Ils ont pas mal bourlingué, ils ont un lourd passé derrière eux. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, mais l'amour leur tombe dessus. Puis leur passé les rattrape... Non, ce n'est pas Pépé le Moko (mais le scénario est du même auteur), ni Quai des brumes ni Remorques, et pourtant on est bien dans un port. On est dans le pur cinéma qualité française à l'ancienne -très bonne qualité, SVP ! Et puis, finalement, ce n'est pas tous les jours qu'on est convié au petit dej' de la troupe de filles à soldats du Big Moon. Pas tous les jours que la jeune première presque débutante s'appelle Simone Signoret, casque encore brun. Pas tous les jours que la violence de ces histoires de bas-fonds est aussi noire et explicite. Pas tous les jours qu'on découvre un très bon film oublié.
Au début : un mari éploré à l'hôpital, au chevet de sa femme chérie : larmes, désespoir et souvenirs. Fausse piste. Belle-maman débarque et vend la mèche : sa fille n'en voulait qu'à son argent, elles se sont bien foutues de lui. Le mélo tourne vinaigre, le grand déballage commence... Pas joli joli pour la gente féminine, ce Rashômon en costume de cheval (le mari tente de faire vivre un manège). Pas terrible non plus pour les mâles, qui se partagent en salauds de pauvres et en pauvres salauds. Comme dans Le Mépris, les relation sociales se résument à la prostitution. Comme dans Lettre d'une inconnue, celui qui a tout compris est celui qui parle le moins. Bio cynique d'une Comtesse aux pieds nus un peu trash, dont l'élégance sentira toujours l'écurie. Noir c'est noir.