Tru(e)man Burbank, héros malgré lui, 24h/24, d'un reality show dont il est le seul candide, vit dans un total false world. Comme le personnage de La Vie est belle, c'est un explorateur qui n'est jamais parti de chez lui. C'est un prisonnier volontaire. C'est un clown parfaitement conditionné pour jouer son rôle, dans le scénario qu'on a écrit pour lui. C'est une marionnette dans les mains d'un réalisateur mégalo qui ne s'est jamais remis d'avoir vu Persona et Blade Runner. Bref, c'est un parfait américain, gentil, poli, honnête. Quand il atteint les frontières de son univers de poche, il donne tout à coup raison aux croyances moyennageuses sur les bords du monde, et au couvercle de Beaudelaire. Le film aurait pu s'appeler Imitation of Life, mais le titre était déjà pris.
Après nous avoir plongé en apné Dans la peau de John Malkovich, un scénariste fou récidiviste nous embarque pour un voyage au centre de la tête. La tête appartient à un certain Joel, elle dort et en même temps elle est en panique, parce qu'on s'attaque, avec son consentement officiel, à tous les souvenirs qu'elle a engrangés de Clementine, l'ex de Joel. Vous suivez ? Normal, ça va plus vite que dans Solaris. Pas facile tous les jours de voyager sur les voies de l'association libre, à la vitesse des synapses. Pour éviter le syndrôme de la surcharge cognitive et profiter des trouvailles et inventions visuelles qui se cachent dans les coins, on conseille la télécommande (touches "pause" et "replay"). RDV dans 10 ans pour voir ce qu'il en restera quand on aura tout oublié.