Décors naturels, prises rapides, impression de vie palpitante : dans les derniers soubressauts de la guerre, Rossellini crée le cinéma moderne. Avec les modestes habitants d'un modeste immeuble romain, il fait des héros de la résistances. Il invente Anna Magnani. Non, assène-t-il : tous les italiens n'étaient pas fascistes. Pour sauver l'honneur, il y a eu des ouvriers, des enfants, des prêtres. 30 ans avant Aldo Moro, il voyait déjà ce qui pouvait rapprocher les cathos et les gauchos : leur même foi en l'humanité, pour contrer la barbarie des surhommes (qui n'y croyaient déjà plus, aux surhommes). Et il fait une fresque modeste et fervente, comme prise sur le vif et à la dérobée, devenue une étape cruciale de l'histoire du cinéma.
Ils ont pas mal bourlingué, ils ont un lourd passé derrière eux. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, mais l'amour leur tombe dessus. Puis leur passé les rattrape... Non, ce n'est pas Pépé le Moko (mais le scénario est du même auteur), ni Quai des brumes ni Remorques, et pourtant on est bien dans un port. On est dans le pur cinéma qualité française à l'ancienne -très bonne qualité, SVP ! Et puis, finalement, ce n'est pas tous les jours qu'on est convié au petit dej' de la troupe de filles à soldats du Big Moon. Pas tous les jours que la jeune première presque débutante s'appelle Simone Signoret, casque encore brun. Pas tous les jours que la violence de ces histoires de bas-fonds est aussi noire et explicite. Pas tous les jours qu'on découvre un très bon film oublié.