Les préjugés, aveuglements et petites intolérances sans conséquences sont les défauts du monde les mieux partagés, et n'épargnent ni les chefs d'entreprise ni les artistes. C'est sur cette idée simple qu'Agnès Jaoui a bâti son film en prenant soin -ce qui est beaucoup moins simple- de donner sa chance à chacun de ses personnages. Et ils sont nombreux, les personnages ! Tout un microcosme, et quelques lieux clés (un café, une entreprise) où les identités sociales se croisent à défaut de se rencontrer. Il faut des agents doubles (une actrice prof d'anglais pour arrondir ses fins de mois, un ancien flic garde du corps) et un peu d'art aussi (la peinture, le théâtre) pour briser l'étanchéité des univers où chacun évolue. Des rôles taillés sur mesure dans un scénario de haute couture : de la belle et réjouissante ouvrage !
Sur la scène de sa petite télé intérieure, Stéphane est un homme orchestre. Images, sons, cuisine : il sait tout faire. Dans la vraie vie, c'est pareil en un peu moins bien. Il est de retour à Paris auprès de sa maman, qui prétend lui avoir trouver un boulot "créatif" dans une boîte de calendriers. Dans ses rêves, il révolutionne le concept et subjugue ses collègues de travail. Dans la vraie vie, c'est pareil en un peu moins bien. Et puis, il croise sur son palier la charmante Stéphanie, sa voisine, sa semblable, sa soeur. Il la séduit en lui fabriquant sur mesure des machines mirobolantes. Mais on ne sait jamais trop dans quelle vie ses machines et ses charmes marchent correctement. Stéphane, il a le don d'être un magicien de lui-même : il arrive à se faire croire à peu près n'importe quoi. D'une non-histoire d'amour, il fait simplement une belle histoire. Dans la vraie vie, Michel Gondry aussi, en encore mieux.