Les paquebots les plus sérieux -ceux, par exemple, qui transportent Maurice Chevalier- ne sont pas toujours à l'abris des passagers clandestins. On ne se méfie jamais trop des frères Marx : philosophes de l'absurde squatteurs de tonneaux, passeurs de bons mots et de mauvais esprit en bonne société, trafficants d'incongruités dans un monde sérieux. De dangereux contrebandiers, capables tout en même temps de draguer les dames, duper les truants et de cloner Maurice Chevalier en son absence... Jamais en cale sèche d'inspiration. Bon, c'est pas leur meilleur film mais, dans la succession des sketchs, il y a des perles (glissées en douce, comme tout le reste) où la croisière s'amuse (vraiment, pour une fois).
Marabout - boutes-en-train - train d'enfer - fer à cheval : c'est (en gros) le script. Ca se passe accessoirement dans un prestigieux College U.S. : Groucho est le doyen, Zeppo son (grand) fiston, les deux autres auraient pu/dû être les fers de lance de l'équipe de football locale. Mais, au lieu de bosser, tout le monde dit I love you à la vamp du coin. Tout le monde fait n'importe quoi. Les Marx ne sont jamais aussi à l'aise que quand on leur laisse les clés d'une institution : un Etat, une école. Les clés, c'est sûr qu'on les retrouvera jamais sous le paillasson (eux, éventuellement, c'est possible). Mais elles ouvrent des portes insoupçonnées. Comme chantait l'autre : s'en passer, I'm against it !