong se met lui-même (plutôt que ses personnages) en exil, il va voir en Amérique s'il y est. Il commence par organiser soigneusement, comme toujours, le carambolage aléatoire de quelques coeurs brisés, Anges déchus à qui il oblige à faire le tour du pays à cloche pied (ou quasi) comme gage de malchance. C'est grand, l'Amérique. Sans doute pour ne pas trop se perdre, il recycle le tube d'In the Mood for Love à l'harmonica, remplace le Chungking Express par tous les modèles de bars qu'il croise sur sa route, et mise de nouveau tous ses jetons, comme dans 2046, sur une triplette féminine : une histoire en bleu nuit, une partie en rouge sombre, une virée en violet-doré et au grand jour. Est-ce à cause des contrastes visuels trop accentués, des dialogues trop explicites ou des acteurs qui ont oublié de mettre du mystère asiatique au bord de leurs yeux ? Ca fait le même effet qu'une tarte aux myrtilles avec de la glace vanille : assez écoeurant à la longue.